Livres, classiques français, italiens et anglais…
23 mars 2011 par Bertrand Tavernier - DVD
LIVRES
Commençons par parler de quelques livres et comme on n’est jamais mieux servi que par soi même, j’en profite pour dire tout le bien que je pense du HITCHCOCK, une vie d’ombre et de lumière de Patrick McGilligan, étude passionnante, fouillée, remarquable qui éclaire les rapports, le travail d’Hitchcock avec ses scénaristes, à commencer par sa femme Alma Reville, dont le rôle est capital (c’est elle qui eut l’idée du fort beau plan en hélicoptère de LA MAIN AU COLLET). McGilligan montre à quel point le cinéaste s’investit dans l’écriture des scénarios, comment il fait ré écrire par d’autres ce qui ne lui convient pas. J’ai appris beaucoup de choses notamment sur l’engagement politique du cinéaste avant et pendant la guerre qui contredit la légende d’un Hitchcock coupé du monde. Il lutte pour la démocratie, se bat contre une censure américaine qui prône jusqu’en 1942, l’isolationnisme. Il finance des enregistrements par des vedettes de commentaires de documentaires britanniques, réécrits pour le public américain, rompt son contrat avec Selznick pour tourner pour un salaire dérisoire AVENTURES MALGACHE qu’ont sorti les Editions Montparnasse. Le chapitre sur LIFEBOAT est tout à fait formidable. Revoir ce film magnifique d’intelligence, bourré d’allusions très audacieuses sur le syndicalisme, les camps de concentration, de scènes dont on n’a pas d’équivalent à l’époque (la mort du bébé, de la jeune mère, le lynchage du nazi, le rôle du noir) fut un des grands moments du week-end à l’Institut Lumière consacré à Hitchcock. Que ceux qui ne l’ont pas vu se ruent sur le très bon dvd français. Et revoient aussi le sublime NOTORIOUS, L’INCONNU DU NORD EXPRESS. L’une des grande force de l’auteur de FENETRE SUR COUR résidait dans son sens incroyablement aigu de la distribution des rôles comme le prouvent ses commentaires lors des essais de REBECCA. Talent qui fut parfois mis à mal par le conservatisme des studios (cf. LA LOI DU SILENCE. On découvre dans ce livre à quel point il a du lutter pour conquérir son autonomie). Il n’y a qu’Hitchcock pour se souvenir d’une actrice de théâtre anglaise et lui donner 15 ans après le rôle de la mère évanescente, timbrée de Robert Walker dans STRANGERS ON A TRAIN où elle se révèle stupéfiante de justesse, de vérité et, en même temps, vous glace le sang. Tout comme l’extraordinaire Madame Konstantin des ENCHAINÉS. Voilà qui contredit le cliché qui veut qu’Hitchcock considérait les acteurs comme du bétail. Le livre de McGilligan fourmille d’anecdotes qui prouvent le contraire.
Autre livre très excitant, celui de Michel Mourlet, l’un des fondateurs avec Pierre Rissient du macmahonnisme : L’ÉCRAN ÉBLOUISSANT (PUF). Mourlet y aborde des sujets très variés, dialogue avec un disciple de Lacan et s’ouvre à d’autres cinéastes dont Sautet, Tati. A lire le passage désopilant où il montre que la citation, placée en exergue au MÉPRIS et attribuée à Godard par Bazin, est en fait… de lui. Et citée de manière incompréhensible de surcroit.
Je dois aussi citer l’étonnante, l’incroyable ENCINÉCLOPÉDIE, volume 1 et 2, de Paul Vecchiali qui parle de TOUS les cinéastes français des années 30, en ayant vu et revu TOUS les films. Travail extraordinaire. Vecchiali refuse les rumeurs, démolit des légendes à coup de pioche. On peut évidemment contester des anathèmes trop péremptoires, des démolitions à la dynamite de certains Renoir et autres Pagnol. Une opinion n’est pas un fait. Ce qui compte ici, c’est l’amour du cinéma et du cinéma populaire qui irrigue le livre, la somme des faits et des connaissances. Et revoyez FEMMES, FEMMES.
CLASSIQUES
DU COTÉ DE LA FRANCE
Je veux saluer le magnifique COFFRET GODARD sorti par Gaumont. Je me suis précipité sur BANDE A PART que j’adore et qui tient drôlement bien le coup, sur WEEK END que je n’avais jamais revu. Je me réserve le reste pour plus tard. Mais ne laissez pas passer un tel bijou.
En revoyant le Blu-Ray de LA POISON, j’ai découvert une petite scène dont je ne me souvenais pas. Durant un de ces dîners tendus, silencieux entre Simon et sa femme, jouée par la géniale Germaine Reuver. Ils ont mis la radio et le drame qu’on entend va faire croire à une dispute conjugale, nouvelle variation décapante sur les faux semblants, les apparences, les simulacres. Mais Guitry veut s’amuser davantage. A la pièce radiophonique, il ajoute le générique, festival hilarant de noms doubles ou triples qui dégagent une formidable odeur de pédanterie. Ce moment délicieux renvoie à sa vision percutante de la télévision dans LA VIE D’UN HONNETE HOMME.
Le coffret ROULETABILLE est une de ces heureuses initiatives des Documents cinématographiques auxquels on doit L’HEURE DE VÉRITÉ et LA MAISON SOUS LA MER de Calef, les OTAGES de Raymond Bernard. Je me suis promis de voir ROULETABILLE AVIATEUR de Steve Sekely, dont le prénom a été francisé. Dois-je avouer que je ne suis pas client, mais pas du tout du découpage, de la mise en scène de Marcel Lherbier, de sa direction d’acteur (avec la terrible Huguette ex Duflos (sic)) où l’on a l’impression que tous les comédiens réagissent avec deux ou trois secondes de retard. Saluons néanmoins un amusant générique parlé (le premier ? un des premiers ?) avant Welles. Je sais que ces films ont des amateurs. Sans parler de la version de Bruno Podalydes, je préférais le remake de Louis Daquin. Même l’adaptation me semblait meilleure. Autres avis ? Si vous voulez voir le plus beau film de Lherbier, ruez vous sur l’ARGENT et le documentaire de Jean Dreville, AUTOUR DE L’ARGENT.
UNE HISTOIRE IMMORTELLE d’Orson Welles fait partie de ces petites éditions Gaumont bon marché. Il me faut avouer que je n’avais pas vu le film qui est sans doute le plus sobre tourné par l’auteur de CITIZEN KANE. On y retrouve son goût de la fable, des apologues moraux qui faisaient la saveur de Mr ARKADIN et Jeanne Moreau y est éblouissante. Je n’ai hélas pas encore eu le temps de revoir LE SILENCE DE LA MER, photographié par Henri Decae, qui était sorti, m’avait raconté Melville qui adorait cette histoire, à Marseille avec, sur la façade, un sous-marin torpillant un croiseur. Pendant les 30 premières minutes, le public ne moufte pas. Il est habitué à ces films où les guerriers partent dans la deuxième partie. Mais au fur et à mesure de la projection, la nervosité monte. On s’interroge : « il va partir bientôt ». Au mot fin, ce fut l’émeute.
Pas revu non plus LA MAIN DU DIABLE dont le début, inventé par Jean-Paul le Chanois et qui regroupe un nombre inouï de personnages dans un même lieu, est phénoménal. Ce film, son tournage, servait de support à plusieurs scènes de LAISSEZ PASSER.
DU COTÉ DE L’ITALIE
Va donc savoir pourquoi j’avais gardé du GENERAL DELLA ROVERE, le souvenir d’un film truffé de zooms et dominé par de De Sica. Influence de Positif sur mes 18 ans ?
Il n’y a pratiquement pas de zooms et le jeu de Vittorio de Sica, épuré et brillant, inventif sans jamais perdre le centre émotionnel, qui ne cherche jamais à piéger son personnage, à édulcorer ses zones d’ombre, voire d’abjection, est une pure merveille : regardez comment il extorque un peu d’argent à sa maîtresse qui s’est juré de ne pas l’aider, comment il retourne une situation ou intègre le camouflet qu’il vient de subir. Et surtout comment il met en valeur ses partenaires, accepte de jouer presque de dos ou de trois quart certains moments forts J’ai été aussi frappé par la justesse des extérieurs, des décors, l’absence de tout ton héroïque ou moralisateur. Un grand moment.
VERTIGES fait partie d’une série de Mauro Bolognini que sort Carlotta (avec BUBU DE MONTPARNASSE d’après le magnifique roman de Charles Louis Philippe que voulait adapter Melville et LES GARCONS). C’est un film brillant, très esthète où les personnages n’arrêtent pas de gravir, de dévaler d’immenses escaliers (c’est le titre original) dans un asile de fou ou dans des appartements somptueux. Le travail de Piero Tosi sur le décor, les costumes, témoigne d’un grand raffinement : un bouquet de fleurs jaunes vient illuminer une pièce sombre. La photo de Guarnieri même si elle abuse des trames impose un climat somptueux et morbide. Car Bolognini ne se prive pas de nous montrer des corps déformés, malmenés, dénudés par la maladie ou l’ivresse du sexe. Mastroianni est comme toujours exemplaire et Francoise Fabian et Marthe Keller sont remarquables de sobriété. Je me demande juste si la somptuosité visuelle n’efface pas quelque peu les tensions dramatiques et les répercussions du sujet. Mais la dernière séquence qui nous replonge en plein fascisme remet tout en question. Un film troublant.
