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18 février 2013 par Bertrand Tavernier - DVD
TOUT EST ILLUMINÉ (EVERYTHING IS ILLUMINATED) tentative héroïque, valeureuse, estimable de Liev Schreiber (et un peu condamnée d’avance) d’adapter le brillant roman de Jonathan Safran Foer dont la narration comprend trois ou quatre niveaux littéraires : le récit du héros, le récit et le journal du guide qui le pilote en Ukraine et ne parle pas bien du tout anglais ce qui donne une prose hilarante, les lettres postérieures du guide au héros et ses réponses. Admirable moment dans le livre que la demande du héros d’avoir un plat végétarien dans une auberge ukrainienne. Le sens, le concept même du mot échappe à ces paysans qui ne mangent que des saucisses. Et aussi le grand père antisémite dont le chien se nomme Sammy Davis Jr et qui découvre avec horreur et incrédulité que Sammy Davis est juif. Interprétation très marrante d’Eugene Hütz dans le rôle du guide.
QUILLS, la Plume et le Sang de Philip Kaufman traite des derniers jours du Marquis de Sade, de ses efforts pour écrire malgré l’emprisonnement, pour monter des pièces avec la complicité de l’Abbé Coulmiers (ce qui est exact), tels que les revisite, prenant un peu moins d’égards avec l’Histoire que Sade n’en prend avec le personnage de Kate Winslet, le dramaturge Doug Wright qui adapte ici sa pièce, mélange de farce noire à la Audiberti, de satire caustique du puritanisme et de plaidoyer pour la liberté d’expression. Inutile de se formaliser devant les « erreurs historiques » (Sade ne s’est jamais fait couper la langue et Wright confond le Royer Collard doctrinaire avec son frère médecin qui, lui, défendit le Marquis), on nous prévient d’emblée que le ton ne vise pas le réalisme ni la vraisemblance. Il n’est que de penser à Madeleine, cette lingère qui apprécie tellement les écrits les plus sulfureux de Sade qu’elle les propage en cachette pour qu’ils soient édités, tout cela sans perdre sa virginité, et que l’interprétation gracieuse et inspirée de Kate Winslet (avec un léger accent cockney) parvient à rendre plausible, touchante, au point d’en faire l’un des atouts du film. C’est un régal que de l’entendre dire du Sade, la voir jouer avec un Geoffrey Rush qui s’est passionné pour son personnage, affrontant tous les défis physiques et émotionnels, ne cherchant jamais la sympathie. Tous deux flirtent avec les difficultés, les équivoques, les évitent brillamment, tout comme Michael Caine, toujours impeccable en puritain rétrograde, qui soigne les perversions par la violence et ne voit pas que sa très jeune femme le cocufie. Kaufman, brillant directeur d’acteur, déclara à de nombreuses reprises qu’il s’était inspiré de Kenneth Star, le procureur qui poursuivit Clinton. C’est d’ailleurs là où le bât blesse. Kaufman et Wright transforment le Marquis en un martyr de la liberté d’expression, une victime de la censure (même s’ils ne cachent pas ses vices) et leur film lorgne vers le LARRY FLINT de Forman. Leur Sade est beaucoup moins philosophe que celui que joua Daniel Auteuil sous la direction talentueuse de Benoît Jacquot. Toute une partie du personnage passe un peu à l’as ou n’est évoquée qu’à travers quelques répliques brillantes ou audacieuses même si le réalisateur rajoute, pour aérer le récit, une séquence d’introduction assez lourde qui évoque les ravages de la Terreur, avec des cadrages signifiants, et que Sade regarde par la fenêtre comme s’il était le prophète ou le produit de cette barbarie. C’est d’ailleurs quand Kaufman essaie de faire cinéma qu’il est le moins convaincant.
SHATTERED GLASS (LE MYSTIFICATEUR)
Chronique d’un scandale qui secoua en 1998 The New Republic, un hebdomadaire de prestige (« le plus brillant et le plus impudent, » disait Vanity Fair), progressiste, de centre gauche et qui pourtant soutint Reagan et les deux guerres du Golfe et du coup toute la presse américaine « sérieuse ». On découvrit que l’un des jeunes prodiges de la rédaction âgé de 25 ans (la moyenne d’âge était de 26), Stephen Glass, avait totalement bidonné, inventé au moins 27 reportages sur 41. En s’attaquant pour son premier film, 5 ans après, à un tel sujet, ce qui fait preuve d’une grande ambition, le scénariste réalisateur Billy Ray réussit l’un des meilleurs films sur le journalisme, l’un des plus intelligents et des mieux joués. Le biais qu’il a choisi lui permet d’éviter les thèmes les plus ressassés par le cinéma (soumission de la presse devant le pouvoir, corruption, engagement démocratique ou réactionnaire) pour s’attacher à l’éthique, au fondement du travail journalistique : fiabilité des sources, qualité du travail d’investigation. Comme disait Bob Woodward : « le principal ennemi du journaliste, ce n’est pas son rédacteur en chef ni la censure, c’est l’information ». Stephen Glass prenant le contrepied de cet adage, décide de la forger, de l’inventer de toutes pièces. « Le journalisme, c’est l’art de saisir un comportement », dit-il à des élèves, dans la première scène, réplique qui prend peu à peu son vrai sens au fur et à mesure de la progression dramatique. Il a en effet « saisi » un comportement, le sien, l’a modelé en véritable acteur pour pouvoir imposer ses fables, ses mensonges. Il a aussi senti ce que désiraient ses supérieurs et leur a donné ce qu’ils voulaient entendre, ce qui élargit le propos (le film fait juste l’impasse sur la détestation de Michael Kelly, le premier rédacteur en chef, envers Clinton mais capture néanmoins ce climat de mensonges qui imprégnait la politique américaine de l’époque). Le choix d’Hayden Christensen pour interpréter Glass, se révèle très intelligent, très payant. Quand sa candeur naïve et onctueuse, son humilité feinte, la sympathie qu’il dégage, qui dérangent au début mais expliquent son succès, commence à se fissurer, un vrai sentiment tragique s’installe. Et son personnage devient à la fois gluant et vulnérable, notamment dans toutes les séquences remarquables qui l’opposent à un formidable et subtil Peter Sarsgaard qui joue Chuck Lane, le rédacteur qui le démasque. Toute l’interprétation est d’ailleurs de premier ordre avec de nombreux contre emplois : Chloë Sevigny, parfaite rédactrice, Rosario Dawson à qui on ne demande pas d’exhiber sa sexualité, Hank Azaria. Billy Ray a su créer, avec toute une série de scènes se déroulant dans des bureaux, une tension dramatique plus forte que dans beaucoup de thrillers, de films d’action contemporains. Après ce coup d’éclat trop méconnu en France, Billy Ray a réalisé BREACH (AGENT DOUBLE), passionnant film d’espionnage (basé sur une histoire vraie), magnifiquement joué par le génial Chris Cooper (en espion bigot, cassant, obsédé sexuel qui se révèle une des plus grands traîtres de l’histoire américaine) qui évoque l’univers de Graham Greene, dans ses implications morales qui sont proches du premier film. Il est redevenu scénariste notamment de CAPTAIN PHILLIPS, le dernier Paul Greengrass sur les pirates Somaliens. A noter qu’après la sortie du film, plusieurs scandales similaires ébranlèrent certains quotidiens, notamment le New York Times, donnant raison à Billy Ray.
Je reviens sur un des grands films méconnus de la décennie précédente : CE QUE JE SAIS D’ELLE… D’ UN SIMPLE REGARD (THINGS YOU CAN TELL JUST BY LOOKING AT HER). Ecrit et réalisé par Rodrigo Garcia, ancien chef opérateur et fils de Garcia Marques (Cameron Diaz lit Cent ans de Solitude en braille). Un des rares, comme le disait Jacques Lourcelles, où la maîtrise de la réalisation était à la hauteur de l’ambition du sujet. 5 destins de femmes, toutes très différentes mais que relient l’obsession, la peur de la solitude et la manière dont elles leur font face, les blessures, les violences qu’elles ont subi : le film consacre une place importante au handicap (Cameron Diaz est aveugle, la mère de Glenn Close impotente et la scène où elle la baigne est unique dans le cinéma américain, Kathy Baker s’éprend d’un nain), à la maladie sans oublier l’avortement. Aucune de ces femmes n’est mariée même si deux d’entre elles vivent en couple. 5 récits qui parfois se répondent, s’interpénètrent, s’éclairent l’un l’autre. Certains personnages apparaissent dans deux épisodes, le Dr Keener (Glenn Close) que l’on retrouve dans Fantasies about Rebecca, Christine Taylor (Calista Flockhart) liseuse de tarot avec le Dr Keener essaye d’aider son amante atteinte de cancer (Valeria Golino), Rose (Kathy Baker) est le pivot émotionnel du remarquable et original Someone for Rose mais on la voit aussi dans Fantasies about Rebecca. Outre l’audace inhabituelle du propos (les œuvres qui consacrent une si grande place aux femmes ne sont pas légion à Hollywood dans ces années-là), la sophistication narrative non exempte d’humour nous vaut plusieurs bonheurs intenses. La brusque irruption dans un autre récit d’un personnage, qu’on a associé avec d’autres protagonistes, d’autres péripéties, provoque à deux ou trois reprises un vrai choc émotionnel et en même temps un vrai plaisir. Tout comme ce plan mémorable, dans l’épisode très gonflé où Kathy Baker freine brusquement et tend le bras bien au dessus de la tête du passager, le nain dont elle tombée amoureuse. Ce geste provoque un instant de gêne inoubliable, qui brave le politiquement correct. Ou, dans un registre plus dramatique, ce très long plan en travelling arrière sur Holly Hunter qui vient de subir un avortement et se retrouve seule, à la sortie de la clinique. Son copain l’a laissé tomber et elle marche dans la rue. Rodrigo Garcia, visiblement amoureux de ses actrices, laisse tourner la caméra, refuse de couper et nous prend le cœur. Magnifique interprétation chorale (qui regroupe certaines des meilleures actrices du moment) avec une mention particulière à Glenn Close, Cameron Diaz, si économe, si profonde en aveugle qui finit par élucider un crime, mieux que sa sœur officier de police, Kathy Bates (dans un personnage moins bien écrit), Kathy Baker. La MGM garda cette œuvre si personnelle un an dans ses tiroirs avant de le diffuser sur le câble, puis dans quelques salles et au cinéma et enfin, à l’étranger.
CHEVAUCHÉE AVEC LE DIABLE (zone 2, bonus médiocres) de Ang Lee a été une de mes grandes découvertes récentes. Il s’agit d’une adaptation fidèle du très beau livre de Daniel Woodrell, l’auteur d’Un Hiver de Glace (Rivages) qui avait donné WINTER’S BONE. Voilà deux livres qu’il faut lire (et les autres Woodrell aussi qui se passent dans les Ozarks). Le scénariste James Schamus (qui écrivit le remarquable ICE STORM de Lee) reprend la plupart des remarquables dialogues du bouquin.
CHEVAUCHÉE AVEC LE DIABLE montre une guerre de Sécession que je n’ai jamais vue. Et pourtant Dieu sait si on a tourné de nombreux films. Une guerre sans grandes batailles, sans généraux. Une guerre faite par des fermiers qui vont s’en prendre à un voisin, à quelqu’un qui habite près de chez eux. On massacre, on égorge des gens avec qui on a peut être été élevé, avec qui on a grandi. Ou des inconnus qu’on croise sur la route et qui se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment. C’est une guérilla atroce, sans repères religieux ou moraux (on est sécessionniste ou on est unioniste), plus proche des guerres de gang que de la tactique militaire. Qui se déroule dans des sous bois où l’ennemi peut surgir n’importe où. Presque tous les personnages sont très jeunes et on est bouleversé quand Tobey Maguire se coupe les cheveux et répond à quelqu’un qui lui dit : « comme cela te rajeunit, tu as l’air d’avoir 21 ans » : « j’en ai 19 ». Ou quand il dit à Jewel Kilcher (admirable de justesse historique) qui lui demande s’il a fait l’amour : « j’ai tué 15 hommes ». Les rapports avec tous ces jeunes, avec Holt, l’esclave noir de Georges, sont étonnants de justesse, de vie, d’émotion. Personne ne fait déguisé, tous les personnages, les rapports sociaux, la manière dont ils vivent ce moment, sont confondants de justesse. Tout paraît neuf, juste, en particulier le sac de Lawrence Kansas par Quantrill qui a donné lieu à tant de films et qu’on découvre ici pour la première fois (seul léger bémol, la chevauchée vers Lawrence, avec tous les « bushwackers » qui se saoulent, est plus forte dans le livre, le film ne montrant que quelques buveurs). On est pris, passionné, de bout en bout et saisi d’admiration devant l’ambition du projet. Très belle photo et magnifiques extérieurs. A découvrir absolument.
TRAFFIC
Deux policiers mexicains saisissent un camion transportant de la drogue à destination des Etats-Unis, arrêtent ses conducteurs mais se font subtiliser leur butin et les prisonniers par une unité de paramilitaires commandés par un général. Cette séquence d’ouverture filmée sans aucun apprêt, avec du grain, caméra à la main, donne le ton de TRAFFIC. Les personnages – et avec eux le spectateur – semblent toujours marcher sur un terrain glissant, mouvant où il est difficile de se raccrocher à la moindre certitude. Celles du personnage de Michael Douglas sont balayées en deux minutes, à la fois par Seth, le jeune étudiant qui a entraîné sa fille dans la drogue et par le dealer de cette dernière. Les films sur la drogue prennent souvent un angle (la répression, la dépendance), abordent un aspect de la question. Dans cette œuvre polyphonique où quatre histoires (cinq si on fait des subdivisions) se répondent, s’entrecoupent, chacune traitée visuellement de manière différente, Soderbergh (qui me déclara avoir vu plusieurs fois L 627) et son scénariste Stephen Gaghan (qui réalisa le très intéressant et complexe SYRIANA, zone 2) mettent autant l’accent sur la partie policière que sur les répercussions intimes, humaines, les conséquences sociales, économiques, politiques générées par le narco-trafic. Et leur propos, dans son pessimisme précis, chiffres et faits accablants à l’appui, et synthétique, n’a pas pris une ride, bien au contraire. Tout ce qu’ils montrent (ravages causés par la corruption, milices privées, puissance financière colossale des narco-trafiquants, sottise de certaines mesures) semble encore plus actuel après ces dernières années de guerre contre la drogue, à la lueur des dernières statistiques : 20 à 25 milliards de dollars dépensés chaque année par le gouvernement fédéral, 55 000 morts au Mexique entre 2006 et 2011 sans compter les syndicalistes, les journalistes, 40% d’étudiants américains qui se droguent (+30% en 20 ans). La méconnaissance du terrain, dans TRAFFIC, dont font preuve les autorités américaines dès qu’il s’agit d’un pays étranger, sonne hélas juste et renvoie aussi bien à l’Irak qu’au Vietnam. La stupéfaction de Michael Douglas face à la réaction ahurie de leur allié, le général Salazar (inspiré par le général Gutiérrez Rebollo qui fut condamné à 70 ans de prison), devant l’idée d’une politique de soins, fait penser à celle de Robert McNamara, écoutant à Saigon, un toast du général Ky, vantant les mérites d’Hitler. TRAFFIC bat aussi en brèche certains des principes fondateurs du cinéma américain, dont celui d’identification : nombre de personnages restent dans une zone grise, entre deux camps, quand ils n’en changent pas tout à coup (cf l’évolution de Catherine Zeta-Jones). Il n’y a pas de début, ni de vraie fin, aucune vraie résolution. Ni de solution. Tout est laissé ouvert, de manière plus européenne qu’américaine : un des principaux trafiquants est libéré, Michael Douglas abandonne le combat, la situation mexicaine est au point mort. Quelques petites victoires, ici et là, quotidiennes, individuelles : un stade est éclairé, un micro est mis sous une table, un père et sa fille se retrouvent. Film brillant, inspiré, magnifiquement joué dans les registres les plus différents de Benicio Del Toro à Don Cheadle en passant par Catherine Zeta-Jones, enceinte avant le début du film, ce que Soderbergh, très intelligemment, intégra dans le récit, renforçant l’originalité de son personnage. Qui évite les clichés, les figures imposées du genre, visuelles ou scénaristiques : les cadrages ne sont pas dramatisés (plongées, courtes focales renvoyant au film noir), la caméra est plus le plus souvent comme immergée au milieu d’une action, qu’elle semble attraper par hasard, sans la juger. On peut juste regretter, concession à la dictature de l’intrigue, que le personnage de Douglas soit le Monsieur anti-drogue et non pas seulement un des responsables importants de la lutte, ce qui rend certaines péripéties un peu trop symboliques. Pêché véniel au regard des vertus du film.
MAN ON THE MOON
Milos Forman, cet exilé, ce déraciné, était fasciné, dans ses films tchèques, par tout ce qui déréglait l’ordre établi, les conventions sociales. Arrivé en Amérique, il a immédiatement été attiré par les individus qui nagent à contre courant, tous ceux qui veulent survivre ou réussir en dehors ou contre le système, qui en font apparaître les contradictions, quitte à se piéger eux mêmes : des hippies de TAKING OFF à LARRY FLINT, du faux malade qui préfère l’asile à la guerre du Vietnam à Andy Kaufman, les films de Forman sont peuplés de marginaux, d’excentriques souvent manipulateurs, en fait des hommes de spectacle qui mettent autant en scène leur vie que leur œuvre, quitte à en payer le prix (la solitude, l’infirmité, l’enfermement). Il trouve en Andy Kaufman, un héros selon son cœur. Qui nous déclare, dans un préambule en noir et blanc, qu’il a coupé tout ce qui n’allait pas dans le film et qu’il est donc déjà terminé. Manière déjà de nous dire qu’il s’agit surtout d’un film sur la création et non une biographie (l’enfance, les racines, sont expédiées en une séquence). Sur un comique décalé, obsessionnel (comme Howard Hughes, il passe son temps à se désinfecter les mains dès qu’il touche quelque chose ou quelqu’un), un véritable collage ambulant de toute une culture populaire, à la limite de l’autisme, hanté par le désir de toujours surprendre. Il semble incapable d’établir la moindre barrière entre la vie et ses délires créatifs. Toujours en guerre contre son public, contre lui même, il n’hésite pas à blesser des amis, des proches, à cogner sur des partenaires, à détruire les inserts publicitaires, à insulter la chaîne qui le produit. Il n’a rien à dire de spécial (et ce qu’on voit de son « special show » paraît assez pauvre), sa contestation ultime consistant à perturber le déroulement de l’image pendant 10 secondes pour faire croire que le poste est cassé. Et là, il se heurte au système qui ne veut pas que les spectateurs quittent leur poste, ne serait ce que pour taper sur un téléviseur (il avait déjà offensé un propriétaire de club pour qui un spectateur qui sort, est un consommateur de moins). Pour Andy, tout ce qui est comique (pour lui, pas pour les autres) ne prête pas à conséquence. On le voit dans les hilarantes séquences de lutte (où il rencontre d’ailleurs sa compagne, Courtney Love, impeccable mais on fait trop l’impasse sur ce qui les attire l’un vers l’autre) insulter les femmes (« elles ont des qualités pour faire la vaisselle, le ménage, la cuisine »), le Sud, le public, incorporant dans ce processus sa propre auto-critique comme une autre forme de fiction. Jim Carrey est l’acteur rêvé pour ce genre de personnage. Il nous regarde comme s’il était sorti d’un poste de télévision, nous rend complice de ses divagations jusqu’à son dernier sourire, quand il découvre le « truc » des médecins philippins.
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Bonjour Mr. Tavernier, avec la nouvelle de la disparition de Roger Ebert, je me demandais comment rétrospectivement vous considérez son travail de critique. En vous remerciant,
A lechuk
J’aimais beaucoup Roger Ebert qui est resté un homme curieux, passionné, malgré un cancer terrible qui l’empéchait, de se déplacer, de bouger, qui l’avait réduit à l’état de squelette, lui qui était un si bon vivant. Il défendait toutes sortes de cinéma. Moi même je lui dois une partie de la carrière de l’HORLOGER aux USA car il l’avait épaulé et au festival de Chicago et dans sa critique dans son journal et aussi dans sa célèbre émission de TV ou avec leurs pouces (méthodesdiscutable) il a aidé beaucoup de films indépendants et étrangers. Il avait fait un magnifique article sur AUTOUR DE MINUIT, avait selectionné L 627 dans le festival qu’il avait monté dans sa ville natale de Charmaine et où il défendait des films pour lui sous estimés. J’étais avec CHANTONS SOUS LA PLUIE dont il rappelait qu’à sa sortie il ne fut pas très bien reçu. J’aimais beaucoup passer du temps avec lui et je le voyais chaque année à Telluride
Je viens de voir « la fugue » d’Arthur Penn (Night Moves) excellent film dans lequel Gene Hackman joue un détective privé à la recherche d’une fille de riche (ça me rappelle quelque chose !!) et dont l’épouse va au cinéma voir un Rohmer (!!), « ma nuit chez Maude » : étonnant de voir que Rohmer est cité dans un polar américain des années 70 (mais bon c’est quand même Penn qui réalise)
A Maxou 37
Et Hackman dit qu’il s’est emmerdé. On doit peut être aussi créditer Alan Sharp (ulzanah’s raid et autres scénarios intéressants) pour cette idée et la réaction outragée d’Hackman
Hackman fait la cour à une fille qui l’emmène voir un Rohmer avec ses amis et il sort avant la fin oui je me souviens, et dans LE DETECTIVE, Sinatra sort avant la fin d’une pièce de théâtre et dit à Lee Remick (qu’il courtise) et à ses amis qu’il s’est emmerdé et que la pièce vaut rien, ah, ces détectives machos! (mais le scénario est de Abby Mann!).
non desole ce n’est pas ça : sa femme va voir un Rohmer et lui la trouve après la séance avec un autre homme et se met à les suivre. Ensuite il dit plus tard à sa femme qu’il continue de bailler depuis qu’il a vu un Rohmer !!
ça y est j’ai mélangé les deux films! je me souviens de Hackman qui dit avec dégoût « I saw a Rohmer film once », comme je m’étais barbé à MA NUIT CHEZ MAUD, ça m’avait frappé! si je me plante encore, dites-moi!
à B Tavernier: merci de m’avoir signalé LE MYSTIFICATEUR qui m’avait échappé, d’où l’intérêt de ce blog. Excellent film qui traite un sujet qui eût été gonflé en durée (celui-ci « titre » en gros 90 minutes alors que Oliver Stone nous eût fourni sur le sujet un bon 180 minutes interminable!) et en lourdeur de style par d’autres cinéastes tenant à bien nous signaler la profondeur adulte du sujet. Là, Ray a gardé une légèreté de traitement, par un montage (ou un découpage enfin, les deux) agile qui peut-être tire un peu trop sur la comédie… On dirait du Mike Nichols en moins insistant ou moins « adulte ». L’idée de la salle de classe dans laquelle Glass apparaît en héros en contrepoint tout du long est géniale, Ray sait comment introduire là de la fantaisie dans une relation de faits réels (je n’en dis pas plus car spoiler) et aussi de l’espèce de convention ou foire qu’on voit au début et à la fin. J’ai pensé à BOSTON STRANGLER (l’interrogatoire final) j’avoue que le rapport entre les deux est ténu! Mais réel!
Je vais commander AGENT DOUBLE, que vous conseillez aussi (vendu pour une misère, on dirait que les vieux films sont plus chers que les récents!).
A Martin Brady
J’aime beaucoup ces deux films et l’ai écrit à Billy Ray, l’invitant à Lyon. Il a décliné disant que son oeuvre était trop mince. Il a signé le scénario du dernier Greengrass je crois
J’avais beaucoup apprécié BREACH, dans lequel Chris Cooper excelle en agent double (l’histoire vraie de l’une des plus grandes failles de l’histoire du renseignement U.S.). Il y est aussi bon, en retenue, en souffrance intérieure, qu’il l’est dans le premier Jason Bourne ou surtout AMERICAN BEAUTY, où il incarne un militaire à la retraite, éduquant son fils à la dure, et dont l’homosexualité refoulée se dévoile au contact du personnage de Kevin Spacey, qu’il croit sur une mauvaise interprétation être l’amant de son fils… Magistrale interprétation !
Il faut également le voir dans JARHEAD du même Mendes, SYRIANA, THE KINGDOM, chez John Sayles dans SILVER CITY et LONE STAR, sans oublier les récents REMEMBER ME et THE COMPANY MEN où il affine encore son jeu.
Quant au MYSTIFICATEUR, je me suis laissé tenter grâce à votre chronique, sinon je serais également passé à côté.
à BT: oui, il a aussi signé le scénario du 1er HUNGER GAMES que qqn ici a appelé « film d’ado », ce qui me semble réducteur: la peinture de la tvréalité y est incroyablement sauvage. Ray me fait penser à John Sayles, qui je crois eût traité le sujet de Stephen Glass quasi de la même façon. Je l’ai vu 3 fois, celui-ci! la dernière fois avec les commentaires passionnants de Ray et Chuck Lane, merci encore de l’avoir signalé.
à Sullivan et BT: J’ai reçu et vu BREACH, vous avez raison pour C Cooper quasi méconnaissable, cet acteur à la gueule torturée a la taille d’un héros de western. J’aimerais le revoir dans MATEWAN, l’un des meilleurs John Sayles et aussi dans CITY OF HOPE, qui reste inédit en dvd.
Dans BREACH, Laura Linney est étonnante (HOUSE OF MIRTH), elle illustre son amour du célibat par une réplique que je ne livre pas car trop drôle.
Ca me fait penser que les deux derniers John Sayles ne sont pas sortis au ciné ici ou je me trompe? ni AMIGO (avec Cooper encore) ni HONEYDRIPPER que au moins j’ai pu voir en dvd et qui n’est pas mal du tout.
J’ai découvert l’univers très particulier de Nico Papatakis avec « Les équilibristes »son dernier film il me semble.On retrouve Michel Picolli dans le role d’un écrivain célèbre qui tombe sous le charme d’un jeune valet de piste d’un cirque.L’action se déroule pendant la guerre d’Algerie et souligne le climat délètère de l’époque ou les ratonnades étaient quotidiennes pour toutes les personnes aux traits basanés.Papatakis a toujours été proche de son ami Jean Genet et ce film précisement lui est dédié.La mise en scène proprement dite n’est pas extraordinaire mais le film est à voir pour son contenu et la prestation des comédiens.Je signale au passage qu’en avril sort un autre titre de Papatakis de 1968,toujours dans la collection Gaumont à 13 euro le dvd.Prochainement je reviendrais sur un réalisateur méconnu:Giulano Montaldo dont j’ai revu l’excellent polar »Les intouchables »avec Cassavetes,Falk,Ferzetti…
A Ropuxel
LES EQUILIBRISTES était un film passionnant et je vous conseille les PATRES DU DESORDRE
Je signale la diffusion sur TCM, à partir de la semaine prochaine, du très rare et passionant « La proie nue » de Cornel Wilde !
Merci pour l’info: je rêve depuis fort longtemps de découvrir ce film!!!
A Martin Brady. Voilà un autre chef d’oeuvre… de ringardise. Je parle de KINGS OF THE SUN que je viens justement de revoir un soir de fatigue. Yul Brynner tout nu s’y ballade comme sur une plage d’Acapulco, George Chakiris, à peine libéré de West Side story a oublié d’aplatir sa banane, et la perruque de Richard Basehart a sûrement été trouvée dans les cartons d’un projet avorté sur Marie-Antoinette. Il y a toutefois du bon matériel pour réaliser de beaux mouvement de grue, et la musique de Bernstein (pas mal) aurait tout aussi bien pu illustrer un western d’Hathaway ou de Sturges. Tout ce beau monde nous amène vers le The End sans que rien n’ait jamais commencé, mais on s’en fiche. On aime bien revoir ce genre de film en se disant que les nanars d’autrefois avaient au moins l’atout d’une belle photo et souvent d’une BO épatante.
Elio Pétri à réalisé en 1965 un film inédit à ma connaissance en dvd,il s’agit de La 10ème victime adapté d’un auteur prolifique américain Robert Sharckey ,disparu en 2005.Quelques années plus tard Yves Boisset adaptera lui aussi une nouvelle de cet écrivain avec « Le prix du danger »lui aussi inédit en dvd.Tout ces films nous renvoit à cette triste télé-réalité avec la mort la semaine dernière d’un candidat au jeu »Koh Lanta »diffusée sur Télé Bouygues.Quatre ans plus tard l’ancien acteur de tv Paul Michael Glaser adaptera un Livre de Stephen King sous le titre « Running man » qui est pour moi un plagiat du bouquin de Sharckey avec un Scharzenegger pitoyable dans le role du héros pourchassé.Un projet devait se faire sous la direction de John mac Tiernan mais les producteurs ont refusés. »Hunger games »film pour adolescents et bati sur la meme trame de rally est sortie au cinéma en 2012.J’espère que le film d’Yves Boisset sortira un jour ainsi que RAS ou L’attentat,des oeuvres qui gène un peu les pouvois politiques peut etre.J’oubliais aussi « La mort en direct »de notre cher Bertrand disponible à prix doux et qui reste aussi un film très actuel sur cette « poubelle »qu’est devenue la tv française!!
A ROUXEL
DEATHWATCH est aussi disponible dans un superbe blue ray en Angleterre. La copie restaurée par ORANGE sous la supervision du chef opérateur et qui est absolument magnifique. J’attends (en vain) que Canal + fasse le même travail
LA DECIMA VITTIMA de Petri existe en Italie dans une version non ST, éditée par Surf Video.
To Rouxel, THE TENTH VICTIM is available from amazon.com in an all region Blu-Ray disc, Italian soundtrack with English,French,and Spanish subtitles. Unfortunately, what I hear from reliable sources is one of Petri’s best, TO EACH HIS OWN,from Sciascia’s novel DAY OF THE OWL, is not available to non-Italian auditors and non Spanish or Castilian readers.
à Michael: le même roman de Sciasca a été adapté par Damiani pour LA MAFIA FAIT LA LOI (Il giorno della civetta=Day of the owl)? à un an de distance?… c’est curieux je croyais que les droits sur un roman interdisaient une deuxième adaptation pendant plus longtemps que ça, mais bon…
To Martin-Brady, You’ve caught me again, M-B! I was confused by multiple transatlantic title changes. A CIASCUNO IL SUO appeared in America under the title WE STILL KILL THE OLD WAY which sounds like an advertising slogan (« When you care enough to kill the very best! ») but is certainly more box office than TO EACH HIS OWN (good for a thirties melodrama with Claudette Colbert). IL GIORNO DELLA CINETTA arrived on these shores as MAFIA, not to be confused with Lattuada’s MAFIOSO. Bava’s SEI DONNE PER ASSASINO might be called FASHION HOUSE OF DEATH over here or it might be entitled BLOOD AND BLACK LACE (this last variant being Best of Show). In the early days of VHS, you might have to buy an Italian thriller under three different titles before you found a watchable copy. I know I did.
To Martin-Brady, Addendum to still being moderated comment: No, TO EACH HIS OWN was 1946, dir. Mitchell Leisen, starring Olivia de Havilland, a very good film toward which I was steered by Mr. Tavernier’s production diary in PROJECTIONS 2, I WAKE UP,DREAMING (1993). Not to be confused with Frank Gilroy’s production diaries, I WAKE UP SCREENING (1993). Or Laura Kim and John Anderson’s I WAKE UP SCREENING (2006). Or, going back a few decades, I WAKE UP SCREAMING (« Tootsie Roll? »)
To Michael: No, MY mistake: I Myself thought it actually was the same Sciascia’s novel, I didn’t go further per cause of lazyness, just putting it as curious, now, avoiding any troll: LS’s novel « Il giorno della civetta » gave Damianis’ IL GIORNO DELLA CIVETTA and his other novel « A ciascuno il suo » gave Petri’s A CIASCUNO IL SUO. Then, the two films are retitled this or that out of Italy causing various kinds of headaches to honest and innocent guys like us, but I love the US Petri’s title!
Thanks for the development about the various retitlings, kills any headache through fun!
bien vu de parler de tous ces films. j’ai evidemment pensé à la mort en direct en entendant l’actualité récente. aujourd’hui l’indigne (la réaction hypocrite de nonce paolini) sont venus s’ajouter au sordide des jours précedents.
on a peur de rien à télécon.
Pour info, amazon.com annonce que le film de John Ford THE SUN SHINES BRIGHT est sorti en dvd zone 1 et en blu-ray. Pour l’heure, il est OUT OF STOCK. A priori il est sans sous-titres français. Ce film, que je n’ai jamais vu, est considéré par certains comme un des chef d’oeuvre de Ford. Il s’agit du remake de l’excellent DOCTOR BULL, du même réalisateur, avec Will Rogers, qui date, lui, de 1933. A propos de Ford, j’ai pu voir également en Z1 avec sous-titres français PILGRIMAGE, dont Joseph MacBride dans sa bio, disait le plus grand bien. C’est effectivement un mélodrame sur un thème fordien traditionnelle (la mère), avec ici un regard beaucoup plus noir sur le personnage jouée par Henrietta Crosman. La photo est magnifique. A recommander.
a adesages
Plutot de l’excellent JUDGE PRIEST. C’est un des Ford les plus personnels avec plusieurs séquences anthologiques
Exact, Judge Priest…qui fait partie de la trilogie Will Rogers avec Steamboat Round The Bend et Dr Bull…
Je viens de découvrir LE CHEVAL DE TURIN de Béla Tarr, et je ne partage pas l’enthousiasme critique même si le film est vraiment attrayant derrière l’austérité de façade, j’avais adoré L’HOMME DE LONDRES, j’avais abandonné la vision de SATANTANGO car il m’avait semblé que l’édition dvd avait réduit l’image au format timbre-poste (faudrait que je réessaie, mauvais réglage?), je n’ai jamais vu LES HARMONIES WERCKMEISTER.
A Martin bray
Il faudra un jour que je me force à voir un Bela Tarr. Ses admirateurs m’ont toalement refroidi, m’ont coupé toute envie de voir ses films
à Bertrand: il ne faut pas se laisser intimider par le snobisme autour (comme toujours vous me direz), LE CHEVAL me paraît un peu surfait (ah! le coup des repas de patates brûlantes qu’on mange avec les mains pour mieux se brûler…) mais précipitez-vous sur L’HOMME DE LONDRES ne serait-ce qu’à cause de Simenon! ça vaut le coup.
À MB : Formidables, les scènes de patates! La dernière, quand elles sont crues… Ah là là, vous me désolez, MB… Moi, après avoir vu le film, j’ai eu envie, comme le père, de manger des patates brûlantes, de la main gauche, et même de me retrouver dans une masure, fin XIXème, avec la tempête qui mugit dehors, au moins ça réchauffait les doigts… (Et puis merci, pour la gentille note, plus bas…)
L’homme de Londres fut injustement mal accueilli et constitue peut-être l’approche la plus aisée pour entrer ds l’univers de B Tarr.
Il est dommage que vos envies de rencontre avec le continent Tarr aient été tuées dans l’oeuf par les propos de ses laudateurs car ces films constituent d’abord une expérience sensorielle singulière, une manière immersive de s’inscrire dans des trajets de personnages abandonnés par l’Histoire et renvoyés à des réflexes de survie qui n’excluent pas la recherche des autres ou une forme d’émerveillement ( le mot est sûrement inadéquat) face à un monde mystérieux.
Bela Tarr est un autre maître du plan séquence après son compatriote Jancso et Angelopoulos : sa quête formelle est tjs indissociable d’une appréhension très physique du fait que nous sommes des êtres temporels.
Sans que Tarr soit proustien (ça c’est plutôt Terence Davies), il y a chez lui une volonté de voir comment des exclus de la marche du monde EXISTENT vraiment en tant qu’êtres temporels et résument dans leurs peurs muettes, dans leurs joies fugitives ce qu’est l’humain.
Après son cinéma n’est pas évident et demande une forme de disponibilité et de patience comme en exigeait celui d’Angelopoulos mais on est là dans une poétique plus sensorielle que celle de TA grâce à un travail insensé sur le son ou sur la texture de l’image.Tarr appartient à la même veine que Sokourov qui est sûrement plus éclectique dans sa quête formelle.Par ailleurs, Tarr est un peu le « père » du Van Sant d’Elephant ou de Gerry.
A Ballantrae, je n’ai jamais été convaincu par Jancso et j’ai trouvé que ses derniers films à quelques exceptions près me donnaient raison. En revanche ANGELOPOULOS me semble plus profond et moins systématique
À Bertrand Tavernier : Dommage. J’étais un peu réticent moi aussi, au début. Puis j’ai appris que Bela Tarr, avec LE CHEVAL DE TURIN, avait décidé de clore son œuvre. Intrigué, j’ai alors eu envie de le voir, ce film terminal. Extraordinaire. Plus rêche que Dreyer et Bresson réunis. Un film très silencieux malgré la tempête où la parole, rare, résonne longtemps. Très sombre. Très beau. Sans espoir. Une esthétique qui m’a rappelé parfois les photos de Sudek mais parfois aussi Tarkovski, mais un Tarkovski sans eau. Dernièrement, j’avais vu aussi ÉLÉGIE DE LA TRAVERSÉE, de Sokourov, que je range un peu dans la même famille, un genre de poème visuel, qui laisse durablement des traces profondes, qui en a laissé en tout cas en moi. Des films auxquels il faut s’abandonner totalement. Les rares évènements qui ponctuent LE CHEVAL DE TURIN prennent une force soudaine, la visite du buveur philosophe qui se met à soliloquer (peut-être bien du Nietzsche), la carriole de Tziganes… On est dans un temps particulier, « le temps du mythe » aurait peut-être dit Mircea Eliade. Il ne faut pas s’attendre à être diverti. L’enseignement, si enseignement il y a, est souterrain. Je crois bien que maintenant, petit à petit, doucement tellement j’ai trouvé ça d’une très grande densité, je vais remonter le cours de son œuvre.
Entièrement d’accord avec J Charles: Tarr vaut mieux que l’intellectualisme parfois snob qu’il a pu susciter.Il me fait penser bien évidemment au grand cinéma russe mais aussi à tout ce qui a pu graviter autour de l’influence du théâtre de l’absurde de Beckett à Kantor (comme Angelopoulos a pu se nourrir de Brecht) , avec cette raréfaction de la parole qui devient primaire comme l’essentiel des réflexes de survie des personnages.
Jancso a certes « mal tourné », Bertrand, mais ses premiers films me semblent susciter une fascination formelle qui relève à la fois de la poésie et de l’hypnose.
Tarr en est très éloigné politiquement parlant (rien à voir avec le côté dialectique de Jancso, avec ce discours de philosophie politique sous jacent qui emprunte à Hegel aussi bien qu’à Marx ou Engels) car il est avant tout un poète qui veut utiliser le langage cinématographique comme une expérience inédite.
Je rejoins J Ch pour le lien entre Tarr et Sokourov qui veulent tous deux offrir des sons et des images singuliers, très incarnés.
Imaginons: Tarr veut gonfler Le cheval de Turin en 3D pour immerger le spectateur dans la misérable ferme! Le spectateur voit venir vers lui des brindilles et nuages de poussière avec unvent en THX!!! Il prend les patates avec le père et se brûle les mains aussi!!!
