Nicloux, Condroyer et Tourjanski
22 juin 2016 par Bertrand Tavernier - DVD
Dans les DVD, je voudrais commencer par signaler la sortie de LA COUPE À DIX FRANCS, l’admirable et méconnu film de Philippe Condroyer qui est enfin ressorti en salle. C’est un film étonnant de par son sujet, sa facture, inspiré par un fait divers. Le patron d’une petite entreprise veut que ses employés se fassent couper les cheveux. A partir de là, Condroyer trace le portrait d’une France coincée, prisonnière de préjugés, frileuse, avec ces patrons tyranniques qui jamais ne cherchent à inspirer leur personnel, à regarder comment ils travaillent et comment ils pourraient les stimuler. C’est un des seuls films des années 60 qui parle de la classe ouvrière, de personnages populaires oubliés par la Nouvelle vague. Des jeunes qui ne trouvent pas les mots pour traduire ce qu’ils ressentent. Et cette fin qui prend une force stupéfiante en regard de ce qui vient de se passer. C’est un film sur ceux que la gauche a laissé tomber. Que les syndicats ont laissé tomber. On comprend en creux comment le Front National va occuper le terrain laissé en jachère par la gauche et les partis politiques. Très belle musique improvisée par Antoine Duhamel, Anthony Braxton. Cela devrait inspirer les participants du blog.
Et à comparer avec les deux très beaux films d’Alix Delaporte, ANGÈLE ET TONY et LE DERNIER COUP DE MARTEAU, œuvres aux élans incandescents, irradiée par la présence de Clotilde Hesme. Ce sont, comme l’a dit Jean-Luc Douin, des histoires de reconstruction affective (dans ANGÈLE sur fond de crise de la pêche, d’affrontements avec les CRS). Admirable Grégory Gadebois.
Autre DVD essentiel, RAN de Kurosawa vient de ressortir en Blu-ray.
A l’occasion du festival du film russe qui a permis de revoir des classiques connus (mais peu montrés) et méconnus, il est bon de revenir sur un chef d’œuvre : QUELQUES JOURS DE LA VIE D’OBLOMOV, adaptation miraculeuse qui oscille entre la satire sociale, la chronique douce-amère, l’évocation nostalgique, avec cet extraordinaire portrait d’un paresseux hédoniste qui assiste à l’écroulement de son domaine. Les moments où il réagit, fait un régime, puis replonge, ses rapports avec son domestique, avec les femmes, sont admirablement saisis par Nikita Mikhalkov aussi inspiré ici que dans PARTITION INACHEVÉE POUR PIANO MÉCANIQUE ou CINQ SOIRÉES.
J’ai découvert un film vietnamien fort attachant, BI, N’AIE PAS PEUR !, premier long métrage du vietnamien Phan Dang Di qui avait obtenu le Prix SACD à Cannes en 2010 et le Grand Prix du Jury à Angers en 2011. C’est une chronique polyphonique autour d’un petit garçon de 8 ans. Film d’atmosphère sur les pavés de glace qu’on casse et transporte, les corps en sueur (on frôle parfois le déjà vu) mais aussi sur les tensions familiales autour du grand père qui est en train de mourir : égoïsme effrayant du fils aîné qui se saoule avec des prostituées, histoires d’amour avortées, tout un quotidien de frustration et de regrets.
Je n’ai jamais beaucoup parlé de Guillaume Nicloux, ma société Little Bear ayant produit trois de ses films, UNE AFFAIRE PRIVÉE, CETTE FEMME-LÀ que j’aime énormément et LA CLEF que je veux revoir.
Mais récemment Nicloux s’est illustré dans des genres tellement différents, faisant preuve d’imagination, de curiosité, expérimentant avec une énergie, un talent qui me laissent admiratifs. Son adaptation de LA RELIGIEUSE est perçante, dégraissée. Admirablement jouée par Pauline Etienne, Louise Bourgoin et Isabelle Huppert, sans jamais déraper dans la provocation inutile. J’avais vécu l’aventure du film de Rivette que j’avais défendu et sa scandaleuse interdiction. L’Église, hier comme aujourd’hui, a l’air de sortir de SPOTLIGHT.
VALLEY OF LOVE m’a touché. Il relève brillamment un certain nombre de défis à commencer par le tournage dans la Vallée de la Mort, admirablement photographiée par Christophe Offenstein. Les deux monstres sacrés sont sidérants mais tout autour, on trouve plein de silhouettes joliment dessinés, souvent jouées par des amateurs et le résultat est émouvant. Belle utilisation de la musique.
Mais la grande découverte demeure L’ENLÈVEMENT DE MICHEL HOUELLEBECQ. C’est un film bidonnant, d’une liberté absolue, avec des dialogues ébouriffants entre Houellebecq et une bande de baltringues dont l’un essaie de l’initier au free fight, l’autre veut savoir pourquoi il a fait un sort à un truc sur Lovecraft (on ne sait pas très bien ce dont il s’agit), nom qu’il n’arrive jamais à prononcer et quand l’écrivain lui dit qu’il n’a jamais écrit ce qu’on lui reproche, son interlocuteur devient teigneux, violent et intenable si bien que le romancier capitule. Moment inoubliable sur les rapports mystérieux avec la création. Il y a des échanges cocasses et tendres avec les parents et le moment où Houellebecq, qui est prisonnier depuis plusieurs jours, réclame une pute (les scènes avec elles sont inouïes). Et je ne parle pas du poème qu’il écrit pour la mère, des discussions sur le style, de l’entrainement sportif qu’on veut lui imposer. Un régal qu’on trouve en VOD et en DVD. Un bijou.
LA CHAMBRE BLEUE est, je crois, le meilleur film de Mathieu Amalric et une adaptation de Simenon qui retrouve génialement l’opacité poisseuse du romancier, avec ces personnages qui sont comme englués dans leurs désirs, leurs contradictions. On a du mal à démêler le vrai du faux, la réalité de la rumeur et cette réalité est ce qu’on (on ce sont les personnages autant que l’auteur) peut la cerner. Il y a eu pas mal de grands films à partir de Simenon mais parfois, ils se détournaient avec bonheur, du roman. Là, Amalric l’affronte et en restitue toutes les ambiguïtés.
NETCHAIEV EST DE RETOUR de Jacques Deray m’a agréablement surpris. J’avais un mauvais a priori. Beaucoup de mes amis s’étaient moqués du film et je n’avais pas envie d’être déçu par Jacques que j’aimais beaucoup. D’abord le film est vraiment bien joué par Vincent Lindon, Miou Miou (remarquable), Patrick Chesnais, Mireille Perrier, Maxime Leroux. La musique de Claude Bolling est pas mal et l’intrigue qui nous parle de la tentation du terrorisme ne manque pas d’intérêt. Le point faible pour moi, c’est Montand qui impose un sérieux solennel et plombant, qui surligne les intentions et freine le rythme en détaillant tout. On a l’impression qu’il dit deux fois toutes ses phrases de dialogue.
CLASSIQUES
Le coffret Louis Delluc est une bonne occasion pour beaucoup de découvrir FIÈVRE, LA FEMME DE NULLE PART, L’INONDATION avec une multitude de bonus (Les Documents Cinématographiques).
Je ne crois pas avoir jamais parlé de Victor Tourjanski et c’est dommage. Car certains de ses films parlants des années 30 ont été de vraies découvertes. Je ne connais pas ses œuvres muettes et notamment son MICHEL STROGOFF, ses adaptations de Maupassant. Il fut aussi l’assistant de Gance pour NAPOLÉON, ne réussit pas à s’imposer à Hollywood, car il fit une remarque désobligeante sur le strabisme de Norma Shearer et on l’envoya réaliser un western dans le désert THE ADVENTURER qu’il transforma en comédie se moquant du genre. Van Dyke retourna une grande partie du film et Tourjanski, écœuré, quitta Hollywood. J’avais vu certains de ses péplums, la plupart écrits par Damiano Damiani, LE ROI CRUEL, APHRODITE DÉESSE DE L’AMOUR avec Belinda Lee (celui-là m’avait semblé ringard), LA PRINCESSE DU NIL (j’ai gardé un bon souvenir), LES BATELIERS DE LA VOLGA, LES COSAQUES.
Serge Bromberg a eu la très bonne idée de ressortir dans sa collection bleue toute une série de Tourjanski dont certains sont remarquables, à commencer par VERTIGE D’UN SOIR, cette adaptation d’une nouvelle de Stefan Sweig, LA PEUR, qui avait sombré injustement dans l’oubli au profit de la version de Rosselini avec Ingrid Bergman. Pendant des décennies, on ignorait cette première version. Personne n’en parlait. Vecchiali la trouve moins mondaine que le Rosselini… Une jeune femme en vacances va vivre une aventure qui va perturber sa vie et son ménage. Elle bascule dans le monde du soupçon et de la peur. Votre adhésion aux premières séquences sera proportionnelle au goût, à l’admiration que vous éprouvez pour Gaby Morlay et sa diction si personnelle. Je la trouve incroyablement juste et au cœur des émotions. Tourjanski et Joseph Kessel transforment ce qui pourrait être un simple mélodrame en une œuvre intense, fiévreuse, faisant alterner des mouvements amples – ce travelling durant une chanson résumant le sujet du film, qui va recadrer Charles Vanel ,mari soupçonneux – avec des plans incisifs, ainsi ce moment ou Vanel surprend à travers une porte sa femme et son amant. Il oppose une Gaby Morlay frémissante, déchirée, un Vanel tout en retenue inquiétante et une terrible Suzy Prim. On ne peut pas oublier les trois « Je te déteste » dans la dernière scène qui évoquent Ophüls.
LE MENSONGE DE NINA PETROVNA, remake de l’admirable version muette de Hans Schwarz (deuxième musique de Maurice Jaubert après NANA), n’égale pas sa beauté fulgurante mais reste une passionnante réussite, souvent très bien filmée, avec ces longs travellings qui ont un côté ophülsien, ces recherches visuelles : un duel filmé en un plan en suivant des ombres sur le sol. Le dialogue de Henri Jeanson est brillant, inventif mais jamais trop envahissant. Il est intéressant de voir comment Tourjanski déplace le début du film : dans le Schwarz, c’est durant un défilé militaire qu’Anna repère l’homme dont elle va tomber amoureux, ici c’est durant une soirée mondaine brillamment décrite. Magnifique photographie de Curt Courant.
VOLGA EN FLAMMES est plus superficiel. Ce récit adapté de Pouchkine (une nouvelle dit le générique) comporte des péripéties assez mélodramatiques ou conventionnelles. Raymond Rouleau fait un traître de mélodrame qui a l’air de sortir du boulevard du crime. La fin est précipitée mais on aura eu droit à de beaux plans de bataille ou de marche dans la boue. Préjean est assez improbable en officier russe et Danielle Darrieux n’est pas encore sortie de l’adolescence et sa coiffure n’est pas toujours heureuse. Tout cela est rattrapé par la présence inquiétante du génial Valery Inkijinoff. Plusieurs séquences sont bien filmées et cadrées et un ou deux plans (Darrieux qui sort sur une terrasse pendant une réception) m’ont fait penser à Ford. Il faut dire que la photo est de Fritz Arno Wagner (M LE MAUDIT, L’OPÉRA DE QUATRE SOUS). Les décors d’Andrejev sont somptueux : on a droit à un festival de coupoles, de dômes, de voûtes avec un résultat plutôt plaisant malgré les trous du scénario.
L’ORDONNANCE d’après Maupassant dont il avait tourné une version muette, paraît encore influencé par le cinéma muet dans certaines séquences (plans de paysage, effets de montage). Le scénario adopte une construction en flashback et cela en 1933 (dans la version muette aussi ?), ce qui n’est noté dans aucune histoire du cinéma. Marcelle Chantal est juste et belle et Fernandel déjà réjouissant dans un personnage plus en demi-teinte. La cour qu’il fait à la délicieuse Paulette Dubost (très bonne aussi dans NINA PETROVNA) nous vaut des moments succulents. Tourjanski invente de jolis mouvements : celui qui suit de dos un couple d’amoureux avant d’aller recadrer Fernandel et Dubost dans les charmilles. La séquence où Marcelle Chantal repère son amoureux dans un défilé militaire qui passe sous sa fenêtre est le pendant exact de l’ouverture du NINA PETROVNA de Hans Schwarz ce qui explique pourquoi Tourjanski a changé le lieu dans le remake. Il avait déjà tourné cette scène.
Et je voudrais voir NOSTALGIE et LES YEUX NOIRS dont Paul Vecchiali chante les qualités avec un lyrisme communicatif.
A la fin des années 30, Tourjanski dirigea plusieurs œuvres de propagande pour l’Allemagne nazie et eut des contacts avec Hitler. Ce qui explique pourquoi sa réputation était pratiquement nulle dans les années 60-70.
Continuez votre lecture avec
- Article suivant : Des classiques (Siodmak, Wellman) et des modernes (Ramin Barhani)
- Article précédent : Lectures : des westerns, des romans noirs et Shakespeare
Articles similaires
Commentaires (286)
Laisser un commentaire
(Seuls les messages ayant attrait aux DVD - thème de ce blog - seront publiés.)
A propos de l’enlèvement de M. Houellebecq – que je n’ai pas encore vu – vous mentionnez Lovecraft. J’imagine qu’il est fait là mention à son essai « Contre le monde, contre la vie » consacré à l’écrivain.
Merci.
Découvert par le plus grand des hasards un film réalisé par Noel Black en 1968″Les pervertis » avec Anthony Perkins qui rappelle fortement son personnage de »Psychose ».Cher Bertrand connaissez vous ce film et ce réalisateur?
A Rouxel
Il s’agit de Pretty Poison au sujet intéressant et au traitement qui m’avait, nous avait paru très plat malgré les acteurs
A Bertrand.Vu que vous allez aux Etats-unis fréquemment,pouvez vous nous dire comment le cinéma français actuel par le peuple »américain ».Je sais que des cinéastes comme Truffaut,Godard,Chabrol ou Sautet sont étudiés dans les écoles de cinéma mais qu’en est il exactement?Est ce que vos films sont sortis en salles et en dvd?Seconde question tant que j’y suis concernant le doublage.Quelle est la raison invoqué pour que les oeuvres étrangères ne soient projettés dans la langue originale avec sous-titrage?Avez vous vu personnelement »Le juge et l’assassin »sous titré en anglais?Y a t-il des passages de scènes ou les dialogues originaux ne correspondent pas au sous-titrage anglais?Merci d’allumer ma lanterne car il n’existe pas à ma connaissance de livre sur le sujet.Après vous allez me dire c’est comme si on doubler les »Monthy Python »en français,ce serait d’un ridicule et d’un manque de non-sens!!!!!
vu avec grand plaisir et grace à vous terror in texas town de j.h.lewis ; je trouve le personnage de johnny tres curieux et tres interessant un peu depressif angoissé vaguement degouté de lui meme au point de finir par executer son propre patron ,la vrai crapule du film ce profil de tueur à gage est franchement tres particulier et donne au film assez pessimiste par ailleurs une tres legere lueur d’espoir . y voyez vous une resonnace avec le « mac carthysme »… Par ailleurs je trouve cette mise en scene « superbe » un vrai « style » qui ne me semble pas sur joué .
A antoine
je crois que je pensionnais que le scénario était écrit par Dalton Trumbo. Le personnage dont vous parlez est joué par Nedrick Young qui fut mis sur la liste noire comme scénariste (il co écrivit LA CHAINE, INHERIT THE WIND et la dernière version de 7 DAYS IN MAY)
à Bertrand: Nedrick Young pour 7 DAYS IN MAY? il y a eu plusieurs versions du scénario et non crédité pour lui ou un remake?
A MB
Frankenheimer qui l’a utilisé comme acteur le mentionne plusieurs fois
… et je le retrouve comme co-scénariste non crédité du TRAIN.
Je viens de découvrir L HUMANITE de Dumont avec une impression poisseuse, drôle de type le Bruno. Il faut que je voie LA VIE DE JESUS édition anglaise comme le premier les éditions françaises atteignent des prix étrangement probihitifs je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs. C’est un comble aller chercher des films français en GB. Et ma médiathèque a loupé les premiers Dumont et ne rattrape pas son retard. Que pensez-vous de L HUMANITE?
A MB
Je l’avais trouvé impressionnant. Pas confortable. Dérangeant
L HUMANITE c’est le moins qu’on puisse dire, je rajoute « malsain » avec prudence, je ne sais pas si Dumont a toujours eu raison pour certaines scènes. Un chti (un vrai) me dit que la peinture des gens du nord est très juste, sans doute. Et je me demande si ce n’est pas de la complaisance de faire durer son film jusqu’à deux heures et vingt minutes. J’avais été ébahi par HORS SATAN et je retrouve des morceaux de celui-ci dans L HUMANITE.
DUMONT/ qu’en est-il de LA VIE DE JESUS que je ne trouve qu’à des prix invraisemblables (mais bon dieu qui va payer 45€ un dvd c’est ridicule?!)
Il y à un point commun avec le Bon gros géant de Spielberg qui à été bouder par la critique à Cannes et la comédie familiale signée Fabien Onteniente »Camping 3″.En effet les deux personnages sont des ètres seul,different des autres mais qui ont un grand coeur.Le bon gros géant va enlever une petite orpheline et l’amener aux pays des géants mangeurs d’hommes de terre tandis que lui ne se nourrit que de gros légumes visqueux.Quand à Patrick Chirac(Franck Dubosc qui à co-écrit le scénario)il est toujours chomeur,attend toujours son ancienne femme et n’a pas vu sa fille depuis longtemps.Ce clown triste vit dans le passé de sajeunesse durant les années 80.Il écoute Demis Roussos,Claude Barzotti dans sa vieille bagnole et joue toujours les charmeurs.Derrière cet homme tout sourire se cache un ètre déçu de la vie en se racrochant tant bien que mal dans cette société égoiste.Dix ans après le premier opus,le personnage à pris de la bouteille,mais le scénario est dans l’air du temps avec des pointes d’ironie et d’humour noir.Meme « Positif »à fait un bon papier,c’est vous dire.Sinon concernant Le bon gros géant,je pense que Spielbergh s »est d’abord adresser à un public jeune et qu’il manque un peu plus d’audace pour en faire un bon divertissement.
A Rouxel
Comparer ces deux films va illuminer la vie de Fabien Onteniente
Pour revenir à ce réalisateur je dirais que c’est le Claude Zidi des années 2000 avec ses travers scénaristique(voyez »Turf »dont le scénario est de Pierre Bénichou:grande plume à Match,Combat et aujourd’hui grosse tete chez Ruquier).
à A Angel: je ne sais pas ce que vous pensez du chien de TRAIL OF THE LONESOME PINE? C’est un personnage essentiel, j’en parle là:
https://www.tavernier.blog.sacd.fr/westerns/comment-page-2/#comment-584739
je vous le mets vu que je crains que ce commentaire essentiel (!) ne soit enterré dans les limbes du blog que voulez-vous trop de passionnés interviennent ces temps-ci!
et si vous pouvez m’indiquer votre commentaire à vous sur ce film je le retrouve pas la recherche ne fonctionne pas sur les comms merci!
Message posté sur plusieurs sites : J’en appelle aux professionnels du spectacle et à tous ceux qui ont une influence médiatique, à initier une pétition pour réclamer la démission de ce gouvernement de criminels, dont on vient d’apprendre qu’il a ordonné l’effacement des enregistrements des caméras de vidéo surveillance de la ville de Nice le soir du 14 Juillet. Pour dissimuler son implication ou son incompétence ? Nous devons empêcher l’Oradour sur glane de Daech qui se prépare, autant que l’intervention d’un commando qui promet un massacre dans une mosquée à l’heure de la prière. L’heure n’est plus à parler travellings et gros plans. Merci.
A Emmanuel
Sur un site de cinéma, il est encore permis de parler travellings. Postez votre message sur le site de Marianne, Libération, de France Inter. Attention aux amalgames historiques, aux rumeurs sur cette histoire de commando. E que je sache, Daech n’occupe pas la France contrairement aux Nazis et n’est pas militairement organisée comme la division DAS REICH, ce qui torpille la comparaison
Il faut, dans ce cas, sur un site de cinéma, ne pas promouvoir les balivernes d’un Gilles Kepel ou d’un Denis Robert. Mais le deux poids deux mesures ça vous connait cher monsieur. On sait qui vous êtes de toute façon et bien des masques vont bientôt tomber dans le cinéma. En même temps que les pouvoirs que vous soutenez.
A Emmanuel
Putain, vous m’apprenez des choses.Je vais découvrir les pouvoirs que je soutiens. Question prose, c’est pas mal non plus dans le registre Ponson du terrail
Bon Emmanuel, vous nous gonflez, là. Si vous aviez un peu de courage, vous signeriez vos âneries. Le « on sait qui vous êtes » sonne limite comme une menace et rappelle bien des choses.
Oui, c’est ça allez lancer vos élucubrations sur d’autres sites! C’est gonflant de trouver un adepte de je ne sais quel type de complots ( peut-être un troll amateur des dangereuses conneries de Soral) sur ce blog qui en est généralement exempt.
Fichez la paix aux cinéphiles et bon vent!
A Ballantrae
C’est surtout que ce style et ces propos rappellent – je suis désolé de parler de cinéma – celui des lettres anonymes du Corbeau. Mais sans doute que je soutiens la Continental parmi les pouvoirs que je défends
Je pense que vous faites trop d’honneur à ce corbeau en réagissant.
Moi, il me donne envie de reparler cinéma car les corbeaux, ça me fait penser aux OISEAUX de Hitch. Merci à lui de relancer là-dessus !
On peut à juste titre réagir à l’actualité brulante dans laquelle nous imposent les chaines de tv.L’empire ismalique et le fameux califfat Ibrahim n’existe pas et meme DAESH ou AL Quaida,on nous décrit des organisations terroristes mais on analyse nullement les marchands d’armes que sont la France,la Russie ou les Etats-unis en tète.Mérah à Toulouse n’était pas armé de Kalachnikov mais de fusils Famas fabriqués dans notre pays.Les démocraties « malades »ont toujours apprécier les zones d’ombre quand ça arrangeait les pouvoirs de la finance et les politiques de tout bord.Tout ceci est bien orchestrer par les USA qui ont essayer de renverser Erdoyan en Turquie afin d’installer des zones militaires.Mais la véritable question est que la religion de l’Islam gène énormément et l’on fait des parralèles primaires avec « l’intégrisme radical »un terme inventer par une floppée de journalistes fielleux ou de faux philosophes(Lévy,Bruckner ou Finkelkraudt)mal pensant.
A Rouxel
La première chose c’est de ne pas mettre tout le monde dans le même sac. Finkelkraut est remarquable quand il parle de Hannah Arrendt, défend Babel, Vassili Grossman ou consacre une émission à Simon Leys. Et BHL et lui sur la Bosnie ont eu des positions imparables. Et ils ne sont pas fielleux, ils disent ce qu’ils pensent et on peut ne pas être d’accord avec eux sur de nombreux points. C’est la démocratie. En tout cas dans son émission le samedi, il parvient à canaliser les débats, à éviter les invectives même s’il a des obsessions discutables. La phrase sur le régime d’Erdogan qui lui est un vrai tyran, un massacreur qui fout en prison avocats, juges, journalistes (une différence, il faudra que vous l’admettiez avec les USA) me gène comme elle générait tous les démocrates turcs. C’est vrai que la presse n’épingle pas certains responsables à commencer par les fabricants et trafiquants d’arme. J’ajouterai que dans les derniers cas d’attentat, les auteurs étaient suivis pour des déséquilibres mentaux (violences conjugales, drogues) et que la première chose à faire comme l’a écrit Philippe Meyer, ce serait de lutter contre la misère de la psychiatrie française, en termes de moyens et de suivi. Avez vous entendu un des candidats à la présidence en parler sinon en termes répressifs
à Bertrand: ah mais l’organisation, la gestion de la prévention de cette violence ça coûte beaucoup plus cher bien sûr, par exemple les soins psychiatriques sont toujours soutenus par la SS mais le stade avant les soins, c’est autrement plus complexe et moins voyant à mettre en place, y’a que les assocs qui doivent s’y coller elles-mêmes encore un peu soutenues.