Je voudrais signaler le dvd de la Cinémathèque de Bologne et Il Cinema ritrovato consacré aux films sur l’art de Luciano Emmer que plusieurs de mes amis italiens jugent exceptionnels, loin de toute lecture académique de RACCONTA DI UN AFFRESCO (1940) aux films sur Goya et Piranèse (sous titres français). J’avais dit tout le bien qu’il fallait penser de LA FILLE DANS LA VITRINE du même Emmer en attendant de voir DIMANCHE D’AOUT ou l’AMOUR AU COLLÈGE (disponible en Italie), des chefs d’œuvre paraît-il. Le coffret comprend 2 dvd et un livre bilingue (www.CINETECADIBOLOGNA.IT). Pathé vient de restaurer LE GUÉPARD dont nous avons découvert une copie numérique splendide à Lyon. C’est pour moi le meilleur film de Visconti mais je n’ai pas revu NUITS BLANCHES qui vient de sortir et ROCCO toujours en VF chez René Château.
DU COTÉ DES FILMS ANGLAIS
Ma très grande découverte de ces derniers mois fut CITY GIRL de Murnau que vient de sortir Carlotta. Poème lyrique sur l’Amérique rurale, sur l’irruption d’une jeune femme moderne, libre mais profondément amoureuse dans une société puritaine recroquevillée autour de l’amour de l’argent, de la dictature du Père, cette œuvre inspirée, splendide, égale à mes yeux l’AURORE. La marche dans les champs, filmée en un travelling cosmique, de Charles Farrel et Mary Duncan, l’héroïne de LA FEMME AU CORBEAU de Borzage, nous renvoie à Terence Malick, aux MOISSONS DU CIEL.
Beaucoup de films à Amazon UK. Je viens de voir NEVER LET GO de John Guillermin (Amazon UK 4 livres) qui m’a beaucoup plu. C’est comme l’avait dit Nicolas Saada un film noir net, dynamique, bien dirigé, sans jugement moralisateur aux extérieurs sont bien filmés.
L’impasse avec au fond le garage et à gauche le pub est un décor digne d’IL PLEUT TOUJOURS LE DIMANCHE de Robert Hamer à la fois synthétique et symbolique. La violence monte peu à peu de manière inéluctable. Peter Sellers est très impressionnant en salopard cauteleux, sadique (il aime écraser les doigts) envahi par une rage irrépressible et absurde. Il ne peut supporter qu’on veuille lui prendre ce qu’ils estime lui appartenir : voiture, fille. Ses rapports avec sa petite amie, remarquable Carol White que l’on verra dans POOR COW de Loach, sont de plus en plus dérangeants et forts. Cette rage va l’amener à prendre des décisions de plus en plus dangereuses et illogiques.
Tout aussi absurde est l’acharnement que met Richard Todd à vouloir récupérer sa voiture volée, ce qui le conduit à négliger son travail, à se couper de sa femme qui finit par le rejeter. Belle musique jazzy de John Barry avec de nombreuses percussions et des éclats de guitare déjà entendus dans BEAT GIRL de Gréville. Guillermin avait du talent, un savoir faire, un goût démesuré pour les travellings (cf. GUNS AT BATASI, TARZAN’S GREATES ADVENTURE) qu’il a dispersé, gâché dans des projets désespérés. Là, il s’amuse à filmer en courte focale des arrivées de voiture qui foncent et s’arrêtent le plus près possible d’une camera très basse. L’affrontement final entre Todd et Sellers est particulièrement violent. Photo de l’excellent Christopher Challis.
Toujours sur Amazon UK, j’ai revu le très curieux MASTER RACE d’Herbert Biberman (LE SEL DE LA TERRE) qui possède un vrai ton jusque dans les séquences finales, hyper théâtrales. On se croirait presque dans une pièce de Brecht. Il y a un plan large vers la fin avec pratiquement tous les personnages du film dans un seul décor qui fait très Berliner ensemble. Parmi les vainqueurs de la guerre il y a bien sur les américains (prépondérants mais parfois – chose rare – maladroits), les Russes sous les traits d’un chaleureux docteur, convivial, drolatique et humain, les Anglais (ou plutôt l’Anglais qui fait de la figuration). Aucune mention des français. Georges Coulouris fait peur en nazi qui se dissimule sous les traits d’un honnête citoyen.
FOOTSTEPS IN THE FOG (DES PAS DANS LE BROUILLARD) d’Arthur Lubin est un film assez agréable qui détonne dans une filmographie ultra conventionnelle dont on peut aussi retenir IMPACT sorti en dvd chez Wild Side. Il s’agit d’une histoire criminelle (un mari a empoisonné sa femme) assez classique mais joliment décoré et bien photographié par le talentueux Christopher Challis. La beauté des couleurs, le ton des dialogues très British (parmi les scénaristes on retrouve Léonore Coffee, collaboratrice de de Mille et spécialiste des mélodrames féminins) et une interprétation rodée (Finlay Currie, Belinda Lee, Bill Travers).
Parmi d’autres titres sortis par Optimum, je signale THE FLYING SCOTSMAN, sans doute le Premier parlant britannique et le premier rôle de Ray Milland, THE GENTLE GUNMAN de Basil Dearden avec Dirk Bogarde et John Mills sur le terrorisme irlandais, MOONRAKER de David McDonald avec Sylvia Sims, DECISION BEFORE DAWN, le remarquable film de guerre d’Anatole Litvak dont je crois avoir déjà parlé quand il était sorti en zone 1. En attendant je me précipite sur THE WOMAN IN QUESTION d’Anthony Asquith.
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Petit retour sur une chronique précédente pour dire que j’ai terminé la lecture de hitchcock, une vie d’ombre et de lumière de P Mac Gilligan et ai terminé mon cycle hitchcock en découvrant ou revoyant un gd nombre de ses films.
Expérience étonnante et difficulté de se détacher de cet univers et de son créateur qui vaut mieux que toutes les légendes créées à son insu ou par sa volonté.
La fin est vraiment très triste que ce soit dans sa filmo ou dans sa bio malgré qqs fulgurances dans Marnie ou Frenzy. Torn curtain, topaz et Family plot sont qd même vraiment mineurs et parfois assez ratés…n’en déplaise à la politique des auteurs.
Ma grande découverte aura été Lifeboat et ma vraie redécouverte La corde que j’ai été enclin à assimiler à un pur exercice de style en me trompant sur toute la ligne ainsi que the wrong man très injustement mésestimé.
Continuez à publier ces magnifiques et colossaux travaux!On en redemande!!!
J’en suis à la page 501 de A Hitchcock, une vie d’ombre et de lumière et je ne peux que confirmer les grandes qualités du travail de Mac gilligan qui vient confirmer que Institut Lumière/ actes sud est une fort belle collection entre autres pour ce qui touche aux biographies de haut vol après Ford et Hawks.
J’ai l’impression de redécouvrir hitchcock d’auatnt plus que je revois les films au fur et à mesure que je lis le livre, ce qui n’accélère pas ma lecture mais lui donne un impact formidable.
L’édition 20th century fox collector de lifeboat est effectivement très recommandable: copie assez belle, son itou, commentaire audio inégal ais parfois très riche,un docu conversation avec AH ( 55 mn), un docu sur lifeboat richement illustré ( 25 mn), des images rares pour finir.
Le film compte parmi les chefs d’oeuvre d’Hitchcock par sa gageure bien sûr, par la richesse de son sous-texte jamais lourd (les enjeux sociaux et politiques ne contrecarrent jamais les enjeux de l’action principale: comment survivre et cohabiter?),la photo est très inventive ( je pense notamment à cette scène crépusculaire où la lumière rase les visages, laissant les profils se perdre dans l’ombre ( souvenir de certains plans de The long voyage home de Ford?)l’interprétation éblouissante ( pas seulement T Bankhead, personnage et actrice hauts en couleur…j’ai hurlé de rire en lisant certaines anecdotes).
Il faut profiter de ce livre pour redécouvrir le vrai Hitchcock qui sut très bien se dissimuler derrière son personnage public et pour admirer son génie en revoyant ses films.
Pour rebondir sur l’un de vos derniers messages sur la dernière chronique, j’admets que la fin de carrière de Hitchcock peut décevoir notamment Topaz et Torn curtain, Frenzy et Family plot ne me semblent pas si mal ( je n’ai pas dit géniaux surtout si on considère la jonction 50′ 60′ avec l’enfilade de chefs d’oeuvre: trouble with Harry/L’homme qui en savait trop/the wrong man/Vertigo/north by northwest/ Psycho/ birds )mais j’en suis encore loin dans ma bio pour le revoir déjà!
Tous mes remerciements pour avoir publié cette belle biographie qui augure de nouveaux titres passionnants.
Pourquoi pas Aldrich par exemple?J’ai lu cet été Robert aldrich , violence et rédemption de W Bourton (PUF) et dois avouer que je suis resté sur ma faim tant les films sont superficiellement abordés: Mac gilligan comme ses prédécesseurs Mac bride pour Ford, Mac Carthy pour Hawks ( que de Mac!!!!)allie anecdote, repères factuels, contextualisation ET analyse toujours précise des conditions d’élaboration, regards sur l’objet-film.