à Ballantrae: et Aldo Maccione, aussi. N’oublions pas l’influence de Aldo Maccione sur le cinéma de Béla Tarr.
À Ballantrae : En tout cas, sacré film, j’ai trouvé. (Je n’avais pas été tourneboulé ainsi depuis TABU de Miguel Gomes.) Et derrière cette apparente simplicité, que de complexité. Ce glissement imperceptible du naturalisme très rude au fantastique apocalyptique. Je n’ai jamais non plus perdu de vue l’argument, c’est à dire Nietzsche devenant fou après avoir pris dans ses bras la tête du cheval martyrisé (Mère, je suis fou.) et j’avais son image en filigrane, l’œil hagard, séquestré par ses femelles, crevant de chaud pendant dix ans, incapable même de se gratter sous sa couverture qui gratte. Le bras droit du père en berne était-il celui qui avait frappé la bête? Et puis le discours, très étrange, très élaboré, très violent, du visiteur, qui pour un auditeur un peu simpliste pourrait passer pour antisémite et qui m’a rappelé ce que j’avais lu de Nietzsche dans ma jeunesse, Nietzsche qui je précise pour les lecteurs délicats méprisait encore plus les chrétiens que les juifs, plus la haine envers les Tziganes, qui veulent emmener la fille… en Amérique, plus la fille qui lit péniblement, le doigt sur le texte, peut-être bien un texte biblique. Et le noble cheval, pas loin du Balthasar de Bresson, qui refuse d’avancer, tout comme la Terre refusera bientôt de donner l’eau… Parfois, quand le père était assis près du fourneau devant la fenêtre, hébété, totalement incapable de contempler le paysage, c’était comme voir quelqu’un prostré devant sa télé. Plus la répétition des petits gestes quotidiens. Ce couple père fille qui dépérit dans la ferme qui est aussi leur tombe.
à B et JCF: si j’ai bien compris L’HOMME DE LONDRES vous paraît inférieur, et avez-vous trouvé sept heures pour voir SATANTANGO? (tiens je vais réessayer, celui-là), et les HARMONIES qui l’a vu?
Entièrement d’accord avec J Ch: Tabou et Le cheval de Turin (auxquels j’ajoute Faust,Tree of life ou Il était une fois en Anatolie de N B Ceylan )figurent parmi mes découvertes les plus renversantes de ces deux dernières années.
À MB : Inférieur L’HOMME DE LONDRES? Qui a dit ça? Moi je ne l’ai pas encore vu, mais il est programmé pour bientôt, quand j’aurai bien digéré le cheval… puisque j’ai commencé par la fin et que c’est le pénultième, comme on dit vulgairement.
Dans L’HOMME DE LONDRES, la colère de Tilda Swinton qui engueule son mari on n’a jamais vu ça: elle l’engueule copieusement, elle l’arrose de saillies bien sèches, reproches lapidaires, gifles de paroles, excédée. Il ne dit rien et Tarr ne le filme pas, la caméra reste sur elle. Elle brode en faisant des variations sur l’idée générale qu’il est un crétin, en gros. Le type se fait copieusement engueuler pendant quoi? 5 minutes? Je ne sais pas comment l’actrice a réussi à maintenir la même colère pendant si longtemps, Tarr a réussi à dilater le temps: le cinéma, c’est ralentir ce qui va trop vite dans la vie, ça n’a pas à être vraisemblable (sauf si le cinéaste choisit de se lancer dans un film réaliste au départ, bien sûr). J’adore comment Swinton après une gifle (verbale!), baisse la tête, semble se reposer un peu, et vlan! remet le couvert! L’équivalent des duels à la Leone dans le champ de la scène de ménage? sans contrechamp, remarquons, mais la même dilatation!
Sûr que L’HOMME est plus plaisant, plus charmeur, que LE CHEVAL mais à mon avis il est plus réussi et plus abouti, sans doute moins ambitieux. Mais je ne suis pas prêt d’oublier, plus que le monologue du visiteur impromptu qui me semble un peu vide, l’irruption des Tziganes qui semblent avoir jeté un sort sur le puits, et bien sûr, les stations figées du père (une fois de la fille, alors qu’ils viennent de rentrer à la maison que le père avait voulu définitivement abandonner) devant la fenêtre et d’autres choses ça et là… La randonnée avortée en aller-retour a des allures de « Petit Cirque », la bd de Fred.
A Bertrand Tavernier: alors finalement, encouragé à voir un film de tarr?
Il y a une certaine pose snob à aimer les films ennuyeux (Turin, Anatolie…). Mais bon, quand elle est assumée, tout va bien.
Pour découvrir Tarr, L’HOMME DE LONDRES est effectivement une bonne entrée en matière. On peut également conseiller DAMNATION qui est une merveille à tout point de vue. Je n’oublierai jamais cet extraordinaire travelling sur la faune des bas-fonds durant la fête,, qui peut renvoyer au travelling du GUÉPARD sur les têtes poudrées … Je garde aussi l’image du personnage qui fait un numéro de claquettes dans une flaque d’eau… L’oracle … La pluie… Les chiens qui indiquent que les personnages de Tarr n’ont plus droit à la rédemption et sont aux portes de l’enfer, de la damnation.
Je n’ai pas dit que L’homme de Londres était nécessairement inférieur aux autres films de Tarr que j’ai vus mais qu’il était plus abordable car il empruntait une voie apparemment plus « classique » mais tout le génie de Tarr y est , en plus de nous offrir une magnifique adaptation du grand Simenon aux choix inédits après les options empruntées par Renoir, Duvivier,Granier Deferre,Bertrand bien sûr ou P Leconte.
L’homme de Londres tire même Simenon vers une pente dostoievskienne inattendue.
Quant à Satantango , oui je l’ai vu et il s’agit d’une expérience « limite » de cinéma pas tant pour le délitement du récit que pour le rythme qu’il impose à nos habitudes que ce soit pour sa durée globale, son caractère cyclique, ou la durée intrinsèque des plans séquences.Ce n’est pas mon préféré car il est tt de même très radical et svt peu aimable jouant, sur les limites de la patience mais au même titre que Salo,c’est une expérience forte et mémorable.
Les harmonies Werckmeister est sûrement mon préféré à ce jour car il y a un récit très composé et intelligent, même ,si svt « troué » et elliptique.Par ailleurs, on y trouve une veine très russe avec ses personnages d’innocent, de prince en exil qui se détachent d’une impression de chaos croissant, de matière en fusion.
Bertrand, vous aviez aimé Khroustaliov , ma voiture de Guerman, il se pourrait que vous aimiez Les harmonies…
Tentez ou celui-ci ou L’homme de Londres.
Qqn a vu SATANTANGO en dvd (éd Blaqout) il me semblait qu’il y avait un problème avec l’image mal restituée (en taille)?
À Sullivan : Comme il peut y avoir un snobisme à aimer les westerns de Ford, ou « les vieux films » comme ils disent. Le goût et le plaisir qu’on peut avoir à consommer les choses n’a pas grand chose à y voir. Tout dépend plutôt de si on est snob ou pas. On peut idolâtrer Ozu par snobisme. Ça fait bien. On peut aussi l’aimer profondément, parce que ça a nourri notre existence, que c’est devenu même familier. Qu’entendez-vous par « films ennuyeux »? Souvent, c’est qu’on n’est pas en phase avec le film. (J’ai vu plein de fois LE MIROIR, de Tarkovski, que j’adore, et je me suis ennuyé à mourir une fois sur deux, car ce n’était pas toujours le bon moment.) Il y a des films plus exigeants que d’autres. Les films de Ceylan, par exemple, ne se consomment pas comme les films de super héros. Ce n’est pas gagné d’avance, autrement dit. Il faut être dans de bonnes dispositions, pour les recevoir. Il en va de même pour les livres et plein d’autres choses. Déclarer un film en soi ennuyeux et ceux qui l’ont aimé des poseurs snobs, même si je ne le prends pas pour moi, me semble un peu suspect, une façon d’évacuer le sujet à moindre frais, une autre forme de snobisme. En même temps, c’est vrai que les poseurs snobs ne manquent pas, s’extasiant à priori sur une œuvre sur le seul prestige de leur auteur et dédaignant ceux « qui n’ont rien compris », tout ça parce qu’ils ont une très haute opinion d’eux-mêmes et se classent d’emblée dans une sorte d’élite culturelle et intellectuelle. Moi, personnellement, ils ne me dérangent pas beaucoup, même si ils ne m’intéressent pas beaucoup non plus.
A Jean Charles freycon
Entièrement d’accord mais vous oubliez aussi qu’un film se voit aussi à deux et que les gouts, les désirs peuvent ne pas coincider, peser sur votre réception, sur la force du film. De toutes façons on a toujours raison d’aimer
À BT : Certes, mais c’est un tout autre sujet. À deux, soit on a les mêmes goûts, au moins la même curiosité, soit on fait des compromis plus ou moins douloureux. Il y aussi le cas où on est trente, en projection scolaire par exemple… Il y a aussi la cas, heureusement, où on est seul, totalement libre de ses choix…(Quant à avoir toujours raison d’aimer, je trouve ça fort discutable…)
Je sais bien que vous n’avez pas dit que L’HOMME DE LONDRES était inférieur! Je faisais de la dialectique, j’extrapolais, je tirais des lignes sinueuses, j’entretenais le feu du débat. Ah, mais!
A Sullivan: attention, quand vous parlez de « film ennuyeux » pour LE CHEVAL, le film n’est pas ennuyeux, je le trouve un peu maniéré sans plus, moins pur que L’HOMME, mais je prends l’exemple de l’ouverture où on voit le cocher sur sa charrette, la séquence dure dix bonnes minutes et c’est absolument pas ennuyeux, je ne sais pas par quel tour de force d’ailleurs, je crois que la musique a beaucoup à y voir.
Tarr comme Dumont est un styliste, ces cinéastes ne négligent pas du tout la forme, le noir & blanc chez Tarr n’est pas de l’austérité, c’est une joie pour les yeux et la musique est planante comme une de Phil Glass ou comme dans un de ces films de sf style Vangelis, ok c’est pas Kubrick ou Leone, mais ce n’est pas l’austérité rebutante, ni le simplisme porté comme profession de foi, ni l’ascètisme à étrangler le spectateur que l’on pourrait se laisser conter par certains admirateurs joueurs de pipeau. De même, si qqn vous dit avec admiration que les films de Tarr ou de Dumont sont merveilleusement austères et monacaux, c’est du pipeau joué par un snob. En général, le snobisme s’extasie sur l’austérité ou la simplicité lumineuse, et prétendra que tel film est admirable parce que correspondant à ces « qualités » là, ce qui est souvent faux. ON louait beaucoup les films de Rohmer dans les années 80-90 pour leur admirable simplicité, il me semble maintenant qu’on a beaucoup exagéré (je reste mesuré exprès, veux pas me fâcher avec les admirateurs de Rohmer mais Jacques Lourcelles a raison sur LE RAYON VERT, par exemple).
A JC Freycon : C’est bien la première fois que j’entends qu’il y a un snobisme à aimer les westerns de John Ford.
Un snobisme à ne pas les aimer, il y a des chances. Un snobisme à ne pas aimer les westerns tout court, ça c’est sûr.
Souvent, le nom de John Ford fait plutôt sourire mais peut-être ne fréquenté-je pas assez les milieux vraiment snobs ?
A Minette Pascal
Je pense qu’on détourne de son sens originel le mot et le concept de snobisme. Il y a des gens qui aiment Ford (ou Kiarostami ou Powell ou Jacques Becker) de manière viscérale, organique. Il y en a d’autres qui les aiment pour faire partie d’un clan, pour être à la mode, pour suivre telle ou telle personne, pour se ralier à un mot d’ordre (contre l’humanisme mou (Eastwood pour Jean Baptiste Thoret) pour SWING BREAKERS dont la morale en couv des Inrocks est SUN, SEX AND GUNS). Mais est ce du snobisme ou est ce faire partie de ces mutins de Panurge dont parle Murray et que fustigent Jourde et Jean Claude Michéa. Il y a le snobismùe d’aimer le spectacle à la mode (pas celui qui a le plus de succès) et il y a le suivisme. J’en rencontré beaucoup de gens qui avaient changé d’avis sur plein d’auteurs en quittant tel ou tel clan, telle ou telle revue Il y a un snobisme à s’intereser à des cinéastes seulement quand ils sont en bout de carrière, à louer un genre (le western) parce qu’il parait moribond
Il peut y avoir snobisme pour des tonnes de films ( du film de Bergman à celui de Jean Rollin, du film de Bella Tarr à celui de Jess Franco en passant pat tout et son contraire).
Quel que soit le film, la question est de savoir si on aime réellement ce qu’on dit aimer( pour diverses raisons: plaisir du récit, plaisir esthétique, goût de la suprise, attentes humanistes, etc…).
N’en déplaise à certains, il est possible d’aimer un film de Bela Tarr et de détester copieusement un film vendu comme « fun » tel que Inglorious basterds pour ne prendre qu’un exemple controversé largement débattu ici.
Je laisse la parole à P Valery: « Le vrai snob est celui qui craint d’avouer qu’il s’ennuie qd il s’ennuie et qu’il s’amuse qd il s’amuse. »
A Ballantrae
Là, Valéry est imparable. Set et jeu
Springbreakers est l’archetype du film que je n’irai même pas voir simplement pour le consensus qu’il suscite chez les « cahieruptibles » pour des raisons pour le moins curieuses, un peu au dessous de la ceinture.
À Minette Pascal : Je disais bien qu’il POUVAIT y avoir un snobisme à aimer les westerns de John Ford, et non pas qu’il y en avait systématiquement un. C’était aussi pour retourner la question au sujet de Béla Tarr et de son CHEVAL DE TURIN. S’il PEUT y avoir du snobisme à aimer ce film, ce n’est pas systématique non plus, comme semblait le dire Sullivan, qui, c’est de bonne guerre, s’amusait un peu à nous provoquer, Ballantrae et moi qui avons aimé le film. Autrement dit : les œuvres ne portent pas en elles systématiquement les germes du snobisme, qui est avant tout un comportement sociologique.
Nous sommes tous d’accord, un film ne porte pas en son sein les gènes du snobisme, qui n’a à voir qu’avec nos attitudes de spectateurs. Si effectivement je n’avouais pas m’être ennuyé en visionnant « Il était une fois en Anatolie », Valery aurait raison et je serais snob en proclamant que c’est un film générateur d’ennui dans l’absolu… Mais mon assertion, tout-le-monde l’aura compris j’espère, n’était qu’une énième provocation…
En revanche, si je me suis ennuyé devant Anatolie (que je n’ai pas eu le courage de terminer, tout comme ce fut le cas avec « Le Quattro Volte » de Frammartino…), je reglisserai le film dans mon lecteur, car je suis convaincu d’expérience qu’un film choisit de s’offrir au spectateur quand il l’entend. Bien sûr qu’on peut préférer « Le Cheval de Turin » à « Inglorious Basterds », mais par goût personnel et de par le plaisir pris à le goûter. Et non par une attitude « anti-fun » liée à la mode tarantinesque, car là on tombe précisément dans le snobisme. Comme on y tombe en fuyant Lynch, Straub, James Benning, voire Tarr ou Godard et j’en passe, parce-que le cercle de leurs adorateurs empeste le snobisme ou bien parce-que l’on trouve ces cinéastes prétentieux (sans-doute avec raison parfois)…
A Sullivan
Vous décrivez un serpent qui se mord la queue
J’ai bien compris la provoc , Sullivan…mais justement ne voulais pas donner là dedans: à l’origine,nous nous sommes permis avec J Ch de réagir face à la découverte de Martin Brady car nous avions tous deux été scotchés par Le cheval de Turin et rien de plus!
Puisque vous parlez de Ceylan et de Frammartino, eh bien je dois avouer -quitte à vous offrir le bâton pour me faire battre- que j’y ai pris un réel plaisir mais hormis le rythme lent ou plutôt contemplatif (comme est lent le rythme d’un Angelopoulos, d’un Tarkovski, d’un Antonioni,d’un Kiarostami, d’un Malick parfois, etc…) il me semble que rien ne rapproche ces deux expériences: Il était une fois en Anatolie est un film doté d’une énigme policière et existentielle qui n’est pas dénuée d’humour(noir) et d’humanité car les personnages sont très incarnés et la situation singulière jusqu’à la révélation finale, Le Quattro volte est aussi un film simple comme bonjour et doté d’une fantaisie peu commune, quasi surréaliste.Il me semble dommage de classifier ces deux films sous l’étiquette « ennuyeux » alors que leurs auteurs respectifs ont simplement fait le choix de ne pas virevolter, multiplier les choix tape à l’oeil mais plutôt celui du temps tranquille d’une vie bien éloignée de notre agitation mortifère.
Pour ce qui est de Tarantino, comme je l’ai déjà dit , j’étais prêt à aimer mais n’ai cessé de fulminer durant la séance.En revanche, j’ai pris un énorme plaisir à Django unchained.Mon seul guide en cinéma est mon plaisir, le goût de la surprise et de la beauté quelle qu’elle soit: pour faire simple, j’aime qu’une séance ne soit pas une séance de plus durant laquelle je me serais dit que j’avais mieux à faire…non, je dois me dire que ce moment était important, formidable,sidérant, dépaysant, etc…Ce que je déteste, c’est sortir du film et le regarder de l’extérieur en ne m' »oubliant » pas.
A J-Jacques. Belle définition d’un film réussi : « s’oublier »… Et je vous rejoins entièrement sur IL ETAIT UNE FOIS EN ANATOLIE : superbe. Je vous conseille d’ailleurs d’acquérir le blu-ray chez memento films qui rend justice à la superbe photographie (nocturne en majeure partie !) du film. Cet éditeur vient aussi de sortir en bluray/dvd un autre chef d’oeuvre dont on avait déjà parlé ici à sa sortie : UNE SEPARATION de l’iranien Asghar Farhadi.
A Damien DOUSSIN
2 très grands films
Le Ceylan se trouve ds ma DVDthèque depuis sa sortie en format blue ray qui sied particulièrement à la photographie du film, effectivement complexe et osée.
Le quattro volte vient de paraître en DVD chez l’un de mes éditeurs favoris Potemkine avec de précieux boni dont un cm, des entretiens, etc…C’est un grand cinéaste qui émerge, dans la lignée du Olmi de L’arbre aux sabots ou des photographies sublimes de Giacomelli.Je ne serai guère surpris qu’il fasse à nouveau très fort tant sa vision et déjà affirmée.
J’avais bcp aimé Une séparation,encore de belles nouvelles d’Iran après Kiarostami,Makhmalbaf,Panahi, etc…Je crois qu’il revient à Cannes cette année avec un film tourné en france: j’espère que la greffe prendra bien car Copie conforme ne m’avait guère convaincu malgré mon admiration envers AK.
Très bonne iniative de la part d’une célèbre chaines de magasins de proposer à ses adherents pour 20 euro.trois dvd.Je me suis fait plaisir en cassant ma tirelire.Tout d’abord j’ai découvert deux films de Pasolini,tout d’abord un documentaire sur la sexualité des italiens dans les années 60 puis une oeuvre intense: »Les oiseaux,petits et grands »avec le plus grand italien Toto qui parcourt le film avec son fils et un corbeau qui parle et qui leur donne une leçon de vie avec des reflexions philosophiques sur l’existence humaine.Dans un autre registre,je tiens à citer « Le jardin des Finzi contini »un des derniers films du maitre De Sica sortie en 1971.Le cinéaste nous dépeint une Italie fasciste,une bourgeoisie coupée de la réalité sociale s’amusant à jouer au tennis,buvant et mangeant à volonté alors que le peuple souffre en silence sous le joug du Ducce Mussolini.Outre la belle Dominique Sanda,on retrouve Helmut Berger et Fabio Testi.Enfin « L »arbre aux sabots »d’Ermano Olmi primé à Cannes en 1978.C’est une fresque intense de 4 familles de Bergame en Lombardie.Là nous sommes happés par ces hommes,ces femmes et ses enfants de la terre qui affrontent la neige,la pluie,le froid autour d’une polenta comme seul repas quotidien.Le personnage central est la patriarche qui conte à ses petits-enfants des histoires d’autrefois au coin du feu.Il faut savoir qu’aucun de ces comédiens sont professionnels,c’est en celà que le film apporte une force aux personnages.Georges Rouquier avait ça aussi avec son dyptique « Biquefarre » et « Farrebique »avec 40 ans d’écart entre les deux films.
A Rouxel
J’aime beaucoup ces films. LE JARDIN DES FINZI CONTINI est de plus tiré d’un beau livre. Le Pasolini est magnifique et l’ARBRE AUX SABOTS aussi
Je ne me rendais pas compte du nombre de titres que propose Warner en DVD zone 1 avec son ARCHIVE COLLECTION…
Plus de 1500 titres au bas mot, si je ne me trompe pas !!!
Ça me rend fou, parce-que je ne suis pas vraiment bilingue. Je comprends certes pas mal de choses dans la langue de Shakespeare, et me suis déjà procuré plusieurs fois des films que je voulais absolument découvrir, tels THE FURIES ou le coffret avec les premiers films de Fuller chez Criterion…
Alors que sort en librairie le pavé d’Hervé Dumont sur Borzage « FRANK BORZAGE, UN ROMANTIQUE A HOLLYWOOD » (Institut Lumière / Actes Sud), je me suis amusé à recenser les films de Borzage proposés par la collection citée ci-dessus et que nous n’avons pas en zone 2… il y a en a au-moins déjà 15 !!!
Bon sang, mais pourquoi Warner, qui est l’éditeur proposant le plus de sous-titrages possibles la plupart du temps, n’a pas jugé opportun de proposer des sous-titres français sur cette collection ??? Mazette, bande de bachi-bouzouks, apprentis-dictateurs à la noix de coco, analphabètes diplomés !!! Je suis en colère mais alors en colère !!! Pardon, je me reprends, et comme dirait Martin-Brady, ça va passer…
Et puis, comme si ça ne suffisait pas, en zone 1, les DVD sont parés de visuels absolument magnifiques (la plupart du temps les affiches des films), qui donnent envie rien qu’en regardant les pochettes. Comme quoi une collection peut se tenir, avoir une ligne reconnaissable, tout en étant hyper attractive visuellement, ce qui n’est pas le cas des collections rouges, bleues, Warner et compagnie chez nous en zone 2, quand-bien même il faut se féliciter (et féliciter les éditeurs) de leur existence.
Question : Quelqu’un connaît-il une plateforme pour se procurer au plus bas prix les titres ARCHIVE COLLECTION ?
Personnellement, je suis comme vous. Mon anglais est trop limité et donc pour les dvd sans sous-titres français en zone 1 je me contente des films….muets. Les cartons ne posent pas de problème généralement. On en trouve dans la collection Warner, mais aussi chez Flicker Alley (magnifiquement restauré) ou chez Grapevine (pas restauré, mais souvent très rare).
Pour se procurer les dvd « Warner Archive » le plus simple serait sans doute de passer par Amazon.com ou Oldies. Toutefois, comme il ne s’agit que de DVD-R sans sous-titres, je préfère personnellement attendre que ces titres soient édités dans la collection équivalente en France « Les Trésors Warner » (en vente sur le site de Warner ou à la FNAC) ou, mieux, qu’ils soient rééditées aux États-Unis en blu-ray, avec cette fois-ci des sous-titres anglais (Warner a déjà commencé à rééditer certains titres).
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai une certaine affection pour J Lee Thompson, un des rares cinéastes de cette génération à avoir turbiné jusqu’à un âge aussi avancé. Ca ne change rien au fait que nombre de ses films ne valent pas un clou, toutefois EYE OF THE DEVIL, que Bertrand Tavernier avait évoqué ici, fait partie du bon grain à séparer de l’ivraie. Le film appartient à cette vague de films (souvent européens et souvent bis) qui dans les années soixante s’intéressaient aux rites sataniques et aux sociétés secrètes dans des manoirs inquiétants. Kubrick s’y réfère de nouveau dans EYES WIDE SHUT. Un des nombreux intérêts du film de Thompson est qu’il ne cherche pas à rationaliser son sujet, ni à dénouer le mystère de cette possession ancestrale à laquelle obéit une vieille famille d’aristocrates. Les personnages de David Hemmings et Sharon Tate, mi-anges mi-démons, dont on ignore d’où ils viennent et pourquoi ils sont là, ne sont rattachés à aucune réalité, on ne sait même pas s’ils sont matériels ou imaginaires, mais ils donnent une empreinte très inquiétante à l’histoire. David Niven a très peu de répliques, il est simplement l’héritier de cette malédiction à laquelle il doit se soumettre sans que Deborah Kerr ni personne d’autre ne puisse rien faire pour le sauver. Pas de retournement de situation à la fin de l’histoire, mais un passage de témoin vers l’enfant de la famille, qui d’une certaine manière annonce les enfants possédés du cinéma des années soixante dix. La mise en scène est archi découpée, pratiquement tous les plans sont des travellings courts, pour un résultat très homogène et parfaitement bien rythmé, qui plus est, très bien photographié. Plusieurs séquences sont remarquablement réalisées, notamment celle où Deborah Kerr découvre la tombe de l’ancêtre et où elle se retrouve entourée de spectres. En revanche, la scène évoquée par Bertrand Tavernier (ou Jean-Pierre Coursodon) qui décrit Deborah Kerr chutant d’une hauteur pour se retrouver intacte en bas, n’existe absolument pas. Elle est simplement prise d’un étourdissement au bord d’une corniche et ne laisse tomber que sa chaussure. Je rangerai ce film sur la même étagère que THE INNOCENTS de Jack Clayton, et quitte à ne pas vouloir réhabiliter certains cinéastes, on peut reconsidérer des films sous-évalués.
à Manux: bonne idée de parler de ça, je viens de découvrir ICE COLD IN ALEX dont Bertrand avait parlé dans la chronique du 1/11/2011 et que j’hésitais à acheter vu que pas d’édition avec st! Film magnifique, complètement sous le charme de Sylvia Syms parfaitement dans le ton, toujours juste dont son talent bien sûr mais aussi l’approche de Thompson parvient à faire ressentir l’attirance graduelle et irrésistible qu’elle ressent petit à petit pour John Mills, l’un des rares héros alcooliques dont le pittoresque alcoolo (cliché de qqs films américains) est gommé au profit de tout ce qu’il peut y avoir de minable dans cette addiction.
C’est d’ailleurs Syms qui prend l’initiative de la première étreinte dans une scène terriblement osée pas du point de vue de l’érotisme mais du simple point de vue de la proximité physique entre deux personnes, la barrière psychologique à franchir est souvent esquivée au cinéma, là ce n’est pas le cas et Syms la franchit avec une autorité incroyable pour ses 25 ans. Elle est crédible quand elle dit « Je n’abandonne pas facilement » bien que des milliers d’actrices aient dit ça avant et après elle! Je regrette un peu qu’après quelques jours dans le désert où il faut se laver au pétrole (!) elle reste toujours aussi bien coiffée, que son uniforme ne souffre pas un pli mais… Pour le reste (l’incertitude prenante qui plane dans certaines scènes, le regard sur l’ennemi qui fait penser à Powell et Pressburger), il faut lire la chronique de BT ci-dessus. Le master Studio Canal est excellent et la photo magnifique (Gilbert Taylor), coffret War collection 2 avec WENT THE DAY WELL? de Cavalcanti et I WAS MONTY’S DOUBLE (Guillermin). J’ai vu le film deux fois deux soirs de suite pas seulement pour bien pallier à l’absence de st, c’est admirable, l’un des meilleurs films de guerre sans action guerrière que j’ai vu, un joyau.
Son prénom est parfois « John », ou abrégé en « J », ou alors « Jack », en tout cas le dico de Tulard ignore sa carrière britannique (entre autre) le dico Larousse fait mieux en n’en citant que trois titres, pour aussi se concentrer sur sa carrière américaine qui apparemment fait horreur à tous mais que tous connaissent! OK, NAVARONE à la mollesse exaspérante, et long avec ça… ou les Bronson sont pas terribles, mais pas une raison pour les re-citer à l’écoeurement: ces historiens pourraient explorer des terrains moins connus! (Tulard, ça me surprend pas), rien sur ICE COLD ou TIGER BAY ou WOMAN IN A DRESSING GOWN, il faut aller dans 50 ANS (tiens donc comme ça se trouve!) pour voir abordés les films anglais. Ceci dit, WHITE BUFFALO avec Bronson est souvent cité comme « étrange » ou « curieux ».
il a aussi réalisé deux suites à La planète des singes, la 1ère version des nerfs à vif et l’excellent Aux frontières des Indes. Les points noirs de sa carrière, ce sont tous les incroyables navets avec Bronson et Richard Chamberlain !!
Revu récemment à la TV, Le bison blanc est plus raté qu’étrange…il a même un côté improbable avec sa volonté de transposer Moby Dick sur terre dans un contexte westernien.
Un peu la même impression que face à l’adaptation bien ratée de La ligue des gentlemen extraordinaires ou au nullissime Van Helsing : première impression « chouette! une rencontre improbable entre un tel et un tel »…ensuite « mais tiens c’est bizarre » puis » non c’est ringard »…et enfin « ben, non c’est juste un nanar surdimensionné qui cherche à faire le malin »!
La vraie belle réécriture de Moby Dick c’est Man in the Wilderness de R Sarafian disponible chez Wild side avec un livret formidable qui agrémentera les rayonnages de vos DVDothèques avec sa belle tranche qui fait volume, quitte à chasser des DVD tristement nus!
Les dvds tristement nus recèlent souvent des films joyeusement riches, c’est leur charme irremplaçable. La richesse filmique qui se livre à mes yeux ravis ne peut relever de l’emballage.
Quand j’étais gamin, j’avais toujours voulu voir LES ROIS DU SOLEIL parce que c’était l’un des rares films à se passer chez les Mayas, mais je crois que c’était pas très bon, je l’ai toujours loupé! Studiocanal qui a englobé Optimum sortira peut-être WOMAN IN A DRESSING GOWN (http://www.amazon.fr/OPTIMUM-RELEASING-Woman-Dressing-Gown/dp/B006C1ELTW/), avec des stf! On trouve TIGER BAY (http://www.amazon.co.uk/Tiger-Bay-DVD-Hayley-Mills/dp/B0001E5TKQ/)chez ITV avec des sta, Bertrand l’avez-vous vu finalement?
A Manux
Je viens d’en voir un de Jack Lee Thompson pas piqué des hannetons: THE PASSAGE, dans lequel Malcolm MacDowell, en SS, porte un slip-kangourou frappé d’une croix gammée. Il fallait le faire, ils l’ont fait..
A alexandre Angel
Ca c’était un film gratiné
C’est un chef d’oeuvre de ringardise… tourné à Tarbes. Et des films à Tarbes, on n’en tourne vraiment pas beaucoup.
Encore une petite madeleine au goût un tantinet moisi:oui, c’était bien mauvais et je m’en étais aperçu alors que j’avais 12 ou 13 ans!! Pauvre M Mac Dowell, il ne s’est jamais vraiment remis de l’après Kubrick…
Je crains de ne pouvoir vous suivre sur J.L Thomson, mais je vais tout de même faire un effort pour ICE-COLD et EYE OF THE DEVIL. Les Bronson, oui, c’était quelque chose… On voit même la main de l’accessoiriste maniant le manche de la tête du bison blanc. Je garde aussi un très mauvais souvenir de MACKENNA’S GOLD que j’ai couru voir avec ma tante vers 8-9 ans au Gallia Palace à Agen. Il paraît que c’est dans cette salle que Luigi Comencini enfant avait eu un choc pour le cinéma… Et bien moi elle a failli me faire fuir.
Ces histoires de main d’accessoiriste dans le champ, ou de micro, c’est souvent que le projectionniste se plante de fenêtre (tout le monde n’est pas JCF… hum), il faudrait dire « se plantait » de nos jours avec la projection numérique. Je me souviens d’un micro dans BADLANDS qui surgissait juste derrière et au-dessus de Warren Oates qui pinçait Martin Sheen en train de tenter de partir avec sa fille. Ce micro a disparu dans les copies en 1:85 du dvd, dommage, c’était un symbole phallique pour le pouvoir social du père, associé à Warren, ça convenait très bien.
Ah! Le Gallia(+le Florida) à Agen , c’est là aussi que j’ai commencé à aller au cinéma!!!Je confirme que l’histoire de Comencini est intimement liée à Agen pour l’y avoir vu dans les 90′ lors de je ne sais plus quel hommage.
A Martin-Brady et Ballantrae,
C’est possible pour le coup de la fenêtre de projection, (comme l’apparition de Spielberg derrière la caméra dans un plan de cabine téléphonique de DUEL), mais la fenêtre a bien subsistée dans une copie vidéo du BISON BLANC…
Formidable, Comencini à Agen quelques 70 ans plus tard… Le Gallia a été détruit, un Monoprix le remplace je crois. Mais le Florida existe toujours. Il y avait aussi le Paris où l’on faisait la queue le samedi soir pour voir des westerns italiens avec Lee Van Cleef. Les films et les souvenirs de salles pourraient faire l’objet de bien des commentaires. L’une des meilleures séquences de cinéma nostalgie est dans RADIO DAYS de Woody Allen. On y sent presque l’odeur de la salle.
Dis moi stp chez quel éditeur est sortie « l’oeil du diable » de Jack lee Thompson et y a t-il d’autres titres disponibles en dvd?Merci et bon week end.
L’Oeil du malin chez Warner « Les trésors Warner » 13`€ ou moins de 7 € avec offres adhérents actuellement.
Bonne nouvelle pour tous les amateurs de Damiano Damiani disparu récemment dans l’indifference des chaines de télévision.Début avril sort un excellent polar »La mafia fait sa loi » pour la première fois en dvd.J’ai revu « Confession d’un commissaire de police à un procureur de la république »sortie en 1971.Un face à face implacable entre Franco Nero et Martin Balsan sur un scénario tendu et un contenu très interessant entre les milieux politiques italiens,les services de police,la magistrature et le pouvoir opaque de la mafia.A recommander de toutes urgences.
A Rouxel :
Pouvez-vous nous dire chez quel éditeur sort « Il giorno della civetta » ? Car pour ma part je vois que sort chez Showshank Films la première saison en 6 épisodes de la série LA PIOVRA qu’il avait tournés en 84. Le coffret DVD va sortir en avril effectivement sous le titre LA MAFIA, SEUL CONTRE LA COSA NOSTRA, et l’éditeur met en gros sur la pochette le nom de Michele Placido, qui n’était « qu' » acteur à l’époque…
Ha Damiano Damiani! Ca se voyait qu’il aimait le cinéma même dans un film comme Amityville II il cherche toujours la petite trouvaille visuelle, le mouvement de caméra un peu fou pour redonner un intérêt à l’histoire. Pas un film que je reverrais de sitôt mais on sent qu’il aimait son métier. Les films italiens sont meilleurs bien sûr.
Une blogueuse évoquait ici LE CHEMIN DES ECOLIERS, qu’on doit à un metteur en scène qui n’a jamais déchaîné les plumes. Le film mérite d’être signalé par ses ingrédients de qualité : Marcel Aymé, Bourvil, Ventura, Delon, Brialy, Mondy, Arenche et Bost à l’adaptation, mais à entendre certaines répliques du genre « Quand on a de l’instruction on peut exploiter les gens, quand on n’en a pas, on ne peut exploiter que les gonzesses » on se demande si Audiard n’a pas donné un coup de main en passant. Ce qui ne serait pas invraisemblable vu le nombre de scripts qu’il a retripatouillé. Boisrond fait son travail proprement et il dirige bien son monde. Parfois on n’en demande pas plus. Dix ans avant LE CERCLE ROUGE, Delon saute au cou de Bourvil en lui disant « Merci papa. » Une archive.
A Manux
Aurenche et Bost ne travaillaient jamais avec des nègres. Ils écrivaient tout tout seul et si vous lisez les souvenirs d’Aurenche dans la collection ACTES SUD, vous aurez plein d’expliques de répliques savoureuses bien qu’ils traquaient le mot d’auteur et celui là n’en est pas un. Il appartient au personnage qui le dit. Et la blogueuse était un blogueur
As Mr. Tavernier says, it was not reviews or politics that broke HEAVEN’S GATE and Michael Cimino’s career but that quadrupled budget,a result not only of Cimino’s profligacy (billing the irrigation system for his ranch to the film’s budget,I mean who’s going to stoop to counting mere thousands) and arrogance,but also the studio’s indulgence of their boy genius (when the studio leaned on him,as in the British shooting of that Harvard footage, he contained himself in both the time and money departments). Final cut, then and now,is accorded to American directors on the basis of various combinations of critical acclaim and box office. Directors with some sort of track record are allowed the odd KUNDUN or SHADOWS AND FOG. Cimino was a relative novice. More than diminishing the frequency of unproved talents being handed director’s cut, the greatest tragedy of GATE was that it broke UNITED ARTISTS, a studio founded by artists and that in the 60s and 70s was thought of as more sympathetic to directors (like Pasolini,say) than most. UA’s offshoot Orion didn’t have very many years before it fell into bankruptcy,in part because of things like,well,SHADOWS AND FOG. And even a director of Kubrick’s stature could have final cut but be hobbled by either contractual obligations for nothing more severe than an R rating or by pressure to obtain same. Lindsay Anderson’s contract for O LUCKY MAN actually specified no rating more severe than R and no length greater than around 2 and 1/4 hours (obviouly WB caved on the latter). And it wasn’t just studio philistinism that sabotaged Sam Peckinpah’s career.
I think what’s always underrated are a director’s ability to play by the rules (set by the studio) and his/her astuteness concerning financial matters. A lot of the directors are to blame for what happened in the late 70’s: Coppola went mad on Apocalypse Now, Cimino obviously but also Friedkin, Bogdanovich and so many others started thinking they were the greatest artists of all time. Their megalomania was unnecessary and in my opinion they cannot be compared to men like Orson Wells or Preston Sturges who made mistakes, had no clue about studio politics but were primarily victims of studio execs who hated their complex talent and wanted them out at all costs (that goddamn Da Sylva from Paramount who killed off Sturges: if that clown had never existed we would have many more of Sturges’ Paramount masterpieces) to be able to serve trash to the public again. Cimino and co are a bit like their generation: they had a chance to change the world but fluffed it miserably (in their case they had a chance to change not Hollywood per se but what the American general public would have expected of a film).
