WESTERNS
14 octobre 2009 par Bertrand Tavernier - DVD
Une flopée de westerns vient de sortir tant en France qu’aux USA, à des prix très abordables.
A tout seigneur, tout honneur, commençons par L’HOMME DE NULLE PART (JUBAL) de Delmer Daves qui coécrit le scénario. Ce premier volet d’une trilogie avec Glenn Ford est une transposition d’Othello dans les paysages somptueux de Jackson Hole où Rod Steiger joue (voire surjoue) Iago. J’ai revu le dvd américain et j’ai été très sensible à la grande variété des paysages, à la manière magistrale dont Daves les intègre à l’action, aux émotions des personnages. Il y filme pour la première fois l’émouvante Felicia Farr. Charles Bronson y est aussi spectaculaire que dans L’AIGLE SOLITAIRE. A découvrir.
A découvrir également LA MISSION DU COMMANDANT LEX d’André de Toth que j’aime davantage à chaque vision. Ce western d’espionnage est superbement dirigé (regardez la scène du tribunal) et donne à Cooper des moments anthologiques.
LA DERNIERE CHASSE m’a passablement déçu (alors que j’ai été transporté par une nouvelle vision de DEADLINE USA, hélas inédit en dvd) malgré les audaces scénaristiques, les bonnes intentions. J’avais gardé un bon souvenir de ce western écologique, de ce plaidoyer contre le massacre des bisons que Brooks rapprochait du massacre des Indiens. Mais le scénario m’a paru assez lourd et démonstratif et surtout on a l’impression que le film n’est pas monté comme il a été tourné. Il y a des raccords très étranges qui brouillent toute progression dans l’espace, des rapports de plans lourds et maladroits, défauts que l’on ne sent jamais dans ELMER GANTRY ou LES PROFESSIONNELS. Subsistent de belles séquences comme cette bagarre de saloon ni euphorique ni libératrice, désolée plutôt avec ce beau plan de Stewart Granger ivre, un cigare à la bouche, un tesson de bouteille à la main qui fit délirer Jacques Rivette au Studio Parnasse.
AU DELÀ DU MISSOURI est vraiment un film impressionnant. Dans son utilisation de paysages, d’extérieurs somptueux et magnifiquement filmé. Dans ses partis pris notamment la volonté de faire parler tous les indiens dans leur langue des décennies avant DANSE AVEC LES LOUPS. Et de manière plus compliquée parce que Wellman ajoute le français que parlent les trappeurs canadiens. Adolphe Menjou, qui joue Pierre, passe plus de la moitié de son rôle soit à parler français soit à traduire ce que disent les indiens dans l’une ou l’autre des langues. Il est en effet le traducteur de Gable, lequel ne peut communiquer aux chefs indiens ou sa future épouse qu’à travers un interprète. Autres détails pittoresques, John Hodiak, un trappeur censé connaître plusieurs dialectes a de nombreuses tirades en pied noir et tout le monde chante Alouette, gentille alouette en français (quand vient le tour de Gable, il a un accent prononcé, mais qui est justifié) On imagine la perplexité des dirigeants du studio devant ces échanges qui nécessitent tous des sous-titres.. On sent d’ailleurs que le film a été remonté et coupé (il ne dure que 76 minutes) et affublé d’un commentaire hyper insistant qui ne colle pas avec le style dépouillé, elliptique (sauf dans les séquences comiques) de Wellman. Je suis sûr que cette voix-off a été conçue au montage et elle est souvent pléonastique, soulignant des détails qu’on a compris. Comme dans CONVOI DE FEMMES, Wellman laisse de côté certains moments qui se déroulent en partie hors champ ou sont brusquement coupés ou traités en quelques secondes, ce qui provoque une incompréhension chez certains internautes qui regrettent le morceau de bravoure traditionnel. Je ne crois pas que ce soit dans ces moments que le film a été mutilé car ils semblent en symbiose avec d’autres scènes dans de nombreux films du cinéaste.
Il reste néanmoins un grand nombre de plans superbes. Le combat final entre Gable et Ricardo Montalban est impressionnant et l’intrusion de la violence souvent surprenante.
Gable est remarquable et souvent touchant. Je voudrais bien savoir ce qui s’est vraiment passé au montage. J’ai lu que le film avait été autant mutilé que RED BADGE OF COURAGE de Huston
Quel plaisir en revanche de revoir un film qu’on a adoré à 18 ans et de constater qu’il est encore meilleur que dans votre souvenir. C’est le cas de WESTWARD THE WOMEN (CONVOI DE FEMMES). Il s’agit d’un des chefs d’œuvres de Wellman et du western. Il prend le contre-pied d’une des audaces d’OX-BOW INCIDENT. À la quasi-absence de femmes, il substitue au contraire une pléthore de personnages féminins décrits avec le minimum de sentimentalisme, réduit de manière drastique le rôle des hommes, à l’exception de John McIntire, excellent, du savoureux personnage du cuisinier japonais et de Robert Taylor. Ce dernier est utilisé ici de manière très convaincante (ses plans de réaction quand il découvre les femmes sont cadrés avec une grande intelligence). On retrouve magnifiées, toutes les qualités de Wellman – ton dépouillé, direction d’acteurs et d’actrices extrêmement sobre (Denise Darcel, très sensuelle, est excellente tout comme la gigantesque Hope Emerson), travail impressionnant sur les paysages – toutes les figures stylistiques ou narratives qui portent sa marque : longs travellings qui suivent deux cavaliers de dos, plongées spectaculaires. J’avais gardé depuis la première vision au California, un souvenir vivace des plus beaux plans et de certaines séquences : les survivantes lançant les noms des femmes qui ont péri, noms que l’écho reprend, la mort d’un enfant, filmé de façon foudroyante. J’ai redécouvert des moments comme cet accouchement dans un chariot que les femmes soutiennent. Séquence ultra wellmanienne montrant que l’individu doit se fondre dans la collectivité. L’action est souvent traitée hors champ : une bagarre très importante est aux trois quarts occultée derrière des chariots, des obstacles divers ; l’attaque des Indiens qu’on attend depuis le début se déroule hors champ. Robert Taylor et Denise Darcel l’entendent, mais arrivent trop tard. Wellman privilégie, ici comme ailleurs, les conséquences d’une action : ces panoramiques qui recadrent les femmes qui ont été tuées. Et, cerise sur le gâteau, ce western bénéficie d’une absence quasi totale de musique, décision évidente de metteur en scène.
VAQUERO de John Farrow sorti dans la même collection, frappe par sa beauté visuelle. Majestueuse utilisation des paysages (ce grand panoramique découvrant le rassemblement des vaqueros), cadres extrêmement soignés, décors empreints d’esthétisme : le saloon où se déroule le règlement de comptes final. Le scénario de l’excellent Frank Fenton (LE JARDIN DU DIABLE) est complexe, fouillé, flirtant comme souvent chez Fenton avec la fable morale. Son dénouement, vraiment fort, évite tous les compromis. Robert Taylor et Ava Gardner sont bien utilisés, mais Anthony Quinn, étant de brio et de sobriété, vole littéralement le film et son interprétation rachète le choix douteux de Kurt Kasznar (a-t-il jamais joué un rôle correspondant avec sa vraie nationalité ?).
Ce dernier film comme LA RIVIÈRE D’ARGENT de Raoul Walsh, western sur la volonté de puissance qui, dans mon souvenir, avait des résonances shakespeariennes, une gravité tragique. Je n’ai revu que le début, éblouissant de rythme et d’invention.
En zone 1
On peut commander en zone 1 toi à un prix modique le DVD de THE TRAIL OF THE LONESOME PINE. Le transfert est excellent et j’ai aimé revoir le film que je trouve riche et passionnant quant au talent d’Hathaway. Il utilise brillamment le technicolor qui est d’une beauté à couper le souffle (même si certains maquillages sont forcés). C’est le premier film utilisant ce procédé qui fut tourné en extérieurs. Qui sont d’ailleurs somptueux, admirablement intégrés à l’action. Lyriques ou dépouillés lors de certains moments de violence qui se déroulent souvent parmi des rochers, dans des escarpements qui en renforcent le côté dramatique. Une fois de plus, ce qui frappe chez Hathaway, c’est la netteté aiguë, souvent acérée du découpage qui lui permet de brider le sentimentalisme de cette histoire, déjà gommé dans le scénario de Grover Jones (pour Hathaway le meilleur scénariste avec qui il ait travaillé avec Wendell Mayes). Et dans la direction d’acteurs chez les personnages âgés notamment. On a un peu de mal au début à accepter les rapports Mac Murray Fonda (dix ans après, on aurait inversé les rôles) mais en fin de compte, je me demande si le choix n’est pas très judicieux même si Mac Murray domine Fonda et paraît plus intégré au décor.
A noter la manière très moderne dont Hathaway termine abruptement certaines séquences, en apparence classiques. Tous les plans de train, d’entrée en gare sont formidables (le retour de Sylvia Sydney) et il se sort brillamment des rapports extérieurs intérieurs, les utilisant pour dramatiser une sortie, un affrontement.
Et il se permet des échappées sentimentales comme ces plans du petit oiseau qui se pose sur différents meubles avant que la caméra panoramique pour recadrer le visage de Sylvia Sidney. On peut regretter deux ou trois gags appuyés avec Nigel Bruce et le petit Bobbie, une bagarre filmée à l’accéléré et la construction dramatique prévisible. Le premier affrontement avec Fonda, en plans larges avec amorce, est spectaculaire. Il est intéressant de comparer l’ouverture de ce film et celle de Sheperd of the Hill (film châtré par le studio selon John Wayne) qui se déroule dans les mêmes paysages et avec le même genre de personnages. Dans les deux films qui mêlent violence et fable morale, l’héroïne féminine échappe aux conventions.
STRANGER ON A HORSEBACK (VCI entertainment) avait été une des plus heureuses surprises de la rétrospective Tourneur. On avait découvert un film original, d’une légèreté aérienne qui s’impose dès les premiers plans : Joel McCrea chevauchant en lisant en livre de loi passe près d’une tombe qu’on est en train de creuser. Pas de dialogue… juste un léger travelling latéral coupé par un plan serré d’une femme, plan inattendu qui s’enchaîne sur un plan large où McCrea, à droite du cadre, s’éloigne de la tombe. Un peu plus tard, un chat roux prend une place importante dans le bureau du marshal et sa présence décale les scènes. On le verra sauter du bureau quand trois hommes font brusquement irruption pour délivrer Kevin McCarthy. Ce dernier joue le rejeton du potentat local, rejeté violent, dégénéré, tyrannique et pourtant charmeur qui semble débarrassé de tous les clichés qui alourdissent ce personnage archétypal. Et la manière dont McCrea qui refuse de se servir de ses armes, le réduit à l’impuissance est irrésistible. Il se débarrassera de la même manière d’un homme de main qui le provoque après un échange jubilatoire : l’homme l’arrose quand il passe près d’un abreuvoir. McCrea se contente de dire « il fait chaud ». Quand il revient sur ses pas, l’autre l’arrête : « je n’ai pas aimé ce que vous avez dit » – « J’ai dit qu’il faisait chaud » – « j’ai pas aimé le ton sur lequel vous l’avez dit ». Le ton, le traitement sont constamment inhabituels. McCrea, juge itinérant, découvre presque accidentellement qu’il y eu un meurtre et commence à souligner toute une série d’actes délictueux. Tourneur filme tout cela de manière feutrée, presque dédramatisée : les rapports entre le juge et John Carradine, procureur corrompu qui essaie de sauver les suspects, sont extrêmement amusants et dégraissés des effets comiques redondants.
Ce film fut tourné en Ansco Color, procédé étrange qui semble bichrome et donne des teintes étranges (le dvd n’est pas trop mal restauré, mais la copie vue à Beaubourg me semblait plus contrastée) qui dans les plans larges ne sont pas désagréables. Tourneur en tire quelques effets heureux. Comme toujours chez VCI, pas de sous-titres.
MEN IN THE WILDERNESS (LE CONVOI SAUVAGE) est un chef d’œuvre méconnu qui est sorti (avec sous-titres français) en double programme avec THE DEADLY TRACKERS de Barry Shear dont j’ai gardé un souvenir détestable bien qu’il ait été commencé par Fuller. Les deux œuvres se partagent la même vedette, Richard Harris qui trouve dans MEN IN THE WILDERNESS l’un de ses meilleurs rôles. Il joue un guide, un trappeur qui accompagne l’expédition du Capitaine Henry (interprété par John Huston). Attaqué par un ours, il est laissé pour mort et abandonné par Henry. Sarafian nous raconte comment il va littéralement renaître, réapprendre à marcher, à survivre et sa lutte pour la vie qui nous vaut de fulgurants plans de nature (thématique qui anticipe sur INTO THE WILD sans le contexte hippie) se double de son désir de vengeance. On pense parfois à MOBY DICK. Photographie inspirée, épique de Gerry Fischer qui culmine dans ces plans de ce bateau que l’on pousse, que l’on tire à travers ces paysages de neige. Un des plus beaux moments, insolite, original, est cet accouchement d’une Indienne auquel assiste Richard Harris. La manière dont Sarafian filme cette scène (et d’ailleurs les Indiens), est exemplaire. À DECOUVRIR ABSOLUMENT.
Tout comme L’HOMME SAUVAGE (THE STALKING MOON – également sorti en zone 2 en mars dernier) de Robert Mulligan qui est mort fin 2008 dans un semi anonymat. C’était pourtant un cinéaste sensible, attachant qui signa plusieurs œuvres personnelles et originales comme BABY THE RAIN MUST FALL, écrit par Horton Foote, LOVE WITH A PROPER STRANGER, TO KILL A MOCKINGBIRD (DU SILENCE ET DES OMBRES) belle adaptation de l’émouvant roman de Harper Lee qui vient d’être réédité sous le titre Ne tirez pas sur l’Oiseau Moqueur. THE STALKING MOON est un western méconnu, une variation sur le thème des femmes enlevées par les Indiens qui doivent affronter la civilisation. Eva Marie Saint est bouleversante dans ce rôle. C’est aussi un western fondé sur l’angoisse, la peur latente. Les protagonistes sont sans cesse menacés par un ennemi impitoyable et invisible. On ne le devinera que dans les derniers plans. Du coup, on partage l’effroi des personnages, on scrute comme eux les paysages… J’aurais aimé savoir si THE STALKING MOON avait été influencé par l’approche que Val Lewton (aidé surtout par Jacques Tourneur) imposa dans le film d’horreur qu’il renouvela. On y cachait tout ce que le cinéma d’ordinaire nous montre.
Charles Lang prestigieux opérateur de studio démontre ici qu’il est tout aussi inspiré par les décors naturels. Et l’importance que Mulligan donne aux sentiments, aux émotions, à tout ce qui est suggéré est stimulée par le scénario condensé, le dialogue épuré, laconique d’Alvin Sargent (d’après une adaptation du grand Wendell Mayes).
Sortons du western pour saluer un autre Mulligan, UP THE DOWN STAIRCASE (ESCALIER INTERDIT), toujours écrit par Alvin Sargent qui annonce de manière incroyablement prémonitoire ENTRE LES MURS de Laurent Cantet. Un double programme serait tout à fait passionnant, même si le Mulligan paraît plus scénarisé. Le regard porté sur l’école, sur les minorités, sur les injustices est le même et UP THE DOWN STAIRCASE annonce tout ce qui arrivera 25 ans plus tard dans l’école française (sous titres français). Sandy Dennis est remarquable.
Sorti d’un coffret distribué par Warner (sous-titres français) qui comprend deux excellents Sturges, ESCAPE FROM FORT BRAVO (magnifique utilisation de l’espace et des paysages) et THE LAW AND JACKE WADE qu’André Glucksmann jugeait Hégélien. Ajoutons pour faire bonne mesure le très intéressant western de Robert Parrish SADDLE THE WIND avec Robert Taylor et surtout Julie London et John Cassavetes. Charles McGraw est impressionnant dans la séquence d’ouverture.
Enfin, cerise sur le gâteau, Sony Pictures a enfin sorti (avec sous-titres français) un coffret consacré aux Boetticher avec Randolph Scott, à l’exception du sublime 7 HOMMES A ABATTRE. Je me suis déjà régalé à revoir le magnifique THE TALL T (d’une rare violence et où Maureen O’Sullivan campe le plus intéressant personnage de femmes de cette série, avec Gail Russell dans 7 HOMMES). Scott, dans les premières scènes sourit beaucoup et joue avec une décontraction absente des autres œuvres. Ce qui rend l’irruption de la violence encore plus forte, plus troublante. COMANCHE STATION, RIDE LONESOME sont tout aussi remarquables avec cette flopée de hors la loi savoureux, souvent minables, illettrés, obsédés par les femmes et qui ont dû beaucoup inspirer Quentin Tarentino. Transfert magnifique et analyse parfois sommaire de Clint Eastwood et Martin Scorcese.
Nous étions trop sévères dans 50 ANS DE CINEMA AMERICAIN pour ARROWHEAD (LE SORCIER DU RIO GRANDE) écrit et réalisé par Charles Marquis Warren que j’ai revu avec un grand plaisir. On soulignait, à juste titre, l’interprétation spectaculaire de Jack Palance (son arrivée dans le film est mémorable tout comme le moment où il retrouve son père) mais il aurait aussi fallu louer Charlton Heston (aussi puissant que dans NAKED JUNGLE) qui jamais n’édulcore, n’affadit la violence noire, la rage haineuse du personnage. Certes le discours du film peut paraître quelque peu univoque.
Tous les Apaches sont cruels et l’on ne peut leur faire confiance surtout pas à ceux qui semblent civilisés : l’une des premières actions de Palance/Toriano est d’abattre son frère de sang, le scout indien est un traître. Mais néanmoins, le propos témoigne d’une certaine complexité, supérieure à la moyenne des westerns, évite le manichéisme « noble sauvage méchant civilisé » ou l’inverse, les Apaches sont ce qu’ils sont et font ce qu’ils font (« That’s what they do ») et pareil pour les blancs, militaires ou autres. Tout le monde a ses raisons, bonnes ou mauvaises (et souvent les deux selon le point de vue). Heston qui a vécu avec les Apaches dit bien comme Lancaster dans ULZANA’S RAID (FUREUR APACHE) qu’il ne déteste pas les Apache, simplement qu’il les connaît mais le film n’atteint pas la complexité de l’Aldrich dont il constitue une sorte d’ébauche. Le rapport avec ULZANA’S RAID est plus sensible, comme nous le soulignions, dans le beau roman de Burnett. Je n’irai plus jusqu’à dire que Charles Marquis Warren le trahit honteusement. Plutôt qu’il l’édulcore, l’affadit. Le livre est essentiellement une longue et aride traque menée par le héros et un groupe de scouts indiens. On ne voit jamais Toriano contrairement au film, sauf quand on le tue.
Et pourtant la violence du ton détonne et étonne. Warren recycle certaines idées de l’excellent et original LITTLE BIG HORN : un soldat cloué contre un arbre par trois flèches, les deux ou trois plans de massacre filmés à la grue, Heston qui noie un Apache de ses mains. La photo couleur pourtant bonne de Ray Rennahan rend ces moments moins cinglants que le noir et blanc austère de BIG HORN. On retrouve aussi des péripéties d’ONLY THE VALIANT (les soldats qui se font tuer un par un) dont Warren avait écrit le scénario. Ed Bannon (dans le livre, il s’appelle Grein), ce scout inspiré dit le dernier carton d’Al Sieber (le mystérieux texte qui ouvre le film ne prend qu’ici tout son sens) est un personnage récurrent du cinéma américain : l’homme d’action, de guerre qui connaît le terrain et qui a souvent, presque toujours raison contre les bureaucrates, les humanistes. C’est le petit cousin du sergent Croft des NUS ET LES MORTS, de Montana dans COTE 465, du Lancaster de ULZANA’S RAID. La franchise du ton est à porter au crédit du film. Elle traduit une réalité historique, idéologique que certains westerns progressistes n’ont pas osé aborder. Des personnages comme Bannon ont dû peupler l’Histoire de l’Ouest. On retrouve d’ailleurs Al Sieber sous les traits de John McIntire dans APACHE d’Aldrich, tourné la même année et où il est montré de manière plus sympathique. Robert Duval le joue dans l’intéressant GÉRONIMO de Walter Hill et Burt Lancaster interprète un personnage ouvertement basé sur Sieber dans ULZANA’S RAID. Etudier ces 4 films est une bonne approche transversale du genre.
Ajoutons que Warren montre deux ou trois fois l’étroitesse d’esprit, l’obstination stupide de certains officiers et un sens de l’honneur chez les Apaches. Mais contrairement à Aldrich, Mann, Walsh, il n’ouvre jamais son propos, ne le met pas en perspective, ne le soumet à aucune contradiction. Et pourtant il s’en faut de peu pour qu’une autre signification apparaisse grâce d’abord à Jack Palance. Son personnage ressemble à ces révolutionnaires qui sont revenus galvaniser leurs peuples après avoir fait des études chez le colonisateur. Et la manière dont Warren commence à filmer ce qui s’apparente à une déportation pourrait, avec un très léger écart de perspective, s’apparenter à BRONCO APACHE (Palance dénouant ses cheveux est inoubliable dans cette scène). Il y a aussi plusieurs échanges qui ont un côté fullerien (les dialogues sont d’ailleurs assez efficaces) et l’excellent Brian Keith joue un personnage d’officier humain assez proche de celui du JUGEMENT DES FLECHES.
Et puis c’est un des derniers westerns (un des derniers films) en 1:37: 1. et j’aime de plus en plus revenir à cet aspect ratio.
Après la réévaluation d’ARROWHEAD, déception avec la vision de HELLGATE (dvd VCI sans sous-titres avec 5 autres titres dont PANHANDLE de Lesley Selander) variation assez biscornue sur THE PRISONNER OF SHARK ISLAND. Toute une partie du film possède des défauts que l’on retrouve dans plein de films de Marquis Warren : décors approximatifs (comme dans 7 ANGRY MEN ou TROOPER HOOK) ou bâclés (dans le premier tiers, la maison de Sterling Hayden, le tribunal militaire), raccords médiocres, découpage souvent très maladroit, utilisation de l’espace peu effarante : des personnages qui devraient être vus de très loin surgissent tout à coup, des indiens apparaissent au milieu d’un plan. Pourtant le lieu où se passe une partie du film parait prometteur : cette prison dans une immense grotte au fond d’un canyon et parfois Warren en tire quelques beaux effets : une bataille dans une tempête de sable, la mort d’un prisonnier qui essaie d’escalader une paroi très en pente. On est certes dans un lieu insolite mais on ne sent ni l’usure du temps, ni les blessures, ni la fatigue. L’arrivée du héros qui surprend des civils réfugiés derrière une barricade est filmée comme dans les plus mauvaises séries Z dans un décor absolument nul. L’interprétation est très pauvre quand on la compare avec LITTLE BIG HORN ou ARROWHEAD. Hayden est spécialement maladroit malgré les renforts de barbes et de poussière mal collée et James Arness n’est guère plus convainquant. D’autres petits rôles sont totalement falots. Le seul à tirer vers la fin son épingle du jeu sont Ward Bond et Joan Leslie.