Je n’ai pas été très clair peut-être en fin de message: la bio sur aldrich ne possède aucune des qualités vues dans les bios éditées par l’Institut Lumière qui me semblent s’apparenter qualitativement à la collection Biographies de Gallimard.si j’en crois la 4 de couv du bouquiin des PUF, c’est l’un des rares titres sur Aldrich.
Voici une liste d’auteurs que je rêve de voir abordés:
Sam Fuller,Nicholas Ray, Raoul walsh, William Wellman,Keaton,Billy wilder,Tourneur…pour ne prendre que des auteurs américains!
Au sujet de REBECCA, que serait devenu ce film si Hitchock avait cédé à la demande du producteur de faire dessiner un « R » à la fumée du château en flammes dans la scène finale ? La fausse histoire de fantôme en devenait une vraie, et une vraie catastrophe aussi.
Je viens d’acheter NEVER LET GO de Guillermin et ai hâte de le découvrir.
Un mot sur Malick puisque l’on parlait des MOISSONS DU CIEL en comparaison de CITY GIRL.
Je viens juste de découvrir son dernier opus TREE OF LIFE au cinéma. Film très ambitieux, très bien photographié mais également très décevant. Positif rappelait il y a quelques années dans un dossier sur Cecil B. De Mille, la volonté de ce dernier de faire après les DIX COMMANDEMENTS un film sur la naissance de l’humanité. Eh bien Malick semble être devenu le Cecil B. de Mille des années 2010 ! De beaux chromos enrobent un film au message plus que convenu, récupérant tout les poncifs d’un cinéma hollywoodien que l’on croyait aux oubliettes : la mère aimante, socle familial de l’idéal américain, le père dur et violent qui se rachète à la fin du film. Tout cela ne surprend plus. Dommage donc que les magnifiques images du film servent un scénario aussi faible. Reste le dernier 1/4 d’heure que n’aurait pas renié les surréalistes.
Dire que certains ont quand même osé comparer ce film à 2001 A SPACE ODYSSEE : alors que Kubrick ouvrait de multiples portes au spectateur (comme un Lynch dans MULHOLLAND DRIVE), Malick impose un seul point de vue (malgré tous les plans de portes qui s’ouvrent dans le film !).
Nous sommes plus prêt de Griffith, de De Mille ou de Disney (on pense parfois à FANTASIA) que de Kubrick ! . Et nous sommes aussi malheureusement aussi loin du Malick que nous avions adoré : lui qui mêlait adroitement des personnages en révolte, en guerre au milieu de paysages magnifiques rappelant la liberté espérée ou perdue. Après les trois chefs d’oeuvres BADLANDS, MOISSONS DU CIEL, LA LIGNE ROUGE, Malick semble rentrer dans le rang (à l’image d’un Clint Eastwood ou même des frères Coen qui ont fait débat sur ce blog) avec ce film « d’art » se voulant radical. Il est temps qu’une nouvelle génération prenne le pouvoir dans le cinéma américain pour nous surprendre encore (même si elle existe déjà à l’image d’un Paul Thomas Anderson par exemple)… Mais, là encore, une opinion n’est pas un fait et je suis prêt à parier que Positif mettra TREE OF LIFE au pinacle et qu’un Pierre Berthomieu en fera toute une tartine dans son corpus littéraire sur le cinéma hollywoodien (dont le second tome est sorti chez Rouge Profond) : le savoir faire technique indéniable de Malik et les chromos du film auront parlé !
Voyez actuellement au cinéma ANIMAL KINGDOM, polar australien très noir, qui prend aux tripes !
A Damien, très intéressante analyse même si je ne suis pas tout à fait d’accord. La comparaison avec de Mille me semble judicieuse si l’on oublie le de Mille intimiste, souvent drole, charmant, léger et parfois aussi tragique de tous les films sur le couple, sans oublier le sublime (et Malickien Whispering Chorus. L’avez vous vu ?
A Bertrand T., je parlais effectivement du De Mille de la fin de carrière et de ses grosses productions des années 40 et 50 : image qu’il a quand même laissé dans l’esprit des spectateurs. Et pourtant, comme vous, j’aime beaucoup le De Mille intimiste du muet (notamment ses films avec Gloria Swanson) sortis en partie en France chez Bach films. Films qui restent malheureusement peu connus aujourd’hui du public hors des cercles cinéphiles.
Je n’ai pas vu The Whispering Chorus mais vous me donnez envie de le voir…
A Damien
C’est un chef d’oeuvre
Absolument pas d’accord avec vous Damien mais alors pas du tout!
Certes Tree of life peut sembler bigger than life, très préoccupé par sa propre profondeur et l’importance d’un « message » (ce qui est d’ailleurs discutable et que je discuterai un peu plus tard car je n’ai guère de temps cette semaine) mais il ne me semble pas déshonorant dans la filmo de Mallick, il est au contraire d’une intimité bouleversante pour un homme de cet âge qui ose une vraie autobiographie à coeur ouvert.
Si lyrisme imposant il y a, ce n’est pas chez le pompier De Mille qu’il faut le chercher mais chez le Gance muet ( celui de La roue ou de La fin du monde)ou encore chez certains russes (plutôt Poudovkine et dovjenko qu’Eisenstein).
Chez des cinéastes plus récents, c’est encore vers l’Est que je trouve des analogies -si ce ne sont des ressemblances: le Tarkovski du Miroir, certains titres de Pelechian ( le diptyque Fin/Vie surtout). Là aussi , le glissement d’un plan vers l’autre sur un mode purement musical et inconscient fait des merveilles!
C’est curieux, cher Jean-Jacques, mais je me doutais que vous ne seriez pas d’accord avec moi. Pourtant quand on lit le projet qu’avait De Mille dans les années 50, on constate que TREE OF LIFE n’est sans doute pas loin d’un résultat « demillien » surtout évidemment dans sa première partie. Quand aux références à Gance ou à certains films russes, c’est assez vrai formellement mais avec des réserves. Par exemple, j’aime beaucoup Eisenstein : POTEMKINE, QUE VIVA MEXICO, LA GREVE sont de magnifiques films. Pourtant ALEXANDRE NEVSKI ou IVAN LE TERRIBLE m’ont toujours laissé de marbre; car à force de tirer sur la corde de la beauté plastique, du « beau plan », on oublie parfois l’émotion. (quand à Tarkovski que vous citez, j’ai beaucoup de mal avec ses films mais il faudrait en revoir certains).
C’est le plus gros reproche que je fais à TREE OF LIFE : ne pas m’avoir fait vibrer alors que le but ultime de ce film est de le faire, et ce, en utilisant certains poncifs et un message discutable (là-dessus je pense que nous sommes d’accord)…
Après, évidemment, libre à chacun d’avoir aimé. Je préfère pour ma part revoir LA LIGNE ROUGE dans le magnifique blu ray sorti récemment et attendre un nouveau Malick peut-être moins ambitieux mais plus émouvant…
Je suis très intrigué par ce projet de De Mille: dans quel Positif en est-il question?
Par ailleurs, le raccourci Mallick/De Mille me semble un peu rapide malgré le versant « intimiste » de celui-ci que je ne connais pas du fait que la logistique de Mallick me semble très libre, loin des canons hollywoodiens sur bien des plans: rapport au temps de tournage comme de montage,choix de la lumière « naturelle »,utilisation conjointe de la beauté la plus épurée et de la scorie (j’ai eu confirmation par le n° des Cahiers que plusieurs prises d’une même scène se succédaient lors de telle scène comme pour montrer les variations d’un quotidien).
Quant au film, il a un côté un peu monstrueux, déséquilibré, qui demande du temps de réflexion pour savoir à quel degré se situe sa réussite ( indéniable à mon sens) un peu comme avait pu le faire pour moi La dernière tentation du christ qui sautait sans transition du sublime à -l’apparemment- grotesque, dans un geste esthétique qu’aurait prisé Hugo.
Je suis très intrigué notamment par le passage préhistorique parfois un peu bizarre ainsi que par la fin …symbolique (mais finalement symbole de quoi? epiphanie chrétienne? simple processus mental de réconciliation avec soi-même).
Les choix musicaux sont parlants: Part, Preisner ( qui fit les BO de kieslowski), Gorecki tous des compositeurs que j’adule souvent mais qui peuvent déplaire par leur choix « mystique » pour aller vite qui renoue avec des traditions aussi variées que le chant grégorien, les pièces pour orgue de Bach, les envolées de Sibelius…
Je ne dis pas que ce Mallick est supérieur aux autres, je suis même sûr de lui préférer Days of heaven (revu deux fois cette année sur gradn écran) et thin red line (dont je pense acquérir le blue ray: a propos, pouriez-vous m’en parler en détails?).
A Jean-Jacques. Sur le dernier projet de De Mille, cela doit être dans le Positif dont le dossier lui était consacré : je ne l’ai pas sous la main mais de mémoire cela doit être le numéro d’avril 2009. Un autre numéro du début des années 90 avait également consacré plusieurs articles sur De Mille.
Peut-être que l’approche DeMille-Mallick est rapide. A la sortie du cinéma, c’est pourtant ce rapprochement qui m’est venu naturellement et c’est ce que j’ai essayé de m’expliquer par la suite. Après, plus généralement, m’est apparu plus généralement une certaine référence hollywoodienne « classique ».
Evidemment De Mille et Mallick n’ont pas la même approche graphique et technique d’autant que plus d’un demi siècle les sépare ! Mais des rapprochements peuvent se faire sur l’ambition et l’ampleur du projet, le message somme toute assez conservateur, la volonté de faire passer l’histoire presque uniquement par le cadre, l’image et la musique (cette dernière ne m’a d’ailleurs pas forcément déplue).