En plus, c’est une erreur de jugement de croire que les résultats de la prévention seraient trop longs à se faire valoir, il suffit parfois de peu de chose.
Pour clore ce chapitre,je répondrai à Bertrand.Je suis entièrement d’accod avec vous concernant les déséquilibres mentaux de ces tueries.Il y à effectivement un manque de personnel humain dans les structures psychiatriques et pratiquement aucun suivi médical de patients qu’on sait qu’ils peuvent etre dangereux pour la société et pour eux memes.D’autres part il faut remarquer que le kamikaze Syrien qui s’est fait sauter en Allemagne avec une ceinture d’explosif,les services policiers ont retrouvés son portable intact.Lors de la tragédie du Bataclan en novembre,là aussi comme par hasard,un des auteurs à jetter son téléphone dans une poubelle publique face à la salle(grace à la puce la police à pu savoir les appels et les sms passés le jour de l’attaque).Tout ceci ne tient pas debout meme un enfant de 8 ans comprendrais qu’il y à supercherie et mensonges.Allez je referme la boite de Pandore.
A Rouxel
Halte à la thèse du complot. Je travaille depuis trois ans avec un policier qui m’a confirmé que souvent ces types sont des braques et qu’à coté d’une préparation physique et armée considérable, certains commettent plein de conneries. Regardez le nombre d’erreurs accumulées dans l’attentat de Charlie Hebdo. Certains agissent sous l’effet de la drogue. Ils ne sont pas tous comme cela mais les portables jetés, trouvés, tout cela est très vraisemblable et met en lumière les erreurs de la DGSI, les fautes d’appréciations, le manque de communication. Les suspects repérés et fichés par des éléments de la police parisienne qui n’ont pas le droit de les suivre en province. Et la DGSI n’exploite pas ces renseignements. La vénération de la technologie entraine des erreurs. Il y a une nouvelle génération qui les évite, utilisant des portables pour un seul appel, ou celui de leur compagne. Ils agissent ainsi à cause de la masse d’erreurs commises avant. Et sincèrement vous pensez que le type de Nice poursuivi pour de nombreuses violences conjugales, pour utilisation de drogue, pour des echanges sexuels avec des hommes agés, pouvait contrôler toutes ses actions
Il n’y a pas hélas de « toute puissance » de Bertrand Tavernier et de quelques autres ardents défenseurs du cinéma sans quoi nous verrions un prolongement plus prononcé sur les chaines du service publique du précieux travail qui peut se faire, entre autre, à l’institut lumière.
A propos j’ai revu une de vos sorties dvd Bertrand, qui vient contrecarrer mon petit chapitre sur les emballages encombrants, LE NARCISSE NOIR de Powell et Pressburger, dont le contenu est magnifique, notamment les photos.
Ce préambule pour signaler qu’effectivement les erreurs « stupides » dans des préparatifs de crimes macabres on en trouve très souvent, sans rapport avec un complot, et pour exemple cinématographique une très parlante cher Ray Milland dans LE CRIME ETAIT PRESQUE PARFAIT !
à Stag: j’ai revu récemment LE CRIME et j’ai été ébahi par le nombre d’invraisemblances, de trous d’intrigue, et la façon avec laquelle Ray Milland mise sur la chance ou l’à-peu-près pour arriver à assassiner sa femme. Ca ne m’avait jamais frappé mais le film est toujours aussi distrayant.
à propos le br en relief a donné chez moi des résultats lamentables (3d passive) je l’ai regardé en 2d du coup. Pourtant la 3d de GRAVITY m’avait enthousiasmé.
Sur les tueurs terroristes, c’est vrai que la psychiatrie pédale dans la semoule. Pour moi, c’est une fausse science, où une science qui ne repose pas sur grand chose. Les « spécialistes » n’ont pas l’air eux-mêmes de comprendre ce qu’ils disent, se contredisent, arrivent à des conclusions totalement opposées. Au lieu de reconnaître qu’ils n’ont rien de certain à dire.
Sinon, je ne suis pas sûr que ces tueurs soient des malades mentaux. Les nazis ont recruté des tueurs « amateurs » assez facilement dans les populations conquises. Des gens non psychopathes qui s’habituaient finalement à flinguer des mômes, puisqu’on leur en donnait le droit. C’est malheureusement un trait commun aux hommes du monde, qui deviennent des monstres sans mal quand ils pensent être couverts…
Pardon pour la digression…
À Bertrand à propos d’Erdogan :
Ce qui arrive à la Turquie est catastrophique et fait suite à plusieurs années de régression sur les plans de la démocratie, de la liberté d’expression, des autres libertés publiques et des droits de l’homme, une dérive qui date de l’année 2011, même s’il y avait eu auparavant des signes avant-coureurs. Mais le paradoxe est qu’Erdogan gouverne la Turquie depuis fin 2002 et que les premières années de son gouvernement (disons de 2003 à 2010) ont été les plus démocratiques de l’histoire de ce pays. J’ai fait de longs séjours en Turquie entre 1993 et 2010, la plupart du temps dans les régions kurdes de l’est, je parle le turc et je discute sans a priori avec tout le monde, je peux vous dire que par rapport aux années 90, les premières années du gouvernement AKP ont été un changement bénéfique, pas seulement pour l’économie et le pouvoir d’achat de la population, mais aussi pour la liberté d’expression, les droits de l’homme, le respect des minorités religieuses (chrétiens, alévis), la question kurde (beaucoup de Kurdes votaient AKP, comme un moindre mal par rapport aux autres partis), et aussi sur le plan diplomatique: la plus grande indépendance vis-à-vis des USA (une politique qui avait l’assentiment de l’immense majorité de la population) se traduisait par une diplomatie de « zéro problème avec les voisins », avec des rapprochements avec l’Iran, la Russie, l’Arménie, la Syrie (jusqu’en 2011). Les années 90, ce sont des années de terreur d’Etat, d’un système de collusion occulte entre l’Etat, l’armée (une composante essentielle de l’Etat à l’époque), les services secrets, différents groupes paramilitaires, la mafia et le parti ultra nationaliste MHP, ce qui s’est traduit par l’impunité pour la mafia et les groupes criminels, et dans l’est par des dizaines de milliers de morts , et pas seulement de militants du PKK, mais de simples citoyens, tués lors de manifestations, d’attaques sur des villages (et mêmes des villes), d’enlèvements suivis d’assassinats. Il n’y a pas de famille dans ces régions qui n’ait eu un ou plusieurs membres ou tués, ou torturés et emprisonnés, sans parler de milliers de villages détruits. Les chrétiens syriaques et les Yézidis, dont les media occidentaux découvrent aujourd’hui l’existence avec les massacres de Daesh en Irak, et qui étaient présents aussi dans le sud-est de la Turquie, ont quasiment tous disparus, fuyant une terreur d’Etat dirigés aussi contre eux. Et dans le reste de la Turquie, c’était aussi une répression féroce contre la gauche et la minorité alévie, massacrée par dizaines dans les rues en 1995 à Gaziosmanpasa, un quartier d’Istanbul. Alors ce qui se passe aujourd’hui, c’est un retour au passé, avec une autre couleur idéologique sur laquelle se focalisent les occidentaux, mais c’est au fond la même chose, le même despotisme, la même exigence de soumission à l’Etat et à une unique identité turco-sunnite. Et les policiers et paramilitaires qui commettent aujourd’hui des atrocités contre les Kurdes doivent être, je le parierais, toujours encartés au parti fasciste MHP, pourtant dans l’opposition. Je n’ai jamais eu de sympathie pour Erdogan dont je me méfie depuis le début mais les années 2000 ont permis l’éclosion d’une société civile, d’une habitude du débat démocratique, y compris dans les grands media audiovisuels, de changements profonds dans la société, et je veux croire que l’on ne pourra plus retourner en arrière, mais c’est un pays dont les tensions internes très fortes sont avivées par l’environnement proche (la question kurde qui couvait depuis des décennies a explosé à la suite de la guerre d’Irak de 1991, aujourd’hui c’est deux à trois millions de réfugiés syriens sur son sol). Pardon d’être encore trop long (et de parler d’un sujet éloigné du cinéma)…
A Bertrand à propos de BHL, Finkielkraut et la démocratie :
L’omniprésence et l’omnipotence de BHL depuis 40 ans est la preuve même de l’absence de véritable démocratie dans les media, du fait que celle-ci est confisquée par une oligarchie et une collusion des milieux politiques, financiers et médiatiques. Si le débat était égal, ouvert, la parole de BHL serait disqualifiée depuis longtemps. Même chose pour Finkielkraut. Finkielkraut se répandant dans les grands media audiovisuels pour vilipender des gens et des idées qui n’ont jamais droit à cette publicité me fait penser à ces théologiens du moyen âge condamnant des hérésies dont la seule trace aujourd’hui est leur réfutation par ces théologiens.
On n’arrête pas de parler de l’Islam dans les grands media audiovisuels mais sans les musulmans. Où sont-ils, en dehors de gens d’appareil comme Dalil Boubakeur, ou de béni-oui-oui comme le pseudo imam de Drancy Chalghoumi, un ignorant qui fait honte aux musulmans, pathétique pantin de ventriloque que l’on sort de sa boite à volonté? Où sont les sociologues vilipendés par Finkielkraut? Alors oui, on peut lire leurs livres, aux éditions de La Fabrique ou de La Découverte, oui il y a des média alternatifs sur Internet (Acrimed par exemple, déjà conseillé par un internaute) où sur papier (j’ai lu quelque part que Romain Bardet, deuxième du Tour de France, était un lecteur du Monde Diplomatique !) mais quel est leur impact face à la machine médiatique dominante, dont chacun reconnait l’influence sur l’opinion tout en prétendant en être personnellement prémuni ?
Sur BHL, il faut lire le très réjouissant « Nouveau B.A. du BHL » de Jade LINDGAARD et Xavier LA PORTE à la Découverte.
Ici on parle de cinéma. Merci.
Si vous voulez parler de théories du complot, trouvez un film sur le sujet.
A Emmanuel.Es tu revenu en France ou est ce un « autre »Emmanuel.Si c’est positif,je t’avais laissez mon adresse mail sur ce blog.Bonne santé à toi et tes enfants.
Quelquefois il nous arrive d’etre à saturation entre les réeditions,les films récents sortis en dvd ou en salles,les projections en plein air comme ici dans la cour de la cinémathèque de Toulouse ou le festival »Résistances » à Foix qui à prouver une fois de plus que l’on peut voir des oeuvres qui se détachent du circuit commercial classique.Sur les conseils d’un ami,j’ai découvert un réalisateur américain dont on parle guère:Kevin Smith à qui l’on doit »Dogma », »Clercks »ou l’excellent »Tusk »qui est une comédie grinçante avec un brin d’humour puis des scènes assez gore.L’histoire de deux animateurs d’une émission de radio par podcast,dont l’un décide de rencontrer au Canada un personnage curieux qui à afficher une lettre dans les toilettes d’un pub Québécois.Bon je ne suis pas là pour vous déflorer la suite mais le pauvre bougre va connaitre l’enfer aux pays des caribous et de Céline Dion.Une véritable bouffée d’air moite dans cette période si morose.Pour changer on à revu »Annie »cette comédie musicale qui était le film préféré de John Huston.Quel conte féerique,avec ses chorégraphies bien menées,ses apprentis actrices qui dégagent la joie de vivre en dansant et chantant,alors que l’histoire débute dans un orphelinat durant les années 30.Le bonheur à l’état pur est tellement simple,que l’on passe souvent à coté de films qui nous redonnent le sourire.C’est l’essentiel.
A Rouxel
Ou avez vous lu que c’était son film préféré ? Il citait plutôt LE FAUCON MALTAIS, LE TRESOR DE LA SIERRA MADRE, L’HOMME QUI VOULAIT ÊTRE ROI, FAT CITY, AFRICAN QUEEN. Il en parlait comme d’une commande destinée à lui permettre de faire FAT CITY
Ce Huston me semblait routinier, un peu mièvre même mais je n’en ai que des souvenirs diffus.
Il faut réécouter le Projection privée très riche consacré à Huston en juin afin d’en mesurer l’ampleur.
Je reverrais bien Le malin qui possédait un ton vraiment singulier.
LE MALIN, je ne doute pas de sa valeur : film très personnel de Huston. J’en garde assez de souvenirs pour ne pas le revoir de sitôt, tellement plombant qu’il est. Il fait partie de ces très bons films qu’il me sera difficile de revoir (et il y en a plein des comme ça).
Dernièrement par exemple j’ai revu avec grand plaisir (pour la 3ème fois au moins) quelques Rohmer comme CONTE DE PRINTEMPS ou LE GENOU DE CLAIRE (la restauration en blu ray et ses images solaires et estivales sont une splendeur). Ceci étant dit je n’oppose évidemment pas Rohmer et Huston (ce qui serait totalement absurde !)
On peut considérer aussi qu’ANNIE (dont le dvd, il me semble, offre un format tronqué, à vérifier) est un agréable divertissement, réussi, en tant que tel, avec de l’entrain, de bonnes chansons et du métier. C’est un vieux, mais agréable souvenir de projection, contemporain de celui, tout aussi plaisant du POPEYE, d’Altman (c’était donc, Bertrand, compte tenu de la date, 1981, plutôt pour pouvoir faire AU DESSOUS DU VOLCAN), que je défendrais plutôt. Deux adaptations de l’âge d’or de la BD américaine, pas géniales mais honnêtes, et assez luxueuses visuellement,surtout ANNIE. Tiens, vous avez gagné, je vais le revoir.
De retour de Nantes, j’y ai fais un petit pèlerinage spécial Jacques Demy. 3 endroits m’ont donné quelques frissons. La rue du Roi Charles, où Demy tourna les affrontements entre ouvriers et les CRS (déjà cette défiance anti-flic particulière à Nantes qui résonne étrangement avec les violences récentes autour de la loi El Khomri, qui ont vu un capitaine se faire bastonner devant les Galeries Lafayette). Une fois n’est pas coutume, la rue est plus spectaculaire en vrai que dans le film: sa pente déclinante donne sur la Préfecture (la partie CRS dans le film)mais lorsque l’on se retourne, la perspective remonte et s’ajuste à une imposante façade latérale de la Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul (côté ouvriers dans le film, tout un symbole).
Concernant le magnifique Passage Pommeraye, l’effet est inverse sans que ce soit dommageable: la cinégénie du lieu le faisant apparaître, à l’écran, plus ample que sa réalité, relativement étriquée dans la largeur. La galerie est par contre extrêmement spectaculaire alors qu’on la découvre dans sa longueur. La magie rococo du passage est de toute manière un saisissement qui produit une fascination que j’aurais adoré connaître petit.
A l’opposé de tout cela, l’émotion aussi humble qu’irrépressible lorsque, du Quai des Tanneurs, on pénètre dans la petite cour abritant le garage familial et que l’on voit l’ouverture du grenier dans lequel Jacquot fabriquait ses films d’enfant. L’endroit est minuscule, quelconque, mais quand on connaît l’histoire, habité du plus touchant des fantômes.
Et pas une plaque pour signaler que Jacques Demy a vécu là.
Carton rouge pour la municipalité.
sauf que c’est la rue du Roi Albert..
A Alexandre Angel
On ne peut pas faire un aéroport et mettre une plaque
A Bertrand
Où avais-je la tête?
Aucune plaque commemorative n’a été posée sur le site de Sivens dans le Tarn,là ou le jeune étudiant Rémi Fraisse fut tué par une grenade lançée par un crs en octobre 2014.Je suis indigner que des policiers,gendarmes ne soient pas condamnés à des peines lourdes.
à Mathieu: c’est vous qui avez conseillé WOMAN OF THE YEAR en ajoutant que William Bendix y était très bon? je retrouve pas.
à MB:
Oui mais le souvenir du film s’efface un peu de ma mémoire. William Bendix y joue un ancien boxeur devenu barman, un type un peu innocent (on suppose qu’il a pris trop de coups). C’est pour moi un des meilleurs films du couple Tracy-Hepburn (avec ADAM’S RIB et PAT AND MIKE).
à Mathieu: oui le pauvre Bendix a été sonné aussi par la guerre dans LE DAHLIA BLEU. WOMAN, c’est loin d’être son meilleur rôle. A vrai dire, tout en reconnaissant aux séquences de WOMAN une réussite formelle réelle, la somme de celles-ci (le film) ne me plaît pas trop. J’hésite à critiquer le féminisme de pacotille d’un film de 1942 ni son machisme qui donne le beau rôle à Spencer Tracy formidable, (tout comme dans les Cukor qui suivront). Et je suis prêt à appliquer l’excuse du contexte historique à pas mal de films anciens et oublier telle ou telle saillie raciste ou mysogine dans certains, mais là j’ai trouvé que c’était trop! Comment Hepburn peut-elle être assez bête pour tenter de préparer un déjeuner aussi compliqué sans savoir cuisiner et sans se rendre compte qu’elle passe d’une recette à l’autre parce que la page du bouquin a tourné? Il s’agit d’une femme cultivée, capable de parler politique internationale! Elle adopte un enfant réfugié et renonce à s’en occuper parce qu’elle doit se rendre à une soirée en son honneur! On est sensé rire à ça? ça ne fonctionne pas à cause d’un mélange absurde dans les comportements différents et contradictoires du personnage et celà est soutenu en sous-main par un avis sur la psychologie féminine basé sur l’idée générale que les femmes sont instables, hystériques et puériles (pendant ce temps, Tracy est solide comme un roc), qu’il ne leur reste qu’à être brillantes avec tte la superficialité que ça suppose. L’année du film ne peut pas être une excuse puisqu’il reste qu’au bout du compte, le personnage n’est pas drôle et le film dans son ensemble n’arrache que quelques rires trop rares. Le film est souvent rattrapé par deux personnages très plaisants mais secondaires: l’homme politique (Reginald Owen) et surtout la tante de Hepburn qu’il épouse et qui offre l’image d’une dame âgée et digne très attachante, et jouée par Fay Bainter. L’humour de ce film m’échappe en-dehors de tte accusation de mysoginie, c’est rarement drôle (la séquence de Hepburn découvrant le base-ball est supposée être hilarante? comprends pas, elle aurait pu inspirer bien plus de gags!). Il y a aussi un certain sentiment qui prépare à la liste noire et à tte l’ambiance anti-progressiste de l’après-guerre avec le regard réac sur les entreprises humanitaires évoquées (l’épisode de l’enfant réfugié ou de l’intellectuel d’europe de l’est en fuite) qui tend à considérer que cet humanitarisme n’est qu’une manifestation d’un certain snobisme de classes sociales aisées. A la fin le retournement de caractère de Hepburn est invraisemblable. Je ne veux pas pilonner un film ancien, c’est intéressant historiquement, disons.
J’adore la réplique de Fay Bainter, la militante féministe endurcie et couverte de prix ou diplômes qui se marie tardivement et dit: « Cette fois c’est moi qui voulais être la récompense, et pas la recevoir! ».
A MB et Mathieu
RÉPONSE TARDIVE : Sachez que la fin de WOMAN OF THE YEAR fut retournée contre l’avis de Stevens et surtout de Hephburn car lors d’une preview, la quasi totalité des spectateurs avaient rejeté la fin originale où ils se réconciliaient. Ils demandaient qu’elle soit humiliée et qu’elle demande pardon, témoignage frappant sur le machisme de l’époque. Stevens dut accepter ce retournage (« de la vraie merde » disait Hephburn). Il s’engagea très vite après pour aller filmer la guerre, écoeuré par Hollywood
à Bertrand: très intéressant, il fallait qu’elle pleure et reconnaisse ses erreurs un genou à terre. Et je suis content d’apprendre que Stevens et Hepburn étaient contre! Je voudrais revoir I REMEMBER MAMA de Stevens film de manipulation totale du spectateur mais tellement agréable: Stevens fait pleurer quand Hitchcock fait peur mais c’est la même emprise.
PROJECTION PRIVEE/ message de Charles Tatum Jr: « MC m’a confirmé qu’il était
poussé vers la porte de France Culture, après presque quarante années de
bons eT loyaux service. Il a reçu moult messages de solidarité de
personnalités de diverses générations (beaucoup de cinéastes). Mais il
ne veut pas entendre parler de pétition de soutien, pour ne pas rompre
les ponts. Il ne désespère pas de les voir accepter un autre projet, un
autre format, un autre créneau, etc. »
au fait le médiateur ne m’a toujours pas répondu depuis quoi… 3 semaines?
De mon coté j’ai appeler plusieurs fois le numero du service des auditeurs de France Culture,sans succès ils ne répondent jamais.On vous là dit: »Ca va mieux »soyons positifs la France va bien!!!!
A Rouxel
Mais le médiateur accuse réception surtout si vous l’attaquez
Voilà qui est triste…. La médiocrité guette cette station.
je viens de voir un tres beau film « edge of the city » de martin ritt abordant de nombreux theme initiation transgression magistralement interpreté par j cassavetes et sidney poitier( que je decouvre ici comme un très grand comedien) dans une tres belle relation d’amitié pere fils freres c’est à mes yeux un film tres emouvant ;j’aurais aimé avoir votre avis (bertrand et les autres …) edité dans les tresors de la warner.merci d’avance
Tristesse d’apprendre la mort d’Abbas Kiarostami, assurément un des plus grands cinéastes de notre temps, dont la grande originalité et modernité rejoignait aussi l’héritage poétique et philosophique de son pays. Kiarostami était aussi photographe, et j’ai envie de citer cette phrase du poète persan Saadi, phrase qu’il cite lui même dans un entretien postface à son très bel album de photos « Pluie et vent »:
« je remercie Dieu de m’avoir gratifié d’une peine immense, me libérant ainsi de mes peines dispersées ».
On nait seul,on vit seul,on meurt seul.Seul,toujours seul.Et meme quand on baise on est seul.Seul avec sa chair,seul avec sa vie,qui est comme un tunnel qu’il est impossible de partager.Et plus on est vieux,plus on est seul,face à quelques souvenirs d’une vie qui se détruit au fur et à mesure.Une vie c’est comme un tunnel.Et à chacun son petit tunnel.Mais au bout du tunnel,il n’y à meme pas de lumière.Il n’y à plus rien.Meme la mémoire se décompose avant la fin.Les vieux le savent bien.Une petite vie,des petites économies,une petite retraite,et puis une petite tombe.Et tout ça,ça ne ser à rien.Dès que leurs parents n’ont plus rien à donner,ils les foutent dans des hospices pour qu’ils cèvent seuls,et en silence.Meme les enfants n’en ont rien à battre.L’amour filial,ça n’existe pas.C’est un mythe.Ta mère tu l’aimes juste quand elle te donne du lait.Et ton père,quand il te prète du fric.Mais quand les seins de ta mère se sont désséchés,et qu’il y à plus de lait à en tirer,ou quand les poches de ton père se sont vidés de leur fric,alors il n’y à plus qu’à les mettre dans un placard lointoin,en espérant qu’ils meurent d’une maladie rapide et pas trop couteuse.C’est comme ça c’est la loi de la vie.Ce n’est que lorsqu’il y à un héritage à toucher que les enfants font semblant d’etre gentils.Mais quand tout l’héritage c’est un frigo ou une télé,ce n’est plus la peine de faire semblant.Voici l’intitulé en quelques mots d’un film de Gaspart Noé que l’on peut qualifier de brulot irréverencieux,plein de vérités et de noiceur sur la vie.Son titre »SEUL CONTRE TOUS »que je conseille à tous pour son courage et son contenu unique dans le genre.A voir aussi »Carne »on l’on retrouve ce boucher chevalin qui va élever seul sa fille et ou le pauvre homme va etre pris dans la spirale de la violence et de l’agréssivité.