Westerns rares et curiosités
Je viens de voir PANHANDLE sorti par VCI (sans sous-titres) écrit et produit par Blake Edwards et John C Champion. Edwards joue le rôle d’un jeune tueur à gages, Floyd, (qui dit au héros : « vous être un homme important, Mr Sands. Très poli envers les gens célèbres »). Dans la distribution, on trouve déjà Dick Crockett que l’on retrouvera dans nombre de films ultérieurs d’Edwards. PANHANDLE est une bonne surprise, surtout venant de Lesley Selander. Le découpage m’a paru moins routinier que d’habitude, dans ce que je connais de lui ; les extérieurs filmés à Lone Pine, sont bien choisis, avec un grand nombre de plans larges, soigneusement cadrés. Certains moments nocturnes, une embuscade en particulier, témoignent d’une vraie recherche visuelle qui évoque certains de Toth. Et le scénario dissémine ici et là de plaisantes et rafraîchissantes surprises : Rod Cameron, lequel joue un peu comme Scott chez Boetticher, doit s’enfuir sans sa selle et passe son temps à essayer d’en retrouver une. Floyd vient le provoquer dans le saloon. On croit qu’on va avoir droit à l’habituelle bagarre mais Cameron lui lance son revolver dans le ventre, ce qui le cloue en deux et l’arrête net. On pense avoir échappé à la bagarre, mais elle éclate le plan suivant, dure très longtemps, les deux combattants passant même à travers la vitre du saloon et s’empoignant dans la rue, en pleine nuit. Sands raconte au jeune tueur médusé comment il s’est battu contre Billy Le Kid et se tait quand il en arrive au moment décisif. Floyd demande anxieusement : « Et qu’est ce qui s’est passé? » – « Il m’a tué », répond Sands en quittant la table.
Nous avons droit au plan final archétypal : le héros s’éloigne vers l’horizon. Sauf qu’il est à pied et qu’il pleut des cordes. La pluie nous vaut un échange très amusant avec Reed Hadley : « Quand il pleut qu’est ce que vous faites » – « Je vais à l’intérieur ». Tout cela porte la marque d’Edwards.
Prologue inconnu et perdu d’un film de Leone
Dans les bonus du dvd américain de A FISTFUL OF DOLLARS, on trouve un prologue filmé pour la distribution aux USA, surtout à la télévision, qui était destiné à donner une motivation morale aux meurtres commis par Eastwood. Lequel tuait plein de gens, sans remords ni explication.
Ce prologue fut filmé au Mexique par Monte Hellman et joué par Harry Dean Stanton qui parle à une doublure d’Eastwood. Monte est interviewé et raconte qu’Eastwood aurait dit : « c’est curieux, je ne me souviens pas avoir joué cette scène ». Découverte marrante.
Je ne comprends rien à la politique d’Universal et je ne vois pas ce qui a pu présider au choix de A L’ASSAUT DU FORT STARK de George Sherman, western platounet, sorti dans un transfert médiocre et un format discutable. La photo de William Daniels m’a semblé des plus routinières. J’avais été très heureusement surpris par les recherches, l’invention de la mise en scène de Sherman dans AU MEPRIS DES LOIS. Et dans d’autres film inédits en dvd, BLACK BART, WHISPERING CITY, DUEL DANS LA SIERRA, SWORD IN THE DESERT. Rien de tel ici. Le meilleur plan est celui qui suit immédiatement le générique. Le reste est routinier, dans des extérieurs monotones, peu excitants (contrairement à ceux d’AU MEPRIS DES LOIS). Les personnages se dissimulent derrière des buissons squelettiques, face à deux cents indiens et tout est à l’avenant.
Il n’est que de regarder le fulgurant début de A KING AND FOUR QUEENS de Raoul Walsh, avec ces fantastiques plans de chevauchée, ces surgissements sur une crête, ces descentes sur des à pics.
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Bonsoir,
je viens de découvrir le remarquable JUBAL dans l’édition Criterion qui fait la part belle à l’éclatante partition de David Raksin.
A ce sujet, et assez curieusement, dans 50 ANS DE CINEMA AMERICAIN vous ne discutez ni même mentionnez ce film dans la notice consacrée à Daves – il figure néanmoins dans la filmo – mais vous semblez,en plus, l’attribuer à George Sherman (p.865) : »La musique de JUBAL augmentait l’aspect ‘davesien’ du film. Sherman a voulu rééditer cet exploit en Espagne ».
Ne confondez-vous pas avec REPRISAL (1956) ?
Cordialement,
Angel (Toulouse)
A Angel
Il me semble que REPRISAL reprenait la musique de Jubal, film dont je parle longuement dans AMIS AMERICAINS. On n’essayait pas d’évoquer tous les films dans le texte sur Daves mais plutôt de définir les grandes lignes de son oeuvre,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,
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Malheureusement à l’époque où j’avais vu REPRISAL je n’avais pas encore vu JUBAL et ne pouvais donc reconnaître le score de Raksin. En revanche je me souviens parfaitement y avoir entendu des passages composés par George Duning (dont le style est parfaitement identifiable). Mais le film datant de 1956 je suppose que le recours à de la « stock music » n’a néanmoins rien à voir avec la fameuse grève des compositeurs de 1958…si ce n’est que ce genre de méthode a sans doute contribué à la provoquer !
Il n’empêche que la référence au film JUBAL dans la notice consacrée à Sherman, telle qu’elle y est exprimée, peut induire en erreur le lecteur.
En 2009 Scoot Cooper réalise son premier film »Crazy Heart »avec un Jeff Bridges convaincant dans le role d’un vieux chanteur de country.Personnage désabusé qui taquine la bouteille et qui rencontre des jeunes femmes d’un soir sans avenir à l’horizon.Déjà Scoot Cooper nous dépeignait une Améérique malade et rongée par le chomage et la pauvreté.4 ans plus tard il récidive avec »Les brasiers de la colère »qui rappelle forcément le film de John Ford mais il y a d’autres points communs(la scène de chasse est inspirée de »Voyage au bout de l’enfer »de Cimino ou le final quand le méchant campé par Woody Harelson montre ses phalanges de ses mains:référence à »La nuit du chasseur »de Laugton).Ce n’est pas un simple thriller ou meme un vulgaire film de série b comme l’écrit Vincent Ostria dans L’Humanité mais une oeuvre sur fond social.Les cheminées de l’usine fument,la ville de Bradford est quasiment endormie et l’on remarque sur plusieurs plans des maisons abandonnés par leurs propriétaires.On sent les ravages de la crise qui sévit toujours dans la première puissance mondiale.L’interet du film vient aussi du choix des acteurs:Christian Bale fait partie à mon avis des meilleurs comédiens actuels avec Philip Seymour Hoffman,Matt Damon,Di caprio,Edward Norton,Mathew mac conaghey ou Woody Harrelson.
Je voulais revenir sur une perle rare des années 30.Réalisé par le touche à tout Ray Garnett »Voyage sans retour »est un film fou au niveau scénaristique.Le destin de deux etres qui vont se croiser sur un bateau qui les menera d’Asie à San Francisco.William Powell et Kay Francis forme ce couple improbable qui vont vivre une histoire d’amour pas banale du tout.Je ne révelerai pas le denouement du film et les differents rebondissements.En espérant que cette oeuvre sorte un jour en dvd car j’ai découvert une copie abimée projetté par la cinémathèque de Toulouse.Le second film est de Douglas Sirk »Le temps d’aimer et le temps de mourir ».<L'important,nous prouve Douglas Sirk,c'est de croire à ce que l'on fait en y faisant croire,écrivait Jean luc Godard.Et Le temps d'aimer surencherit encoreà ce propos sur La ronde de l'aube,Ecrit sur du vent ou Capitaine Mystère.Ce ne sont pas des grands films mais tant pis puisqu'ils sont beaux.D'abord parce que le scénario est bon.Ensuite parce que les acteurs sont loin d'etre vilain.Et finalement parce que la mise en scène est idem.
A Rouxel
Entièrement d’accord
à Rouxel: difficile de revoir les films de Tay Garnett, vous avez de la chance d’avoir une cinémathèque. J’ai un souvenir des bagarres de SON HOMME, film rigolo et léger, pas de dvd… Mais JOUR DE TERREUR est chez Wildside et ça a l’air drôlement bien.
A Martin Brady
Je crois en avoir parlé. C’est pas mal mais pas terrible. Beaucoup de Garnett après BATAAN et le FACTEUR sont assez décevants et routiniers. Même avant
But some of Garnett’s 60s television work is certainly worth a look. A singularly bizarre episode of RAWHIDE entitled THE IMMIGRANTS, wherein John van Dreelen enacts a Prussian no good aristocratic son who has been exiled to the American prairies and has built himself a feudal kingdom therein, into which Wishbone the cook (Paul Brinegar) and a couple more of Mr. Favor’s trailhands wander into and find themselves dragooned into serfhood. Mr. Favor (Eric Fleming) and sidekick Rowdy Yates ( C. Eastwood) are elbowed into the wings in this one. Tarantino should remake it with Christoph Walz in the van Dreelen part. There’s also THE UNTOUCHABLES episode MEXICAN STAKEOUT, with Robert Stack (Elliott Ness) going South of the border to find a witness against The Mob and Martin Landau as an assassin trailing Ness in order to dispatch the seeker and the sought. Seedy Mexican locations nailed up on the DesiLu lot last night. And Vince Edwards! And one of my favorite GUNSMOKE episodes, NINA’S REVENGE, with the lovely but haunted looking Lois Nettleton, hitched to perhaps the most swinish of the sniveling little men that William Windom played for several centuries of American televison, falling for a man who has been hired by her husband to embroil Nettleton in phony accusations of adultery that will enable Windom to blackmail Nettleton’s wealthy father. Windom’s plan backfires in multiple ways, beyond even the bitterness of Sam Peckinpah’s GUNSMOKE episodes (this one was written by the show’s creator, John Meston). All the above are available on Region 1 DVD, with English, and in some cases, Spanish or Portuguese subtitles. No French. They may be found respectively on RAWHIDE SEASON 4 VOLUME 2, UNTOOUCHABLES SEASON 1 VOL 1, and GUNSMOKE SEASON 7 VOLUME 1.
à Bertrand: pardon oui, je m’en souvenais pas, la barre de recherche est très utile pourtant, vous en parliez ici:
https://www.tavernier.blog.sacd.fr/festival-lumiere-pirates-et-patrimoine/
et en pire que ce que vous dites là!
Je vous conseille vivement »La vallée du jugement »de 1945 qui révéla Gregory Peck.On y retrouve les frères Barrymore(Lionel est à mon humble avis un des meilleurs acteurs de son époque).Cette oeuvre oppose une famille d’immigrés irlandais face à la famille Scott qui possède une usine d’acier.Une belle histoire d’amour va se nouer entre un des trois fils Scott et une jeune servante irlandaise dont le père a été victime d’un accident qui lui a broyer les jambes.Un scénario dont Victor Hugo pourrait etre l’auteur car il y a des moments forts sans pathos ni lourdeur dans la mise en scène flamboyante du à ce grand cinéaste qui était Tay Garnett.
Peck avait quand-même travaillé pour Tourneur et John M. Stahl un an plus tôt…
Présenté comme un metteur en scène »à l’américaine »Henri Decoin reste un bon réalisateur pour la première période de sa carrière qui débuta dans les années 30.Après avoir entamé une carrière de journaliste sportif,il signa un roman sur le monde de la boxe avant de devenir assistant de Gallone ou de Camerini en Italie.Pourtant il ne faut pas négliger certains de ses films des années 50 notamment »Les intriguantes »sortie en dvd ce mois çi.L’interet du film est dans la mise en scène et les dialogues qui sont croustillant de malice.L’action se déroule dans un grand théatre parisien dont le directeur est joué par Raymond Roulleau,on retrouve la jeune et sensuelle Jeanne Moreau dans un de ces premiers roles.Puis il y a Louis de funes tout en facétie et gestuelle ainsi que Guy Pierrault dont on connait plus sa voix nasillarde(Bugs Bunny)ou les excellents Jacques Charron ou Robert Hirsch.Dans la meme collection je vous conseille vivement »La Dénonciation »de Jacques Doniol-Valcroze, »John and Mary »un film rare de Peter Yates,3Le mort en fuite »d’André Berthomieu ou « Le parfum de la dame en noir »réalisé par Louis Daquin d’après un roman de Gaston Leroux.
A Rouxel
Je n’ai pas gardé un grand souvenir des Intriguantes mais je le reverrai. D’autres Decoin sont excellents, RAZZIA SUR LA SCNOUFF, la VÉRITÉ SUR BEBE DONGE, LE CAFÉ DU CADRAN. A-t-il dirigé IL SUFFIT D’UNE FOIS que vient de sortir Gaumont
Mon cher Bertrand « Il suffit d’une fois »est un film de 1946 réalisé par André Feix avec Edwige Feuillère et Fernand Gravey.A ma connaissance il n’est jamais passé sur une chaine en France.
A Rouxel
Je crois qu’il fait partie des films que réalisa Decoin qui à la libération dut prendre un pseudo pour payer son activité à la Continental. Tout comme le CAFÉ DU CADRAN. Il y en a un troisième
Je pense que le troisième film réalisé pour la Continental est »Les inconnus dans la maison »sur un scénario de Georges Simenon.Il reste un des films les plus sombre de ces années noires.Quand il quitte la firme allemande il réalise « L’homme de Londres »adaptation ratée d’un roman de Simenon.
A Rouxel
le 3ème film est je crois CAPITAINE BLOMET
Excusez moi Bertrand mais je me suis emmélé les pinceaux concernant le post précédent.Par contre je suis étonné que ce soit Henri Decoin qui ait pris le pseudonyme de Jean Gehret qui était un acteur,scénariste et réalisateur suisse disparu en 1954.Après reflexion Wikipédia n’est pas un moteur de recherche fiable concernant la biographie de réalisateurs,de comédiens…
A Rouxel
Mais cela été écrit par beaucoup que Gehret qui était le directeur de production de Decoin a servi de couverture. Feix était sa monteuse. On voyait cela dans le documentaire de Niogret
je viens de voir convoi de femmes. merci pour votre conseil. c’est un film formidable. la fameuse séquence de la litanie des victimes avec l’echo est quelquechose de surprenant et de très poignant. je n’avais jamais vu ça. c’est bien la preuve que la modernité n’est pas là où certains voudraient la désigner. le filmage est magnifique et l’absence de musique, foin des violons sirupeux, rendent ce western,je me répète, d’une modernité incroyable.
Je tâcherai de me procurer « La plage déserte » dont le seul titre fait envie.
Sur le Holden de « Fort Bravo », il était quand même difficile de le montrer plus dur que dans la première scène où il traîne un prisonnier évadé derrière son cheval. Plus que cela et ce n’était plus la peine d’essayer de l’humaniser.
En tout cas, cet acteur que j’ai déjà vu mauvais (dans « Sabrina »), fait tout passer ici avec une sobriété déconcertante. Pas un sourcil ne bouge quand il apprend la trahison de sa belle mais c’est un cataclysme qui émane pourtant de lui.
Toujours à propos de Holden, je n’ai jamais compris pourquoi un critique lui reprochait de ne pas être un « acteur fordien ». Je le trouve formidable dans les « Cavaliers » et regrette que Ford ne l’ait pas plus souvent choisi.
inette Pascal
Je trouve que William Holden est un acteur méconnu. Que nous avons méconnu dans notre, dans ma jeunesse cinéphilique. Moins flamboyant que d’autres. Mais plus profond, plus intérieur. Souvent d’une grande justesse et celà dès ses premiers rôles. Il est remarquable dans SUNSET BOULEVARD et dans STALAG 17 où il n’édulcore jamais la noirceur du personnageet je le trouve juste dans SABRINA. Il sait se fondre dans un film en acceptant de laisser la part belle aux autres et ce qu’il fait dans THE BRIDGE ON THE RIVER KWAI est épatant de sincérité modeste. Je ne mentionnerai pas NETWORK où il est tout simplement génial. Mais dans THE COUNTRY GIRL, dans des Seaton comme Traitre sur Commande, dans des Dieterle comme the TURNING POINT. Quand il est plus falot, c’est très souvent la faute du script, du réalisateur (MAN FROM COLORADO) ou d’un projet totalement formaté. Il a su très tôt capter une certaine amerume sans jamais l’exhiber, la mettre en écharpe
… et « La Tour des ambitieux », « Breezy », « La Horde sauvage »… vous me donnez très envie de revoir plein de films avec Holden, merci 🙂
Dans « Sabrina », il y a quelque chose qui cloche avec son personnage, comme s’il essayait d’être drôle. J’imagine qu’on le lui a demandé pour faire un contraste avec son sérieux frère joué par H.Bogart. Pour moi, ça ne fonctionne pas . Mais dans un autre registre, il est en effet parfait.
Holden est un acteur magnifique notamment chez Wilder mais si je ne devais retenir qu’un personnage ce serait le Pyke de wild bunch qui condense à lui seul toute la magnificence crépusculaire des meilleurs Peckinpah!
A Minette Pascal: disons qu’après cette scène, c’est comme s’il se radoucissait, sa réputation d’officier dur eût dû être plus étalée…Malheureusement JEOPARDY/LA PLAGE DESERTE n’est dispo que dans un coffret z1 B Stanwick dont je ne connais pas les autres films, avec stf. Le film fait partie du catalogue TCM, chaîne qui passe parfois des films rares, mais toujours avec un logo dans le coin de l’écran hélas (drôle d’idée pour une chaîne de ciné…).
Je suis d’accord avec Mr Tavernier, même dans un petit film comme MAN FROM COLORADO, Holden existe à côté de Glenn Ford toujours devant avec un rôle moins ingrat. Sa sobriété est très efficace, il y a des cabots qui ne restent pas dans les mémoires. L’âge va lui faire beaucoup de bien, NETWORK en effet, BREEZY, film moyen mais où il n’est jamais fâlot, dans LA HORDE SAUVAGE (je n’aime pas ce film passé les 30 premières minutes) il est formidable.
A Bertrand Tavernier: je n’avais pas vu que vous citiez MAN FROM COLORADO pour juger Holden un peu fâlot, alors que moi je le cite justement pour dire le contraire! Bref. Sans insister lourdement, je dirais juste que justement, je trouvais que Holden se défendait bien dans ce film pour ne pas disparaître devant Glenn Ford, plus typé que lui, et qui bien que « bad guy » a un rôle plus flamboyant plus coloré de type qui perd la raison et bien, à côté Holden arrive à ne pas disparaître, ceci dit c’est pas son meilleur rôle. Et plus j’y pense plus je trouve qu’il joue très bien les bourrus-embarrassés-timides-ayant un peu peur des femmes dans FORT BRAVO (un peu le style Wayne face à Dickinson dans RIO BRAVO!)…
A Martin Brady
Il n’est pas mal dans Man from Colorado, mais c’est un film où l’on sent que le metteur en scène ne tire que le minimum syndical du scénario et de ses acteurs. Holden est parfois bloqué par un découpage routinier et prévisible
A Bertrand Tavernier: c’est vrai, je retiens ce film plus à cause de Glenn Ford que j’admire… ce MAN… de Henry Levin me fait penser que je cherche à revoir un film qui m’avait fait hurler de rire quand ado, qui était KISS THE GIRLS AND MAKE THEM DIE avec le titre futé français (un grand bravo au distributeur) de RAMDAM A RIO! Terry-Thomas était très bon, il refusait d’admettre qu’une Rolls-Royce pouvait tomber en panne, il s’obstinait en disant que « la Voiture ne désirait pas démarrer » ou un truc comme ça. Ca fait partie des Invisibles, WildSide au-secours.
A Martin Brady
On en dit du bien dans 50 ANS et j’ai revu avec plaisir THE GAMBLER FROM NATCHEZ qui est très joliement colorié
zut, j’ai oublié de préciser qu’il joue un majordome-chauffeur parfaitement stylé et british à 150% (il joue aussi le rôle du lord patron du majordome, d’ailleurs…)
Breezy n’est pas moyen par ailleurs, c’est une petite perle énigmatique dans l’oeuvre d’Eastwood porteuse du meilleur qu’il saura façonner dans les 80′, les 90′ et les années 2000: Bird,white hunter, honkytonk man,Unforgiven,A perfect world, Minuit…, Mystic river,Million dollar, le diptyque d’Iwo Jima et changeling.
Rien à voir avec le naufrage pathétique ( et c’est un fan de longue date qui parle!) de J Edgar en début d’année, comme un prologue du discours devant les Républicains!
A Ballantrae
Assez d’accord pour Clint. Pour Holden, je mettrai en avant NETWORK
Pour moi, Breezy est surtout porteur de cette fibre magnifiquement romantique que Clint fera éclater au grand jour dans « Bridges of Madison County ».
Quant à « J. Edgar », il y a tout-de-même des fulgurances vous en conviendrez. Des idées de cadrages fabuleuses, une photo à tomber, de belles idées de (faux) flashbacks et j’en passe… Mince, c’est quand-même du bon cinoche ! Une fois qu’on a repéré et critiqué ses idées limites, nous sommes bien d’accord, on peut apprécier le film, ne pas bouder son plaisir.