De toute façon je reverrai un jour ce film mais disons que le courant n’est pas passé à sa première vision. L’emballage est effectivement magnifique mais l’objet emballé parait lui assez vide de sens et d’émotion…
Sur LA LIGNE ROUGE, le blu ray est effectivement magnifique : l’image a été magnifiquement restaurée et toutes les beautés du film rejaillisent comme une nouvelle vision du film même si le dvd était déjà pas si mal. J’espère qu’un éditeur sortira en dvd ou blu ray DAYS OF HEAVEN dont la copie restaurée est effectivement sublime !
Pour être précis, le numéro exact de POSITIF consacré au dernier projet de De Mille est le 511 de septembre 2003.
Merci pour toutes vos réponses ,Damien.
Il faut que je revois ce film que j’ai vécu assez intensément pour mieux comprendre pourquoi il m’a tant plu alors qu’à l’évidence, il a créé une scission assez incroyable entre pro et anti.
J’ai manqué, à mon grand regret, Animal kingdom qui semblait très prometteur. Je le guetterai cet été au gré de mes vacances car je préfère, dans la mesure du possible (vous le dites très bien à propos du superbe Mother que j’ai moi aussi rattrapé en DVD tout comme le non moins important Memories of murder) découvrir un film sur grand écran!
J’ai noté sur mon agenda plusieurs titres. N’hésitez surtout pas à me dire, si vous les avez vus, ce que vous en avez pensé: je suis très intrigué par La dernière caravane de K Reichardt ( question western, j’imagine par avance les protestations qui vont fuser pour ce film qui semble très curieux), par Une séparation dont tout le monde me dit grand bien, par le film de Rabaté dont j’aime beuacoup les Bd à défaut d’avoir adoré son premier film ( le grand Jacques Gamblin est au casting…par delà le talent immense de cet acteur, je lui dois l’un des moments les plus mémorables de ma vie: j’ai appris que j’allais être père une heure avant de voir avec ma femme son spectacle Entre courir et voler, il n’y a qu’un pas papa…pour cette raison et d’autres , je crois pouvoir dire que j’ai rarement « vécu » un spectacle aussi physiquement, entre rires et larmes, dans ma vie!!! le texte est disponible chez La dilettante et est très beau en soi!).
A Jean-Jacques : merci à vous pour vos idées de films à voir. j’ai vu UNE SEPARATION qui est un film magnifique, qui sous son apparente simplicité et linéarité, brasse énormément de sujets (rapports à la religion, à la maladie et la vieillesse, au couple, aux différentes classes sociales…) : je vous le conseille vivement (quand on sait en plus la difficulté de tourner dans ce pays qu’est l’Iran…).
A Damien Doussin
Tout à fait d’accord
Cher Damien, j’ai vu hier soir une séparation et confirme qu’il s’agit d’un film admirable d’une densité scénaristique rare, d’une tension constante,d’une précision esthétique extrême sous son apparente simplicité. Et ne parlons pas de la direction d’acteurs remarquable.
Un film dont il nous faudra parler plus longuement ultérieurement pour bien souligner la gageure qu’il remporte en contournant la censure comme surent le faire Barnett,Forman, skolimowski en leur temps: du grand art!
Vu ANIMAL KINGDOM en DVD et ça m’a beaucoup plu. Cela m’a fait un peu penser à AT CLOSE RANGE, de James Foley.
Je comptais acheter le dvd des courts métrages de Luciano Emmer que vous conseillez mais je vois qu’il est malheureusement épuisé depuis un moment (pas sur que la cinémathèque de Bologne le ressorte prochainement).
Par contre j’ai réussi à trouver d’autres dvd magnifiquement restaurés dans leur collection « cinéma ritrovato » : CENTO ANNI FA 1909 qui est une excellente compilation de divers pays de films tournés en 1909 et restaurés par de nombreuses cinémathèques (épuisé lui aussi, sous-titres anglais).
Dans les titres encore disponibles, il y a des titres alléchants comme INFERNO (1911) de Francesco Bertolini, Adolfo Padovan et Giuseppe De Liguoro (sous-titres anglais) ou le premier MACISTE (1916) de Giovanni Pastrone (uniquement en italien), début d’une importante série réalisée après son CABIRIA. Pour les amateurs de films muets rares, je conseille donc de vous les procurer rapidement car apparemment les tirages sont très faibles.
Il est clair que le théâtre américain « naturaliste » n’est pas le meilleur du théâtre…qu’on se penche simplement sur notre création au XXème siècle (Claudel,Anouilh, Giraudoux,Beckett, Ionesco,Genet,Adamov, le moins connu Dubillard,Koltès…et j’en passe) et on pourra vite dire que c’est un peu académique.
Néanmoins, ce théâtre véhicule une certaine mythologie qui a fait bon ménage avec le cinéma à mon sens et a été même magnifié, porté vers une certaine incandescence par le cinéma.
Je n’ai pas lu le texte qui a donné Suddenly last summer mais le film possède une puissance hors norme tout de même!
Il est un film qui croque avec génie ce contexte du théâtre à thèse américain ( plutôt versant clifford Oddets) c’est le Barton fink des Coen qui offre en plus un réjouissant portrait de Faulkner!
Bonjour Mr Tavernier, après avoir vu « The Skeleton Key / Ian Softley », un très bon film fantastique situé en Louisiane avec un fond suggéré et initial de violence raciale sur un couple de domestiques noirs …
Depuis un question hante mon esprit: avez-vous pensé à Peter Sarsgaard pour « Dans la Brume Electrique » après l’avoir vu dans ce film ??…
Si c’est un secret de fabrication, je n’en prendrais pas ombrage si vous ne désirez pas le divulguer …
All the best
Catherine
A Parfum de femme
J’ai vu le film bien après avoir distribué Peter Sarsgaard et il y était en effet très bon. Je l’avais vu dans le le film de Mendes sur l’Irak.
Sans aucun rapport avec le sujet : savez-vous si StudioCanal envisage de ressortir prochainement vos films en blu-ray, surtout après le diffusion ce mois-ci sur Arte de 4 de vos films en HD ?
Bonjour Monsieur Tavernier, à propos des sorties dvd, savez-vous s’il existe une quelconque version de « La Belle équipe » de Julien Duvivier ? Si non, est-il prévu de le sortir prochainement et avec les deux fins diffusées par Patrick Brion.
Toujours grâce à Brion, existe-t-il la version intégrale de 3h20 d' »Alamo » vue il y a longtemps au Cinéma de minuit ?
Merci pour vos réponses.
A Olivier Douarre
LA BELLE EQUIPE vient d’être récupérée par Christian Duvivier qui a gagné son procès. Il devra s’occuper de faire sortir le film dans une version convenant au désir de son père
Merci beaucoup pour l’info. Et pour « Alamo », avez-vous des nouvelles ?
Tristesse en apprenant la mort de S Lumet après celles de Corneau, chabrol, Penn ou encore B Edwards.
Nécessité de se rappeler ses plus beaux films: serpico, a dog day afternoon, La colline des hommes perdus, Douze hommes en colère, Prince of NY, Running on empty (celi-là, il faut le réhabiliter de toute urgence), Q and A ou encore le dernier opus 7h58 , ce samedi là absolument magistral sur tous les plans (récit, écriture des dialogues, interprétation, photographie) sans jamais sentir l’effort…
Et je devine en plus un grand bonhomme derrière le grand cinéaste!
a Ballantrae
Vous avez pleinement raison. N’oubliez pas le très méconnu RUNNING ON EMPTY et LA MOUETTTE
Mais je n’ai pas oublié Running on empty (cf plus haut), le tenant pour une réussite importante de la fin des 80′ comme Prince of NY les ouvrait mais ne connais pas son adaptation de La mouette.
On pourrait citer aussi The andersons tapes, Network, The pawn broker (avec lequel je vous ai trouvé un peu durs dans 50 ans) voire le bizarre Equus d’après la pièce hallucinée de P Shaffer.
J’insisterai sur la richesse de Q and a vu à l’époque de sa sortie et revu avec un grand plaisir sur le câble. Même la fin m’a convaincu malgré l’accumulation d’événements mais c’est un peu comme si les pièces du puzzle convergeaient enfin.Nolte y était magistral : quel acteur surpuissant!!! N’avez vous pas été tenté de lui faire faire un tour en Louisiane au moment de votre tournage?
Et le terrifiant POINT LIMITE qui eut le malheur de sortir quelques mois après (et par les mêmes studios que) son versant satirique DR FOLAMOUR.
Ainsi que le poignant THE GROUP, qui ne serait disponible en DVD que dans une édition espagnole (un Zone 2 avec VOST).
R.I.P Sidney
J’aime énormément ce réalisateur pour la trilogie Sean Connery: « The Offence », « The Hill », « The Anderson Tapes », et puis « Network » et « Equus » …j’espère voir « La Mouette » un jour because le casting est déjà tout un programme à savoir Simone Signoret, David Warner et James Mason !! …
Mr Tavernier, je découvre grâce à votre conseil le livre de Michel Mourlet, c’est passionnant, merci.
Les deux sont diffusés en ce moment sur TCM, La mouette première diffusion jeudi prochain à 20h30. Il me tardait de voir cette adaptation du génial dramaturge.