A Richpryor
I basically agree. But some of the directors of the 70’s were less megalomaniac (in the case of APOCALYPSE, Coppola was right), Altman, Pollack, Eastwood. The first two names made mistakes, but Altman like Aldrich was always finding a new way to recover while Pollack was losing his grip, becoming too mainstream. Welles is another case. He was his worst ennemy and could have made many more films if he had not destroyed so many possibilites. Alexandre Trauner told me how he was not going to meet the people who were bringing the money and willing to give more during OTHELLO, because he wanted to make a trip, to go to Venice or Paris. Robert Wise sent many memos asking him to come back for the editing of THE MAGNIFICENT AMBERSON and LA DY FROM SHANGAI went way above the budget for selfish, dumb reasons. You cannot always blame the system. The studio exec were often arrogant, dumb (Da Sylva) but sometimes the directors are responsible of their own fate. I have seen plenty of behaviours which I could not undertand which ruinned some possibilities of making a great film : ego, desire to have more money than XXX
To Bertrand Tavernier, Speaking of director’s cut: what do you think of the recent appearance of directorial revision of films that were critically acclaimed and commercially successful at the time of release? That is, if William Friedkin decides to go back and digitally tweak the appearance of THE FRENCH CONNECTION,along with shooting a bit of additional footage,isn’t this at least as significant as « the picture has been reformatted to fit your screen »? And how can blazoning the various awards won by the original on the disc box be considered truthful? This is not the film that won Best Picture,Best Director, and was nominated for Best Cinematography.It has been reformatted to fit the director’s second thoughts. This reformatting is also true of such films as HEAVEN’S GATE (I doubt that Vilmos Tzigmond is very pleased),Bogdanovich’s NICKOLODEON,Richardson’s TOM JONES (the composer John Addison was also complicit in revision), and William Peter Blatty’s THE NINTH CONFIGURATION (in which he replaced his previous definitive director’s cut with yet another even more definitive director’s cut in which he disregarded the very intelligent advice of his lead actors Stacy Keach and Scott Glenn). I don’t question the director being the author or the prime creator of a film,ideally,but when a director ventures into revisionism it’s not quite the same as Henry James deciding to fiddle with some of his work for The New York Edition. Henry James was out there on his own and he was not impacting the work of Owen Roizman or Laszlo Kovacs or Stacy Keach when it suddenly occurred to him « well maybe I should have… »
I am not convinced about the fate of THE MAGNIFICENT AMBERSONS that you described. I do think in the end that the phemenology of the happy endings mattered a lot about the final cut. that said THE MAGNIFICENT AMBERSONS remains a great movie despite of the loss of the original cut.everybody can imagine what Welles would mean.
A Nemo
But the fact are documented : the memos of Wise, the silence of welles partying in South America. Wise never saif the would won everything but there was a serious chance if Welles had fought. He just quit and it happened several times in his careeer
To richpryor, Another spectacular example of De Sylvan stupidity may be seen in what he did to Leisen’s film of the Kurt Weill and Ira Gershwin musical LADY IN THE DARK. De Sylva produced the film at the behest of Ginger Rogers but he only allowed one song (JENNY) to remain in the score. De Sylva hated the music of Kurt Weill and particularly despised the song MY SHIP. De Sylva should have stuck to lyric writing (CALIFORNIA,HERE I COME and I’LL BUILD A STAIRWAY TO PARADISE and the songs for the wonderful GOOD NEWS,among others).
Il s’agit précisément de Buddy G DeSylva (en un seul mot), je le précise pour ceux qui seraient perdus dans les différentes orthographes utilisées ci-dessus! Mr Rawls, où est passée votre incroyable précision que je viens de louer juste avant! (friendly, of course!).
Rien à voir avec Howard Da Silva (en deux mots), sublime acteur (14 HEURES) dont la carrière a été bousillée par la liste noire…
To Martin-Brady, You’re correct, it is DeSylva, But if you run down his list of song credits on the IMDB,you will, aside from getting a slight headache, find that his name has appeared on various credits as De Sylva and in one case (something called ALEX AND EMMA) De Sylvia. But the name is correctly spelled in Chierichetti’s Leisen biography and in Alan Warner’s authoritative WHO SANG WHAT IN THE MOVIES,which,in addition to the title information,also tells you who sang for whom (no proof for the Andy Williams/Lauren Bacall business) and introduces you to such arcana as Dirk Bogarde’s album LYRICS FOR LOVERS, on whioh DB recites the lyrics of such songs as GET OUT OF TOWN and YOU GO TO MY HEAD (the latter coming across like a spoken liquor store inventory)over, or maybe against, orchestral accompaniment. Cited by Elvis Costello as a very effective way to clear out lingering party guests. By the way, there’s no truth to the rumor that Buddy DeSylva is related to the TV western star Hiyo DeSilver.
To Martin-Brady, Well,I’ve done it again. The title is WHO SANG WHAT ON THE SCREEN. The author is Alan Warner,not to be confused with the MORVERN CALLAR novelist or the English cricketer. I must have been apprised of the existence of the Bogarde record,which I knew of before the CD reissue,by either an article in one of the British pop music magazines or,less likely,the Costello article in VANITY FAIR. Warner does have a couple of pages on non-musical film actors(Mitchum,Anthony Perkins,Jeff Chandler) who recorded songs for commercial release but no mention of Bogarde. Mitchum had a couple of hits (THUNDER ROAD,LITTLE OLD WINE DRINKER ME). Perkins had the lead in a Broadway Frank Loesser musical and recorded a version of HOW ABOUT YOU (arranged by Mel Torme associate Marty Paich) that’s better than Bobby Darin’s. Used copies of the book are available on the UK amazon from next to nothing. You can pick up Dirk’s CD there,too. Best, Man of Pyrite
Thanks for the additionnal infos, Mr Rawls, you’re top of the tops, la crème de la crème de la cinéphilie érudite et distrayante, the number 1 boy, king of the…I’ll stop now you would feel embarrassed…
Very interesting Michael but history of final cut is older: what about origins with Griffith,Chaplin on the good side Stroheim on the difficult side.
I’m really sad when i think about this short career from 1919 to 1928:it was forbidden to create when he was 43 years old! a scandal when we consider Blind husbands,foolish wives,Greed, merry widow, wedding march.
I’m very sad every time i watch sunset boulevard thinking about what he had to give to cinéma.
It’s the same with Preston Sturges later.
J’ai vu sur le blog de Charles Tatum l’annonce de la disparition de David Dewaele, l’inoubliable acteur des films de Bruno Dumont, petits rôles dans FLANDRES et HADEWIJCH, 1er rôle dans HORS SATAN. Crise cardiaque à 37 ans! Incroyable, ça s’est produit le 27 février dernier, ma chaîne d’infos habituelle n’a pas daigné en parler, rien vu dans le journal de Arte…
Je le découvre grâce à vous ! Il m’a laissé un souvenir très fort dans HORS SATAN que j’estime beaucoup.
C’est un film assez extraordinaire, très dérangeant, Bressonien par excellence, et dont la fin m’a fait froid dans le dos. Lucide, courageux, parfois âpre et désespéré, il évoque toute une frange de la population de condition modeste, isolée des villes, et parfois à l’abandon. Un miroir difficile à regarder de ce que notre société hautement technologique et confortable a produit pour adoucir la vie des uns, tout en ignorant l’existence de ceux qui vivent dans les ténèbres. De par la manière incroyable dont Dumont dépeint certaines de nos contrées reculées, on se croirait presque au Kurdistan dans LE TABLEAU NOIR de Samira Makhmalbaf… Dumont se concentre sur les laissés pour compte, l’autre partie du monde n’intervenant que sous forme de figurants aux paroles inaudibles, comme si tout un mur séparait une classe de de l’autre. La mise en scène est particulièrement soignée, notamment les cadrages avec ses ciels fordiens, dans un très beau cinémascope comme rarement je l’ai vu utilisé dans le cinéma français. Le jour où j’ai vu ce film il y avait deux personnes dans la salle… Bruno Dumont fait partie de ces cinéastes rares qui expérimentent, dans un paysage où ce genre de cinématographie a quasiment disparue. Je ne suis pas en osmose avec tout ce qu’il fait, mais c’est un cinéaste important, tout comme ont pu l’être en leur temps des gens comme Jean-Daniel Pollet ou Luc Moullet, dont plus personne ne se souvient. Je suis curieux de voir son CAMILLE CLAUDEL.
à Bruno François-Boucher: 120% d’accord avec vous! HORS SATAN, c’est exactement ça! Je n’avais pas perçu le point de vue social avec la vision de deux mondes séparés, ceci dit. Ca me fait penser que la vision de Dumont pourrait être qualifiée de religieuse: la randonneuse pourrait être le diable tentateur, le « gars » pourrait prier Dieu quand il se met à genoux les paumes vers le ciel, mais j’aime penser que ce n’est pas le cas: la fille n’est pas le diable etc… Il s’agit de signaler une culture religieuse présente chez des gens, pas d’illustrer et défendre le sentiment religieux en y adhérant.
HADEWIJCH montre d’ailleurs une névrose qui passe par la foi chrétienne chez l’héroïne, et des incidents terroristes provoqués par la religion (je me souviens plus si c’est clair qu’il s’agit d’islam), les gens sont portés par des courants religieux, l’auteur ne va pas plus loin quant à assumer ceux-là.
D’autre part, il y a la symbolique chez Dumont qui m’échappe un peu: j’ai compris par les bonus que BD tient beaucoup à la symbolique de l’eau dans HORS SATAN (le « gars » ressuscite ou guérit la jeune femme en la portant près d’un étang), moi la symbolique m’échappe, c’est comme s’il fallait un dico pour piger mais ça ne m’a pas gêné plus que ça.
Par ailleurs, c’est un grand styliste: il est très complexe sur son utilisation de la photo et du son surtout. Il est loin de négliger la forme, la photo de FLANDRES est frappante, ce n’est pas un partisan de l’austérité de style. Je crains un peu CAMILLE CLAUDEL, l' »ambition » pourrait-elle prendre le pas sur la force de conviction, restera-t’il fidèle à son univers? On verra. Je n’ai pas vu LA VIE DE JESUS.
Une vision religieuse, oui tout à fait. Merci à vous pour cet échange et pour l’éclairage que vous donnez aussi de l’oeuvre. LA VIE DE JESUS est un peu la prémisse de HORS SATAN, et où apparaissent également les figures du diable ainsi que celle de la résurrection. Le film est pour moi assez imparfait, mais il y a des scènes très fortes devant lesquelles on ne peut être indifférent. Certaines thématiques abordées sont plutôt rares chez nous, contrairement au cinéma italien ou américain, à cause justement de l’aspect religieux. Quelqu’un parlait de l’influence directe de LA STRADA sur LA VIE DE JÉSUS. Je pense aussi à Sorsese, ou à MYSTIC RIVER avec leurs rituels sacrifiels et purificateurs.
Oui, mais il me semble le sentiment religieux est comme chez Brisseau (DE BRUIT ET DE FUREUR et surtout le génial UN JEU BRUTAL), présent comme courant de ce qui agite les êtres -croyants ou non croyants- par culture héritée, par mémoire collective pas forcément par leurs réelles convictions, et qui doit donc être pris en compte avec distance, par exemple on peut interpréter la fin de VOYAGE EN ITALIE comme édifiante ou pas, Bergman et Sanders renoncent à leur divorce non par foi mais parce qu’ils sont émus par l’effet de la foi sur la foule qui les entoure (mais Rossellini croyait en Dieu, je crois) ou alors ils renoncent à leur divorce par l’effet de leur propre foi, le spectateur est libre… Oui c’est vrai cette vision est plus habituelle au ciné américain ou italien. Amicalement.
Pour revenir sur La porte du paradis de Cimino,il y a effectivement plusieurs plans qu’il faut analyser et décortiquer.Vu la longueur et la puissance du film on ne peut pas à mon avis à la première vision,observer des séquences clés du film puis des détails comme le nom de l’épicier(Bridges)inscrit sur l’enseigne en grosse lettre.J’ai relever ce plan d’une ingéniosité rare qauand le personnage joué par Kristofersson s’adresse à Walken qui lui répond,et là on voit son visage refletait dans le miroir accroché au mur.Il y a là un champ contre-champ complétement fou entre le personnage central au premier plan puis l’autre personnage caché dont on ne voit que ses traits.Dans l’interwiew accordé à Allociné Cimino avoue avoir participé au montage final et que meme la version restaurée,il existe encore des scènes supplémentaires:notemment la bataille finale ainsi que les funerailles de Rose qui n’apparaissent pas dans la version remontée.Esperons que dans la prochaine sortie dvd on retrouvera toutes ces scènes coupées et des bonus.Concernant le prix exorbitifs de certains coffret dvd,il faut savoir faire un choix dans la vie.Soit on s’achète des fringues toute l’année,on dispose d’une voiture,on s’offre des restaurants ou des vacances à l’étranger ou on fait le choix de se constituer une bonne dvthèque ou bibliothèque.Pour ma part il y a fort longtemps que ma passion des films et du cinéma passe avant tout.
Précipitez-vous sur EDOUARD ET CAROLINE, comédie éblouissante de Jacques Becker sur l’histoire d’un pianiste virtuose de condition modeste convié à donner un concert privé chez les grands bourgeois. Unité de temps, d’action et quasiment de lieu où autour d’une dispute conjugale on rencontre une galerie de personnages grotesques, séduisants, pitoyables… tous très bien dessinés, et si on doit comparer ce film à la comédie américaine ce sera davantage à celle de Hawks que de Capra ou de Lubitsch. D’ailleurs Becker et Hawks étaient de parfaits sosies. Le petit livret qui accompagne le DVD rattache aussi le film à UNE FEMME EST UNE FEMME, à la différence que Becker parvient a être spirituel face à des situations grotesques et que Godard s’est toujours vautré chaque fois qu’il a essayé d’être amusant. Dans ces années-là Daniel Gelin était un comédien absolument génial, bien meilleur que Gérard Philippe, et c’est en revoyant ce genre de film qu’on se demande pourquoi le cinéma français l’a abandonné si brutalement.
A Manux
Entièrement d’accord. Qui l’a sorti ?
Ah oui, y’a un remake du film de Becker avec Vin Diesel et Samuel L Jackson:
http://www.amazon.fr/Edouard-Caroline-Vin-Diesel/dp/B000M5AL48/
je crois que c’est Vin qui joue Caroline
sacré Amazon quand même
Edition Studio Canal accompagnée d’un livret joliment illustré.
Non, c’est Tamasa qui a le bail, et qui édite le film… :
http://www.tamasadiffusion.com/boutique/boutika-tamasadvd/produit.php?PHPSESSID=cee41b1e197af5381268618db7bd9db5&prod=66
Le film s’ouvre sur une présentation de Studio Canal mais merci de cette précision. Elle m’a envoyé sur le site de l’éditeur en question qui va bientôt sortir MAFIOSO, un chef d’oeuvre de Lattuada dont on parlera à l’occasion…
A Manux
J’ai longuement parlé de Mafioso pour une sortie americaine qui a eu un effet positif
« Changeons de continent et passons à l’Italie avec deux films qu’on peut qualifier d’extrêmement rares. Le premier MAFIOSO fait pourtant partie du catalogue de Studio Canal qui pour d’obscures raisons semble vouloir s’obstiner à ne pas le sortir, peut-être pour privilégier leur série MAFIOSA. Plus certainement parce qu’ils doivent penser que le cinéma italien n’est plus du tout à la mode et que ce film, un sommet pourtant, est totalement inconnu. Pourtant le film est archi-défendu par Martin Scorsese. Aux USA, en Zone 1, Criterion a sorti une splendide édition.
On retrouve tout au long de MAFIOSO cette intelligence caustique, ce regard légèrement détaché, ce sens de la narration s’appuyant sur une très forte culture, qui fait le prix, l’originalité des meilleurs films de Lattuada. Qui leur permet de transcender les genres auxquels ils semblent appartenir : le mélodrame paysan (LA LUPA), le film à costumes (LE MOULIN DU PÔ), la comédie (LE MANTEAU, DEVINE QUI VIENT DÎNER).
Le ton de MAFIOSO est tranquille, imperturbable aussi éloigné des dénonciations à la Francesco Rosi que de ces comédies de mœurs qui inspirèrent des chefs d’œuvres à Germi. Le terrain semble balisé et pourtant, peu à peu, le sol semble se dérober sous les pieds d’Alberto Sordi (un Sordi épuré, étonnant, sans pittoresque) et il se trouve happé dans une sorte d’engrenage impitoyable, une mécanique qu’on ne peut arrêter et qui le transforme en un tueur à gages anonyme. Comme le remarque Jacques Lourcelles : « le scénario volontairement peu foisonnant, peu « italien » en ce sens auquel ont collaboré quatre noms prestigieux (Age, Scarpelli, Marco Ferreri, Rafael Azcona), est d’une audace extrême et presque incroyable. Jusqu’au bout, on attend quelque pirouette, quelque retournement qui atténuerait la cruauté du propos… Le style glacial et distancié de Lattuada (un réalisateur qui ne s’approche du sujet que lorsque celui-ci est intensément érotique) sert admirablement l’audace insolite du récit. » Il nous, vous, reste à faire campagne auprès de Studio Canal.
Mais Bertrand … Puisqu’on vous dit que Tamasa sort MAFIOSO début avril… ! Le même jour, le même éditeur nous proposera enfin EUROPA 51 de Rosselini.
à Sullivan: Bertrand citait ci-dessus sa chronique du 11 juin 2012, pour dire que celle-ci a eu un effet positif sur Tamasa, justement (sinon sur StudioCanal).
Oui, tout-à-fait Martin-Brady. It was a misunderstanding, and definitely my mistake…
A Manux
Je viens de visionner ce DVD et me suis régalé. La copie est impeccable et le son généralement clair, laissant les dialogues carillonner comme il se doit (sauf avec la concierge). Je n’avais donc jamais vu EDOUARD ET CAROLINE dans de telle conditions, y compris en salle. Anne Vernon est absolumment délicieuse et nature, comme si elle était vraie, à côté de nous, dans la même pièce. Elina Labourdette est sublime, presque fantasmagorique dans sa manière de faire briller ses yeux. Pour moi, même si les séquences mondaines sont, comme vous le dîtes, éblouissantes, le film trouve réellement son originalité dans l’ambiance domestique dans laquelle baigne le couple vedette, qui fonctionne comme un document sociologique merveillleux : montrer un homme, chez lui, en slip (Daniel Gélin), ça ne devait pas être courant en 1951 (oui je sais, j’évoque déjà le slip de Malcolm Mac Dowell dans un autre post mais c’est le hasard!).
à Bertrand Tavernier: je viens de revoir THE DARK CORNER/L’IMPASSE TRAGIQUE de Hathaway (édition z2 UK Studio Classics, stf, copie pas mal, très petit prix sur Amazon), et au générique j’entends la même musique que pour celui de CRY OF THE CITY/LA PROIE de Siodmak, deux films 20th Century Fox de 46 et 48, or le générique de DARK annonce musique de Cyril Mockridge, celui de CRY mus de Alfred Newman! Je savais que les musiques pouvaient passer d’un film à l’autre mais les noms au générique sont différents, curieux!
On voit et on entend un peu le pianiste Eddie Heywood et « Mood Indigo, je crois dans la version de Duke Ellington (je sais pas si y’en a eu d’autres).
En tout cas, la photo de Joe MacDonald est sublime et Mark Stevens est excellent, et William Bendix aussi!
A Martin Brady
Alfred Newman était le grand chef de la musique à la Fox et il pouvait déléguer des films à d’autres composieurs tout en leur donnant des morceaux à lui, libre à eux de les intégrer dans un ensemble. Et le contraire pouvait être vrai. Voici la liste des musique additionnelles de DARK CORNER : « Give Me the Simple Life » (uncredited) Music by Rube Bloom Played when Brad and Kathleen are looking at the nickelodeons. « Street Scene » (uncredited) Music by Alfred Newman Opening theme music / general theme music « I Don’t Care Who Knows It » (uncredited) Music by Jimmy McHugh Played on player piano in penny arcade. « The More I See You » (uncredited) Music by Harry Warren Played during the scene at Tony’s apartment with Mari, then Brad. « There Will Never Be Another You (uncredited) Music by Harry Warren Played when Kathleen is at Brad’s apartment
« Mood Indigo » (uncredited) Music by Barney Bigard and Duke Ellington Played when Stauffer is breaking into Brad’s apartment
« Lullaby, »
Opus 49, No. 4 (uncredited)
Music by Johannes Brahms
Played on violin while Brad is walking to his apartment house.
à B Tavernier, merci pour les infos, je me doutais de quelquechose comme ça pour expliquer que le même thème soit repris d’un film à l’autres, sans savoir que A Newman était le big boss du département Musique à la 20th. J’ai retrouvé les infos de détail que vous donnez sur la musique de DARK sur IMDB, je trouve qu’elles sont un peu cachées, désormais je sais où trouver ce genre d’infos sur un film: Paragraphe « Did you know? », « Soundtrack » puis « See more ». Merci!
Pour ceux qui ne le sauraient pas… Newman est le compositeur de la fanfare de la 20TH CENTURY FOX
à Sullivan: vous connaissez le dico des musiciens de film de JF Houben chez 7èmeArt?
http://www.amazon.fr/000-compositeurs-cinéma-Jean-François-Houben/dp/2204069892/
moi, non, un avis?
A Martin Brady
Moi pas connaitre
À Martin-Brady:
Je possède ce dico très succinct, très perfectible … Qui a néanmoins le mérite d’exister… Le souci, majeur étant la mise à jour pour les compositeurs encore en activité.
ok, merci, c’est surtout informatif, à ce que je vois.
To Martin-Brady, I hadn’t heard of AMOK before your mention of it. But I do know and recommend AELITA: QUEEN OF MARS, a most entertaining Soviet Constructivist science-fiction movie from 1924, co-written by Ozep. Some of the postures that the actors adopt are as angular , and bizarre, as the sets. Not to be missed. It’s available on DVD in France. I’ve read very good things about the Region 1 DVDS of THE CIGARETTE GIRL FROM MOSCOW (alternately, OF MOSSELPROM) co-w by Ozep, and the serial MISS MEND (written and directed by Ozep with Boris Barnet). Haven’t seen either, but Glenn Erickson has and his reviews may be found at dvdsavant.com
à Mr Rawls: AELITA de Jacob Protozanov? Sadoul annonce: scénario de Alexis Tolstoï et A. Faiko (dict des films): « une jeune soviétique débarque sur Mars, que gouverne la reine Aelita, et y fait la révolution » Damn!
À MB : Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mon commentaire s’est affiché bien plus bas… Bon. Oui, Aelita, très chouette, j’y disais, et copie bach film plutôt miraculeusement bonne…
J’ai personnellement vu AELITA, beau film de SF muet de propagande coco dans la collection russe des Editions Montparnasse qui viennent de sortir le magnifique LA COMMISSAIRE, unique film d’Alexandre Askoldov, tourné en 67, qui avait été interdit par le pouvoir car considéré comme pro-sioniste, et reçu lors de sa redécouverte en 88, l’ours d’argent à Berlin…
Cette même année, ACHIK KERIB était présenté à la Mostra. Ce dernier figurera au programme, toujours aux Editions Montparnasse, d’un coffret Paradjanov, avec les 3 autres principaux longs du cinéaste (LES CHEVAUX DE FEU, SAYAT NOVA et LA LÉGENDE DE LA FORTERESSE DE SOURAM). Une flopée de bonus accompagnera les films.
COFFRET PARADJANOV :
http://www.editionsmontparnasse.fr/Collections/4588/Classiques-russes/
LA COMMISSAIRE :
http://www.editionsmontparnasse.fr/Collections/2143/Montparnasse-Classiques/
À Sullivan et MB : Oui, mais chez Bach film, je pense au porte-monnaie de MB, la copie est plutôt bonne. (Pour 2 ou 3 euros chez le soldeur du coin de la rue.)
À Sullivan : Pour Paradjanov, le coffret KINO est plutôt bien aussi. (zone 1 certaines copies sous-titrées en français, mais toutes au moins en anglais.)
Superbes nouvelles, Sullivan,que ce soit pour La commissaire que j’avais découvert lors de sa sortie en salle (beau film de synthèse entre hommage aux grands créateurs des 20′-30′ et préfiguration des audaces formelles des 70’…Soy Cuba et Qd passent les cigognes étaient de la même eau…je me souviens d’une grande aisance ds le chgt de registre, d’une vraie beauté plastique) ou pour les Paradjanov dont j’attendais depuis fort longtemps l’édition ( que des beaux films; si Sayat nova et Les cheveaux de feu sont reconnus comme de fulgurants poèmes, Souram fut ignoré injustement alors que tout son talent visionnaire y est intact donnant une oeuvre atemporelle, comme suspendue entre l’époque légendaire abordée abordée et la modernité; Pradjanov est l’autre grand primitif aux côtés de Pasolini).
To Martin-Brady, My English language Sadoul lists Faiko and Otsep (slight spelling difference) as screenwriters of Protozanov’s film, which is adapted from a play by Aleksei Tolstoy. IMDB has same credits. I seem to recall Dave Kehr also commenting approvingly of CIGARETTE GIRL… and MISS MEND but have gotten nowhere with yahoo searches for his reviews of same.
à M Rawls: I’m not surprised you have an english language Sadoul more precise than my french speaking one! That’s the reason why you ARE Michael Rawls man of gold and no one else! thanks a lot, best…
à JC Freycon: cette information est précieusement stockée, une édition Bach visible, ça mérite d’être signalé, merci.
A Frédéric,
Je lis votre dernier post et les bras m’en tombent. Relisez le dernier entretien avec les gens de Wild Side, parcourez leur catalogue : si vous pensez que ces gens là sont avant tout des marchands, c’est véritablement que nous n’avons pas la même définition de la cinéphilie et de la passion qu’elle induit avant toute considération. C’est marchand de sortir une collection Vintage, d’oser des copies magnifiques de Sarafian, De Toth, Mann, Vidor, Berry Losey (the prowler, qui soit dit en passant n’a pas du très bien marché puisque l’on trouvait récemment chez les soldeurs à 10€) ??
Par ailleurs, qu’est ce que c’est que cette histoire de produits réservés aux riches, alors qu’on n’a jamais trouvé autant d’objets culturels (horrible expression mais enfin) à des prix modiques, que la gratuité est appliquée dans tous les musées et autres lieux patrimoniaux pour les moins de 26 ans etc, que le livre de Poche (immense invention) a connu un succès phénoménal qui permet à tous un accès au savoir livresque longtemps réservé à une « élite ». De même, d’où tenez-vous que les vieux films ne sont plus édités ??? Je vais faire mon ancien combattant mais je suis cinéphile depuis 30 ans.Avez-vous conscience que 90% des films dont on parle dans ce blog étaient inaccessibles à l’époque, qu’il aurait été inconcevable d’espérer l’existence d’une chaîne comme TCM (3 € / mois chez mon fournisseur d’accès), que les VHS coûtaient une fortune pour une qualité souvent déplorable, et que l’offre proposée était infiniment plus pauvre qu’aujourd’hui. Le jeune parisien que j’étais a béni la cinémathèque,son extraordinaire programmation et reste stupéfait par la richesse des sorties proposées maintenant, de la série Z la plus culte au classique introuvable pendant longtemps. Si la transmission est en panne, il faut en chercher la cause ailleurs que dans une explication économique particulièrement réductrice et hors de propos me semble-t-il.
Cordialement
PP
30 ans de cinéphilie… Ssss sssss… Mazette…. L’homme de 45 ans que je suis est… impressionné. Ah si, permettez. S’il vous plaît. Vous voyez De Niro quand il prend son air placide, interloqué, grimaçant la bouche tordue vers le menton, les yeux coi, plissés?
– You’re talking to me?
Ben le même.
LE même.
Entre autres, ce sont mes diplômes de Beaux-Arts, Théâtre et Cinéma, qui en prennent un coup, là… moi je vous l’dis.
Remarquez, ça devait bien arriver un jour, n’est-ce-pas? On finit toujours par trouver son maître. Toujours. Et puis alors…, quelle limpidité dans l’analyse, quelle hauteur de vue – depuis la bute Montmartre peut-être? – quelle maturité dans le propos – l’expérience des tranchées sans doute – … Non, là, vraiment, là – lalalâââââ -…
j’m’incline.
Si si. Et cordialement hein : je m’incline cordialement. Voilà : je m’incline cordialement. Non! Mieux, pardon: respectueusement. Je m ‘incline respectueusement. C’est mieux. Pas vrai? Oui, indéniablement. Je m’incline respectueusement. Voilà.
Vous êtes magnifique. Magnifique. Vous êtes Fascinant même. Fascinant. C’est fascinant. Je suis fasciné.
P.S. : ils cherchent des scénaristes chez Walt Disney. Postulez! Postulez!
@ frédéric
tu serais pas un peu troll sur les bords toi ? franchement ton commentaire sert à rien et est vraiment détestable…
A PP
Pour broder sur le versant ancien combattant de cette discussion, ma cinéphilie est anté-diluvienne. Je suis incapable de dire avec exactitude quand cela a commencé, mais c’était très tôt dans ma vie, quelque part dans ma petite enfance pour des raisons qu’il serait fastidieux de développer ici. Toujours est-il que j’avais 15 ans en 1981 lorsque pour mon anniversaire, mes parents m’ont offert DELIVRANCE,de Boorman,dont je raffolais. Eh bien,je confirme que cette VHS commerciale, propre (je me l’était dit) mais recadrée, en VF uniquement et sujette à l’usure, avait coûté à mes parents 500 Francs, je répète 500 Francs. Un cadeau de 500 Francs, même pour des gens aisés, ce n’était pas rien et pour moi, cela valait le plus beau des skates-board ou des VTT. C’était un temps où un film célèbre mettait des plombes à passer à la TV. Pour une reprise des DENTS DE LA MER ou de LA TOUR INFERNALE (films qui intéressaient le p’tit gars que j’étais) en salle, il fallait attendre des années.
Nous sommes entre passionnés et les échanges, en toute logique vu l’origine de ce blog, tournent autour du cinéma. Ecoeurons-nous jusqu’à plus soif d’un Capitalisme Unchained, d’une misère sociale, morale et intellectuelle entretenue, d’une dilapidation de la mémoire, d’une marchandisation cynique de la culture, d’une FNAC, autrefois agitatrice culturelle, aujourd’hui tête de gondole géante et dépassée. Il n’empêche qu’aujourd’hui, et pour nous en tenir qu’au cinéma dont l’édition de pans entiers reste quand bien même assignée à résidence, pouvoir disposer d’une quantité impressionnante de films dans des conditions le plus souvent au moins confortable, se sentir venger des turpitudes cathodiques plus ou moins récentes (copies aléatoires, formats massacrés, antennes défectueuses, météo peu scrupuleuse ou pub casseuses d’ambiance)et se sentir libre de visionner ce que l’on veut dans la langue adéquate : il n’est pas interdit d’en éprouver une sorte d’émerveillement. Pour ma part, jeter un oeil furtif sur mon coffret Tarkovski ou mes westerns Sidonis suffit à me regonfler un peu lorsque j’ai l’humeur en berne et le moral dans les chaussettes.
Sur ce plan, tout n’était pas mieux avant.
Bien à vous.
Entre « vieux combattants », je vais totalement dans le sens de votre message…en dehors du fait que je ne provenais pas d’un milieu aisé et que j’ai attendu patiemment un job d’été assez lucratif pour acquérir un premier magnétoscope,que je devais faire au minimum 30 kms pour voir les films en salle, que l’offre TV était alors très pauvre d’où ma reconnaissance éternelle envers P Brion, Cl J Philippe et E Mitchell.
Oui, la culture cinéphilique est objectivment plus facile d’accès et manque peut-être maintenant, plus que les moyens,le temps nécessaire à la découverte patiente d’une oeuvre.
Frédéric, en fustigeant WS, je pense humblement que vous vous trompez de cible.
Mon problème c’est plutôt la dématérialisation des supports et le pble de la pérennité des copies (d’un disque dur l’autre me serine t’on…mais mon ordi je ne le mets pas dans le salon et le relègue au fond du bureau!Le tout en un est un cauchemar à mon avis).Problème accentué par la volonté de déréguler un marché de manière sauvage et donc empêcher ceux qui font vivre le cinéma (créateurs, techniciens,distributeurs, exploitants…) et sa mémoire (éditeurs, chercheurs…) d’accomplir un travail justement rémunéré.
Je suis tout à fait d’accord avec vous concernant le manque de temps pour une découverte patiente d’une oeuvre. Il existe aujourd’hui sans doute un effet de trop-plein, un effet « zapping » qui tend à solliciter en permanence le spectateur pour le transformer avant tout en consommateur.
Nous avons le même Panthéon. J’avoue une grande tendresse pour la dernière séance, qui m’a fait découvrir tellement de choses (encore maintenant, je n’ai toujours pas réussi à revoir un certain nombre de films vus à l’époque. Wikipédia propose un détail de la programmation de l’émission qui en dit long sur sa richesse) !
tout à fait d’accord : encore une fois la technologie au service de la qualité et cette derniere au service du cinema : mes vhs ne me manquent pas parce que j’ai tout retrouve (ou presque mais le collectionneur est patient) et en qualite largement superieure (et meme incomparable) : et dire que je ne suis pas encore passé au BR : j’envie mon fils pour tout ce qu’il aura en plus.
NB : deux films à voir : Vincere (sur la femme rejettée de mussolini) et le dernier Ozon (Dans la maison : quel acteur ce Luchini !!)
Bonjour, tout à fait d’accord, et je vois que nous avons les mêmes souvenirs de ces VHS qui paraissent aujourd’hui bien oubliées mais qui à l’époque passaient pour un trésor plus que précieux ! Cordialement.
à PP: » Le jeune parisien que j’étais a béni la cinémathèque,son extraordinaire programmation et reste stupéfait par la richesse des sorties proposées maintenant, de la série Z la plus culte au classique introuvable pendant longtemps. « : certes, je me reconnais là, je voudrais préciser que si je n’aime pas les dvd trop chers et dont les bonus font monter les prix, je reste admiratif du boulot de rénovation de boîtes comme WS ou Carlotta et d’autres moins connues. Libre à moi de pas en acheter mais je vais en dégoûter personne.
Le coup de la NUIT DU CHASSEUR m’a fait bondir mais après tout, y’a des collectionneurs qui en veulent, c’est comme les philatélistes: ils ont bien raison de collectionner les timbres puisqu’ils aiment ça…
Je suis aussi épaté que vous de la disponibilité des films et de leurs prix raisonnables quand on cherche bien, dans le temps, on profitait d’une projo unique de 7 HOMMES A ABATTRE en copie pourrie à Chaillot et on râlait un peu mais on était content, non, franchement, je suis content d’être en 2013, je me goinfre de films.
à Frédéric: cool, man, relax!
Ah Chaillot ! Cela fait longtemps que je n’y avais pas pensé. C’est amusant que vous citiez 7 hommes à abattre, exemple emblématique de ce que j’évoquais, film mythique dont je rêvais, que j’avais toujours loupé lors de ses rares passages et que le DVD m’a enfin permis de découvrir il y a quelques années. La copie est précieusement conservée chez moi ! Bien à vous
On avait vu 7 HOMMES dans une copie rouge, carrément rouge!
Bonjour: je n’arrive pas à déposer un commentaire: problème temporaire?
A Martin Brady. Pareil pour moi. J’avais écrit quelque chose au sujet de la mort de Damiani. Il faut les réécrire et les re poster jusqu’à ce que ça marche.
à Manux: ok, je remballe mes bordées de jurons, alors? Je commençais à croire que c’était un complot du gang des critiques de Libé, ils me poursuivent, je sais, ils sont là! personne ne me croit et pourtant…
A Martin-Brady et Manux :
J’ai eu le même souci que vous à deux reprises il y a quelques mois, quand je cherchais à poster sur les films d’Ettore Scola édités chez Gaumont. J’avais trépigné un peu et Bertrand avait demandé ce qu’il en était au Webmaster de ce blog et celui-ci m’avait (de manière fort courtoise) expliqué que le formulaire que nous utilisons tous pour poster sur ce blog, a une programmation de reconnaissance de caractères (un peu comme les ordis du FBI ou de la CIA), et si jamais nous avons le malheur de choisir un mot ou une syllabe, qui fait sonner l’alarme, rien n’y fait, on peut poster notre intervention autant de fois que l’on voudra, ça ne passera pas ! Bon courage pour essayer de trouver le mot coupable !
A Sullivan
Merci pour ces explications!
Ben moi c’est encore autre chose : j’avais posté un billet sur THE LAST RUN le 09 Mars et il est encore en attente de modération. J’ai du utiliser un mot à demi-coupable.
le mot demi-coupable c’est « Michael Winner » je crois ou alors « Dany Boon » aussi, vous n’avez pas tapé « Dany Boon » dans votre message sur THE LAST RUN, des fois? ouais, peu probable… ou « Josée Dayan », non? ou…
à Alexandre Angel: complètement idiote, cette plaisanterie, Michael Winner passe encore mais comment auriez-vous pu, vous, taper les autres noms maudits… mes excuses les plus plates, donc.
Ah El Chuncho !!
A Martin-Brady
Je ne sais si c’est Dany Boon, Vin Diesel ou Luis Mariano.
En tous cas, comme dirait Tintin, c’est de la sorcellerie!!
au rayon des sorties il faut noter la sortie de RED RIVER en version restaurée HD chez wild side. mais peut être que notre en hôte en reparlera dans un futur billet
A Nemo
Certainement mais je dois d’abord terminer mon film
Oui, priorité à Quai d’Orsay!!!Peaufinez-le sans précipitation de façon à trouver le bon rythme, le bon tempo: montage et mixage sont tellement importants que nous ne voudrions pas vous embêter avec nos discussions!
J’ai été très surpris en vous entendant parler d’un tournage en Allemagne: est-ce le film entier ou des scènes particulières ?
Pensez-vous le terminer pour Cannes ou est-ce un délai trop court?
Vous n’avez vraiment pas le sens des priorités M. Tavernier…
Farpaitement ! Dans mes bras !!!!
A richpryor : mdr
A ballantrae : « Red river,… Red river… Ce ne serait pas La rivière rouge par hasard? »…
A M. Tavernier : impossible de rater votre film après ça…
Pardon, je n’ai pas pu m’empêcher ce petit trait mordant. Malicieux mais pas méchant, je l’assure. Vraiment
Bien cordialement à toutes et tous,
Frédéric
bravo vous m’avez bien remis en place. après ça je serai obliger d’aller le voir au moins 3 fois.
L’édition Wild Side de RED RIVER est essentielle à plus d’un titre. Tout d’abord la copie HD proposée est très belle et on sait que l’éditeur a tiré la substantifique moëlle de ce qu’il était possible de faire dans tous les domaines.
Ensuite, et c’est un vrai bonheur, en plus de la version longue que nous connaissons (celle déjà disponible depuis quelques années en DVD zone 1 MGM, sortie sur les écrans en 1948, comportant tous ces passages avec les cartons nous comptant le périple de nos héros, les chœurs surchargés de Tiomkin, etc.), l’éditeur nous propose le Director’s Cut de Hawks. Cette version raccourcit le film d’environ 7 minutes. Fini les cartons et place à la très chouette voix-off de Walter Brennan. Hawks en a profité pour alléger certaines scènes ici, supprimer de gros plans de visages là, dégraissant la musique de Tiomkin de ses chœurs masculins un peu trop grandiloquents (sauf lors du départ du convoi)…
Le résultat est une merveille d’équilibre, et la comparaison avec la version longue est sans appel, la narration est plus resserrée, plus efficace.
Le Blu Ray collector Wild Side propose les deux versions du film en Blu Ray, ainsi que la seule version courte sur une galette DVD. En bonus, un livre de 120 pages écrit par Philippe Garnier, et une intervention d’un quart-d’heure de Giordano Guillem, responsable du remontage du film dans sa version courte à partir des éléments HD de la version longue exploitée en salle.