To Bertrand Tavernier, Before I respond to your « isn’t it so » with a post that might be instantly erased, I’d like to call your attention to the « Michael Cimino uncensored interview » in the HOLLYWOOD REPORTER. Cimino’s arrogance and pretension come across quite plainly. Was he really reading Pound’s CANTOS on an airline flight? Cimino claimed to have an architecture degree from Yale. He didn’t. He claimed to have been a medic with the Green Berets in Vietnam. He wasn’t. In interviews,he gave years of birth ranging from the late 30s to the early 50s, a very long labor, indeed. Hoping this finds you, I beg to remain…
I should have prefaced that « Cimino claimed » with « On various occasions ». MC did get the lines from Pound’s THE LAKE ISLE right so maybe he was reading THE CANTOS instead of THE NEW YORKER.
If I might drag in a distinguished name; after seeing a puppet Punch and Judy show, Henry James’s response was
« What an economy of means! And what an economy of ends! »
Of HEAVEN’S GATE, I say
« What a profligacy of means! And what an economy of ends! »
I note that the HOLLYWOOD REPORTER feels that they must parenthetically inform their readers that Tolstoy refers to (Leo), that Degas’s first name is (Edgar), and that Kandinsky is (Wassily) Kandinsky. And then there’s that (Evgeni) Nabokov, a mash-up of Pushkin’s EVGENI ONEGIN with its distinguished translator into English Vladimir Nabokov.
J’ai croisé Cimino il y a quelques années au festival de Cannes. Il était en conversation avec Lelouch, et j’ai dit à la personne qui m’accompagnait « tiens, Lelouch est avec Nicole Croisille » on m’a répondu « non c’est Michael Cimino. » Je n’ai pas compris son acharnement à vouloir ressembler à cette chanteuse française que pas grand monde ne doit connaitre aux Etats-Unis, à part lui. Une forme de snobisme ou pas assez de collagène pour se faire la tête de Barbra Stressante ? Il y a de ces canulars dans l’histoire du cinoche. Je recherchais le n° des cahiers dans lequel Eastwood parlait de l’imposture THE DEER HUNTER, mais il y a un tel bordel dans ma cave… si quelqu’un le retrouve, c’était un spécial Eastwood daté de 1993 je crois. Ceci dit je prends toujours autant de plaisir à voir et revoir THUNDERBOLT AND LIGHTFOOT, mais grâce à qui ? Il a aussi participé à l’écriture d’un très bon film de SF signé Douglas Trumbull intitulé SILENT RUNNING. Influencé par 2001, mais vous pouvez le revoir sans problème, Bruce Dern y est formidable.
« Silent running » est un des deux films ou Bruce Dern tient le premier role.C’est une curiosité assez oublié disponible facilement en dvd.Revoyez l’excellent »Nebraska »qui est une chronique sociale sur l’Amérique d’aujourd’hui.Bruce Dern est prodigieux.
SILENT RUNNING passera sur Arte pour ceux qui ont la tv (le 8 août) et dans la foulée LA PLANETE DES TEMPETES de Klushantsev que Sullivan loua ici-même.
Effectivement un ami m’avait dit que Michael Cimino s’était carrément transformé et avait subit une opération chirurgicale.Je ne sais pas et je m’en fous un peu car je garde en tète le cinéaste rebelle et tétu qui ne s’est pas courber face à Hollywood.Concernant la psychologie de l’homme,je pense que Cimino était tourmenter depuis l’échec cuisant de »La porte du paradis »puis des films qui ont suivis.Il est triste qu’une chaine comme Arte ne lui ait pas rendu un hommage,idem pour Jacques Rouffio ou Abas Kiarostani.
Cher Rouxel, S’il vous plait, mesurez vos mots,, vos termes. Rebelle peut être dans DEER HUNTER qui a eu pourtant le soutien total d’un grand studio et l’appui d’acteurs confirmés mais je qualifierai pas de rebelle l’homme qui va disposer d’un des plus gros budgets de l’époque, le faire exploser, célébrer dans des soirées ces super dépassements qui vont couler Artistes Associés, la société qui s’engageait dans les films les plus intéressants. Je n’appelle pas rebelle quelqu’un qui a mis fin par son arrogance au droit des metteurs en scènes obtenu par de vrais rebelles de contrôler le montage final. Cimino a détruit 30 ans de luttes syndicales menées par Preminger, Huston, Altman, Ritt, Wyler. C’est à cause de lui que sur beaucoup de génériques on lit que l’auteur du film est la Fox ou Universal. Obtenir cela n’est pas pour moi de la rebellion. Deux livres au moins analysent ce comportement, celui de Bach très objectif et parfois admiratif de Cimino et LE NOUVEL HOLLYWOOD. Il ne faut pas confondre rebellion et diatribes contre le système quand celui ci vous rejette à la suite d’échecs commerciaux. Le SICILIEN, gros budget, est moins rebelle que le Rosi et son remake de la MAISON DES OTAGES. Altman était un rebelle et parfois Eastwood dans le choix des sujets (le jazz) et Todd Solonz ainsi que quelques autres (Pas Pollack par exemple ce qui ne le rend pas moins excitant)
à Rouxel: attention Arte a changé sa programmation pour rendre hommage à Kiarostami avec LE GOUT DE LA CERISE!
à MB:
Mais quand même, l’hommage médiatique à Kiarostami n’est pas à la hauteur. Dans Télérama, deux pages pour Cimino (et deux aussi pour Rocard), et une colonne pour Kiarostami.
à Mathieu: je répondais à Rouxel qui trouvait dommage que Arte n’ait pas réagi à la mort de AK (pardon Akira!), or Arte a réagi en programmant LE GOUT DE LA CERISE, ce qui est très bien même si je l’ai loupé (quel con), de toute façon je ne suis pas partisan des hommages littéraires de circonstance quand cette circonstance est la mort d’un artiste. Souvent le décès teinte d’indulgence le regard sur une oeuvre. En plus, taper sur Arte, Rouxel, pour un cinéphile c’est un peu fort de café quand on trouve sur cette chaîne les résultats des plus beaux efforts de programmation de la tv française en matière de cinéma (avec l’oasis Brion): patrimoine, films récents de tous les pays, sans pub à se farcir avant ou après, que voulez-vous de plus par ma barbe? C’est la chaîne du cinoche la vraie nom de dieu! Si on l’avait pas certains râleraient en regrettant son absence brocardant la banalité du PAF, or on l’a et certains râlent parce que cette chaîne ne fait pas ci ou pas ça. Vous êtes sûr que les Italiens, les Anglais ou les Scandinaves ont l’équivalent de Arte chez eux? A ce compte-là je leur donne le droit d’être un peu snob, parfois à Arte, (cf l’émission quotidienne de la Marie-Chantal de gauche qui s’exclame sur les malheurs du monde en levant le petit doigt ma chère une tasse de jasmin peut-être?). En plus le responsable-cinéma est un vrai cinéphile qui s’intéresse à tout pas un jean-foutre ou un pisse-froid qui n’a pas vu un film antérieur à 1970! allez sur le blog d’Olivier Père pour lire ce que ce type a à dire sur les films, tous les films!
http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere/
ah! ça fait du bien pardon c’est la chaleur…
je m’excuse pour ces écarts de langage
A MB:
Vous avez raison, Arte est un cadeau dont on a la chance de bénéficier et pas que pour le cinéma. C’est une vrai chaîne culturel en France en 2016, que demander de plus. Pas besoin de regarder les autres chaînes tant qu’il y a celle là j’ai envie de dire.
à richpryor: oui merci et l’accusation de snobisme est hors de propos. Je m’interroge d’ailleurs sur cet anti-snobisme généralisé illustré par des animateurs de tv végétaux (entre autres) qui tendent à carrément mépriser la culture, on est pas loin de la haine des intellectuels qui a fleuri ailleurs et qui refleurit un peu partout.
au fait j’ai découvert grâce à Arte SPRING BREAKERS de Harmony Korine, une vraie découverte (avec 10° en moins au thermomètre j’en dirais qqs mots!), on verrait ça où à la tv, sinon?
A MB
Je ne suis pas fou de ce film que je trouve assez irresponsable dans son traitement de la violence et de la non responsabilité. C’est aussi une pub pour la NRA
à Bertrand SPRING BREAKERS: ah non non absolument pas. Je saurais reconnaître un film pro NRA! Je ne vois pas où est l’apologie des armes là-dedans. Voyez que des gamines qui n’ont pas de repaires et dont la seule préoccupation morale est d’enfumer leurs parents quand elles partent en vacances « rassurez-vous tout va bien » (y compris après le massacre final: « maman tu sais on a rencontré des gens formidables! ») se perdent dans un certain rêve américain (le fameux « spring break » dont on a brièvement un aspect documentaire réduit malgré le titre est expédié car ce n’est pas le sujet, c’est juste l’explication). L’une d’elle passe de l’enfumage de la religion à celui de la fête et d’ailleurs sent le danger ou plutôt éprouve la nostalgie de maman-papa (une autre la rejoindra) et rentre à la maison: elle retournera à l’église. Il reste deux irréductibles qui séduites par l’odeur de la poudre et le minable joué par James Franco perdent complètement les pédales et alors là, c’est subtil: Korine a déjà pris soin de faire glisser son film par à coups vers une espèce d’irréalité, laissant là l’aspect documentaire, pour nous surprendre un peu par des figures de style type bousculade chronologique (deux scène sont inversées: le dernier coup de fil aux parents et le gunfight ou alors c’est le monteur qui était « high »), dialogues au son déporté sur des images qui ne leur correspondent pas, ainsi l’intrusion de la perte de la lucidité est assez bien illustrée (les deux gamines ne vivent pas dans la réalité): la scène de canardage finale est impossible et surréelle (et pas très spectaculaire pour un film promouvant la NRA) et a été préparée doucement par ces libertés de style (d’ailleurs expérimentées depuis un bail ce n’est pas une nouveauté totale au cinéma, on a fait des navets avec ces procédés). Après le départ des deux filles, on n’est plus dans le réel c’est à dire qu’on passe de la certitude qu’elles sont dans l’irréalité à un état qui serait celui où nous y serions avec elles et comme elles. C’est par ces glissements de style qui montre sa lucidité que Korine pose un regard moral. Etant donné les réactions de rejet que j’ai lues il me semble que ce film aurait dû y aller plus à fond dans l’usage des armes de la drogue et du sexe (nudités assez discrètes) pour être ce que vous dites qu’il serait. Il n’est pas possible de parler de cette fête de la sottise et de l’inconscience que représente le spring break sans montrer la possibilité de glisser vers la violence. Si le film était ce que vous dites il me paraît que les 4 gamines seraient restées ensemble jusqu’au bout, non? Je ne comprends pas très bien à quel moment s’illustre le côté « pub pour NRA » là-dedans. Je vais voir les autres films de Korine.
J’ai haï ce film que j’avais vu avec un public américain qui applaudissait l’extermination des noirs, qui jubilaient comme dans le Verhoeven sur les araignées dont on s’exténue à dire qu’il est anti militariste. Tous les articles décrivant des projections dans l’Amérique profonde parlent d’applaudissement dans toutes les scènes où on liquide les horribles araignées. Le Korine est un poil plus subtil mais James Franco exhibant ses armes avec les gamines qui s’extasient constituent des séquences que je juge discutables pas pour le propos mais par la manière dont elles sont tournées. Je suis payé pour savoir à quel point un style d’images avec tout son clinquant efface tout reflex critique chez une certaine catégorie d’individus : les criminels de l’APPAT voyaient dans SCARFACE le luxe des appartements, des salles de bains, la code à flot et rien d’autres. Et TUEURS NÉS a influencé plusieurs meurtres et John grisham a financé une série d’actions judiciaires prouvant le point. D’ailleurs Tarantino disait la même chose et haïssait l’irresponsabilité du traitement. Je la retrouve là. Il y a des repaires (celui de James Franco) mais de repères. Aucun plan, aucun personnage ne vient faire le point, donner un recul, critique l’ignorance abyssale de ces gamines, ce qu’auraient fait Fuller, Siegel, de Toth, Soderbergh en traitant le même sujet
à Bertrand SPRING suite: je vous concèderais juste une certaine mollesse dans la direction d’acteurs: les jeunes actrices semblent laissées à elles-mêmes. C’est d’ailleurs courant: de + en + la technique est privilégiée, les acteurs démerdez-vous!
SPRING BREAKERS: Bertrand d’accord avec vous sur le douteux STARSHIP de Verhoeven mais:
– la scène sur Franco exhibant ses armes me paraissait distanciée
– « Aucun plan, aucun personnage ne vient faire le point, donner un recul, critique »: mais si! deux des gamines retournent chez elle abandonnant la virée, la 1ère exprime son rejet des gangsters, la deuxième dit clairement que cette aventure n’est pas le rêve qu’elle attendait!
– je suis d’accord sur le fait que des spectateurs ignorent les signaux qui écartent ce film de la complaisance
On est franchement pas sur la même planète avec ce film, d’ailleurs pas totalement réussi (Maltin dit « BOMB » et le qualifie de « dégoûtant »!).
Comme MB j’avais bien aimé SPRING BREAKERS, même si je suis plus réservé sur les autres films de HK (que de HK…). J’y voyais aussi un film sur une certaine dissolution morale d’une certaine jeunesse représentée par ces jeunes filles, une sorte d’anomie comme aurait dit Durkheim. Le film de Sophia Copola, THE BLING RING, que j’avais bien aimé aussi, parlait un peu de la même chose mais dans un contexte différent, et toute une floppée de personnages de LA FUREUR DE VIVRE de Nick Ray étaient un peu aussi dans la même veine, pour dire que ce n’est pas complètement nouveau et que le rêve américain, pour une certaine jeunesse, n’est jamais très loin du cauchemar. Le recul nous est donné par une des filles qui reste un peu à l’écart avant de s’en aller, consciente du grand n’importe quoi et de l’extrême danger de tout ça. Si le public américain a parfois réagi de façon primaire, c’est qu’il s’agissait d’un public primaire, car pour moi le film ne l’est pas du tout, a même pour moi, tout comme le disait MB, des visées sociologiques, tout comme le film de Verhoeven (STARSHIP TROOPERS) allait bien au delà du simple massacre de bestioles from out space. Le personnage de Franco est plus subtil qu’il n’y paraît. Il est en fait entrainé encore plus loin par le nihilisme de ces filles qui au départ le prennent pour modèle de coolitude et ça brouille ses repères (car il en avait) jusqu’au chaos. Et Tarantino est quand même gonflé de parler d’irresponsabilité quand lui se permet tellement de choses dans ces extrêmes, à la grande joie de beaucoup de spectateurs, dont moi, ce qui ne veut pas dire que j’approuve l’extrême violence ou le crime gratuit (ou payant d’ailleurs). Mais je ne vois vraiment pas en quoi ce film serait une pub pour la NRA, ce serait même plutôt le contraire. Mais comment empêcher des gangsters en herbe de s’approprier l’imagerie de films comme SCARFACE? Hollywood n’est pas qu’une usine à rêves, mais aussi à clichés. Film étonnant, pour moi, en tout cas.
à MB à propos d’Arte:
Je ne regarde pas beaucoup Arte ( n’ayant pas la télé, je la regarde chez les autres ) mais il me semble qu’en tous cas il y a quelques années, Arte avait une couleur assez atlantiste et néo-con, notamment à travers les émissions de Daniel Leconte, les documentaires d’Antoine Vitkine.
Et Arte ce sont aussi des documentaires soporifiques qui nous montrent filmée depuis des drones une Europe uniformément verte et ensoleillée, où tout n’est que luxe, calme et volupté, où les gens n’ont d’autre occupation que d’aller de manoir en château recueillir de vieilles recettes de cuisine, faire revivre de vieux métiers artisanaux ou voyager en montgolfière. Il ne faut pas alors s’étonner si ceux qui voient ces images au fin fond du Lousdémistan ou d’ailleurs (elles sont diffusées dans le monde entier par satellite) aient envie eux aussi de fouler ces verts pâturages et d’avoir leur place au paradis.
A Bertrand
Que pensez-vous de Paul Verhoeven, en général?
A Alexandre Angel
Pas grand chose. J’aime bien son dernier film
Moi Spring Breakers je l’avais vu peu après sa sortie et j’avais simplement trouvé ça incohérent et creux sans même réfléchir aux implications morales du film. Qui peu croire une seconde que ces gamines (quatre jolies actrices médiocres qui n’apportent à l’écran que leur sex-appeal adolescent) pourrait virer ainsi vers une telle violence? On dirait que Korine a vomi son fantasme pêle-mêle sur l’écran sans rien développer, ce qui a le mérite d’être une démarche originale. Je sais que le réalisme n’est pas l’objectif mais la mise en scène fait plus ressembler le film à un clip de rap qu’à autre chose (pas forcément quelque chose de négatif, il y a de beaux clips de rap après tout). Bon ceci dit c’est très divertissant et James Franco est très marrant en parodie du rappeur blanc Riff-Raff (la parodie d’une parodie). Mais c’est loin d’être mémorable.
A Mathieu
Arte neo-con? Ca c’est la meilleur de l’année ou alors j’ai loupé quelque chose. Par contre vous décrivez bien certain de leurs documetaires. Mais bon chaque chaîne est forcé d’avoir des programmes moins intéressants que les autres pour meubler certaines tranches horaires.
A j-c freycon:
J’ai du mal à voir de quoi parle STARSHIP TROOPERS à part d’une guerre contre des araignées de l’espace? Je pensais que c’était un film de pur divertissement extrêmement réussi mais rien de plus. SHOWGIRLS et ROBOCOP à la limite je pourrais plus facilement leur trouver du fond.
à Mathieu: ok mais Arte c’est aussi les mauvaises nouvelles du monde, cf Reportages le samedi donc pas qu’un baume endormissant à vous caresser dans le sens du poil. et moi j’ai rien contre les recettes de cuisine, et heureusement que D Lecomte ce carriériste profil bas lénifiant est parti (de même le chafouin ancien directeur dont j’ai oublié le nom), par contre je regrette la speakerine dont j’ai enregistré quelques annonces ayant appris son départ.
à JCF: SPRING MACHIN: enfin du baume sur mon coeur, bien sûr tout est là: deux filles (pas une mais deux tour à tour) expriment la distanciation et le point de vue moral en quittant le groupe. L’autre distance qui nous est proposée c’est les coups de fil aux parents: « oh nous rencontrons des gens vraiment gentils ici etc. » On suppose les parents branchés baba-cool des années 70 car tt le discours sent le make love not war!
Je suis d’accord pour Tarantino: un mec qui fait mourir Hitler en 42 et surtout qui fait marquer les fronts des hommes à coup de couteau, un gardien de la morale? bon j’aime bien ses films quand même (n’ayant pas vu les 8 encore…).
@richpryor : Starship Troopers est effectivement un film de science fiction très bien fait et distrayant où l’on massacre allégrement des bestioles qui sont très dangereuses aussi et flippantes il faut dire et j’imagine que des milliers voire des millions de spectateurs ont applaudi en bâfrant du pop corn et rotant du coca. Mais tout ceci est mêlé dans des flashs tv et des spots propagandistes tellement poussés qu’on peut difficilement les prendre pour du premier degré et tous ces uniformes font tellement penser à ceux du troisième reich et le jeune officier hyper intelligent qui perce les secrets de l’intelligence alien et (si ma mémoire est bonne) à la fin enfonce un énorme instrument en acier dans la bouche ou le c… de la reine alien pourrait tout aussi bien être le docteur Mengele. Des critiques que je n’ai pas lus en ont certainement mieux parlé que moi mais il m’a semblé que c’était un pamphlet énorme et hilarant contre le militarisme américain, avec un peu la même ossature que les films de SF des années 50 où les méchants aliens étaient des métaphores des Rouges. Là, ce ne sont plus les Rouges, seulement les ennemis de l’Amérique (donc de l’humanité) quels qu’ils soient.
A jean charles freycon
Analyse séduisante mais j’ai peur qu’elle soit un tantinet abstraite et idéaliste. La méfiance, la haine de ce qui est étranger est énorme aux USA (voir le score de Trump) et toute une partie du public ne verra jamais le second degré. Des cinéastes comme Pollack, Eastwood, Soderbergh ont répété qu’il fallait faire attention dès qu’on filmât des armes à feu. Là, vous êtes obligé de haïr les araignées (« c’est un des rares alien disait un critique qui n’a AUCUNE EXCUSE, AUCUN TRAIT RÉDEMPTEUR). Je me souvient d’une tirade très violente d’Abraham Polonsky contre le soi disant second degré de certains films (qu’ils commencent par avoir un vrai premier degré et le courage d’exprimer leurs opinions) qu’il voyait comme un alibi (il pensait à FIGHT CLUB)
@ MB : Pardonnez-moi, j’ai vu le film à sa sortie ou presque, 2012… c’est déjà un vieux film comme disent les jeunes, j’ai oublié certains détails, oui elles étaient peut-être bien deux…
A Jean-Charles Freycon
Je trouve quand même que STARSHIP ne va plus loin que ça dans la subversion. Il y a de toute évidence une ironie mais elle reste, à mon goût, bien trop ouverte à tous les vents, par trop récupérable. Jamais je ne serais fan du film pour cette raison. Et oui, le film n’est qu’un dézinguage de saloperies venues d’ailleurs (extrêmement réussies par ailleurs). Cela dit, j’aime bien Verhoeven dont l’œuvre est étrange, cohérente plastiquement, baroque, à la fois bariolée et morbide, enjouée et malsaine. STARSHIP TROOPERS, qui reste bluffant techniquement, n’échappe pas à ce charme dérangeant, cette frontalité faussement naïve (les personnages,qui sont sur éclairés un peu comme chez Kaurismaki ou Fassbinder, chopent un relief cireux, comme dans les dessins de Richard Corben). Et j’aime bien SHOWGIRLS, qui est loin de faire l’unanimité.
à JCF: SPRING B: vous savez une fille ou deux ça ne change pas grand chose je le précisais juste comme ça, c’est d’ailleurs la 1ère qui explicite clairement son dégoût des bandits exprimant le point de vue moral. La scène avec Franco ou il veut la faire changer d’avis est très forte, ce bandit est original en ce qu’il est toujours à la frontière entre malfaisance et gentillesse, eh oui y’a des bandits sympas: d’ailleurs il la laisse partir et il n’abuse pas sexuellement de celles qui restent. j’ai vu que pas mal de critiques vont dans mon sens finalement.
Pour STARSHIP, je me souviens des pubs qui situaient le film du côté critique, et de la mixité sexuelle dans les douches qui évacuaient absolument tout érotisme: on aurait dit tous ces troopers complètement asexués dans un sens fasciste: ne reste que l’adoration du corps humain hors le désir pour celui-ci! mais Verhoeven a voulu jouer sur les 2 tableaux (un peu comme Friedkin dans CRUISING). j’étais dégoûté par les massacres d’araignées.
à MB et Richprior:
Et BHL est toujours président du conseil de surveillance d’Arte France depuis des lustres, Arte qui a produit son SERMENT DE TOBROUK que même Le Monde trouve ridicule. Mais évidemment qu’Arte est la meilleure chaine du PAF, et le journal Arte Info infiniment plus intéressant que les autres journaux télé, mais là encore avec des biais pro UE ou pro Ukraine par exemple (que Poutine soit un despote brutal qui méprise les droits humains et la légalité internationale ne dispense pas de voir la réalité du pouvoir ukrainien et des forces qui le soutiennent).