C’est amusant, sur le forum cinéma de DVDclassik, nous étions plusieurs à évoquer un dimanche à la campagne (de manière très élogieuse cela va sans dire) et les deux noms qui revenaient fréquemment pour dire à quelles altitudes émotionnelles votre film nous avait entraînés étaient Proust et Tchekhov…et ce n’est pas seulement lié au choix de l’époque,bien évidemment!
A Ballantrae
J’ai beaucoup pensé à Tchekov que j’admire tellement
De Lumet, en dehors de ses chefs d’oeuvre cités ici on peut mentionner aussi THE OFFENCE inédit en France jusqu’il y a peu, L’HOMME A LA PEAU DE SERPENT ou POINT LIMITE.
Aussi ému que Jean-Jacques de ce décès. Il avait montré une telle jeunesse et une telle rigueur dans le scénario et la mise en scène de 7h58 CE SAMEDI-LA que l’on aurait pu attendre encore quelques bons films de sa part. Au moins Lumet termine sa carrière sur un magnifique film et rejoint sur ce point un John Huston.
Lumet est mort et avec lui c’est définitivement l’âge classique du cinéma américain qui s’en va. (certains diront qu’il reste des gens comme Eastwood mais je le mettrai à part). Avec une si importante filmographie, sa carrière a eu des hauts et des bas mais sa passion est restée la même : souvent soucieux de traiter sans complaisance des travers de ses contemporains, ayant filmé magistralement sa ville de New York et cinéaste engagé, Lumet mérite qu’on ne l’oublie pas…
Il est triste de voir disparaître ces noms des 60′, 70’…l’un après l’autre , des deux côtés de l’Atlantique:Penn, Chabrol,Rohmer,Edwards et leur cadet Corneau.
Il faut voir, revoir leurs films afin de pas les muséifier et dire combien vivante est leur contribution au cinéma!
Après la disparition de Bresson, Huston, Tarkovski, Paradjanov, Kurosawa, Fellini, Bergman,Antonioni,Satyajit Ray cela augmente le « vide » de manière saisissante…
Bonjour, merci à vous Ballantrae pour l’info sur Sidney Lumet.
J’ai les mêmes affinités pour les films que vous avez cité. Ne pas oublier biensûr « Network » précédemment ensensé sur ce blog, « L’Homme à la peau de serpent » un des plus beaux rôles de Brando, le méconnu « The Offence » avec un immense Sean Connery, la belle adaptation du « Crime de l’Orient-Express », « The Verdict » et « Contre-enquête ».
J’ajouterai que, comme « The Molly Maguires », « le Prince de New-York » appartient à ces chef-d’oeuvres oubliés ou ignorés et une récente vision m’a confirmé quel film magistral c’était.
Il est vrai que fugitive kind est une belle adaptation de T Williams (décidément que de bonheurs d’adaptation pour ce dramaturge de Kazan à Paul Newman – sa ménagerie de verre est une pure splendeur- en passant par huston).
Cela n’a rien à voir (mais un peu quand même Huston/ miller The misfits) mais je viens d’acquérir à vil prix l’adaptation de Mort d’un commis voyageur d’ A Miller par Schlondorff qui est une merveille d’intelligence avec l’une des meilleures prestations de D Hoffman et avec un J malkovich juvénile et brillant loin de sa propension au cabotinage. en bonus , un docu formidable: private conversations qui prouve l’intelligence, la rigueur et l’élégance de V schlondorff cinéaste à redécouvrir! Envie de revoir Le coup de grâce qui demeure une splendeur dans mon souvenir.Chez aventi en copie tout à fait satisfaisante, coffret 2 DVD.
Je reverrais bien des adaptations de S Shepard , personnage brillant et attachant (Paris/Texas demeure une splendeur absolue: tiens encore ce rêve d’Amérique des jeunes cinéastes allemands) comme Fool for love d’altman dont le souvenir s’estompe dans ma mémoire
A BALLANTRAE
J’aime beaucoup la version de Schlondorff qui revitalise cette pièce que je n’aime guère. Le théâtre naturaliste américain m’a toujours semblé pauvre face à des auteurs européens comme Mirbeau, Becque, Ibsen sans parler de l’auteur des RATS. J’ai envie de sauver parce qu’elles sont poétiques les premières pièces de T Williams, surtout la sublime MÉNAGERIE DE VERRE, à condition qu’on en garde le prologue mais Miller, Albee et tant d’autres…
Petit exercice comparatif éloquent:
-citation ouvrant Le mépris: »Le cinéma, disait andré Bazin (sic), substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs. »
-citation de M Mourlet in « Sur un art ignoré »: »Puisque le cinéma est un regard qui se substitue au nôtrepour nous donner un monde accordé à nos désirs, il se posera sur des visages, des corps rayonnants ou meurtris mais toujours beaux, de cette gloire ou de ce déchirement qui témoigne d’une même noblesse originelle, d’une race élue qu’avec ivresse nous reconnaissons nôtre, ultime avancée de la vie vers le dieu. » (trouvée dans le petit volume de Marc Cerisuelo sur Le mépris)
Le bonhomme a l’air très intéressant et- anecdote -il fut surnommé par Moullet « l’amer Michel » (!!!!) et par d’autres « le Boileau du Mac Mahon ».
lorsque j’ai vu que vous adoubiez le livre de mc gilligan, je l’ai acheté immédiatemment, merci. merci également pour ce magnifique blog.
D’accord sur L’Herbier mais on peut au moins saluer la photographie de Burel (Le Mystère de la chambre jaune) et celle de Périnal (Le parfum de la dame en noir), toutes deux toujours étonnement modernes et en avance sur leur temps.
Ils ont tous les deux sut échapper tout au long de leur carrière à deux écueils : le maniérisme (façon Schufftan, LeFebvre…) et l’académisme (façon Kelber, Matras…).
A Marc Salomon
Entièrement d’accord
Je dois avouer que Vertiges vu sur cinécinéma l’an passé m’a vraiment époustouflé. Sa sophistication gênante dans d’autres Bolognini ici correspond bien au sujet, à cette pause esthétique qui enrobe le fascisme afin de mieux masquer l’horreur de son essence.Le jeu des apparences (beauté des corps et édcors, photographie somptueuse) ne dérobent pas au spectateur le sujet premier( folie/fascisme/psychiatrie) amis au contraire crée un effet de correspondance entre la matière et l’oeuvre: le psychiatre sous couvert de réinventer la psychiatrie fait feu de tous bois y compris des plus pourris afin de satisfaire ses vices.
Certes moins radical que Salo mais plus convaincant qu’une entreprise style Les damnés.
A propos, la restauration du guépard est somptueuse et Les nuits blanches comptent parmi mes Visconti favoris avec le précédent et Senso, La terre tremble ou Ludwig.Il ne faut pas négliger non plus Violence et passion ou L’innocent, souvent oubliés par les exégètes.J’aime moins avec les années Mort à Venise qui me semble trop poseur.
Pour Immortal story, j’aimerais savoir si le DVD comporte les deux montages que j’ai pu voir lors de diffusions TV: 50mn pour la version diffusée en France et 57 mn pour la version anglaise avec des différences assez notables que ce soit pour le choix des prises de vue ( à vue de nez 15 mn environ) ou pour des options de montage.
Même si plus « simple », ce moyen métrage me semble l’un des plus beaux Welles par sa beauté plastique, sa sophistication narrative, son inventivité qui transforme le système D en or pur.
Sur un format nouvelle, il possède la même profondeur que the dead de Huston.
Karen blixen avait inspiré une autre splendeur qui en son temps rencontra un succès inattendu: Le festin de Babette de G Axel avec la grande S Audran.Je suis quasi sûr que l’amoureux des plaisirs de la table que vous êtes avait su accueillir dans son panthéon ce petit film secret, émouvant et gourmand.
Tiens! un beau film de B Tavernier sur la mère Brasier pourrait constituer une date dans la rencontre entre cuisine et cinéma! C’est de l’or en barre que cette trajectoire dont j’entendis parler lors d’une émission sur france culture: cuisine, histoire, politique…tout y est!J’avais l’impression de voir sourdre des possibles de récit incroyables. Je ne asis si elle est encore consultable amis elle fut diffusée cet automne.Mais je m’égare…
A BALLANTRAE
Le dvd ne comporte qu’un montage. Je ne connaissais pas cette version americaine
Il faut guetter les passages sur F3 ou sur le câble.
J’ai les deux( en vidéo malheureusement) et pourrai un jour vous copier l’autre si cela vous intéresse
CARLOTTA vient de son côté d’annoncer pour octobre 2011:
– « LE FLEUVE » (RENOIR) déjà sorti en Zone1 et Zone2
– « DEEP END » (SKOLIMOWSKI);les films de SKOLIMOWSKI sortent petit à petit.
A Augelman
Les anciesn films aussi comme WALKOVER. Et allez voir ESSENTIAL KILLING
Espérons des éditions DVD du splendide Moonlighting avec un J Irons impressionnant et un sens de la dramaturgie incroyable, complément métaphorique du plus concret, frontal L’homme de fer de Wajda.
Et notons l’incroyable cri du sorcier qui trouble autnt uqe les plus beaux Herzog par son exploration des méandres de la folie.
Et Le bateau phare méconnu avec un RDuvall magistral en gangster dandy!