ET CONTRAIREMENT à ce qu’on peut lire ici ou là sur certains sites ayant chroniqué cette édition, la version cinéma est bien la longue (133′) et le director’s cut, la courte (126′) !!
Voici quelques mots de Giordano Guillem sur le travail opéré pour l’édition Wild Side :
« Nous avons le plaisir de présenter Red River dans une double édition : la version longue initiale dont la narration est illustrée par un livre (133’) et la version courte définitive, validée par Hawks, dont le récit est éclairé par une voix-off (127’). Outre la différence de narration, la version courte présente un montage plus resserré avec la suppression de plusieurs scènes et une partition musicale plus sobre.
Malheureusement, faute d’élément-film 35 mm exploitable, cette version n’a pas fait l’objet de transfert vidéo récent et aujourd’hui, les seuls masters SD (définition standard) existants sont de qualité indigne. Actuellement, le seul master vidéo disponible en HD (haute définition) correspond à la version longue.
Dans l’impossibilité d’exploiter en l’état la version courte, nous avons pris le parti de la remonter à partir de la version longue HD. Nous avons créé, dans un premier temps, un élément intermédiaire HD composé des plans communs aux deux versions. Toutes les séquences spécifiques de la version longue (plans avec livre, scènes additionnelles et génériques) ont ainsi été supprimées. Parallèlement, à partir du master SD, nous avons isolé toutes les séquences propres à la version courte (plans en voix-off, scènes additionnelles et génériques).
De qualité extrêmement médiocre, elles ont été restaurées, étalonnées et upgradées avant d’être réinsérées sur l’élément intermédiaire HD. Notre attention a surtout porté sur les plans en voix-off, particulièrement abîmés. Ces plans truqués, montés en une succession de fondus enchaînés, souffraient d’images manquantes. Elles ont été remplacées par les images HD correspondantes, permettant à l’ensemble de retrouver sa fluidité originale.
Le travail de conformation de la version courte a été réalisé à l’image près pour obtenir in fine, en qualité HD, la réplique exacte du master SD. Au même titre que l’image, nous pouvions espérer exploiter le son de la version longue, de meilleure facture, pour remonter celui, très pauvre, de la version courte.
Mais de trop nombreuses disparités dans le contenu – absence de voix-off, présence de chansons, ajout de musique, longueur de certains plans modifiée ou changement de certains dialogues – ont contrarié cette idée de conformation.
Nous avons donc conservé la piste sonore originale de la version courte et opté pour une restauration manuelle afin de garder l’aspect naturel du timbre sonore.
Les artefacts optiques (défauts son dus à une anomalie physique sur la pellicule) ont été retirés et les micro-trous de son corrigés. Un soin particulier a été apporté sur les début et fin de bobines, particulièrement dégradés, pour fluidifier la continuité sonore du film.
Un contrôle minutieux du synchronisme est venu parachever ce travail de restauration.
À notre connaissance, jamais la version définitive de Hawks n’a été présentée dans une configuration restaurée et en qualité HD.
Nous sommes heureux d’y être parvenus et de l’avoir fait pour vous (mais aussi pour nous). »
Je l’ai commandé et vais revoir auparavant The big sky, celui-lui aussi est magnifique…et ne parlons même pas de Rio Bravo n’en déplaise à ceux qui en ont « épuisé » les beautés!!!
En plus du plaisir de retrouver tous les personnages de RED RIVER, qui sont pour certains de vieilles connaissances, pour d’autres des amis, une émotion supplémentaire vient se rajouter à cette bonne boule de campagne d’autrefois… : celle de voir le film sous un jour nouveau. Dans certains cas, la HD nous fait totalement redécouvrir un film. Là, c’est le cas. Je pense à un autre exemple (parmi plein d’autres) : L’ARMÉE DES OMBRES. Le film était sorti en HDDVD en 2007… ça avait été une claque monumentale, le chef-d’oeuvre de Melville avait encore des merveilles à nous livrer, n’en déplaise à Pierre Lhomme qui à une époque jugeait que la haute définition n’apporterait rien aux films de patrimoine, aux films qui n’ont pas été tournés en numérique… Bonne nouvelle, je viens de voir que le film sort en Blu Ray le 14 mai prochain. Un conseil pour ceux qui sont équipés : ne manquez pas ça !
Une date chez Brion: THE STORY OF TEMPLE DRAKE le 25 avril (vu sur Dvdclassik grâce à Tommy Udo!), film que 50 ANS détaille dans la rubrique Jean Negulesco, comme ayant précipité l’application du code Hays qui existait déjà, mais ignoré. Merci M’sieu Brion!
To Martin-Brady, STORY OF TEMPLE DRAKE is referenced in 50 ANS… under William Faulkner and the producer/director/actor Irving Pichel (Pichel acting in …TEMPLE). Aside from eviscerating various films, the code would not permit films made from heavily censorable titles to keep their original monickers. So, SANCTUARY became STORY OF TEMPLE DRAKE and Maugham’s RAIN became MISS SADIE THOMPSON. TEMPLE…was later remade by Tony Richardson under the original SANCTUARY title with Yves Montand, Lee Remick, Bradford Dillman, Odetta, Strother Martin and , like LAUGHTER IN THE DARK, is another one of those Richardson films which has dropped off the face of the Earth. STORY OF TEMPLE DRAKE and CONVENTION CITY , both 1933, were the films which precipitated the Code finally being enforced in 1934 by Morals Czar Breen. It is speculated, in the extremely well illustrated and quite useful volume SIN IN SOFT FOCUS, that Warner Bros may have destroyed the negative and all prints of CONVENTION CITY.
To Martin-Brady, Deepest apologies for my disputing that TEMPLE DRAKE was referenced under Negulesco in 50 ANS… I plead guilty to haste, slovenliness, and forgetting that titles were indexed under directors’ filmographies and not within the text entry itself. « J’y pense et puis j’oubli » as the great Jacques Lanzmann wrote. And « how utterly humiliating! » as my fellow American Daffy Duck once,at least, said.
Vous en faites pas, Mr Rawls! About SADIE THOMPSON, we’ll call it rather than a pre-code, a code-accelerator, right? Il est sorti ici sous le titre PLUIE (en dvd je veux dire), justice est faite. J’ai bien reçu le Simmons sur Peckinpah, déjà mordu dedans, « Sin in soft focus »? Un de plus? Bien, noté!
Vous qui savez tout (flatterie bien pardonnable), connaissez-vous AMOK de Fedor Ozep, 1934, ça passe à la tv chez nous (Brion) le 24 mars (d’après Stefan Zweig)?
My mistake, Michael: TEMPLE DRAKE serait un « code-accelerator » plus qu’un « pre-code » et pas SADIE THOMPSON… C’est bien TEMPLE qui a précipité l’application du code Hayes. A mon tour de m’excuser…
Je me fais le relais d’une très belle interview de Michael Cimino, présente sur le site allocine :
http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne-2698/interviews/?cmedia=19486088
Ceux qui peuvent / veulent aller voir le film dans sa nouvelle « reconstruction », comme le dit lui-même Cimino, ne ratez pas le coche. Vous verrez les beaux chevaux au galop, les spectaculaires scènes de danses et les magnifiques montagnes du Glacier National Park dans le Montana, avec un autre oeil…
Avec le recul, quel regret de ne pas avoir été présent à cette avant-première mondiale à Lyon en sa présence ! Si Bertrand veux bien nous livrer quelques souvenirs… ce serait avec beaucoup de plaisir !
Précision sur HEAVEN’S GATE : avant-première mondiale après les projections à la Mostra et au New York Film Festival… (et « veut », pas « veux »…)
Quelle claque monumentale en sortant de la séance de La porte du paradis de Michael Cimino projeté par le cinéma Utopia.Avec son troisième film Cimino atteint le sommet de son art et prouve qu’il est un cinéaste au dessus de Mallick,Coppola ou De Palma pour n’en citer que quelques uns.Heaven gate c’est 3 heures 40 de plaisir avec une photographie magnifique,des décors naturels somptueux mais surtout une mise en scène parfaite de début à la fin.Il y a une « touch Cimino »avec des musiques envoutantes et prenantes,les scènes de la 3ème partie du film sont mieux filmées que Peckinpah ou Hathaway.Il se dégage une violence sourde et tendue et un message d’espoir pour cette communauté d’émigrants des pays de l’est qui se retrouvent comme de vulgaires chevaux malades qu’on trucident à tour de bras.La liste des 125 noms m’a rappelé la fameuse liste noire de l’époque mac cartyste.Cimino s’inscrit dans une démarche à la fois anarchiste et marxiste en prenant une position progressiste face au gouverneur,à l’armée puis au président americain.Je comprends maintenant pourquoi Michael Cimino a été écarté ouvertement des studios Hollywodiens et des producteurs.Evidemment ces 3 derniers films n’ont pas marché commercialement parlant mais je pense honnetement que l’homme à tout dit entre Le canardeur,Voyage au bout de l’enfer et La porte du paradis!!!Vivement que le dvd sorte en version restaurée avec en bonus une interwiew de Cimino,du directeur de la photo ou du compositeur de la bande originale qui est un pur joyau..Par ces moments de malaise culturel Heaven gate fait du bien de voir que ce film a été réhabilité 33 ans après sa sortie chaotique.
A Rouxel
Il a été écarté non pas à cause de ce que disait le film (encore que les critiques avaient mis en pièce de manière sauvage (et injuste vu l’exigence du projet et la folie) le scénario et le dialogue, n’est ce pas Michael Rawls) mais parce qu’il avait doublé ou triplé son budget et coulé un studio. C’est aussi un film qui a sonné le glas pour réalisateurs américains d’avoir le final cut, ce que beaucoup avaient obtenu dans les années 70. Ce fut un coup terrible pour le droit d’auteur et la liberté des réalisateurs, en dehors de tout jugement artistique sur le film
A Rouxel
LA PORTE DU PARADIS n’est sans doute pas irréprochable mais je fais partie de ceux qui l’ont dans la peau, et ce, depuis la sortie de la version courte en Mai 1981 (tiens,tiens,Mai 81).Le buzz actuel autour de la ressortie (vous me mettez l’eau à la bouche) me fait aussi plaisir car j’ai longtemps ressenti une méconnaissance plus ou moins diffuse d’un film sacrément impressionnant.La sortie de la version intégrale date de 1989 et j’avoue n’avoir dès lors jurer que par elle. Là-dessus, je ne suis pas sans comprendre les réserves de Bertrand Tavernier (lues dans ce blog et assez sévères du reste)car, à force de ne jurer que par cette version, elle a fini par me lasser légèrement sans que je sache vraiment pourquoi. En réfléchissant, c’est peut-être le côté sentencieux de certaines séquences, plus élliptiques avant, donc plus légères. Et surtout, je me suis rendu compte que les couleurs de la version de 3h40 avaient un côté ingrat, sale, alors que celles de la version courte en 1981 étaient plus chaudes, plus boisées (Dieu que ce film sent le bois !).C’est pourquoi ce que je lis de la nouvelle version me rend un peu dingo car encore une fois, il y a tant à dire (à délirer sans doute) sur l’oeuvre : cette façon particulière qu’à Cimino de densifier son récit par des appartés géniaux (la séquence du trappeur, interpreté par Geoffrey Lewis, qui attrape la langue de Mickey Rourke !)ou cette manière d’alourdir l’atmosphère au fur et à mesure comme en suspension et en attente de l’orage. Je trouve qu’en 30 ans, on a peu écrit sur le traitement particulier de la violence par Cimino dans le film : aucun ralenti, assez peu de sang malgré le nombre de morts (on est loin de Peckinpah)mais une grande brutalité, un puissant climat d’insécurité. On a peu parlé de l’immense technicité du film dans les scènes d’action, de l’extrême compétence des cascadeurs et artificiers, des merveilleuses petites trouvailles comme ce plan subliminal de Mickey Rourke (encore lui pourtant il a un tout p’tit rôle) troué d’une balle laissant flitrer le jour à travers lui. Bref je m’arrête là car c’est le fan de la 1ère heure qui parle (suis-je bien lucide?).
Euh…vous pensez qu’il y aura le DVD?
A Alexandre Angel
Les séquences que vous citez sont parmi les meilleures, elles donnent au film son originalité, sa folie, son audace comme d’ailleurs d’autres moments avec Isabelle Huppert. Petite remarque : le corps troué d’une balle et qui laisse voir le paysage est une idée de Huston dans JUGE ET HORS LA LOI. Je trouve sentancieuse les scènes avec les immigrants qui me gènenet beaucoup (dans le texte très mesuré et élogieux de 50 ANs, on cite la critique de Pauline Kael qui dit non sans raisons qu’ils ont l’air de sortir d’une operette de Sigmund Romberg). Me gène surtout la manière dont ils se comportent dans la bataille, en tournant comme des imbéciles et en se faisant déquiller comme à la foire (allusion un peu énorme et qui témoigne d’un révisionisme historique, à la conduite des Indiens que ces immigrants qui n’ont pas vus de films ignorent). Hereusement qu’il y a un américain pour leur enseigne la tactique de la tortue. Une fois de plus, c’est l’Americain qui enseigne les étrangers. Je préfère de beaucoup les séquences avec Isabelle Huppert et tout ce qui sort de l’intrigue
Oui, je me tue à répéter autour de moi qu’il s’agit d’un des 4-5 films américains essentiels de ces 40 dernières années et suis ravi que Cimino voit de son vivant la réhabilitation de son chef d’oeuvre maudit.
Certes il ya eu des dépassements de budget mirifiques.Oui Cimino était mégalo.Malheureusement, un studio a coulé et cela a coûté cher au director’s cut.Je pérfère qu’un dépassement de budget débouche sur Heaven’s gate que sur disons Waterworld ou John Carter, deux inepties hallucinantes de laideur et de bêtise.
Cimino avait joué au poker ( comme Coppola avec Apocalypse now mais bingo/ comme Coppola avec Coup de coeur , flop) et a perdu mais quel film bon sang! Esthétiquement, narrativement,émotionnellement surpuissant.
J’ai revu récemment Reds de W Beatty et me dis que ce début des 80′ augurait du très bon aux USA avec l’enchaînement de chefs d’oeuvre adultes, complexes et sophistiqués: Voyage au bout de l’enfer,Apocalypse now,Les moissons du ciel,Raging bull, Heaven’s gate,Ragtime, Reds,All that jazz,il était une fois en Amérique etc…
Hélas, mille fois hélas ce fut plutôt le règne des enfants et ados rois avec le triomphe des prod Spielberg ( j’admire svt les films qu’il réalise mais trouve ineptes ses prod: Goonies and co avec peut-être une exception pour Dante mais je n’aime guère ses Gremlins du moins l’opus originel) et Lucas d’un côté, les actioners nationalistes de l’autre.
L’auteur est réapparu de manière plus humble dans le ciné indépendant: Jarmusch est un cas emblématique, les Coen en sont un autre.Exception pour Tim Burton qui réussit ( à cette époque) à s’imposer ds le système.
A propos d’HEAVEN’S GATE, si on évoque les scènes hors intrigue, j’aime évidemment beaucoup les scènes avec Isabelle Huppert, notamment celle où elle découvre la Studebaker à essieu avant mobile et le merveilleux cheval que lui offre Kristofferson, ainsi que toutes les scènes qui tourneront autour de cette voiture…
Je trouve la scène de la langue extraordinaire de saveur et j’ai un grand faible pour la scène de danses sur patins à roulette. Cimino a offert là une séquence inoubliable à son compositeur David Mansfield (le violoniste-patineur c’est lui).
Ah oui, toujours dans HEAVEN’S GATE, le magnifique combat de coqs avec Bridges en Maître de cérémonie !
Monte Hellman était déjà passé par là avec son très attachant COCKFIGHTER en 74, mais Cimino apporte une note différente…
A Bertrand Tavernier
J’avoue avoir toujours trouvé les séquences de bataille grandioses sans interroger leur vraisemblance.
D’accord sur pratiquement toutes les scènes avec Isabelle Huppert qui est sensuelle et très à l’aise. J’aime particulièrement le moment matinal où Kristofferson lui rend visite, mange une part de tarte, la suit dans son lit puis lui offre son cadeau d’anniversaire. On sent l’atmosphère du matin, l’air vif, etc..Ce sont des moments comme ça qui donne au film sa saveur particulière. Il y a des tas de moments spectaculairement véristes comme la scène du « General Store » avec tous ces mercenaires qui soupèsent leurs flingues. Et bien d’autres choses encore..
Je crois que lors d’un WE j’irai le revoir à Bordeaux tant ce film me nourrit par sa beauté, sa complexité, son émotion.
Je me rappelle la découverte de la version longue au cinéma en 1989 je crois et ne pas avoir pu m’empêcher de le revoir trois fois tant il s’agissait non pas d’un film mais d’un monde qui surgissait sous mes yeux ébahis.Même phénomène que pour Barry Lyndon vu en reprise qd j’avais 16 ans.
Qd il est diffusé à la TV ou que je consulte mon enregistrement (bien évidemment dématérialisé: je déteste ces modalités de captation), je me laisse happer malgré ma volonté de n’en voir que des bribes.Malgré sa durée, il fait partie des films que j’ai le plus vus et revus tant il me semble inépuisable.
Plus haut, je disais que le cinéma d’auteur américain avait les coudées franches dans ces années là, cela semble maintenant moins probant.Les héritiers de cette veine épique/historique sont plus en difficulté désormais: qu’on prenne l’exemple de P Th Anderson qui n’a pas tant de facilités pour There wil be blood ou The master, celui de J Gray pour son film épique avec B Pitt ou son dernier opus en costumes.Qd l’ampleur est visée, cela donne aussi Malick qui lui semble pouvoir faire ce qu’il veut actuellement à la manière d’un Kubrick: je n’ai pu voir encore A la merveille (trop peu de copies) mais crains la déception tant les bruits sont négatifs.
à Mr Tavernier
il me semblait avoir entendu, que les critiques à l’époque reprochaient les approximations historiques aussi. il y aurait eu très peu de morts parmi ces nouveaux emmigrés.
A Sullivan
Je n’étais pas là, bloqué à Berlin par mon tournage
Oui, j’ai compris que vous n’aviez pu y être en regardant toutes ces photos de la projection de clôture du Festival Lumière :
http://www.festival-lumiere.org/actualites/isabelle-huppert-presentera-porte-paradis-michael-cimino-cloture,897.html
A Paris, à La Filmothèque, j’en profite pour saluer l’excellent travail des frères Causse, a eu lieu le 23 février dernier, une séance de rattrapage avec la projection de cette fameuse « recontruction » d’HEAVEN’S GATE, à l’issue de laquelle, durant le générique de fin, Cimino a fait son apparition sous des applaudissements nourris, vous pouvez l’imaginer, et a répondu durant près d’une heure aux questions des spectateurs, et ce malgré une grippe carabinée. Grâce lui soit rendue, pour cette disponibilité, aussi.
je me demande si l’edition criterion sortie récemment correspond au final cut de plus de 3h.
A Nemo :
Oui, les éditions Blu Ray et DVD Criterion proposent le nouveau montage de 216 minutes, puisque c’est précisément Criterion qui est à l’origine de la restauration du film !
Quant à l’édition DVD MGM assez affligeante (étalonnage des couleurs orangé et sombre, non anamorphique, etc), il faut savoir que celle sortie en zone 1 en 2000, proposait le film dans sa durée « américaine » de 219 minutes avec un son 5.1, alors que l’édition zone 2 proposait la version courte européenne (et son mono je crois bien…)
Vous qui avez parlé récemment sur ce blog de La Main du Diable, excellente histoire de pacte avec le diable, avez-vous vu la variation récente de ce thème : Limitless, de Neil Burger ?
Comme La main…, le film commence par un moment situé vers les 3/4 du récit permettant de raconter l’histoire en flash-back avec la voix-off du héros, même si cela produit un effet de narration plus artificiel que dans La Main…
Une fois que l’histoire démarre, le premier tiers est plutôt bien mené, le film utilise des effets visuels numériques plutôt originaux et inventifs, très signifiants pour raconter l’ascension mentale et sociale du personnage, dont Bradley Cooper joue assez bien les différents états et les transformations. Le reste du film s’embourbe un peu, avance lentement, même si l’on découvre, comme dans La Main…, le prix corporel que payent les autres utilisateurs de la pilule miracle.
[spoiler alert !] Ce qui est le plus déroutant, par contre, c’est la différence entre la conclusion des deux histoires. La Main, étant une histoire de pacte avec le diable, le héros paie sa rédemption de sa vie. Dans Limitless, par contre, le diable est remplacé par la science pharmaceutique, et l’histoire se permet de conclure, à l’inverse de la morale religieuse, par le succès du personnage, qui a réussi à pérenniser les effets de la pilule sans plus avoir besoin d’en consommer. Cette fin est très dérangeanten, nihiliste, aux antipodes de la fin tragique de ce que j’imaginais être un « cautionnary tale ». Comme la petite amie du héros, on ressent une gêne à voir sa victoire électorale imminente et sa réussite générale insolente, un an après les évènements terribles et sanglants auxquels nous avons assité.
Bref, une déclinaison intéressante du pacte avec le Diable, qui présente quelques jolis moments de filmmaking, malgré un milieu assez mou. Shia Laboeuf était d’abord annoncé dans le rôle du héros, difficile de dire ce qu’il aurait donné dans le rôle avec ses 10 ans de moins, peut-être qu’il aurait été trop proche de son rôle dans Wall Street 2, heureusement Bradley Cooper qui habite bien le rôle, et joue de bons affrontements avec DeNiro, qu’il a retrouvé avec succès dans Silver Lining Playbook, Abbie Cornish sert aussi très bien son personnage, tout en retenue et en contrôle d’elle-même.
A ne surtout pas manquer, l’interview 2013 de la WILD SIDE TEAM sur DVDClassik :
http://www.dvdclassik.com/article/entretien-avec-l-equipe-wild-side-2013
Bonjour,
j’ai parcouru l’interview. Notamment au sujet de « La Nuit du Chasseur ». Ceci pour dire que si en effet les coffrets, qui plus est « Collector », sont généralement magnifiques, regorgeant d’infos, d’anecdotes, de détails, de bonus et que sais-je, et malgré le prétendu amour pour le cinéma de ces concepteurs – sans parler de leur respect du public bien sûr – c’est avant tout une opération Marketing et toujours pour les plus fortunés. Alors certes, Wide Side n’a visiblement pas cédé à la demande de la Warner de ré-éditer 2000 nouveaux coffrets au vu de l’épuisement des 5000 initiaux, mais cela ne reste pour autant qu’une com à fric. Rien d’autre. Je ne vois pas comment le dire plus explicitement, pardon.
Si l’on compte transmettre et partager le cinéma et sa culture par ce biais-là, autant brûler d’ores-et-déjà nos lecteurs de salons. Et inutile d’en parler aux enfants : ils seront plus heureux incultes.
P.S. : un petit tour sur eBay, section DVD/Blu-Ray : 5 annonces vendant le dit coffret désormais introuvable : de 109 à 190€, aux enchères… Il n’y a pas de petits profits…
A Frederic
Je ne vous suis pas totalement loin de là et ne suis même pas sur de vous comprendre. Avec la chute des ventes de DVD bien des choix de certains éditeurs comme WILD SIDE, CARLOTTA, DORIANE, POTEMKINE, MONTPARNASSE sont audacieux. Ils prennent des risques. Quand WILD SIDE sort WOMAN ON THE RUN ou MENACES DANS LA NUIT. Ce sont de vrais risques. D’autant par exemple qu’ils rémunèrent les intervenants dans les bonus ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Alors qu’ils fassent des coups comme vous dites, tant mieux. D’ailleurs s’ils ne l’avaient pas fait, on le leur aurait reproche. C’est comme à Cannes quand certains films sont présentés, vopus lirez les mêmes complaintes : « encore tel ou tel réalisateur. Et ce film est décevant « . Si le film n’avait pas été pris, on aurait lu : « on s’étonne de la non sélection de ce film »…
à Bertrand: vous n’avez pas tort (ce qui veut dire que vous n’avez pas tout à fait raison…), mais je ne crois pas que le film soit mis en valeur dans ce genre d’éditions: il disparaît sous les strates de bonus et de textes. Je préfère les Américains ou les Anglais avec leur éditions minimalistes. Je garde mon édition originale de NIGHT avec juste la b.a.. Vous croyez que NIGHT va rentrer réellement dans les foyers français à 190€? Non, c’est pour l’élite! pardon mais je suis un peu fâché, à tel point que ça fait deux fois que je tape ce message j’ai perdu le 1er. J’évite soigneusement les éditions de luxe sauf en médiathèque! Par contre, je félicite WS pour l’exigence dont ils font preuve au niveau master, ça sera toujours utile. Vous dites que WS prend des risques financiers mais le risque n’est pas un argument! En plus c’est contagieux, Sidonis s’y met! Qu’est-ce que vous diriez d’une édition économique toute simple, soviètique quoi, comme un petit moineau attendrissant au lieu de ces gros machins surchargés, une édition simple avec des masters OK (ah oui, là, je paie avec plaisir) et juste une intervention de 5 ou 10′ en bonus (et pas de n’importe qui car certaines sont sans intérêt! Tout le monde n’est pas vous: attention, pas de flatterie, là!): mon rêve! Je croyais que c’était le but de la collec Vintage et elle n’est pas poursuivie? WS devrait pallier à la disparition des vieux films à la tv, il ne nous reste que Arte la vraie chaîne du cinéma qui fait un travail magnifique sur le cinéma muet entre autres, FR3 veut se débarrasser du Cinéma de Minuit (rumeur pêchée dans l’entretien WS, justement…) En plus, leurs éditions « collector » au « packaging » qui jette, au « visuel » frappant, ont un succès énorme? C’est donc que les gens aiment ça, tant pis pour moi… euh… Vous savez combien de films j’achète avec 190€? Il y a trop de films à voir pour aller jusqu’à les acheter trop chers moi, j’ai trop soif de films craignant de ne pas vivre assez vieux pour arriver à les voir tous, alors ça sera sans moi, moins de prestige et plus de cinéma, voilà mon avis! Amicalement.
Monsieur Tavernier,
je suis attristé de vous avoir déplu et surtout que vous ne m’ayez pas compris. Je vais tâcher d’être plus clair, bien que je soupçonne évidemment que ce type de sujet avec un homme de cinéma – et tel que vous en outre – touche à l’intime…
Que les producteurs et autres éditeurs, fabriquent et publient des coffrets, tant mieux. Je serais même presque tenté de dire : il le faut. C’est quasi obligatoire aujourd’hui, au regard des moyens numériques, de leurs possibles et des lectures à domicile. Il ne s’agit donc pas de cela, Monsieur Tavernier. En aucun cas.
Je dénonce en revanche les prix prohibitifs, segmentants pour ne pas dire excluants, pratiqués. Personne ne les force à éditer des coffrets en tirages ultra-limités pour justifier sinon légitimer la somme demandée. Aussi que les tirages soient nationalisés – j’entends par là : à l’échelle du pays cible – pour se rattraper sur le nombre. Et pour certain même « mondialisés ». C’est le B-A-BA des coûts de production : plus le produit est pluriel, plus son prix de revient à l’unité est minime. Et si j’entends bien que le marché du DVD est comme celui du CD en baisse, un monument tel que celui de « La Nuit du Chasseur » était de toutes évidences attendu, espéré, désiré : épuisé sitôt sorti. C’est écrit Noir sur Blanc dans l’article. Qui oserait ici affirmer que ce sont toutes celles et tous ceux qui le voulaient qui l’ont désormais grâce à cette opération élitiste? La vérité est que des milliers de cinéphiles en restent privés. La vérité est que des milliers d’autres, qui adoreraient apprendre, connaître, voir ce type de chef d’oeuvre, continuent d’en ignorer tout.
Il ne faut pas alors se demander pourquoi les ventes de DVD chutent, pourquoi les foyers calculant sans cesse leurs fins de mois n’achètent plus ce qui devient des produits de luxe, pourquoi les jeunes nés avec le numérique mais sans moyens pour autant, non seulement téléchargent ou piratent, mais en prime, le plus souvent juste les inepties et autres médiocrités du moment.
Pour ma part, aimant beaucoup votre Blog, aimant tellement votre cinéma, vos idées et les débats ici-même, je n’ai pu que constater que j’avais le tort de ne plus avoir « Le Massacre de Fort Apache » dans ma dvdthèque. Me contentant du souvenir de ses vieilles, si vieilles diffusions et de mes VHS obsolètes. Je me suis donc interdit de participer à votre discussion avant de l’avoir revu. Je l’ai ainsi obtenu – et l’attends d’un jour à l’autre – en édition Slim RKO (fond blanc/bande cyan) pour 7€ sur eBay. Et non pour 119 ou 190. Je crois totalement inutile ici de délayer dans du verbiage l’impact de ces chiffres et de leur comparaison, tellement ils parlent d’eux-mêmes. Et encore, je suis un quadra : je suis attaché au support physique. Les jeunes, eux ici, auraient opté sans vergogne pour la dématérialisation totale de l’achat, sinon carrément pour le téléchargement sauvage. Et les majors avec leurs « Clouds » pensent stupidement y voir le remède à tous leurs maux, quand c’est leurs visions dépassées qui les ont conduit dans l’impasse. Ils favoriseront le piratage et le fast-food sinon l’amnésie.
Je pense ainsi que malgré les différentes opérations saisonnières locales de tels ou tels magasins, au gré des politiques maisons et des régions – par exemple ici à Bordeaux, avec des stores comme « Cultura » qui pratiquent des op de type « 5 dvd pour 20€ » – le cinéma dans son ultime filière de diffusion à domicile, manque cruellement de ce que la littérature a su produire : des éditions dites de « poche » permanentes, aux prix tous publics, après x mois de ventes pleins tarifs. Autrement dit, l’inverse des coffrets dit « collectors ».
Cela me fait penser à la musique. Un de mes groupes préférés, de très longue date, a sorti il y a quelque temps un double album Live. Pas seulement les 10 titres comme sur un CD conventionnel, mais 25 + 5 inédits. Non content de cela, le coffret était agrémenté d’un DVD : extraits de concert, backstage, interviews, paroles, clips etc… Bref, un bel objet, des plus complets. OR, ils ne l’ont pas vendu pour le double, le triple, le quadruple ou le quintuple du prix standard (soit environ 16€ en physique, 9,99 en ligne) mais pour 20€ en cd et 11€ en numérique (que vous pouvez alors graver vous-même). Et ce qui devait arriver arriva : le live continue à parfaitement se vendre. Pas de crise pour lui. Le groupe en vit très bien et a d’ores et déjà donné rendez-vous à toutes et à tous pour un prochain opus et une nouvelle tournée. La major s’y est donc elle-même largement retrouvé. D’après ce que j’ai lu, ils auraient même gagné de nouveaux auditeurs, en rajeunissant une partie de leur public.
Si ça ne ressemble pas à une victoire, que dis-je, un triomphe… Car l’industrie de la musique – pour être restée sourde au monde – est bien plus gravement en crise encore que le cinéma.
Pour conclure, je voudrais vous dire que ce n’est pas moi qui crée la réalité. Et pour tout dire, je la dénonce ; je n’ai même jamais piraté la moindre chanson. Pour autant, les politiques tarifaires pratiquées brisent le savoir, le partage et le lègue. Donc l’avenir du cinéma et de la musique. Que l’on se tourne vers les solutions démocratiques apportées par le Livre par exemple et non camper sur des buziness-plans périmés qui tueront tous les avenirs. Est-on satisfait d’avoir été certain d’avoir raison quand on est mort?
Je ne prétends pas pour autant détenir ni la vérité ni la solution. Mais la réalité est là. Et au regard de ce que j’expose ici, je dis juste : à méditer, mais vite…
Bien cordialement Monsieur Tavernier,
Fréédric
A Frederic
La NUIT DU CHASSEUR va sortir en édition poche moins chère.
Wild Side ne s’enrichit pas sur le film de patrimoine. Si vous oscultez bien leur catalogue, si vous lisez les interviews de WS accordés à DVDClassik, vous verrez qu’il y a en parallèle l’exploitation de films grand public, de cinéma de genre d’aujourd’hui, de blockbusters…, les films de Nicolas Winding Refn (dont l’ultime opus DRIVE s’est vendu à 380 000 exemplaires), etc. C’est sur ce segment que l’éditeur gagne de l’argent. Argent qui lui permet de faire ce qu’il aime : proposer de beaux films du patrimoine mondial dans diverses collections, allant du moins cher « Vintage » au plus cher « Classics Confidential », en passant par sa collection principale « Les Introuvables ».
Une des raisons pour lesquelles Manuel Chiche, patron de Wild Side, s’est lancé dans l’aventure de l’édition il y a maintenant plus de dix ans, était la perspective de pouvoir un jour proposer l’édition ultime de THE NIGHT OF THE HUNTER. C’est chose faite avec le magnifique coffret dont il est question ici, tant au niveau du master, le meilleur au monde, que des bonus l’accompagnant, sans oublier le livre et les photos…
Maintenant, l’objet est certes élitiste, mais c’est une véritable édition limitée et numérotée (5000 exemplaires comme vous les savez) et comme le dit Bertrand Tavernier, la même copie HD du film sortira dans quelques mois dans une édition beaucoup moins chère, avec toujours le beau livret, les photos… seul le CD ne sera pas de la partie. Il sera édité dans le même esprit que vient de l’être RED RIVER, et sera donc vendu à 24.99 sur amazon (donc à 22.99 rapidement…)
à Sullivan: WS aurait le droit de s’enrichir! faut bien payer les gens, ils font un vrai boulot, à comparer à l’approximation Sidonis, WS ne ferait pas un truc comme les PILIERS DU CIEL film en scope, en sortie 4/3! Pour ma part, je n’aime pas les objets de luxe, j’aime que le film soit mis en valeur par le meilleur master possible, l’objet autour me cache le film! j’ai plus de place sur les étagères, je les sors de leur boîte pour les mettre dans des slim-box!
Vous qui savez tout (!) est-ce vrai qu’ils vont abandonner la collection Vintage de Jean-Ollé Laprune, je sais plus où j’ai vu ça?
A Martin-Brady, oui hélas, il semble que la collection Vintage soit bouclée. Il me semble que l’info venait de l’éditeur lui-même mais je n’en suis pas sûr…
à Fredéric et Martin-Brady Wild Side ne s’est pas enrichi sur la sortie de la nuit du chasseur, ils sont à peine rentrer dans leur frais.aller lire l’interview sur dvdclassik ils expliquent celà très bien. de plus en effet une édition simple blu-ray va sortir.
on ne peut pas dire que leur travail sur les films du patrimoine soit pour eux la poule aux oeufs d’or une nouvelle fois je vous invite à aller l’interview sur dvdclassik ils expliquent celà très bien. 🙂
à Nemo: j’ai bien lu l’interview, très intéressant.
Attention à bien lire tout sur ce blog:
« Martin-Brady dit :
9 mars 2013 à 12:50
à Sullivan: WS aurait le droit de s’enrichir! faut bien payer les gens, ils font un vrai boulot, à comparer à l’approximation Sidonis, … » etc etc…
Lorsque je disais que WILD SIDE ne faisait pas d’argent sur le cinéma de patrimoine, je ne sous-entendais en rien qu’un éditeur ne doit pas s’enrichir, c’est bien là le moteur qui lui permet d’exister, et son droit le plus strict.
Non, ce que je voulais dire c’est que WILD SIDE pourrait se contenter d’exploiter le cinéma de genre contemporain et quelques autres répertoires pour exister.
Ce pourquoi on ne peut que se réjouir que la Wild Side Team soit une équipe de cinéphiles/cinéphages passionnés, et les remercier encore et encore de nous proposer tous ces merveilleux films, au travers de toutes ces collections captivantes.
Le fait que l’éditeur ne se fasse pas d’argent sur le cinéma de patrimoine, prouve bien que ça participe d’une grande passion de cinéphile à la base. Vous en voyez beaucoup vous des éditeurs qui se lanceraient dans le projet d’une édition telle que celle de THE NIGHT OF THE HUNTER, sans compensation financière derrière ? Et bien, eux ils l’ont fait : 5000 exemplaires = point mort.
à Sullivan: je crois qu’il y a un malentendu, et qu’on est d’accord en fait, mais débrouiller tout ça me paraît compliqué… galopons vers de nouvelles aventures, hi-ho!
Excusez moi, mais il faut quand même écrire cette phrase, que j’imagine ironique dans votre esprit, concernant un éditeur comme Wild Side : « et malgré le prétendu amour pour le cinéma de ces concepteurs – sans parler de leur respect du public bien sûr ». Si il y a bien deux qualités que cet éditeur développe, ce sont celles-ci. Il suffit de lire attentivement l’entretien 2013 et de consulter leur catalogue. Lui reprocher d’avoir tenté (et réussi) cette idée d’un DVD « pléiade » me paraît profondément injuste, votre allusion aux enfants plus heureux incultes me semble incompréhensible par ailleurs. Je précise que je n’ai pas acheté ce coffret, effectivement trop cher pour ma bourse, mais que je me réjouis de son existence.
à Bertrand: ah ben voilà, ils m’ont entendu! C’est une très bonne nouvelle, la sortie de NIGHT en ed poche, si j’avais su ça plus tôt je me serais pas fendu d’un coup de gueule (gentil, quand même…), quelle énergie perdue! D’ailleurs, je suis épuisé…
à PP,
que Wild Side fasse honneur au cinéma, certainement. Qu’ils fassent un travail formidable, admirable et j’en passe, tout autant, etc… Oui. Mais croire que c’est pour l’amour de l’Art et le respect biblique des hommes, est d’une naïveté confondante. C’est une industrie qui vend des produits à destination des consommateurs. Et c’est ainsi que de cibler ceux qui disposent de plus fort pouvoir d’achat, s’explique logiquement. Libre à vous alors de le comprendre ou non.
Ensuite au sujet des « enfants incultes » dont je parlais, ce sont les nôtres : entre les prix qui ne permettent qu’aux plus riches d’entre nous d’avoir accès à la Culture de toujours, et le fait que les vieux films ne sont plus édités – et tous les films finissent, comme pour les hommes, par devenir « vieux » – il n’y a plus de transmission du savoir, de la culture, des générations, des acquis, des créations et de leurs créateurs, etc… il n’y a plus de lègue, plus d’héritage, plus de continuité, plus rien. Or pour savoir qui l’on est et où l’on va, encore faut-il savoir d’où l’on vient et ce que l’on a été ou ce qui a été avant nous. La mémoire garantie l’avenir. Or ce genre de politique élitiste le compromet voire pire, le condamne.
En vous écrivant, je me souviens brusquement que le phénomène est parfaitement dénoncé et mis en scène dans « La machine à remonter le temps » de George Pal (1960), avec Rod Taylor. Lorsqu’il arrive en l’an 802 701, dans le monde des Eloïs, il constate que les livres tombent littéralement en poussière et que les disques numériques holographiques des derniers hommes de conscience expliquant la guerre totale mondiale d’antan, ne sont plus compris des survivants, même des centaines d’années plus tard après le chaos mondial. Pire, la guerre n’est même plus n’est connue d’aucun d’entre eux. Pire encore : tout ce qui a été le monde, toute son histoire, son savoir, bref, le monde entier et ses hommes, sont tombés dans le néant de l’oubli total. C’est au-delà du fait d’être inculte : c’est ne plus rien savoir de rien. Sur rien. De facto, les Eloïs sont des êtres dénués de sens, vides, quasi ineptes, tout juste bon à servir de repas aux Morlocks cannibales, au grand dam désemparé et furieux de Rod Taylor…
Evidemment, je symbolise, je synthétise, je caricature si vous voulez, mais la réalité, son immense danger – et les premières conséquences sont déjà avérées – sont bien réelles : ouvrez la télévision, regardez ce que devient de plus en plus le cinéma, parcourez les librairies et ouvrez les yeux…
Une fois encore, je cherche juste à tirer une sonnette d’alarme. Justifiée. Légitime. Parce que c’est pour le bien de tous.