A Bertrand Tavernier: oui je me souviens très bien que vous l’aviez loué dans 50 Ans ce RAMDAM A RIO invisible, GAMBLER FROM NATCHEZ, ses couleurs et bateaux à roues du Mississippi, risque d’être aussi invisible hélas, si vous pouviez glisser à Sidonis que… je le vois pas en dvd…
La moitié des films cités pourrait être signée Ron Howard, par ailleurs UNFORGIVEN, PERFECT WORLD, MILLION $ atteignent des sommets… LETTRES D IWO JIMA est sublime, c’est l’homme des douches écossaises, Dr Clint et Mr Eastwood…
Par ailleurs, j’ai revu les 3 1ers westerns de Leone, j’ai trouvé que Clint était meilleur acteur dans le 1er, POUR UNE POIGNEE, il a quelques expressions faciales qui n’ont rien à voir avec le style « stoneface », quand il croise M Koch dans l’escalier, il est loin du justicier sans coeur et affiche au contraire un regard d’admiration pour sa beauté qui n’a rien à voir avec le justicier uniquement attiré par le magot, c’est dans les deux autres westerns qu’il se conforme à ce personnage, c’est même très convenu: quand il brise son association avec Tuco dans LE BON je me demandais vraiment pourquoi il était si cruel à l’abandonner dans le désert à 100km de la ville la plus proche.
par ailleurs, à propos de Clint, et surtour MILLION $, j’avais vu quelqu’un dans une émission de cinoche à la tv qui n’aimait pas ce film et avançait que c’était plein de clichés. La personne, une jeune femme, était par ailleurs intelligente et avait des avis sur d’autres films très convaincants. Je me disais qu’elle ne voyait pas que Clint avançait tout un train de clichés pour rassurer le spectateur et le mettre en terrain connu (j’ai l’impression qu’il fait principalement ses films en pensant à un certain esprit conventionnel du public U.S.) pour dans une 2ème partie du film, foutre en l’air tous ces clichés. Dans MILLION on voit gros comme une maison que sa fille lui manque et qu’il reporte sur Hillary Swank, aussi que son rôle d’entraîneur de boxe incarne le mythe du père fait de virilité, de force et de sagesse (« Ask dad, he knows » comme on lit dans LA VIE EST BELLE). En tant que pseudo-papa de H Swank, Clint lui donne donc un conseil: « Ne te découvre pas, ne te mets jamais en danger! », or après l’accident final, il fait exactement le contraire et se met en danger pour elle. Donc « fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais » en quelque sorte. Les clichés sont une source d’inspiration pour lui, c’est le cas dans GRAN TORINO, mais là, je trouve que c’est loupé, que au contraire il aurait dû exploiter plus l’aspect moins courant: ce voisinage entre ce grand bourru bien U.S. et cette famille d’Asiatiques dont j’ai oublié la provenance exacte, qui occasionne trop rarement des moments comiques ou attendrissants, qui auraient pu remettre en question son personnage, c’aurait été plus intéressant.
Je viens de voir L’HOMME SAUVAGE (THE STALKING MOON) que j’avais acheté sur vos conseil dans ce blog et la critique que vous en faites dans 50 ans. Je souscris à ce que vous dites notamment sur l’impression de peur latente face à l’indien tueur longtemps invisible. Film tout de même curieux qui démarre dans sa première demi heure comme un western ultra classique, pour se continuer vers une sorte de cheminement personnel des protagonistes (Peck et Marie Saint « s’apprivoisant » petit à petit) pour se terminer comme un thriller. Pourtant sur la totalité du film, mon impression reste mitigée.
D’abord, j’ai eu un peu de mal avec Eva Marie Saint qui ne m’a pas touché (une certaine froideur se dégage de cette actrice trop « hollywoodienne » pour être totalement crédible dans le rôle). Vous faites également référence aux productions Val Lewton : les montagnes qui entourent le ranch dans la brume, la superbe scène où l’indien tente de rentrer dans la maison, l’utilisation des silences y font effectivement penser et dans la manière dont Peck est totalement démuni face à une force supérieure qu’il ne peut maîtriser. Pourtant, et celà m’a gêné, on verra bien l’indien à la fin dans son combat avec Peck et l’impression laissée est que cet indien n’est finalement qu’une « bête » assoiffée de sang et de vengeance devant la perte de sa captive et de son fils. L’indien comme réduit à son côté animal : étrange régression pour un film de 1969 (pour renforcer cette impression, Mulligan l’a affublé d’une peau d’ours). On ne peut évidemment pas taxer Mulligan de racisme (comme le fait un peu vite la revue « Cinéma » à l’époque de la sortie du film) surtout lorsque l’on a vu DU SILENCE ET DES OMBRES mais cette fin de THE STALKING MOON me paraît assez arbitraire et finalement assez vaine laissant un côté inabouti et assez dérangeant au film. Peut-être que finalement Mulligan avait cherché cette ambiguïté ? Au spectateur de faire son propre jugement… On n’oublie pas cependant les très beaux paysages et la très bonne musique de Fred Karlin.
A DAMIEN DOUSSIN
Je vous trouve trop sévère et je ne vois comment à partir d’un cas particulier on peut tirer une opinion générale. Mulligan refuse les idées générales. Il s’agit en l’occurence d’UN Indien qui veut récupérer son fils (vous avez de nombreux films avec Mel Gibson, Liam Neeson, Alain Delon où dans la même situtation le « père » commet de nombreux meurtres tous excusés au nom de l’amour filial. Et, oublions les opinions abstraites, il y a eu aussi des indiens féroces qui tuaient de manière effrayante cf ULZANAH’S RAID. Simplement parce que kleur conception de la violence n’est pas la même comme l’explique Lancaster dans le film. Cela dérange toujours que l’on montre aussi les Indiens sous ce jour et pas seulement comme de nobles sauvages. Mais c’est cette dernière attitude qui me semble raciste. Revoyez le film. Et quant à Eva Marie saint, je ne suis pas du tout d’accord mais c’est une question de gout personnelle
Merci pour votre réponse toujours éclairante. Je souscris à votre propos sur les films où les indiens ne sont que de « nobles sauvages ». En celà ULZANAH’S RAID est un très grand western où la conception de la violence indienne expliquée par Lancaster contribue malgré tout à les humaniser de par leur culture différente (et ce même jusque dans la violence la plus dure).
Je n’ai pas eu l’impression que le propos de Mulligan était de cet ordre et vous avez raison : il s’agit bien d’un cas particulier traité par le cinéaste (loin de moi de faire croire à une opinion générale sur les indiens de la part de Mulligan). Il s’agit de l’impression qu’à aucun moment on ne sent que l’indien du film agit de manière rationnelle dans sa quête et dans la violence qu’il sème (même si on sait qu’il souhaite récupérer son fils). Il apparaît presque comme une sorte de psychopathe bestial (c’est d’ailleurs le côté thriller du film). D’un autre côté, pris comme « western onirique », était-il finalement nécessaire de montrer l’indien (sorte de mythe insaisissable) ? C’est peut-être le côté « multi genre » du film qui me fait ressentir ce malaise vis à vis de la fin. Mais je vais le revoir.
Je suis surpris par votre déception vis à vis de Stalking moon: l’hybridation des genres au contraire m’apparaît comme très fluide, sans rupture tranchée opérant comme par glissement vers un imaginaire à la Tourneur période Lewton.Le cadre westernien classique du départ dote de vrais enjeux humains identifiés le surgissement fantasmatique de l’Indien.
Le film n’use pas d’une focalisation omnisciente où l’Indien aurait sa part de prise de parole: on ne perçoit de lui que ce qu’en perçoivent les autres personnages à savoir une silhouette incarnant toutes les menaces possibles de l’Autre.
Mulligan détourne vers le fantastique le schéma qui structure Lost patrol de Ford (et d’autres films de guerre plus tardifs: quid du point de vue japonais ou vietnamien dans Aventures en Birmanie, Merrill’s marauders,Full ,metal jacket, Platoon…???) ou les survival dont le maître film est Délivrance de Boorman Pas de racisme latent ou explicite mais une honnêteté indéniable dans l’écriture du point de vue sans ces concessions équilibrées d’un western révisionniste (j’ai des doutes sur la viabilité de Soldat bleu par exemple malgré ses honorables visées politiques).
Aldrich est dans une autre position: zéro concession dans la cruauté des uns ou des autres mais une réflexion sèche,frontale sur le cycle de la violence…Stalking moon n’est pas dans ce projet-là mais dans une réflexion sur le fantasme de l’Indien dans le western.
Le « tremblé » délicat de Mulligan est une signature qui refera merveille ailleurs: sur un terrain nostalgique avec Summer 42, fantastique avec The other entre autres.
Sur l’Homme Sauvage, je ne ressens aucun message hostile aux Indiens. Au contraire, la tribu prisonnière du début fait franchement pitié ; le personnage le plus attachant du film est le métis qui se sacrifie pour Peck ; dans la scène où le héros se réfugie dans un relais avec le petit Indien et sa mère, on voit un pionnier désabusé tenir des propos racistes devant le garçonnet Apache écrasé par une prise de vue en plongée. Cette façon de faire vise plutôt à dénoncer le blanc et prendre la défense de l’autre, me semble-t-il. Sans oublier que le héros s’engage assez vite à élever le petit Apache… Bien sûr, il faut un méchant bien méchant dans un thriller. Si celui-là avait été un chercheur d’or écossais, eût-ce été un message anti-britannique ? Mais, comme on l’a dit sur « Le vent de la plaine », toutes les impressions se valent.
Je n’ai jamais dit que le film avait un message hostile aux indiens (je dirais même que ce n’est pas un film à message). C’est la fin du film qui m’a laissé quelque peu circonspect. Comme vous le dites il faudrait plus voir ce film comme un thriller que comme un western (que le tueur psychopathe soit un indien n’aurait effectivement aucune importance)…
Et pourquoi pas un western-thriller ? Tous les westerns sont des westerns-quelque chose. Sinon, vous avez raison, ce n’est pas vraiment un western à message, même si le héros adoptant d’emblée un fils apache est une sacré leçon de tolérance.
A Bertrand Tavernier
Je trouve que Fort Bravo est bien meilleur que ce que vous en dites dans 50 Ans, et vous révisez votre opinion ci-dessus, bravo! Du moins dans sa deuxième partie quand on sort enfin du fort, quoique toute la partie dans celui-ci où on voit Eleanor Parker carrément draguer William Holden est parfois piquante, elle semble se moquer de son côté boudeur et enfantin (en hobby, il cultive des roses dans son jardin, et il est obsédé par l’image de son père), comme il se méfie d’elle, elle lui dit « Attention, je crée des ennuis! », il grogne, elle ajoute « Vous n’avez pas peur des ennuis, bien sûr! ». Le personnage de Parker n’est jamais énervant comme souvent les femmes dans les westerns qui piaillent beaucoup (sauf Donna Reed dans le film de Huggins, et quelques rares autres), dans l’action, elle est à la hauteur, sobre. Dans le bouquin sur Sturges chez Dreamland, il me semble que l’auteur, si comme moi il a bien trouvé que les scènes du fort sont trop longues, n’a rien vu de ces petites touches qui égaient heureusement celles-ci, et sur ce sujet, Sturges semble donner une réponse contenue dans la question! OK, cette partie du film est longuette, mais inutile de ne pas y voir les quelques menues qualités qui y sont quand même! Le scénariste Frank Fenton que vous défendez dans plein de vos chroniques est-il responsable de ce petit jeu piquant entre les deux futurs amoureux? Forcément. Sturges dit que Holden s’ennuyait à mourir dans ces scènes, et qu’elles avaient été prolongées pour faire plaisir au producteur Nayfack, petit ami de Parker.
Dés que le film sort du fort, c’est magnifique, bien supérieur (ou aussi haut) que ce que Sturges a fait par la suite. D’ailleurs, j’en viens à me demander en petit futé, si c’est bien lui qui les a tournées! Les scènes précédant le siège, et le siège lui-même, des soldats par les Mescaleros est vraiment ce que j’ai vu de plus beau dans le genre (ou d’également aussi beau…) avec ce cheval perdu revenant vers le groupe en pleine nuit.
La photo du film est en Anscocolor comme Stranger on Horseback dont vous parlez plus haut. On se doute que le film doit beaucoup à la photo de Robert Surtees… Je sais pas ce qu’il reste du Anscocolor, mais les couleurs de la Vallée de la Mort sont magnifiques. Cette édition dvd z2 Warner est en 1:75… Jeremy Fox dit dans DvdClassik que le film a été exploité autant en 1:75 qu’en 1:37, mais on dirait qu’il n’a été cadré au tournage qu’en 1:33, il y a plein de têtes coupées et de sommets de montagne itou, on peut comparer un plan dans les deux cadrages grâce à la b.a. en 1:37! Je croyais que les films prévus pour être exploités dans deux formats étaient aussi forcément tournés-cadrés en prévision de ça (Rio Bravo par exemple). Mystère. Amicalement.
Comme vous, j’aime beaucoup Fort Bravo. Le générique est tellement empreint de John Ford qu’on est un peu agacé, pensant qu’on n’aura droit qu’à une sorte d’énième plagiat. Mais la suite fait oublier cette fâcheuse impression.
Contrairement à vous, j’aime aussi les scènes de l’intérieur du fort que je ne trouve pas longues du tout. Les différents personnages du camp de prisonniers, les confrontations du héros avec chacun des protagonistes, les dialogues, le petit accordéon du bal…tout cela me semble de bonne facture et je ne me lasse pas encore d’y retourner.
En tout cas, c’est rassurant de trouver d’autres amateurs !
A Minette Pascal: oui, dans les scènes du fort, j’aurais préféré que le badinage Parker-Holden soit prolongé car pas mièvre du tout… Je trouve que le film aurait eu plus de force si Holden avait été encore plus dur, inhumain et brutal avec les prisonniers, mais Sturges n’était pas Hathaway à « booster » les acteurs, et Holden était un peu jeune, il sera bien meilleur plus tard… Le coup de ce gros dur qui cultive des roses en secret dans son petit jardin était très bien vu (scénario de Frank Fenton, que Mr Tavernier a assez loué ici depuis le début…). En tout cas, l’attaque finale est au-dessus de tout! A se demander pourquoi Sturges a été aussi efficace là, alors que tellement mou et peu concerné ailleurs (LES 7 MERCENAIRES ne valent que par l’histoire et les gueules des mercenaires + Wallach, film trop long), cinéaste mystérieux: avez-vous vu LA PLAGE DESERTE avec Ralph Meeker, Barry Sullivan et Stanwyck? Mrs Tavernier et Coursodon, très sévères pour Sturges, le louent dans 50 Ans: un Ralph Meeker formidable! Bien à vous.
I solidly imagine that the critical information provided is relevant to most people . Thanks a lot .
Monsieur Tavernier,
Je me permets de vous poser une question de détail: la musique de « The law and Jake Wade »(John Sturges) n’est pas créditée au générique, ce qui d’habitude n’arrive jamais, et je me demande qui l’a écrite.On dirait un peu du Victor Young…En savez-vous plus ?
Merci pour vos derniers commentaires dans les bonus de DVD; j’ai bien aimé, comme vous, « Le fort de la dernière chance ».
Alex Menjoulet.
A Alexandre Menjoulet
Merci. Je vais me renseigner sur la musique de THE LAW AND JACK WADE
18.11.2011
Un internaute m’a indiqué que la partition de « The law and Jake Wade » serait due à Fred Steiner (sans lien de parenté avec Max Steiner), qui a d’ailleurs droit à un article de wikipedia. Son absence au générique serait due à une grève des compositeurs durant l’année 1958.
Bien cordialement, A. Menjoulet
A Alexandre
Merci de la précision
j’adore : AU DELÀ DU MISSOURI, c’est un de mes films préférés
A Expert Immobilier
Vous avez mille fois raison mais avez vous vu CONVOI DE FEMMES et les Wellman qu’on trouve dans FORBIDDEN HOLLYWOOD (zone 1)
Thanks for sharing the link, but unfortunately it seems to be down… Does anybody have a mirror or another source? Please answer to my post if you do!
I would appreciate if someone here at http://www.tavernier.blog.sacd.fr could post it.
Thanks,
Alex
Un mot sur L’ETRANGE INCIDENT de Wellman qui est réellement un film coup de poing dont vous même ou Martin Scorcese en avait fait l’éloge. La description de la folie qu’anime une petite communauté envers des innocents accusés à tort rejoint celle qu’Allan Dwan fera 10 ans plus tard dans SILVER LODE.
Le début du film (les scènes d’humour et de bagarre avec Fonda)n’annonce pourtant pas la noirceur qui suit.
Avec un budget limité, Wellman tire le meilleur parti des quelques décors et du travail de son chef opérateur . Les panoramiques et les gros plans sur les visages des bourreaux et des victimes prennent aux tripes et tous les sentiments y passent : la lâcheté, le sadisme, la peur, le dégoût, le courage…
Refusant pour une fois un happy end qui aurait tout gâché, Wellman signe effectivement là, un des meilleurs westerns « noirs ».
A Damien
Tout à fait d’accord
C’est vrai que certains réalisateurs (comme Wellman dans « Au delà du Missouri ») semblent avoir aimé le « français dans le texte », au risque de dérouter le public américain, mais comme si la langue de Molière représentait un intérêt purement musical et pouvait enjoliver certaines scènes sans qu’il soit besoin de la comprendre. On retrouve ce goût pour la petite note exotique de français dans « la captive aux yeux clairs » et » Jeremiah Johnson », je crois.
Bonjour M. Tavernier,
Etant nouveau, je me permets de demander s’il existe, dans votre blog, une rubrique consacrée au western européen, italien surtout, avec des réalisateurs tels que Sergio Corbucci, S. Leone, S. Sollima, Ferdinando Baldi, Antonio Margheriti,… et j’en oublie. Dans votre article, vous évoquez le film de S. Leone, A Fistful of Dollars, mais j’aimerais avoir un aperçu des sorties dvd liées au western européen. J’en ai acheté quelque-uns, mais je recherche certains titres qui ne sont pas encore sortis. Enfin, je suis loin d’être sûr, c’est pour cela que je demande votre aide.
Voici les titres que je recherche:
-Blindman, le Justicier Aveugle, de Ferdinando Baldi
-Colorado, de Sergio Sollima
-Une Minute pour prier, une seconde pour mourir, de Franco Giraldi
-Pile, je te tue, Face, tu es mort… On m’appelle Alléluia, d’Anthony Ascot (sûrement un pseudo…)
Merci encore,
Valentin
A Valentin,
J’ai voici des années beaucoup suivi le western italien et depuis j’ai beaucoup de mal à les revoir. Il y a des Solima qui existent en Italie (j’avais aimé Colorado et l’avais défendu comme attaché de presse) et aussi Damiani dont j’avais aimé QUIEN SABE. Il y a eu des sorties récentes peut être chez Sidonis
Quelques westerns italiens sortis chez seven 7 valent le coup et présentés de manière inédite en France en version intégrale : « Faccia a faccia » (le dernier face à face) de Sergio Sollima, « Le dernier jour de la colère » de Tonino Valerii ou encore un étonnant western-polar de Mario Lanfranchi « Sentence de mort » (malheureusement dans sa version réduite pour la sortie dans les salles françaises) avec Richard Conte et un Tomas Milian ahurissant en psychopathe albinos, fétichiste de la couleur or : à découvrir absolument !
Sorti aussi plus récemment chez Sidonis/seven 7 : « La mort était au rendez-vous » : le meilleur western de Giulio Petroni…
Et bien sûr le très bon « Quien sabe » de Damiani déjà sorti chez wildside vidéo.
« L’homme sauvage » vaut vraiment la peine. Encore un bijou enterré. Un admirable défi narratif : raconter un danger invisible, créer une intensité dramatique dans la douceur. Chaque personnage vit une petite ou grande tragédie ( même le petit vieux qu’on voit à peine), mais il faut la saisir à travers les silences, l’étirement infini du temps, le mystère des regards, quelques notes de musique, les méandres du paysage… Comme dans le jardin du diable, il faut attendre les dernières minutes pour entrevoir la réalité de la menace. La mort du l’ami scout du héros prend un relief émotionnel particulier au milieu d’un climat délibérément neutre. Comme on regrette que ce réalisateur n’ait pas fait d’autres westerns !
A minette
Tout à fait d’accord. Voyez aussi ESCALIER INTERDIT et LE SILLAGE DE LA VIOLENCE
Carlotta poursuit tout comme Wild Side sa politique de restauration d’oeuvres rares :
-La Campagne de Cicéron de Jacques Davila le 11/03/2010
-Les Désemparés de Max Ophüls le 7/04/2010(à ne pas manquer)
La collection WESTERNS DE LEGENDE reprend du service.
SIDONIS annonce pour le 9/02/2010, 4 films :
– LE ROI ET QUATRE REINES de WALSH
– BARQUERO de GORDON DOUGLAS
– L’HOMME AU FUSIL de RICHARD WILSON
– LE SHERIF AUX MAINS ROUGES de JOSEPH M.NEWMAN
Tant mieux ! Mais, au moins trois de ces films avaient déjà été annoncé pour le 1er semestre 2009 ! Espérons qu’il ne s’agit à nouveau d’une nouvelle sans suite…
Oui c’est exact; il semblerait qu’il est trouvé un nouveau distributeur; il annonce encore deux autres sorties pour le 30/04/2010 cette fois:
– La Chevauchée avec le Diable
– Les Forbans
Tous les 2 deux rélisés par Jesse Hibs.
Carlotta vient d’annoncer ses prochaines sorties :
– Pietro Germi pour le 17/02/2010
le très drôle et caustique « Ces messieurs dames »
« Il ferroviere »
« Meurtre à l’italienne »
– HELMA SANDERS BRAHMS pour le 25/03/2010
Allemagne, mère blafarde »(à ne pas manquer)
Encore un effort et peut-être pourrons nous voir bientôt les films d’Elio Petri.
A Jean-Jacques MANZANERA,
Cher Manzarena,
Merci pour votre message du 18/11/09;vous ouvrez le débat sur les richesses et les « densités » des cinémas du monde entier;je partage votre avis exprimé à la fin de votre message;en effet le cinéma allemand(de l’entre deux guerres) et le cinéma scandinave des années 20 ont bataillé avec les Américains sur le plan (disons) « industriel » du cinéma; les Russes après la Révolution de 17 ont lutté sur le plan plutôt « artistique » (avec les cinéastes dont nous avons déjà parlé); les Allemands ont perdu la bataille industrielle pour les raisons historiques connues(l’arrivée au pouvoir,par les urnes,des nazis)et les Scandinaves pour des raisons de diffusion dans le monde de leurs oeuvres.Le cinéma a gagné d’autant plus facilement qu’à partir des années 30 il a bénéficié pour son son développement de l’arrivée sur son sol de cinéastes européens « historiques » qui ont emmené avec eux toute la culture européenne(et pas seulment le cinéma).je ne citerai que 2 ou 3 noms, parmi d’autres qui me paraissent essentiels : LANG,PREMINGER,RENOIR.Il y en a eu beaucoup d’autres.Malheureusement est arrivé le « lessiveur » de mémoire : la télévision.
Merci pour les renseignements sur Iosseliani. Heureusement qu’il y a les DVDS pour voir, revoir et découvrir des oeuvres même récentes tombées dans l’oubli.