Je suis ravi que la génération polonaise des 60′ 70′ fasse son grand retour au premier plan:
-Polanski est remis en selle avec son impeccable Ghostwriter (revu sur C+: c’est décéidement du grand art!)
-Skolimowski avait déjà conçu une oeuvre forte, troublante, intemporelle avec qutre nuits avec anna et il semble avoir récidivé pour Essential killing
-les deux derniers Wajda sont très beaux surtout Katyn diffusé ce jeudi sur arte
Notons que Malavida donne à voir nombre de joyaux polonais dans de belles versions!
Entièrement d’accord avec vous sur GHOST WRITER de Polanski et ESSENTIAL KILLING de Skolimowski que je viens de voir et qui est un petit chef d’oeuvre (film dur, entre lyrisme et surréalisme).
Je serai plus partagé sur KATYN de Wajda vu comme vous sur arte. Je l’ai trouvé assez académique avec des longueurs. Il a au moins le mérite de s’attaquer à une période noire de l’histoire militaire de la Pologne. Le dernier 1/4 d’heure montrant avec force détails les exécutions, ajoute au choc du propos qui restait en filigrane durant les 2 heures précédentes (ce qui déséquilibre aussi quelque peu le film).
A propos des cinéastes polonais apparus dans les années 60, il y en a un qui semble bien oublié des éditeurs DVD : Krzysztof Zanussi. J’aimerais beaucoup pouvoir revoir LA CONSTANTE et LE CONTRAT, par exemple…
J’ai découvert hier soir Essential killing vraiment singulier dans son hiératisme et sa sécheresse.Une expérience de cinéma qui nous met dans la peau d’un fugitif de manière très physique, presque insupportable parfois. L’esprit de sérieux ne s’empare jamais du projet de Skolimowski (ce serait un comble pour un grand lecteur de Gombrowicz!!!) par d’étonnantes trouées dérisoires ou surréalistes.
Skolimowski a le sens de l’espace en tête pour montrer ces déserts ou ses étendues neigeuses avec comme indicateur d’échelle le fugitif affamé, pourchassé.
J’ai l’impression que ce film même si contemporain est comme à la croisée des expérimentations des 70′( plus qu’au survival style Délivrance, c’est aux road movies secs de Monte Hellman et Richard Sarafian que je pense)et d’une série B sèche.
Un film qui s’impose et se vit physiquement avec une prestation gonflée, extrêmiste de vincent Gallo qui mlagré ses côtés excentriques et excessifs est bien un grand acteur ( je le trouve encore une fois impressionnant après Arizona dream de kusturica,The funeral de Ferrara,Trouble every day de claire Denis, Tetro de coppola, Buffalo 66 de lui-même).
Skolimowski renoue à la fois avec son sens de l’espace mental visible dans Le cri du sorcier et son économie, son sens de l’absurde et son urgence physique visibles par exemple dans l’admirable Travail au noir.
Un cinéaste immense injustement oublié ces dernières années comme Has, comme Kawalerowicz, comme Klimov,comme Paradjanov, comme Guerman (on ne parle plus de son admirable Khroustaliov, ma voiture! il doit sortir un film cette année je crois)…bref comme le cinéma de l’Est dans son entier qui « n’est plus à la mode »!!!
Après les déceptions suite aux annulations communiquées,WILD SIDE essaie de redresser la barre avec son nouveau programme:
– Le coffret SARAFIAN « Le convoi sauvage »/ »Le Fantôme de Cat Dancing » pour le 5/07/2011
– « SERGENT LA TERREUR » (BROOKS) et « LE SEL DE LA TERRE »(BIEBERMANN)POUR LE 27/07/2011 (ce dernier est annoncé dans une nouvelle copie)
– « Lame de fond » (MINNELLI), « JOHNNY ROI DES GANGSTERS » et « LA MAIN NOIRE »(THORPE)
Dans la collection Classics Confidential une nouvelle série « ART OF NOIR » démarre en octobre 2011 avec « Le Rôdeur »(Bertrand Tavernier est intervenu dans le DVD paru il y a quelques semaines en Zone1)
En octobre et novembre 2 sorties en zone 2 très attendues :
« Husbands » (CASSAVETES) et « Portier de Nuit » (CAVANI)
Espérons que ce programme sera tenu et que les prévisions sur le 1er semastre 2012 « THE STORY OF GI JOE » « FEMME DE FEU » deviennent réalités.
Bonnes nouvelles que l’arrivée du convoi sauvage, du sel de la terre ou ENFIN de husbands.
En revanche Portier de nuit ne relève pas de l’indispensable, c’est même un film qu’on pourrait oublier sans problème!
Merci pour cette chronique et ces conseils de lectures.
Je vous rejoins totalement sur CITY GIRL injustement oublié par certains critiques. Je dois avouer que sa découverte au cinéma de minuit il y a presque deux ans m’avait vraiment touché et je le tiens comme mon Murnau préféré juste devant L’AURORE. Au-delà des beautés des paysages, comment ne pas oublier la beauté de Mary Duncan et tous ces magnifiques visages burinés par le soleil et le vent… Et qu’elle simplicité dans le scénario et la mise en scène, qu’elle modernité dans le jeu des acteurs ! Achetez tous le dvd !
Dans l’entretien qu’a donné Godard en juillet 2010 pour un des disques bonus du coffret gaumont, Etonné d’apprendre qu’il renie totalement BANDE A PART et UNE FEMME MARIEE où il eu l’impression de ne pas vouloir faire ce qu’il voulait… Reste qu’un metteur en scène, et c’est connu, est parfois mauvais juge de son oeuvre…
J’ai vu UNE HISTOIRE IMMORTELLE. Si Jeanne Moreau y est magnifique, j’ai trouvé dommage, quand on voit l’ambition affichée de Welles, qu’on ne lui ai pas donné plus de moyens en France pour faire ses films. Celui-ci en souffre un peu. Il est vrai que pour LE PROCES il avait pu exploiter à merveille les extraordinaires intérieurs de l’ancienne gare d’Orsay…
A Damien
Entièrement d’accord. Cela dit la question des moyens donnés à Welles est compliquée. Il a parfois eu une conduite suicidaire pour tout à coup se rattraper et, inspiré par les contraintes, réussir des séquences inoubliables (le meurtre dans le bain turc dans OTHELLO, idée qui est née parce que les costumes manquaient ou avaient été saisis
Il faut voir le très éloquent segment de Vies d’A Cavalier (je crois qu’il n’existe as en DVD pour le moment, je l’ai vu à sa sortie) consacré aux dernières années françaises de Welles pour se rendre compte de son penchant autodestructeur.
Je partage totalement votre enthousiasme pour « City Girl », et particulièrement pour la scène dans les champs que vous mentionnez.
Concernant les films et dvd anglais, j’ai récemment découvert « The Pumpkin Eater » de Jack Clayton avec Anne Bancroft et Peter Finch. J’ai trouvé ce film assez intéressant. Peut-être me donnerez-vous votre avis ?
Le dvd édité par Sony / Columbia présente une copie 16/9ème d’assez bonne qualité et des sous-titres anglais optionnels.
A Pierre Florian
Jack Clayton est un cinéaste talentueux comme le prouvent les INNOCENTS avec Deborah Kerr dont je crois avoir parlé, la FOIRE DE TÉNÈBRES et autres. Il n’a eu que le tort de faire gagner un oscar à Signoret dès son premier film que je n’ai jamais revu
Sans oublier Chaque soir à neuf heures avec Dirk Bogarde dans l’un de ses plus beaux rôles: une atmosphère troublante où encore une fois l’enfance se fait vénéneuse. Par ailleurs, Gatsby ne me semble pas aussi glacé et raté qu’on l’a dit.Fitzgerald a été généralement bien servi: Le dernier nabab, Gatsby…, Benjamin Button.
Il y a un a priori persistant sur nombre de cinéastes anglais talentueux: Clayton,Reed ou Lean pour ne prendre que trois noms connus…
Oui, malgré Signoret et Laurence Harvey, LES CHEMINS DE LA HAUTE VILLE est assez ennuyeux. Rien à voir avec la puissance trouble des INNOCENTS ni celle de OUR MOTHER’S HOUSE (où il montra à nouveau des enfants manipulant des adultes) que je désespère de voir un jour en DVD. On peut juste en trouver la bande originale (de George Delerue) sur CD.
J’ai bien aimé le premier film de Jack Clayton « Les chemins de la haute ville », qui raconte l’arrivisme d’un jeune homme qui débarque dans une petite ville et une population encore marquées par la guerre plusieurs années après. 50 ans après, il me semble que ce film est un portrait crédible de ce lieu et de cette époque. Je l’ai découvert parce qu’il était vendu en bipack DVD avec « Les Innocents », que vous m’aviez donné envie de voir. Je trouve « Les innocents » bien plus intéressant, par sa constante ambiance oppressante, que son grand-cousin américain de 1960 « La maison de diable », qui avait certes pour lui quelques scènes purement truculentes assez stimulantes, mais une intrigue toute molle, dont le scénario ne semblait même pas se soucier, et des personnages curieusement très peu réactifs à ce qui leur arrive (mais ne nous plaignons pas trop, il est mieux que son absurde remake de 1999 !). En tout cas, je tacherai de poursuivre ma découverte de ce cinéaste.
Ah! City girl MA découverte de fin d’année avec Etaix.
Ayant revu récemment Days of heaven sur grand écran, je ne peux que confirmer la filiation!