Cordialement,
Frédéric
Là, je dois réagir!Bien sûr que WS a mille fois raison d’avoir édité cette édition superbe: mon choix financier a été de l’acheter et de me passer de quantité ce moi là sur mon « budget culture ».
Par ailleurs, WS ne fonctionne pas dans le pur élitisme si on considère leurs propos concernant l’édition moins chère et quasi aussi complète qui suivra (à la limite, si je l’avais su , je crois que j’aurais attendu comme je le fais souvent pour des nouveautés susceptibles de « baisser »).
Il est normal que ce qui relève d’un vrai travail intellectuel soit rémunéré et efctivement WS a la particularité appréciable de le faire avec ses collaborateurs.
Par ailleurs, je défendrai tjs une maison de la taille de WS face à des majors car ils prennnent de vrais risques éditoriaux, font des paris cinéphiles très personnels.
Enfin il est logique que cette boite s’efforce de gagner de l’argent: je préfère leur en donner qu’en donner à Galeshka Moravioff ou René Chateau qui se foutent svt de leur public!
D’accord pour soutenir Wildside par rapport à d’autres éditeurs. Reste qu’effectivement le coffret était hors de prix pour beaucoup et il était prévisible qu’ils sortent le film dans une édition simplifiée. Ce coffret était finalement plus destiné à des collectionneurs d’objet rares (après tout la bande-dessinée ou les livres d’art font la même chose avec des tirages de tête) qu’au cinéphile qui s’intéresse AVANT TOUT au film. Pour ma part SEUL le film restauré m’intéressait donc je me dis que j’ai bien fait d’attendre (il ne manquera que le CD dans la réédition) ! Wildside a donc oeuvré en toute objectivité pour LA NUIT DU CHASSEUR : un tirage limité pour les collectionneurs ou les fans, un tirage normal quelque temps après pour la majorité des cinéphiles… Rien de bien choquant…
A Sullivan : Merci de ces informations qui m’ont renvoyé vers un site éditeur de films que je n’ai jamais vus dans le commerce. La meilleure nouvelle est la prochaine édition de THE LAST RUN dont je conservais précieusement la VHS jadis éditée dans la même collection que THE NEW CENTURIONS. C’est l’époque où Fleischer, en plein mercenariat, reprenait un film sur trois des mains d’un autre metteur en scène et s’en sortait toujours vers le haut. On passe rapidement sur ce film dans le passionnant bouquin que lui a consacré Stéphane Bourgoin, où Fleischer ne dit pas ce qu’il a conservé du travail de Huston, rapportant seulement qu’il l’avait remplacé parce que George C Scott ne supportait plus qu’il réécrive le script au jour le jour. C’est en tout cas le genre de film qui réunissait toutes les conditions pour devenir un navet mais qui est au résultat un film formidable, ceci grâce au talent de Fleischer. Sous une trame criminelle qui ne sert qu’à faire avancer l’histoire, il y a fort à parier qu’Alan Sharp se soit appuyé sur IL SORPASSO comme base de travail, et pas uniquement pour son contexte road movie. Le cadre européen sert à rapprocher les deux films, l’arrière pays espagnol des années 70 nous rappelle souvent l’Italie rurale des années 60. Dans le film de Risi l’homme mûr était l’irresponsable et le jeune celui qui a la tête sur les épaules, ici c’est l’inverse. Tony Musante, habitué à des rôles de cinglés, joue une tête brûlée que le vieux cherche d’abord à recadrer puis finit par y renoncer, conscient qu’il n’a plus sa place dans ce monde inconnu où règnent les faux rebelles. Et comme dans le film de Risi, c’est le plus raisonnable des deux qui perd la vie à la fin de l’histoire, sauf que Trintignant mourrait parce qu’il commençait à devenir Vittorio Gassman, et qu’ici George C Scott meurt part dépit. La mise en scène de Fleischer est aussi remarquable que sa direction d’acteur, et on notera l’insolite présence de Sven Nykvist au générique, qui signe une photo presque contradictoire de celle qu’il faisait pour Bergman. Est-il un choix de Fleischer ou de John Huston ? De plus le film est accompagné d’une BO épatante de Jerry Goldsmith. Ceux qui ont de l’oreille remarqueront qu’elle est en partie recyclée dans l’émission Faites entré l’accusé. En attendant que le film sorte voici un lien où l’écouter. http://www.youtube.com/watch?v=WjOqxCQE3_M
A Manux
Huston dit qu’il q quitté le film pour un différend sur Tina Aumont. Je ne me souviens plus s’il la voulait ou ne la voulait pas
et je ne suis pas sur pour ma part que remplacer Huston par Fleischer ait tiré le film vers le haut (mais cela n’engage que moi sachant qu’on ne verra jamais celui du premier nommé)
A maxou37
En effet on peut spéculer à perte de vue sans dire quoi que ce soit de sur ou de valable
A Bertrand Tavernier and Blogueurs:salutations
J’ai enfin vu THE LAST RUN sur le câble dans une belle copie et ça été un grand plaisir.
Richard Fleischer est décidemment un cinéaste difficile à étiquetter, au style à la fois reconnaissable et fuyant, comme effacé par l’humilité de l’artisan tout en laissant poindre une sophistication discrète, peut-être d’obédience germanique (Papa Fleischer était venu d’Autriche). En tout cas, il y a quelque chose : une espèce d’acuité graphique, une élégance sèche, lucide, méticuleuse,capable d’être présente même dans des films ratés (ASHANTI est mauvais mais pas dénué de séduction visuelle). Je dirais que THE LAST RUN est hustonnien dans son sujet « àquoiboniste », son européanisme (on peut éventuellement penser à THE MACKINTOSH MAN,sorti à peu près à la même époque) mais le résultat est fleischerien dans sa nervosité à la fois ample et décantée (je rame!C’est parfois dur à décrire un style!), son efficacité économe qui gratifie les quelques scènes d’action ou de poursuite d’une précision orfèvre.
En fait, THE LAST RUN est assez beau
Bien à vous
A Bertrand Tavernier
Hors sujet et avant que j’oublie, je me devais de répondre à un post que vous m’adressiez dans le blog précédent car ma réponse ne vous est jamais parvenue. Alors je rattrape le coup à l’instant.
Cela concernait LE CAVALIER AU MASQUE (dont l’édition dvd est une honte), de H.Bruce Humberstone.
Vous citez ce film en commentaire DVD, non pas de MASSACRE A FURNACE CREEK, sur lequel vous n’intervenez pas, mais de FRENCHIE, de Louis King, lorsqu’il est question du scénariste Oscar Brodney.
Ça c’est fait..
A Alexandre Angel
J’avais pourtant enregistré une présentation de Furnace Creek
Pouvez-vous nous communiquer davantage d’information sur ce sortie de The Last Run ? S’agit-il d’un BR et par qui ?
THX.
Studio Canal, inspiré sans-doute par les récentes collections « Les Trésors Warner » et « Les Etoiles Universal »… lance sa propre collection : « Les pépites Studio Canal ».
Inspiré en ce qui concerne l’intérêt évident des films proposés, mais inspiré également par le prix : 13€ !!! C’est un mini scandale, car la politique de Studio Canal a toujours été de proposer ses classiques en DVD à 9,99€. Reste à voir l’état des copies.
Personnellement, je suis content de voir CECILE EST MORTE, mais donner 12,99€ à Gaumont pour une copie aussi dégradée, c’est un peu rude, même chose pour certains Trésors Warner…
Enfin bref, revenons aux pépites dont il est question plus haut.
Du cinéma anglais : deux Lean LE MUR DU SON et CHAUSSURE À SON PIED (15 des 16 longs du cinéaste sont ainsi disponibles en zone 2, reste à éditer son premier « Ceux qui servent en mer » déjà dispo en zone 1), mais également un Powell & Pressburger LA MORT APPRIVOISÉE, en passant par LA BÊTE S’ÉVEILLE de Losey, L’HOMME DE BERLIN de Carol Reed ou TORTILLARD POUR TITFIELD de Crichton (Vive la Ealing !).
Les cinéastes français sont également présents dans cette première salve : le jeune Chabrol avec A DOUBLE TOUR, Enrico avec LE SECRET, Becker père avec DERNIER ATOUT et Christian-Jaque avec MONSIEUR PERSONNE.
Les trois autres titres : MAYERLING (Litvak), PAYSAGE DANS LE BROUILLARD (Angelopoulos) et TUEURS DE FLICS du Becker US, Harold (copie à comparer avec le zone 1 MGM)
Précision : ce sont des exclusivités Fnac :
http://recherche.video.fnac.com/n347370/Les-Exclusivites-et-le-Specifique-Fnac/Les-pepites-Studiocanal-Exclusivite-Fnac#bl=VILes-Exclusivités-et-le-Spécifique-FnacBLO5
A Sullivan
En effet, je reviendrai sur LA MORT APPRIVOISÉE que j’adore, LE MUR DU SON itou. Je trouve en revanche TORTILLARD POUR TITEFIELD difficile à regarder. Il conjugue tous les défauts d’Ealing qui envahirent la plupart des films de la dernière période : après le départ de Hamer, Mackendrick, Cavalcanti : sujets étriqués, apologie du passéisme (vieilles voitures, vieux pub, vieux train). Coupure absolue avec la réalité politique et sociale, ce qui n’était pas le cas des films jusqu’en 1950. C’était l’époque de Suez, des révoltes au Kenya, de la guerre froide, des grèves dans les mines. Et Balcon, fier d’avoir été annobli, se concentre sur des vieilles tantes excentriques et des oncles atrabilaires comme le dit Orwell. Je serai curieux de voir MAYERLING et de revoir A DOUBLE TOUR
Sur TORTILLARD POUR TITFIELD, j’aurais mieux fait de m’abstenir, ne l’ayant jamais vu !
Mais merci pour ces précisions. Je suis très impatient de découvrir LA MORT APPRIVOISÉE ainsi que L’HOMME DE BERLIN.
Les Trésors Warner vont bientôt mettre en vente une troisième collection de 19 titres. Après les 50 titres Warner Archives et les 17 pré-code « Forbidden Hollywood », voici venue la collection FILMS CRIMINELS. Je vous laisse découvrir les titres sur le lien ci-dessous, il y a de quoi saliver, mais bonjour le portefeuille !!!
http://www.warnerbros.fr/tresor-warner-films-criminels-introduction-507.html
A Sullivan
Ne manquez pas LES AMANTS DU CRIME de Feist, Fast Walking, I Was a Communist spy for the FBI, archétype très bien réalisé du film anti rouge exhacerbé (basé sur des confessions fabriquées par le FBI), et THE LAST RUN de Fleischer que je veux revoir
A Bertrand Tavernier.
Merci pour ces zooms. J’y rajouterai sûrement 3 ou 4 autres titres…
Aux 3 Christian de Chalonges qui avaient été annoncés ici (DOCTEUR PETIOT, MALEVIL et L’ARGENT DES AUTRES), rajoutons chez Tamasa EDOUARD ET CAROLINE de Becker, EUROPE 51 (enfin édité !) et MAFIOSO de Lattuada.
Juste un mot sur Angelopoulos puisque vous citez l’un de ses plus beaux films Payasage dans la brouillard qui fut ma porte d’entrée ds son univers.
La poussière du temps en salles est un beau film même si ce n’est pas le plus original ou le plus parfait de sa carrière mais de belles variations sur l’entrelacement Histoire/histoires avec ce sens du temps propre à TA.
Angelopoulos n’a plus la carte et la critique hype l’enterre depuis longtemps avant son décès tragique l’an passé: son oeuvre demeure imposante,stimulante, poétique et politique.
Signalons encore et tjs la coffret Potemkine qui propose notamment les sublimes Voyage des comédiens et Voyage à Cythère.
A Ballantrae
Tout à fait d’accord
Heureux de vous voir réagir pour rendre hommage une fois de plus à Théo Angelopoulos qui était sûrement l’un des grands cinéastes « politiques » ( ce mot fait un peur qd il est un minimum sérieux et compris dans son acception « philosophie politique) vivants avec Rosi, lui aussi honteusement oublié ces temps-ci alors qu’il a accompli tellement de grands films courageux, engagés et sacrément intelligents.
Le dossier de Février de Positif est consacré au cinéaste grec et s’avère complet et passionnant:critique de La poussière du temps, entretien de 2008, articles sur la mémoire/le temps/l’exil/la mort tous aussi riches les uns que les autres (avec une mention spéciale à Ph Fraisse par ailleurs auteur d’un remarquable essai Le cinéma au bord du monde, une approche de Stanley Kubrick)et enfin l’évocation émouvante de la fin de TA dans un article d’Elodie Lélu.
Hors sujet à nouveau: je viens d’acquérir un très bel ouvrage de K Brownlow Napoléon chez Armand Colin (39 euros)qui me semble le complément indispensable de La parade est passée.
Paradoxe: aucune édition française du chef d’ouvre de Gance n’existe!!!En revanche, pas de pble pour trouver Austerlitz ou La fin du monde qui ne me semblent pas représenter l’essentiel du talent de Gance.
Le site de Potemkine annonce tjs le coffret Epstein: j’ose espérer que ce projet éditorial verra bien le jour!Après tout La nuit du chasseur me semblait une arlésienne et voyez le boulot de titan accompli par Wild side!
Autre découverte à l’heure où va sortir a la merveille: la version longue en blue ray de Le nouveau monde.Le film était déjà superbe en l’état mais là il prend une ampleur vraiment marquante.Bertrand, vous qui aviez été déçu par ce film, avez-vous pu le découvrir ds cette version?Notons que Positif consacre des pages intéressantes au travail de Malick ds son numéro de mars.
Je rejoins J-Jacques sur le « Napoléon » de Gance : à quand la version originale la plus complète possible ? (j’avais été déçu par la version parlante diffusée au ciné club l’année dernière avec des personnages re-filmés au début des années 30 ponctuant de leurs commentaires certaines scènes tournées en 1927). Encore une fois les films muets n’ont pas vraiment la cote des éditeurs français. Les éditions Montparnasse nous offre de bonnes surprises (avec récemment un Lubitsch et un coffret Max Linder, indispensables) mais sinon c’est tout de même le calme plat côté éditorial. Avec le coffret Epstein chez Potemkine, on peut espérer par exemple la sortie des Niebelungen de Lang dans sa version teintée et restaurée, là encore jamais sortie (diffusée une seule fois sur arte) ou encore le petit film de Lubitsch « La poupée » (1919)qui m’avait enchanté. Arte diffuse du cinéma muet : pourquoi du coup ne pas continuer à en éditer (quitte à en faire de la vidéo à la demande) ?
Vos propos sur Malick me rappelle les débats que nous avions eu tous sur ce blog lors de la sortie de TREE OF LIFE. Malgré la fidélité de Positif, j’appréhende un peu son dernier film. Je partage cependant votre admiration pour le cinéaste (jusqu’à LA LIGNE ROUGE). Il faudra que je revois aussi ce NOUVEAU MONDE qui ne m’avait que partiellement emballé lors d’une première vision (le scénario semblant se perdre au fur et à mesure du film…) : à voir si la vision de la version longue me permettra de réviser ce jugement peut-être hâtif…
Bonjour monsieur Tavernier, rien à voir avec tous les posts précédents mais je souhaiterais avoir votre avis sur un cinéaste dont je viens de voir deux films, les excellents « Le chef de gare » et « the visitor », Thomas McCarthy, qui est aussi acteur : ces films permettent la rencontre d’êtres solitaires qui se rapprochent mais sans aucune mievrerie (là un nain avec un vendeur ambulant et une femme seule, ici un prof aigri avec un sans papier syrien et sa mère) : ces films sont à la fois très pudiques et sensibles mais aussi un peu sociaux : la solidarité nait de la différence.
Encore et toujours merci pour vos lumières et votre immense culture cinematographique qui nous ouvre les yeux vers pleins d’horizons infinis.
A Maxou37
Je ne les ai pas vus. J’en ai un en DVD sur ma pile
Même animé de mauvaise volonté, il sera difficile de dire que TRAFFIC est un mauvais film. Il n’a rien de documentaire, au contraire son esthétique recherche plutôt la monochromie, bleue sombre aux Etats-Unis et sépia au Mexique. De plus, le film nous documente autant sur le narco-traffic que Scarface et French Connection, c’est à dire très peu. Ce n’est pas son propos, simplement la drogue est utilisée comme une ouverture pour nous parler d’autre chose, précisément d’une société où la jeunesse n’est plus animée d’idéaux, pas plus qu’elle ne veut se libérer des valeurs des aînés qui les ont aimés,élevés dans le consumérisme et le laxisme. Il y a quarante ans, on nous montrait cette même jeunesse à la recherche de nouvelles expériences transcendantales à travers la fumette et la picouse, pour s’émanciper des valeurs morales d’un monde étriqué, alors qu’ici les jeunes consommateurs ne recherchent que des délires mortifères pour fuir un quotidien nihiliste. A travers plusieurs histoires croisées, les personnages cherchent tous à sauver leur famille, que les membres concernés soient des trafiquants ou des victimes du marché de la drogue. On compatit avec le personnage de la femme enceinte qui va jusqu’à faire éliminer un témoin pour sauver son mari qui est pourtant une dangereuse crapule. Le final n’est qu’un happy end de surface, puisque le seul espoir de salut pour sauver cette jeunesse sans valeur ni repère est figuré par la religion et le football, tout ce qui normalement devrait animer leur rébellion. Le film est servi par un parterre de vedettes où Michael Douglas fait son boulot d’acteur normalement, mais c’est côté mexicain qu’on trouve les plus intéressants. Benicio Del Toro, et Tomas Milian qui n’a jamais été aussi bon qu’en jouant dans sa langue maternelle.
Re: Paucity of John Ford film soundtracks: So much of Ford’s scores consist of very well chosen traditional songs such as SHALL WE GATHER AT THE RIVER, SKIP TO MY LOU, THE GARRYOWEN, and so on that the majority of the soundtrack market would have heard these tunes so often that they wouldn’t feel the necessity of buying a soundtrack album. All they would have to do is wait and they’d be sure of hearing them again. THE GARRYOWEN turned up in at least one other Ford film and can be heard in Walsh’s THEY DIED WITH THEIR BOOTS ON (that spectacular fool Custer used it as his own personal theme).It can also be heard in my own favorite Custer film, Ferreri’s DON’T TOUCH THE WHITE WOMAN.
As for the U.S. box office failure of THE NIGHT OF THE HUNTER: did the movie rake in much cash anywhere else? I think that the sophistication of technique combined with certain antedeluvian plot elements (a Griffithian sentimentalization of THEY ABIDE AND THEY ENDURE children and a demonization of sex, which seems to serve no other purpose than working some felon’s way toward the loot or inadvertently creating subjects for Mitchum’s abuse or Gish’s piety) might have put audiences off. I think it’s a great film and I believe Truffaut’s response is the best piece of criticism of his I’ve read. For more information, see Simon Callow’s biography of Laughton and his BFI monograph on …HUNTER, both first class.
However, France Musique just had to pick up John Ford’s music on movies themselves. It would be interesting, for example, to talk about western movies and operas and show they are quasi the same thing (a sort of musical (lyrical ?) classic tragedy). It’s France MUSIQUE, after all, and musicaly, it would be judicious to show, for example, that John Ford uses « leitmotifs » as opera’s composers did…
You were very kind about my english, thanks a lot but I can’t avoid to be ashamed…
The music is in (our?) my head… Oh my darling… Oh my darling… Oh my daaaaaaaaaa… rling Clémentine…
Ben voui, par exemple, France Musique pouvait passer cette chanson et même dans une autre interprétation que celle du film.
Chez John Ford, j’adore les emprunts à la musique folklorique. Sauf un : Gary Owen. J’ai toujours eu du mal à avaler l’ image positive que Ford a tendance à donner du général Custer.
Vous connaissez Gary Owen, Jean-Charles ?
Et bien ça fait comme ça, écoutez bien : ti li ti li ti ti tiliti, ti li ti li ti ti tiliti..etc…..
A Minette Pascal
C’est pas Ford, c’est Walsh. Ford ‘a montré Custer (appelé Thursday) sous un jour noir et critique dans FORT APACHE
À Minette : Quelle erreur, pour Ford, quelle erreur impardonnable… (Honte sur vous…) Mais non, autrement, ti li ti li ti ti tiliti… je ne l’ai pas en tête, c’est moins un hit, quand je suis sous la douche ou que je descends l’escalier…
A B.TAVERNIER : Oui, il y a quelques films où Custer est le personnage principal, dont le Fort Apache de Ford, même s’il porte un autre nom. Sous un jour noir et critique, certes, mais avec une image finale héroïque quand même ( le capitaine York joué par John Wayne finit par s’identifier à lui en portant la même sorte de shako).
En fait, je parlais de simples citations de Custer dans certains films de Ford. Par exemple dans la Charge Héroïque, si je me souviens bien, où la disparition de Custer sonne un peu comme une catastrophe nationale.
A Minette Pascal
Voila une question interessante. Cette défaite était ressentie comme telle par les collègues, les amis de ceux qui avaient été tués, par ceux qui étaient proche de l’évènement. C’est une réalité indiscutable. Certes, de nombreux officiers et soldats qui avaient cotoyés Custer le détestaient (C’est très bien montré dans le beau roman de Ernest Haycox, BUGLES IN THE AFTERNOON qui va bientot être traduit à mon initiative chez Actes Sud mais la vision critique est venue bien après. Des décenies après. Je sais qu’on a l’habitude de malmener l’Histoire en la montrant d’un point moderne, postérieur, fabriqué à posteriori, d’oublier ce que signifie être contemporain de l’évènement. Dans FORT APACHE, la fin ambiguée, célèbre l’institution plus que Custer, la collectivité plus que l’homme, le service public plus que tel ou tel individu
Et puis n’est-ce pas toujours un peu chez Ford l’histoire de l’individu qui s’efface, voire se sacrifie, pour la collectivité? La fin de FORT APACHE me rappelle celle de de L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE. Le fameux « publiez la légende ». D’ailleurs, que Ford ait transposé l’histoire de Custer et délocalisé la bataille de LITTLE BIG HORN chez les Apaches, peut vouloir dire aussi qu’il ne voulait pas s’attaquer frontalement à la légende de Custer, celle de THEY DIED WITH THEIR BOOTS ON, que ça ne pouvait se faire qu’en marge, dans l’ombre. Parce que c’est sacré, la légende, surtout quand elle cimente une institution que Ford respectait beaucoup (il fut « amiral » durant la 2ème GM) voire une nation. Ça n’en est que plus fort. Que de mélancolie et de lassitude, dans le visage de John Wayne. (Là je parle aussi pour les deux autres volets de la trilogie sur la cavalerie.)
dans Fort Apache, il est impossible (je me base sur ma réaction à la première vision) de prendre comme argent comptant l’hommage de Yorke à Thursday, approuvant la vision héroïsée de la fin de Thursday rapportée à lui par le journaliste comme « juste dans tous les détails » alors que Ford nous a montré juste avant la vraie version, depuis les insultes méprisantes lancées par Thursday au chef indien, jusqu’à son erreur stratégique criminelle, certes son courage devant le feu se sachant acculé, mais ce courage alors, semble vain. Comme on voit les nouveaux galons de colonel sur les épaules de Yorke, comment ne pas penser à de la complaisance de la part de l’homme, à le voir rendre un hommage posthume à celui auquel il s’est opposé durant tout le film et dont il sait qu’il est une baderne raciste? Après tout, s’il était honnête, il ne pourrait que dire la vérité aux journalistes: Thursday s’est rendu coupable de la mort de nombre de ses hommes par son incompétence et sa brutalité, oui mais là, c’est condamner l’armée dans laquelle Yorke tient à faire carrière. Cette scène finale ne déparerait pas un film de Altman! ou d’un de ces nombreux westerns « contestataires » des années 70!…
A Martin Brady
Mais il l’a dite la vérité puisque les journalistont ont partagé ce que nous venons de voir
à B Tavernier: Je ne comprends pas, les journalistes n’étaient pas présents à la bataille, le journaliste lui parle seulement de la peinture qui représente la bataille de façon héroïque et Yorke approuve en disant: « Vrai dans le moindre détail », seul le spectateur a vu la vraie bataille, Yorke ment pour le bien du service.
A Martin Brady
Exact mais on peut penser qu’il a évoqué ce que nous venons de voir qui doit être un fait historique (comme Little Big Horn)
A JC Freycon : Quelle erreur impardonnable, dites-vous.
Mais c’est vous qui le dites.
Pour le reste, me pardonnerez-vous cette autre erreur consistant à avoir un regard critique sur le cinéaste que je préfère ?
Et puis pardon aussi de ne pas apprécier à sa juste valeur cet adorable général dont n’importe quel livre d’histoire vous rappellera les brillantes actions…
A Minette pascal
Pas de susceptibilité. Je n’avais pas compris cela dans la réponse de jean-charles freycon
À Bertrand Tavernier : Ah bon? Les journalistes ont partagé ce que nous venons de voir? (Je me permets d’être étonné car je viens juste de revoir FORT APACHE, l’embryon de discussion m’ayant donné envie. Quel bonheur…) Les journalistes n’apparaissent qu’à la toute fin du film et vraiment rien ne dit qu’ils sachent la vérité. Ils semblent même plutôt dans l’ignorance et veulent donner du sensationnel : A Great American Hero. Quant au personnage de Wayne, s’il se tait (mais douloureusement) c’est parce que la vérité est moins importante que de sauver la communauté, à la fois la communauté directe, celle du fort, et la communauté abstraite de la nation. Il met de côté sa conscience, non par manque d’honnêteté, il me semble, comme l’avançait Martin Brady, mais par sagesse. Dire aussi que Thursday, qui n’est pas du tout une caricature, mais un individu très malade, s’est racheté, à la fin, dans un premier temps par amour pour sa fille et décidant d’écarter de l’assaut le jeune lieutenant dont elle est amoureuse et que pourtant il méprise pour des raisons de classe et même de caste. Il sait qu’il court au suicide. Il ne prendra pas le risque de briser le cœur de sa fille. Dans une deuxième temps, quand il repart à l’assaut, sabre au clair, alors qu’il pourrait sauver sa peau. Là, même si la mort est certaine, ce n’est plus vraiment un suicide, c’est même le contraire, il revit, il regagne sa place dans la communauté, le respect de la troupe, en étant le capitaine qui ne quitte pas le navire et il ne le fait pas (que) pour la gloire. Il gagne aussi l’admiration de Wayne, qui comprend quelque chose, dans cette histoire, qui grandit, quand peu de temps avant il voulait en découdre par un duel. Il reprend le flambeau, à la fin, sauf qu’il ne sera jamais comme Thursday, bien heureusement. Enfin, film grandiose… qui gagne à chaque vision… Il y aurait tellement de choses à en dire…
A jean-charles freycon
Très bonne analyse. Les exégètes se battent sur cette fin : cf les interprétations différentes qu’en donnent Gallagher, Andrew Sinclair, Mc Bride et autres
A B.TAVERNIER : Sur la fin de FORT APACHE, c’est une question de goût personnel bien sûr, j’aurais quand même préféré que le film en reste à l’éloge de l’institution militaire et du mérite des soldats. Les dernières secondes où York non seulement revêt le képi de Thursday mais parle comme lui (« Questions ? ») tend quand même un peu à mettre l’homme en avant, d’autant que c’est ce qui termine le film.
Encore une fois, c’est une sensation à moi, et rien de plus intéressant…
à JCF, B Tavernier Minette Pascal et toute la bande: j’avoue que je prends dans un film ce que je veux et donc, que je ne serais pas du côté de Ford dans ses interviews à propos de cette fin, dans l’interprétation des paroles finales de York (sans « e » final), l’interprétation de JCF illustre certainement celle de JF: la légende vaut mieux que la vérité et pour le bien de la société, il vaut mieux prétendre que Thursday est mort dans la bravoure et que « ces hommes ont étés rendus meilleurs, Thursday a accompli celà » (je cite, ce sont ses paroles exactes dvd dans le lecteur, c’est très important!).
La partie de la bravoure est vraie mais York ne peut pas dire sincèrement que Thursday a été bénéfique pour le régiment quand nous avons vu le même York avant la bataille affirmer à Thursday que sa décision de charger à « 4 colonnes de rang » était de la folie, approuvé ensuite par O’Rourke senior. Si c’est une erreur stratégique dangereuse de s’exposer ainsi, c’est aussi une faute grave qui a conduit le régiment dont il est responsable à la mort. On est d’accord, ce mensonge est préférable du point de vue de l’armée.
Moi, naïvement idéaliste, j’ajoute quand même qu’à voir les galons de colonel tout nouveaux sur les épaules de York, je me dis que c’est un carriériste qui fait le dos rond et le profil bas et qu’il ne veut pas fusiller son avenir dans l’armée en affirmant que Thursday était un imbécile raciste incompétent.
Quand j’avais 12 ans, j’avais vu ce film chez les curés, et nous avions hué Wayne-York, dégoûtés qu’il ait menti! Nous apprenions la vie, Wayne pouvait mentir, on n’en revenait pas. C’est pour ça que FORT APACHE est un film adulte, peu importe ce qu’il y avait exactement dans la tête de JF, c’est ce que les images suggèrent chez nous qui est fondateuret malgré tout, il y avait dans la tête de JF assez de subtilité même inconsciente, pour suggérer bien plus que ce que lui-même affirmait officiellement dans les interviews, ou tout simplement qui semble être clairement exprimé au premier degré des images.
Au fait, la raison pour laquelle Thursday épargne O’Rourke Junior est incertaine, elle n’est pas expliquée, certes il pense à sa fille qui aime celui-ci mais il est curieux qu’il ne justifie pas ça auprès des officiers, disant juste à York: « Emmenez O’Rourke avec vous! », sans préciser lequel des deux, un petit trou de scénario?
Au fait encore, je ne suis pas sûr que Thursday s’intègre in fine dans le régiment en les rejoignant dans le fameux « last stand »: il s’excuse auprès de O’Rourke senior pour son retard et l’autre répond « Gardez vos excuses pour nos petits-enfants! », insolent, non? En tout cas, c’est ambigü…
À MB : Insolente la réponse d’O’Rourke senior à Thursday? Mais pas la moindrement! Il lui ouvre les bras! Les portes de sa famille! Les portes du Paradis! De tout son cœur de brave homme!… Quand Thursday lui présente ses excuses, c’est pour moi un moment incroyable… Je le ressens comme des excuses non seulement pour les histoires de famille que l’on sait, mais de les avoir foutus, par sa bêtise gigantesque et même criminelle, dans un tel merdier… Ça montre aussi que Ford, ni ne juge, ne ne condamne son personnage… D’ailleurs, il le transcende. Ce n’est plus Custer, pour moi, à ce moment, c’est Thursday… Et puis le mensonge de York, n’est ce pas, quand je parlais de sagesse, je me souvenais d’une parole de Lao Tseu, que j’ai ensuite retrouvée : « Après la perte de la Justice viennent les rites. Le rite est l’écorce de la sincérité et de la fidélité… » Deux mots, sincérité et fidélité, que j’attribue sans sourciller à l’œuvre de John Ford.
A Martin-Brady sur FORT APACHE : J’espère ne pas être un peu lourd sur cette fin et encombrer le blog, mais je dois dire que j’ai eu la même réaction que vous sur l’attitude de York:
qu’il cherche à redorer l’image du régiment devant les journalistes, soit; qu’il exprime une sorte de sympathie pour Thursday pour avoir épargné le jeune O’Rourke et avoir rejoint le last stand alors qu’il pouvait sauver sa peau, soit.
Mais s’identifier à lui pose problème. Dans la dernière minute, il passe ainsi devant le petit couple. Est-ce pour faire plaisir à la petite Thursday et lui assurer qu’il n’a pas terni l’image de son père ? Pourquoi pas, mais en même temps, fait-il plaisir à O’Rourke en redonnant vie à celui qui a bêtement fait tuer son père ?
Ah la la, c’est rigolo comme on peut prendre au sérieux une petite scène de fiction…Hitchcok nous dirait sûrement : » It’s just a movie ! »…
À Minette Pascal : Regardez le visage de Wayne pendant toute cette dernière séquence, tous les moments où il souffre, s’indigne, quand il reprend le journaliste sur le nom d’un de ses camarades, car c’étaient ses camarades, il les aimait, et nous aussi on les aimait, car on les connaissait, on les avait vus vivre au quotidien. (Ça ne se regarde pas seulement avec les yeux et avec la tête, mais avec le cœur.) Les émotions qui passent sur le visage de Wayne sont tellement subtiles que je me suis dit parfois qu’en clignant les yeux trop longtemps on pourrait rater un instant crucial. (Quel acteur extraordinaire…) Tout est à hauteur d’homme. C’est un Juste, York, celui qui veille sur la communauté. On imagine que la version officielle, celle qui a été élaborée à l’état-major, il a toujours du mal à l’avaler complètement. Et puis, hein, normal qu’on s’étripaille un peu, c’est lyrique, Ford, nom de Dieu. Ça me rappelle ce que disait Bertrand Tavernier, sur France Musique, évoquant Ingmar Bergman qui disait qu’on avait beau être antimilitariste, n’empêche, dès que la cavalerie de Ford apparaissait, on ne pouvait empêcher le cœur de s’emballer.
A JC Freycon : Oui, oui, j’ai bien perçu tout ce qui passe dans les yeux de Wayne à ce moment, son amitié pour les morts et tout ça mais je ne vois pas en quoi ça concerne le fait que York reprend l’image de Thursday à son compte. C’était ça la question ou bien ai-je décroché à un moment ?
Aurais-je dit quelque part que la tirade de Wayne est dépourvue de charge émotionnelle ? Ce serait étonnant compte tenu du fait que je ne partage pas du tout ce point de vue, mais personne n’est à l’abri d’une erreur impardonnable, n’est-ce pas ?
A Minette Pascal
On n’est pas dans un affrontement à la Peckimpah (à propos merci Michael Rawls pour PECKIMPAH IN MONTAGE, c’est passionnant). Toutes ces opinions se complètent, se valorisent et montrent que quelques minutes d’un film qu’à sa sortie beaucoup de pseudos intellos considéraient comme enfantin pouvait contenir d une richesse de sens, une ambiguité qui n’a rien à envier aux meilleurs romanciers.
À Minette Pascal : Pardonnez-moi, si je vous ai froissé, sincèrement. Je l’ai regretté, après. (Moi qui me croyais bon enfant, plaisantin, bon camarade…) On ferait mieux de se taire parfois, moi le premier. Et là, sur ce dernier commentaire, je ne vous attaquais pas. J’étais dans la discussion. Avec plaisir d’ailleurs. Un peu fougueux et bébête peut-être, mais bon… Je ne méprise personne, et surtout pas vous. Et il n’y avait pas LA question, il me semble, mais je vais y répondre, à LA question, puisque vous y tenez tant : Mais pour le symbole, il me semble, je parle pour le képi. N’oublions pas qu’on est chez les militaires, qu’ils ont des codes bien à eux, et ce truc bien étrange pour nous autres civils qu’ils appellent l’Esprit de Corps. Ça, il me semble que Ford ne l’oublie jamais. Quant au carriérisme supposé de York, et même quoique que ce soit de mesquin, de frauduleux dans son comportement, je n’y crois pas du tout, car pour moi on ne serait plus alors chez Ford. C’est intéressant d’ailleurs de retrouver Kirby York, dans RIO GRANDE, quelques années plus tard. À un moment, sur l’ordre d’un général, il est prêt à sacrifier sa carrière, sans calculer rien du tout. Il est aussi question ici de Sens de l’Histoire. (Mais pas que, évidemment…) Excusez-moi encore pour l’autre jour et tournons cette page pas bien intéressante. Je vous permets bien évidemment à la moindre occasion de m’envoyer un « honte sur vous! » que je n’aurai pas volé. Bien à vous.
JC FREYCON : Vous n’avez pas à vous excuser d’être vous-même. Vous avez dit ce que vous pensiez comme je le fais moi-même. On ne va quand même pas se reprocher d’être sincères dans une discussion, non ? Tant qu’on reste polis, bien sûr…
A bientôt…
à tous les Fortapachiens: JCF, dans RIO GRANDE, York, ce n’est pas du tout le même personnage, il gagne une ex et un fils venus d’ailleurs! (d’ailleurs son patronyme gagne aussi un « e » final, comme le remarquait McBride, « e » sans doute involontaire de toute façon!), Quincannon/Mc Laglen (Mulcahy ici) apparaît comme Wayne dans YELLOW RIBBON et RIO GRANDE mais Wayne change de nom du 1er au 2ème! Les noms ne veulent rien dire, on dirait.
JCF, je ne vois pas ce qu’il y aurait, disons, de définitivement infâme dans le carriérisme de York même si je le juge pas très glorieux certes mais bon, c’est un carriériste, voilà tout, qui ment pour le bien de l’image de l’armée, pragmatique et raison d’état (d’ailleurs on est d’accord là, c’est rigolo…), le regard de Ford sur son héros est sévère, sans plus. Je trouve que vous encadrez trop JF dans certains traits (JCF: « Quant au carriérisme supposé de York, et même quoique que ce soit de mesquin (…) je n’y crois pas du tout, car pour moi on ne serait plus alors chez Ford. »): pourquoi JF n’adresserait-t’il pas un regard critique sur Wayne, pour une fois? Ce n’est pas une production Zanuck, il est plus libre avec M.C. Cooper qui est associé, pas patron.
Il s’agit d’un cinéma adulte. Vous voyez Thursday transfiguré et enfin intégré au régiment à la fin? pas moi mais peu importe, de toute façon, cette discussion ne peut se réduire bêtement à l’un de nous qui aurait raison face à l’autre, puisque c’est comme dans la vie, chacun son point de vue: plusieurs fois, nous avons constaté dans nos vies personnelles, que deux personnes ayant assisté à la même chose juge différemment selon des tas de raisons.
Le « Gardez vos excuses pour nos petits-enfants » se traduit autant par « va te faire voir avec tes excuses, pauvre type! » que par « merci d’avoir épargné mon fils » (entre nous, cette mention des petits-enfants dont O’Rourke Sr sait qu’ils ne les feront jamais sauter sur les genoux, grâce à la décision du « mad man » (commentaire du même O’Rourke sur Thursday juste avant) est quand même amère!) Certes, je n’ai pas la même culture de la Mort qu’une tunique bleue du XIXè s, cette fameuse « fascination pour la mort » appelée courage militaire (merci, Bertrand, je vous ai piqué ça je sais plus où).