Après on dit « araignées » mais c’est pas des araignées. Elles n’ont pas huit pattes. En plus, y en a qui volent et puis d’autres qui ressemblent à de gros scarabées. Là encore, amalgames, préjugés, délit de mandibules!
A MB:
Bon j’avoue que vous m’apprenez des choses. Si Arte produit du BHL à cause de son influence, c’est quasiment digne de TF1.
à A Angel: je suis d’accord! d’ailleurs en tant que président de la chambre syndicale des araignées nous avons porté plainte auprès des autorités pour ces amalgames iniques (je dis bien: « iniques »!) qui sont faits entre notre communauté et différentes catégories d’insectes (que nous respectons bien que moins intelligents que nous quand même faut pas pousser): nous réclamons l’annulation des visas d’exploitation de ENEMY (selon lequel nous serions responsables de la castration morale des mâmes américains rien que ça!), STARSHIP BREAKERS, l’ignoble DES MONSTRES ATTAQUENT LA VILLE de Douglas, honteux pamphlet anti-araignée qui nous a fait beaucoup de mal (il était temps de réagir, oui bon il est jamais trop tard, hein?), qui nous a fait beaucoup de mal, CAMPING 3 et L ANNEE DERNIERE A MARIENBAD! Ah mais! personne ne va nous marcher sur les pattes, je vous dis, moi!
on me souffle que THEM c’était des fourmis oui et alors? nous nous joignons à nos soeurs fourmis (certes moins intelligentes que nous mais quand même)dans le juste combat pour nos droits!
Harmony Korine fait un cinéma de petit malin qui flatte le public dans le sens du poil:filles en bikini, gangsta attitude, vulgarité volontaire donc excusable, irresponsabilité généralisée.
C’est l’antithèse de L’appât car il ne met pas en scène le miroir aux alouettes qui fascine des gamines sans cervelle mais le tend aussi aux spectateurs de sorte qu’ils peuvent s’y complaire avec l’alibi du film indé estampillé arty.
J’avais vu Gummo encore plus foutraque mais me rappelle surtout de sa contribution à Kids de L Clark, un film assez terrifiant, pas toujours exempt de complaisances sur le délitement de la jeunesse américaine mais bien plus fort.
Elephant de GVSant lui est un film fort, implacable, doté d’un solide sens de la distanciation qui aide le spectateur à appréhender cette grave et mortifère perte de repères.
Dumont avec La vie de Jésus lui aussi ne faisait pas de concessions pour montrer la spirale de la violence et du racisme.
Quant au Verhoeven de Starship troopers , je le trouve marrant, pas premier degré certes (les spots de recrutement, le look Ken/Barbie plaident dans ce sens)mais n’y vois tout de même pas le brûlot politique chanté ici et là.Elle ne m’a pas convaincu car trop artificiel et scénaristiquement chargé, prévisible.
De Verhoeven, mieux vaut découvrir Turkish délices, Spetters, Le quatrième homme des films vraiment iconoclastes.J’aime beaucoup aussi le baroque et généreux flesh and blood qui traite le passage du Moyen Age vers la Renaissance de manière assez passionnante.
C’est un cinéaste intéressant qu’il serait excessif de qualifier de génial tout comme John Mac Tiernan: ils sont tous deux réussis qqs commandes un peu griçantes aux USA ( Robocop ou Starship troopers pour l’un, Predator,Piège de cristal ou Le 13 ème guerrier pour l’autre) ce qui n’en fait pas les nouveaux Aldrich, Fuller ou Peckinpah.
Harmony Korine fait un cinéma de petit malin qui flatte le public dans le sens du poil:filles en bikini, gangsta attitude, vulgarité volontaire donc excusable, irresponsabilité généralisée.
C’est l’antithèse de L’appât car il ne met pas en scène le miroir aux alouettes qui fascine des gamines sans cervelle mais le tend aussi aux spectateurs de sorte qu’ils peuvent s’y complaire avec l’alibi du film indé estampillé arty.
J’avais vu Gummo encore plus foutraque mais me rappelle surtout de sa contribution à Kids de L Clark, un film assez terrifiant, pas toujours exempt de complaisances sur le délitement de la jeunesse américaine mais bien plus fort.
Elephant de GVSant lui est un film fort, implacable, doté d’un solide sens de la distanciation qui aide le spectateur à appréhender cette grave et mortifère perte de repères.
Dumont avec La vie de Jésus lui aussi ne faisait pas de concessions pour montrer la spirale de la violence et du racisme.
Quant au Verhoeven de Starship troopers , je le trouve marrant, pas premier degré certes (les spots de recrutement, le look Ken/Barbie plaident dans ce sens)mais n’y vois tout de même pas le brûlot politique chanté ici et là.Elle ne m’a pas convaincu car trop artificiel et scénaristiquement chargé, prévisible.
De Verhoeven, mieux vaut découvrir Turkish délices, Spetters, Le quatrième homme des films vraiment iconoclastes.J’aime beaucoup aussi le baroque et généreux flesh and blood qui traite le passage du Moyen Age vers la Renaissance de manière assez passionnante.
C’est un cinéaste intéressant qu’il serait excessif de qualifier de génial tout comme John Mac Tiernan: ils sont tous deux réussis qqs commandes un peu grinçantes aux USA ( Robocop ou Starship troopers pour l’un, Predator,Piège de cristal ou Le 13 ème guerrier pour l’autre) ce qui n’en fait pas les nouveaux Aldrich, Fuller ou Peckinpah.
à Ballantrae: KORINE: et moi je dis que vous vous créez une moralité à toute épreuve avec votre avis sur le Korine, ce film vous est bien utile (« gangsta attitude », « filles en bikini » qu’on trouve partour d’ailleurs, suffiraient à nous éblouir, JCF et moi?) vous nous prenez pour des ados neuneux? Les arguments ont étés donnés, les vôtres sont absents, vous n’êtes que dans la pseudo-description méprisante. Et pendant ce temps les pirouettes violentes de QT sont exonérées de tout?
à Ballantrae: ah si un argument: « C’est l’antithèse de L’appât car il ne met pas en scène le miroir aux alouettes qui fascine des gamines sans cervelle » vous ne lisez pas les messages plus haut? il y a de la mise en scène ne vous en déplaise mais répondez à ce qu’on a dit pour voir laquelle je répète pas!
« mais le tend aussi aux spectateurs de sorte qu’ils peuvent s’y complaire avec l’alibi du film indé estampillé arty. » ça c’est un voeu pieux, vous prenez les gens pour des cons et vous vous y complaisez avec l’alibi du mec lucide et qui sait. Zut! j’en ai marre de défendre ce film, les gens ne voient pas ce qui se passe à l’écran ou quoi, tant pis! d’ailleurs je croyais qu’on avait fermé le débat Korine plus ou moins et hop! qui débarque surprise?. Je vous signale que Bertrand avec qui je suis en désaccord total a donné qqs arguments, lui. Bonne journée.
A MB
Calmos, halte à l’énervement. Ce n’est qu’un film
à Ballantrae: ok je me calme mais vous semblez intervenir sans tenir compte de ce qui a été dit avant.
Sur STARSHIP TROOPERS, je viens de lui donner une deuxième chance. Mais impossible d’aller jusqu’au bout. Est-ce satirique ( l’aigle nazi sur les uniformes), parodique ?
Mais il n’y a pas de message clair et ce n’est pas marrant.
Les personnages et leurs relations nous indiffèrent.
La seule chose qui frappe, c’est le tas de fric engagé et peut-être une prétention à rivaliser avec Tim Burton.
Le massacre d’insectes pour les 7 ans, à la rigueur…
Oui, MB, ne nous énervons pas pour un film (et surtout pour Springbreakers ajouterai-je si je voulais être provoc).
J’ai bien lu vos arguments comme ceux des Cahiers qui l’avaient mis en couverture à sa sortie et analyse ainsi l’objet:
-un sujet assez mode et clinquant… mais pourquoi pas? Aucun sujet n’est condamnable par avance, tout dépendant du traitement.Exemple: qui eut crû que la boxe féminine pourrait susciter un beau film tel que Million dollar baby? qui eût cru que Her et son histoire d’amour entre un homme et une application vocale serait aussi bouleversante? etc…
-des personnages plutôt typés, caricaturaux…mais pourquoi pas? Si le cinéaste adopte le bon registre, cela peut faire partie du dispositif cf Ma loute où on a affaire à des archétypes outranciers qui créent du burlesque social
-un traitement tour à tour relevant du pur documentaire et de la fiction.Là encore pourquoi pas? Cela a tout de même donné le Néoréalisme, Tony, Le sel de la terre,Kiarostami, etc…
-une mise en scène qui utilise quasi exclusivement des poncifs de la culture jeune ( les plans du springbreak avec leur saturation de sons et images style clip/ les moments de conversation interminables sur les problèmes psychologiques- le mot me semble déplacé pour ces filles qui en sont un brin dépourvues-de ces écervelées, rivalisant avec Boulevard de la mort en matière de patience du spectateur entré par effraction dans une conversation de filles sacrément débiles) ou gangsta rap ( divers éléments sont fétichisés par des gros plans ou insertscomme dans un clip: armes, gestes, manière de parler, vêtements) sans en faire grand chose si ce n’est par la fin qui sort un peu d’un enchaînement plan-plan des séquences pour « faire moderne » et c’est là je crois que mon appréciation du film est devenue plus négative encore: ce n’est pas un parti pris mais une fainéantise de scénariste ou de monteur! Un autre film avait essayé de faire passer sa quasi inexistence par des jeux de passe passe de ce type: New rose Hôtel de Ferrara que je déconseille vivement à tout cinéphile qui tient à son temps.
Korine me semble placé sous le signe de l’intuition et se contente de donner en pâture ce qu’il peut vivre ou croiser sans recul net comme s’il n’avait pas décollé depuis Kids (d’ailleurs je suis Bully pouvaient avoir des qualités en révélant la monstruosité d’une jeunesse sans repères, le dernier en date Smell of us est une horreur qui joue sur la frontière de l’exhibition/exploitation de jeunes corps mis en scène face à un L Clark himself décrépit qui attend on ne sait quoi…).
Après ce n’est qu’un avis pas une vérité.Je n’ai pas quoi qu’il en soit trouvé mon compte esthétique ou narratif dans ce film.
Tarantino, que je ne défends pas systématiquement cf Boulevard de la mort ou inglorious basterds, au moins sait toujours nous rappeler à l’occasion de telle scène qu’il est un cinéaste et qu’il lui faut inventer des solutions esthétiques pour rendre passionnants les enjeux d’une scène: dans Inglorious que je n’aime pas du tout, je dois avouer mon admiration pour 2 scènes fondées sur un suspense linguistique celle du début ( la cave où se trouve la famille de Shoshanna) et celle où Fassbender doit se faire passer pour Allemand (cave d’un bar).Dans les deux cas, gestion admirable du temps et de l’espace, direction d’acteurs très précise et impression d’enfermement étouffante avant le surgissement très rude de la violence. Je n’ai pas ressenti une seule seconde ce plaisir de la mise en scène chez H Korine qui semble spectateur de ce qu’il montre.Il y a comme un détachement qui m’amène à me détacher-mais alors totalement- moi aussi, je ne sais comment le dire autrement.
Lisez le numéro des cahiers consacré à ce film et vous verrez quel est la posture du cinéaste.
J’ai revérifié la bio d’HK: il a aussi été scénariste de Ken Park tjs de L Clark mais nettement moins réussi que Kids notamment à cause d’une construction bancale mais aussi par sa manière de ne pas savoir où s’arrêter avant de verser dans un voyeurisme assez curieux à l’endroit des ébats des ados.
Spring breakers n’est pas dans cette stratégie du choc mais dans celle du chic plutôt car le film est assez apprêté comparativement à Gummo ou Julian donkey Boy , plus maîtrisé techniquement mais relativement convenu.
Afin d’être plus mesuré dans mes appréciations sûrement excessives, je ferai l’effort de le revoir pour vérifier ma première appréciation …un de ces quatre!
On l’a comparé plus haut à Bling ring de S Coppola (qui a montré un talent très prometteur dans ses trois premiers films surtout Virgin suicides puis Lost in translation) au sujet assez intéressant mais se dissolvant un peu aussi au contact de sa jeunesse écervelée.
Vaste sujet flaubertien: comment faire oeuvre intelligente à partir de la bêtise la plus pure?
Chabrol y arrivait souvent assez bien.
à ballantrae: merci pour cet effort mais je ne suis pas plus convaincu de l’épouvantable fourberie morale de HK qui semble être chargé de tous les torts qu’on pardonne aux autres… un peu comme on crachait sur Eastwood il y a 40 ans avec DIRTY HARRY considéré film fasciste et moralement douteux (et pas que par Pauline Kael aux USA, ici aussi).
Tiens! ce qui me rappele qu’en revoyant HUSTLE/LA CITE DES DANGERS, je me suis souvenu qu’à sa sortie, le critique de Positif interrogeant Aldrich le questionnait moralement pour avoir montré Burt Reynolds tuant un homme d’un coup de feu puis refaisant feu plusieurs fois sur l’homme pourtant évidemment déjà mort.
ça donnait de mémoire:
« Pourquoi plusieurs coups de feu? L’homme est mort »
« Je ne sais pas, il tire plusieurs fois par réflexe, sans y penser »
« Par réflexe? Mais il sait que l’autre est mort »
« Je ne sais pas. Pourquoi est-ce important? »
Le critique voulait absolument faire valoir qu’il y avait là une certaine complaisance pour la violence.
A la revision,je suis frappé de voir que Reynolds tire sur l’homme une fois, le tue, puis trois fois de suite très vite: ce qui ressort c’est que le flic tire pour rien, certes, mais surtout par soulagement convulsif ayant parlementé (sous la pression que l’homme menace de tuer un otage) pendant cinq minutes avec le forcené, aussi quand il est sûr que le danger n’est plus là, il tire encore quand même, par réflexe nerveux.
A MB
Tout à fait juste et la scène est formidable
SUITE: j’ai fait « envoyez » par erreur… et ça n’indique jamais une complaisance quelconque pour la violence, je pense que si ça avait été le cas le flic aurait tiré bien plus lentement de façon à exprimer une certaine jubilation dégueulasse.
Nous avons tendance à être plus critiques moralement je pense, avec des films récents et qui surtout, touchent à des phénomènes très actuels très proches de nous dans le temps. Le film de Korine dans vingt ans… la vision sur lui sera plus lucide je pense.
à ballantrae: « Vaste sujet flaubertien: comment faire oeuvre intelligente à partir de la bêtise la plus pure?
Chabrol y arrivait souvent assez bien. »
en général c’est les docs qui font ça le mieux. Dans la fiction il faut marquer la distance. Chabrol: Dans LES BONNES FEMMES, à certains moments le public est invité à se régaler de la médiocrité des personnages et à se réjouir de leur être bien supérieur. Je me souviens d’un imbécile parfait qui m’en avait dit avec satisfaction: « ça dépeint bien une certaine médiocrité », il était aux anges… Mais Chabrol s’est affiné après, les invités de LA BETE MEURE sont vus de loin quand ils échangent leurs banalités.
Par contre Bertrand, c’est rigolo mais vous aviez déjà parler de HUSTLE
https://www.tavernier.blog.sacd.fr/chronique-n%c2%b06-091105-stephane-brize-philippe-lioret-john-huston-eric-rohmer-maurice-pialat-karel-reisz-sam-peckinpah-robert-aldrich-jonathan-nossiter-kalatozov-francesco-rosi-simone-signoret/
avec même quelques mots en plus sur Catherine Deneuve qui emmène Burt Reynolds voir UN HOMME ET UNE FEMME. Deneuve, dont je n’ai jamais été fou furieux, y est au sommet de sa beauté tout comme dans L’EVENEMENT LE PLUS IMPORTANT..de Demy, LE SAUVAGE et quelques années plus tard dans le DERNIER METRO. Dans HUSTLE, il est vrai qu’Aldrich lui donne une présence et une importance sentimentale qui nous épargne le syndrome potiche. On lui en sait gré..
De l’importance de revoir les films: à l’époque HUSTLE m’avait semblé banal! HONTE!!! je vois bien maintenant l’importance des cadres ou des décors qui enferment. Et Burt Reynolds a des phrases ttes simples qu’il n’a pas dû prononcer souvent: « On ne pourrait pas avoir de la compassion pour un type qui voit le monde à travers un filtre rouge? » (à propos de l’albinos). Ce film attaque à fond le thème de l’influence honteuse des puissants ou des gens reconnus socialement, avec justement leur contraire: celui qui n’est « rien » qui a juste fait la guerre et en est ressorti diminué: le personnage de Ben Johnson (un rôle en or pour sa fin de carrière) dont on croit qu’il va juste disparaître après sa 1ère scène mais prend de l’importance en menant une enquête parallèle! De plus le scénario de Steve Shagan piétine un cliché: le méchant notable joué par Eddie Albert, excellent, n’est pas coupable de meurtre de la fille de Ben! bien sûr il l’est quand même et le serait même sans l’attentat à la bombe (à mon avis une erreur, elle est de trop et noircit inutilement le personnage, bien assez salaud comme ça). Ce film est un parallèle en plus léger et incisif de HARDCORE. Tous les acteurs ont leur chance dans ce film car Aldrich les dirige vraiment: voyez Eileen Brennan, vraiment touchante, plus intelligente que son mari, mais l’aimant vraiment (j’aurais bien voulu qu’elle lui rende sa gifle quoique). J’ai juste un doute pour Deneuve qui s’en sort bien mais call-girl quand même ça passe pas?! bon j’ai peut-être des clichés dans la tête!
Bertrand vous pourrez dire à Leonard Maltin qu’il a rien compris: « BOMB » dit-il hélas.
À Bertrand Tavernier : je fais peut-être l’erreur de penser qu’un spectateur est capable d’une lecture à plusieurs niveaux. Certes il faut faire attention avec les armes à feu. Eastwood soutient Trump il me semble. Sincèrement, pensez-vous que les psychopathes qui ont voulu imiter tueurs nés de Stone, ne seraient pas passer à l’acte sinon?
A jean charles grisham
Eastwood soutenait déjà Bush mais pas l’invasion de l’Irak et pas la NRA. Cela dit il commence à déconner.
On ne peux pas savoir s’ils ne seraient pas passés à l’acte sans le film mais comme le fait remarquer John grisham, ils ne seraient peut être pas passé à l’acte s’ils n’avaient pas rencontré telle ou telle personne qui sont du coup accusées de complicité. Pour un film c’est la même chose. TUEURS NÉS est un cas limite
Autant je peux souscrire à la théorie de la rencontre de deux personnes bien dérangées et sombres qui déclenchera le crime, autant je suis très dubitatif sur la rencontre d’une personne bien dérangée avec un film. Le modèle était Tueurs nés, mais s’il n’y avait pas eu ce film, il y en aurait eu un autre. Ce qui ne veut pas dire que les cinéastes doivent faire n’importe quoi et ne sont responsables de rien. On fait je trouve des procès parfois un peu faciles, qui pourraient avoir pour conséquence l’autocensure, la trouille d’aller vraiment au bout de ses idées.
à Bertrand: « mais comme le fait remarquer John grisham, ils ne seraient peut être pas passé à l’acte s’ils n’avaient pas rencontré telle ou telle personne qui sont du coup accusées de complicité. Pour un film c’est la même chose. » C’est à dire que tel ou tel film peut jouer le rôle d’un complice décisif rencontré dans la vie? Je ne suis pas d’accord. Je pense que vous exagérez le pouvoir du film. Un film peut à la rescousse conforter un sentiment collectif (peut-être individuel) comme LE JUIF SUSS l’a fait pour l’antisémitisme mais quant à le créer il en faudra des couches successives de JUIF SUSS (des suites et des fils du… et des retours du…). Quant aux personnalités qui se font gardiens de la morale, ils voient surtout là une façon de se dédouaner (Tarantino) des accusations d’immoralité dont eux-mêmes sont accusés ou veulent se poser auprès du public comme des personnes du bon côté de la barrière morale (Grisham?). Vous trouvez que la séquence DeNiro-Jackson face aux pubs des girls with guns dans JACKIE BROWN est dédouanée à cause d’un certain 2ème degré? Tarantino se moque de nous quand il attaque SPRING BREAKERS (et quand il attaque Ford… bon…). La complaisance envers les armes est anecdotique dans le Korine. Quand vous attaquez Burgaud là, ça fait du bien on applaudit mais je ne vous ai jamais vu vous poser en gardien de la morale. Ce n’est pas qu’il ne faudrait pas le faire mais il faut savoir où est la limite et avancer très prudemment et ne pas souligner un film mais une mode générale d’où viendrait le film.
Le cas de SPRING est assez curieux: sur Arte il est présenté à la fois (article non signé) comme voulant exploiter le courant « pop » et comme accusateur car dénonçant le côté anesthésiant du même. C’est peut-être vrai que Korine ait joué sur les deux mais le 1er aspect est si vite expédié que j’y vois juste une façon de cerner le problème.
A MB
Ce n’est pas la morale. C’est une façon morale de filmer. Quand je suis sorti de TUEURS NÉS, il y avait trois ados qui se sont arrêtés devant une boutique dans un passage des champs elysées où il y avait des armes : « of c’est dommage, il y a pas les flingues du film » – « Celui qu’avait Juliette Lewis était super… J’adorerai en avoir un comme ça. Tirer avec ca, ca doit être du bonheur – « tu te rends compte la trouille qu’ils foutent aux gens et tous ceux qui te débectants, hop, c’est fantoche » ». Et comme cela pendant cinq minutes. Je n’ai jamais entendu des réactions comme cela après un Walsh, un Scorsese, un Mann
à Bertrand: bon, nous ne nous éterniserons pas mais vous savez je défendais plus le Korine que le Stone que je n’ai pas vu parce qu’il me paraissait suspect (et plus à cause des soi-disant trouvailles de style vantées par Lelouch (« un film révolutionnaire ») que par sa morale). Je juge le Korine comme un film certes n’allant pas jusqu’au bout de ses enjeux mais les ayant mis en place honnêtement. Il me semblait que HK avait bien posé ses bornes, en me répétant: les abandons de deux des quatre filles, les coups de fil aux parents sur lesquels il n’était pas obligé de s’étendre sauf à montrer comment ces rêveuses intoxiquent leurs parents par d’autres mensonges: le faux entraîne le faux, et la bousculade de la chrono qui accentue le côté rêvé. Je vous en prie, revoyez SPRING dans des bonnes conditions, si vous le détestez toujours je vous promets de ne pas y revenir! (au bout d’un certain temps j’abandonne!).