More evidence of Pauline Kael’s arrogance may be found in Francis Davis’s AFTERGLOW, a record of a conversation that he had with Kael the year before her death. Even in retirement, Kael feels no need to revisit favorite movies because she « got it the first time. » She can’t understand how « critics who know their stuff will see a movie eight or ten times.I don’t see how they can do it without hating the movie. » Seeing a movie more than once? « You don’t do that when you grow up. » Maybe Kael did catch every visual clue that indicated where Donald Sutherland was heading in DON’T LOOK NOW in only one viewing. Maybe she did recognize that the Alexander’s HOME doorbell in A CLOCKWORK ORANGE was chiming the first four notes of Beethoven’s Fifth in her one attendance at a screening of Kubrick’s opus. Maybe she could get every nuance of a performance by Mastroianni or Stewart or Huppert the first time around . But I very much doubt it. And it seems to me that a good critic should have some curiosity about how age and experience can alter one’s perception of a work.But then I don’t think Kael was a good critic.
A Michael Rawls
I totally agree with you. I hated this arrogance. Bazin himself admiteed he really understood the real importants points in a film after a second and third viewing. This is for me abominable from somebody who neve created somùething of her own
Il est vrai qu’il y a de quoi rester stupéfait face à une telle affirmation péremptoire alors qu’on peut constater chaque jour que relire un texte, réécouter une musqiue, revoir une peinture ou un film fait évéidemment partie intégrante du processus de rencontre avec une oeuvre.
Un critique littéraire osera-il dire qu’il ne relira pas Madame bovary, qu’un seul regard suffira? un critique d’arts plastiques pourra t-il sans craindre le ridicule affirmer qu’une visite unique devant les nymphéas de Monet, une oeuvre de giotto aura épuiés tous les possibles? Eh bien PK ose affirmer qu’un seul visionnage, un seul, suffit pour cerner un film!!!!!Voir une seule fois Persona! une seule fois sunrise! une seule fois Potemkine! une seule fois un ford, un Fellini, un Tarkovski, un dreyer, un Mizoguchi! une seule fois citizen Kane!!!!Pas étonnant qu’elle débite des âneries ensuite à son propos… Je ne pense pas acheter le volume cinéma européen car j’ai bien d’autres achats en tête dont le bouquin sur le Napoléon de kubrick qui semble formidable.
Il n’y a pas de raisons d’être indulgent avec ce type de méthodes et je me rappelle un entretien avec JLG où elle passe son temps à dégommmer de manière hallucinante avec la complicité roublarde de notre ami cinéaste…
J’ai vu Nuits blanches il y a peu, et c’est un film qui a beaucoup de charme, et qui dégage une émotion incroyable. Le début est étrange, avec un décor de petites rues assez recontituées … Mais en lisant la nouvelle de Dostoïevski (qui débute par « c’était une nuit de conte, ami lecteur … »), on se rend comte (sans jeu de mot) que Visconti a cherché ainsi une équivalence au caractère « artificiel » du récit … J’ai vu le film pour préparer les manifestations autour de Demy qui se sont tenues à Nantes. J’avais lu que Demy était allé sur le tournage voir Marais et que le scénario de Lola était un peu inspiré par cette histoire d’une jeune femme qui attend son amant disparu. La ressemblance entre les deux films est, c’est vrai, troublante, de ce point de vue… Pour l’anecdote, le film se clot sur un plan sous la neige et l’on aperçoit au loin l’enseigne d’une station Esso … Les parapluies ne sont pas loin non plus. Merci encore pour ce blog … Je me suis précipité sur le Vecchiali et le Hitchcock est mon prochain achat de livre cinéma.
Bonjour,
pour en revenir au livre sur Hitchcock, je suis heureux d’apprendre que certains faits contredisent qu’il considérait les acteurs comme du bétail. Je n’ai jamais trop compris – ni accepté – cette « légende ». En effet, quand on énumère la liste des grands acteurs ayant tourné avec le maitre, il paraît inconcevable qu’ils acceptaient d’être dévalorisés. Les idées sont parfois tenaces et il m’arrive encore de lire que John Ford était un réactionnaire et faisait des westerns racistes !!! Quelle ignorance et quelle bêtise, à croire que certains critiques font comme Pauline Kael, et ne revoient jamais les films.
A propos d’Hitchcock, si l’on devait illustrer simplement son génie pour les générations actuelles, on devrait juste rappeler qu’en 2 ans il a réalisé, non pas 3 de ses plus grands films, mais 3 monuments de l’histoire du cinéma : « Vertigo », « La Mort aux trousses » et « Psychose ». Quand on sait que l’un des plus célèbres et populaires cinéastes d’aujourd’hui (statut qu’occupait Hitchcock en son temps), Peter Jackson, a mis 3 ans pour finaliser son remake assommant de « King Kong », nous sommes que plus admiratifs encore du travail de Sir Alfred.
En outre, quand les metteurs-en-scène actuels s’attaquent au cinéaste anglais, tel Gus Van Sant qui fit un copier-coller plan par plan de « Psychose », le résultat est souvent consternant. Pourquoi ?
Certes Anne Heche est moins sensuelle que Janet Leigh, Vince Vaughn moins trouble que Anthony Perkins et Danny Elfman, habituellement inspiré chez Tim Burton, se contente de paraphraser Bernard Herrmann. Le malaise vient surtout du fait que Hitchcock maitrisait son sujet (mise-en-scène et scénario) et son public de bout en bout et qu’il fit de la scène de la douche un tour de force que personne ne pourrait égaler. Celle du film de Van Sant est complètement ratée et il ne fait qu’illustrer en couleurs une oeuvre qui, 50 ans après sa réalisation, est déjà plus moderne que sa copie. Nul doute que nous reparlerons encore d’Hitchcock dans quelques décennies et que les livres sur son oeuvre s’éditeront toujours.
A OLIVIER DOUARRE
Entièrement d’accord. Gus Van sant est autrement inspiré dans ELEPHANT
Entièrement d’accord, le côté poseur et conceptuel de ce remake inutile m’est apparu comme imbuvable de prétention.
GVS est bien plus pertinent dans drustore cowboy, My own private Idaho,Gerry ou Elephant.
GVS s’est aventuré sur un terrain prétentieux,arty et mortifère et il s’est planté.
De Palma a réussi la gageure de l’hommage sur un mode bien plus intéressant. J’y reviendrai.
Bonjour, effectivement « Drugstore cowboy » et la composition étonnante de Matt Dillon m’ont laissé un trés bon souvenir. Ne pas oublier « Will Hunting » qui révélait le talent de Matt Damon et nous faisait enfin apprécier la sobriété de Robin Williams. Tout à fait d’accord pour De Palma avec « Obsession » même si je préfère ce chef-d’oeuvre du polar qu’est « L’Impasse » et le sous-estimé « Casualties of war ».
A propos de Gus Van Sant… n’ayant pas vu tous ses films je ne m’aventurerai pas à dire que c’est un de ces faux « petits maîtres » très surfaits qui fleurissent de temps en temps et se démodent aussi vite … mais quand même j’ai des doutes. Qui n’a pas vu « Last Days » ignore les records de vide, de prétention, d’absence absolue d’inspiration que peut atteindre un cinéaste. Je crois bien que la vision de ce nanar (car c’en est un, sous des airs de cinéma indépendant) est une des plus pénibles expériences que j’ai subies en trente ans de cinéphilie ! Bien sûr, « Elephant » est meilleur mais sans être le grand film tant vanté. « Psycho » est en effet inutile, et dans mon souvenir (un peu lointain) « My own private Idaho » est loin d’être renversant. Bon, peut-être faut-il que je révise mon jugement ?
Cette transition entre Hitchcock et Jackson me fait penser à un truc complètement idiot et capillotracté : les ressemblances entre LA MORT AUX TROUSSES et… KING KONG. Où Cary Grant serait l’animal (urbain) parfaitement adapté à son milieu naturel puis kidnappé pour se retrouver dans un univers où il perd tous ses repères… Et où Hitch aurait inversé l’ordre des deux dernières séquences pour placer l’attaque de l’avion avant l’escalade à pic.
Hem… Plus sérieusement, Jackson a encore du boulot pour jouer dans la même catégorie qu’Hitchcock – si jamais il y parvient un jour – mais je n’ai pas boudé mon plaisir devant la première partie de son KING KONG (belle reconstitution années 30 et interprétation frémissante de la merveilleuse Naomi Watts).
Et je n’ai pas compris non plus l’utilité du PSYCHOSE v 2.0 du pourtant si talentueux van Sant (malgré la présence d’Anne Heche, actrice à mon avis trop sous-employée dans des films de seconde zone). J’ai vu des films/essais se servant d’oeuvres du patrimoine cent fois plus intéressants et surtout plus créatifs.
A Pierre, d’accord avec vous sauf sur l’interet de King Kong de Jackson malgré Naomi Watts formidable récemment dans MOTHER AND CHILD
Vous êtes dur avec un film qui constitue tout de même l’un des plus beaux films d’aventures de ces dernières années sans chercher autre chose que l’esprit serial: j’irai jusqu’à dire que cela tient même mieux la route que les Indiana jones qui ne veillissent pas très bien (le 4 était même catatonique dès sa sortie!).
Quant à N Watts, il s’agit d’une actrice superbe aux choix de carrière intelligents: Lynch,Inarritu,Cronenberg, Allen…pas mal, non?