D’où je disais que cette réplique est ambigüe pour le moins: de même pour moi, la fin me laisse un léger sentiment de dégoût, pour vous York est un « juste qui veille sur la communauté », je ne vous suis pas mais vous avez raison quand même et pas par complaisance de ma part! L’ambigüité de JF, si bien illustrée par les faits dans le bouquin de McBride autorise à une richesse d’interprétation, cette ambigüité (BT encore l’a signalée juste au-dessus, le 5 mars à 20h33!) est une qualité. Minette Pascal: oui, c’est justement l’une des rares fois où je ne peux pas m’identifier à Wayne qui a toujours « aspiré » le spectateur pour le gagner à ses motivations, pour nous, gamins, c’était la première fois qu’il nous décevait, d’ailleurs la seule: même dans SEARCHERS il reste un héros noir, mais héros.
Ce regard de Wayne quand il énonce « Right in every detail » à l’envolée du journaliste (Frank Ferguson) qui décrit avec enthousiasme la peinture lyrique du « last stand » est poignant… sentiment d’amertume certes, mais lucidité, regard noir et adulte sur la vie, voilà ce que je ressens aussi. Sacré Ford! quand je pense qu’on a jugé ce film « enfantin »… Merci pour la discussion, on en fera un bouquin si ça continue…
Et bé, Gary Owen peut se vanter de nous avoir fait causer !
En fait, en dehors du problème de sens de la fin, il y a celui d’associer Thursday à Custer, ce qui n’est pas si évident. Finalement, les deux personnages ne se ressemblent pas tant que ça, ni physiquement, ni moralement. Je pense que, si John Ford avait vraiment voulu lancer un message sur Custer dans CE film, il aurait davantage soigné la ressemblance.
Et puis Custer n’était pas le seul général à mépriser les Indiens.
Vous avez raison, vive la discussion !
A Minette pascal
Il y a des traits communs : l’impression d’être méprisé par Washington et d’être en pénitence, l’arrogance, le désir d’accomplir une action d’éclat pour épater les politiques et le refus d’écouter tous conseils
À Martin Brady : Alors Kirby York gagne un « e » dans Rio GRANDE? Je n’avais pas fait attention. C’est drôle car vous lui mettiez un « e », au début, sur FORT APACHE. Ça nous fait causer en tout cas. Pour moi, ils sont quand même très proches, comme est proche le Nathan de ELLE PORTAIT UN RUBAN JAUNE. (Tellement emballé, je revois à chaque fois les 3 dans la foulée.) Ce qui fait mal, à la fin de FORT APACHE, c’est que c’est une fin politique. C’est Injuste. Ça me fait mal aussi, L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE, peut-être plus mal encore. Ford, parfois, il fait mal. Que YORK(E) gagne une femme et un fils (qu’il n’a pas vu depuis douze ou quinze ans) n’est pas à mon sens absurde. Il a sacrifié sa vie familiale, amoureuse. Il est seul, dans FORT APACHE. Pour les besoins du drame peut-être? Le type qui prend tout le poids sur lui? Évidemment, tout se discute. Chacun se fait son histoire. Le même ou pas le même, je vois le personnage de Wayne, dans les 3 opus, comme une variation sur le même caractère. Le chef, là, en l’occurence, et même plutôt le bon chef, qui est proche de ses hommes, qui assume ses responsabilités, jusqu’à avaler des choses très lourdes. (Ce qui distingue FORT APACHE des deux autres, c’est le cas de conscience énorme.) Peut-être à mon sens les films où Wayne est le plus l’alter ego de Ford, mais je délire peut-être un peu, proches alors de L’HOMME TRANQUILLE par exemple, intimes. Ford était un chef, lui aussi… Bref… En tout cas, hein, c’est un sujet qui nous passionne… Et il faudra bien un jour que je me décide à lire le Mc Bride, que j’ai depuis deux ans, dans ma bibliothèque… Allez, so long! Hi ho Silver! (Au fait, c’était quel film?)
cher JCF: pour le « e » au début, je me suis planté,ok? la précision ultime sur la présence ou l’absence de « e » est la dernière, ok? Pas fâché? bon. Pardonné, alors? ouf!
pour le reste, vous avez tout à fait raison (ah, là je serai pas contesté…)! De toute façon, Ford c’est tout ou son contraire, tout le monde a raison, renoirien, Ford.
Mais vous n’avez pas raison de n’avoir pas lu le McBride, c’est impardonnable, c’est honteux, vous devriez avoir honte! Shameonyou, mon pote! Hi-Ho! (c’est dans les Lone Ranger…), c’est là-dedans que vous lirez la précision sur le « e », quel maniaque, ce McBride… mais sérieusement le « non e » apachien (ou le « e » riograndeien) n’est pas un argument sérieux pour couper Kirby en deux (trop conciliant, moi, ça me perdra…).
Enfin, je crois vraiment que le Brittles de RIBBON est vraiment un type à part, qui sort le film de la trilogie « Cavalerie », les deux autres sont vraiment des hommages à celle-ci, dans RIBBON, la cavalerie est à part de l’histoire de ce vieux type qui part à la retraite. So long à vous et tout ça, blood ‘n guts.
aux Fortapachiens: oui oui, c’est très intelligent, ce « masquage » de Custer par JF, ça généralise la portée ça en fait un problème général: les excès de la hiérarchie militaire. Au fait, il me semble bien que c’est le seul film de tuniques bleues dans lequel on assiste au « racisme » social d’un officier à l’encontre des non-officiers. A-t’on vu ça dans un de ces westerns soi-disants « contestataires » des années 70? C’est pour ça que je trouve que ce film de 48 annonce le cinéma moderne (il ne serait pas le seul, mais l’un des rares!). McBride ne commente pas cette « transformation », par JF et Nugent ou comment ils ont voulu approcher Custer en créant Thursday, car enfin, c’était volontaire, de changer de région, d’Indiens, et de pas lui coller une perruque blonde à Fonda…
Au fait!!! Quelqu’un peut-il me dire si l’édition 2012 RKO bleue de FORT APACHE (vous savez bien, ce film de Ford…) est meilleure que la 1ère chez Montparnasse aussi, vu qu’à revisionner cette édition « coll. Diamant » j’ai manqué m’étrangler d’indignation devant la qualité, à l’époque j’étais moins difficile… Merci!
MB : La « collection diamant », immonde, je l’avais vite refourguée. Celle qui a suivi, chez montparnasse, en collector (avec des bonus très bien) est très très bonne, selon moi. La pocket est sans doute issue de cette dernière, puisque c’est la plus récente. À vérifier.
A Martin-Brady : Je ne sais pas si l’on va terminer avec cette histoire, mais si l’ambiguïté du film lui donne du charme, je reste gêné par les allusions à Custer dans « La charge héroïque » (filmé un an après Fort Apache). Vous souvenez-vous de :
« L’immortel régiment de Custer »
« Une bien triste nouvelle : Custer et ses hommes massacrés dans une embuscade » ?
On est quand même loin du regard critique de Fort Apache; et Ford n’était sans doute pas obligé de garder ces allusions, toutes fugitives qu’elles fussent.
Pardon encore si vous commencez à vous lasser gravement de la question…
A Minette Pascal
Je croyais pourtant avopir répondu une fois pour toutes à ces objections : LES CONTEMPORAINS N’ONT PAS LE MÊME REGARD CRITIQUE, ANALYTIQUE QUE DES HISTORIENS UN SIECLE PLUS TARD. Et ce d’autant qu’ils n’ont pas participé à l’évènement. Pour des soldats français la mort des cavaliers lors de la charfe de Reischoffen fut un évènement tragique. C’est plus tard qu’on commença à écrire que le fait de les faire charger dans une vigne était une stupidité criminelle. Les collègues de Brittles ont une vision lointaine (dans l’espace) de l’évènement et à l’époque de la CHARGE HEROIQUE, les archives sur Custer avaient été completement bloquées par sa veuve qui refusait de les divulguer et, de plus, faisait des procès à tous ceux qui critiquaient son mari. Ford est contemporain de ses personnages pas des historiens actuels. Qua,d il les cotoie de manière frontale (FORT APACHE) son jugement est net et précis. Quand il film des copains de régiments (qui ont pu se cotoyer quand Custer se battait pour le Nord et Lincoln) il est aussi leur contemporain. Ce ne sont pas deux attitudes différentes, c’est respecter la vérité. Ce que vous demander fait hurler des historiens comme Audoin Rouzeau qui trouve que beaucoup de films plaquent sur la guerre de 14 l’idéologie, la vision d’aujourd’hui et refont l’Histoire en étant confortablement assis avec des certitudes à posteriori
à Minette Pascal: BT a raison, le commentaire du début sur Custer dans RIBBON sonne comme un commentaire de l’époque (si j’ai bien lu sa réponse ci-dessus) influencé par la propagande journalistique alliée du pouvoir (histoire éternelle),les gens n’avaient pas de recul, pas comme un regard actuel, d’ailleurs dans FORT APACHE c’est bien un regard actuel qui est critique sur Custer, car c’est la mise en scène qui induit le spectateur d’aujourd’hui (dans le sens du moment où il voit le film!) en lui donnant les éléments qui vont l’amener à remettre en question lui-même la brutalité militaire, autorisée par la hiérarchie militaire, par la nature même de la chose militaire. Ceci dit, ça n’est pas forcément efficace, car le film a été jugé en plus d’insignifiant, d’enfantin, et certains seraient assez cruches ou bas de plafond pour le juger comme militariste un comble! Comme mon copain à qui j’avais prêté YELLOW RIBBON et qui me l’a rendu avec des commentaires sur le racisme et le paternalisme de JF! Je ne lui parle plus, il a signé l’arrêt de mort de notre amitié, le loustic.
À Bertrand Tavernier : J’ai attendu d’être sorti de la discussion sur FORT APACHE pour revoir votre intervention en bonus du DVD collector, que je n’avais pas revu depuis… 8 ans peut-être. Pour vérifier aussi ce que je vous avais éventuellement piqué, forcément. Un moment formidable, d’une telle clarté, je ne sais pas comment vous faite pour parler comme ça apparemment sans notes, juste animé par le plaisir, c’est une matière vivante. Ça justifie évidemment l’édition collector. (Il y a aussi je crois un très bon sujet sur les « mitaines », que je vais aussi revoir…) Je me demandais qui m’avait mis dans la tête si fortement (moi qui ai la tête si dure) cette notion de communauté chez Ford… Alors merci, merci infiniment, un petit plaisir que je me fais, moi qui ne suis pas du tout un flatteur. Vous terminez sur Robert Parish, et c’est magnifique : « Il (Ford) détruisait quelqu’un et il lui donnait la chance de sa vie… »
A B. Tavernier : Au sujet de Ford et de Custer, je n’imaginais pas que certains actes de guerre du « tueur de squaws » pouvaient être ignorés à l’ époque de Ford. Je verrai la « Charge Héroïque » plus sereinement désormais. Merci.
A Martin-Brady : Moi, ça fait longtemps que je n’exhorte plus mes amis à découvrir John Ford. La dernière fois, on m’a rendu « Le fils du désert » en me disant que c’était ennuyeux. Comme vous, j’ai découvert à cette occasion l’extrême fragilité du concept d’amitié…
A Martin-Brady
Parmi les 8 titres Ford édités par Montparnasse, 4 d’entre eux bénéficient d’une édition collector (dans ce cas présent le mot n’est pas usurpé) : THE INFORMER / STAGECOACH / FORT APACHE et SHE WORE A YELLOW RIBBON.
Hormis les analyses de Tavernier, Eisenschitz, Fuller (!), et autres bonus passionnants, sur chacun des 4 titres figure une interview de John Ford par son petit fils Danny, réalisée dans les derniers mois de la vie du cinéaste borgne, en 1973 (de 18 à 25 minutes en fonction des films). Et écouter Ford, brut de pomme, ça vaut tout l’or du monde ! Je ne compte plus les fous-rires et autres émotions vécus en me passant et repassant ces témoignages merveilleux.
Donc Martin Brady… Tout ça pour vous dire (ainsi qu’à Frédéric en passant) que certaines éditions sont essentielles pour le cinéphile et que le côté buté « le film, rien que le film » me paraît quelque-peu réducteur, tout-du-moins si ça devient un principe immuable…
Toujours est-il que OUI l’édition slim RKO de FORT APACHE, propose la même copie que le collector qui est à mille lieues, qualitativement parlant, de l’édition Diamant.
A Sullivan
Il faut quand même dire que pendant une partie de l’interview, Ford gromelle, refuse de répondre sinon par mono syllabe et soudain dit qu’il était le meilleur chef opérateur et cadreur de la profession
à Sullivan: merci pour les infos, mais pour la dualité dvd cher-pas cher il me semble bien avoir dit qu’une quantité raisonnable de bonus (DE QUALITE) était intéressante, rien de plus. J’ai aussi dit que si plein des gens aimaient les collectors tortionnaires de porte-monnaie, c’était leur droit le plus strict. Je n’ai pas l’intention d’en faire un combat anarcho-révolutionnaire interminable. Amicalement.
à Sullivan: ma réponse est un peu… « monacale », ne m’en veuillez pas, je préfèrerai toujours le film à l’objet autour mais je ne veux pas dénigrer ceux qui aiment les collectors! Paix sur terre aux cinéphiles de bonne volonté… et tout ça…
mais enfin quand même un film à 190€ c’est quand même un peu ?!!!???!????!!scrogneugneu
(pardon, je me calme je me calme, ça va aller…)
A Bertrand Tavernier,
Oui c’est vrai que Ford grommelle pas mal, mais moi ça me fait rire. Ce côté bourru a quelque-chose de très attachant, et parfois de très juste (qui aujourd’hui pourrait se transcrire par un anti-parisianisme féroce si Ford était français… enfin là, j’extrapole…).
Cette manière qu’il a aussi de ne pas y toucher en demandant à son petit-fils de reformuler une question, faisant mine de ne pas avoir compris…
Mais ce serait réducteur de n’en dire que ça de cette interview fleuve, qui nous en apprend quand-même un bout sur l’homme qu’il était. Une photographie à un moment donné en tout cas. Et ça me semble précieux. Tout le monde n’a pas eu la chance de le rencontrer, même si vous avez dû en baver en jouant les Eliot Ness avec Pierre Rissient pour le maintenir à peu près sobre…
Bon, mais il faut dire quand-même qu’il nous parle de Nugent, de ce qu’il pense de lui, de ses amis Navajo en se mettant en valeur certes : « A chaque fois que je retourne à la réserve, je dois aller embrasser tous les nouveaux-nés comme le ferait un président »… et de pas mal d’autres détails… Il faut l’avoir écoutée au-moins une fois cette interview, comme il faut absolument voir le film de Bogdanovitch « Directed by John Ford » (si je ne me trompe pas, c’est dans ce film, que Bogda nous livre ce que Ford dit à Kathryn Hepburn, à la fin d’un entretien, croyant que le magnétophone est arrêté… Elle fut l’amour de sa vie, mais alla à un autre : Spencer Tracy. Cette histoire nous en rappelle tant d’autres, telle celle de l’amour que Powell portait à Deborah Kehr, qui lui préféra les sirènes d’Hollywood, ou bien nos propres histoires sans chercher plus loin. Et Ford qui parle à son petit-fils, c’est un peu notre grand-père qui nous parle.
À Sullivan : Bien d’accord avec vous. J’adore aussi le moment où Ford tapote du bout des doigts un rythme sur la table, l’air de dire qu’il s’emmerde un petit peu. Et quand son petit fils lui demande pourquoi il aimait tant faire des westerns : Why not?… (Après, il développe, quand même : Le grand air, Monument Valley, John Wayne, hard work and lots of fun…)
Quelqu’un pourrait transmettre ici la critique de Truffaut pour NIGHT? Mon exemplaire des « Films de ma Vie » dort dans un carton loin… Je vois une contradiction dans le post de Mr Rawls entre « great film » et « Truffaut’s response is the best piece of criticism of his I’ve read », Truffaut n’aima pas le film à sa sortie, si j’ai bien compris?! Remarquez, même si cette critique descendait le film, elle peut être intéressante même pour qqn qui l’aime!
A Martin Brady
Ce n’est pas l’avis de Philippe Garnier qui la décortique
à Bertrand Tavernier: je sais pas je ne connais pas non plus le texte de Ph Garnier.
On parlait de Spielberg par hasard et paf! voila notre homme choisi comme président du jury à Cannes…
Dans d’autres nouvelles j’ai trouvé un dvd anglais de La Honte de La Jungle, le dessin-animée pour adultes de Szulzinger et Picha avec dans la version américaine les voix de Bill Murray et John Belushi entre autres.
Il est écrit que c’est la première fois qu’il est édité en dvd (titre anglais: Jungle Burger, titre original anglais:Tarzoon), mais un dvd français existe-t-il? Comme c’est un film belge je serais curieux de voir la version française. Même un VHS ferait l’affaire.
Les Jacob-Frémaux considèrent-ils qu’il n’y a aucun réalisateur français digne de présider le jury de Cannes, ou ces derniers refusent-ils d’y aller ? Ce qui serait tout à leur honneur d’ailleurs.
Et pourquoi serait-ce à leur honneur? Je trouve le travail de P Jacob et Th Frémeaux admirable de ténacité, d’ouverture, d’intelligence: qd on voit le bilan d’une année, le meilleur a été diffusé et svt révélé à Cannes ds une section ou une autre!
Les jeunes cinéastes révélés par Cannes ont été légion.
On dirait que cela devient un sport national de dénigrer notre festival qui pourtant est meilleur que Berlin, Venise ou Sundance.
En 2014, en tout cas je verrais bien Bertrand président de jury: cette idée n’a t’elle jamais été suggérée?
A Ballantrae
Pn m’a proposé d’être membre du jury. J’ai refusé. Je n’aime pas faire partie de jurys qui jugent les autres cinéastes.
A Ballantrae. Bertrand Tavernier vient de vous donner une réponse. Chabrol (qui n’a jamais mis les pieds à Cannes) considérait que c’était une manifestation corporatiste, mais surtout, personne n’ignore que le jury n’est pas totalement libre de ses appréciations. Kirk Douglas qui en fut le président raconte dans ses mémoires comment Jacob l’a obligé à attribuer un prix qui n’était pas prévu au palmarès, et comment il l’a trahi au moment de la remise des trophées, en disant qu’il était parti pour raison de santé, alors qu’il l’avait fait pour exprimer son désaccord.
Manux
Il ne faut pas exagérer. Cannes a révélé de nombreux films et de nombreux cinéastes et on raconte tout et n’importe quoi sur les palmares, la conduite ou les pressions sur le Jury. On avait dit que Tarantino avait poussé FARENHEIT 9/11 parce que c’était produit comme ses films par les frères Weinstein. Or il avait, je crois, voté contre et en tout cas pas poussé le film. Souvent les membres du jury spnt les vrais responsables de leurs choix sans qu’il y ait de pression. Sean Penn et Chereau pour des raisons diverses se sont opposés au film d’Eastwood. Ils manifestent à tort ou à raison leur gout. Souvent les metteurs en scène se font un point d’honneur à voter pour le film qui est le plus éloign,é de leur cinéma, ce qui leur permet au passage d’éliminer des cinéastes qui jouent dans la même catégorie qu’eux (Cronemberg et Lynch avec résultat un vote pour Bruno Dumont) Je ne sais pas si on peut vraiment faire confiance à Kirk Douglas. Ses mémoires sont truffées d’approximations toujours à sa gloire
à Ballantrae: oui, sans doute, mais quand je revois cette montée des marches avec ces singeries, ça me dégoûte! Pour moi, c’est le contraire du cinéma! OK, jet de mauvaise humeur de dimanche matin terminé. Oui, Cannes fait connaître plein de films mais plein de petits festivals mis ensemble ont autant d’importance que Cannes, et sans singeries!
A Bertrand Tavernier : Il y a tant de films importants (dont les vôtres) qui n’ont pas eu besoin de Cannes pour s’épanouir, et les grands films distingués au festival se seraient de toute façon imposés sans être passé par là. A quelques exceptions près les palmés sont tous des réalisateurs largement confirmés. C’est en ce sens que je partage le point de vue de Chabrol. Si Cannes a une réelle utilité pour révéler des talents (voire à lancer une carrière) c’est à la quinzaine. Ce qui me parait vraiment risible est que Miller, Corneau ou vous, ayez été appelés pour faire partie du jury, et non pour présider, d’autant plus qu’en 30 ans il n’y a eu que trois réalisateurs français à la présidence (dont un qui compte pour du beurre.)
A Manux
Mais Cannes a aidé UN DIMANCHE A LA CAMPAGNE énormément et aussi UNE SEMAINE DE VACANCES et j’ai été attaché de presse de nombreux films que Cannes a révélé. Le fait d’être sélectionné a protégé Lino Brocka, Pino Solanas, Carlos Saura, Kiarostami des metteurs en scène soviétiques. Révélé Jane CampionOui, il y a la montée des marches et la course aux stars et au glamour et il y a des films qui passent scandaleusement à la trappe comme BRIGHT STAR, MONSIEUR KLEIN, si mal reçu, WHO »LL STROP THE RAIN et plein d’autres. Mais Xavier Beauvois lui doit une fière chandelle
Simenon dans ses memoires raconte aussi son experience de president du jury l’annee ou
« La Dolce vita « a emporte la palme et COMMENT ce n’etait PAS DU TOUT prevu!
Que Bertrand Tavernier n’est jamais été président de jury laisse perplexe .
En tout cas j’espere bien voir Quai d’Orsay au festival de Rio (debut octobre) et n’hesitez pas a me contacter- si besoin etait d’un sous titrage en Portugais- de vous trouver une equipe de traduction -sous-titrage !
Petite note historique sur Cannes: rappelons nous qu’il fut initié par Jean Zay ( outre sa contribution à la culture, il fut un excellent ministre de l’éducation nationale, denrée inexistante depuis de nombreuses années)afin de concurrencer la Mostra de Mussolini.
Jean Zay fut aussi le soutien actif de Langlois pour les prémisses de la cinémathèque.
Un nom souvent mal identifié qui mérite qu’on s’attarde sur lui (cf biographie de Gérard Boulanger Jean Zay, la république assassinée chez Calmann Levy).
attaquer Cannes c’est vraiment bêta, il suffit de regarder les films qui égrenent les palmarès voir les selections et comparer leur qualité à la qualité moyenne de ce qui sort périodiquement dans l’année et on s’apercevra de l’importance de ce festival. le travail de Jacob et Frémaux est vital sans eux pas de Jane Campion, pas de Jim Jarmusch etc etc , en tout cas tel qu’on les connait à présent.Alors oui il y a les travers et les dérives mais si elles vous dérangent ne regarder pas les guignoleries de Canal+ et ne préoccupez pas des à côtés inévitables. Ce qui concerne le cinéma est quand même remarquable. evidemment il y aura toujours des gens petits comme Chéreau qui règle leur compte lors d’un palmarès mais c’est la vie, nobody’s perfect. globalement ce festival est très positif.
oui et puis de toute façon pour « vendre » le cinema et certains films, il faut attirer les gens par une sorte de luxe artificiel « parce qu’il le vaut bien » : les a-cotés de Cannes sont nécessaires sinon personne ne parlerait de certains films et on se retrouverait comme dans certais festivals avec des journalistes et des cineastes parlant entre eux de films que personne n’ira jamais voir : et puis la foule est attirée par des vedettes mais si par bonheur elle tombe sur un film original et sans star, je pense que ce sera gagné : les stars font vendre et rapportent de l’argent qui permet aussi -j’ose le croire – de financer des films plus personnels et originaux
à Maxou37: c’est pas les fameux « strass et paillettes » (qui me révulsent) qui font l’utilité de Cannes, c’est la programmation de Jacob, Frémont et leurs fureteurs. Ce côté m’as-tu-vu c’est tout ce qui intéresse les chaînes d’infos ou les jt ou les magazines à la c… Cannes, moi, je l’apprécie quand c’est fini, c’est un tamis qui retient les bons films qui vont me régaler plus tard dans un calme plus cinématographique (éventuellement). Mais gardez-moi des smokings et des « stars » au-secours…
à propos de Spielberg, je viens de lire qu’il envisage de remettre en selle le projet De Kubrick sur Napoléon.
Je suis vraiment dubitatif. déjà A.I. on cernait très bien ce qui avait été prévu par Kubrick (brillant) de ce que Spielberg a rajouté (très convenu).
oui moi aussi : je crois qu’un ouvrage est paru sur ce projet (il contient notamment les dessins de costumes). Et je ne sais pas si c’est l’ouvrage de Burgess (auteur de Orange mécanique et de La symphonie Napoléon) qu’il voulait adapter. Et je crois aussi que c’est Al Pacino qui devait jouer Napoléon (ou Nicholson, je ne sais plus).
AI m’a aussi déçu : trop spielbergien et pas assez kubrickien (!!)
A Nemo,
En fait il s’agira d’une série TV d’après le projet de Kubrick. Beaucoup d’autres illustres figures de l’ Histoire intéressent Spielberg (notamment Martin Luther King) et il disait récemment avoir ce goût depuis l’école. C’est dans cette matière qu’il avait ses meilleures notes.
Je suis à vous écouter sur France Mu. Particulièrement touché par votre hommage à un de mes films préférés car inépuisable, la Nuit du Chasseur, je voudrais poser deux questions :
– Trouve-t-on quelque part une étude de l’échec de ce film aux USA ? J’ai bien ma petite théorie (l’image peu flatteuse qu’il donne de ce pays, notamment la stigmatisation de la bigoterie) mais on doit sans doute aller plus loin.
– Où peut-on lire le plantage magistral de Truffaut sur ce film ? Plantage bien troublant si on se souvient que lui aussi fut un cinéaste de l’enfance maltraitée…
Sur Powell. Plus je revois le film, et plus je trouve passionnante sa double face : inquiétant et omnipotent s’il s’agit de berner tous les Spoon de rencontre, de fasciner les Ruby (et de retrouver les enfants), ridicule et impuissant s’il s’agit de les capturer (sa chute dans l’escalier ou dans la vase, malgré son cri terrifiant) ou de gagner le combat avec Miss Cooper (ses cris de lapin quand il fuit dans l’écurie, dont il ne peut pas sortir, comme piégé).
Ce film, devenu intemporel, a une qualité actuelle : permettre de dénoncer la victimolâtrie. La bonne et la mauvaise attitude face aux victimes, j’en ai eu la claire vision avec la scène du procès de Powell, où les Spoon (deux épiciers cons et bigots – qui a dit pléonasme –, cons au point d’avoir poussé la mère de John et Pearl dans les bras du faux prêcheur qui va la tuer) fondent dans la rue sur les enfants-victimes en gémissant de toute leur pitié gluante, les traitant de « pauvre petits agneaux de Jésus ! ». Enfants qui sont immédiatement tirés du sale bénitier épicier par Mme Cooper, celle qui les a recueillis, lavés (fessé le garçon qui refusait), et qui les aide à se reconstruire.
Mais sans jamais les plaindre ni rien leur demander.
J’arrête, il y aurait tant à dire sur la relation John-Miss Cooper, John-son faux père, Ruby, un personnage de scénario à elle toute seule…
(Il faut absolument lire le livre éponyme)
A propos de la journée sur France Musique, j’ai trouvé un peu consternant que le producteur chargé de l’entretien sur le cinéma hollywoodien ose avouer qu’il n’a pas pu mettre la main sur une seule musique illustrant l’évocation de John Ford, pourtant cité comme une référence essentielle par B.Tavernier. Quand on pense à la place que tient la musique dans l’oeuvre du réalisateur américain, il y a de quoi se taper une bonne crise de nerfs. D’autant plus navré que cette chaîne est la seule que j’écoute de manière régulière…
A Minette Pascal
Il y eu très peu de disques sur la musique de Ford. J’ai des 45 tours qui contiennent parfois une chanson (THE SEARCHERS, LES CAVALIERS)
Malgré tout, c’était facile de piquer sur un DVD n’importe quel moment de presque n’importe quel film et de faire entendre ne serait-ce qu’un générique, un petit thème comme celui qui parcourt L’homme qui tua Liberty Valance, par exemple, un choeur de « Qu’elle était verte ma vallée », une chanson traditionnelle ou une même une page symphonique ! Comme embarras du choix en matière musicale, John Ford se pose quand même un peu là. Quoi qu’il en soit, merci pour ce que vous nous avez apporté au long de cette journée…
Cher Minette Päscal, il y a des problèmes de droits, une radio comme FMusiques ne peut diffuser une interprétation donnée si les droits de diffusion radio ne sont pas disponibles, ça doit être le cas ici. Il n’y a aucun cd audio présentant des b.o. de films de Ford, auquel cas les droits de diff radio en seraient disponibles, mais les droits de diffusion radio des bandes-son seules figurant sur les dvds de ces films ne sont pas prévus, il n’y a pour ceux-là que des droits de diffusion des films eux-mêmes: divisés d’ailleurs en droits pour une utilisation privée (vente aux particuliers), ou de prêt (médiathèque…) ou de location (video clubs). Je ne crois pas que le présentateur Lionel Esparza pouvait contourner ça, sinon il l’aurait très certainement fait! Il s’est mélangé un peu entre Melville et Tourneur mais excellente émission quand même! Il semble que Ronde de Nuit diffusée dans la nuit du 28/02 au 1er/03 (entretien de 2h!)ne soit pas encore dispo au téléchargement.
je redonne le lien pour retrouver les téléchargements (ou « podcasts » si on veut les appeler comme ça…):
http://sites.radiofrance.fr/francemusique/ev/fiche.php?eve_id=315000546
A Martin brady
Ce n’est pas tout à fait exact. La radio dispose d’un statut particulier qui permet de programmer presque n’importe quelle musique. Elle verse une somme globale que la SACEM répartit selon les minutages. Ce n’est pas comme à la télé où il faut acheter des extraits. Et il y avait une émission sur la chanson dimanche 24 à 23 heures avec l’excellent Laurent Valero
… on peut réécouter Ronde de Nuit du 1er mars en ligne, si on ne peut pas pour l’instant la telécharger.
à B Tavernier: merci pour les précisions, FMusiques avait les droits de diffusion sur les musiques des dvd des films de Ford? c’est comme dit Minette Pascal, alors, dommage qu’il l’ait pas fait!
grr… je voulais dire « dommage que FMusiques ne l’ait pas fait » (diffuser les musiques en les extrayant des dvds »… désolé.
Bon, Olivier Le Borgne est vachement sympa vu qu’il répond à mon mail ce dimanche à 7h00 pour me dire que l’émission RONDE DE NUIT sera dispo au téléchargement dés demain! Ce n’est donc pas inutile d’utiliser le formulaire de Contact, merci à lui de répondre! En attendant, la dernière émission dispo est celle du 24 février consacrée entre autres à HOW GREEN WAS… et WONDERFUL COUNTRY, je connaissais pas cette émission et je sens donc que je vais surveiller les programmes de FM plus attentivement. C’était une très bonne idée de la part de FM de faire se confronter en une journée des critiques musicaux plus habitués à Chostakovitch qu’à John Ford, à un cinéaste, ça signale quand même leur ouverture d’esprit, en général des cinéphiles interviewent des cinéastes, ça change. Ronde de Nuit est elle, consacrée spécialement à la musique de film, habituellement dans la nuit du dernier dimanche du mois, il y a une émission sur Powell Pressburger dans les archives evec plein de leurs musiques de films!
ça y est: l’émission Ronde de Nuit avec BT est dispo ici, merci mr Le Borgne, je donne le lien pour le télech avec le programme:
http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/ronde-nuit/emission.php?e_id=35000035 (on peut aussi l’écouter en ligne, oeuf de course)
dans cette émission de 2h, deux parties: 1/entretien avec BT sur John Ford (rediff de mars 2008)avec plein de musiques des films de JF pour Minette Pascal! 2/ musiques liées aux films de BT: Mississippi Blues, Autour de Minuit et Brume Electrique, de quoi s’en coller plein les oreilles!
et je guetterai dorénavant les programmes de FMusiques!
On a pu néanmoins trouver quelques B.O complètes depuis quelques années :
– SEVEN WOMEN chez Silver Age classics sur un même album que NEVER SO FEW(!)
– CHEYENN AUTUMN sur un CD australien (le 33T était sorti en 83)
– THE SEARCHERS à télécharger sur http://www.7digital.com/artist/max-steiner/release/the-searchers-original-film-soundtrack
– THE QUIET MAN en CD chez Silva Screen
– GRAPES OF WRATH en CD sur le site de CD Universe
– RIO GRANDE en vinyle chez Varèse Sarabande et qu’on peut télécharger sur I-Tunes
– STAGECOACH et FORT APACHE sur un même CD de 2003 chez Soundtrack Factory
– SHE WORE A YELLOW RIBBON en vinyl chez RCA en import japonais, idem pour MY DARLING CLEMENTINE chez Victor
– HOW GREEN IS MY VALLEY en CD chez Soundtrack classics
et enfin, plus courant, une compilation des musiques de films de John Ford avec John Wayne qui comprend la quasi totalité de la B.O de HORSE SOLDIERS, avec des morceaux de STAGECOACH, FORT APACHE et THREE GODFATHERS.
Avis aux amateurs !
merci beaucoup pour toutes ces infos patiemment listées, précieux!
Sur l’échec de THE NIGHT OF THE HUNTER, quelques éléments de réponse dans le livre HEAVEN & HELL TO PLAY WITH – THE FILMING OF THE NIGHT OF THE HUNTER quant à la mauvaise distribution dont s’est rendue coupable United Artist.
à propos de Truffaut, moi je pense qu’il faut arrêter de le mettre sur un piedestal.
Sur Truffaut on pourrait en parler longuement. Il est vrai qu’il y a une sacralisation du personnage et de son oeuvre, au vu de l’abondante littérature que l’on peut trouver à son sujet, sa disparition prématurée n’ayant fait qu’augmenter encore son aura. Personnellement je l’adore et je connais tous ses films par coeur. Mais pour être franc certains ne m’inspirent pas du tout, notamment LA MARIÉE ÉTAIT EN NOIR où j’ai vraiment du mal à le suivre. Quelque chose me paraît particulièrement sonner faux, et je le trouve par ailleurs assez mal filmé. Je suis sans doute un peu dur. Je ne m’étendrais pas sur FAHRENHEIT qui était une parenthèse dans sa carrière, étant également assez critique sur LA SIRÈNE DU MISSISSIPI, malgré par ailleurs ses beautés. Le jeu des acteurs, il faut bien le dire, est très agaçant. C’est presque Godardien mais sans l’humour.(D’ailleurs c’est curieux, Delerue est ici remplacé par Duhamel…)
Parmi ses films des années 70 il y aussi le cas des DEUX ANGLAISES, on peut bien sûr beaucoup l’aimer (le texte, la lumière admirable, Léaud surprenant et grave) mais la voix off omini-présente est tout de même assez insupportable, ce qui n’était pas le cas dans L’ENFANT SAUVAGE dont la forme était proche du documentaire. Ce dernier est d’ailleurs l’un de ceux que je préfère. Tout y est dit sur l’initiation et le rapport à la société. Il fallait quand même le faire, surtout parti d’un Rapport ! Réserves aussi sur L’ARGENT DE POCHE et L’HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES, avec un grand questionnement sur LA CHAMBRE VERTE malgré son audace et sa sincérité. Au risque de déplaire à certains je trouve que LE DERNIER MÉTRO passe mal l’épreuve des années contrairement à LA FEMME D’A CÔTÉ.
Par contre, je trouve les DOINEL magnifiques (surtout BAISERS VOLÉS) et malgré L’AMOUR EN FUITE qui était de trop, c’est dans cette pentalogie qu’il exprime le mieux son amour de la vie, sa nostalgie du temps qui passe, sa compréhension des êtres, sa capacité extraordinaire à retranscrire le monde des sentiments. Inutile de s’étendre sur ses premiers chefs d’oeuvre, des MISTONS à LA PEAU DOUCE, tous admirables, avec aussi L’HISTOIRE D’ADÈLE H dont on parle finalement très peu, et que je considère comme son plus beau film des années 70. Adjani y est tout à fait extraordinaire.
C’est vrai que même dans un moins bon Truffaut il y a toujours un moment merveilleux, une tâche de lumière, un fragment bouleversant, et il fait partie de ces cinéastes dont on ne peut détacher ni la vie, ni l’oeuvre, ni l’amour du cinéma, comme formant un seul et même langage. Il force le respect de par sa totale sincérité. Peut-être aussi qu’avec ceux qu’on aime le plus on est le plus exigeant, la flèche fusant facilement, désinhibés que nous sommes face à eux, et oubliant l’espace d’un instant tout qu’ils nous ont donné.
A Bruno Francois Boucher
J’ai ce texte qui contredit presque entièrement la proposition initiale. En sommes, comme beaucoup de gens vous aimez 4 ou 5 Truffaut mais pas tous ses films
Pour ma part, je pense aimer profondément la quasi totalité de l’oeuvre de Truffaut à l’exception d’Une belle fille comme moi ou Farenheit 451 et encore j’y décèle de très belles idées de mise en scène, d’écriture, de jeu.
Il n’a peut-être pas l’importance novatrice d’un Renoir, d’un Bresson, d’un Resnais ou d’un JLG mais il compte dans le paysage cinématographique car ses films sont à la fois la conséquence d’une vraie pensée du cinéma comme révélateur de ce qu’est la vie mais aussi le révélateur de ce que peut être « une vie dans le cinéma », un lien organique qu’on pourrait nommer « le cinéma dans le sang » pour reprendre le titre du passionnant entretien de Bertrand avec N Simsolo.
Truffaut m’a accompagné durant mon adolescence, mes jeunes années et ces dernièrse années.Les Doinel ou L’argent de poche bien sûr m’ont donné l’impression non seulement que je regardais des films mais que ces films me regardaient.Par ailleurs, mon amour conjoint pour la littérature et pour le cinéma a forcément trouvé à s’épanouir face à Jules et Jim, Les deux Anglaises…, L’homme qui aimait…, ses adaptations de polars tellement diverses, intimes et justes,La chambre verte si bouleversante.
Et l’amour! Quelle délicatesse! Quel mélange de pudeur et d’impudeur toujours aussi étonnant!
Il y a bien un panthéon où seraient d’abord pour moi Les deux anglaises,Jules et Jim,les trois premiers Doinel,La mariée, L’homme qui…, L’histoire d’Adèle H, L’enfant sauvage, La chambre verte , La femme d’à côté, Vivement dimanche.Cela n’est pas trop mal pour un cinéaste, non?