« Analyse séduisante mais j’ai peur qu’elle soit un tantinet abstraite et idéaliste. La méfiance, la haine de ce qui est étranger est énorme aux USA (voir le score de Trump) et toute une partie du public ne verra jamais le second degré. Des cinéastes comme Pollack, Eastwood, Soderbergh ont répété qu’il fallait faire attention dès qu’on filmât des armes à feu. Là, vous êtes obligé de haïr les araignées (« c’est un des rares alien disait un critique qui n’a AUCUNE EXCUSE, AUCUN TRAIT RÉDEMPTEUR). Je me souvient d’une tirade très violente d’Abraham Polonsky contre le soi disant second degré de certains films (qu’ils commencent par avoir un vrai premier degré et le courage d’exprimer leurs opinions) qu’il voyait comme un alibi (il pensait à FIGHT CLUB) »
Si une partie du public n’est pas capable de comprendre le second degré (qui est pourtant évident dans le film), ce n’est pas au réalisateur de s’auto censurer. Si on devait n’avoir qu’une réaction unilatérale sans sous texte ni subversion, il n’y aurait pas beaucoup de films. Perso, j’ai davantage de sentiments pour les arachnides qui sont des victimes que pour les marines que Verhoeven prend là, vraiment plaisir à dézinguer. C’est une parodie de propagande, c’est d’ailleurs le principal sujet du film et Verhoeven a le génie non pas d’en faire une simple dénonciation mais de l’utiliser pour que les spectateurs se posent les bonnes questions et si les gens tombent dans le panneau, il faudrait qu’ils se posent des questions. J’ai jubilé lorsque Noiret bute Marielle ou Eddy Mitchell dans Coup de torchon. Et pourtant je ne vous considère pas comme quelqu’un d’irresponsable.
A Bertrand Tavernier et Jean-Charles Freyçon
Sur Starship Troopers :
Vous citez un critique selon lequel les araignées du film sont « un des rares alien qui n’a AUCUNE EXCUSE, AUCUN TRAIT RÉDEMPTEUR ».
Pardonnez-moi mais j’invite chacun à une nouvelle vision de ce film, qui décidément continue de faire discourir presque 20 ans après sa sortie. Une vision attentive suggère au contraire que ce sont les terriens qui sont les envahisseurs et que les araignées sont en état de légitime défense. Verhoeven a d’ailleurs confirmé ce point me semble-t-il.
Le film étant tourné du point de vue de nazis, l’idée selon laquelle les araignées se défendent de manière légitime est mentionnée comme une propagande gaucho-révolutionnaire à éradiquer. Mais elle est bien présente dans le film, il n’y a aucun doute.
On peut reprocher à Verhoeven dans ce film comme dans Showgirls, d’utiliser ce qu’il dénonce, à savoir ici la propagande totalitaire, dont le film est une évidente satire. Ce n’est pas mon point de vue, mais je comprend qu’on pense que c’est irresponsable, car c’est prendre le risque de ne pas être bien compris par tous. Mais en revanche, je pense que les intentions de Verhoeven sont claires et inattaquables.
Complément essentiel Pierre, merci d’avoir développé.
à Pierre: Juste. Vous et JCF avez des arguments pour défendre STARSHIP mais notez que peut-être, Verhoeven n’est pas assez clair, ce qu’il montre ne devait-il pas le montrer avec une caméra stabylo?
j’avais noté en effet entre autres à cause de la mixité du service militaire (et de la mixité des douches!) que ça induisait chez les terriens un monde asexué adorateur du corps pur de tout sexe, et de la force guerrière, et vaguement fasciste mais je n’étais pas allé plus loin, tiens c’est vrai les terriens sont les envahisseurs!
A MB : une caméra stabilo, quelle merveilleuse idées. Ou alors des sous-titrages explicatifs, comme il y a des notes en bas de page.
à JCF: tiens, j’avais pas remarqué que vous vous foutiez de moi là, ça va pas se passer comme ça par ma barbe.
MB : non non, j’étais sérieux, comme bien souvent, la caméra stabilo est improbable, mais les sous-titres didactiques sont tout à fait envisageables.
à JCF: OK so I hold my horse and keep my handgun in my holster, cow-boy! no hard feeling comme disait Colorado (il ajoutait « poil au nez »).
on devrait les prévoir pour les films de David Lynch LES ST explicatifs, remarquez c’est le rôle des bonus.
et à part Lynch, certains films pourraient les ajouter aussi, il y a souvent des scènes explicatives qui sautent au montage pour accélérer le rythme. mais je m’éloigne de STARSHIP TROOPERS… pour celui-ci ce serait pour préciser la position du réalisateur (mais je viens de le revoir je vous en reparlerai).
MB : oui, pour Starship Troopers, pendant la scène vers la fin où la reine des arachnides est martyrisée en mondovision on pourrait sous-titrer : notez, cher spectateur, que c’est la seule scène ouvertement sexuelle du film et qu’il s’agit d’une scène de torture et de viol… de la vaincue. Notez aussi que l’on peut en rire grassement et sans honte (car la scène est comique) et interrogeons nous sur ce rire.
« Par ailleurs on peut voir sur le site de Steven Soderbergh, son remontage de Heaven’s Gate qui est passionnant. »
http://extension765.com/sdr/16-heavens-gate-the-butchers-cut
à Bertrand: vous avez fait mouche avec votre mise en avant de L ENLEVEMENT DE MH! il y a gros à parier que comme moi, des bloggeurs qui ont adoré le film avaient évité de le voir à cause de la personnalité de MH qui je trouve fait un peu trop dans le peoplisme. Sa réflexion sur le Goncourt dont il serait la moindre des choses qu’il lui fût attribué disait-il alors qu’on attendait le verdict, m’avait ulcéré. Comme quoi les choses ne sont pas si simples etc. etc.
Un autre film que je n’aurais jamais été voir sans vous: LES CLEFS DE BAGNOLE de Baffie (tiens! il n’a jamais recommencé).
A MB
LES CLEF DE BAGNOLES, franchement je trouve que tout le film contient dans la bande annonce. En revanche, si comme moi vous adorez le football, c’est la bonne période pour revoir GREGOIRE MOULIN CONTRE L’HUMANITE, comédie singulière, et hilarante, qui se démarque de toutes ces comédies pas drôles et qui pourtant remplissent les salles. Un rendez-vous amoureux sans cesse empêché à cause d’une rencontre de foot, des supporters déchainés dans les rues de la ville, où on entend des répliques telles que « -J’aime pas le foot. -Pourquoi ? Tu es pédé ? » où on peut assassiner un type parce qu’il a cassé la télé qui retransmet le match. Le penchant burlesque de A MORT L’ARBITRE.
je hais le foot mais note le film quant aux CLEFS il y a plus que la B.A. hein? déjà Daniel Russo est bon. On a pas tte sa prestation dans la BA. Tiens rien à voir mais le petit frère est excellent dans ANGELE ET TONY, dites-lui qu’il peut affronter les figures grandioses de Mitchum, Bogie et je ne sais quel gros dur de l’underplaying des films hardboiled du cinoche américain ou autre. Perso en tant que bandit, s’il me coince dans un coin de rue moi je crache tout no risk avec ce mec-là! Il m’a fait bien rire dans l’interview par A Delaporte où elle les lui brise à lui faire admettre qu’il n’était pas à contre-emploi! Tous les grands acteurs sont à contre-emploi bon dieu, elle pouvait pas lui foutre la paix celle-là ah! sur le gril le Grégory! Ceci dit on lui pardonne car elle a réussi un faire un film avec de l’émotion en se permettant de jouer sur la cassure de l’émotion, bon, j’ai plus l’exemple mais y’a un moment sur le bateau où il regarde au loin en tentant d’ignorer la femme qui l’intimide alors que le frangin les regarde ts les 2 et pige, Alix aurait pu exploiter plus mais coupe brutalement. mais y’a un autre exemple qui est mieux mais je sais plus. Il y a aussi la scène d’amour où elle méprise les préliminaires qui sont le cliché de l’émotion érotique le moment précis où on glisse et bien non: en pleine action dés le début du plan (un parallèle avec le tt premier plan du film assez chaud itou). Ah si je retrouve le moment que je voulais dire.
Qqn a emprunté LE DERNIER COUP DE MARTEAU damned j’espère que c’est pas le genre à mettre 3 mois à voir un film et le rendre!
ANGELE ET TONY: qqs scènes sont inoubliables: celle où la mère et Tony parlent d’Angèle qui ne les entend pas un walkman sur les oreilles, ou les scènes où elle commence à s’intéresser au boulot, à la fête des fleurs etc. (la mémoire me revient) dans lesquelles Delaporte aurait pu faire monter la musique mais des clous elle préfère un peu de sècheresse méfions-nous de l’émotion. Grand film.
A MB
Tout a fait d’accord
Sachez que Laurent Baffie à mis plus de dix ans à rembourer l’emprunt afin de tourner son film.Chat échaudé,craint l’eau froide.Regardez aussi François Ruffin avec l’excellent »Merci Patron ».Il à été obliger de lancer une souscription pour financer le film.Les producteurs-financiers,les régions et les départements se mouillent de moins en moins quand il s’agit d’oeuvres qui dérangent.J’aimerais bien tourner un documenteur sur Vincent Bolloré ou sur les familles Dassault,Peugeot ou Amaury….
« C’est un des seuls films des années 60 qui parle de la classe ouvrière, de personnages populaires oubliés par la Nouvelle vague ».
« Masculin Féminin » parle du monde ouvrier, et « Vivre sa vie » du lien entre pauvreté et prostitution… « Les 400 coups » nous parle d’une famille de classe (très) moyenne vivant dans un 2 pièces. Quant au « Parapluie de Cherbourg », Demy nous montre un mécanicien qui souhaite ouvrir une station d’essence. Et c’est d’ailleurs son statut de « petit ouvrier », + l’absence à la guerre, qui décide son amoureuse à aller avec le riche. La double peine.
à DAUBEUF: il y a forcément des exceptions.
Et si on doigt pointer les prolétaires du cinéma, il y en a sûrement moins aujourd’hui que dans les années 60, le népotisme s’exprimant dans les domaines artistiques autant, sinon plus, qu’ailleurs. Après s’être farci les films des parents, on doit se taper ceux des enfants, et pour certaines dynasties, des petits enfants. Il y a bien le gars qui a fait Mesrine, dont on sent les racines ouvrières dans UN MOMENT D’EGAREMENT, autant qu’on les sentira dans le prochain Mel Gibson où il a repris le flambeau de Richard Donner. Message inutile mais comme je l’ai écrit, je le poste, allez hop !
Et si on « doigt » allons bon !
A Patrick: je propose : » Si on doigt poingter », qu’en dites-vous ?
Ou même : « Si on pointe du doigt … »
Eh alors on attend pas Patrick.Pauvres de vous qui laissez Patrick seul sur cette ile abandonné!!!!Ou là je m’égare un peu le pastis fait son effet.Stop demain j’arrète de boire(de l’eau bien sur)!!
à Bertrand: Brion va passer des films pre-code, connaissez-vous THE DARK HORSE, et DANGEROUS (qu’un bloggeur a loué ici:
https://www.tavernier.blog.sacd.fr/des-westerns-des-losey-un-tourneur/#comment-575630 ), tous deux de Alfred E Green? Il y a aussi UNDER 18 de Archie Mayo, les autres vous en aviez parlé: BABY FACE et SMART MONEY (DOORWAY TO HELL est passé dimanche dernier)..
A MB
Je n’ai pas vu les deux premiers
A Bertrand:Tout d’abord j’ai une pensée pour Abas Kiarostani cinéaste Iranien qui vient de nous quitter à Paris.Deux films à conseiller à tous: »Le gout de la cerise » puis »Le vent nous emportera ».Un homme engagé qui à fuit son pays dès 79 et qui laissera des oeuvres d’auteur fortes et plein de vérités.Hier j’ai vu « Gaspard de Besse »tiré d’une légende provençale du 18ème siècle.Scénarisé et dialogué par Carlo Rim,le film à été réalisé par André Hugon à qui l’on doit le premier film parlant français tourné à Londres en 1929.La mise en scène écrasé par quantités de décors est brinquebanlante et manque d’élan.Les acteurs statiques ont un jeu théatral assez ridicule.Meme le grand Raimu ou André Berval autre vedette de l’époque n’arrivent pas à tenir le spectateur en haleine.On connait peu de films d’Hugon surtout la partie muette!!!!
à Rouxel:
« OU EST LA MAISON DE MON AMI » et « LE VENT NOUS EMPORTERA » sont effectivement deux chefs-d’œuvre, deux des meilleurs films de Kiarostami, mais les avez vous vraiment vu? Dans ce cas vous n’écririez pas que Kiarostami a fui son pays, l’Iran, qu’il n’a en fait jamais quitté. Voici un extrait de Wikipédia:
Kiarostami reste en Iran après la révolution — alors que certains autres réalisateurs iraniens s’enfuient en Occident. Il considère cette décision comme l’une des plus importantes de sa carrière. Kiarostami pense que sa nationalité et le fait de rester en Iran confortent son savoir-faire de réalisateur :
« Si vous prenez un arbre qui est enraciné dans la terre et si vous le replantez en un autre endroit, l’arbre ne produira plus de fruits, dit-il, et s’il le fait, le fruit ne sera pas aussi bon que s’il était dans son endroit originel. C’est une règle de la nature. Je pense que si j’avais fui mon pays, je ressemblerais à cet arbre. »
à Mathieu: OU EST LA MAISON et CLOSE-UP sont pour moi les plus intéressants, en ajoutant LES ELEVES DU COURS PREPARATOIRE (OU LES PREMIERS), un doc très émouvant et drôle sur la rentrée scolaire dans un grand collège public iranien. J’en avais parlé déjà il faudrait que je le fasse parvenir à qui ça intéresse. Ce film est tout désigné comme bonus d’un dvd d’un film de AK aux dernières nouvelles il est entre les mains peut-être de Canal+. J’aime moins les films plus ambitieux et récents, je ne comprends rien (mais alors, que dalle!) au film avec J Binoche COPIE CONFORME, ça doit être trop subtil pour moi! Les histoires d’amitiés enfantines qu’on trouve dans OU EST LA MAISON et LES ELEVES, ça c’est clair comme de l’eau de roche j’aime!
A MB
Entièrement d’accord. Il y a aussi LE GOUT DE LA CERISE
à Rouxel: je ne comprenais pas pourquoi Mathieu vous répondait ça mais je vous ai relu: « fui son pays dés 79 ». 79 ça me paraît un peu tôt en effet. Vous vous rendez compte tous les films qu’il a tournés en Iran après cette année? Il a dû s’exiler plus tard il était prof à la Femis.
à Bertrand: eh bien je suis très content de ne pas me faire traiter de « cinéphile popcornien basique » à préférer les 1ers films de AK! COPIE CONFORME faut se le farcir, sa qualité c’est d’être moins long qu’un film de Béla Tarr, on s’emm… moins longtemps, quoi.
J’ai loupé LE GOUT DE LA CERISE mais pour ne pas généraliser sur ses films + récents, j’avais trouvé pas mal LE VENT NOUS EMPORTERA dans lequel le héros, un citadin, déboule en pleine campagne dans un bled suite à un décès familial et est régulièrement saisi d’une bougeotte hystérique dés qu’il reçoit un coup de tel sur son portable car bien sûr la zone de réseau de portable est en-dehors du village et près d’une tombe creusée par un fossoyeur avec qui il tient des conversations régulières sans qu’on puisse apercevoir ce dernier au fond de la fosse! et le fossoyeur est bavard bien que dur à la tâche! Bon j’espère que c’est pas moi qui exagère par le souvenir.
à MB:
Kiarostami ne s’est jamais exilé, il vivait à Téhéran mais voyageait beaucoup et a tourné des films à l’étranger, COPIE CONFORME en Italie et LIKE SOMEONE IN LOVE au Japon, que je n’ai pas vus. Je vais voir COPIE CONFORME mais je ne serais pas déçu car je n’en n’attends rien. j’aime déjà moins TEN, tourné en vidéo, mais ça reste quand même un film intéressant. Les films de Kiarostami gagnent à être vus plusieurs fois, quand j’ai découvert ses films (avec AU TRAVERS DES OLIVIERS) je trouvais ça original et intéressant mais je ne mesurais pas l’importance de ce cinéaste. Ce qui m’en a fait comprendre l’importance, ce n’est pas la critique que je ne lisais pas à l’époque et à peine aujourd’hui et que je trouve souvent à côté de la plaque (en général, mais particulièrement à propos de Kiarostami) mais le fait de revoir ses films, qui agissent en profondeur et changent vraiment la façon de voir la vie, ce qui est le but de toute œuvre d’art.
A Mathieu
J’avais oublié à travers les Oliviers
à Bertrand:
Et les premiers films aussi sont très bien, LE PASSAGER et le moyen métrage LE COSTUME DE MARIAGE et contiennent en germe les films suivants, l’œuvre de Kiarostami est une des plus cohérentes de l’histoire du cinéma. Et il y a ses scénarios pour d’autres réalisateurs, comme LE BALLON BLANC et SANG ET OR, tous les deux de Panahi (Kiarostami disait quelque part qu’il ne pouvait tourner qu’un scénario inachevé, ouvert, quand un de ses scénarios prenait une forme trop achevée, il s’en désintéressait et le laissait à d’autres metteurs en scène).
Et son court métrage Le pain et la ruelle est absolument magnifique comme ensuite moult films « pédagogiques » comme Devoirs du soir mai j’y reviendrai.j’ai eu la joie de rencontrer AK il y a quinze ans et de ne pas trouver la statue du commandeur que semblait esquisser la critique française mais un homme simple, d’un abord agréable, humain et profond.
D’accord avec vous Bertrand, L’enlèvement de Michel Houellebecq est l’un des films français les plus réjouissants vus dernièrement. Je trouve Nicloux souvent intéressant, malgré une tendance au sordide. la narration de La clé m’avait impressionné et Valley of love contient de beaux moments même si j’avoue que la fin m’a un peu déçu.
Nicloux: les deux polars avec Balasko sont mémorables (CETTE FEMME-LA et LA CLEF), HOLIDAY m’avait paru jouer de l’incongruité trop fortement. Je dois voir UNE AFFAIRE PRIVEE et le dernier qui n’est pas passé chez moi et LE CONCILE.
A MB
Le Concile c’est loupé
A Bertrand: dommage ça fait envie, bon je le verrai quand même:
« Cauchemars et hallucinations autour des origines de son fils plongent Laura dans la folie. L’atmosphère prime sur l’action. »
(médiathèque)
Je conseille à tous de voir une création originale diffusée sur Canal en 2011,réalisée et co-scénarisée par Guillaume Nicloux. »L’affaire Gordji »revient sur les attentats perpétrés en 86 et 87 à Paris mais surtout sur la co-habitation Mitterrand-Chirac.Michel Duchaussoy campe un Mitterrand fatigué par le pouvoir,malade mais qui reste d’une grande lucidité face à la violence des attentats,l’enlèvement de Français au Liban ainsi que la vente d’armes à l’Irak.J’ai eu la chance de croiser ce comédien sur un tournage à Toulouse.Il me raconta ,comment il fut choisi pour doubler Marlon Brando sur »Le parrain ».Le directeur de plateau lui demanda de se mettre des morceaux de coton dans la bouche afin d’avoir une voix cassée.Le résultat fut une épreuve pour Michel Duchaussoy.Thierry Lhermitte est dirigé pour la 3ème fois par son pote Nicloux et compose un Chirac crédible voire didactique face à Baladur,Pasqua,Pandraut ou Léotard.Le point faible du film vient en partie du manque de reflexion et de recul sur les enjeux politiques et stratégiques entre Mitterrand et Chirac mais il démontre de façon consternante que les deux personnages se compléter à merveille.Mitterrand était sous ses airs détachés,un renard rusé et fourbe(une espèce de Robespierre du 20ème siècle)qui cachait bien son jeu en jouant sur son cancer de la prostate dès 85.Pourtant en 88,c’est lui qui remporta son deuxième mandat au grand dam de la droite.Le dvd est sorti chez Canal et trouvable facilement.
Je pense qui les conseiller à tous de voir ou revoir le tryptique de Nicloux dans l’ordre de sortie des films sinon on est largués par les deux personnages récurrents:le détective Manéri(Lhermitte)puis la capitaine Varin(Balasko).La clef est à mon avis le film le plus aboutie au niveau de la narration et du suivi de l’histoire qui bascule entre les années 70 et 90.Quel casting quand meme:Rochefort,Cornillac,Le Bihan,Paradis,Clavel,Nahon et tous ceux que j’oublie.
J’ai revu avec de la distance »Cette femme là »co-produit par Little Bear et TF1.Le scénario est assez alambiqué et il y à des moments ou on comprend plus rien avec tous ces flash-back.Balasko campe de façon saisisante cette capitaine de police marqué par la mort de son fils.Le deuil,la mort rode souvent dans les films de Nicloux et les personnages sont torturés par la vie qui les broient.La musique d’Eric Demarsan est d’un lyrisme de haute tenue puis comme il explique dans le bonus il y à un thème récurrent qui revient avec le personnage de Balasko.Selon le compositeur, Nicloux est un metteur en scène discret qui ne parle pas beaucoup sur un plateau.Quand il voulait une musique plus prégnante et glauque,il le faisait savoir à Demarsan.
Je viens de voir ENEMY mais un sérieux manque de sensibilité et un déficit de QI hors du commun m’a interdit de juger ce film autrement qu’étant complètement idiot (et ennuyeux au bout de 30′).
Cependant, je vous recommande un bonus étonnant par un jeune mr Loyal doté d’un débit qui ferait honte à JB Thoret et d’un ton « mode » tel que celui utilisé dans les « sujets » de TV à la page. L’individu nous explique tout le mystère du film par 1 + 1 =2 et j’ai éclaté de rire au comique involontaire affiché. Effectivement, à la fin du laius de 10′ on comprend tout avec une seule conclusion: « et alors? ». En fait je n’ai jamais vu un film vraiment réussi qui traite d’un personnage tentant de vivre une autre vie en s’imaginant qqn d’autre. WALTER MITTY, LA ROSE POURPRE etc. FIGHT CLUB si mais sauf qu’à la revision ne tient pas trop le coup, film brillant cependant, le meilleur du genre.
J’espère qu’après la fin de PROJECTION PRIVEE et de RONDE DE NUIT de Olivier Le Borgne:
http://www.francemusique.fr/emission/ronde-de-nuit/2015-2016/good-night-and-good-luck-06-26-2016-00-00
> la relève de l’exégèse du cinéma ça va pas être ce genre de gugusse du bonus de ENEMY! damned!
> par ailleurs dans le film de Villeneuve me semblent très mal intégrés le symbôle lourdingue des araignées, ni l’histoire du club privé…
> je demande pardon à tous ceux qui ont aimé le film de Villeneuve mais pas ceux qui aiment le bonus du dvd et expliquez-moi que j’ai loupé qqch au film (pas dans la signification, ça j’ai compris grâce à mr Loyal) dans l’enjeu, quel est l’enjeu quoi..
>
à MB:
C’est vrai que les films montrant la vie imaginaire d’un personnage sont rarement satisfaisants. J’ai essayé de voir il a peu BILLY LIAR de John Schlesinger (avec Tom Courtenay)et je ne suis pas allé jusqu’au bout… Il y a aussi LES BELLES DE NUIT de Clair et RUDE JOURNEE POUR LA REINE de René Allio (avec Signoret), mais ça fait trop longtemps que je les ai vus pour en avoir un avis. Et j’oubliais LE MAGNIFIQUE de Philippe de Broca, mais tous ces films sont des comédies alors que THE ENEMY a l’air terriblement sérieux… J’ai vu aussi il y a quelque temps un film égyptien récent, très intéressant et plutôt réussi, DECOR, dirigé par Ahmad Abdalla, qui raconte l’histoire d’une décoratrice de cinéma, faisant un métier qu’elle aime, vivant avec l’homme qu’elle aime (lui même travaillant dans le cinéma), qui travaillant au décor d’un film se retrouve enfermé dans celui-ci et dans une vie parallèle, qui est celle qu’elle aurait eue si elle s’était mariée à son ancien copain de fac, type très gentil mais falot et dont elle n’était pas amoureuse. Suit une série habile de va-et-vient entre la vie réelle et la vie imaginaire où l’on finit par ne plus savoir très bien laquelle est la vraie. Dans les deux vies elle finit par aller (à chaque fois avec son conjoint, le vrai et l’imaginaire) consulter un psychiatre, qui à chaque fois a une explication différente aux troubles de sa patiente. Le point fort est que la vie imaginaire est beaucoup plus terne que la vie réelle, beaucoup plus conformiste mais plus paisible (dans la vie réelle elle travaille beaucoup et vite et est au bord du « burn-out », ce qui expliquerait ses problèmes). Son imaginaire est aussi nourri par les vieux films égyptiens en noir et blanc qu’elle n’arrête pas de revoir… Un film original, peut-être pas totalement abouti, mais à la fois intelligent et sensible, formellement ambitieux mais sans maniérismes.