Très juste votre remarque sur Kaurimaski;je ne sais si vous avez le coffret « Cinéma, Cinémas » (il ressort actuellement pour les fêtes de fin d’année); sinon ne le manquez pas; vous y trouverez une interview reamarquable de Kaurimaski.
Des sorties pour les mois à venir m’ont été indiquées par des internautes (merci à eux) :
– François 1er et Un de la Légion de Christian Jaque POUR LE 6/01/2010
– Les Noces Rouges (une bonne « cuvée » ) de Chabrol le 20/01/2010
et chez Gaumont (doit-on y croire après tant de reports)
– Un condamné à mort….. de Bresson pour le 25/03/2010
– Le Silence de la Mer (Melville, un de mes cinéastes frnçais favoris) POUR LE 25/052010
– Le général DELLA ROVERE (ROSSELLINI) pour le 25/05/2010
– le rouge et le noir (Autant-Lara) POUR LE 15/06/2010; j’aurai préféré Le diable au corps
A bientôt pour de nouveaux échanges.
Je vais aller chercher mon coffret Allan Dwan de ce pas.
Cher Augelmann,
Merci pour votre dernier courriel.
Pour ce qui est des cinématographies dans le cinéma des origines, j’avais vu un documentaire exceptionnel , je pense vers 1995 qui montrait les rapports de force entre pays (USA/France/ Allemagne/ Scandinavie/ URSS) en 5 volets fort longs,précis, agrémentés d’extraits de joyaux connus ou méconnus voire de photogrammes d’oeuvres perdues. Je ne me rappelle plus son nom mais espère une rediffusion sur Arte ou une sortie DVD.Avec le American journey de Scorsese, cela vaut bien des critiques!
J’avais vu à l’époque l’interview de Kaurismaki (façon de parler au vu du laconisme du bonhomme) dans cette magnifique émission « cinéma, cinémas » et avais bien ri. Et dire que maintenant, même la série de J Bazin et AS Labarthe est éliminée (je ne dis pas bravo à Arte!!!). Que reste t’il à la TV de ces sourciers à l’origine de bien des cinéphilies? Seul perdure l’héroique P Brion sur F3!!! Lisez son interview sur le site DVDclassik: elle est passionnante (de m^me que celle de Y Dahan dans un tout autre genre).
Bonne nouvelle que la sortie du condamné… de Bresson dont vous avez acquis, j’espère le coffret MK2 (L’argent- Le procès de Jeanne d’arc- Pickpocket) et les 2 DVD d’arte (Mouchette qui demeure mon favori et Au hasard Balthazar).Pour ma part , Bresson demeure mon cinéaste français favori… même si ces palmarès de cinéphiles auxquels je ne suis pas le dernier à m’adonner de amnière compulsive depuis mon adolescence(listes, classements annuels, par genres…) sont un peu vains!
Je ne suis pas sûr d’acquérir le coffret Dwann (je ne connais pas assez et le peu que j’ai vu m’a plu sans pour autant me transporter outre mesure) mais ai commandé au Père Noel le coffret Ophuls.
Je viens d’acquérir « Fellini au travail » chez Carlotta et vous en reparlerai après visionnage. Lors d’une virée à Paris, j’essaierai d’aller voir l’expo.
Signalons la sortie des Vacances de M Hulot par J Deschamps: cela devrait être aussi indispensable que les récentes éditions de playtime et Mon oncle/ My uncle.
Bonne continuation. Amicalement!
Cher Jean-Jacques,
Je rebondis par rapport au coffret Dwan. Vous qui êtes friand de boni, vous serez servi. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vu une mine d’informations aussi importante sur un cinéaste, réunie dans un coffret DVD. Il y a une interview fort passionnante de Peter Bogdanovitch qui avait mené à bien de longues heures de conversations enregistrées avec le bonhomme, tout comme il l’avait fait avec Ford, Hawks ou Walsh. On entend ces conversations et donc les propos de Dwan sur les sept films proposés par Carlotta. Ces sept longs-métrages ont été réalisés successivement entre 1954 et 1956. On y trouve :
– Quatre étranges cavaliers (Silver Lode, 1954)
– Tornade (Passion, 1954)
– La Reine de la prairie (Cattle Queen of Montana, 1954)
– Les Rubis du prince birman (Escape to Burma, 1955)
– La Perle du Pacifique (Pearl of South Pacific, 1955)
– Le Mariage est pour demain (Tennessee’s Partner, 1955)
– Deux rouquines dans la bagarre (Slighlty Scarlet, 1956)
Ces sept films possèdent une unité absolument admirable. Plusieurs raisons à cela : ils furent tous produits par Benedict Bogeaus, et Allan Dwan, réalisateur aimé de tout le monde, travaillait avec la même équipe d’acteurs et de techniciens, un peu comme Ford. On trouve par exemple trois fois John Payne, deux fois Rhonda Fleming, deux fois Barbara Stanwyck (toujours aussi géniale !), deux fois Ronald Reagan (qui trouve son meilleur rôle dans le magnifique western « Tennessee’s Partner »)… Côté techniciens, le grand John Alton a signé la photo des 7 films du coffret, ainsi que Louis Forbes, qui a composé les B.O. des 7 films également (Le thème principal de « Silver Lode » est superbe).
Concernant l’unité de ces films, il faut rajouter le fait que Dwan n’avait pas de budgets conséquents, et que le système D, la débrouille d’un artisan qui a connu l’ère des studios de sa naissance à sa fin (son premier film date de 1911, son dernier de 1961, un an avant la loi anti-trust), valait tous les gros budgets du monde.
Rappelons aussi qu’en 1954, Allan Dwan devint veuf, il perdit sa femme Marie qu’il aimait éperdument, et se noya dans le travail, immodérément, tournant film sur film, avec une sorte d’énergie du désespoir, et à la clé, une créativité exemplaire et émouvante, car il n’avait plus rien à perdre. Le coffret Carlotta est un parfait témoin de cette étape de sa vie.
Je vous rappelle aussi que « Silver Lode » est l’un des 10 westerns préférés de Bertrand Tavernier, André Glucksman, Claude Jean Philippe et Rui Nogueira (voir « Le Western » sous la direction de Raymond Bellour chez Gallimard).
Enfin, pour parler de « Silver Lode », outre le fait que c’est un merveilleux western anti-maccarthyste (mais B.T. en parle très bien dans « 50 ans de cinéma américain »), on peut citer l’un des plus beaux travellings de l’histoire du cinéma (la scène où John Payne fuit sous le feu nourri de ses ennemis dans une ville, et pendant laquelle il fait des haltes successives, ici derrière un attelage, là, derrière un abreuvoir… et à chaque fois, la caméra qui le suit latéralement, fait un petit mouvement de pivot à chaque arrêt, rendant ainsi la technique de ce travelling particulièrement fluide et invisible pour le spectateur pris dans l’action. Cette manière de rendre ainsi les mouvements d’appareil de manière naturelle, Dwan la devait à Griffith qui était l’une de ses principales sources d’inspiration). Ce travelling est à mon goût aussi réussi et aussi important que celui qui introduit « La Soif du mal » d’Orson Welles.
Mais bon, là je vous parle de technique, alors que les films de Dwan sont avant tout des bijoux d’émotion, de justesse. Comme pour les notes chez Mozart, on pourrait dire qu’il n’y a pas une image de trop dans ses films.
Et des films il en a tourné plus de 400 !
J’ai beaucoup aimé l’anecdote rapportée par Peter Bogdanovitch qui pour illustrer à quel point Dwan était un réalisateur ultra célèbre en son temps (surtout pendant l’ère du muet), raconte que lorsque le réalisateur se rendait à New-York, le maire lui envoyait une escorte de policiers pour l’accueillir à l’aéroport, et que lorsqu’il se rendit à Berlin pour visiter les studios de Babelsberg dans les années 20, Billy Wilder en personne se proposa d’être son guide privé ! Bogdanovitch nous apprend aussi que Dwan était si riche, qu’il s’acheta un ravin complet près de Santa Monica ! Ce qu’il en fit ? On l’apprend dans les boni, et c’est tout à l’honneur de ce grand cinéaste humaniste.
Whoa, whoa, get out the way with that good inofarmiton.
Sacré Olivier!…mais où est donc le « milieu » du monde cinématographique?
Pardonnez mes trémolos lyriques visant à chanter les louanges d’une diversité cinéphilique à laquelle j’aurais pu ajouter cinéma des origines et cinéma contemporain, cinéma « respectable » et cinéma de (mauvais) genre etc….
Cher Manzarena,
Surtout ne vous excusez pas de défendre avec enthousiasme des cinémas d’horizons différents;il faudrait effectivement parler non pas du cinéma mais des cinémas;ce blog est particulièrement foisonnant et riche, ce qui en fait son intérêt et sa valeur car il permet de communiquer l’amour pour cet art et ce qui est remarquable de partager avec d’autres les connaissances , les expériences et les « sentiments » éprouvés lors des projections; en outre ce qui est primordial c’est de découvrir des cinéastes et des oeuvres qui nos sont inconnues; encore merci pour le Canadien Maddin que je ne connais pas et que je fais m’empresser de découvrir.
Pour Iosseliani, à ma grande honte, je n’ai vu que « Les favoris de la lune » qui m’a profondément marqué;c’est un manque de ma part: il aut que je voie ses autres films; je suis heureux de vous lire sur Paradjanov: je « vois » des plans des « Chevaux de feu » de suite. Quel cinéaste maudit et bien oublié!
Pour Pelechian, je n’ai vu aucune de ses oeuvres, je n’ai eu que des encouragements comme les votres pour les voir; à découvrir.
Enfin quelqu’un qui aime bien Eisenstein: merci; et en plus vous ne vous arrêtez pas au « Cuirassé Potemkine »; « Ivan le terrible », beaucoup décrié mérite absolument une réévaluation; vous avez raison : ça bouge à l’Est de l’Europe mais il faut faire attention car il s’agit de cinéastes isolés et qui travaillent chacun de laeur côté; je pense toujours à ce qui parlent du cinéma finlandais, mais ce dernier c’est AKi Kaurismaki (et un peu son frère)et c’est presque tout; j’ai connu l’époque où le cinéma italien était très présent et de nombreux films étaient réalisés et surtout des films importants.En fait il s’agissait de plusieurs réalisateurs qui travaillaient avec leurs propres équipes; comme le faisait remarquer à l’époque JL Godard « Il n’y pas de cinéma italien, ni de cinéma français au sens du cinéma américain (production en studios entre autres)ou comme dans les années 20-30 en Allemagne, il y a des cinéastes italiens et des cinéastes français »; effectivement lorsque les « grands maîtres italiens » n’ont plus tourné,l’Italie est devenu un désert cinématographique.
D’autre part WILD SIDE vient de confirmer le démarrage le 6/01/2010 de sa collection « Vintage » avec 6 titres :
– L’Ange et le mauvais garçon
– L’Adieu aux armes
– Mort à l’arrivée
– Bigamie
– Le Voyage de la peur
– Du Sang dans le Soleil
Cher Augelmann,
Merci pour votre réponse riche en considérations sur la diversité des cinématographies.Je réitère mes en couragements pour ce qui est de la découverte d’Otar Iosseliani avec le coffret chez Blaq out où quasi tout relève de l’indispensable de Il était une fois un merle chanteur aussi librement juvénile que les Forman tchèques à brigands, chp VII récit gigogne sur les aléas de la « guerre » au style enluminé en passant par l’approche poético documentaire de Pastorale, le conte et la lumière fut ou le tatiesque La chasse aux papillons (seuls Etaix,Iosseliani et Kaurismaki me semblent des héritiers convaincants du grand Jacques).
Je ne partage pas l’avis de JLG quant au distingo Cinéastes/cinémas pour les cas de la France et de l’Italie: ces cinématographies étaient trop diverses, il y avait trop de générations successives (ex: Rossellini-De sica/Fellini-Visconti-Pasolini/Rosi-Tavianis-Bertolucci/ Bellochio-Leone-Bava… et ces découpages sontidiots car il y avait passage de témoin!). Ce n’est pas le cas de la Finlande, du Danemark ou de l’Iran où quelques hirondelles ne font pas un printemps durable!
Ceci dit, quel pays actuellement est comparable aux USA, au cinéma allemand de l’entre deux guerres, au cinéma scandinave des 20′? Aucun et depuis des lustres!!!!
Contrairement à JLG
Cher Jean-Jacques, ne voyez pas de moquerie dans ma (petite) saillie. Par « cinéma du milieu » je faisais bien-sûr allusion à Pascale Ferran et à sa très admirable initiative, lancée lors de la Nuit des Césars 2007.
Quant à la diversité cinéphilique, je pense qu’il n’y a rien de pire que les chapelles. Dimanche dernier, j’ai pris une bonne dose d’adrénaline en allant voir « 2012 » en salles, quel spectacle ! Un pur divertissement. Et le soir du même jour, je me suis retrouvé dans un état proche du recueillement en visionnant « Sous le soleil de Satan » à la maison. La semaine dernière, « A l’origine » de Xavier Giannoli m’a complètement emballé et ému… trois jours après, j’ai ressenti un grand plaisir de cinéphage devant « Mutants » de David Morlet et “Hush” de Mark Tonderai en DVD. On peut aimer Dreyer et Winding Refn, Ford et Carpenter, Bunuel et Del Toro, Ozu et Misumi, Carné et Truffaut… Giannoli et Morlet. Vive l’éclectisme !
Cher olivier,
Mais je n’étais pas vexé! tout au plus intrigué par la formule qui bien sûr provient de l’initiative de P Ferran qui eut bien raison de signaler la disparition de ce cinéma du milieu -entre système D comme débrouille et gros budgets-en voie de disparition dans la mesure où les choix culturels actuels vont tuer l’exceptionnelle diversité de notre cinématographie.
J’approuve l’éclectisme et suis un fan de la plupart des cinéastes cités de Dreyer à big John en passant par Ford, truffaut, etc… Cependant mon éclectisme cinéphile s’arrête aux portes de la cinéphagie faute de temps et d’intérêt: 2012 ne me comptera pas parmi ses spectateurs (Hemmerich… faut pas déconner!) mais Avatar oui, je fais le distingo…faut qu’il y ait un cinéaste aux commandes!
Très bon article !
AU-DELÀ DU MISSOURI a subi de nombreuses coupes, dont il était déjà fait état dans certaines revues anglaises à l’époque de la sortie. Il en a sans doute plus souffert que LA CHARGE VICTORIEUSE, mais il n’y avait aucun témoin sur le plateau de ACROSS, contrairement au film de Huston, dont les déboires ont été largement couverts par « Picture » de Lillian Ross. Ces coupes si l’on en croit les (très vagues) indications de Wellman portaient sur des scènes d’action. Introduite à ce stade tardif, la narration en voix off par le fils adulte de Gable est une « idée » du producteur Sam Zimbalist qui s’est imposée après une preview décevante, le public se désintéressant du film vers le milieu de la projection. Dore Schary (cité dans le livre de Frank Thompson « William Wellman ») parle de nombreuses « baisses de tension » et d’une impression d’ensemble chaotique. Wellman disait n’avoir jamais vu le montage actuel et défendait son propre montage original. « That was a good, long picture the way I did it ». Mais il n’est pas faux de dire que plusieurs de ses films (je ne parle évidemment pas du magnifique CONVOI DE FEMMES, qui est à coup sûr son meilleur titre d’après-guerre), souffrent de longueurs et ne tiennent pas la distance.
Dans la collection « vintage » de wild side, notons la présence de Carnival of souls, film fantastique aussi fauché et aussi inventif que Night of the living dead de Romero: il fait figure d’oeuvre séminale pour de nombreux pans du cinéma contemporain que ce soit par son recours au twister (il préfigure pour le meilleur le fantastique espagnol d’Amenabar, Balaguero, Cerda et pour le pire les oeuvrettes un rien surfaites de MN Shyamalan ), par son expérimentation sensorielle (on peut songer à Lynch qui d’ailleurs eut pour projet d’en faire un remake).Vu sur arte il y a quelques années, il parvint à m’effrayer plus que je ne pensais!
J’ai entendu parler du « pinku eiga » mais compte tenu de mes nombreuses lacunes (j’en suis encore à découvrir certains Oshima,Naruse, Ozu…)je laisse cela « pour plus tard »et tant pis si c’est une erreur!!!Je crois qu’avant de découvrir, à titre comparatif, l’intégrale des baby cart ou des zatoichi, je dois voir et revoir Tuer, Yojimbo ou Les amants crucifiés car le temps est une denrée rare et précieuse!
Cela dit, vos avis sont toujours aussi précieux et nombre de vos interventions me prouvent que nos cinéphilies respectives sont fort compatibles!!!
Ce blog est un lieu d’échanges vraiment riche et fructueux.
PS1: je pense que BT qui n’intervient plus beaucoup doit être fort occupé par son adaptation de Mme de La Fayette. Certains ont-ils eu vent de ce projet? je suis très curieux !
PS2: le film de Kawalerowicz, comme Pharaon, constitue un modèle de collaboration avec des historiens de renom (polonais en l’occurrence) et prouve combien fut riche la création dans les pays de l’Est dans les années 60-70. On oublie des noms tels que Jancso, Has et même Wajda ces temps-ci et on a tord!!!
Puisque vous évoquez le superbe « Tuer » (Kill, 1962) de Kenji Misumi, je peux vous affirmer que ses deux créations, que sont les sagas « Zatoïchi » et « Baby Cart », sont du même tonneau. Surtout les opus signés par ce maître que je place sans vergogne aux côtés de la « Sainte trinité » Kurosawa-Mizoguchi-Ozu. Les 6 Zatoïchi et les 4 Baby Cart tournés par Misumi et dispos en DVD chez Wild Side, sont de vrais millésimes, des plaisirs rares de cinéphile. A titre indicatif, Jean Douchet en fait l’éloge sincère avec une liberté qui fait toujours autant plaisir à lire, dans son ouvrage « La DVDthèque de Jean Douchet », paru dans la Petite Bibliothèque des Cahiers du Cinéma.
Quand on évoque la saga du masseur aveugle, il faut absolument connaître l’hommage de Kitano, une pure merveille d’humour décalé. Pour info, « Glory to the Filmmaker », le second volet de la toute récente trilogie du Kid d’Asakusa, sort enfin en DVD chez CTV, le 17 novembre prochain.
Suite de la saga « Malavida » : J’ai découvert l’oeuvre d’un très grand cinéaste polonais, mort prématurément à l’âge de 41 ans dans un accident de voiture. Il s’agit d’Andrzej Munk, dont ses compatriotes, Wajda, Kieslowski, Polanski… s’accordent tous pour dire qu’il était le plus grand d’entre eux. Il faut absolument connaître ses films, notamment « L’Homme sur la voie », chef-d’oeuvre crépusculaire et merveilleux hommage aux cheminots de tout temps, de tout pays, ou bien le beau film de montagne « Les Hommes de la Croix Bleue », sans oublier son dernier film (inachevé à cause de son décès) « La Passagère », qui a été reconstitué par ses collaborateurs, et qui possède la force d’un « Nuit et brouillard ».
Enfin, je pense tout comme vous que nos cinéphilies sont compatibles et que ce blog est un fabuleux lieu d’expression.
Grand adorateur de Kitano (notamment de Hana bi, Dolls,A scene at the sea et Sonatine) , je dois vous avouer que zatoichi m’a laissé de marbre: surjoué, plastiquement très répétitif(couleurs délavées , bleuetées avec des jets de rouge très graphique), très téléphoné dans ses moments burlesques(les scènes de comédie musicale ont du mal « à prendre » sur le corps du film…sauvons un moment de leçon de combat par un personnage secondaire). Une grosse déception!
En revanche, le dernier Oshima Tabou dans le genre « films de sabre » est bien plus novateur, dérangant et inventif qu’on ne l’a dit lors de sa sortie;un même malentendu avait accompagné la sortie de Max, mon amour…comme si on espérait qu’il refasse à chaque fois L’empire des sens avec des variantes!
Les « vieux » cinéastes ne sont jamais là où on les attend: Resnais,Rohmer, Eastwood, Oliveira, kubrick ces dernières années l’ont à nouveau prouvé!!!!et le cycle « déception-adulation bizarre du style « oh! il tourne encore à X années et quelle fraîcheur!!! »-révision a posteriori » est toujours aussi amusant à observer!
Je suis d’accord avec vous pour mettre « Hana bi » et « Sonatine » en haut du panier. Surtout « Hana bi », quel chef-d’œuvre ! Les visionnages multiples ne font qu’en révéler toutes les subtilités. Quand on pense que Kitano en a écrit le scénario, l’a réalisé, a joué le premier rôle, a fait le montage et que les oeuvres picturales qu’on voit dans le film sont de son cru (peintes pendant sa convalescence après son grave accident de moto), on réalise à quel point c’est un artiste complet. Quant à « Zatoïchi », les gerbes de sang très graphiques ne sont qu’un renvoi aux films de Misumi et aux films de samouraïs en général (notamment Baby Cart, mais aussi les films d’Hideo Gosha, et j’en passe…), c’est une convention, qu’il s’est je trouve très bien appropriée. J’ai personnellement beaucoup aimé le second degré et l’humour gore (un samouraï qui tranche le bras d’un de ses camarades de clan sans le faire exprès…). Quant aux scènes de comédie musicale, c’est totalement autobiographique : on y voit surtout un ballet de claquettes, Kitano s’est fait plaisir : c’est ainsi qu’il a commencé dans le monde du spectacle lorsqu’il était balayeur dans un théâtre à Asakusa. Il avait demandé au patron de ce petit théâtre s’il pouvait le faire travailler en tant que comique, celui-ci lui a montré un pas de claquette de base et lui a dit : « entraine-toi, et la prochaine fois, montre-moi ce que tu sais faire ». La semaine d’après, il revoit le patron du théâtre devant l’ascenseur, et lui montre le pas de claquette qu’il avait répété sans-cesse durant toute la semaine. Le patron lui en montre un autre, et la scène s’est reproduite ainsi durant plusieurs semaines… Enfin, devant l’acharnement du jeune Kitano, le patron en question a accepté de l’embaucher au service des danseuses dans les loges. De fil en aiguille, c’est ainsi qu’il arrivera un jour, dans ce même théâtre à présenter son numéro de duettistes, qui le mettra sur la voie du succès. Il doit tout aux claquettes en quelque-sorte, et la scène finale de « Zatoïchi », même si elle ne s’insère effectivement pas dans le récit avec évidence, m’avait beaucoup ému pour cette raison.