A Ballantrae
J’ai été terriblement déçu en revoyant LA FEMME D’A COTÉ, n’ai jamais aimé JULES ET JIM ni bien sur UNE BELLE FILE COMME MOI. Je trou ses adaptations d’Irish ultra discutables et peu convaincantes mais je m’étonne de l’absence des 400 COUPS, de TIREZ SUR LE PIANISTE qui méritent de figurer à coté de l’ENFANT SAUVAGE, de la CHAMBRE VERTE et du film avec Desailly si souvent oublié. Et il y a aussi le Truffaut qui réengistra Maurice Jaubert (pour ADELE H et L’HOMME QUI AIMAIT)
Oui, c’est vrai. Truffaut m’a profondément marqué, j’ai étudié de long en large son cinéma, et je trouve que l’un de ceux qui en a le mieux parlé est Jean Collet. Curieusement, les films que j’ai le plus visionnés plus jeune (LES DEUX ANGLAISES, UNE BELLE FILLE COMME MOI, LE DERNIER MÉTRO) sont ceux dont la résonance est moindre aujourd’hui, même si je les conserve précieusement, aimant en revoir certaines séquences demeurées très fortes (La lettre de Muriel, l’épilogue au Musée Rodin -« Mais, qu’est-ce que j’ai ?.. J’ai l’air vieux aujourd’hui » – . Il y a des films dont je n’ai pas parlé et où il y a beaucoup encore à découvrir : LA NUIT AMÉRICAINE, par exemple, un film riche et complexe et unique en son genre, avec peut-être 8 ½, et VIVEMENT DIMANCHE sur lequel souvent on passe hâtivement, et qui est à mon sens le plus Hitchcockien. La façon dont le récit est mené est très élaborée (ce qui est aussi le cas d’UNE BELLE FILLE, moins réussi visuellement) et je crois que l’urgence qui se dégage de l’ensemble de ses films est le fondement même de l’oeuvre. Ce qui en explique la fébrilité souvent de la mise en scène, avec ses montages « heurtés » comme l’expliquait je crois Collet, certains de ses films étant pour moi quasi expérimentaux, comme justement LA CHAMBRE VERTE. Je crois que pour bien parler du cinéma de Truffaut il faut en connaître les mécanismes, je ne suis pas sûr d’ y parvenir. Le meilleur exemple que je pourrais citer est peut-être finalement FAHRENHEIT 451 : un sujet fascinant, une métaphore sur la Connaissance rare au cinéma, un film qu’il faut comprendre pour bien le voir, un film qui ne se regarde pas comme les autres. Lui-même parlait de « grands films malades », une belle expression. J’aime aussi être à leur chevet, ces films ayant permis à leur auteur d’accomplir des chefs d’œuvre par la suite. S’il n’y avait pas eu FAHRENHEIT, il n’y aurait pas eu L’ENFANT SAUVAGE. En ce sens je ne suis pas sûr que l’on puisse parler de Truffaut comme des autres cinéastes, même s’il est bon parfois d’être honnête avec soi-même. Mais peut-être ne suis-je pas bien sûr de bien me faire comprendre, ayant aussi, il me faut bien l’avouer, l’esprit de contradiction. Cependant je crois qu’on touche ici à un cas bien spécifique dans l’histoire du cinéma, d’un homme qui avait une volonté absolue de faire, d’accomplir, de dire, d’exister envers et contre tout à travers les films, l’idée de se risquer à d’autres activités et de se préserver physiquement étant même écartées de son esprit.
C’est en ce sens que je le perçois, peut-être est-ce finalement une mauvaise direction que de ne pas considérer l’oeuvre dans sa totalité.
Les 400 coups est compris ds le cycle Doinel que je place bien sûr très haut.
J’aime bcp …le pianiste mais son côté hétéroclite aux registres variés me séduit moins nettement que ses films plus amples.J’ai contrairement à vous d’emblée adhéré à Jules et Jim qd j’avais 14 ans et n’en ai pas démordu depuis.Le diptyque qu’il forme avec Les deux Anglaises qui me semble encore plus beau me passionne, me touche à chaque revisionnage.
Petit hommage en passant à S Hessel, fils de « Jules » et « Catherine ».J’ai bcp d’admiration pour ce vieux monsieur qui avait la jeunesse indignée et savait svt affirmer qqs repères avec netteté ds une époque où l’on s’ingénie à tt opacifier:rappel des leçons de la Résistance,rappel de l’héritage du Conseil National de la Résistance, nécessité de ne pas accepter ce qui relève de l’inacceptable, etc…
La peau douce est un fort beau film mais il faudrait que je le revoie car ses qualités sont secrètes mais sûres.
Le Truffaut intéressant, intelligent mais surestimé m’apparaît être Le dernier métro qui fut pourtant son triomphe public: qqs idées demeurent « théoriques » à mon sens, le jeu sur le théâtre est parfois trop souligné.
D’accord avec votre vision d’une oeuvre profondément organique comme si la chaîne des films était à comprendre dans son ensemble.Les films se font les uns avec les autres ou contre…L’oeuvre de Truffaut est une forme de conséquence de la « politique des auteurs » qui ne doit certes pas être sacralisée mais acquiert tout son sens pour celui qui en a défendu le concept.
Oubli fâcheux de ma part dans le panthéon truffaldien: bien évidemment La nuit américaine est un chef d’oeuvre absolu , l’un des plus beaux films sur le cinéma en train de se (dé)faire avec 8 1/2, Le mépris et L’état des choses.Un film différent des oeuvres montrant l’ambiance de tournage tout aussi importants tels que Les ensorcelés,Chantons sous la pluie,Le dernier nabab,Laissez passer car il se place dans un processus plus intérieur,comme dans une perspective autobiographique que le cinéaste soit présent dans le corps du film (chez Truffaut) ou qu’il soit représenté par un alter ego ( Mastroianni,Piccoli, Bauchau).
Farenheit 451 n’est pas totalement accompli, se range parmi les « grands films malades » mais effectivement a nourri ce qui a suivi.En tant qu’adaptation de Bradbury, c’est semi réussi car c’est parfois un peu factice, un peu tape à l’oeil.En soi, un tel roman pourrait faire l’objet d’une adaptation géniale par Cronenberg par exemple dont je viens de revoir l’admirable Cosmopolis.Ce lien entre organique et abstraction est plus patent che lui que chez Truffaut qui est aussi et d’abord un cinéaste du sentiment et du frémissement.
A Ballantrae
La NUIT AMERICAINE nous unit, COSMOPOLISnous sépare. C’est la vie
Sacré Bertrand! Je me doutais bien que Cosmopolis ne serait pas dans vos goûts…et je pense que cela concerne tout autant le roman de Dom de Lillo que son adaptation.
La dimension abstraite de Cronenberg me fascine depuis fort longtemps et Naked lunch que vous considériez avec distance m’avait semblé relever d’une volonté remarquable d’aller toujours plus loin dans l’exploration des limites de la conscience après le tournant amorcé par Faux semblants (mais il fallait être inattentif poir ne pas déceler ces ambitions dès Chromosome 3 ou Sacanners sans parler de Vidéodrome, un film sacrément visionnaire).
Cronenberg pourtant n’est pas qu’un cinéaste abstrait, il s’ingénie à explorer aussi le lien entre corps et violence que ce soit sur un mode fantastique ou sous la forme d’une série B policière élégante, sèche et traumatisante ( history of violence + Eastern promises).
Farenheit 451 pourrait être un livre pour Cronenberg car il sait donner des équivalences visuelles à des concepts et n’a aps peur de mettre en scène des dialogues touffus à la limite du bavard notamment dans ses deux derniers films.
En tout cas, La nuit américaine nous unit et unit bien des cinéphiles dans le monde et c’est là un signe de la granduer de Truffaut qui a su parler du cinéma à des cinéphiles, en cinéphile.
Je rejoins Ballantrae sur COSMOPOLIS que j’ai beaucoup apprécié. Le hasard a fait que j’ai découvert HOLY MOTORS dans la foulée, et c’est fou ce que ces deux films se répondent l’un l’autre.
Chez Cronenberg, le personnage principal, métaphore de l’homme moderne, qui peut faire tout ou presque (et ce presque c’est la vie), en appuyant sur des boutons, en analysant des écrans, en restant en permanence dans sa limousine. C’est l’homme le plus riche du monde, mais pourtant il est prisonnier de sa limo, de son argent, de ses possessions, et son garde du corps, omniprésent, devient son geôlier. Il reste immobile, le monde vient à lui, dans sa limo…
Chez Carax, c’est l’inverse, le personnage de Lavant est beaucoup plus libre, il se grime 10 fois par jour, pour vivre 10 vies, il va à la rencontre du monde, fait le bien (ou le mal…), mais il vit. Bon, mais il y va grimé, donc il se protège également, là est leur point de ressemblance.
Je me suis également amusé d’une question qui apparemment fut centrale pour les deux auteurs (Don DeLillo pour le roman Cosmopolis, et Carax pour son scénario original) : Où vont se garer ces grandes limousines le soir ?
Cronenberg y répond d’une manière assez chiche, alors que Carax a la lumineuse idée d’un garage qui s’appelle « Holy Motors », où toutes les limos sont parquées le soir. Elles sont garées en épi, un bel épi, qui fait penser à un épi de blé (les interprétations peuvent être diverses, blé = argent ou céréale source de vie…). Et quand les chauffeurs sont partis, les limousines commencent à converser entre elles, on entend leur voix et visuellement, quand les voitures parlent, leurs phares ou clignos s’activent. Et là, je pense ne pas avoir été le seul à avoir fait le lien, Carax fait l’un des plus beaux hommage au tout début de IT’S A WONDERFUL LIFE où on a un plan fixe de l’univers, dans lequel on voit deux galaxies clignoter. Ces deux galaxies sont Dieu hilmself et Joseph, qui statuent sur le sort de George Bailey (James Stewart)… qui à 22H45 va songer à se suicider. On connaît la fin, Bailey va être aidé par l’ange Clarence, qui va gagner ses ailes au passage… Un des plus beaux et plus justes happy ends de l’histoire du cinéma.
J’ai ainsi entendu pour ma part que Carax nous dit à la fin de son film que la vie est belle…
Quant à Cosmopolis, c’est beaucoup plus grinçant, mais pourtant tout aussi juste. Eric Packer (alias Robert Pattinson) va avoir une discussion avec son personnage-catharsis, Benno Levin (joué par un grand Paul Giamatti), qui en quelque sorte, est son ange à lui. La fin, on la devine, quoique Cronenberg a choisi de nous laisser l’écrire nous-mêmes cette fin… (contrairement au bouquin, où c’est explicite).
à Sullivan: pour que votre interprétation soit tout à fait juste, il eût fallu que le héros ne sorte jamais de sa limousine? Mais le nombre de fois où il rencontre des gens en-dehors de celle-ci est assez élevé, c’est dommage, ça brise l’unité, bon. De toute façon, les rencontres qu’il fait dans celle-ci sont assez ennuyeuses, j’ai bien compris tout le symbolisme social (pas con, quand même) du film mais j’ai rien compris à qui était l’épouse qui était la maîtresse, je me suis plus régalé à tenter de déceler les faux-raccords dans les mouvements de la limo révélés par l’extérieur aperçu par les vitres, par rapport aux champs-contrechamps sur les acteurs qui se parlent à l’intérieur mais bon, si je m’amuse avec ça c’est que le reste m’a laissé froid, à tort ou à raison.
La dernière scène avec Giamatti est fascinante, surtout le décor avec ces amas d’écrans cathodiques d’ordis périmés en fouillis savamment conçu!
Pour HOLY MOTORS, je vais être couillon mais il y a bien une allusion aux YEUX SANS VISAGES non seulement avec le masque d’Edith Scob, mais aussi avec la colombe qui frappe le pare-brise? Il y a des moments absolument fabuleux dans ce film. Scob est sublime, quelle femme!
On rigole beaucoup avec le bonus et l’intervieweur qui galère à tenter de faire parler Carax caché derrière ses lunettes noires, ses cigarettes et sa bouteille d’eau, quel mégalo! Mais il a de l’humour, vous avez vu ça:
http://susauvieuxmonde.canalblog.com/archives/2013/01/16/26167672.html
?
Il faut créer une catégorie « Films de Limousine », maintenant, alors?
C’est hors sujet mais tant pis.
Pour répondre à Sullivan, autant Cronenberg a su m’embarquer dans sa réflexion sur l’état de délitement d’un mode ultralibéral par la grâce d’une métonymie et de métaphores jamais lourdes, autant le travail de deuil (sa compagne, son cinéma, LE cinéma) de Carax m’a finalement déçu malgré de grandes attentes (j’adore tjs Mauvais sang comme le film qui m’a révélé à 16 ans le potentiel poétique du cinéma sur un mode convulsif et rimbaldien) car très théorique, gratuit dans ses collages, confus dans ses intentions.De très beaux moments mais seulement des moments, un bout à bout qui peine à faire oeuvre.Dommage car certaines scènes sont plastiquement puissantes et Lavant fait un boulot exceptionnel.Très vite le négatif l’a emporté sur le positif dans ma préhension du film.
A Martin-Brady, merci pour le lien !
Et je le recopie ici pour Ballantrae :
« Bonjour, je suis Leos Carax, réalisateur de films en langue étrangère. J’ai fait des films en langue étrangère toute ma vie. Des films en langue étrangère sont fabriqués partout à travers le monde à l’exception, bien sûr, des Etats-Unis. Aux Etats-Unis, ils ne font que des films en langue non-étrangère. Les films en langue étrangère sont difficiles à faire, car vous devez inventer une langue étrangère au lieu d’utiliser votre langue habituelle. Mais la vérité, c’est que le cinéma est une langue étrangère, une langue créée pour ceux qui ont besoin de voyager de l’autre côté de la vie. Bonne nuit ».
Je n’ai pas compris l’engouement pour HOLLY MOTORS. À Cannes, il faisait figure de favori. J’ai trouvé le film ridicule. Le seul intérêt est peut-être la performance à la Lon Chaney de Denis Lavant. Un one-man-show, à la rigueur. On le voit même en érection dans un tableau avec la pauvre actrice américaine dont j’ai oublié le nom et qui était venue faire la potiche, la pauvre. Mais Carax, quelle plaisanterie. Depuis ses débuts il nous la joue artiste maudit. Alors, il pause, le grand génie. Ça marche peut-être quand on est adolescent et pas très fin. La première scène, avec ses lunettes noires… Attention, c’est de l’art et peut-être même une réflexion très profonde sur le cinéma. Et la dernière scène, avec les limousines qui parlent… Mieux vaut en rire.
Puisqu’on en est à parler de Carax, je ne vous suis pas J Charles sur vos assertions sur un « cinéaste pour ados ».
Carax à l’époque de Boy meets girl, Mauvais sang ou encore Les amants du pont neuf est un cinéaste godardien,à savoir novateur,très référentiel et capable d’inventer des moments poétiques certes ostentatoires mais percutants.
Il est devenu un peu trop poseur, un peu trop sentencieux,un peu trop désabusé à mon goût mais il sait encore inventer des images et des sons neufs au milieu de scories difficiles à accepter.
Holy motors constitue un peu une arnaque, il est vrai mais tant pis pour ceux qui se sont trop pâmés dans la critique: je préfère qu’ils célèbrent trop un auteur qui revient de loin plutôt qu’ils ne le massacrent (ainsi Pola X avait été très mal accueilli injustement comme celui a été trop vite mis sur un piedestal) au moins il pourra revenir aux affaires.
à Sullivan: il faut préciser que Carax expliquait ainsi son refus du prix du meilleur film en langue étrangère décerné par la Los Angeles Film Critics Association.
à Jean-Charles: je crois qu’il ne faut pas se laisser convaincre par Carax du génie de Carax: c’est un très bon vendeur de son cinéma dans ses quelques interviews. Ce type a des idées qui parfois tombent à plat, là, il a fait un film à sketches pour lequel il s’économise de la difficulté qu’il y a à maintenir le fil rouge d’un projet de long-métrage du début à la fin: la séquence de chant dans la Samaritaine déserte est ennuyeuse et pas à cause de la chanteuse, l’agonie du vieil homme -bien que très bien jouée- aussi En fait la deuxième moitié du film baisse et endort: qu’est-ce que c’est que cette conversation avec Piccoli, c’est juste pour avoir Piccoli au générique? Avant, quand je m’endormais devant une séquence je mettais ça sur le compte de mon manque de sensibilité, maintenant je dis lâchement que c’est la faute du réalisateur, bref c’est un peu des deux! Ceci dit, Carax ne s’économise pas tout un tas d’autres difficultés: je me dis que la séquence avec la contorsionniste où ils sont en collants façon « arbre de Noël » a dû demander énormément d’efforts de tournage en-dehors des performances des deux acteurs, mais je me dis que ces efforts sont plus ceux de l’équipe autour de lui, ça doit être un bon chef! Je suis sans doute injuste, mais j’ai l’impression que Caroline Champetier (photo) fut plus essentielle que lui à la réussite du film.
Le film assure de très grands moments de plaisir au spectateur mais il me ne donne pas l’impression d’un projet réussi de bout en bout, d’un vrai long-métrage assumé dans ses moindres détails, aussi, comme les autres films de Carax ne m’ont pas excité, je ne suis pas encore un admirateur.
A Ballantrae,
J’aime bien cette impression que certains films de Truffaut vous « regardent », comme lui-même disait que des livres étaient vivants et lui « avaient parlé »… Des films sont parfois tellement vivants qu’ils sont, il est vrai, comme des êtres, des compagnons qui vous suivent toute une vie. SUNRISE, CITY LIGHTS, OBJECTIVE BURMA, LES DAMES DU BOIS DE BOULOGNE, LA TRILOGIE D’APU, ou LE JUGE ET L’ASSASSIN pour rendre hommage à notre hôte, ont par exemple changé mon regard sur la vie et sur les êtres à tout jamais. La perception que j’en ai au travers du temps ne s’est jamais atténuée.
Si l’on parle de Cronenberg, c’est un cinéaste fascinant, bien sûr. Mais la « sauce ne prend pas toujours « , comme s’il avait adopté un principe avec COSMOPOLIS. Je l’ai personnellement trouvé décevant malgré un début prometteur. Je trouve que, parmi ses visions apocalyptiques du monde moderne, EXISTENZ était tout à fait extraordinaire. C’est un film que je place très haut, tout comme le méconnu SPIDER, qui m’épate à chaque vision.
À MB : C’est très chouette, Aelita, et la copie Bach film, miracle, est bien, si ma mémoire est bonne.
À Ballantrae : C’est que nous sommes un peu vous et moi de la même génération et que j’ai moi aussi aimé MAUVAIS SANG dans ma jeunesse, à une époque où Beinex non plus ne me déplaisait pas (honte sur moi…) et même parfois pire, mais là je n’oserais jamais l’avouer… Après, on revoit les films, quelques années plus tard… C’était moi, surtout, l’ado pas très fin, même si j’étais déjà majeur et que je ne suis peut-être pas plus fin aujourd’hui… Bref. Vous aviez vu MERDE? Parce que moi j’ai trouvé qu’HOLLY MOTORS, 4 ans plus tard, était un développement de MERDE, que Carax avait cogité tout ce temps sur son MERDE (et non pas SA), qu’il avait trouvé des sous pour se payer Eva Mendes pour sa Pieta tellement inspirée et quelques limousines. MERDE, je précise, qui était son précédent opus, plutôt rigolo d’ailleurs, potache, où Lavant tenait déjà le rôle du type à l’œil crevé, sortant à l’époque des égouts de Tokyo tel un Godzilla bien de chez nous, mais qui avait le mérite de ne durer que 36 minutes, MERDE. Ça se terminait par un MERDE IN USA, comme une annonce donc… Sauf que ce fut MERDE in Paris… Malin, le Léos, drôlement malin… Mais globalement, pas de quoi fouetter un chat, ni s’indigner, je me suis juste un peu emmerdé. Godardien… je ne sais pas où vous voyez ça… De quel Godard parlez-vous? Il y en a tellement… C’est Rivette, qui en avait dit beaucoup de bien, de Carax… Je ne me souviens plus ce qu’elles disaient, les limousines. Pas bien grave.
Pas de réponse de Mr Tavernier à mes questions.
Sans doute ne fais-je pas partie du club.
J’aurais bien demandé pourquoi, à sa sortie en France, les étudiants riaient pendant la projection du film dans une salle du Quartier Latin, mais bof…
Il y a quelque années, j’ai croisé des gens qui s’étaient donné comme mission de diffuser, avec un solide dossier pédagogique, ce film dans les écoles. Sacré travail, car il faut aider les élèves à affronter la dimension « épouvante » du film. Dimension qu’on trouve dans cet extrait du livre :
…Le Seigneur préserve les petits enfants ! Ils en voient de dures. Le vent souffle et la pluie est froide. Oui, ils en voient de dures.
Et dans l’ombre d’une branche sous la lune, un enfant voit un tigre et l’aïeule dit : « Il n’y a pas de tigre ! Va dormir ! » Et quand ils dorment, ils connaissent le sommeil du tigre, et la nuit du tigre, et sur la vitre à minuit passe le souffle du tigre. Le Seigneur préserve les petits enfants ! Car à chacun d’eux est affecté un Prêcheur qui le poursuit tout au long de la sombre rivière de la peur qui ne sait s’exprimer et n’ouvre sur aucune porte. Chacun d’eux est muet et seul car il n’existe pas de mot pour exprimer la peur d’un enfant et aucune oreille n’est attentive s’il prononce un mot, et nul ne peut le comprendre s’il est entendu. Le Seigneur préserve les petits enfants ! Ils en voient de dures et le supportent.
La Nuit du Chasseur
Davis Grubbs
A PMB
J’ai du oublier de vous répondre. Peut être aussi parce que je n’ai pas de réponse. Tout le monde, lors de l’exclusivité riait aux plans d’animaux, aux citations bibliques comme ils riaient aux chansons dans les films de Donen, aux très rares westerns que passaient les salles du quartier Latin . Quelles étaient les autres Vous trouvez la citation de Truffaut dans le livret de Garnier. Quant à l’article, je ne me souviens plus s’il était paru dans ARTS ou les Cahiers
à PMB: je vous conseille de poser la question à la cantonade! Vous aurez peut-être plus de chance! Plein de gens savent plein de choses ici, autres que B Tavernier, quand même!
D’autre part, il me semble que lui a un film à boucler! Si je devais me plaindre à chaque fois que j’ai pas de réponse à mes questions… (et pourtant, je fais partie du club, moi eh eh eh…).
@Bertrand Tavernier :
Merci d’avoir répondu, et des indications sur Truffaut.
@Martinbrady, puisque « plein de gens savent plein de choses ici », pouvez-vous m’expliquer cette histoire de rires ?
Sauf, chère cantonade, si vous avez un film à terminer, bien sûr !
Le fait qu’une œuvre soit mal reçue d’abord et bien ensuite n’est pas propre au cinéma. Voir par exemple la première sortie de « L’incompris » de Comencini, massacré par la critique et boudé par le public (ce qui, on sait, n’est pas une conséquence automatique) pour rencontrer enfin un succès global à sa deuxième sortie dix ans après.
Là aussi, pourquoi ?
Bon, j’arrête avec mes questions !
L’INCOMPRIS est un très bon exemple, je me souviens d’une critique dans Cinéma sur le thème de l’exploitation grossière de l’enfance par un adulte aux mains sales (Comencini, bien sûr), DIRTY HARRY à sa sortie a été considéré comme fasciste par la même revue ou alors c’était ECRAN, bizarre, surtout pour L’INCOMPRIS.
Bonjour M. tavernier ; bonjour à toutes et à tous.
Suite de mon envie de faire partager des coups de coeur, après le premier (voir post précédent) sur « Monsters » de Gareth Edward.
– The Man From Earth de Richard Schenkman sur un scénario de Jerome Bixby, avec David Lee Smith, John Billingsley, Annika Peterson, Ellen Crawford, William Katt et Alexis Thorpe.
Il est classé « film d’anticipation », or c’est un huis-clos, dans le salon d’une maison isolée, genre cabane améliorée (seul décor du film, avec la façade extérieure de la maison), vraisemblablement dans l’ouest américain, type Californie ou au Colorado, autour de 7 et exclusivement 7 personnages, la plupart enseignants dans l’université du coin. Il n’y a aucun effet visuel, spéciaux, aucun trucage, aucun recours à quoi que ce soit d’autre que… les dialogues. Strictement, uniquement, définitivement, rien que les dialogues. Le film ne repose que et rien que sur les comédiens, leurs jeux, leurs implications, leurs talents, et sur la mise en scène qui rend vivant et captivant ce qui sommes toutes à tous les attraits d’une simple pièce de théâtre. La caméra est donc aussi simple que possible. La mise en scène est très sobre mais pas pour autant statique : elle est parmi les personnages, tourne autour et avec eux, comme nous le ferions nous-mêmes si nous y étions vraiment. En suivant les répartis, les échanges des uns aux autres, se tournant donc tour à tour à tour vers chacun, elle donne son rythme au film. Et certains plans larges viennent alors apporter les pauses nécessaires. Et lorsque le huis-clos devient étouffant, une scène sur le palier extérieur vient aérer l’ensemble avant de replonger dans le débat.
Le trésor du film ne vient donc que du postulat de départ, brillant, qui est de facto d’emblée celui aussi de 6 des 7 protagonistes – et donc du coup de nous aussi en tant que spectateurs – en fait tout l’intérêt, tout le prix, toute l’originalité, toute la créativité, tout l’extraordinaire :
John Goldman, professeur d’histoire, vraisemblablement âgé de 30-40 ans, décide de quitter la région du jour au lendemain sans autre préavis que sa démission. Ses amis et collègues se précipitent chez lui pour savoir pourquoi. Ils sont professeurs en anthropologie, en biologie, en archéologie, sans parler d’une fervente catholique d’une étudiante et d’un psychiatre. Ils surprennent leur ami en plein déménagement. Très vite les questions fusent, aussi amicales, chaleureuses, que dubitatives, fébriles, perdues, perplexes… Devant leur inquiétude, leur sincérité, leur visible émotion, John finit par leur répondre : tous les 10 ans il quitte tout parce que son entourage remarque fatalement qu’il ne vieillit pas, parce qu’il ne le peut pas, parce qu’il ne peut pas mourir, parce qu’il vit depuis 14 000 ans…
A notre exacte image, à nous, spectateurs, devant notre écran, l’incrédulité, les rires, le grotesque, mais aussi la colère devant pareille ineptie, devant un tel manque de respect de l’intelligence, de l’amitié, de la vérité, indigne tous les personnages. Le psychiatre, s’inquiète tout simplement et légitimement, pour son ami, qu’il diagnostique immédiatement comme « malade » jusqu’à le menacer de le faire interner…
Mais très vite, ce qui a commencé comme une farce de mauvais goût, tourne à une joute oratoire dont la logique, la pertinence, le calme, la détermination, l’imparable, n’a d’égal que sa crédibilité, son authenticité, sa vérité… Toute l’histoire des hommes, mais aussi toute leur nature, disséquée, mise à nu, révélée… Mais est-ce un jeu d’intellectuels ou la confession d’un homme dépositaire du monde depuis la nuit des temps?
Quand le questionnement fait sens. Quand il fait plus que répondre mais ouvre les portes de tous les refus, libère toutes les consciences, défait tous les mensonges, force à la lumière, aussi dure soit-elle.
La fin est aussi fabuleuse qu’elle est poignante. Un coup de massue en forme de coup droit au coeur. Jusqu’aux larmes. Mémorable. A voir, à voir encore, à revoir, et à revoir encore. Classé parmi les 40 plus grands films du genre sur imdb usa.
Prix du meilleur scénario au Rhode Island Festival.
Brillantissime. BRIL-LAN-TIS-SI-ME. A voir d’urgence.
Cordialement à vous M. Tavernier, et à toutes et à tous,
Frédéric
P.S. : j’aimerai avoir vos retours si d’aventure vous vous êtes laissés convaincre pour « Monsters » et pour « The Man From Earth »…
Je viens de voir plusieurs films récemment édités dans la collection Gaumont à la Demande. On peut facilement faire l’impasse sur LES VICTIMES de Patrick Grandperret, adapté d’un roman de Boileau-Narcejac, à moins d’être particulièrement sensible aux paysages montagneux du Maroc, seule qualité du film. LES SALAUDS VONT EN ENFER est le premier film de Hossein, supervisé par Lampin. C’est un solide polar, pas un fleuron du genre, mais très agréable à regarder, surtout dans sa première partie. Reggiani y est très bien. Le film passe du film de prison au triangle amoureux en passant par une cavale.
Mais la découverte est sans conteste NATHALIE de Christian-Jaque. Cette comédie de Christian-Jaque, dialoguée par Jeanson, met en scène une ravissante idiote (Martine Carol), pas si idiote que cela, et tout cas bien plus maligne que les flics et les truands à qui elle a affaire. Le rythme est enlevé, l’humour très présent, les acteurs très bons (Piccoli, Seigner, Clay…) et le dialogue de Jeanson très bien tournés. Dans l’ensemble, une comédie très plaisante, sans doute surannée, mais lorgne du côté de certaines comédies américaines.
La collection va éditer dans les prochains mois: deux films de Autant-Lara (Marguerite de la Nuit que je ne connais pas et Les Patates), La Truite (Losey), un Bresson (Le Diable Probablement), et un Maurice Tourneur (Péchés de Jeunesse, dont je garde un excellent souvenir).
A adesages
LES PATATES est un film à réhabiliter. Il y a des erreurs (les scènes d’ivresse trop jouées)mais à coté de cela tant d’originalité, de trouvailles, de sequences insolites. Avez vous vu LE MARIAGE DE CHIFFON, MOLLENARD, MARIE MARTINE, ALLO BERLIN ICI PARIS, L’ALIBI, l’inevitable Monsieur Dubois J’ai un très mauvais souvenir du Losey
Tous ces films sont formidables, MARIE MARTINE, très original et finalement assez méconnu. Quant au Duvivier ALLO BERLIN, ICI PARIS, je l’adore. Il est étonnant d’audace et de drôlerie avec quelques 60 ans d’avance sur les réseaux sociaux et l’utilisation de Skype ! Voilà un film qui a parfaitement su saisir les technologies de son temps au profit d’une intrigue qui n’a rien à envier à Capra ou à THE SHOP AROUND THE CORNER… Dans la même collection j’ai été très surpris par LE CHEMIN DES ÉCOLIERS, probablement le meilleur Boisrond, plus prenant que dans mon souvenir, et aussi par LA CHAMBRE ARDENTE, qui prouve une nouvelle fois l’ambition de Duvivier à aller dans les genres les plus divers (le film est assez dingue et inattendu dans le cinéma français de la Nouvelle Vague).
moi aussi j’aime beaucoup ALLO BERLIN, ICI PARIS de Duvivier mais on atteint toutefois pas le niveau de THE SHOP AROUND THE CORNER de Lubitsch qui un chef d’oeuvre de la comédie américaine et un des plus beaux films au monde.
A Nemo.
Oui c’est un pur joyau et ma comparaison un peu excessive. Cependant il y a souvent une propension à préférer le cinéma américain, j’en suis moi-même un ardent défenseur, et il y une tendance est à trop sous-estimer le cinéma français, qui recèle ses perles si l’on veut bien adopter une autre manière de regarder. Si Duvivier est formidable, je trouve aussi René Clair assez génial, la Nouvelle Vague les ayant tous les deux fort ignorés. Parfois certains films français me stupéfient et je les trouve bien meilleurs que les films américains. J’ai revu par exemple il y a peu LES OTAGES de Raymond Bernard, il fait partie de ces films exceptionnels que l’on devrait davantage montrer dans les écoles.
A Bruno François Boucher
Vous avez raison mais le programme Collège ou lycées au cinéma ignore largement le cinéma classique français
Collège au cinéma et surtout Lycéens au cinéma ignorent encore trop le patrimoine en général, le cinéma contemporain jouant trop jeu égal avec des oeuvre(tte)s récentes.
C’est encore dans l’option cinéma qu’on peut faire ce travail de fond sur les classiques de toutes époques et pays.
Bonjour Monsieur Tavernier, et bonjour à toutes et à tous
comme je l’avais dit à ma première visite inopinée ici, je découvre vos articles, les commentaires, les échanges, et petit à petit, le blog devient familier. C’est ainsi qu’après avoir vu certains « intervenants » non plus réagir mais participer spontanément, je me décide à mon tour, modestement, à venir partager ici quelques coups de coeurs récents.
Car aussi bien, si j’adore particulièrement les films du Hollywood de la « grande époque », avec ses « stars désormais icôniques », ses immenses metteurs en scène, ses structures d’intrigues, ses jeux et j’en passe – je regarde quotidiennement l’extraordinaire chaîne de télévision du groupe Turner TCM – je suis pour autant un vrai partisan de la modernité. Du moins lorsqu’elle est réellement et pleinement créative, quand elle ouvre, quand elle est, devient, un chemin inédit, ouvre une porte, ou la remet à sa vraie place injustement oubliée, tant il est vrai qu’il peut être bien plus difficile de créer dans un canevas connu que d’en créer un de toute pièce : la création est d’autant plus magistrale qu’elle a été réalisée dans des limites définissant dogmatiquement un « genre ». Lui rendre hommage en s’en affranchissant est un tour de force (ex : L.A. Confidential).
Bref, tout ceci pour dire que je n’entends pas révéler des chef d’oeuvres inconnus ou en péril – quoique… – mais pour mettre en pleine lumière ce qui aurait dû l’être.
Quitte à parler modernité, je m’attacherais à des réalisations dites « d’anticipation ». Je ne parle pas de SF, car chaque histoire pourrait se passer – ou se passe même – aujourd’hui ou dans un proche avenir d’une part, et d’autre part, parce que ses films ne comportent absolument pas d’effets spéciaux pour les uns ou peu pour les autres, et jamais au profit d’effets pyrotechniques ou horrifiques etc.. mais uniquement pour les rendus d’environnements crédibles. Tout se joue dans les histoires, les scripts voire même strictement les dialogues, les façons de les dérouler et dans les jeux des acteurs, aussi bien que dans les visions et les maîtrises des réalisateurs.
Ce que l’on appelle donc des oeuvres. Ce que d’aucun désignent pompeusement comme des « films d’auteurs ».
Premier de mes coups de coeur :
– Monsters de Gareth Edward avec Withney Able et Scott McNairy
« Monsters » aurait de quoi effrayer par son seul titre. Or de monstres vous n’en verrez aucun, autrement que dans quelques arrières-plans flous au travers de vrais-faux reportages diffusés sur des postes TV dans les scènes, en train de diffuser de vrais-faux JT façon CNN, ou dans quelques animations fugaces et partielles dans les décors. Le sujet n’est pas là, bien qu’il se révèle à l’aulne de ces inquiétantes présences en filigrane : le film commence en prenant pour acquis qu’en ramenant visiblement une forme de vie inconnue à son bord, une sonde spatiale américaine en se crashant à son retour sur terre, en a infecté toute la région frontalière entre les Etats-Unis, le Mexique et le Costa-Rica. Mi Jungle mi villages. Evacuée de tous ses habitants, elle est depuis interdite, bouclée, gardée, ceinturée. Un mur d’enceinte gigantesque a même été construit tout au long de la frontière américaine. Le décor est d’emblée posé, c’est le postulat de départ, sans en avoir vu la moindre scène ni image. Seule l’ouverture fulgurante du film, caméra à l’épaule en vision nocturne, à bord d’un hammer de l’armée à l’assaut d’une masse informe tentaculaire, haute comme un building, croît-on à peine voir dans l’obscurité saturée, suggère un immense danger, une aberration dans cette nouvelle réalité du monde. Cela ne dure que 2mn. Seuls ensuite les postes TV sur CNN en fond comme je l’ai dit, et les vols au loin dans le ciel de jets supersoniques ou d’hélicoptères de combats déchirant l’air, représenteront cette « urgence » impalpable. C’est tout. Et cela suffit définitivement à installer la réalité et la crédibilité de l’ensemble. Déjà en l’état, ne fusse que dans cette forme, c’est remarquable. D’autant plus que le parti pris est une caméra mobile, près de ses comédiens, très immersive, pour donner aux spectateur le sentiment – et elle y parvient – d’être sur place, avec eux. Cerné. J’ai lu que certains ont fait un parallèle avec « Cloverfield ». Mais c’est une erreur fondamentale. Seule à la rigueur la scène de départ peut y être rattachée, dans sa structure « journalisme sur le vif », mais certainement pas le reste du film. La caméra n’est jamais dans le reportage et le « haletant » du cadrage. C’est un mélange entre le travail plateau standard – du moins dans le ressenti que l’on en a – et celui de la prise de vue « en direct ». Il faut voir le film pour saisir ce que j’entends ici. Quoiqu’il en soit, la mise en forme est vivante et s’appuyant sur son scénario, ses dialogues en complément, le film n’en est que plus vrai. Il fait vrai. D’où cette fébrilité, cette impression de « vital », de « vérité » du début à la fin.
L’intrigue veut alors qu’un reporter-photographe pour un grand groupe de presse américain, cherchant à ramener des images fortes de la guerre entre les intrus et l’armée dans la zone de quarantaine, escorte sur ordre de son patron, la fille de ce dernier, bloquée au Mexique. Après quelques démêlés administratifs leur interdisant le retour par les routes « dégagées », ils se retrouvent contraints pour rentrer, de traverser la zone infectée…
Deuxième réflexe de craindre le pire : et deuxième erreur. Seule la dévastations de certaines villes perdues, ou les cris lugubres dans les lianes de la jungle, la nuit, stylisent le danger, créent la tension. Car il ne s’agit pas ici de suspens. On n’est pas dans un film américain même s’il y est produit. La guerre, les « monstres », etc… ne sont qu’un arrière-pan. Certes ce sera le révélateur mais l’essentiel se situe dans les 2 protagonistes à un moment donné de leurs vies, qui en devant traverser la zone infectée vont à la rencontre de leurs destins pour enfin les trouver sinon se trouver. Et à travers eux, nous, notre monde, notre façon d’être et de voir les choses, de réagir, nos préjugés, nos peurs, nos inepties… C’est d’autant plus probant que les 2 personnages sont grégaires. Ni beaux ni laids. Ni uniques ni inoubliables. Surtout qu’ils ne sont pas pleinement définis par le scénario. Ils sont juste identifiés et non pas détaillés. Les comédiens étant méconnus voire inconnus du grand public, ils participent de cet effet voulu d’ébauche. Certes – et c’est là l’intérêt du film – leurs psychés vont être amenées à évoluer, sinon se révéler, en elles-mêmes et dans leurs rapports communs, mais ce sont des êtres génériques qui peuvent représenter le plus grand nombre. Quitte à styliser les caractères comme des croquis, par touches, par traits principaux. Le spectateur faisant le reste de lui-même, à son image.
Après quelques jours suite au film, je me suis même dit qu’ainsi, cela révélait aussi nos médiocrités, nos folies, nos bassesses, notre soif de pouvoir, nos insignifiances, nos égotismes, nos faiblesses, nos fragilités, toutes les « bullshits » que l’on trouve si importantes… etc… bref, notre nature humaine qui a déjà fait dire à des scénaristes : nous sommes l’espèce dominante, mais méritons-nous de survivre?
C’est un petit film, petit budget, aucun vedette, rien de la sorte. 94mn à peine. Rien que l’essentiel. Mais « Monster » est sans aucun doute ce que beaucoup bientôt appelleront un « film culte ». Révélé et plébiscité par le Sundance Film Festival, la Warner vient de l’éditer dans sa Collection « Les films que l’on doit avoir vu dans sa vie ». J’ajoute que les 5 dernières minutes du film sont purement et simplement merveilleuses d’intelligence et de poésie et constituent d’ailleurs les seuls vrais recours au numérique.
Faites-vous plaisir : faites-moi confiance.
Je comptais parler ici de 3 Films. Mais je me rends compte que le post est long. Je reviendrais plus tard pour parler des 2 autres individuellement, dans de nouveaux posts. Du moins si cela trouve un écho parmi vous et d’abord auprès de vous Monsieur Tavernier : c’est votre Blog!