à Mathieu: le sujet de la double vie rêvée d’un personnage est un faux bon sujet, qui pousse le cinéaste à mépriser celui-ci (je veux dire le personnage mythomane ou rêveur), il me semble que LA ROSE POURPRE DU CAIRE était mysogine, le personnage de Mia Farrow était vu avec condescendance par un réalisateur tellement mais tellement lucide, lui. Allen dans d’autres films, a souvent le goût de prendre de la hauteur sur ses personnage avec clin d’oeil au public: « voyez cette pauvre fille, ni moi ni vous public n’êtes comme elle, n’est-ce pas? Nous avons les pieds sur terre, nous ». Dans ce genre de film, le spectateur apprécie de voir qqn se perdre dans le piège d’illusions que lui spectateur éviterait bien sûr. J’ai toujours trouvé douteux ce genre d’histoires, sauf que je n’ai jamais vu le Allio qui atteint ss doute d’autres hauteurs.
Sinon je me joins au bloggeurs qui remercient Bertrand pour avoir poussé les retardataires à voir LA VIE REVEE DE M HOUELLEBECQUE » jamais je n’aurais été voir ça sans celà. C’est poilant. Est-ce que ce n’est pas un remake-variation du sketch RANSOM OF RED CHIEF de Hawks? oui, très libre, hein?…
A MB
Il n’y a pas, je crois, de condescendance de Woody Allen, vis à vis du personnage de Mia Farrow mais une réelle empathie. Elle est une Madame Tout le monde que l’aspect rétro de l’évocation fait particulièrement ressortir mais dans laquelle chacun peut se reconnaître. On retrouve là un fatalisme allenien assez poignant ici mais point de mépris. Comme vous diriez.. pas taper!
HOUELLEBECQ! (mes confuses)
à MB:
l’attitude supérieure vis à vis des personnages, c’est le cas de BILLY LIAR et c’est justement ce qui m’a irrité et fait décrocher. J’aimerais bien revoir RUDE JOURNEE POUR LA REINE qui échappe je crois à ce défaut tout en préservant un élément de comédie et de fantaisie. Quant au film égyptien DECOR que j’ai très mal résumé (pas facile il est vrai), c’est un drame qui évacue justement l’ironie et la distance surplombante. Le film (de 2014) n’est apparemment pas sorti en France et c’est dommage (je l’ai vu dans un avion, sous-titré en anglais).
à AA: Il m’a semblé que Mia était poussée de trop dans le sens de la niaiserie. Vous trouvez que le point de vue du cinéaste n’est pas un point de vue de moraliste supérieur ici? J’ai vu mieux de Woody. Que l’on mette en scène un héros faible très bien, mais là elle est chargée de façon caricaturale soit par direction d’acteurs soit par miafarrowisme! Je ne vois jamais d’empathie pour les personnages chez Woody Allen, en général, comme chez Hitchcock d’ailleurs.
Dans un autre genre revoir SLEEPER ou WOODY ET LES ROBOTS est absolument réjouissant, c’était la grande époque, Diane Keaton y est sublime elle savait délirer, elle.
à Mathieu: ah vous voyez les films dans des avions avec des st anglais comme tout le monde, quoi je vois, je vous croyais plus original. Je vais gratter un peu pour ce film ça m’intrigue.
A MB
« Vous trouvez que le point de vue du cinéaste n’est pas un point de vue de moraliste supérieur ici? »
Oh non, c’est un film de poète, là, plus que de moraliste. C’est une rêverie cinéphilique au scénario splendide, chargée de gags superbes,de mélancolie avec une pointe de tragique.
« J’ai vu mieux de Woody. »
Et moi, sincèrement, peut-être aussi bien, mais mieux..non.
à AA: je pensais « mieux » pour RADIO DAYS, ZELIG ou INTERIEURS. Aucun des ses films récents ne m’a séduit.
J’ai enfin vu ce petit bijou sorti en 2014.Mais quelle idée géniale à pousser Nicloux à proposer ce scénario à Michel Houellebeck.Il à un coté candide,c’est un enfant fragile qui fume un peu trop,qui picole pas mal mais qui à une véritable étoffe face à ces « pauvres »Finkelkraut,Lévy et meme Onfray le nombriliste des médias.Je ne veux pas raconter ici la trame du film mais la fin dans les dialogues entre Michel et Lionel Scharz est grandiose et d’une grande lucidité sur l’Europe.La démocratie c’est le futur,en dehors de La Suisse,Michel ne voit aucun pays vraiment libre.Et surtout pas les Pays bas ou la Suède ou on à pas le droit de penser tout haut ce que l’on murmurre tout bas.Chapeau à Nicloux.
A Rouxel
Mais il avait deja filmé Houellebecq dans son telefilm avec Lhermite où il faisait le chef des Services Secrets français
« L’affaire Gordji, histoire d’une cohabitation » en 2012.
Ne parlons pas de « fin » de Projection SVP!
Comme c’est la seconde fois que j’entends parler de fin de l’émission Projection privée de Michel Ciment, j’aimerais savoir comment vous avez eu vent de cette info dont je ne trouve pas trace.
C’est scandaleux que l’un des derniers créneaux cinéma sérieux du PAF disparaisse ainsi à l’occasion de l’été!!!
Je crains si c’est vrai de n’écouter plus que très occasionnellement les programmes de Radio France au vu de tous les changements désastreux de ces dernières années, je pense notamment à l’éviction de Mermet ou à l’élimination de Thoret sans remonter plus loin…
A Ballantrae
Beaucoup de gens m’en ont parlé et il faut envoyer des réactions. Nous patins la redevance et ces émissions marchaient et pour Meyer cartonnait. Cela témoigne d’un immense mépris pour les auditeurs qui sont un peu liés financièrement à ces émissions
à Bertrand: envoyer des réactions vers chez qui? Sur le site de l’émission? il nous faudrait le mail de la directrice!
A MB
Il doit y avoir une boite mail sur le site de France Inter puisqu’on cite des réactions d’auditeurs
On en revient à « l’enlèvement de Michel Houellebeck »ou l’écrivain nous conseille de ne plus voter mais que le peuple organise une votation nationale sans le soutien des politiques.Je pense qu’en envoyant des mails ou des courriers à la direction de Radio France puis de Rance Culture(c’est toujours le frère de PPDA qui tient la baguette,je crois)qu’on arrivera à sauver un peu de culture sur les radios publiques payées par la redevance.Eh oui on préfère donner un peu plus d’argent à Ruquier afin de relancer »Mardi cinéma »sur la 2!!!!!!!!!!!!
A Rouxel
Non, plus depuis longtemps, c’est Sandrine Treiner
Il se passe des choses sur france2, service public, scandaleuses, rouxel. Vraiment ils confient un mardi cinéma à ruquier ?
Certains prime time financeraient à eux seuls une saison du cinéma de minuit, « je ne crois pas me tromper hélas ».
J’ai envoyé un mail mais aucune réponse à l’horizon!
Ils ont aussi un numéro de téléphone non surtaxé:
01-56-40-30-00
Du lundi au vendredi de 9h30 à 13h30 je crois.
Je commence à les embêter avec cela dès lundi et vous invite à faire de même.
Interview de 8′ de S Treiner sur la page du médiateur, beaucoup de gaieté mais propos en désordre, rien sur P Privée ce qui veut dire? Le sujet en est la nouvelle grille de rentrée de FC selon le chapeau et en sous-titre « les matins de FC »? ce n’est pas vraiment structuré, impossible de savoir si les changements annoncés sont les seuls. Rien ne vaut le texte par rapport au blabla pour ce genre de sujet. Tout simplement qu’on nous montre la future grille!
Sans doute nos réactions doivent-elles être adressées par le formulaire du médiateur:
http://mediateur.radiofrance.fr/chaines/france-culture/rentree-france-culture/
Contactez le médiateur aussi.
Je crains de boycotter en grande partie France culture pour ce qui est des RDV usuels comme je le fis pour France Inter après l’éviction de D Mermet…ne restera plus que France Musique.
Apparemment l’info est passée subrepticement via Le Monde sur le mode Place aux jeunes…Ah! quel film déchirant! ils devraient le voir notamment A Guillot qui va avoir son émission cinéma…
Ce sera sans moi car question cinéphilie (ou littérature ou musique ou peinture d’ailleurs) le monsieur ne m’a jamais impressionné,je dirais même qu’il ne donne pas le change même pour une oreille distraite: sa « dispute » est superficielle et mode, tout ce qui me débecte en somme!
Le service public crève peu à peu grâce à ces foutus managers (qui ne sont jamais que des CDI qui font un sale boulot) qui croient connaître les attentes du public et suppriment ce qui rend fort le lien entre auditeurs et Radio France!
Réagissons un peu, bon sang! Ne nous contentons pas de déplorer!
Bon, numéro de téléphone et adresse mail sont notés.. On va tâcher de (se) manifester!
A Ballantrae : « Il ne restera plus que France Musique »
Dieu sait ce que France Musique va aussi devenir.
Elle est encore précieuse, très précieuse, même et passionnante de manière générale.
Mais ça joue aussi aux chaises…musicales.
Par exemple, je ne comprends pas ce qu’ils attendent du présentateur de la « Matinale », qu’ils remplacent tous les ans.
Vincent Josse était vraiment pas mal, cultivé, simple, souriant et réalisant de bonnes interviews. Pourquoi le virer ?
Meme le précédent président n’avait pas toucher aux émissions qui se démarqués comme »Là bas si j’y suis »de Mermet, »Cosmopolitaine »de Paula Jaques sur Culture ou « Projection privée »de Michel Ciment ni »Mauvais genres »de François Angelier qui apparamment ne serait pas dans le collimateur en septembre prochain.Pourtant ça balance dans le bon sens grace à Jean pierre Dionnet,Christophe Biehr….
Dernière émission de « Projection privée » passionnante sur le festival « Il cinema ritrovato » de Bologne et à la restauration des films. Michel Ciment nous met un peu de baume au cœur en indiquant que si son émission disparait, il sera présent sur les ondes de France Culture pour d’autres rendez-vous. Pour moi qui écoute la radio sur un poste de radio et non sur Internet, « Projection privée » avait entre autres qualités aussi celle de passer juste après l’excellente émission d’Etienne Klein « La Conversation scientifique », une des meilleures émissions du paysage radiophonique, à conseiller à tous les esprits ouverts et curieux. On avait là droit, le Samedi entre 14 h. et 16h. à deux heures d’intelligence vraie, de « gai savoir », pour reprendre le titre d’une autre émission de France Culture.
J’ai, moi aussi, envoyé un courriel Samedi matin au modérateur de Radio France pour garder Projection privée. Et je viens d’écouter en peau de caste Michel Ciment qui annonce la dernière de son émission. 26 ans de Projection Privée c’est bien, même si j’aurais aimé plutôt que le mot fin un « à suivre ».
Envois massifs de courriels car je crains que M Ciment ne joue les « utilités » sans RDV régulier: il « serait » si j’ai bien compris le supplétif d’A Guillot lors de CR de festivals…cela ne compense pas Projection privée dont le format était une enclave sachant penser la cinéphilie avec le temps nécessaire au déploiement d’arguments, d’informations denses et nombreuses.
Grand vide!
Autre nouvelle, plus importante que le décès de M Rocard, celui de M Cimino qui était devenu une sorte de spectre après nous avoir offert au moins quatre films importants: Le canardeur, L’année du dragon et deux chefs d’oeuvre absolus Deer hunter et Heaven’s gate.Cimino fut l’un de mes repères contemporains durant mon adolescence où on ne pouvait présumer de la suite de sa carrière ( Le Sicilien, Desperate hours et enfin le bien décevant Sunchaser).
On a pu moquer les excès de JB Thoret mais au moins il aura su je pense accompagner Cimino sur la voie de la réhabilitation via des rééditions superbes.Et de ce fait a rendu justice à ses altitudes.Merci à lui.
A Ballantrae
Tout à fait d’accord sauf que HEAVEN’S GATE contient en germe tous les défauts des films ultérieurs de Cimino, casting improbable ou médiocre, sauf Huppert « que Vincent Canby jugeait la moins credible de toutes les madames du western », ce qui est peut être juste historiquement mais faux quant à la qualité de l’interprétation), direction d’acteur médiocre (John Hurt, Walken, Sam Wasterson), scénario et dialogue écrits parfois avec les pieds. C’était en partie racheté par un flamboiement visuel, une vraie virtuosité plastique mais à chaque vision, la sottise de certains dialogues, saute aux yeux. Et cela s’aggravera dans l’Année du Dragon. Il reste des passages brillants mais la dramaturgie est inerte (4 ou 5 fois la même scène entre le héros et son supérieur), la vision de l’Orient infantile (il choisira une japonaise pour jouer une chinoise ce qui lui vaudra des attaques très violente de la communauté asiatique). Je l’ai vu plusieurs fois à Lyon et le trouvait très pénible, arrogant et pas du tout intelligent. Reste le sublime DEER HUNTER son seul film abouti. Le Canardeur est agréable mais mineur. Volker Schlonndorf me disait qu’il était inculte, ne lisait rien et vivait sur l’argent de Heaven’s Gate. J’ai rencontré des dizaines de réalisateurs américains. Il était le moins intéressant
A Bertrand
Je vous trouve quand même un peu dur vis à vis de HEAVEN’S GATE même si je comprends vos réserves. Il est vrai que la version longue, par laquelle je ne jurais que trop systématiquement, rend saillants des défauts que la version courte, que j’aimerais revoir dans une copie digne de ce nom (celle du dvd MGM étant très critiquable avec son défaut d’anamorphose) édulcorait plutôt. On peut déplorer une tendance à l’emphase, au solennel, qui a fini par me gêner.
Mais la distribution ne me semble pas si improbable que cela. Certes Kris Kristofferson porte un masque tout du long (on peut lui dénombrer deux voire trois expressions en tout et pour tout) et Sam Waterston n’est pas très bien écrit mais il n’est pas mauvais pour autant. La caractérisation falote qu’il donne de son personnage, qui est falot, coléreux parce que peu sûr de lui, est intéressante. Idem pour John Hurt, pas mal en progressiste neutralisé par sa lâcheté, qui se réfugie dans l’alcool (c’est un film où l’on se réfugie d’ailleurs beaucoup dans l’alcool, thématique qui revient en boucle comme bon nombre des motifs circulaires présents). Quant à Christopher Walken, je trouve que c’est un de ses grands rôles : il y est brutal et délicat, cruel et sensible. Ses expressions sont variées et animent un beau visage aussi angélique qu’inquiétant. Pour moi, HEAVEN’S GATE ne se laisse pas assigné si facilement. Quant à YEAR OF THE DRAGON, pourquoi la dramaturgie est-ellle inerte?
A Alexandre Anger
Rien chez Walken ne sonne juste par rapport à l’époque, au lieu. Ni son accent, ni sa manière de marcher Il joue son personnage comme un maffieux new yorkais d’aujourd’hui. Très peu d’acteurs américains étaient capables de se déplacer dans des rôles historiques (d’où le recours aux comédiens britanniques ou européens), sauf certains acteurs de western (Lancaster était formidable dans le Guépard et Sterling Hayden dans 1900. Il suffit de comparer Walken qui a été bon dans des polars modernes et Jack Palance qui joue le même personnage dans SHANE (inspiré par les mêmes évènements historiques) pour voir la différence, la justesse de Palance, cette manière d’être à la fois étranger à la communauté, au décor et pourtant faisant partie de la même époque, respirant le même air. Hurt n’a qu’une seule note. Je n’aime guère non plus cette manière de filmer les étrangers (des braillards « qui semblent sortis d’une opérette de Sigmung Romberg » écrivait Pauline Kael) qui sont incapables d’avoir un plan sensé. Il faudra un Américain pour leur donner l’idée de la tortue, ce à quoi ces professeurs, ces intellectuels, ces chasseurs n’ont pas pensé. Heureusement un Américain blanc veille et leur donne un surplus d’intelligence et de tactique (dans la réalité ils ont été intelligents, se sont planqués sans se faire tirer dessus, ont cerné les éleveurs qui ont été délivrés par l’armée). En fait il n’y a aucune différence dans la vision de Cimino entre la manière dont il filme cette communauté et son approche délirante de fausseté de Salvatore Giuliano. C’est la même arrogance américaine (qui lui fait reprocher à Rosi de se tromper sur l’age de Giuliano qu’on ne voit jamais dans le film, ce qu’il n’a pas réalisé – il n’a pas vu le film. La différence entre LE SICILIEN et HEAVEN’S GATE, réside dans la splendeur visuelle du second (alors que Cimino à Lyon vomissait sur Vilmos Szgismond avec une hargne incompréhensible). Ses autres films en dehors de l’Année du Dragon sont beaucoup plus platement photographié. Et puis l’entendre parler de la Condition Humaine de Malraux vous achevait. C’était une vision de bande dessinée qui ne comprenait rien à la situation politique
à Bertrand: Poour Cimino, constat très dur de votre part mais qui m’enlève une épine du pied craignant de me faire houspiller en disant à peu près pareil quand je lis des louanges sur HEAVEN S GATE ou LE CANARDEUR (chef d’oeuvre selon Thoret!), n’ayant jamais rien compris à l’engouement pour Cimino et HEAVEN S GATE, film gonflé et qui ne sait pas où il va tt en abordant qqs situations originales : le rêve de liberté américain fantasme total avec le refus des étrangers ou des nouveaux venus, surtout quand miséreux: la haine de la pauvreté directement importée de l’Angleterre victorienne alors que selon ce rêve elle eût dû rester au vieux pays (c’est curieux on peut dire la même chose d’un Scorsese loupé GANGS OF NY) et qu’on ne vienne pas m’emm… avec la director’s cut ou que sais-je! Par contre à moins qu’une revision de ANNEE DU DRAGON ne l’infirme, je suis pas d’accord avec vous sur ce film brillant, certes chafouin, mais quand même assez jouissif. La fuite des deux jeunes tueuses depuis le dancing géant est absolument inoubliable, je suppose que je serais un peu irrité à la revision par le cabotinage de M Rourke qui est à sa décharge poussé à fond par Cimino! mais zut ça reste quand même un bon film, quoi?!
A MB
Je vais le revoir mais j’ai tellement détesté les derniers films. Par ailleurs on peut voir sur le site de Steven Soderbergh, son remontage de Heaven’s Gate qui est passionnant. Il en fait un film d’une heure 40, coupe tout Harvard, ce qui rend l’arrivée dans l’histoire de Kris Kristofferon beaucoup pluie forte et crédible. Le personnage prend étrangement de l’assurance
A Bertrand
Sur la dramaturgie de YEAR OF THE DRAGON, je vous avais lu un peu vite, vos donnez une raison mais il y a pourtant une bonne progression dramatique, assez passionnante..
À Alexandre Angel
Moi j’aime bien la première partie à Harvard, même si je suis gêné par l’age des comédiens par rapport à leur personnage, Kris Kristofferson mais encore plus John Hurt.
Et puis l’aspect visuel du film, Cimino c’est le cinéaste des grands espaces et dans un Western il peut en profiter. Il avait comme chef opérateur Vilmos Zsigmond qui était déjà du Voyage et qui lui aussi est très bon.
Superbe « Voyage au bout de l’enfer », hommage à Michael Cimino pour ce grand film. « La Porte du paradis » est très apprécié en France, mais peut être parce que c’est une critique de la mythologie américaine et en plus un grand échec commercial. À mon avis, c’est un grand film raté car le scénario est inabouti. Ni l’histoire d’amour à trois, ni le conflit entre les riches propriétaires et les nouveaux migrants pauvres ne m’ont paru réussi. Mais le film a le mérite de traiter du conflit entre nouveaux migrants et migrants déjà installés et riches, ce qui me semble assez inédit dans un western. Combien existe-il de versions du film ?
A Pascal Streff
3 versions. Et il y a eu des tas de films sur les émigrants et la manière dont ils sont reçus sans parler du film suédois LES EMIGRANTS. Et je trouve la vision démagogique et idéologiquement contestable.
Revoyez L’HOMME DES VALLÉES PERDUES qui part du même fait divers, qui est plus modeste. Certes il faut accepter Alan Ladd, mais le reste qui faisait délirer Jean Claude Brisseau, à commencer par le personnage que joue génialement Van Heflin ((aucun acteur de Heaven n’arrive à la cheville de Heflin, Jean Arthur, Palance et les autres comédiens secondaires). Il faut dire que Stevens partait d’un très beau livre, que le scénario était écrit par AB Guthrie jr (THE BIG SKY, LA ROUTE DE L’OUEST). Cela ne vous frappe pas qu’il n’y ait aucun habitant, aucun commerce dans Heaven’s Gate, aucun fermier. Il n’y a que les éleveurs et les émigrants. Rien entre. Transposez : aucun habitant à Calais en dehors de la police et des migrants, ni en Grèce et vous verrez la justesse de l’approche. Ce n’est pas la critique des USA qui causa un échec (elle était plus radicale, mieux écrite dans DEER HUNTER et dans des films ultérieurs, pensez à Eastwood) mais l’emphase égocentrique du script, son coté écrit comme un sérial de la Republic. N’est ce pas Michael Rawls ?
A Pascal Streff
Ah je sais pas…moi, j’ai aimé HEAVEN’S GATE tout de suite, dans sa version mutilée, dès 1981 (sortie dans la foulée de Cannes fin Mai). Le souffle, les idées de mise en scène, le spectacle, la musique, l’ambiance, les personnages (le chasseur de loups, le chef de gare!).
Cela dit les arguments de notre hôte se tiennent et je reconnais bien là sa rhétorique.
Et donc…à Bertand
Je suppute quand même que votre sévérité a été attisée par votre rencontre lyonnaise avec le cinéaste qui , de toute évidence, vous a sacrément déplu!
A Alexandre Angel
LES rencontres. Je l’ai trouvé arrogant et inintéressant mais habile face au public et mon aversion pour ce que je n’aime pas dans le film a grandi à chaque vision alors que certaines qualités s’estompaient. Harvard me parait maintenant beaucoup trop long e pour des conséquences infimes.
à Bertrand: il me semblait que les 1ers immigrants aux USA était un sujet peu exploité (surtout dans le western classique) et qu’on l’avait vu abordé surtout récemment avec le Scorsese GANGS OF NY (« racisme » des premiers nés sur place pour les suivants, les « newcomers ») et le Cimino. Dans SHANE que vous me donnez envie de revoir, j’avais mal vu qu’il s’agissait d’immigrants honte! bon, je dois le revoir.
Merci pour insister sur l’interprétation car c’est vrai que Palance et Van Heflin sont géniaux (j’adore Palance mais Heflin est au-dessus).