Merci pour votre conseil pour Carnival of souls; je l’ai noté lorsqu’il sortira; je ne le connais pas; vos commentaires me mettent l’eau à la bouche.
D’autre part dans un vos messages vous avez défendu « Le reptile »; je trouve que les critiques faites à ce film sont très fortes, je dirais même excessives; cela me rappelle les critiques faites en son temps à John Ford pour ses derniers films; un célèbre critique,Jean Mitry, pour ne pas le nommer, plume redoutable disait que Ford était vieux et radotait (à la sortie de « Frontière Chinoise »); en fait passé un certain âge,les cinéastes sont automatiquement atteints de gâtisme selon certains: voir aussi ce qui est arrivé à Walsh,Hawks.Ils n’ont pas pu faire de film malgré leur volonté dans la dernière partie de leur vie.
Et oui : Miklos Jancso est totalement oublié; « Psaume Rouge » est à (re)découvrir.Je me rappelle aussi son film « Sirocco d’hiver » avec Marina Vlady et Eva Swan (si je ne me trompe)qui avait connu une destinée paradoxale: le film était passée à la télévision française en même temps qu’il passait dans les salles de cinéma. Je me souviens d’une scène dasn une baignoire qui avait offusqué les bonnes âmes bien pensantes: c’était la France de Pompidou.
Pourriez-vous me dire si ces films sont disponibles en DVD?
De cette époque, il y a aussi un cinéaste allemand oublié : Peter Fleischmann; plus d’articles, pas de sorties en DVD.
Cher Augelmann,
Heureux que mes remarques sur Carnival of souls aient su attirer votre attention: je pense que vous ne serez pas déçu si vous aimez et le fantastique, et la série B et la volonté exprimentale souvent associée à celle-ci (j’ai parlé de lynch: Eraserhead est un petit neveu de ce film, juste « un peu plus » juqu’auboutiste!).
Si vous vous intéressez aux marges les plus fructueuses, je ne saurais trop vous conseiller de découvrir l’univers du Canadien Guy maddin, fou furieux obsédé par les codes du cinéma muet, par ceux du genre mélodramatique. son univers possède la logique du rêve et aurait réjoui Bunuel autant que W Has.De cet auteur, voyez en priorité Careful (« hommage » muet aux films de montagne allemands des années 30 rendant explicite le freudisme sous jacent du kammerspiel) ou l’hilarant The saddest music in the world (inventaire de motifs surréalistes-une patronne de dancing cul de jatte, un coucours de la musique la plus triste du monde,un musicien conservant le coeur de son enfant mort dans des circonstances dramatiques- sur fond de cinéma américain des 20′-30′);
Il est passionnant au même titre que les frères Quay édités eux aussi chez ED distribution et dont j’avais déjà parlé il y a quelques mois.
Ayant 39 ans , je n’ai découvert Jancso que tardivement par ouie dire via des articles de Positif ou des Cahiers. Ensuite , j’ai pu admirer quelques savantes compositions du cinéaste hongrois à la cinémathèque: Les sans espoirs,Psaume rouge et Rouges et blancs. C’est peu! mais c’est suffisant pour deviner la grandeur d’un cinéma fondé sur 1)l’art du plan séquence 2)un sens dialectique de la composition du plan 3)une interrogation plastique sur la re^présenation du politique et de l’histoire.je n’ai jamis rencontré des DVD de ces films mais je ne serais pas surpris que Malavida les édite ou aie le projet de les éditer.Je pense que le grand Bela Tarr en est un héritier direct.
Je ne connais que deux films de Fleishman vus à la TV: le très beau Scènes de chasse en Bavière et une SF un peu poussive et tardive intitulée Hard to be a god (problèmes de coprod, je crois…). Parler de ce cinéaste m’amène à songer à Syberbergh très commenté dans les 70′ et apparemment invisible depuis des lustres: que pensez-vous de cet auteur oublié?
Cher Manzanera,
Je viens de lire votre message de ce jour; je vous réponds sur quelques points.Vous avez une bonne connaissance de Jancso; il est difficile d’ajouter quelque chose;pour Fleischman vous avez commencé par le meilleur; « Scènes de chasse en bavière » est absolument remarquable et a eu à sa sortie un grand retentissement et beaucoup de problèmes pour le cinéaste avec les autorités du « Land » de Bavière, particulièrement conservateur et réactionnaire(j’ai 54 ans et cette époque a été pour moi la découverte du cinéma « allemand » qui est né à la suite du manifeste d’Oberhausen en 1962 et d’autre part d’une prise de conscience sociale ou politique selon les termes choisis).Pas de DVD (juste un VHS paru chez les Films de ma Vie); il y a aussi « Les cloches de Silésie » que je trouve quand même moins réussi. Ah! Syberberg,les passions déclenchés par ses films et pas que Parsifal, film important car il ne s’agit pas de l’opéra de Wagner mais le sujet est l’Allemagne comme dans tous les films de Syberberg; j’ai pu voir dans le cadre d’un festival peut-être le film le plus important « Hitler,un film d’Allemagne », indispensable pour saisir toute l’importance ce cet auteur; malheureusement il ne risque pas d’être ressorti dans le salles en raiosn de sa durée (7h). Un autre oeuvre à noter : « La marquise d’O » qui date de la fin des années 80.Votre remarque est très juste: « Les cahiers du cinéma » semblent eux aussi l’avoir oublié alors qu’en 1982, les articles étaient nombreux et particulièrement enflammés. Aujourd’hui « Les Cahiers » mettent en une en octobre Judd Apatow (quel désastre!).
Ah! « Scènes de chasse en Bavière » ressort en salles en novembre (je ne sais plus dans quelle revue je l’ai lu).
Je peux vous conseiller un autre cinéaste de cette époque dont les films sortent en DVD ce mois-ci : Bo Widerberg,cinéaste suédois. 2 films à noter : « Adalen 31 » et « Un flic sur le toit »; je vous conseille surtout le 1er.
Voila du premier jet ce que j’ai à dire.J’écrirai sur les autres points ce week-end.
A bientôt.
Cher Augelmann,
Merci pour votre dernier message notamment pour ce qui concerne Syberbergh que je ne connais que par le biais d’articles d’anciens numéros des Cahiers (notamment un numéro de 1982 ayant en couverture Parsifal) acquis a posteriori. Je crois que cette revue a baissé depuis longtemps (disons automne 1989 avec la première d’une longue série de « nouvelles formules » axées sur une pseudo ouverture vers les autres expressions, sur des notules de + en + insignifiantes…). J’ai commencé à la lire à l’âge de 15 ans grâce à la couverture accordée à Year of the dragon de Cimino.Je n’ai découvert positif qu’en 1987 a propos de Full metal jacket et n’ai plus cessé de la lire depuis: son choix de la cohérence des goûts (pas de délire dans l’enthousiasme ni de désavoeu ni de révisionnisme facile),ses dossiers solides, sa qulité d’écriture et d’analysse et ses chantiers de réflexion me ravissent toujours autant!
Le cinéma de l’Est me passionne depuis fort longtemps et je ne peux croire à sa mort pure et simple: j’en veux pour preuve, ces dernières années la découverte de bon nombre de grands tels Bela tarr (l’édition du long Satan tango en DVD prouve que syberbergh peut aussi être édité un de ces quatre), sokourov (l’un de mes quatre cinéastes vivants favoris avec Resnais, Eastwood et Mallick)ou Pintilie. Par ailleurs, l’apparition de jeunes tels C Mungiu en Roumanie,
Zviagintsev en Russie (Le retour était sublime et son second film moins décevant qu’on ne l’a dit), Mundruzco en Hongrie, Sharunas Bartas en Lithuanie sont de bons signes de vitalité!
je ne saurais trop vous conseiler de voir ou revoir l’oeuvre du grand Otar Iosseliani installé chez nous depuis longtemps mais vrai cinéaste géorgien qui donne une envie furieuse de découvrir ce peuple dont on devine le « génie » en voyant ses oeuvres comme celles de Pelechian(si vous ne connaissez pas l’oeuvre de ce génie du montage, essayez d’y remédier mais c’est difficile car il est peu diffusé) ou de Paradjanov.
Bach films, très justement défendu par BT, édite de nombreux chefs d’oeuvre du muet: il faut voir et revoir les chefs d’oeuvre de Dovjenko (copie plutôt bonne du génial La terre),Poudovkine (surtout Tempête sur l’Asie et la fin de St Pétersbourg),Barnett et bien sûr Eisentein ( NB: chez MK2 superbe copie de Potemkine et chez Carlotta édition indispensable de La grève).
On peut à la fois aimer le cinéma de l’Ouest et celui de l’Est! Celui du nord et celui du sud!
… et celui du milieu !
Parmi toutes ces nouveautés, dont certaines n’en sont pas (les films d’Argento sont déjà sortis en DVD, à cet égard je conseille surtout L’Oiseau au Plume de Cristal et Le Chat à 9 Neuf queues), je me réjouis de revoir INCIDENT DE FRONTIERE, un film de Mann sur l’immigration clandestine (thême à la mode). Des films de Thorpe, je garde un bon souvenir de LA MAIN NOIRE, film noir sur la maffia, avec un Gene Kelly dans un rôle inhabituel. THE CLOCK de Minnelli m’avait paru excellent aussi ! Ma connaissance du cinéma porno japonais et américain est pour le moins lacunaire, mais je ne demande qu’à apprendre !
The clock est en effet un bon film de Minnelli; l’évènement de ce coffret reste la sortie(enfin) de « Two weeks in another town », qui est comme une suite dix ans plus tard de « The bad and the beautiful ».
Que l’attente est longue; j’attends aussi qu’un distributeur veuille bien s’intéresser au dernier film de John Ford « Seven Women ».
Au détour d’une petite insomnie, je traîne sur le net et vais consulter le très bon site dvdclassik.com : leurs news DVD sont toujours super-excitante ! Nous est annoncé le planning de « Côté sauvage » (comme dirait Jean Douchet) pour les deux ans à venir, et il y a du lourd.
Tout d’abord, les 10 prochains titres de la collection « Les introuvables » :
– Guêpier pour trois abeilles de Joseph L. Mankiewicz
– Qu’as-tu fait a la guerre, papa ? de Blake Edwards
– Paris Blues de Martin Ritt
– Trapeze de Carol Reed
– La rue de la mort d’Anthony Mann
– Incident de frontière d’Anthony Mann
– Libre comme le vent de Robert Parrish
– Inferno de Dario Argento
– L’oiseau au plumage de cristal de Dario Argento
– Le chat à 9 queues de Dario Argento
– Phénomena de Dario Argento
– Ténèbres de Dario Argento
Ensuite, l’annonce de deux coffrets :
– Coffret « Richard Thorpe, l’Aventure avec un grand A » : La perle noire / Le fils prodigue / Quentin Durward / La maison des 7 faucons / La main noire
– Coffret « Vincente Minnelli, le cinéma de l’élégance » : Lame de fond / The clock / 15 jours ailleurs
Enfin, pas moins de 4 nouvelles collections sont créées :
1) La collection « Classic Confidential » (10 titres prévus) dont nous parlait récemment AUGELMANN sur ce blog,
2) La collection « Vintage Classic » (50 titres prévus) propose des films tombés dans le domaine public, dont certains ont déjà été édités maintes fois, mais il y a tout-de-même certains inédits. Liste complète sur ce lien (dvdclassik) : http://dvdclassik.com/news/news_dvd.php
3) La collection « L’Âge d’or du roman porno japonais. C’est en quelque-sorte la poursuite du travail entamé par l’éditeur Cinemalta et ses trois coffrets « Collection Romans érotiques » (films de Masaru Konuma, Noboru Tanaka et Tatsumi Kumashiro), avec en prévision 30 titres produits par la Nikkatsu dans les années 70 et 80. A ce sujet, il faut savoir qu’un seul et même producteur a été chargé par le célèbre studio nippon de la restauration des 100 films du genre qu’il estime être les meilleurs.
4) La collection « L’Âge d’or du X américain ».
Je viens de découvrir par ailleurs un formidable film américain du tchèque exilé Ivan Passer, c’est « Cutter’s Way » (1981), une splendide étude psychologique sur le thème de l’après-Vietnam et ses traumas, avec Jeff Bridges, John Heard et Lisa Eichhorn.
De ce réalisateur, vient justement de sortir son premier et unique film tourné dans son pays d’origine lors du Printemps de Prague : le très bon « Eclairage intime ». A ce sujet, je vous donne le lien vers le site Malavida et sa formidable collection tchèque qui contient entre autres « L’As de pique » de Forman, aussi bon que « Au feu les pompiers » et « Les Amours d’une blonde » édités par mk2, et les deux chefs-d’oeuvres de Jiri Menzel « Des trains étroitement surveillés » et le très attachant « Mon cher petit village » : http://www.malavidafilms.com/malavida.php?page=catalogue&catego=32
Si les pornos me laissent assez indifférent (il y a actuellement une tendance lourde que je qualifierais de « sémioticienne » dans la cinéphilie: tout objet filmique se doit d’être observé en en un bel élan « démocratique » quelles que soient ses qualités intrinsèques… cette tendance passe par les Cahiers, les inrocks, la cinémathèque et tutti quanti), le coffret Minelli est très prometteur car les trois films qui le composent sont beaux (Lame de fond ou quinze jours ailleurs, cette « suite » désenchantée des Ensorcelés montrant l’envers du décor à l’hueure des coprod à cinécitta) voire exceptionnels (the clock compte parmi mes préférés de l’auteur avec Brigadoon, Le pirate ou Les ensorcelés).
La collection vintage semble augurer du bon aussi.
Malavida est effectivement un éditeur passionnant m^me si peu diffusé… signalons aussi chez cet éditeur les oeuvres magistrales de W Has dont La clepsydre et Manuscrit trouvé à Saragosse s’après le génial roman à tiroirs de Potocki. On a un peu oublié Has alors qu’il est un véritable démiurge, inventeur d’un univers aux règles narratives, spatiales et temporelles insensées et à la plastique renversante: quand on aime Fellini, Bunuel, Bergman ou Ruiz on ne peut que se réjouir face à ce cinéma démesuré.
Chez potemkine, en 2010, édition du sidérant Haxan de Benjamin Christensen: film muet réalisé par un acteur de Dreyer ou Sjostrom (je crois), haxan propose une vision fantasmagorique des images les plus terrifiantes liées à la sorcellerie puis il en propose le contrepoint scientifique et en devient d’autant plus terrifiant; notons que cette oeuvre unique s’inspire des écrits de michelet et permet de comprendre le génie du cinéma nordique dans les années 10-20. Je l’ai vu d’abord sur arte puis en cinéconcert et ai été très impressionné à chaque visionnage par la force des visions de Christensen , plus convaincantes que celles de Ken Russel mais proches de celles de Dreyer ( dies irae chez MK2) ou Kawalerowicz (Jeanne,sainte mère des anges sur la même affaire de Loudun que dans le Russel mais à des coudées au dessus!!!!je crois qu’il existe aussi chez Malavida).
Le « Roman porno » de la Nikkatsu qui s’inscrit dans le courant « Pinku Eiga » (Cinéma rose, littéralement) n’a pas grand-chose à voir avec la pornographie pure et dure. Il s’agit d’un cinéma d’exploitation qui ne montre à vrai dire que très peu de scènes explicites. Certes, il y est question d’érotisme, de sadisme aussi (un thème central dans le cinéma japonais), mais le scénario reste solide dans la plupart des cas, et l’on peut découvrir des films d’un dramatisme poignant (voir les 3 coffrets cinemalta). C’est par ce genre cinématographique très particulier et précis, que ce grand studio, qui a vu débuter Kurosawa (Akira) et Imamura, a pu contrer l’essor et le danger que représentait la télévision pour le cinéma à la fin des années 60 et au début des années 70. Ces films (surtout ceux du début des 70′) étaient tournés en 35mm, et ce sont ces derniers que va nous proposer Wild Side, qu’on ne peut que féliciter d’un tel projet. Je pense que ne pas connaître ce courant du cinéma nippon, ou tout du moins ne pas s’y intéresser, c’est se fermer à une grande part de son histoire.
Merci de parler de ce cinéma qui nous a donné tant de fraîcheur et des oeuvres qui sont hélas tombées dans l’oubli; Jiri Menzel, je l’ai découvert dans le cadre de ciné-clubs étudiants avec « Des trains étroitement surveillés »;il faut aussi parler de Vera Chytilova (« Les petites Marguerites »)qui a eu beaucoup de problèmes avec son film suivant avec la censure.
Pour Forman, je préfère (c’est purement personnel) les films de sa période tchèque que ses oeuvres « internationales ».
Bon , je ne suis surement pas au bon endroit mais il faut
absolument que je vous dise à quel point j’ai aimé « dans la brume électrique » que je viens de terminer en version dvd
J’adore les films noirs et ma foi c’est plus qu’un hommage que vous avez rendu au genre , vous lui redonnez vie …merci
ENCORE !!
l’édition du Reptile de Mankiewicz parue chez Warner en DVD est tronquée. Il manque de nombreux plans dans le montage parallèle entre l’évasion de Douglas et ses acolytes et la jeune femme poursuivie par des détenus. Ce sont ces plans
(de la fuite de la femme) qui ont été pour la plupart coupés. Malgré ces amputations regrettables ( pourquoi ?) ne pas bouder son plaisir.
Bonjour M. Tavernier,
Je profite de ce sujet pour vous féliciter de ce petit blog passionnant que je viens tout juste de découvrir il y a quelques semaines. On y sent tout l’amour et la passion du cinéma dans vos propos éclairés. Tiens, j’ai fait l’achat récemment de votre « Laissez-Passer » en DVD (zone 1, je suis du Québec), que je n’ai pas pu encore visionner, mais la lecture de votre blog me donne envie de le faire dès ce soir !
En ce qui conçerne le sujet, je m’attarderai sur votre entrefilet sur les deux films de Robert Mulligan, The Stalking Moon et Up The Down Staircase, deux titres dont, par une heureuse coincidence, j’ai rajouté à ma collection l’été dernier. Étrange western que ce Stalking Moon, dont j’ai apprécié cette petite touche sinistre et macabre qui imprègne tout le film. Quant à Up The Down Staircase, j’ai adoré, on y voit encore la grande maîtrise de Mulligan dans la direction d’acteurs, et Sandy Dennis n’y a jamais été aussi belle et lumineuse !
Autre suggestion du côté de Mulligan : The Other (1972), mon préféré de la filmographie du réalisateur. L’histoire se situe dans une région rurale du Midwest américain (je ne me rappelle plus où) dans les années 1930, où l’on peut voir évoluer deux gamins, frères jumeaux de surcroît, dont l’un est habité par des intentions plus que malveillantes, dont les frasques entraîne des conséquences de plus en plus graves, et dont le frangin plus sage doit faire injustement les frais. Un des films les plus méconnus de Robert Mulligan, un véritable bijou de drame psychologique aux accents macabres, proches d’un certain style « American Gothic ». Mulligan y prouve encore une fois son habileté à diriger d’une main de maître des enfants acteurs, dans ce qui peut être considéré comme un double-négatif de son célèbre « To Kill A Mockingbird. »
A Pierre:
Entièrement d’accord avec tout ce que vous dites sur Dead man qui crée de toutes pièces un univers fait d’étrangeté, de sensations. J’avais été désarçonné lors de sa sortie , ce qui ne signifie pas que je n’avais pas mesuré l’ampleur du projet mais qu’il représentait une claque pour nombre de représentations alors en vigueur. C’est le chef d’oeuvre de
Jarmusch qui a aussi magnifié le polar dans Ghost dog.Ces deux opus signifient que l’après Stranger…/ Down by law est passionnant.
A L.D.:
Ravi que vous rejoigniez notre admiration pour Mulligan y compris sur Up the down staircase qui sans être parfait coiffe sans mal au poteau le démagogique et frêle Entre les murs (et pourtant j’avais beaucoup aimé et ressources humaines et L’emploi du temps… le problème ,c’est Bégaudeau : archétype du poseur qui se pique de cinéphilie, donneur de leçon qui s’ignore mais je m’égare!!!). il paraît que Nickel ride est très beau, d’après un ami qui l’aurait vu il y a fort longtemps.
Je garde pour plus tard les westerns, pour revenir sur Mulligan.
Moi qui ne connaissais que – et appréciais beaucoup – Daisy Clover et ses films autour de l’enfance (Du silence et des ombres, très belle adaptation de ce somptueux classique américain qui commence à peine à être un peu lu en France, To Kill a Mockingbird/Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee; Un Eté 42; Un été en Louisiane, et surtout The Other), je dois dire que L’Homme sauvage a été une sacré révélation. Je souscris à tout ce que dit Bertrand Tavernier sur ce film et sur Up the Down Staircase/Escalier interdit, film à mon avis bien plus passionnant qu’Entre les murs même s’il a quelques aspects un peu datés et une scénarisation pas subtile de bout en bout.
En zone 2, l’acquisition de L’Homme sauvage s’impose absolument.
Mais la merveille des merveilles, c’est tout de même The Other/L’autre. Pas de long développement sur le film, j’imagine que beaucoup l’ont vu et de toute façon, si vous ne l’avez pas vu et ne le connaissez que de réputation, mieux vaut l’acheter sans rien savoir du récit et se laisser porter. Juste quelques mots pour dire tout le bien que je pense du dvd édité par Mk2. La copie n’est pas parfaite mais c’est tout comme, la délicatesse de la photo (lumière souvent diffusée) et des couleurs étant dans l’ensemble respectée. Vu l’importance qu’a le chef opérateur Robert Surtees pour accompagner et magnifier la mise en scène de Mulligan, et créer des atmosphères inquiétantes sans pour autant faire dans l’effet fantastique appuyé, une copie d’une telle qualité est une excellente nouvelle. Par ailleurs, au titre des bonus, on trouve des commentaires de Pierre Berthomieu qui sont souvent pertinents. Et, fait rare dans l’édition dvd et la critique de cinéma, il analyse en profondeur le rôle de la musique de Jerry Goldsmith.
Pour s’en tenir à Mulligan donc, à mon sens deux achats utra-prioritaires: L’Homme sauvage et The Other.