Bonjour, je suis d’accord avec Pierre sur la 1ère heure de « King Kong » où effectivement, la reconstitution des années 30 est bien soignée et la photographie superbe. Le problème, c’est qu’il reste ensuite 2h de film où les invraisemblances, dignes des mauvais bockbusters, s’enchainent. Et l’exceptionnelle qualité des effets spéciaux tourne à vide. Seule la scène superbe de Naomi Watts et de Kong sur la glace, ravive le côté poétique de l’original. L’actrice est certes magnifique mais Jack Black est insupportable. Espérons que Peter Jackson sera plus heureux dans la production du « Tintin » que Spielberg vient d’achever.
Je serais assez d’accord avec Pierre sur la première partie du « king-kong » de Jackson : l’approche de l’île dans la brume étant le meilleur moment du film selon moi.
Le reste fait chuter l’intérêt du remake : c’est très long; au mieux sans surprise, au pire écoeurant (la scène des vers géants est absolument innommable. En cela il rejoint Spielberg et son mauvais goût). Reste la beauté de Naomi Watts mais cela ne suffit pas… Shoedsack-Cooper avaient su allier horreur et poésie dans un film deux fois moins long que celui de Jackson et au final bien meilleur !
Je trouve également qu’il n’y a pas vraiment lieu de comparer Hitchcock et Peter Jackson. A part d’être tous deux des cinéastes appréciés du public de leur temps, ils n’ont pas vraiment les mêmes démarches de travail ! Hitchcock tâchait d’innover formellement et narrativement, Jackson n’a pas cette prétention, ses super-productions sont plutôt comparables à des films de Harryhausen, voire certains péplums. Ses innovations sont surtout techniques, tandis qu’il s’appuie sur des histoires et des personnages standardisés (ce qui n’est pas forcément péjoratif pour moi !), au seul prétexte du spectacle.
Hitchcock a fait évoluer, voire révolutionné, la façon dont on peut raconter une histoire, Jackson a simplement participé à améliorer les images pour la montrer.
En tout cas, je ne suis moi non plus pas un grand enthousiaste de son « King Kong », trop long (j’aime bien tout de même la fosse aux insectes, amusant bestiaire décomplexé), et depuis mes 18 ans j’ai perdu de mon enthousiasme sur son « Seigneur des Anneaux », à cause de la « vieillosité », voire parfois la sénilité de la mise en scène, mais j’apprécie toujours le spectacle et la richesse de la direction artistique.
Sans vouloir polémiquer, en rappelant même la célèbre phrase de Woody Allen à propos de Kael : « »She has everything that a great critic needs except judgment. And I don’t mean that facetiously. She has great passion, terrific wit, wonderful writing style, huge knowledge of film history, but too often what she chooses to extol or fails to see is very surprising. », il n’empêche que certains de ses textes, en particulier sur Cary Grant, sur McCabe ou Nashville, sur Le dernier tango à Paris, Arthur Penn ou Peckinpah sont souvent bouleversants – et n’ont pas été, je crois, sans incidence sur la carrière des jeunes cinéastes américains des années 70.
Et à ce propos, il faut aussi signaler la parution de Mon Hollywood de Peter Biskind, recueil d’articles de l’auteur du Nouvel Hollywood qui contient en particulier de très beaux textes sur Sue Mengers, Terence Malick ou encore Sam Peckinpah.
Merci pourl’info!
Bonjour,
Je suis étonné de ne pas voir citer dans les livres les ouvrages de Pauline Kael qui viennent d’être édités et ceux de Pierre Berthomieu. Peut-être est ce une certaine inimitié entre les auteurs et celui de ce blog, il n’empêche que leur lecture, souvent irritante, je le concède, laisse passer une véritable passion pour le cinéma – et un style et une profondeur, au moins pour Kael, qui me semblent assez uniques dans la critique outre-atlantique.
A Scarecrow, je n’ai pas une grande affection pour Pauline Kael, surtout quand je l’ai entendu proclamer dans une conférence qu’elle ne revoyait jamais les films. Quelle arrogance. Elle écrivait bien, pouvait être brillante et se planter aussi un nombre incalculable de fois en se sentant toujours supérieure au film (cf son essai sur CITIZEN KANE ou elle veut à tout prix que l’auteur véritable du film soit Herman Mankiewicz.
J’ai acquis le volume américain des textes de P Kael et me suis agacé bon nombre de fois devant ses anathèmes et ce malgré un brio de la formule. Ses pages sur cimino ou Kubrick s’avèrent particulièrement injustes et peu argumentées. Ses réserves sur Badlands,Husbands ou Eastwood ne méritent même pas de la lire distraitement. A contrario, elle sait trouver les mots justes pour défendre scorsese ou Peckinpah (jusqu’à l’absurde: il faut quand même être un peu aveugle pour s’emballer face à convoi, non?).
Quant à votre sélection livres/DVD, elle est encore une fois bien excitante. Je commande cette semaine le Hitchcock. Quant au Bouzeraud dont je vous ai parlé, il s’agit d’un livre dont la singularité est d’offrir des facs similés de documents fort joliment présentés mais pas des analyses transcendantes.
Les pages sur Altman sont plutôt bien senties en revanche et son éloge des Parrains bienvenu…de là à en voir une immense critique.La 4ème de couv cite votre ami Tarantino: « Les critiques de PK ont été ma seule école de cinéma. » Comme il y va!!!
Rien à voir avec cela: qua’avez vous pensé-si vous les avez vus de Black swan et True grit? Le premeir peut vous interpeller par sa filation revendqiuée avec Red shoes, le second pour son désir de renouer avec le genre westernien. Si le premier m’a impressionné, le second tout en me plaisant m’a laissé sur ma faim malgré une chevauchée finale vraiment superbe.J’ai lu ici et là que l’original d’ Hataway était un grand western , je le considère comme un onjet cabotin et un peu essoufflé.
J’en parlerai dans une prochaine chronique. Surtout des deux versions de TRUE GRIT. Je préfère le Hathaway. BLACK SWAN est interessant mais imbu de sa propre importance contrairement à RED SHOES
Désolé pour mes honteuses fautes de frappe!
Merci pour vos prochains commentaires sur ces deux films.
Je ne nie pas la suffisance de D A visible aussi dans ses autres films: cela peut le relier à un autre formaliste talentueux, B de Palma.Powell proposait un cinéma visionnaire effectivement sans pour autant se sentir obligé de le crier ostentatoirement. Par ailleurs, black swan est un beau film très référentiel ( Powell, Cronenberg,Polanski, De Palma) tandis que Red shoes demeure spontané malgré sa grande culture.
Je suis frappé par la parenté Dead man/ True grit 2 les deux étant placés sous l’ombre tutélaire de night of the hunter.
L’importance du référentiel me frappe de plus en plus dans le ciné américain de ces dernières années: difficile de faire spontanément un film, d’échapper aux questions de la post modernité…
Bonjour, je n’ai pas encore vu « True Grit » mais c’est vrai que dans l’original d’Hathaway, John Wayne cabotinait avec entrain. Ce qui lui valut d’ailleurs son unique oscar (qu’on appellera poliment couronnement de carrière), alors qu’il le méritait bien plus chez Ford ou Hawks. Néanmoins, je pense qu’il ne faut pas bouder notre plaisir de revoir un western au cinoche car « Open range », « Seraphim falls », « 3h10 pour Yuma » et « Appaloosa » en 10 ans, cela fait peu pour un genre remis en selle au début des 90’s.
A Olivier Douarre : vous oubliez dans les westerns de ces dernières années L’ASSASSINAT DE JESSE JAMES PAR LE LACHE ROBERT FORD et THERE WILL BE BLOOD; qui sont personnellement bien meilleurs que ceux que vous citez…
Le TRUE GRIT des frères Coen n’est pas un de leur meilleur film et ceux qui s’attendaient à un film dans la foulée du chef d’oeuvre NO COUNTRY FOR OLD MEN ont été déçus. Le fait de faire le remake du film d’Hathaway montre quelque part une certaine paresse de la part des deux frères. Cela semble le fait de bon nombre de réalisateurs actuellement à Hollywood (3h10 POUR YUMA en étant un exemple édifiant dans le genre western). En espérant que les Coen reviennent donc très vite à l’adaptation originale…
J’ai feuilleté le volume européen de PK en librairie et suis tombé sur l’article qu’elle consacre à Coup de torchon d’un incroyable mépris (en gros elle sauve I Huppert). Je comprends que vous ne la portiez pas dans votre coeur car ses coups sont bas, volontairement mesquins…rien à voir avec ce que je préfère dans la critique.
On peut parler de ce qu’on n’aime pas mais il est inutile d’user de mauvaise foi et de confondre opinion et argumentation surtout si on est payé pour cela!
A ballantrae, je n’avais et n’ai jamais lu ou vu cet article
Loin de moi l’idée de vous ramener vers les crachats de cette dame dont le côté mythique me laisse un peu dubitatif.
Le plus amusant dans l’entretien avec JLG (dans JLG par JLG vol 1 aux éd cahiers du cinéma), c’est de mesurer le hiatus entre notre malin cinéaste et PK qui croit jouer dans la même cour… amusant mais un peu vain!Je pense que cette dame a profité surtout d’un certain snobisme new yorkais comme Kaganski, Lefort ou Frodon bénéficient d’un snobisme parisien.
Quant à coup de torchon, ne doutez pas qu’il a durablement marqué maints cinéphiles!!!