A MB
C’est vrai qu’il faut lire entre les lignes pour sentir les immigrants dans SHANE mais les films de Ford sont peuplés d’émigrés allemands, irlandais
C’est vrai que je reverrais bien le George Stevens qui est un beau film dont l’aura rejaillit sur un cinéma plus contemporain : n’en trouve-t-on pas des échos dans le PALE RIDER , de Clint Eastwood? Seul bémol véritable pour moi : le petit garçon. Il m’énerve un peu (« Shane!! Shane!! »)Dieu qu’il est collant!
a Bertrand.En quelques mots vous recopier vos lignes co-écrites avec Jean pierre Coursaudon par rapport à la disparition de Cimino.Il restera malgré le peu de films,un cinéaste qui à sut apporter une patte personnelle.Il à imposer ses choix face à Hollywood.Il s’est peut etre trompé sur »Le sicilien »ou Christophe Lambert joue les mannequins de mode ou le role déjanter de Woody Harrelson sur « The sunchaser ».Comme vous le précisez justement dans »50 ans », »Deer hunter’n’est pas une oeuvre sur la guerre du Vietnam mais une chronique sociologique sur une bande de copains d’usine dont l’un(De Niro)se détachera.On le suivra,avant,pendant et après,c’est ce coté psychologique du personnage qui m’a toujours ému et remuer les tripes.D’une certaine façon après la guerre la jeunesse s’en va à petit pas ,alors la vie continue malgré les blessures.On retombe dans le réel avec le travail,l’amour,la joie d’avoir des enfants,l’alcool,la drogue,l’adultère enfin la séparation. »Deer Hunter »est un film bilan sur l’existence humaine.
Dans les années 80, 90 je lisais Les Cahiers du Cinéma et j’avais remarqué que souvent pour les critiques de cette revue un bon film américain était un film qui critiquait l’Amérique. C’est ainsi que, par exemple, de mauvais films de Carpenter étaient célébrés. (cinéaste dont j’aime beaucoup certains films)
Et je crois que c’est à cause de ça que les critiques en France jugent très favorablement ce film, plus le fait qu’il a été un très grand échec commercial et qu’il a été, si j’ai bien compris, mal reçu par la critique US.
L’idée étant pour les français de dire aux américains : on sait mieux que vous quels sont vos grands cinéastes et vos grands films.
Cela a pu être vrai en son temps pour Hitchcock qui a été reconnu comme un auteur par Les cahiers.
Pour La Porte du paradis, dont j’ai vu la version de 1980 et celle de 2012, le résultat est que le film est raté malgré de très belles séquences.
Demain je reverrai L’Homme des vallées perdues en DVD.
Je trouve que l’intérêt de Cimino réside surtout dans le fait qu’il parvenait dans les années 70 à créer des images mémorables. De HEAVEN’S GATE je ne retiens pas grand chose à part le dancing avec patins à roulette, certains moments avec la foule d’étudiants à Harvard, certains paysages. Que le scénario et le jeu des acteurs soient faibles c’est une chose, ce qui me déçoit surtout c’est les scènes de bataille où on ne comprend pas où est passé l’argent investi. C’est pourtant avec ce genre de morceaux de bravoure que Cimino excellait. Il faut que je revisionne YEAR OF THE DRAGON mais je me souviens que la scène de fusillade était à classer parmi les meilleurs de l’histoire du cinéma.
Sinon ça ne m’étonne pas d’entendre qu’il n’était pas un homme intéressant. Ses films manquent souvent d’âme et ont toujours en eux quelque chose de stupide idéologiquement. Reste THUNDERBOLT qui est très divertissant et THE DEER HUNTER qui est sublime, quoi qu’on en dise. Je ne comprends pas comment on pourrait aimer le cinéma sans aimer ce film. C’est pour ce genre de film que les frères Lumière ont inventés le cinématographe.Des tas de critiques de gauche que je respecte (comme Rosenbaum) déteste ce film à cause de son contenu idéologique mais on s’en fiche de ça!
A richpryor
D’accord avec vous. Il y a cette assertion étrange de WR Brunett qui dit que THUNDERBOLT est un plagiat de son CAPTAINE LIGHTFOOT dirigé par Sirk
C’est vrai qu’il y a pleins de migrants dans le western bien que les exemples ne se bousculent pas dans mon cerveau en ce moment, mais je pense à la communauté de mineurs gallois dans APACHE DRUMS, Maria Schell suissesse dans THE HANGING TREE… Dans la nouvelle de Borden Chase, Tom Dunson,le personnage joué par John Wayne, est natif de Liverpool.
À Bertrand Tavernier
Dans L’Homme des vallées perdues, le conflit me semble bien différent par rapport à La Porte du Paradis. C’est plus un conflit entre un riche propriétaire de troupeau de bovins et des fermiers déjà installés depuis des années. Même s’il explique qu’il était le premier arrivée sur ces terres et qu’il les a conquit. Dans La porte du Paradis c’est une association éleveurs qui se réunit pour s’opposer par la force à l’arrivée de nouveaux migrants venu d’Europe de l’est.
Le film de Stevens ressemble au conflit classique entre un riche propriétaire qui veut agrandir ses terres et déloger les petits propriétaires.
Dans les bonus de L’Homme des vallées perdues, le fils de Georges Stevens donne la distribution originale prévue par son père : Il voulait Monty Clift à la place d’Alan Ladd, William Holden à la place de Van Heflin et Katharine Hepburn la place de Jean Arthur.
A Pascal Streff
Certes, encore que certains fermiers sont peints comme des émigrés mais le film s’inspire néanmoins de THE JACKSON COUNTY WAR et le personnage de Palance est le même que celui de Walken
On a toujours envie de revoir SHANE.
L’ultime référence en matière de héros triste.
Et puis la musique de Victor Young !
Les amitiés viriles me gonflent toujours un peu mais la scène de la souche rebelle accompagnée par une sorte d’alléluia orchestral faisant penser à du Bach ou du Haendel, quel régal !
Une de mes scènes préférées du film, c’est celle où le petit fermier (destiné à périr) provoque la bande Ricker au saloon.
Les trois brutes ne bronchent pas, laissent dire avec un calme amusement. Un climat unique. Quelle inspiration d’avoir résisté à l’envie de leur faire dire quelque chose !
A Richpryor
« De HEAVEN’S GATE je ne retiens pas grand chose à part le dancing avec patins à roulette, certains moments avec la foule d’étudiants à Harvard, certains paysages. Que le scénario et le jeu des acteurs soient faibles c’est une chose, ce qui me déçoit surtout c’est les scènes de bataille où on ne comprend pas où est passé l’argent investi. »
Je ne peux pas être d’accord avec cette dernière assertion. Du strict point de vue du spectacle, je trouve le film inattaquable. Et l’argent se voit, dans le déploiement des figurants, dans la pyrotechnie, dans les cascades. Ils ont utilisé des vétérans de Ben Hur pour les cavalcades de chariots. Même submergée de poussière, l’action est affolante, avec des gens , sur lesquels des attelages se retournent, dont le sort nous angoisse. L’action est nerveuse, sans ralentis, avec des effets de maquillages (dûs à Dick Smith si je ne m’abuse)efficaces et des trucages épatants (Mickey Rourke, transpercé d’une balle qui laisse filtrer le jour, plan d’une fraction de seconde). Sans parler de l’arrivée de Kristofferson dans la ville de Casper, plus puissante encore que la séquence babylonienne d’INTOLERANCE, avec des figurants qui palpitent. Non, quelque soit ce que l’on peut lui reprocher, le film est aussi grandiose, sinon plus, qu’APOCALYPSE NOW.
A B Tavernier: Tiens, vous n’aimez pas Alan Ladd ?
On le devine limité mais j’adore qu’il ait cet air si triste, si accablé, et si indéchiffrable. Son expressivité figée participe du mystère composant son personnage, je trouve. Dans certaines scènes, c’est incroyable comme on lui demande de se tenir, sur une jambe, voûté et les mains dans le dos, presqu’ oublié, genre figurant qui s’emmerde et à qui personne ne dit rien.
J’aime bien Alan Ladd, comme anti-Wayne. Sans doute lui fallait-il des réalisateurs ayant le génie du sur-mesure…
A Minette Pascal
Non, j’ai aimé Ladd dans certains films, surtout des films noirs : sa voix, son charme étrange.J’aime moins qu’à partir d’un moment il impose des raccords en gros plan souvent tournés en studio pour être mieux éclaire (mais cela tue la continuité), une coiffure toujours géminée. Mais il a de beaux moments dans DRUMBEAT et il est excellent dans THIS GUN FOR HIRE, THE GLASS KEY et d’autres
P PRIVEE: mon courriel au médiateur est parti mais étant donné le nombre de petits rires et de convivialité qui a animé l’interviex de S Treiner à laquelle il était présent, interview qui n’a jamais abordé les départs de l’antenne (pas un mot sur Meyer non plus), je m’attends à une réponse du type finaude, anonyme et sans épaisseur.
Je ne suis pas sûr que ce soit le bon destinataire.
A MB
Il faut le faire quand même et sur France Inter aussi
Bertrand OK pour F Inter, vous l’aviez déjà dit mais je pensais à un lapsus avec F Culture pardon.
Une réponse finaude, cela m’étonnerait au vu de la rhétorique du monsieur mais de mauvaise foi sûrement! Toujours est-il que je vais téléphoner demain matin pour ajouter une couche.
Et oui, tout cela (y compris l’éviction de D Mermet et au delà je pense à la culture, à l’éducation nationale, à la loi travail) s’est déroulé durant le quinquennat de F Hollande qui a osé concrétiser ce que Sarkozy n’avait pas fait au service public…
Tout changer pour que rien ne change, j’ai déjà cru entendre cela dans un grand classique…
« finaud »: « qui cache de la finesse sous un air de simplicité V. fin, futé, malin, matois, retors, roué, rusé »
(Robert 1)
à un demi poil de la mauvaise foi, quoi.
Comme par hasard, le standard de FC comme celui de Radio France (01-56-40-10-47) est injoignable ce matin!!!
Ils se foutent de nous tout comme le médiateur dans son exercice de tea time avec la directrice coupeuse de têtes!
Je réessaierai régulièrement et vous invite à faire de même.
J’ai envoyé sinon un nouveau message plus sévère au médiateur Bruno Denaes dont on peut lire la bio facilement: il a obtenu sa petite place tranquille sans trop d’efforts à fournir si ce n’est prendre gentiment l’auditeur pour un imbécile tandis qu’il fait un clin d’oeil bien servile à la directrice.
C’est sûrement bien rémunéré et de ce fait facile à accorder à un oubli de la déontologie minimale du journaliste que fut le monsieur…dans une vie lointaine!
L ANNEE DU DRAGON
« Par contre à moins qu’une revision de L ANNEE DU DRAGON ne l’infirme, » disais-je, eh bien les revisions sont cruelles. Je vous rejoins Bertrand, car je me suis quasiment ennuyé en le revoyant avec le br Carlotta. En-dehors des scènes d’action, je vois que les acteurs posent sérieusement problème: John Lone et Ariane sont fades (soi-disant récemment violée par trois hommes elle relate l’évènement avec un traumatisme du type rupture de petit ami au collège) et Rourke se comporte comme dans DIRTY HARRY avec tous les clichés du flic qui fait ce qu’il veut et emmmerde la hiérarchie, ce qui est puéril (cette façon de garder son chapeau baissé sur les yeux dans le bureau de ses supérieurs! n’importe quoi, les fonctionnaires qui ont reçu comme lui une flopée de médailles pour leur travail ne se comportent jamais comme ça), l’embêtant est que ça passe dans DIRTY HARRY mais qu’on l’a assez vu. Bref les personnages n’en peuvent mais pour exister, on sent les acteurs essoufflés ils n’ont pas dû être beaucoup aidés! pourquoi la journaliste Ariane (dont l’épaisseur professionnelle n’existe pas, pas de collègues, cameraman-silhouette, son boulot ne consiste qu’en interviews dans la rue) est-elle la seule pro sur des coups aussi bouleversants que l’attaque du restaurant? On dirait qu’il n’y a qu’une seule chaîne de tv dans cette ville? Au fait par rapport à ce que vous dites, sur le fait d’avoir pris une Japonaise pour jouer une Chinoise il faut relativiser en pointant qu’elle dit être de père chinois et mère japonaise. Bravo pour le réalisme des dialogues non anglais, mais pourquoi l’anglais revient-il dans la scène thaïlandaise entre Lone et le militaire trafiquant? il peut y avoir une bonne raison: dialectes différents?… reste quand même la fuite du dancing, la scène de ménage interrompue par l’agression des deux tueurs, très très bien venue, et la scène suivante dans laquelle Rourke tente de récupérer le cadavre de la voiture qui flambe pour le faire parler! Scène que Thoret signale qu’il s’agit d’une scène de guerre, juste pour arriver à la rattacher à DEER HUNTER! Ca s’appelle ramer et raconter n’importe quoi ou construire la thématique d’un auteur à la truelle, je commence d’ailleurs à me demander si ce critique, après avoir écouté pas mal de ses bonus, n’est pas atteint parfois d’une sérieuse attaque de perte de lucidité ou de délire chronique (sa loghorrée scorsesienne me semble un signe révélateur de telle pathologie!) pourtant il fut aussi magistral jadis (cf le bonus de L OFFENSE de Lumet), Lourcelles reviens secoue-le nous un peu, le Thoret!
bon je crois que je vais revendre ce Br à un pigeon, y’a pas de raison qu’il y ait que moi qui me sois fait avoir sans blague!
… et mieux revoir le chef d’oeuvre de Cimino: le magistral DEER HUNTER!
Sur le thème du double la même année (il me semble) était sorti The Double de Richard Ayoade que personne n’est allé voir et qui est pourtant à mon sens un petit chef-d’oeuvre. C’est une adaptation libre du roman court de Dostoievski (également excellent, Nabokov disait que c’était sa seule réussite!).Il reprend une idée très intéressante de sa source littéraire: le fait qu’un double se pointe et personne à part le personnage doublé ne remarque qu’il s’agit d’un double. Le film est à la fois très drôle et émouvant. Visuellement il est remarquable, virtuose, il parvient à créer un univers unique inspiré du futur comme on l’imaginait dans les années 50. Jessie Eisenberg peut-être dans son meilleur rôle. La charmante Mia Wasikowska. Un caméo de Chris Morris. Un second rôle de Wallace Shawn. Que demander de plus?
Après Submarine qui était pas mal, Ayoade confirme. Malheureusement on ne sait pas si il aura l’occasion de refaire un film de sitôt.
édition de luxe de LA FELINE de Schrader avec dvd+br+un bouquin (sur Bowie)+commentaire de PS+1h30 de bonus chez Elephant eh les gars, vous voulez des idées de BONS films à remettre en lumière? Comme pour THE UNINVITED j’ai l’impression que certains éditeurs veulent créer des évènements à partir de nanars en forçant sur la présentation, le « packaging » le « visuel » (!), les bonus (et pourquoi un br + un dvd d’ailleurs? faut-il encore promouvoir les br? si c’est bien la raison du fameux « combo ») et le prix de vente va avec, au temps où les ventes sont certes en baisse si j’ai bien compris. Et les gens vont acheter parce que étant donné cette édition de luxe, ça veut dire que c’est bien? D’accord pour WOMAN ON THE RUN ou MENACES DANS LA NUIT qui sont des bons films (et dont les versions économiques comme pour RED RIVER ne sont peut-être même pas prévues hélas) mais là je pense que quand même ils poussent un peu.
Ce qui me pousse à chercher des dvd américains pourtant édités ici quand c’est possible pour trouver des éditions plus à figure humaine disons. Et que publie Gaumont en br? LE GENTLEMAN DE COCODY!
Oui la baisse qualitative des éditeurs dvd français est réellement affligeante ! Il n’ y a bien que certains collectionneurs ou certains mués d’achat compulsif qui peuvent acheter certains titres que vous citez (et il y en a malheureusement pleins d’autres de ces sorties inutiles !). Et pourtant des petites perles sont sûrement à dénicher. Gaumont par exemple semble sortir le tout venant de son catalogue en blu ray (avec majoritairement des films qui ne mériteraient même pas une sortie en dvd tellement inregardables aujourd’hui). Et quand on leur demande s’ils comptent sortir un jour des films de Feuillade toujours inédits (Judex sorti aux usa il y a plus de 10 ans et jamais en France par exemple), ils ne répondent pas : cherchez l’erreur. Un éditeur comme Sidonis baisse aussi qualitativement, la part de bons films sortis étant relativement faible, mais dans le domaine du western il y a toujours eu de la demande, quitte à éditer toutes les séries B Universal des années 50 !
Pour Sidonis cela dépend des studios américains et il y a une vingtaine de titres qu’ils ne veulent pas donner même s’ils ne les sortent pas
Lesquels, svp, Bertrand?
Merci.
à Damien D.:
Un ami bouquiniste me disait ceci: les femmes lisent, les hommes collectionnent. Je crois que la collectionnite entre aussi pour une part dans l’acquisition de dvd, en particulier de dvd de western, qui s’adressent à un public surtout masculin. Et le public des dvd de western est plus large que le noyau dur des cinéphiles (un signe: sur les dvd « Westerns de Légende » de Sidonis, c’est la VF qui est installée par défaut).
Oui, tout à fait d’accord Mathieu : le public western est presque un marché de niche à lui tout seul (et collectionneur). C’est là dessus que Sidonis tient son succès je pense. Les autres éditeurs français rament beaucoup plus à vendre leurs sorties et la cohérence leur fait souvent défaut.
à Mathieu: c’est vrai et des éditeurs misent là-dessus en forçant sur les « visuels » très spécifiques qui donnent envie d’aligner les boîtiers d’une même collec ensemble sur l’étagère c’est plus joli. D’où la qualité ou la curiosité pour un film qui se fait plus faible que le plaisir de compléter sa collection.
mais les Classics confidential n’ont édité que des très bons films (anglais barbare! ce devrait être Confidential Classics mais pourquoi « confidentiels » de tte façon?). THE UNINVITED ne fait pas partie de cette collec malgré l’atout livre+dvd+br mais ce n’est pas pour en remettre une couche je reverrai le film, je me fixe trop sur la fin que je n’aime pas.
Le « combo » dvd+br existe paraît-il pour permettre de voir le dvd en voiture ou dans sa chambre pendant que les parents regardent Sébastien dans le salon! car pas de petit lecteur br encore? en 2012 on disait que c’était un passage progressif en douceur du dvd au br? Quant à la copie digitale en qualité sd, son intérêt m’échappe à un point quasi shakespearien (pardon, Will c’est un compliment)…
Malheureusement les ventes des grosses productions internationales doivent continuer de dominer le marché du dvd/bluray, mais par le biais des vases communiquants le marché des collectionneurs reçoit bien des égards, bien plus qu’il y a encore seulement 5ans.
Les éditions sydonis, wildside, ou chez warner avec la sortie notamment de films pre-code entre autres bien des efforts. Sur la cinquantaine de films de Stanwyck, notamment dans la première moitié de sa carrière, que je possède, je continue de pouvoir remplacer des vieilles éditions cabossées, de mauvaises qualités et souvent v.o.n.st, par de nouvelles sorties européenes, et de temps en temps françaises.
Sur l’aspect un peu « fétichiste » – voir beaucoup je l’avoue j’adore ma collection – la fnac édition cinéma et ses emballages cartonnés, ou les dvds trop fins qui dénotent, les grosses éditions collectors comme celle du GRAND PASSAGE ou RED RIVER chez Wildside, ou même chez sydonis pour LE BANDIT. Une fois passé le plaisir du film, les bonus en livrets, parfois instructifs, il reste des formats plus difficiles à étiqueter ! Bouh qu’il est tatillon le collectionneur.
Mais enfin il achète, il veut posséder physiquement ce qu’il adore. Il bannit le téléchargement illégal. Télécharger illégalement des navets c’est absurde, des bons films c’est injuste, des chefs-d’oeuvres c’est ingrat.
Pour finir mon esprit économe se délecte des critiques négatives sur le western de Cimino que je ne possède pas !
à MB:
D’accord avec vous sur les éditions inutilement luxueuses, chères et encombrantes (très peu de place chez moi). Je n’ai toujours pas vu car pas acheté MENACES DANS LA NUIT, trop cher… L’épais livre accompagnant THE BIG HEAT de Lang est pour moi inutile, étant allergique à la prose de Douchet, qui ne cite pas une seule fois je crois -pas tout lu, juste parcouru- le nom du scénariste Sydney Boehm dans son très long texte, facile d' »auteuriser », de se lancer dans de longues interprétations pseudo-psychanalytiques quand on ignore superbement les conditions de production d’un film.
WOMAN ON THE RUN est un très bon film, mais que Wild Side vend en disant que leur médiocre transfert video est tout ce qui reste du film, l’original ayant été détruit dans un incendie chez Universal, mais Arrow Academy le sort maintenant en Blu-Ray dans un transfert certes pas impeccable, mais apparemment très supérieur au dvd Wild Side. Et THE UNINVITED n’est pas un nanar…
à Mathieu: je ne comprends pas THE UNINVITED, à revoir? Pour le Berry et le Foster je sais que c’est bien mais je ne les achète pas avant de trouver une autre édition plus simple et je ne veux pas qu’on m’impose un bouquin, bien sûr le bouquin peut être bon mais ça m’embête qu’on me pousse à l’acheter en plus! et puis pour moi c’est les films avant tout même si certains bonus sont passionnants.
Je vais chercher le br Arrow de WOMAN, l’image est ok:
http://www.dvdbeaver.com/film5/blu-ray_reviews_72/woman_on_the_run_blu-ray.htm
s’il est moins cher que le WSide!
le test du WS de WOMAN chez dvdclassik est un peu sévère car l’image est pas mal mais on a un dvd face à un br, alors…
Je commence à avoir qqs Arrow et ils sont vraiment soignés.
à MB: Le BR de WOMAN ON THE RUN est déjà moins cher que le dvd Wild Side et le prix devrait s’éroder (sans parler de la baisse de la livre). Et ce qui me fait aussi pester contre certains dvd-livres de Wild Side ce sont ces §µ¤#%! de cartonnages dans lequel est glissé le dvd et qui fait que même neuf il est déjà rayé. Le BR de CITIZEN KANE chez Warner n’est lui aussi disponible en France qu’en édition de luxe. Si on se contente du BR seul on le trouve en édition allemande sur amazon.de ou anglaise sur amazon.uk et il y a bien sûr des STF (attention je parle de l’édition Warner, il y a un BR de KANE sur amazon.uk édité par Universal et qui est parait-il « apalling »).
à Mathieu:
« Et ce qui me fait aussi pester contre certains dvd-livres de Wild Side ce sont ces §µ¤#%! de cartonnages dans lequel est glissé le dvd et qui fait que même neuf il est déjà rayé. » ils ont changé leur système de rangement du disque avec au moins GI JOE et LE RODEUR.
A MB
Il y a des livres essentiels dans cette collection. Les essais de Garnier sur LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS ou on apprend plein de trucs et ceux d’Eddie Muller sur GUN CRAZY
à Bertrand: et les masters sont en général irréprochables je râle contre le principe du packaging pas contre la qualité de l’exécution disques et bouquin.
THE UNIVITED n’est pas un nanar mais un film qui ne méritait pas un si bel écrin, loin s’en faut…
Wild Side annonce LA SOUPE AUX CHOUX en combo br avec livre de JP Dionnet et plein de bonus sur la genèse du film et tout, enfin un écrin à la hauteur pour ce joyau, je suis content (en attendant les PYRAMIDES BLEUES…).
Sacré MB, ils en seraient capables, ne leur donner pas des idées !
l’oblomov de mikhailkov est certainement magnifique mais je pense qu’il est indispensable de conseiller vivement la lecture du livre sublime « oblomov » et de citer son auteur « GONTCHAROV » l’un des maitres de la littérature russe du 19eme considéré par DOSTOIEVSKY et TOLSTOI comme le plus grand …
A Antoine
Ma faute de n’avoir pas cité l’auteur
A Bertrand,
Je viens de vivre un grand moment de ma cinéphilie, cet ENLEVEMENT DE MICHEL HOUELLEBECQ est un petit bijou, un ovni, exactement comme vous le disiez. Je l’ai vécu comme un voyage, c’est une digression imaginaire très poétique, tout en fourmillant moments touchants parfois, absurdes souvent, et très drôles.