Je viens de me passer le coffret Fleischer :
– « Armored car robbery » :
Je pensais ne pas le connaître et ça m’est revenu en revoyant la scène, d’une sécheresse exemplaire, où McGraw vient parler à la veuve de son ami et fait preuve d’un (faux) détachement viril terrible juste après en marmonnant à son nouvel équipier « elle s’en remettra ». Ca m’a rappelé, l’ironie caustique en moins, la célèbre réplique des « 40 tueurs » de Fuller. L’autre séquence qui m’a refait « tilt », c’est la lente agonie d’un des gangsters. Est-ce que je me gourre mais il y a une scène similaire dans un Melville, non ? Ceci dit, c’est un bon petit polar de série avec des points forts (bien soulignés par Nicolas Saada, Bertrand Tavernier et Alain Corneau dans les bonus) mais globalement moyen. Ce qui m’a amusé, c’est la récurrence des technologies de communication modernes (radio, téléphone, central d’écoutes, micro-espion, intercom d’aviation). La même année, « Asphalt Jungle » de John Huston n’avait pas commencé autrement. Mais le premier qui aura utilisé ces accessoires « hi-tech » au coeur d’une intrigue policière est, une fois de plus, Fritz Lang avec « Le testament du Dr Mabuse ».
– « L’enigme du Chicago Express » :
Un plaisir renouvelé à chaque vision car Fleischer réalisa un film sans un poil qui dépasse ni un gramme de gras superflu. Chaque plan, chaque scène dure juste le temps qu’il faut. McGraw est impecc’ comme toujours (le commentaire de Bertrand Tavernier à son sujet dans un des formidables bonus m’a fait rire mais ne m’a pas surpris, une « gueule » comme celle de McGraw est le fruit d’un long travail qui n’a effectivement pas du faire l’impasse sur les 3ème mi-temps). Les rares points qui me chiffonnent sont plusieurs situations totalement irréalistes mais qui se justifient sans doute en grande partie par les explications données sur le DVD. Car enfin, pourquoi donc Marie Windsor fait-elle autant de barouf dans sa cabine alors qu’elle est censée jouer la femme invisible et que sa vie est en danger ? Et une fois que l’on sait qui elle était vraiment, plusieurs de ses attitudes antérieures sonnent faux. Quant à la très chic et WASP Jacqueline White, on ne croit pas une seconde à son identité. D’un autre côté, on pourrait en dire autant des 3/4 des films d’Hitchcock (notamment « La mort aux trousses ») sans que cela entâche ses chefs-d’oeuvres. Et « The Narrow Margin » en est un aussi. Même malgré le cliché ultra-classique opposant la vilaine brune et la gentille blonde, vieux comme Hollywood.
Bravo aussi pour le parallèle avec un autre immense polar de train, « Le grand attentat » (« The tall target ») d’Anthony Mann. Mais bon, Fleischer, Mann… on est au sommet de l’Olympe de l’âge classique.
Toujours très impressionné par la présence et la classe naturelle de Marie Windsor, dont je remarque à nouveau la très haute stature pour une époque où la norme exigeait que la « leading girl » fasse une tête de moins que son partenaire masculin (le summum de la « petite chose fragile » revenant à la délicieuse Veronica Lake). En vérifiant, Marie Windsor faisait un beau 1,75m, tout comme Ingrid Bergman et Lauren Bacall, autres exceptions. C’est peut-être pourquoi on lui confia souvent des rôles de femme qui ne s’en laisse pas conter ou de superbe garce.
En revoyant coup sur coup ces deux polars, comment ne pas imaginer que Stanley Kubrick qui débutait tout juste les a plus qu’appréciés. Le début de « ACR » avec la préparation du hold-up près du stade annonce celui du champ de course de « Ultime Razzia »… où on retrouvera Marie Windsor, cette fois merveilleusement dépareillée dans son couple avec le tout petit Elisha Cook Jr.
« Child of divorce » :
Alors là, chapeau pour avoir débusqué cette rareté impressionnante. Pour tout dire, même avec la signature de Fleischer, je n’étais pas très attiré par le thème. Et dès l’ouverture, je n’ai plus décroché. Ce n’est pas un film commun, surtout pour l’époque. Il n’y a peut-être qu’Ida Lupino qui aurait été capable d’un tel réalisme dénué d’effets larmoyants faciles. Tous les acteurs jouent juste et en premier Sharyn Moffett, bouleversante sans jamais faire petit singe savant à la Shirley Temple. Il y a aussi une sensibilité très féminine qui est forcément due à la scénariste (et productrice) Lillie Hayward. Une approche qui fait la part des choses sans chercher à désigner un ou une coupable. N’y aurait-il pas une private joke lorsque la gouvernante débusque le livre « Forever Amber » d’un air scandalisé (et appâté) ? Lillie Hayward fut scénariste pour Preminger et ce dernier devait en commencer l’adaptation à l’époque de « Child of divorce ».
La fin donne la chair de poule, c’est presque une scène de film de terreur, sans qu’il soit besoin d’ajouter un monstre ou des cris. Il faudrait comparer cette fin sur fond ironique et désespéré du « Home Sweet Home » avec celle de « Voyage au bout de l’enfer » de Cimino. Comme l’explique Bertrand Tavernier dans son commentaire, un tel film cru et parfois très cruel, comme la séquence du tribunal qui relève de la torture mentale sur enfant n’aurait jamais été approuvé par la MGM ou la Fox (et faire prêter serment sur le « Holly Book » à une gosse de huit ans m’a autant révulsé que l’attitude dégueulasse des avocats). A la limite, je pense même que Fleischer n’aurait plus pu le réaliser tel quel trois-quatre ans plus tard avec le Maccarthysme et le retour aux saines valeurs familiales du Monde Libre avec daddy dans sa belle auto chromée et mummy dans sa cuisine toute équipée. Trop négatif, trop franc et sans happy end, « Child of divorce » aurait été jugé dangereusement suspect d’anti-américanisme.
Et juste après, j’ai revu à la télé « L’étrangleur de Boston » qui m’avait tant impressionné au cinéma il y a longtemps. Aïe ! L’usage du split-screen m’a paru atrocement lourd et systématique, plombant inutilement le déroulement de l’intrigue. Par contre, la marque de Fleischer est bien là avec la crudité nue des situations et des dialogues (dont certains peuvent même choquer encore aujourd’hui). La construction du plan où George Kennedy examine la scène du premier crime suit rigoureusement la technique du montage à l’intérieur d’un seul plan-séquence que Fleischer mit au point dans « Armored car robbery » et « The narrow margin ». Et Tony Curtis est carrément bluffant, méconnaissable, habité. Sa performance unique éclipse la plupart des interprétations de maniaques et autres schizophrènes. J’ajouterai la sensation cinéphilique extrêmement étrange d’y retrouver Hurd Hatfield, l’inoubliable « Dorian Gray » de Lewin dont le visage n’a presque pas pris une ride et dont l’appartement d’esthète contient un tableau assez décadent… Un film éprouvant mais à (re)-voir.
Cher olivier,
Mais je n’étais pas vexé! tout au plus intrigué par la formule qui bien sûr provient de l’initiative de P Ferran qui eut bien raison de signaler la disparition de ce cinéma du milieu -entre système D comme débrouille et gros budgets-en voie de disparition dans la mesure où les choix culturels actuels vont tuer l’exceptionnelle diversité de notre cinématographie.
Je signale, même si cela n’a rien à voir avec le western, qu’il y a quelques mois est sorti dans une grande discrétion édité par les Editions Filmmuseums qui doivent être liés aux Cinémathèques allemande, suisse et luxembourgeoise THE RIVER / LA FEMME AU CORBEAU de Frank Borzage, avec Charles Farrell et Mary Duncan, film américain muet de 1929. Le film bénéficie de sous-titres français. Cette édition double DVD contient également 3 autres films de Borzage en début de carrière, un documentaire sur l’héritage expressioniste chez Murnau et Borzage et un livret écrit par Hervé Dumont, ancien directeur de la cinémathèque suisse. Ce dvd est en vente sur le site de Filmsmuseum, mais on devrait le trouver ailleurs également et sans doute moins cher sur Price Minister notamment. Je l’ai reçu hier et je ne vais pas tarder à le visionner, mais hier soir j’ai préfère le très divertissant HOLD-UP A LA MILANAISE, de Nanny Loy, suite du célèbre PIGEON, de Monicelli, que je vous recommande également.
Concernant Borzage, son oeuvre muette n’est pas édité en DVD zone 2; je n’ai pas entrepris de grande recherche en zone 1, mais je gage qu’elle se faite discrète là-aussi. Sauf erreur, même THE MORTAL STORM, qui bénéficie de la présence de James Stewart, n’est pas édité !
L’objet de ce commentaire est en fait une tentative de « Contact-Tavernier » au sujet de la trilogie western de l’auteur de polars américain Robert B.Parker: Appaloosa – Resolution – Brimstone.
Appaloosa a fait l’objet d’une remarquable transposition cinématographique d’Ed Harris, qui y tient le rôle principal, flanqué de Viggo Mortensen.
Aucun de ces bouquins ne bénéficie d’une traduction en français – que je suis en train d’effectuer à titre personnel et que j’envisage d’ailleurs de mettre en ligne sur un blog dédié.
Je voudrais suggérer ici à Bertrand Tavernier de s’intéresser à cette trilogie (les héros sont récurrents et l’histoire de Virgil Cole et d’Everett Hitch, entamée avec Appaloosa, se poursuit à travers les deux autres).
Et de s’y intéresser au point de se demander s’il n’aurait pas envie de transposer à l’écran soit l’ensemble (dont alors un remake du film d’Ed Harris, difficile gageure), soit Resolution puis selon l’approche, Brimstone.
Une réaction en retour me comblerait.
Amicalement.
Je saute en marche du train westernien pour un avis aux amateurs de Joseph Leo Mankiewicz : mardi 8 décembre à 15h, l’émission « Le mardi des auteurs » sur France Culture lui sera entièrement consacré.
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/mardi-des-auteurs/
J’en profite pour poser la question aux mêmes connaisseurs : peut-on trouver parmi les bonus du DVD d’un des films de Mankiewicz la longue interview qu’il avait donné vers la fin des années 80 où il racontait sa fameuse vision de l’industrie hollywoodienne via une fable de son cru qui (de mémoire) donnait un truc comme : « Un scénariste, un réalisateur et un producteur sont en train de mourir de soif dans le désert quand soudain le scénariste trouve une boîte de jus de tomate. Le réalisateur parvient à l’ouvrir et… le producteur pisse dedans ! » Et il était le mieux placé pour évoquer ces trois professions.
Merci pour l’information concernant le grand JLM. Je n’ai pas trouvé ce commentaire sur les boni du coffret Carlotta ( a letter to three wives-Five fingers- Dragonwick) et ne sais par conséquent où il peut figurer: j’ai l’édition riche de Cléopâtre mais ne l’ai pas vérifiée et les autres films sont avares en boni.
Pour en revenir au western, j’ai toujours trouvé les commentaires concernant There was a crooked man très sévères: c’est un film certes cynique mais brillant à plus d’un titre qu’il s’agisse de certains dialogues très écrits, d’une appréhension de l’espace très inventive (tiens , un bon film de prison!)et de prestations réjouissantes de Douglas, Fonda ou Cronyn sans parler de la structure -très discutée – qui se calque sur la découverte des degrés infinis de rapacité des personnages de Leone ou de certains Peckinpah, ce qui ne me déplaît pas. Il ne sert à rien de déplorer cette amertume (non dénuée d’humanisme à mon sens) si on se réjouit désormais au visionnage de certains recyclages purement fétichistes (Tarantino et son ouverture de Inglorious basterds ou une grande partie de KB2, Sam Raimi et son Mort ou vif ou encore le Silverado de Kasdan).
Ces trente dernières années, quelques titres me semblent émerger:
– Unforgiven est un pur chef d’oeuvre qui ne s’altère avec le temps et semble même s’imposer de plus en plus. On peut citer dans une moindre mesure Pale rider :celui-ci me semble un peu trop …décharné même si traversé d’idées somptueuses;
-une grande partie de Dances with wolves (des moments ont sacrément vieilli: la danse solitaire de Dumbar, l’histoire d’amour, certains traits d’humour) et, en mineur, Open range (j’ai du mal à avoir une opinion face à certaines idées « lyriques » de Costner)
– Dead man de Jarmusch m’avait désarçonné à sa sortie mais je le trouve plus beau et évident à chaque nouveau visionnage: tout y est magnifié, ritualisé juqu’au vertige. A propos, j’avais vu sur Arte il y a quelques années un western très voisin de Sam Shepard très original, plutôt inégal mais parfois formidable (une ouverture avec la veillée funèbre d’une Indienne par son frère interprété par River Phoenix, des apparitions récurrentes d’un vendeur de tord boyaux… )mais j’en ignore le titre!
-Le dernier des mohicans de Mann , malgré certains passages trop esthétisants, rejoint une idée de sauvagerie et d’urgence assez rares dans le western moderne dans ses moments les plus réussis: la première intervention de Longue carabine, l’attaque de la colonne anglaise précédée par des hurlements terrifiants, la poursuite effrenée à flanc de rocher sont de très grands moments
-Trois enterrements de T L Jones comme No country for old men retrouvent, malgré leur contexte contemporain, le substrat propre aux plus grands des auteurs-en dehors de Ford: le groupe, la communauté n’y existent plus-que ce soit Mann, Hawks, Peckinpah.
Je n’ai pas vu Appaloosa décrit plus bas mais l’idée que BT s’attaque désormais au western m’apparaît comme une excellent idée tout comme l’hypothèse apparemment tangible d’un western des frères Coen. Et il faut que quelqu’un de fiable (hélas, on ne peut ressusciter Peckinpah que le projet aurait séduit) se substitue à ridley Scott pour l’adaptation de Méridien de sang de Mac Carthy.
PS: ma mémoire m’a enfin permis de retrouver le titre du film de S Shepard: il s’agit de Silent tongue, inédit en salles et datant de 1992 ou 1993. Par analogies avec Dead man, J’entendais sens de l’abstraction, diemension contemplative et hallucinée, restitution très poétique de l’altérité de la culture indienne (rien à voir avec Dans avec les loups où cela était lissé surtout via Dressée avec le poing ou l’amitié indéfectible entre le chef et Dunbar).Dimension théâtrale aussi: on aurait presque dit parfois du Beckett en plein far West!!!
« Le reptile » contient de grands moments typiquement mankiewicz-iens (dont le titre original pourrait s’appliquer à plus d’un de ses films de trompeur-trompé) car il a versé son fiel cynique et vachard sur un genre qu’il n’avait pas encore abordé, le western et rien que pour cela, il faut le voir. Même si je ne le placerai pas dans ce qu’il a fait de mieux. Quelque chose me dit que Kirk Douglas, formidable acteur mais emmerdeur de première classe qui phagocyta des tournages de son tempérament dirigiste de star-producteur et fatigua (quand il ne les fit pas renvoyer du plateau) les cinéastes les plus chevronnés a du mettre son grain de sel dans la réalisation. Et le Douglas cinéaste n’a jamais été à la hauteur du comédien.
Parmi les westerns récents que vous citez, un me semble définitivement inégalable en perfection plastique, onirique, dramatique… C’est « Dead man ». La première fois que je l’ai vu, je me suis pincé pour y croire, juste histoire de m’assurer que je ne rêvais pas. Ce fut épidermique. J’aurais pu me raser (au sens premier) entièrement des pieds à la tête avec un couteau en plastique émoussé tellement j’avais la pilosité raidie. Même les yeux fermés, il me suffit d’écouter la guitare d’outre-espace de Neil Young pour sentir ma moëlle épinière à nu. Je compte les films qui m’ont fait un tel effet tout du long sur les doigts d’une seule main (certains Paradjanov, « Fellini-Roma »…)
A Jean-Jacques Manzanera.
Avec un gros retard, je viens d’acheter le coffret Mankiewicz chez Carlotta (Dragonwick – A letter to three wives – Five fingers) et j’y ai finalement bien retrouvé le passage de l’entretien avec Michel Ciment où Mankiewicz raconte avec délectation sa fameuse allégorie sur le travail du scénariste, du réalisateur et du producteur. Elle se trouve sur le bonus du disque 2, « All about Mankiewicz – part two », à la 39ème minute pour être exact. Et c’est toujours aussi bon !
Là où ma mémoire a flanché, c’est que cette série d’entretiens ne fut pas réalisée à la fin des années 80 mais en 1983. Elle débute d’ailleurs à Berlin, face au Mur et à la porte de Brandebourg.
A Pierre,
Désolé pour ma réponse effectivement hâtive concernant l’entretien Ciment/ Mankiewicz.
A signaler sur Cinécinéma auteur une émission sur Ciment encore diffusée ce mercredi. L’ami Michel y est égal à lui-même: érudit, convivial, passionné, précis dans l’argumentation. Quand je vois ce que sont devenus les Cahiers, je pense qu’ils ont été battus par KO depuis longtemps!!!
Et pourtant, j’ai longtemps essayé de lire les deux revues mais le style débraillé et l’attitude malhonnête de la seconde (cf les révisions, les oukases, les couv’ manifestement choisies avant visionnage,le désir un peu pitoyable d’être iconoclaste-cf l’enthousiasme pour Judd Apatow: je n’arrive pas à comprendre comment on peut s’esbaudir devant ces trucs mal fichus,pas très drôles ni très émouvants!)ne m’intéressent vraiment plus!
Je signale aux internautes un fort passionnant ouvrage sur la critique de cinéma en France chez Ramsay, sous la direction de … M Ciment!!! Avec Michel Chion et J Douchet (sans parler de bazin et dans une moindre mesure de Daney)il demeure parmi mes plus belles rencontres critiques pour ce qui est du cinéma!
Vous êtes sans-doute déjà nombreux à le savoir, et je me réveille peut-être après la tempête, mais pour info, parallèlement à la sortie de « Dans la brume électrique » en DVD et Blu Ray chez TF1 video, sort chez Flammarion le 4 novembre prochain, un livre de Bertrand Tavernier intitulé « Pas à pas dans la brume électrique – récit de tournage ». Autant dire un voeu exaucé. J’espère qu’en plus du récit du tournage, on y trouvera évidément l’histoire de la bataille juridique ayant opposé le cinéaste au producteur américain Michael Fitzgerald…
Bonjour à tous,
Totalement d’accord avec B.T. sur sa déception concernant « la dernière chasse » de Brooks. Comme lui, j’avais moi aussi gardé un souvenir assez marquant du rôle haineux de Robert Taylor en massacreur de bisons.Mais le film ne tenait qu’à quelques scènes justement poignantes, reliant la démence du personnage de Robert Taylor à sa haine des indiens.C’est le personnage interprété par Stewart Granger qui à mon sens manque de consistance et donne un côté bancal au film, qui souffre aussi d’avoir un peu mal vieilli.Dommage car les images sont superbes…
Par ailleurs, quelqu’un aurait-il des nouvelles fraîches quant au devenir de la collection « westerns de légende »? Par avance, merci.
A t-on un espoir de pouvoir se procurer les Boetticher( en import) EN FRANCE ? Auriez vous, Bertrand tavernier quelque influence pour que sorte (en France) en DVD « La dernière caravane » introuvable,sauf erreur de ma part. C’est un D. Daves un peu oublié.
J’ai beau avoir pour le western les yeux de Chimène, je garde de « Un roi et quatre reines » ( pas revu depuis longtemps) le souvenir d’un puissant soporifique ! je ne connais pas le Tourneur dont vous parlez, mais il nous a donné quelques westerns assez « insolites » et très intéressants comme par exemple, également avec Joel Mc Crea, « Stars in my crown » alors il ne reste plus qu’à guetter la sortie de « Stranger on horseback » ( titre français ? ou, inédit ? )
« La Dernière caravane » existe en zone 1 mais malheureusement sans sous-titres français. Sont présents des sous-titres anglais et espagnol.
Oui, « Stars in my crown », un western-chronique d’une richesse étonnante dans une histoire où il ne se passe pas grand chose. Il y a là la quintescence de l’esprit de John Ford, ajoutée au génie de Tourneur. Quelle bonne idée, aussi, d’avoir donné un rôle à des hymnes religieux. C’est le seul film qui a failli me faire croire en Dieu…
« L’homme de nulle part », « La dernière chasse », « Au-delà du Missouri », « Convoi de femmes », « La fille du bois maudit », « Sept hommes à abattre », revoir autant de chef-d’œuvres du western pour avoir la gentillesse de nous les présenter, c’est faire un régime de caviar et d’huîtres au risque de ne plus jamais apprécier les pâtes au beurre – auquel on pourrait assimiler « A l’assaut de Fort Clarke » ! Sans avoir hélas l’approche technique (qui permet de révéler comment l’émotion né d’une mise en scène particulière, d’un montage, d’un type de plan, d’un éclairage, d’un recadrage) admirable dans vos critiques, laissez moi vous dire de façon plus prosaïque ce que j’ai apprécié dans quelques-uns des films que vous présentez.
Ce que je trouve remarquable dans « L’homme de nulle part » par exemple, c’est que l’origine du drame ne se situe pas dans le combat pour un bout de terre, comme souvent dans le western, mais dans la frustration sexuelle d’une belle jeune femme que son mari ne peut satisfaire. Après des décennies d’un cinéma américain sage qui s’est évertué à occulter le désir et la frustration sexuelle, on voit enfin apparaître des thèmes adultes que des réalisateurs « auteurs » d’Hollywood comme Daves vont promouvoir. La « Dernière chasse », autre œuvre d’un réalisateur « auteur », a une chose intéressante pour sa part, l’utilisation d’un acteur de premier plan, Robert Taylor, pour incarner le méchant. Ce choix ajoute une force au film car un équilibre se forme entre les deux figures du bien et du mal : le magnétisme de Taylor en fait un adversaire à la mesure d’un Granger. L’opposition des deux hommes offre un spectacle fascinant, d’autant que Taylor est particulièrement abject, raciste et psychopathe dans un rôle qu’on ne lui avait jamais vu précédemment.
Wellman maintenant : cinq westerns et pas moins de quatre chef-d’œuvres (le plus mauvais étant « Buffalo Bill »). « L’étrange incident » devrait être étudié dans les écoles au même titre que la Shoah : il explique comment le simple citoyen sous l’influence d’un fou peut devenir le pire des monstres. « Convoi de femmes », inspiré par Capra, est également magnifique, une fin superbe. Passons sur « La ville abandonnée » pour nous arrêter sur « Au-delà du Missouri » : mutilé, dénaturé, remanié, il demeure malgré tout l’un des plus beaux westerns sur la vie des trappeurs quand ceux-ci étaient les seuls explorateurs de l’Ouest américain. D’une durée ridicule d’une heure et quart, le film est en grande partie un assemblage de scènes spectaculaires, surtout flagrant après le départ des hommes vers leur lieu de chasse. Alors que les préparatifs du voyage durent un peu plus de vingt minutes, la saison de chasse elle-même est expédiée en moins de quarante minutes. A l’inverse de la première partie, la seconde est dépourvue de longues scènes dialoguées. Des personnages tel que le colonel écossais, présent à Waterloo, disparaissent subitement après avoir fait l’objet d’une attention particulière. Le saccage n’a pas entamé la beauté esthétique du film. Hormis les quelques scènes d’intérieur et peut-être d’autres comme celles qui retracent le réveillon de Noël dans le fortin, l’essentiel du film est tourné en décors naturels dans des lieux sauvages – ce que la MGM n’avait plus tenté depuis 1940 avec « Le grand passage ». Le Technicolor ajoute encore au rendu de cette nature vierge, un aspect qui manque à « La captive aux yeux clair » filmé en noir et blanc. On n’y trouve pas non plus les affreux transparents des « Aventures du capitaine Wyatt ». (Ces deux westerns datent également du début des années cinquante et leur histoire se situe dans des contrés sauvages et vierges des futurs Etats-Unis.) Autre point attrayant, les nombreux plans larges qui ponctuent le film. Wellman n’hésite pas à filmer une scène de loin pour intégrer ses personnages dans de vastes paysages. D’un point de vue formel, on découvre également des scènes d’action, des reconstitutions d’un fortin, d’un village indien et d’un rendez-vous de trappeurs, ainsi qu’une figuration et des costumes convaincants, des éléments qui relèvent d’une ambition s’accordant décidemment mal avec un métrage propre aux séries B. Cependant, la dénaturation du film laisse encore juger de la mise en scène brillante de Wellman. La spontanéité avec laquelle est filmée la bagarre générale lors du rassemblement des trappeurs en fait peut être l’une des plus amusantes du cinéma. Elle laisse deviner chez Wellman un sens de l’humour. Les rapports entre le héros incarné par Clark Gable et sa femme indienne, mélange subtil de tendresse et de complicité, dénote aussi d’un savoir-faire. Comment ne pas être attendri par cette jeune mariée qui s’évanouit alors que son mari entre dans sa tente pour passer leur nuit de noces ? De manière générale une cohésion émane de ce groupe d’hommes isolés en territoire hostile. C’est évidemment sur ce point-là que le film aurait dû s’étendre. Enfin, dans le style de « Quelle était verte ma vallée » la voix-off d’un petit garçon se fait entendre tout au long du film. En plus de la nostalgie que peuvent dégager des souvenirs d’enfance, l’admiration avec laquelle cet enfant conte la vie de son père insuffle à celui-ci, Gable, une dimension mystique.
Et puis la Universal nous offre cette année un superbe cadeau en zone 1, « La fille du bois maudit », incroyablement bien refait. Un an après la sortie de « Becky Sharp », le premier film de long métrage en Technicolor, la Paramount projette sur les écrans sa première production en couleur trichrome. Le résultat est une réussite autant du point de vue esthétique que du point de vue du sujet et de son traitement. Hormis quelques scènes tournées dans des cabanes ou des tentes, l’œuvre est entièrement filmée en extérieur au milieu de forêts de pins donnant sur des lacs de montagne. Cette approche, que la couleur vient délibérément mettre en valeur, fait finalement de « La fille du bois maudit » une œuvre à part dans le paysage hollywoodien de l’époque. La photo d’un naturel inaccoutumé apporte une modernité au film, une modernité fascinante lorsqu’on la met en perspective avec la jeunesse des acteurs. (Il est difficile en effet de concevoir un Henry Fonda aussi jeune dans un film qui a l’apparence de ceux des années cinquante…) A côté de l’aspect esthétique, on découvre une histoire de haine ancestrale qui se transforme en un merveilleux message sur le pardon, peut-être le plus beau de l’histoire du cinéma. L’intrigue se déploie lentement par petites touches qui renvoient à un vécu qui n’a pas été présenté ; elle s’attarde sur des moments anodins – mais sympathiques – qui permettent de donner une profondeur aux personnages. Incarné par les ingénieurs, le progrès sociale et technique vient sereinement bouleverser la vie de ces gens aux mœurs d’un autre siècle. Certaines scènes d’une dureté inaccoutumée dans un cinéma qui ménage la sensibilité du spectateur (la mort de l’enfant ou du fils indigne par exemple) ajoutent une fulgurance à l’histoire. On reconnaît là certaines caractéristiques des films d’Henry Hathaway. Cinq ans plus tard celui-ci réalisera « Le retour du proscrit » en de nombreux points comparables à « La fille du bois maudit ». Ce sera non seulement l’occasion pour lui de retrouver les superbes paysages forestiers et le Technicolor (ainsi que le chef opérateur W. Howard Greene, pionnier de la photo couleur), mais aussi de se replonger dans l’univers de ces montagnards frustes.
Je terminerais par « Le sorcier du Rio Grande » et insisterais sur le « discours quelque peut univoque » de votre texte. En effet, rarement un héros – et à travers lui les intentions des auteurs – aura été aussi froidement négatif et intraitable vis-à-vis des indiens. Loin d’être le fruit d’un racisme primaire dû à une méconnaissance de l’autre (ce qui pourrait être attribué par exemple à Ethan dans « La prisonnière du désert »), ce rejet est décliné alors que le héros a une vrai connaissance du peuple apache. L’approche est d’autant plus incroyable que cette attitude est tenue par le personnage principal porteur du message moralisateur du film et que le jeu de Charlton Heston, qui campe ce héros brutal, n’est pas suffisamment subtile pour que ses motivations soient attribuées à de quelconques démons intérieurs – ce qui aurait de toute évidence nuancé le propos. J’aurais encore aimé parler des autres westerns mais ce ne serait pas raisonnable…
Je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de frustration sexuelle dans « Jubal ». Plutôt un amour émoussé ( voire disparu) flanqué d’un besoin de plaire et d’aimer encore.
Et aussi beaucoup de désir et de jalousie. Le film s’inspire clairement d’OTHELLO
en tout cas, à revoir ARROWHEAD/LE SORCIER DU RIO GRANDE j’ai été encore plus ravi que la 1ère fois. Palance n’est pas assez utilisé mais Heston est bon et je ne vois pas en quoi on n’aurait pas le droit de montrer un personnage raciste, puisque c’est dans la réalité de l’époque du film! Il me semble même que sa réplique « Enlevez-moi ça, il y a un Apache mort dans ma chambre! » à propos de Katy Jurado qui vient de se suicider parce qu’il ne l’aime pas, est tellement outrée qu’il y a un regard de jugement désapprobateur sur lui Non! J’en suis sûr! Dans un film foncièrement raciste, le héros n’aurait pas souligné cette mort par une parole de ce type, le réal aurait joué l’ellipse (ou Jurado ne se serait pas du tout suicidée). En général, dans les vieux films US, le racisme s’exprime par une absence d’attention, par une indifférence à l’étranger. Par ailleurs, l’hommage au héros historique du scout Sieber (Heston, donc) par le titre mystérieux du début puis par celui plus clair de la fin est tellement mal foutu qu’on n’y sent aucune conviction.
Je ne suis pas d’accord avec l’accusation de racisme du film lui-même, basée sur la réplique en question.
Par ailleurs, je trouve que la scène finale de nuit (mettant -à tort ou pas?- à mal le cliché selon lequel les Apaches ne combattent pas la nuit) a été très bien exploitée par Warren quant au passage du temps avec les signes du ciel qui s’éclaircit et de l’aube qui finalement point alors que les péripéties s’accumulent surtout que c’est tourné en extérieur il me semble? Le dvd z1 est un bon master, très belle photo de Ray Rennahan, dont la filmo est impressionnante: il a démarré en 23! Une flopée de westerns de budget moyen, au cinoche puis à la tv jusqu’en 73, 50 ans de photo de western, chapeau l’ancien!
Rennahan photographie aussi très bien la Jurado pour quelques plans où elle est absolument magnifique, dans l’un d’entre eux, sa couleur de peau est génialement ton sur ton avec celle du mur auquel elle est adossée, cette attention à la beauté féminine est à signaler dans un western (pour ceci, ça m’a fait penser à APACHE DRUMS, dans lequel on trouve nombre de plans de femmes magnifiques!)… Très bonne redécouverte, ARROWHEAD.
A Martin Brady
Bravo…Vous avez donc lu TERREUR APACHE ? Voyez absolument LITTLE BIG HORN
à Bertrand Tavernier: oui Bertrand, merci mais le roman Adobe Walls est sur ma liste d’attente et j’attends de le trouver à un bon prix et en anglais (avec un dico, ça va!), avec mes excuses de faire l’impasse sur l’Actes Sud je regretterai votre préface!
Je cherchais justement LITTLE BIG HORN que vous avez signalé il y a un bail et je ne trouve qu’un dvd z1 éditeur VCI (couplé avec RIMFIRE)donc image douteuse paraît-il et sans st? Il n’y a pas d’autre édition?
Pour ARROWHEAD, je voulais être enthousiaste mais il faut préciser que si on est pas au niveau chef d’oeuvre, il faut quand même reconnaître à ce film un ton froid, documentaire, distancié, littéraire (dans le sens où Warren tient à montrer des choses plus qu’à les illustrer ou les exalter par le style) terriblement singulier dans le western de cette époque. Voyez la scène où Heston -et c’est quand même le héros- se fait presque passer à tabac par les tuniques bleues qui jouent un peu le rôle de petites natures hystériques! Quand il se relève de ce début de correction, il est encore plus têtu et cassant qu’avant, ne faisant aucun commentaire sur ce qui n’a l’air d’être pour lui qu’une broutille de plus, on est quasiment dans la comédie. J’adore aussi le bruit des dialogues qui semblent toujours retenus, en-dessous, surtout chez Heston. Je regrette que Palance ne soit pas plus mis en valeur et Mary Sinclair un peu falote.
A Martin Brady
Dommage que vous ne lisiez pas ces deux romans soigneusement traduits et annotés (le second DES CLAIRONS DANS L’APRÈS MIDI est magnifique et révèle un grand romancier épique et lyrique). Pour Warren, il est parfois difficile de savoir si certains aspects intéressants sont dus à une volonté du cinéaste ou à ses manques qui finissent par traiter en creux une situation qu’il n’a pas su exploiter. Ses films sont tellements inegaux et parfois d’une maladresse incroyable (la boissons peut expliquer certaines choses), parfois avec des traits, des dialogues fulleriens. Et Palance a des moments impressionnants (quand il dénoue sa chevelure ou qu’il apparait à la tete de ses hommes. Il est excellent dans les moments de violence. Son personnage n’existe pas dans le livre. On ne le voit que dans l’affrontement final) L’edition VCI de LITTLE BIG HORN est la seule qui existe et elle est assez correcte. Il y a plusieurs films rares chez VCI avec des commentaires d’historiens du cinema : THE LONE RANGER de Stuart Heisler, DEUX ROUQUINES DANS LA BAGARRE
Je confirme que la qualité de LITTLE BIG HORN chez VCI est très correcte. Vous parlez d’accents fulleriens parfois chez Warren. En particulier dans celui-ci, j’avais trouvé, me rappelant des films de patrouilles comme BAÏONNETTE AU CANON…
à Bertrand: pour Warren en effet, et pour ARROWHEAD dans sa première moitié, il ne faut pas confondre la distance de l’oeil du cinéaste pour raison de manque de motivation et pour raison de souci de sobriété! Danger que vous avez signalé à propos des films de Irving Lerner avec Vince Edwards. Warren de toute façon n’est pas Tourneur (je pense là aux parties de dialogues dans le Warren): l’effet des voix en retrait, que j’admire, peut être beaucoup moins désiré ou travaillé que ce qu’il y paraît a priori! Et le film trouve vraiment son chemin avec le guet-apens apachien en plein milieu du film… Que celui qui découvre le film ne me reproche pas après de l’avoir fait croire à une grande réussite, la 2ème moitié est supérieure…
Il y a quelques très beaux plans d’Apaches dans ARROWHEAD qui contredisent la critique de soi-disant mépris pour ceux-ci. Comme chez Ford, d’ailleurs, encore vu comme un raciste au mieux bienveillant par une poignée d’esprits forts (plans d’Indiens qu’il faudrait montrer à Tarantino! j’arrête là). Il faut espérer que le livre-somme sur Ford chez Yellow Now, à paraître été ou septembre avec la grande rétrospective à Bercy je crois, va faire le point là-dessus (entre autres).
« Préface et annotations »… vous allez me faire changer d’avis sur les Actes Sud.
à JCF: conseil de lecture: « Texas Forever » de James Lee Burke mais vous l’avez déjà lu depuis le temps qu’il est sorti… ça tourne autour de Alamo. Formidable. A poser sur l’étagère à côté de L’Homme aux Pistolets de James Carlos Blake… Il manque juste une carte géographique en exergue.
Parmi les westerns que j’ai pu voir en DVD et dont la plupart sont sortis récemment en dvd, peu m’ont véritablement convaincu. LA VENGEANCE DU SHERIF / Young Billy Young, de Burt Kennedy, est une sorte d’Howard Hawks du pauvre. Subsiste de ce western l’interprétation de Mitchum, celle de Angie Dickinson et quelques plans sur le matériel ferroviaire pour autant qu’on soit sensible au sujet. Le reste m’a paru très terne. LE SURVIVANT DES MONTS LOINTAINS m’a assez déçu aussi, malgré James Stewart et le fait que le film devait être fait primitivement par Anthony Mann, mais il semble que le scénario n’ait guère inspiré le réalisateur. Hormi les paysages du Colorado qui donneraient du génie à beaucoup de tâcherons et le personnage de femme des bois interprété par Olive Carey, le reste est bien conventionnel. Regardable mais sans plus. SHALAKO d’Edward Dmytryk a été plutôt une relative bonne surprise car je m’attendais à un navet pur jus, n’aimant guère les films de ce cinéaste (à part ce qu’il fit dans les années 40; même ces westerns les plus connus des années 50 (L’Homme aux Colts d’or, La Lancée Brisée) m’ont toujours paru être des westerns en chambre. Shalako n’est pas un chef d’oeuvre, loin s’en faut, ni même un bon film, mais par moment le film semble préfigurer FUREUR APACHE d’Aldrich. Ce qui est tout de même à son honneur. Meilleur et dans la veine pré-Ulzana’s Raid, LA BATAILLE DE LA VALLEE DU DIABLE de Ralph Nelson, avec James Garner. Certes, Nelson n’a pas les capacités d’un Aldrich pour filmer les scènes de violence, mais cette parabole sur les relations interraciales tient bien le coup. A noter que le scénario est du à Marvin Albert, un écrivain connu en Europe pour ses romans noirs. NEVADA SMITH, de Henry Hathaway, avec Steve MacQueen, m’a paru excellent par intermittence (les scènes de violence notamment qu’Hathaway filme bien, comme toujours); mais le scénario est rocambolesque et peu vraisamblable dans ses péripéties. A cet égard, j’ai vu sur TCM L’ATTAQUE DE LA MALLE POSTE du même réalisateur que j’ai trouvé proche du chef d’oeuvre.
Je vois à la lecture du post que M.Tavernier apprécie toujours beaucoup les films de Delmer Daves. L’Homme de Nulle Part m’avait paru très bien (un peu psychologisant peut-être), mais mes préférés restent de loin LA FLECHE BRISEE (dont je recommande aussi la lecture du livre d’Eliott Arnold, un roman historique proche de ceux de James Michener), 3h.10 POUR YUMA et LA COLLINE DES POTENCES. Au demeurant, à quand une édition DVD des mélodrames de Daves (1960-64), que peu de monde aime mais qui m’avait paru excellent dans le genre lors de leur diffusion sur TCM ?
Pour John Farrow, VAQUERO est excellent, mais je trouve HONDO encore meilleur. LA RIVIERE D’ARGENT de Walsh est tout bonnement un chef d’oeuvre. Pour les films de Wellman, L’ETRANGE INCIDENT et YELLOW SKY sont mes préférés à cause peut-être de leur noirceur, mais les autres westerns de ce réalisateurs sont tous très bons. A quand une édition DVD de CALL OF THE WILD ou de THE STORY OF GI JOE, qui semble n’exister ni en z2, ni en z1 ? Je trouve que l’univers de Jack London devrait aller comme un gant à Wellman, non ?
Très bonne analyse de « La vengeance du sherif », pâle sous-copie de Hawks, mal découpé et mal rythmé (la séquence introductive avec Walker et Carradine traîne en longueur) qui donne l’impression de morceaux de films collés bout à bout. Mitchum y promène son flegme légendaire avec un désintérêt assez flagrant et Robert Walker Jr (parfait sosie de son père) a un jeu aussi transparent que son regard.
Quelques rares bons moments dans ce très petit western. Les apparitions d’Angie Dickinson (mais là, je perds toute objectivité) malheureusement cantonnée à un rôle-remake de son inoubliable « Feathers » mais qui a une bonne réplique hawks-ienne quand elle remercie Mitchum d’avoir été le premier homme à lui adresser la parole en otant son chapeau. L’accompagnement musical assez étrange lors de la scène nocturne en extérieur. Et, pour le fun, la chanson-titre du film interprétée par le grand Bob himself qui s’était un temps adonné à la musique d’ambiance (pour ceux qui connaissent son album « Calypso is like so »). Comme pour éviter un peu moins la comparaison peu flatteuse avec « Rio Bravo », ce n’est plus Dean Martin qui y joue mais sa fille Deana.
Rien à ajouter sur « La rivière d’argent », « Yellow sky » et « L’étrange incident » sinon qu’ils sont au top du top des films noirs westerniens ou des westerns noirs. Là, on est à mille parsecs de Burt Kennedy.
C’est juste, j’aurais du signaler que la chanson du film est interprété par Robert Mitchum. Au demeurant, il existe au moins un CD des chansons interprétées par Mitchum. Et la phrase où A.Dickinson remercie Mitchum d’être le 1er homme à ôter son chapeau avant de lui parler est typiquement hawskienne et est la meilleure réussite du film. Pour le reste, hélas…
Concernant Robert Mulligan, je voudrais abonder dans le sens des précédents en signalant que son dernier film UN ETE EN LOUISIANE est bien meilleur que sa réputation et qu’il convient de se procureur L’AUTRE / THE OTHER, film pseudo-fantastique et même L’OMBRE DU DOUTE, téléfilm qu’a sorti Bach films avec Ralph Bellamy et un Steve MacQueen débutant. On dit souvent d’Eastwood qu’il est le dernier des classiques. Disons alors que Mulligan est l’avant-dernier. Est-ce un hasard si les 2 ont travaillé avec le même décorateur Henry Bumstead ?
Concernant le post de BT, je confirme que A l’ASSAUT DE FORT CLARK est le pire George Sherman sorti en DVD récemment. A voir uniquement pour John MacIntire qui est toujours excellent. Je conseille plutôt AU MEPRIS DES LOIS ou LE DIABLE DANS LA PEAU de ce réalisateur.
Hors western et même hors cinéma parlant, je signale la sortie du Volume 2 de GAUMONT: LE CINEMA PREMIER avec des films d’Emile Cohl, Jean Durand…Le premier volume, excellent, avec trait à Feuillade et Alice Guy notamment.
Permettez-moi ces quelques mots sur « Dans la brume électrique », vu en Blu Ray (version européenne) et en DVD (version américaine)
Version Tavernier VS version Fitzgerald :
1h57 contre 1h42. Tavernier prend son temps pour installer son polar atmosphérique. Beaucoup plus de voix off sur le montage européen, ce qui rend le récit beaucoup plus fluide et beaucoup plus proche du roman, apportant une dimension psychologique et émotionnelle assez absentes de la version US. Quand il y a les mêmes voix off sur les deux versions, elles ne sont pas placées au même endroit. Toujours mieux senti chez Tavernier. Beaucoup trop de choses inutiles dans la version US, on en voit de trop (les ossements de DeWitt Prejean, le sang sur le corps de Kelly quand elle est abattue par erreur…, le “Dave” prononcé par Alafair à la toute fin du film… Les choix de montage peu imaginatifs, les suppressions de scènes importantes amenant du lien entre les personnages, tout cela rend la version US inintéressante au possible : on a l’impression de visionner un polar TV ! Seule compte l’enquête. Le lien d’amour très fort entre Robicheaux et sa femme est énormément amoindri, les rapports foisonnants entre les nombreux personnages aussi. Le rythme n’y est pas, c’est déséquilibré. La musique de Marco Beltrami est mille fois mieux répartie dans la version européenne. On sent plus de variations dans son utilisation. Les chansons cajuns telles “J’ai passé devant ta porte” disparaissent aussi quasiment, on perd incroyablement en atmosphère, on ne sent plus la Louisiane de Burke. Et bien-sûr, à la fin du film dans la version américaine, hop, exit le Dixit Dominus de Haendel.
Chose très frappante, lorsque l’on visionne le DVD américain, et immédiatement après la version Tavernier, on s’aperçoit que l’étalonnage n’a rien à voir d’une version à l’autre. La version US propose des couleurs très chaudes, orangées, saturées, le soleil est souvent de la partie, on croirait visionner “Miami Vice” !! Alors que chez Tavernier, les palettes de vert et de jaune sont beaucoup plus sollicitées, et la luminosité est réduite à sa plus simple expression, on a plus souvent le sentiment d’être cerné par l’orage, métaphorique ou réel. Du coup, dans la version US, on ne sent pas du tout le poids de la souffrance du peuple louisiannais, la lassitude du héros Robicheaux est beaucoup moins palpable également, alors que chez Tavernier, cette lourdeur est bien transcrite par les images. En fait, le cinéaste, contrairement au producteur américain (et son monteur sans réel talent il faut le dire), ne perd jamais de vue le roman, et c’est très important, même si bien-sûr, au final, on n’est pas obligé de l’avoir lu.