Ce film est supérieur à JCVD – j’espère ne pas vous faire sursauter en parlant de jean-claude van damme ici, j’ai trouvé des qualités au film – certaines scènes sont d’une même inspiration.
Merci.
Quand on aime Simenon, on ne peut qu’être reconnaissant envers Amalric d’avoir su en capter la précision maniaque, le sens de l’atmosphère de secrètes folies qui se cachent dans les replis du quotidien en optant pour un monde un peu atemporel.
Simenon une nouvelle fois a inspiré à un cinéaste une belle réussite sûrement la plus belle à ce jour de M Amalric cinéaste même si j’aime bien Tournée et son hommage à Cassavetes.Peu à peu, il ouvre son cinéma vers le plaisir du récit et des ambiances.
Parmi les adaptations méconnues du grand écrivain, notons L’homme de Londres, le plus abordable des Bela Tarr qui bénéficie d’une photo absolument remarquable très simenonienne ( l’opposé de votre travail de transcription tout aussi remarquable et culotté pour L’horloger: on est dans l' »attendu » mais de manière « totale » de façon à signifier l’enfermement des personnages dans un fatum en grande partie suscité par eux-mêmes).
à MP: je vous suis pas, le monde ouvrier n’est pas oublié du cinoche de nos jours, mais dans le cas contraire LA COUPE et ELISE ne sauraient faire alors de la résistance datant de 1975 et 70.
Je ne crois pas que BT veuille dire que ce fut une lacune de la NV de rester hors du monde prolo, le reproche ne pourrait le leur être adressé, ces gens devaient bien parler de ce dont ils avaient connaissance. Godard et Chabrol étaient des fils de bourgeois, Truffaut non mais il n’avait qu’une envie: en sortir. Tout au plus peut-on être critique du fait que d’une façon générale leurs sujets se situaient en dehors de toute réalité sociale dure. Il n’y a que dans LE SIGNE DU LION que j’ai vu les conséquences concrètes qui s’abattent sur Jess Hahn qui sombre dans la pauvreté (en attendant un héritage! pas pour cause de chômage!). Et je ne vois pas trop d’exceptions à ça, trop obsédés et inspirés par l’amour des femmes les jeunes turcs. Carpita n’avait rien à voir avec la NV.
A MB
Mais leurs modèle (pas Chabrol), c’étaient les hussards, la littérature dégagée (attaque contre le Sel de la terre, contre les films progressistes américains). Ils ont montré autre chose mais ont éliminé le peuple : les Halles, on les voit chez Duvivier, les camionneurs chez Verneuil et Grangier, le médecin de campagne soignant des pauvres dans les deux Femmes en Blanc de Lara, films qui parlent de l’avortement, autre sujet évité
Ils n’ont jamais étés inspirés par la réalité sociale (sauf Chabrol dites-vous? LE BEAU SERGE alors?…).
A MB
Pas revu mais je m’en souviens comme d’un drame psychologique. Et j’excluais Chabrol du lot bien qu’à l’époque il soit influencé par Gegauff, talentueux écrivain mais pas franchement avec fibre sociale
A MinettePascal :
L’industrie du divertissement étant propriété de la bourgeoisie, on ne peut lui faire grief d’exploiter des sujets qu’elle ignore, sinon à titre exceptionnel, avec condescendance et démagogie. Le cinéma ne peut fantasmer le prolo autrement qu’en grande difficulté, vu de haut et parfois de si haut qu’on le distingue à peine. Le prix du soutien du CNC ? Il n’y a guère que Guédiguian qui nous montre des prolos heureux, même s’il le fait à la louche. MARIUS ET JEANNETTE a été un bol d’air frais. Pour ma part, je ne me trouve représenté que dans des films tournés à une époque que je n’ai pas connue, avant 1960, dans des films faits par des fils de prolétaires « chassés à coups de balais par des fils de pharmacien » comme disait Pialat. A ce titre je découvre les films d’Alex Joffé, grand cinéaste français complètement oublié. On y croise des prolétaires heureux, qui ont l’amour de leur métier, dans une France où existait encore une vie populaire. Revoyez ces chefs d’oeuvre que sont LE TRACASSIN, LES ASSASSINS DU DIMANCHE, LA GROSSE CAISSE… On pourrait tourner l’équivalent aujourd’hui, mais le peuple (celui sur qui on exerce le pouvoir) au cinéma, n’a plus droit qu’au châtiment (celui du petit patron évidemment, qui lui aussi vient du peuple) jamais celui du pouvoir.
A Guy Gadebois
Vous oubliez FORTUNAT. Et Grangier aussi était un prolo et Verneuil journaliste à la Marseillaise. Ces personnages et ces décors ont disparu des films des années 60/75 à quelques exceptions près comme LA COUPE A 10 FRANCS, LE JOLI MAI et la 317ème section. Aussi ADIEU PHILIPPINES.
A BT :
FORTUNAT est avec LA TRAVERSEE DE PARIS, le meilleur film sur l’occupation, autant qu’un film sur les rapports de classe d’une extraordinaire acuité, plein d’humanité et sans le moindre manichéisme. J’aime énormément l’interprétation de Frederic Mitterand, qui est avec Antoine Doisnel un des gamins les plus marquants du cinéma français de cette fin des années 50. La fin est prodigieuse, le contrechamp sur Michelle Morgan qui regarde partir Bourvil, et surtout sa réplique, nous bouleverse. Il y a aussi LES CULOTTES ROUGES, ce que j’ai vu de plus passionnant sur la vie des prisonniers dans les stalags. Là aussi, Bourvil est exceptionnel. Beaucoup de vedettes de l’époque du même standing auraient refusé un pareil personnage. Ses rapports avec Laurent Terzieff sont plein de subtilités, richement écrits. La direction d’acteur est très précise. Un grande partie du film, qui se passe en-dessous de la scène d’un théâtre, rappelle que Joffé avait des idées de décor très culottées, comme dans LA GROSSE CAISSE qui se déroule en grande partie sur le quai du métro, ou cette extraordinaire chorégraphie à la Stanley Donen dans un véritable parking souterrain dans LE TRACASSIN.
Dans LES CRACKS, tout se passe sur des routes de campagne, sans un seul plan d’intérieur. On a dit qu’il avait abandonné le cinéma après ce film parce qu’il se sentait responsable de la mort de Bourvil. Voilà un cinéaste qu’il faut vraiment aider à redécouvrir !
Je viens de revoir FORTUNAT et je partage votre enthousiasme.
Je ne m’étonnerais pas que certains y voient le meilleur rôle de Bourvil.
C’est un film sur la guerre mais aussi sur l’enfance, la nostalgie de l’enfance et la vie tout court.
La caméra semble elle-même avoir un regard d’enfant, parfois.
Avez-vous remarqué les deux fausses poules sur le plan montrant la petite fille sautant à la corde ?
Pourquoi Fortunat ne cherche-t-il pas à sauver cette petite fille qui dort chez lui quand les Allemands viennent rafler les parents ? Il pouvait dire : » Retournez vous coucher tout de suite, les enfants » avant qu’elle ne sorte de la chambre ?
Sans parler du scénario, une perle d’horlogerie.
Des poules ? Vous avez un oeil plus aiguisé que le mien, mais j’ai l’excuse de n’en avoir qu’un, alors rien ne m’échappe dans les films d’André De Toth, de Raoul Walsh… et de cette époque bénie des borgnes d’Hollywood d’autant plus regrettée que désormais les aveugles sont rois. Plus sérieusement, au sujet de Joffé que je rangeais dans la même catégorie qu’Hunebelle (père) ou Berthomieu, sans avoir vu un seul de ses films, comme quoi les préjugés… tous ses films sauf un sont disponibles à vil prix, alors ne vous gênez pas. Chacun a été pour moi une découverte, même le dernier qui est visuellement sublime.
A GG: Tiens, vous ne citez même pas FORD, roi lui aussi au royaume des aveugles.
Je pense quand même que vous distinguerez les deux galinacées factices en revisionnant.
J’ai la chance d’avoir mes deux quinquets, mais dans un tel état que la médecine ne me parle pas de cécité par pure courtoisie.
à MP: vous m’intriguez avec ce Mystère des Faux Gallinacés que Hercule Poirot hélas ne résoudra point pour nous (R.I.P.), je commande sans ciller le film FORTUNAT, qui souffre d’une grave situation de non-présence totale et caractérisée à l’intérieur des rayons de ma médiathèque (que j’embrasse au passage, non racunier, grande folle va ne pouvais-tu mettre FORTUNAT en rayon? Encore un de tes caprices ah, tu es pardonnée quand même, je te dois trop!).
A MB : Vous m’intriguez aussi avec la mort d’Hercule Poirot. Duquel s’agit-il ?
Sinon, pour en revenir aux volatiles postiches de FORTUNAT, vous ne les apercevrez que sur le plan de la petite fille sautant à la corde. Ailleurs, les deux actrices n’ont pas été remplacées.
Je m’associe à vous en tant qu’adorateur de ma médiathèque, même si cette dernière m’humilie systématiquement en soulignant mes départs par une sonnerie d’alerte la plupart du temps injustifiée.
à MP: tiens! la mienne aussi!
Pas de FORTUNAT dans le catalogue de ma médiathèque non plus, du coup je me suis rabattu sur un autre film de Joffe avec Bourvil, LES HUSSARDS, qui m’a passablement déçu.
Ceci dit sur FORTUNAT, je m’en veux un peu de souligner le plan comprenant les volatiles manufacturés alors qu’il y en a tant d’autres à citer pour leur force émotionnelle.
La petite poupée retrouvée sur le balcon saupoudrée de neige, par exemple, totalement géniale, fait l’effet d’un coup de poing dans le ventre.
J’ai revu avec un grand plaisir »Les cracks »qui n’est pas le meilleur film de Joffé avec Bourvil.Il y à quelques scènes hillarantes et Robert Hirsch dans le role de l’huissier est irrisistible.En revanche essayez de voir »Le coeur sur la main »de Berthomieu réalisateur oublié de tous.Bourvil se révèle un acteur,joueur d’accordéon et chanteur avec des séquences pleines de tendresse et d’émotions.Un petit détail m’a amuser quand Léon(Bourvil)joue la salle « Le piano à bretelles »on voit dans un plan le nom de Bourvil sur l’accordéon.Est ce un oubli des accésoiristes ou du réalisateur,ou peut etre que Bourvil était attaché à son instrument favori.
à G Gadebois: merci pour LES CULOTTES ROUGES, film extrêmement fouillé dans les psychologies des deux personnages ET dans l’exécution car Joffé ne se refuse rien en difficultés à tourner dans ce décor de fouillis minable et sordide fait de petites planques de meubles bricolés de coins et recoins. On devine les trucs du décorateur pour arriver à y tourner + facilement, mais il a dû s’y arracher les cheveux! Et en général les évadés sont toujours sympas, là en plus, le salaud désagréable serait amené à plus d’humanité car bien sûr changeant et se rachetant vers la fin du film: or ça semble être le cas. Notons qu’on a même pas la certitude d’un happy end réel: qui peut dire que Bourvil va vraiment réussir? Une méthode très originale de s’évader (et j’ai vu qqs films sur le sujet) est de faire croire à son évasion pour se cacher dans le camp et attendre une meilleure occase, ce que fait Terzieff. Bourvil est un génie, il est le seul acteur capable de se faire une ligne de dialogue avec qqchose comme « Oui ben ooh… pfff faut pas hein, ouaoh oh là là… » un peu comme Gaston Lagaffe! Une vraie ligne de dialogue sans sujet, verbe ni complément!
Meme si les claviers vont crépiter en ma défaveur,je dirais que « Fortunat »est superieur sur le plan scénaristique à « La traversée de Paris ».Tout d’abord c’est un film dramatique d’une force inouie,la prestation de Bourvil est exemplaire(c’est pour moi son meilleur film avec « Le cercle rouge).Evidemment on retrouve des scènes droles avec les deux enfants:(pourquoi Frédéric Mitterrand est crédité Robert au générique?).On à une réelle empathie pour cette fausse famille composée d’un braconnier célibataire et un peu simple d’esprit,cette bourgeoise perdue dans cette guerre ainsi que les deux enfants dont l’ainé comprend beaucoup de choses.Tout ceci m’a rappeller le récent « Dheepan »ou là aussi on retrouve des similitudes mais dans un France en « paix ».Bien sur le couple qui tiennent le café du village font penser au troquet du film d’Autan-Lara mais il y à aussi le train quand la famille revient à Paris dans »Fortunat »puis le peintre Gabin qui croise Martin sur le quai de la gare et qui est porteur de valises. »Fortunat »est un véritable enchantement emplit d’émotions et d’amours.
A Rouxel
Je pense que les deux films traitent de sujets différents déjà par leur cadre : Paris connaissait des pressions, une présence allemande plus forte que la province. Par leur approche qui est émotionnelle dans un cas et critique dans l’autre. L’opposition Gabin/ Bourvil, l’intellectuel « favorisé » et l’homme du peuple démuni n’a pas d’équivalent dans l’excellent FORTUNAT
Le premier film réalisé par Elia Kazan « Le lys de Brooklyn »est un pur chef d’oeuvre dans tous les sens du terme.Ce n’est pas à proprement parler un psychodrame mais plutot une oeuvre sociale ancréé au début du siècle dernier.Pendant deux heures on va suivre le regard innocent de Francie,une fillette qui vit à Brooklyn avec son jeune frère et ses parents.La famille est pauvre,le père est serveur et chante à l’occasion,la mère gère la maison entre le ménage,la cuisine et les enfants.Le père rentre souvent tard,ivre de fatigue et d’alcool.Il n’y à plus de communication sauf entre Francie et son père qu’elle admire pour ses rires,sa générosité et sa joie de vivre malgré les difficultés de la vie.Comme l’explique Michel Ciment dans le bonus:Kazan ne connaissait aucun acteurs au moment du tournage.Une fois de plus lui l’homme venu des planches va appliquer sa « méthode »sur le jeu des acteurs en parlant beaucoup avec eux.Le résultat est magistral dans la direction d’acteurs puis surtout de la jeune Francie qui est d’un naturel étonnant.Plusieurs scènes sont emplis d’émotions et on sent bien que Kazan à mis toute sa vitalité,son coeur et son ame pour cette oeuvre magnifique tiré d’un best seller de Betty Smith.Il y à dans »Le lys de Brooklyn »une forme de néo-réalisme à l’américaine mais aussi un constat social et juste sur la pauvreté de ce quartier.Kazan à puisé aussi je pense dans son parcours d’immigré qui à quitter La Turquie à l’age de 4 ans avec parents et grand-parents et qui à connut la misère en exercant plusieurs métiers avant d’etre reconnu avec la troupe du « Théather »au début des années 30.
A rouxel, le lys de brooklyn est mon film de chevet permanent, je le revois souvent et je l’offre dès que je peux. Il se dit je ne sait plus oú que le père de peggy ann garner était aviateur et qu’elle avait tout le temps peur qu’il ne rentre pas, que kazan s’en est servit pour lui faire jouer merveilleusement certaines scènes.
Michel Ciment l’a écrit dans son livre »Kaza par Kazan »sorti en 71 et cite cette histoire de la gamine du film dont le père était aviateur pour l’armée US.Ciment explique comment Kazan s’imprégnait de la vie de chaque acteurs afin d’en dégager le maximum d’émotions et de naturel dans le jeu.
Alors Bertrand, j’applaudis avec vous sur votre vision de L’ASSASSINAT DE MICHEL HOUELLEBECQ ! Un film que j’ai revu au moins trois fois (c’est peu dire !). La rencontre de l’écrivain avec ses kidnappeurs venant de milieux totalement différents offre aussi des moments de partage, de loufoquerie mais aussi de de tendresse et d’humanité inégalés. Houellebecq semble en impro permanente, les acteurs ne semblent même pas jouer : quel casting! Jusqu’aux parents âgés dont le mari est polonais et qui semblent gérer ce kidnapping de manière totalement détachés (comme si leur fils adepte du frère fight leur amenait un type à rançonner tous les mois, avec en prime faire venir si besoin » la petite » (la pute du coin) !).
Au scènes que vous décrivez il y a en effet plein de moments inoubliables : comme le début du film où Houellebecq démolit Mozart dans sa comparaison avec Beethoven (son interlocutrice : « si tu ralentis Mozart c’est du Beethov »!), l’initiation au free fight où Houellebecq en « apprentissage » manque d’étouffer un des kidnappeurs les plus costaud, Houellebecq demandant à ses ravisseurs sans arrêt des choses à lui ramener pour un meilleur confort, la rencontre improbable avec un ouvrier (polonais lui aussi) qui vit de manière curieuse dans un cabanon du jardin. Jetez-vous sur ce film, du pur bonheur, à pleurer de rire : un chef d’oeuvre surréaliste dont toutes les scènes et répliques sont amenées à devenir cultes ! Autant de liberté dans une comédie : faut-il remonter jusqu’aux Marx Brothers (non quand même, quoique…). Allez, je retourne de ce pas en revoir quelques passages, pour le plaisir…
Free fight pas frère fight (marrant quand même!)
A Damien D
Analyse percutante
Au moins trois films sur lesquels revenir:
-Bi que vous m’avez fait découvrir est une vraie découverte qui prouve qu’on n’a pas fini de constater que les cinématographies asiatiques sont loin de nous avoir révélé toutes leurs surprises.Là, on ne peut qu’admirer la singularité de la narration et le beauté de moult trouvailles plastiques faites de sensations très fines…bien moins frelaté à mon avis que les films d’A Weerasethakul
-Ran est un film sublime, LE chef d’oeuvre qui qd j’avais 15 ans avait bouleversé sur gd écran ma vision du cinéma.Un condensé du génie pictural de Kurosawa et de son souffle shakespearien très bien capté au travail par C Marker dans AK.Insistons sur le génie de Kurosawa qu’on peut revoir en salles et en DVD notamment le magnifique Vivre! qui fut longtemps dispo ds des copies douteuses
-Oblomov est l’un des gds films de Mikhalkov au même titre que Partition
Mais il faudra + développer!
Merci Ballantrae
Cher Bertrand merci,
J’ai hâte de recevoir « l’enlèvement de michel houellebecq » que je viens de commander, je n’avais jamais entendu parler de ce film et ce que vous en dites le rend très attrayant.
Il a l’air autant d’un bijou que d’un ovni, deux arguments de poids.
LA COUPE A DIX FRANCS est rassurant. Il y a toujours quelqu’un pour se pencher sur le monde ouvrier.
Y a t-il beaucoup de cette espèce-là aujourd’hui ?
Les Français de films ou de pubs sont souvent des petits bourgeois ou des habitants des banlieues, non ?
Sans parler des Français représentés dans les désespérantes séries de divertissement quotidiennes.
Allez trouver un chômeur ou un ajusteur fraiseur là-dedans.
Quand on est ouvrier ou fils d’ouvrier, dur de trouver à s’identifier.
Ah oui, il y avait Elise ou la vraie vie !
A Minette Pascal
Et de nombreux documentaires sur les Lejaby et autres sujets de lutte. Et des films comme Wesch Wesch comme les films de Stephane Brizé, de Lioret (un maitre nageur, un gardien de phare). Et A L’ORIGINE et cette France d’en bas ? Et les films de Kervern et Delépine ? Le cinema s’intéresse plus aux prolétaires que les politiques et davantage qu’à l’époque de la Nouvelle Vague
A Mr Tavernier : Sans vous oublier vous, mr Tavernier, et les dernières images du JUGE dont le seul souvenir me prend les tripes.
Pardon, ça fait un peu fayot, mais on ne m’y reprendra plus.
Et puis j’ai l’excuse d’être très concerné par la question…
« L’emploi du temps »de Laurent Cantet,tous les films de Guédiguian(les neiges du Kilimandgaro), »La fille du patron »qu’on à évoquer ici récemment,et meme les films de Dupontel que j’admire.Revoyez »Enfermez dehors »qui est un film caustique sur un marginal qui refuse de vivre dans un logement social et préfère vivre dans la rue au contact des gens et de la liberté.
Oui, on trouve des gens de la vie de tous les jours dans les films plus que dans les papiers des journalistes ou dans les projets politiques de nos alternances pendulaires.
S Brizé a été honteusement vilipendé -notamment par des papiers dégueulasses des Cahiers-l’an passé pour avoir montré avec rigueur, sans condescendance ni complaisance les saloperies qu’affrontent nombre de concitoyens dans La loi du marché.
Même les paysans qui crèvent à petit feu dans notre pays et ailleurs sont mieux représentés au cinéma que par les élites médiatico politiques cf Depardon, M M Robin, etc…
Il me tarde de voir le Ken loach malgré la petite musique qui en fait un auteur mineur depuis des lustres alors que ce bel être humain et grand cinéaste va au charbon depuis ses débuts et ne s’est jamais renié.Je me rappelle que certains critiques avaient déjà finassé devant Riff raff, Raining stones , plsu encore devant ces remarquables films politico historiques que sont Land and freedom (et je vous assure que ce qui y est dit est juste, parfaitement documenté ,remarquablement reconstitué étant d’origine espagnole et ayant bcp parlé et lu à ce propos ds et hors de ma famille) et Le vent se lève.Quelle finesse et quelle force dans l’évocation du lyrisme et de l’enthousiasme des combats, dans l’amertume devant les compromis(sions).
Je suis ravi qu’il rajoute au moins un chp à son oeuvre après un docu passionnant peu vu je crois L’esprit de 45, tenant anglais des Jours heureux sur le CNR.
Nos amis anglais ont eu aussi leur beau moment de progrès social, réellement humaniste avant la terrible période Thatcher/Blair et consort…
Mettre le doigt vraiment sur ce qui dysfonctionne n’est pas à la mode et son discours cannois m’a fait un grand bien loin des accommodements avec les errances qui conduisent trop de monde à accepter doucement ce que nous aurions refoulé avec vigueur il y a seulement 10 ans!
Il y a encore matière à reprendre du poil de la bête semble nous dire ce jeune homme de 80 ans et je lui en suis reconnaissant tout comme à qqs autres dont vous êtes, bien évidemment, Bertrand.
A Ballantrae
Je suis d’accord avec vous sur le traitement scandaleux de Loach par des pseudos libertaires de gauche que Michéa a remis à leur place. La condescendance hautaine avec laquelle ils évoquaient son dernier et magnifique film renvoie au livre prémonitoire d’Eric Conan : LA GAUCHE SANS LE PEUPLE, un titre qui pourrait s’appliquer à bien des articles
A MB, Oui c’est un poème bien armé !
C’est vrai que Kervern et Delepine ont commis un sacré joyau « social » et humain avec MAMMUTH, une scène m’a fasciné, j’ai trouvé ça tellement explosif dans une oeuvre artistique, lorsqu’un motard sorti de nulle part fonce dans un plan d’eau et s’y engouffre, sans que rien n’ait laissé présager la scène avant qu’elle se produise, ni ne la rappelle ensuite.
Je trouve cela d’une fulgurance inouïe.
à Stag: j’adore MAMMUTH.
Je vous conseille aussi »Le grand soir »avec Dupontel et Poelvoorde mais aussi »Saint Amour »dont le dvd doit sortir bientot.L’immense Depardieu et Poelvoorde qui campe son fils est un road-movie plein de droleries,de générosité et puis une sacré leçon de filiation entre un père et un fils alcoolique qui font le tour de France des vins.Quelle aventure,j’aurais bien fait la tournée des grands ducs avec Carmet!!!