Quelques mots sur les bonus…
La pièce maîtresse de ces bonus, est un documentaire d’une cinquantaine de minutes intitulé “James Lee Burke, Louisiana Stories”. Si l’on connaît les romans de Burke, on découvre un homme tour-à-tour :
grave (quand il évoque les causes de l’état plus qu’alarmant de la Lousiane aujourd’hui. Il évoque bien-sûr Katrina, mais aussi dans le désordre : les désastreuses initiatives de Reagan ou G.W. Bush, initiatives qui ont eu pour conséquence l’augmentation du taux de criminalité dans l’état ; l’arrivé du crack au début des années 80 ; le détournement par des politiciens véreux de l’argent devant servir pour les écoles. Enfin, il fait froid dans le dos quand il compare la Louisiane de par son taux d’illettrisme à un pays du Tiers-monde…)
jovial (quand il raconte, hilare, ses histoires drôles. On pense alors fortement à Samuel Fuller, conteur infatigable lui aussi. La blague de Burke à la toute fin du générique du documentaire est à mourir de rire!)
profondément cultivé (c’est un véritable historien, connaissant parfaitement l’histoire et la littérature de son pays)
déterminé (Il se défend, quand on lui dit que ses romans sont violents, en rappelant que la Bible est le livre le plus violent de l’histoire de l’édition, et rappelle que la violence dans ses histoires n’est jamais cautionnée par ses personnages -c’est le cas de Dave Robicheaux, qui cherche toujours à se racheter et regrette constamment ses éruptions de violence- et Burke rajoute que la violence dégrade toujours celui qui la subit mais surtout celui qui s’y livre)
précis (quant aux mots qu’il choisit avec beaucoup d’attention en parlant à ses interlocuteurs. Pas étonnant, ses romans sont une mine de détails, et “In the Electric Mist With Confederate Dead” en est un exemple édifiant)
émouvant (l’évocation de sa tante -Joanna je crois-, une page d’histoire de la Louisiane en soi). ll se décrit lui-même comme étant non marxiste, non socialiste, mais “jeffersonien de gauche” !
Enfin, j’ai été très ému par son évocation de Bertrand Tavernier, qui, dit-il, a été nommé par les habitants de New Iberia “Amiral honoraire du Bayou Teche” (!), tout comme je l’ai été des évocations chaleureuses du même Tavernier par John Goodman, Kelly MacDonald (avec son charmant accent écossais), Pruitt Taylor Vince et Peter Sarsgaard, dans le making-of du film, tout-à-fait intéressant et instructif (mais avec une image bizarrement déformée sur les interventions du directeur photo Bruno de Keyser notamment).
Le commentaire-audio de BT est bien entendu très précis et constitue un parfait complément au film, nous en révélant une bonne part des coulisses.
Enfin, on passe un très agréable moment en assistant à une discussion de 35 minutes entre Bertrand Tavernier et Buddy Guy, grand bluesman qui joue le rôle de Sam ‘Hogman’ Patin dans le film.
P.S. : je pense très sérieusement que cette différence très prononcée entre le montage américain et le montage européen du film de Bertrand Tavernier « Dans la brume électrique », devrait être étudiée dans les écoles de cinéma. C’est un exemple magnifique de l’importance que revêt le montage pour un film, et plus généralement, la post-production.
Il est important effectivement de revenir sur le talent de Mulligan trop souvent assimilé à deux réussites ( Du silence et des ombres et Un été 42). The stalking moon tout comme The other m’apparaissent comme deux oeuvres tout aussi importantes. La présence de ces titres dans sa filmographie plaident pour un rapprochement avec l’oeuvre de Tourneur tant l’étrangeté s’ y montre elliptique, le fantastique s’y développe de manière obsédante mais comme « ouatée » au départ juqu’à ce que le spectateur participe pleinement à l’expérience de l’effroi. Cette connaissance intime du modèle « Tourneur » m’apparaît également dans le traitement très particulier de l' »americana » par Mulligan que ce soit Un été 42 et surtout Un été en Louisiane: dans l’étale écoulement des jours, s’immisce de manière dure et brutale le drame comme dans le sublime Stars in my crown. L’empoisonnemnt via l’eau ou l’intrusion angoissante du KKK dans celui-ci, la guerre ou la mort accidentelle d’un jeune homme dans ceux-là.
En attendant une sortie DVD intéressante du Sarafian en zone 2, je vais le revoir via ma copie (merci TCM!). Il y a des plans, des scènes vus gamins ( à la TV: je n’ai trouvé le chemin du cinéma que plus tard because coûts, éloignement des salles) qu’on n’oublie pas: le cimetière au début de Moonfleet ou les adieux à John à la fin, la dérive de la barque dans La nuit du chasseur, le paon sous la neige dans Amarcord (mais après, fallait aller au lit car Fellini avait des obsessions mammaires peu adaptées pour mon âge), Kirk douglas ivre dans The big sky, la terrifiante attaque nocturne de The searchers… et parmi ces nombreux souvenirs, un bateau qui passe parmi les cimes de conifères, une attaque sauvage d’un ours, la nécessité de survivre « into the wild ».Moins facile à identifier, à croire que ce film aurait pu être fantasmé! Et non! Et en plus l’enfance ne l’a pas sublimé: il est effectivement grandiose!!! Incompréhensible grande carrière avortée de D Sarafian tout comme celles de Laughton, Hellman ou de FJ Shaffner.
Un amoureux du western se doit de connaître ces deux réussites, ni anti westerns, ni westerns révisionnistes. Leur réussite est ailleurs dans une appréhension spécifiquement inquiète du décor.
Il y a matière à un western sublime dans un roman de C mac Carthy qu’il est indispensable de lire: Méridien de sang. Il se dit qu’il devrait être adapté car l’auteur qui n’en a cure devient bankable… et le nom de Ridley Scott (argh!) circule…
J’ai aussi lu que les Coen devraient adapter Cent dollars pour un shérif (en revenant au roman initial). bonne nouvelle pour qui s’est passionné pour No country for old men;
Ridley Scott ? Bah, il y a pire. Imaginez qu’ils prennent son petit frère Tony…
A J.J. Manzanera : vous y allez un peu fort avec Ridley Scott. Que faites-vous des « Duellistes » et des deux monuments de la Science-Fiction moderne que sont « Alien » et « Blade Runner » ? Sans oublier « Black Rain », « Gladiator » et « American Gangster » qui ont des qualités certaines. C’est un peu facile de rembarrer des cinéastes qui ont parfois une tendance tape-à-l’oeil. Dans le cas de Scott, quand il met ce défaut sous le boisseau, on voit le travail d’un esthète, à l’inventivité folle.
Je ne hais pas R Scott puisque :
-Alien et Blade runner m’apparaissent comme de purs chefs d’oeuvre d’un genre que j’apprécie tout particulièrement
-une révision des Duellistes s’est imposée à moi lors d’un récent visionnage: il s’agit d’une fort belle réussite absolument pas dans l’ombre d’un Barry lyndon comme cela m’était initialement apparu.Le travail sur l’esthétique de la peinture « empire », le jeu des acteurs, la musique… tout y est fort beau et rend justice à la nouvelle de Conrad
-même les très inégaux Legend, La chute du faucon noir, Gladiator ou kingdom of heaven ne sont pas dénués d’un pouvoir visionnaire par moments
Voilà pour les titres que je retiens, n’étant guère convaincu par les incursions de RS dans le policier (de someone to watch over me à American gangster en passant par Black rain ou le surfait Thelma et louise) et je ne parlerai pas des ratages redoutables du type GI Jane ou 1492.
Je me méfie d’une adaptation de Mac Carthy par RS car je crains soit une édulcoration d’un roman dur,tour à tour ascétique et carnavalesque soit une lecture violente très graphique et clipesque (alors que le plan séquence me semble s’imposer pour nombre d’épisodes).
Les Coen pourraient faire du beau travail et pas seulment parce qu’ils ont réussi No country… ,P T Anderson vu son génial There will be blood comprendrait bien l’essence du roman.Hellman ou Cimino s’ils n’étaient arngés des voitures auraient été des signatures appropriées.
Peckinpah et dans un genre différent Altman auraient pu signer un film fort.
Désolé mais je persiste et signe: R Scott n’est pas l’homme de la situation pour une telle « bombe »!
La terrifiante attaque nocturne des « searchers »…qui n’est pas filmée ! Et pourtant vraiment effrayante. Voilà comment un peu de génie fait faire des économies monstres aux studios ! Et puis ça montre le peu d’intérêt de Ford pour l’action brute et les numéros de cirque : les personnages, leur évolution et leurs relations sont tout, comme chez nos tragédiens du dix-septième…
Allez, au risque de passer également pour un fayot, quelques mots sur les bonus de “Dans la brume électrique”…
Evacuons d’emblée une critique : j’ai opté pour le Blu Ray, et suis un peu déçu, l’apport HD n’étant pas évident. TF1 aurait pu faire un peu mieux me semble-t-il…
La pièce maîtresse de ces bonus, est un documentaire d’une cinquantaine de minutes intitulé “James Lee Burke, Louisiana Stories”. Si l’on connaît les romans de Burke, on découvre un homme tour-à-tour :
grave (quand il évoque les causes de l’état plus qu’alarmant de la Lousiane aujourd’hui. Il évoque bien-sûr Katrina, mais aussi dans le désordre : les désastreuses initiatives de Reagan ou G.W. Bush, initiatives qui ont eu pour conséquence l’augmentation du taux de criminalité dans l’état ; l’arrivé du crack au début des années 80 ; le détournement par des politiciens véreux de l’argent devant servir pour les écoles. Enfin, il fait froid dans le dos quand il compare la Louisiane de par son taux d’illettrisme à un pays du Tiers-monde…)
jovial (quand il raconte, hilare, ses histoires drôles. On pense alors fortement à Samuel Fuller, conteur infatigable lui aussi. La blague de Burke à la toute fin du générique du documentaire est à mourir de rire!)
profondément cultivé (c’est un véritable historien, connaissant parfaitement l’histoire et la littérature de son pays)
déterminé (Il se défend, quand on lui dit que ses romans sont violents, en rappelant que la Bible est le livre le plus violent de l’histoire de l’édition, et rappelle que la violence dans ses histoires n’est jamais cautionnée par ses personnages -c’est le cas de Dave Robicheaux, qui cherche toujours à se racheter et regrette constamment ses éruptions de violence- et Burke rajoute que la violence dégrade toujours celui qui la subit mais surtout celui qui s’y livre)
précis (quant aux mots qu’il choisit avec beaucoup d’attention en parlant à ses interlocuteurs. Pas étonnant, ses romans sont une mine de détails, et “In the Electric Mist With Confederate Dead” en est un exemple édifiant)
émouvant (l’évocation de sa tante -Joanna je crois-, une page d’histoire de la Louisiane en soi). ll se décrit lui-même comme étant non marxiste, non socialiste, mais “jeffersonien de gauche” !
Enfin, j’ai été très ému par son évocation de Bertrand Tavernier, qui, dit-il, a été nommé par les habitants de New Iberia “Amiral honoraire du Bayou Teche” (!), tout comme je l’ai été des évocations chaleureuses du même Tavernier par John Goodman, Kelly MacDonald (avec son charmant accent écossais), Pruitt Taylor Vince et Peter Sarsgaard, dans le making-of du film, tout-à-fait intéressant et instructif (mais avec une image bizarrement déformée sur les interventions du directeur photo Bruno de Keyser notamment).
Le commentaire-audio de BT est bien entendu très précis et constitue un parfait complément au film, nous en révélant une bonne part des coulisses.
Enfin, on passe un très agréable moment en assistant à une discussion de 35 minutes entre Bertrand Tavernier et Buddy Guy, grand bluesman qui joue le rôle de Sam ‘Hogman’ Patin dans le film.
La critique de Monsieur Bertrand Tavernier, est souvent empreinte de ses idéaux politiques, ce qui est navrant.
Et ne pas reconnaître le talent de certains réalisateurs ou comédiens comme l’excellent Robert Taylor, est fort regrettable. Son exeptionnelle interprétation de tueur d’indiens et de bisons est reconnue par de nombreux spécialiste du 7è Art. Et par le public aussi. Pas par celui de l’époque, surtout US, qui n’avait pas apprécié ce regard sur l’Amerique, ainsi que le personnage jouait (trop) bien par Bob Taylor, digne représentant de ce pays. Ce rôle à contre-emploi, rejoingnant ses impeccables créations comme dans LA PORTE du DIABLE ou dans un genre différent, TRAQUENARD et tant d’autres personnages, pas toujours gentils, et je ne cite pas ici les nombreux rôles des magnifiques films d’aventure qu’il a interprété avec prestance et virtuosité, et qui prouve largement, si besoin était, son immense talent. Mais, voilà, il n’avait pas les mêmes idées que l’auteur des critiques ci-dessus. Ceci étant écrit, il faut bien reconnaître que certaines précisions peuvent aider dans le choix des films à visionner. Reste enfin, le plaisir à voir et revoir ces excellents westerns qui paraissent aujoud’hui en DVD
Et allons-y pour une nouvelle couche dans la catégorie « M Tavernier et ses idéaux politiques »!!!
C’est ce type d’accusation qui s’avère des plus navrants!
Même si Robert Taylor est assez convaincant dans The last hunt tout comme dans Party girl (et je ne partage pas l’avis de BT ou JP Coursodon quant à une interprétation catastrophique) , il n’en demeure pas moins que cet acteur ne possède pas un registre très étendu ou subtil.
Je doute que BT partage toutes les idées de Kazan, de Ford ou de mac Carey, il n’en demeure pas moins qu’il asit en louer les immenses qualités. A contrario, il sait être mesuré quand il analyse Brooks, Delmer Daves,Altman ou Vidor alors qu’il en partagerait plus nettement les idées.
Et quoi qu’il en soit, on apporte forcément une non quantifiable part de soi (goûts esthétiques, choix politiques ou éthiques, autres centres d’intérêt) dans sa cinéphilie qui n’est pas un exercice objectif. BT comme n’importe lequel d’entre nous , a tout de même le droit d’exprimer la cartographie de ses goûts sur son propre blog, non?
La réponse de guest star est navrante non seulement par des accusations peu argumentées mais aussi par une connaissance disons légère (par le tout petit bout de la lorgnette:ah! « les magnifiques films d’aventure » Lesquels ?Ceux de Richard Thorpe? Bof!!!En dehors du prisonnier de zenda qui me fascina quand j’avais huit ans…) du cinéma américain. Revoyez donc Errol Flynn chez Curtiz ou Walsh et reparlons en.
Tant pis si je suis pris en flagrant délit de fayotage mais j’ai exactement la même impression que Bertrand Tavernier à chaque nouvelle vision de « La mission du Commandant Lex » au scénario génial. Et, pour une fois je préfère le titre français qui gomme la propagande pour la carabine Springfield (l’accroche de l’époque annonçait « Le fusil qui fait d’un homme l’égal de cinq ! »). Le Springfield Riffle n’est qu’un élément annexe de ce film sur la Guerre de Sécession qui raconte les débuts du contre-espionnage. Le personnage joué par Cooper faisant preuve d’un courage rare en acceptant de passer pour un traître à son camp. Un classique du film noir ira encore plus loin (même si c’est beaucoup plus édifiant) : dans « Les anges aux figures sales », Cagney agit volontairement en poule mouillée au moment de son éxécution afin de ne pas servir d’exemple aux gamins qui le vénère comme un dieu du crime.
Je n’ai pas revu « Convoi de femmes » depuis longtemps mais j’en ai gardé un excellent souvenir. Il me semble que Patrick Brion l’avait inclut dans une passionnante thématique « films de femmes » du Cinéma de Minuit où il devait y avoir également « Women » de Cukor, « Frontière chinoise » de Ford, « Chaînes conjugales » de Mankiewicz, « Cry ‘Havoc' » de Richard Thorpe (une des premières apparitions de Mitchum, limitée à un « arrrrghh ! ») et le bouleversant « The Group » de Lumet.
Bravo pour l’hommage à Robert Mulligan dont « Un été 42 » ne fut que l’arbre cachant la forêt. « Escalier interdit » est remarquable. J’ajouterai aux films que vous citez le poignant « Inside Daisy Clover » où Natalie Wood est aussi émouvante et magique que dans « La fièvre dans le sang » et partage l’affiche avec Robert Redford (déjà excellent) qu’elle retrouvera l’année suivante pour le puissant « Propriété interdite » de Pollack.
PS : J’aime beaucoup votre remarque sur le format « carré » 1:37:1. C’est peut-être parce que j’ai un écran de télévision ringard, ni plat ni encore moins 16/9 ou HD mais j’aime l’image « à fond perdu »… tout en appréciant les formats scope au cinéma. Je n’irai surtout pas dire comme Fritz Lang dans « Le mépris » que c’est juste bon à filmer les serpents.
Je regrette que vous n’ayez pas plus insisté sur les Westerns d’André de Toth dont aucun ne laisse indifférent. Notamment Day of the Outlaw, filmé en noir et blanc en 1959 ; Bounty hunter, Stranger wore a Gun méritent d’être vus en plus de ceux que vous citez.
Vous parlez beaucoup d’André de Toth dans « Mes amis américains ». Il mériterait, lui et Boetticher un livre à part, non ?
Une question svp : avez vous continué votre dictionnaire des seconds rôles qui est inclus dans certaines éditions de votre ouvrage sur le cinéma américain?
Existe-t-il un tel dictionnaire des seconds rôles ?
Sur les seconds rôles hexagonaux, il y a le livre de référence « Les excentriques du cinéma français, 1929-1958 » de Raymond Chirat et Olivier Barrot ainsi qu’un bouquin beaucoup moins pointu, complet et plus discutable (ils mettent André Vallardy et passent sous silence Marcel Péres, Temerson ou Armand Bernard et citent parmi les seconds couteaux Bernard Blier !) mais sympa : « Les grands seconds rôles » de Jacques Mazeau et Didier Thouart qui va jusqu’aux années 80. Pour le cinéma américain de l’âge d’or et des films de genre, il n’y a pas à hésiter un quart de seconde : braquez votre libraire préféré pour lui extorquer le génial « Caractères : Moindres lumières à Hollywood » de Philippe Garnier, aussi encyclopédique et minutieux que foutraque et drôle à en avoir des crampes. Le bouquin sur le cinoche le plus salvateur et revigorant que je connaisse avec « Un demi-siècle à Hollywood » de Raoul Walsh et les recueils de chroniques de nanars de François Forestier !
Yes, let’s talk about the excellent Wendell Mayes ( whose contribution to Stalking Moon had sailed right past me ). He wrote one of the 2 best films about the USA’s Vietnam debacle ( Go Tell the Spartans , the other is Hill’s Southern Comfort),one of the best American political films ( Advise and Consent ), the only acceptable submarine film ( The Enemy Below ), a genre I loathe perhaps as much as you and Mr Coursodon do , and Death Wish , a film more blackly comic , I think , than is generally acknowledged. Michael Rawls
Merci pour cette riche chronique westernienne, Bertrand Tavernier.
Il est passionnant de vous voir interroger votre amour d’un film à l’épreuve de différents visionnages comme vous le fîtes dans 50 ans de cinéma américain: il ya ceux qui tiennent la route et ceux qui immanquablement déçoivent! Je ne suis guère surpris que vous réagissiez ainsi face à La dernière chasse qui m’a beaucoup déçu par exemple tant pour sa trame que pour des choix techniques disons énigmatiques (je ne pense pas seulement au montage amis aussi à certains choix dans l’échelle des plans qui semblent peu pensés en termes d’espace).
Au delà du missouri est un fort beau Wellman malgré le charcutage qu’il a subi et son aisance, son souffle n’ont pas à rougir face à d’autres westerns montrant des pionniers (fin XVIII-début XIX) que ce soit The big sky ou Le grand passage de Vidor.
Man in the wilderness est un immense western, l’équivalent de Jack london au moins autant que Jeremiah Johnson.Mais comment est le DVD précisément?
Merci pour cet article que vous trouvez le temps d’écrire en pleine préparation de La princesse de Montpensier (si « certains » goûtent peu la prose de Mme de La Fayette et la jugent inutile, je m’en délecte pour ma part!) Mais est-ce une adaptation? Une « belle infidèle » versant Freda? En attendant , je vais revoir tranquillement In the electric mist sans puis avec commentaires audio!!!
En sortie Western, je vous signale la sortie d’un coffret Allan Dwan chez Carlotta à paraître le 19 novembre avec ses westerns les plus célèbres des années 50 : SILVER LODE (« Quatre étrange cavaliers »), TENNESSE’S PARTNER (« le mariage est pour demain »),CATTLE QUEEN OF MONTANA (« La reine de la prairie »), TORNADE (« Passion »).
Egalement dans le coffret : « Escape to Burma », « Pearl of the South Pacific » et « Slightly Scarlet ».
Vous parlez de certains de ces films dans « 50 ans.. ». Peut-être pourrez vous nous en dire plus à présent ?
De WELLMAN, j’ai beaucoup aimé « La ville abandonnée » dont vous aviez parlé dans une précédente chronique. Une photographie magnifique (scènes dans le désert de sel !), une ambiance de film noir, de très bons acteurs (PECK et WIDMARK en tête).
De Delmer DAVES, j’avais moins accroché à « Cow-Boy » avec Glenn FORD qui a une approche presque documentaire du genre. Peut-être faudrait-il une seconde vision…
bonjour je suis un fan de cinema americain tu parles du coffret allan dwan est-il en vf ou vo ?? car je possede une grosse collection en tout genre western policier aventure etc….
un film que je recherche d allan dwan les rubis du prince birman jamais diffuser a se jour ni en dvd avec robert ryan entre autre
queleques pepites en film que je recherche
les pillards de mexico john farrow
la rue rouge fritz lang
le traitre du texax budd boetticher
au mepris des lois george sherman je crois ??
ET POUR FINIR commando du pacifique avec alan ladd voila j espere avoir une reponse a mon sujet mci encore aux passionnés comme moi
Le Coffret 5 DVD Allan Dwan qui vient de paraître chez Carlotta Films contient 7 films dont « Les Rubis du prince birman », tous sont bien-sûr en V.O. sous titrée français.
– « Les Pillards de Mexico » (Plunder of the Sun), n’est disponible qu’en DVD zone 1 (V.O. + sous-titres anglais uniquement / Edition Paramount US)
– « La Rue Rouge » de Fritz Lang étant tombé dans le domaine public, plusieurs éditeurs s’étaient hâtés de sortir des éditions toutes assez catastrophiques. Jusqu’à ce que Carlotta s’en mêle fin 2008 avec une très belle copie DVD (V.O. sous-titrée français) et Wild Side, qui vient tout juste de sortir son édition de « La Rue rouge », le couplant très logiquement avec son film jumeau « La Femme au portrait ». Cette édition thématique intitulée « Jeux de Lang », est une fabuleuse réussite éditoriale : présentation des deux DVD dans un livre à la couverture cartonnée. Le livre de 80 pages assez passionnant, est signé Jean Ollé-Laprune.
– « Le Traître du Texas » de Boetticher et « Au mépris des lois » de G. Sherman sont édités tous les deux en zone 2 chez Sidonis (toujours V.O.S.T.F. bien-sûr…)
Quant au film avec Alan Ladd, je ne sais pas, à vous de chercher !
Alan Ladd n’a jamais tourné dans COMMANDO DU PACIFIQUE mais dans EN PATROUILLE du même réalisateur: Rudolph Maté