Bien à vous,
Frédéric
J’ai lu votre critique mais Monsters est un film que j’ai vu au cinéma à sa sortie et trouvé assez pauvre en terme de personnages et de développements narratifs. La fin dans la station service est certes le meilleur moment du film mais le reste m’a véritablement ennuyé et la caméra porté m’a même fichu une migraine. Grosse déception pour moi mais j’envi votre enthousiasme…
Bonjour Richpryor,
je ne vois votre réaction à mon post sur « Monsters » que maintenant – Samedi 02 Mars – parce que vous ne l’avez pas écrit en réponse à mon commentaire (bouton « Répondre »), mais en en publiant un nouveau, indépendamment du mien… Je vous réponds à présent en retour.
Merci tout d’abord de m’avoir lu et d’engager un échange. Il est une chose avérée de mon point de vue : si l’Art se suffit certes à lui-même, avec une nature innée à combler chacun individuellement, il trouve néanmoins tout son sens et sa puissance dans son partage : rien ne vaut de regarder un film entre amis, pour le faire exister bien après sa projection/diffusion, en confrontant ou complétant les points de vue à son sujet.
En vous lisant, je me suis souvenu de ma première séance devant « Paris-Texas » de Wim Wenders. Je devais avoir dans les 17 ans, l’ayant vu 2 ou 3 ans après sa sortie. j’avais détesté. Ces plans que je qualifiais de « godardien » (entendais interminables sinon ineptes), ce rythme de corbillard insupportable pour moi à l’époque, cette teinte jaunâtre générale comme si la pellicule avait moisi au soleil, disais-je, ce nombrilisme « victimologique » des paumés du coin insupportable éructais-je, etc, etc… Bref, je n’avais pas de mots assez forts pour fustiger ce film.
Il ne surprendra personne aujourd’hui d’apprendre que je tiens « Paris-Texas » pour un Chef d’oeuvre intemporel et inoubliable, que j’ai dû regarder au moins une vingtaine de fois à ce jour. Lui et l’autre chef d’oeuvre de Wenders : « Les ailes du Désir »…
Tout ceci pour dire quoi? Non pas que je vous juge (jamais de la vie, soyez-en assuré!), pas plus que je ne réduis votre ressenti à l’aulne d’un sentiment adolescent comme ce fut mon cas (rire), mais « Monsters » est un vrai film « d’auteur » comme je l’avais expliqué dans mon post initial, en cela qu’il cristallise ce que j’essaie de démontrer ici : il impose un bon moment, un bon âge peut-être, non pas une maturité mais une disons peut-être une expérience dans la vie de celui/celle qui le regarde, pour le comprendre, et à sa juste valeur. A mon image sur « Paris-Texas » que j’avais vu initialement trop tôt. Je n’étais pas près.
Je vous relis et tout ce que vous décrivez a le parfum de mes reproches sur le film de Wenders. Ce que vous dites sur le caractère des protagonistes ou le déroulé narratif est l’exact négatif de ce que j’en ai dit. Les deux faces de la même pièce. Il ne peut s’agir d’une coïncidence. « Monsters », tout comme « Paris-Texas » renouvelle les structures établies du canevas d’un film. Son ossature. Ses ressorts. Il impose une nouvelle vision, une nouvelle façon de faire et de ressentir. L’expérience fonctionne des deux côtés de la caméra. Et en cela – je me le suis dit, sitôt le DVD terminé – j’étais sûr et certain qu’il en dérangerait sinon perturberait plus d’un.
Puis-je vous conseiller – vous demander? – de le revoir aujourd’hui? (Il en coûte 4€ en ligne). Chez vous. Je parierais que vous pourriez fort bien vous surprendre vous-même… Tenez-moi au courant!
Encore merci d’être venu donner votre avis et à bientôt j’espère.
Cordialement,
Frédéric
Erratum : mes excuses Richpryor, vous avez bel et bien répondu à mon premier post. Je n’avais pas compris que la couleur grisée des réactions était dévolue aux réponses de M. Tavernier… (N’est-il pas possible dans les préférences du Blog d’instaurer une autre couleur pour les réponses des intervenants? Blanc sur Blanc n’aide pas à la clarté des posts…)
A Frederic
de Jean Pierre Coursodon :Sur IMDb le film a 363 reviews, la majorité l’adore avec 8, 9 ou même 10 étoiles, le reste le déteste (une étoile, un des films les plus ennuyeux de tous les temps etc…) Le tournage n’aurait coûté que 15 000 dollars ! Edwards est photographe, « designer » et responsable des effets spéciaux en plus de réalisateur-scénariste. Le film est sorti en 2010. Il est considéré comme un film anglais (Vertigo Films). It is available on dvd and blue ray
Moi j’avais adoré Paris Texas et en le revoyant (partiellement), j’ai été un peu déçu malgré quelques très belles scènes et l’ai trouvé un peu daté, mode (de l’époque. Peut être est ce l’écriture de Sam Shepard, auteur un peu surévalué) mais je vais m’y replonger
Eh bien Frédéric, nous ne partageons vraiment pas les mêmes goûts en matières de cinéma. Dans tous vous commentaires vous ne louez presque que des films qui me laissent froid: Monsters, Paris Texas, West Side Story (j’aime assez Les Ailes du Désir mais sans plus). Ceci étant dit je suis totalement d’accord avec vous: un film doit souvent être revu pour être apprécié à sa juste valeur. Comme vous beaucoup de films qui m’ont laissé indifférent la première fois m’ont été révélé la deuxième fois que je les ai vu. Pour moi l’exemple typique serait Point Blank de John Boorman. Qu’est-ce que c’est que ce montage impossible? Ces cadrages? Qu’est-ce que Angie Dickinson fait dans ces affreuses robes jaune et orange (je suis tombé amoureux d’elle grâce à Rio Bravo voyez vous)? Et pourtant la deuxième fois que je l’ai vu j’ai compris. C’est comme la deuxième fois que j’ai écouté Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus j’ai compris le truc. Pareil.
Je reverrais peut-être Monsters un jour mais je doute qu’il en soit de même.
Si je vous suis pour Paris Texas qui ne me semble pas avoir pris une ride par sa pureté dramatique et plastique , en revanche Monsters ne m’a pas vraiment bouleversé même si c’est un objet malin comme on en a vu qqs uns ces dernières années.
Dans le genre « pris sur le vif », je retiendrais plutôt REC de J Balaguero et P Plaza pour sa dimension viscerale et organique vraiment terrifiante qui renouvelle le genre avec efficacité…en revanche il faut éviter les deux suites!Cloverfield est pas mal non plus et réserve son lot de surprises avec de vraies iédes de mise en abime.
Le genre « film amateur » qui sévit depuis qqs années aux USA est vraiment pénible quand on voit l’inepte Blair witch, le totalement vide Paranormal activity ( que je n’ai pu subir en entier tellement c’était une expérience languissante…une petite avance rapide et hop sur un DVD prêté! Tout ça pour ça!!!).
Même le pauvre Romero s’est senti obligé d’aller dans ce sens et a massacré sa franchise dans un opus pitoyable Diary of the dead, sans peur, sans lecture sociale,sans rythme.
Monsters est au milieu du gué à mon sens, entre le meilleur et le pire de cette veine qui n’est pas ce que je préfère au cinéma, vous l’aurez compris.
Bonjour Ballantrae,
et merci de votre intervention.
Cela étant, si j’entends ce que vous dites, je ne peux que m’inscrire en faux, et à plusieurs niveaux.
– Tout d’abord, « Monsters » n’est pas un monument immémorial du cinéma, mais comme je l’ai dit, un petit film. Pour autant, il deviendra un film « culte » – même si je n’aime pas ni n’ai de goût pour ce genre d’étiquettes – comme « Pitch Black » a fini naturellement par le devenir aussi dans son genre.
– Ensuite, « Monsters » n’a rien de commun, ni de près ni de loin, avec les films « adolescents » de type « Blair Witch », « Rec » ou encore « Paranormal Activity ». Totalement hors sujet, pardon de le dire. Déjà, d’emblée, est-ce que nous pouvons cataloguer tous les films dans le même registre sans discernement aucun, indifféremment de leurs identités propres, parce qu’ils sont tous tournés avec une caméra, et généralement en 35mm,? Non évidemment. Absurde. Insensé. Alors pourquoi ramener « Monsters » à sa technique, et même, à une partie de sa technique? Et encore, car vous la définissez mal…
« Monsters » – contrairement à « Cloverfield » par exemple – ne joue pas l’hystérie d’une caméra subjective. Comme je l’ai dit, seule sa scène d’ouverture peut se prévaloir de cet effet du « Direct », « sur le vif », de type « reportage de guerre ». Or ce point de départ ne dure pas même 2mn, de nuit en outre, et s’achève par la prise de vue embarquée sur un missile s’écrasant sur sa cible. Black Out de l’image avant d’entrer alors dans le film.
La caméra ensuite est certes à l’épaule mais d’avantage comme une Steadicam et non comme un camescope DV brinquebalé en tous sens pour le plaisir de donner la nausée. Tremblez-vous de façon insupportable lorsque vous marchez tout en parlant à un ami? Je gage que non. Mais pour autant, vous n’êtes pas non plus statufié comme le sont les caméras de plateau sur leurs trépieds. La caméra de « Monsters » ne réagit pas différemment : elle est l’oeil d’un corps en mouvement : celui du spectateur. Nous. Vous. Ni plus. Ni moins.
Aussi quitte a vouloir réduire le film à sa forme, autant lu rendre hommage : là où les autres sont adulescents, lui est adulte. Là où les autres « barbouillent » – certes avec inventivité – lui est créatif et parce qu’ils sait se maîtriser, innovant. Alors que beaucoup d’autres versent ensuite dans le jonglage des effets faciles, lui fait preuve d’une très belle écriture. Pour le fond du sujet, se reporter à mon post général.
Bref, ne m’en tenant qu’au niveau de la forme et du genre, « Monsters » surclassent les autres du registre. Et haut la main encore.
Et si je devais l’expliquer en le résumant à une principe de cinéma, je reprendrais alors une leçon de Steven Spielberg – sur lequel certains propos ici, dans de précédents posts, m’ont consterné :
– L’avènement d’une réalité surnaturelle, sera d’autant plus extraordinaire, qu’elle aura fait irruption dans un environnement d’une grande banalité, dans une réalité neutre et grégaire. C’est de la différence fondamentale sinon majeure entre les deux notions, entre les deux univers, que naîtra le fabuleux. Et il n’y aura eu alors aucun besoin d’avoir recours ni de multiplier les artifices et de verser dans les surenchères pour le faire exister. Un seul élément, même mineur, aura suffit à faire basculer l’histoire. Non pas une feu de forêt mais une étincelle.
Au pied de la lettre, la qualité, la beauté et l’unicité de « Monsters ».
Bien sûr qu’il n’est pas parfait, c’est une première oeuvre, de jeunesse, et en outre, aux moyens limités : comme Monsieur Tavernier l’a révélé, il n’a coûté que 15000 dollars. Le réalisateur est ainsi l’expert qui a fait lui-même les trucages, ceci expliquant entre autre les économies. Mais tous les créatifs vous le diront : aucun autre environnement ne stimule à un tel degré la créativité et ses pertinences. Fautes de moyens on brasse les idées. Et le plus souvent aussi neuves que brillantes. Toujours en avance, avec le risque d’avoir tort d’avoir raison avant tout le monde. Et si vous faites preuve de la retenue et de la maîtrise du fond et de la forme de Gareth Edward, même vos flottements de débutants ou vos hésitations, vos compromis, participent du brio de votre film en ne débordant pas de ce qu’ils sont : de simples pêchés véniels. Et ils vous classent au-dessus des autres.
Bien cordialement Ballantrae,
Frédéric
A Ballantrae, petit aparté concernant le cinéma de genre et en particulier d’horreur (dont je sais que nous partageons quelques affinités). J’émettrai quelques réserves sur REC dont le début est intéressant mais qui tourne à vide pendant les 3/4 du film avec ces pseudos-zombies (la fin, supérieure et d’une incroyable tension rachète le film). J’avouerai avoir apprécié BLAIR WITCH et même dans une moindre mesure PARANORMAL ACTIVITY. Ce côté « amateur » que vous décrivez, c’est presque le retour au cinéma primitif : faire peur avec quasiment rien que quelques images, un art du montage et un minimum d’effets. Alors certes, celà peut sembler traîner en longueur mais dans ce genre de film ce n’est pas l’action qui compte. Encore une fois un film d’horreur réussi sera pour moi celui qui suggère plutôt que ce qu’il ne montre. Après, chacun ses goûts mais le genre plus gore et violent n’a finalement jamais réussi à me faire peur, au pire à me dégoûter (il suffit de voir des films comme SAW ou HOSTEL pour se faire un avis sur le côté malsain de certains films…)
Je déteste les Saw, Hostel,Cannibal holocaust ou autres saloperies lorgnant vers le snuff movie, visant vraiment la jouissance la plus lamentable du voyeur tapi (je n’espère pas ) en chacun de nous.
REC est habile mais pas totalement novateur, de Balaguero je préfère de loin Fragile,Malveillance voire Darkness malgré ses maladresses.Cete nouvelle vague fantastqiue hispanique est avec la vague japonaise, la meilleure nouvelle reçue par les fans de fantastique depuis longtemps.Le plus beau fleuron , je le répète d’autant plus que son auteur peine à créer, c’est Abandonnée de Nacho Cerda (inattendu car l’un de ses moyens métrages était insoutenable et pouvait évoquer Fulci auquel je ne suis guère sensible).
Monsieur Tavernier,
un grand merci de vous intéresser à ce post. Et merci d’autant plus de vos informations relatives à la notation du film sur imdb. Comme je l’ai signalé pour mon second commentaire au sujet de « The Man From Earth », il est très pertinent dans ses analyses et/ou ses remarques/notes malgré la si vaste quantité de films. Une vraie mine d’or que j’ai appris à respecter.
Si je pouvais du coup vous avoir donné envie de voir « Monsters » dès maintenant, je serais comblé! Et de recueillir ensuite votre avis me verrait aux anges!
Enfin, au sujet de « Paris-Texas », sans doute êtes-vous dans le vrai. Peut-être une effet 80 daté. Je ne sais pas. Mais à dire le vrai, je ne le vois pas, je ne le ressens pas. Je me suis accaparé le film aujourd’hui. Exactement comme je l’ai fait avec vous sur « La vie et rien d’autre ». A bien y réfléchir, outre leurs histoires, leurs déroulés, leurs acteurs, leurs jeux, les dialogues, bref, outre vous, leurs réalisateurs et tout ce que vous y avez mis, il y a aussi un point commun à ces deux films pour moi, mais aussi sur d’autres que j’aime autant, et cela vous est particulièrement familier : leurs musiques. Paris-Texas ne saurait être dissocié de celle, lancinante et fascinante de Ry Cooper, et « La vie et rien d’autre » ne saurait être amputé de ses violons fébriles et si amers d’Oswald Andréa (qui lui a valu un magnifique Caesar si je ne m’abuse).
Ces musiques n’illustrent pas leurs films mais les transcendent au point de leur avoir donné une identité intemporelle. Même « West Side Story », pourtant si marqué visuellement par son époque, ne peut pas vieillir grâce à sa musique. Je viens de le revoir sur TCM. C’est plus qu’une impression, plus qu’une vérité, plus qu’une réalité : c’est un fait. Acté. Gravé. Définitif. Quelque soit les contingences.
J’attendrais donc que vous ayez revu le film de Wim Wenders, tout en espérant que vous vous serez laissé aller à regarder « Monsters », pour en reparler avec vous.
A très bientôt j’espère et bien à vous,
Frédéric.
A Frederic
A la fin de la post production.
Monsieur Tavernier,
oui naturellement! Mon désir de connaître vos avis avisés entre tous, sur ces films, ne s’entend que comme une invitation qui peut attendre! « Quai d’Orsay » prime évidemment sur toute autre considération.
A Richpryor (et en rebondissant sur les propos de Monsieur Tavernier au sujet de la discussion sur Custer et plus généralement sur celle des contemporains face aux événements de leurs époques)
Si je « vois » Angie Dickinson?! Si je me remémore « Rio Bravo »?! Son déshabillé de saloon rouge sur sa taille de guêpe devant un John Wayne cherchant une contenance, a dû à l’époque faire couleur beaucoup d’encre sinon susciter bien des émois… Ainsi à la vérité, je viens de me racheter – enfin! – le DVD de « Rio Bravo ». Il est venu enrichir ma petite section de Westerns. Je glisse d’ailleurs ici en détail que malgré mon très vif plaisir à voir et revoir ce monument, je lui préfère néanmoins- mais j’avoue une passion toute personnelle ici, sûrement dûe à l’enfance… – son pendant, en miroir : « El Dorado »… Plus dense, plus âpre, plus complexe, plus étudié, plus dramatique, plus détaillé, avec des caractères plus aboutis- au sens moins « caricaturaux » dans leurs traits, moins année 50 -, plus captivant dans ses rebondissements, plus moderne en somme ou disons moins daté, etc… Et puis, quelle affiche – bien qu’il n’y ait plus ici la sublime Angie : Wayne, Martin, Mitchum, Caan… et une pleïade de seconds rôles qui en font justement toute l’unicité. Bref, oui, je connais tout cela, et plutôt deux fois qu’une.
Mais c’est justement ici que je voudrais rebondir non pas « sur » mais « avec » ce qu’a dit Monsieur Tavernier. Je vais essayer d’être clair : vous pensez à l’a lumière de mes posts présents, que nous n’avons pas les mêmes cinémas dans le coeur. Or je compte un millier de DVD à la maison, autant dans ma proche famille, sans compter ceux dématérialisés sur des box et tous ceux que je vois et revois sur le satellite. Lorsque j’étais étudiants aux Beaux Arts, j’avalais une grande quantité hebdomadaire de films pour mes UV cinéma/théâtre. Ceci pour dire que si « Monsters » m’a illuminé, « Polisse » de Maïwenn m’a récemment remué. Puis j’ai embrayé sur un western hallucinant, voire hallucinatoire, véritable ovni du genre, « Seraphin Falls » de David Von Ancken, après quoi j’ai revu un film somptueux, sublime même, que l’on vient de m’offrir en Blu-Ray « Excalibur » de John Boorman. Cela ne m’a pas empêché, par pure envie de divertissement, de regarder ensuite « Avatar » par exemple. Etc, etc, etc…
Ceci pour dire ou du moins rappeler – qu’il n’y a qu’un cinéma mais plusieurs, et que ce n’est pas parce qu’on aime ou déteste tel ou tel film, que l’on est cantonné, ou pire condamné, à ce qu’il en soit toujours ainsi. Mais surtout, que tel choix en interdirait tel autre : je suis un amoureux inconditionnel de James Ivory (ex : « Retour à Howards End ») et un fan de toujours de « Star Wars ». Mais cela s’entend à plusieurs niveaux : non seulement de films à films, de genres à genres mais aussi d’époques à époques. Et c’est ici que je voulais en venir : Comme je l’ai lu sur le fil sur Custer – et je me souviens parfaitement de « Fort Apache » et de ce que l’on peut qualifier peu ou prou de réquisitoire contre le général – il est bien plus facile de rétablir une vérité, une histoire, un juste jugement, etc, en homme du futur dégagé des contingences de l’époque visée, que d’y parvenir en contemporain, impliqué fatalement dans les mentalités, les modes, les croyances, les erreurs de son temps. Or bien que naturellement des cinéastes comme Ford ont tourné bien après la vie et le trépas de personnages comme Custer, il n’en demeuraient pas moins dans des temps qui n’avaient toujours pas su se re-visiter ni surtout procéder à leurs auto-critiques. Aussi la plupart des westerns d’alors dépeignaient-ils tout de même l’indien en atroce ou inepte peau rouge, en sauvage. Ford a donc su voir et cerner non seulement l’histoire mais son propre siècle, jusqu’à son propre métier. Un tour de force.
Pourquoi je reviens là-dessus? Par effet d’inversement proportionnel si vous voulez bien me permettre cette contorsion : parce qu’au sujet des films aimés ou détestés qui créeraient des clubs ou a contrario des chapelles opposées, je crains qu’on soit toujours enclin, disposés – pré-disposés?? – à toujours préférer les vieux films, ceux de son enfance, ceux de ses découvertes passées vues et vécues à ces moments charnières de nos existences qui nous ont vu grandir et nous affirmer, et non pas les films récents, ceux-là même qui nous renvoient à nos conditions d’hommes faits, finis, matures, adultes, responsables, froids, qui regardent un film et le critiquent, le jugent et pour lequel on ne parvient plus à vivre ni ressentir son histoire autrement qu’en rapporteur presque technique, car le sentiment d’émerveillement et de curiosité candide est devenu trop puéril désormais. De là à dire « c’était mieux avant », il n’y a qu’un pas. Je me souviens d’un précepte d’Umberto Eco tiré de son « Nom de la Rose » :
« – Entre vision extatique et frénésie de pêché, il n’y a qu’un pas, et il est vite franchi ».
J’ai ainsi vu dans votre réponse (Vous voyez qui est Angie Dickinson? Et « Rio Bravo »?) l’exacte illustration, le réflexe caractérisé de ce que j’essaie d’expliquer ici. D’autant plus – et comme par hasard serais-je presque tenté de dire – par opposition à un film récent et même à un film d’anticipation, que d’aucune juge de Science-Fiction.
Ne vous méprenez pas : je n’échappe pas à la règle, comme vous l’avez vu par exemple avec « El Dorado ». Mais par nature peut-être – bien que j’ai vu qu’après 30 ans j’ai fait comme tout le monde : devenir debout et fier, droit et fort, bâtisseur de quelque chose, et terminé les cheveux longs etc – ou par effet post-quarantaine sûrement – ou l’on commence à comprendre qui-quand-comment-pourquoi – j’essaie aujourd’hui d’être fidèle à la vie : énumérer sans réfléchir, je me laisse envahir par Puccini, secouer sur mes bases par les Foo Fighters, re-découvrir des émotions avec David Bowie ou Suzanne Vega, m’électriser avec Cream ou Bonamassa, me déchaîner sur AC/DC ou Accept, m’envoler avec Mozart, me déhancher avec Prince, chanter à tue-tête avec Chickenfoot, m’amplifier à nul autre avec Led Zep, pleurer sur Madame Butterfly, vibrer sur Sarah Vaughan, etc etc etc…
Aussi Ford a-t-il raison, doublement raison : il faut pouvoir vivre le passé et le présent en sachant les définir tous deux. Le passé n »est pas meilleur au regard de son statut antérieur et le présent ne doit pas être fermé car il sera lui-même un passé faillible, etc, etc, etc… Un cycle, un mouvement perpétuel, qui doit nous forcer à rester juste vivant et ouvert.
P.S. : Histoire tout de même de ne pas me faire passer pour ce que je ne suis pas : je sais aussi détester, aussi copieusement que fermement – une faculté salvatrice d’indignation – certains films et types de films. j’ai ainsi beaucoup beaucoup beaucoup de mal avec les réalisations franco-françaises. Pour un virtuose, un maître comme Monsieur Tavernier, (et avec lui les Blier, Leconte et consors) pour des truglions aiguisés affûtés, brillants et jouissifs, comme Bacri-Jaoui ou Clapisch, et pour quelques autres, combien d’insupportables poseurs et autres nombrilistes vides à me rendre fou?… Bref, je l’ai dit : juste et rien qu’un homme…
J’ai oublié une petite chose, pardon. Le post est déjà long, mais je voudrais rajouter ceci : l’histoire de l’Art, entendez de l’Art Pictural, la peinture, a su procéder à cette transformation, cette évolution. Les néos-réalistes ont dynamité l’ordre établi des sujets dogmatiques, religieux ou mythologiques, imposés arbitrairement par l’église jusqu’alors, pour peindre leurs contemporains. Une extraordinaire révolution. Un sacrilège, pensez donc! Ainsi le « Radeaux de la Méduse » de Géricault par exemple, n’est-il qu’un fait-divers, l’aventure éprouvante de simples naufragés. Or il convient bien de parler ici d’un chef-d’oeuvre éternel qui n’a rien à envier dans son immortalité et sa beauté « mondialisée » si j’ose dire, à des oeuvres sacrées, telle que celle, par exemple encore, de « La Naissance de Vénus » de Botticelli.
Cela étant dit, je parle d’avantage de ne pas rester, sourd, aveugle et muet, à des réalisations et des metteurs-en-scène contemporains, qu’à des histoires se déroulant platement aujourd’hui (je fais une exception ici : Claude Sautet, mais il me faudrait une page entière dédiée pour en parler). Le cinéma français en est hélas très friand. N’est pas Sautet justement qui veut. Je n’ai pas besoin du cinéma pour voir la réalité, et encore moins le quotidien. Je ne le subi déjà que trop. Ca va, merci, j’ai ma dose si vous voulez bien me passer l’expression. Non, je parle de films conçus aujourd’hui mais qui nous amènent – nous transportent – ailleurs, espace et/ou temps différents des nôtres actuels. C’est de cela dont je parle. Or donc, il est bien plus facile de se focaliser sur ce que d’aucun appelle les « valeurs sûres », les « anciens », les « monstres sacrés » etc, que sur les nouveaux venus, les « météores » , les chemins de traverses, les indépendants… Voilà pourquoi je garde toujours en oeil éveillé et le plus perçant possible sur les films d’anticipation, sur les premiers films de tel ou tel, dans le genre. De nombreuses pépites – comme Monsters » – s’y révèlent régulièrement. Mon troisième et futur coup de coeur parlera ainsi de « Moon » de Duncan Jones, le fils de David Bowie. Or malgré l’avalanche de prix reçu de la part le monde – et à juste titre – il n’a jamais été distribué en salle en France! C’est de cela dont je parle. La seule chose qui l’a sauvé dans l’hexagone, est sa sortie en DVD/Blu-ray.
Néanmoins et pour finir, et afin d’éviter toutes confusions et mauvaises interprétations, je ne parle pas des films aux scénaris actuels dont le décor, le corps de métier, les personnage sortent de l’ordinaire connu de la masse. Je pense par exemple à des films comme « L.627 », « Polisse » ou encore « Traffic » dont il a été débattu dans le blog plus haut, etc… Aucun d’entre nous n’est confronté à ces vies, ces réalités, ces vérités. Elles nous réveillent, nous questionnent, nous améliorent, tout en nous extirpant de nos propres existences, de nos habitudes, de nos réflexes et de nos préjugés et/ou ignorances, etc… En cela, ces films aussi nous font nous « déplacer ailleurs ».
Reste que je ne suis pas savoir l’existence de débat entre cinéma du rêve, d’évasion de divertissement, et cinéma d’engagement, de débat, de combat, voire politique au sens large, etc… Je fais partie de ceux qui par nature autant que par le made in Hollywood de toujours, tends d’abord au rêve, au sens large. Pour autant, « Traffic » encore lui, ou « Les « 3 jours du Condor », « Les Hommes du Président » ou encore même « A la maison Blanche » de Aaron Sorkin à la TV – etc etc etc, je ne peux ici que l’aisser la liste définitivement ouverte à l’infini, parce que je lance ces titres au déboté sans vrai tri sélectif, alors qu’il me faudrait une page de blog entière juste pour ce listing – me passionnent au point que je me tourne de plus en plus vers ces films qui savent allier les 2 faces de la même pièce. Ou l’on voit ici qu’en plus du débat sur passé et présent, se greffe aussi cette question entre divertir et interroger…
Voilà, j’espère avoir été compréhensible et intéressant… Mes excuses pour la longueur… Disponible pour toutes les discussions suscitées…
Bien cordialement à toutes et à tous ; Monsieur Tavernier,
Frédéric
Ne vous inquiétez pas mon chère Frédéric, je ne mettais certes pas en doute vos connaissances en profondeur de l’histoire du cinéma et je suis moi même amateur de films de tous temps, que ce soit 2013 ou 1913 je m’en fiche complètement (quand à Angie Dickinson je n perds pas une occasion de la citer et j’espérais bien que vous ayez la même image que moi en tête d’où mon « voyez-vous »).
Et pour ce qu’il en est des films de mon enfance, on est loin de Rio Bravo vu que je suis jeune étudiant (avant-hier encore on me demande ma carte d’identité dans un bar) et que le film à l’âge de mes parents: ces « vieux » films ne sont donc pour moi pas des bons souvenirs distordus par le temps mais bien des films que je regarde au moment présent. Une autre chose est sûr je ne suis pas (encore) un homme « fait, fini, mature, adulte, responsable » mais j’y travaille!
Tout à fait d accord concernant les eloges et les reserves sur Soderbergh, cineaste indeniablement plus riche et interessant qu’un Spielberg, dont la carriere ressemble de plus en plus à celle d’artisans sans genie, façon realisateurs empesés siglés MGM de la grande epoque. A noter que l’Anglais, plutot que de loucher vers Point Blank, parait etre ouvertement inspiré de Get Carter, tres grand film noir anglais avec un Michael Caine stupefiant.
Je ne suis guère d’accord avec cette minoration du talent de Spielberg qui pourtant n’est pas l’un de mes cinéastes de chevet: il demeure un immense formaliste, un vrai metteur en scène dont on sent intimement le plaisir à créer la dynamique d’une scène, la construction d’un espace.
J’ai revu récemment Empire of the sun qui possède une ampleur saisissante dans la captation du décalage entre quotidien et surgissement de la guerre.Certes le roman de Ballard était plus âpre (l’auteur déclarait à bon escient que le film le plus proche du registre visé par ce récit était l’extraordinaire Requiem pour un massacre de klimov) mais Spielberg était sacrément culotté d’imposer un tel film dans le système.
Hors sujet absolu: triste nouvelle que la mort d’A Guerman qui ne cessait de retoucher son nouveau film.Rappelons qu’il fut l’auteur notamment de Mon ami Ivan Lapchine et de Khroustaliov, ma voiture!…à ma connaissance, le meilleur film qui eut pour sujet la fin de l’ère Staline.tousles cinéphiles slavophiles doivent absolument (je ne sais comment????) voir ses films inventifs, perfectionnistes, ausx riches mélanges de registres.
Prochain billet spécial Pays de l’Est, Bertrand s’il vous plaît…
A BALLANTRAE
J’AI BEAUCOUP MON AMI IVAN LAPCHINE ET KROUSTALIOV, MA VOITURE que je voudrais revoir en dvd, les ayant vus en salle. J’ai rendu plusieurs fois hommage aux productions MALAVIDA et vais essayer de trouver l’OMBRE de Kawalerowicz
Ajoutons au tableau le non moins admirable Vingt jours sans guerre (1976).Je n’ai jamais vu en revanche La vérification qui marqua ses débuts dans le cinéma et dans les difficultés avec le système sovietique.
Un internaute, Manux je crois, mentionnait ds le post précédent Dans la brume de S Losnitza.J’en sors et m’avoue très impressionné par une mise en scène épurée, sans fioritures mais à même de capter l’essence d’une époque troublée ( l’occupation nazie de la Biélorussie), la matière même d’un paysage en automne ( il y a qq chose de Un balcon en forêt versant purement mortifère et moins féérique que chez Gracq) et des enjeux humains d’une complexité sidérante.Pas un beau film mais un grand film à mon humble avis ce qui corrobore le fait qu’à l’Est le cinéma respire encore et ne demande qu’à ressurgir avec ses élans d’antan!!!
L’histoire du carnage d’Arkanar d’après le même roman de SF qui inspira l’assez médiocre Hard to be a god de P Fleischman devrait sortir prochainement , supervisé par le fils de Guerman.
Pour autant, il ne faut pas en conclure que nous verrons une oeuvre tronquée car le montage était terminé depuis longtemps et Guerman ne cessait de peaufiner le mixage depuis des années je crois, en perfectionniste tjs égal à lui-même.
Je me souviens d’un entretien avec Lucas où il rapportait ses inquiétudes quand il a dû présenter le devis d’un épisode de STAR WARS aux décideurs du « système ». Quelqu’un lui avait répondu « mais le système c’est toi. » Il en est de même de Spielberg qui EST le système depuis au moins le début des années 80. Qui peut encore douter qu’il ne puisse faire exactement ce qu’il veut avec les moyens dont il a besoin ? EMPIRE OF THE SUN en est le premier exemple, et c’est aussi un exemple qui démontre sa volonté d’avoir toujours voulu être David Lean sans vouloir pour autant renoncer au public de Dysney. Depuis ce film, chacune de ses réalisations ambitieuses se trouve abâtardie par cette permanente hésitation entre vouloir plaire à l’intelligentsia autant qu’au gens du système. Mais n’est pas David Lean ou Sergio Leone qui veut. La meilleure définition que Spielberg ait donné de lui-même (et qui prouve que le personnage est parfaitement en accord avec les films qu’il fait) on la trouve lors de la remise de l’oscar d’honneur à Elia Kazan. Il y a ceux qui se sont levés pour applaudir, et ceux qui sont restés assis, bras croisés. Spielberg, lui, a applaudi en restant assis. Comment appelle-t-on ça ? De la démagogie ?
Pas faux d’invoquer Get Carter qui ressemble de manière saisissante à L’Anglais…une relecture plus excitante que le truc lourdaud avec Stallone en tout cas.
Après Get carter est un bon polar, peut-être pas un chef d’oeuvre absolu même si Caine y est royal (quel acteur tt de même!).
Oui, je suis un peu d’accord. Ayant revu GET CARTER très récemment, je l’ai trouvé un peu plan plan… Pour ma part, c’est un film surestimé. Caine est bien-entendu génial. Il reprendra ce même type de rôle mais dans Harry Brown, mais avec les rides en plus…
Il me semble que Harry Brown est en réalité un « vigilante movie » pas très différent, par exemple, des classiques du genre. la description proprement « hallucinatoire » du monde des junkies et de la jeunesse (coupable !), le contentement qu’éprouve le personnage ( et le film dans son ensemble) à rendre sa justice, la fin sans ambiguïté (le personnage principal a libéré le symbolique passage souterrain de sa vilaine racaille), tout cela me paraît à 100 lieux de Get Carter, dans sa description d’un monde dévoré par la misère sociale et économique, en proie à toutes les agressions et les compromissions, que vient châtier un homme dont il ne faut pas oublier (Caine le rend très bien) qu’il est avant tout (et le restera) un salaud et un tueur (et pas un justicier). Là aussi, la fin est sans ambiguïté, et cette mort venant d’un tueur anonyme, sur une plage sordide et son tas d’ordure, en dit long sur le film et son désespoir.
Quant à Spielberg, loin de moi l’idée de décrier toute la carrière et l’ensemble des qualités de l’artiste, il me semble simplement qu’à bien regarder sa filmographie (vraiment), on en vienne dans 50 ans à le considérer comme on considère aujourd’hui Victor Fleming, W S Van Dyke ou encore Clarence Brown, cinéastes pas sans talents, passant aussi à leur époque pour brillants, mais qui sont aussi parfois des réalisateurs, conventionnels, empesés et académiques… ce qui ne me paraît pas être le cas d’un Soderbergh, plus libre , plus curieux et plus complexe. Disons que je sens une vivacité chez lui que je ne retrouve pas chez Spielberg.
Spielberg est depuis ses débuts d’une cohérence absolument remarquable. Son oeuvre se tient, et il restera comme un des grands auteurs du Nouvel Hollywood.
Je partage votre opinion. D’avoir revu DUEL m’a confirmé sa maîtrise exceptionnelle du récit, d’autant plus que les moyens sont plus que limités. Il y a déjà beaucoup d’inventivité, dûe, bien sûr, à l’oeuvre de Richard Matheson, mais certaines séquences demeurent inoubliables surtout dans la version longue : la scène du bar où l’on se questionne sur le visage du conducteur (grand moment de paranoïa cinématographique), celle du car avec les enfants où le méchant vient à leur rescousse au détriment du héros…
Parmi ses premiers téléfilms, hors-mis le Colombo particulièrement bien filmé et où son style visuel apparaît déjà très nettement,je soulignerais SAVAGE, avec Martin Landau, étonnant dans sa construction et son montage, et qui tient en haleine jusqu’à la dernière minute en utilisant très habilement les techniques du cinéma et de la télévision.
Je crois que la sur-médiatisation de Spielberg dans les années 80 a fait beaucoup d’ombre aux cinéphiles qui ne voyaient souvent en lui qu’un accumulateurs de plans. Il faut bien reconnaître cependant son extraordinaire talent visuel, son instinct du cinéma et sa faculté à créer le suspense, tout en renouant avec des genres romanesques un peu disparus alors auprès du jeune public. Il n’a jamais caché son influence de David Lean.
Personnellement je ne me lasse pas de revoir JAWS et CLOSE ENCOUTERS (son seul scénario original) qui restent captivants d’un bout à l’autre malgré quelques facilités concédées à l' »entertainment ». Réserves toutefois sur E.T, brillant mais qui passe mal le cap des années, l’aspect larmoyant créant un réel agacement. RAIDERS OF THE LOST ARK reste le meilleur de la quadrilogie et vous avez raison de citer EMPIRE OF THE SUN dont le souffle épique provoque l’admiration, plusieurs séquences sont admirables.
Je conseille de lire ce que dit Bertrand Tavernier sur SCHINDLER’S LIST dans « 5O ans de cinéma américain », mettant l’accent sur l’absurde polémique qui en suivit. Mais c’est dans sa maturité il est vrai que Spielberg a donné le meilleur. Fuller aurait je crois aimé SAVING PRIVATE RYAN (qui fait parfois penser au formidable DUNKERQUE de Leslie Norman), et MINORITY REPORT est l’une des meilleures adaptations de Philip K. Dick, pourtant au départ une simple nouvelle. C’est très noir et aussi désespéré que A.I, ce qui confirment la dualité de Spielberg et sa tendance à déterrer les zones les plus sombres de l’humain.
On ne peut oublier non plus la virtuosité dont il fait preuve dans WAR OF THE WORDS, il y maîtrise le cinéma et les effets spéciaux avec la facilité d’un jongleur…
Si l’on peut contester MUNICH, le sujet est pourtant louable, et le film a le mérite d’être critique vis à vis du Mossad, de poser la question du terrorisme et de sa réponse.
WAR HORSE m’a ébloui d’un bout à l’autre, une inspiration fordienne traverse parfois le film, et malgré l’aspect mélo un peu appuyé(notamment dans la scène où les soldats anglais et allemands s’unissent pour sauver Joe) j’ai eu l’impression de retrouver l’un des grands films de mon enfance, de SERGEANT YORK à THE BLUE MAX en passant par L’ENFANCE D’IVAN et QUAND PASSENT LES CIGOGNES.
LINCOLN est un très curieux film et il faut totalement oublier l’oeuvre de Ford. Moins didactique que AMISTAD qui résidait également en grande partie en huis clos, on a l’impression de voir un film des années cinquante faisant la part belle au dialogue et renouant avec celui-ci, ce qui est tout à son honneur. Mais cela ne m’empêche pas d’y voir de la superficialité à bien des égards, les choses ne s’étant pas déroulées aussi rapidement dans le temps. Les compromis que firent Lincoln et son impuissance à pouvoir agir sont finalement assez peu évoquées. Dans le genre, Attenborough réussissait mieux ce cheminement avec GHANDI. Quitte à me faire des ennemis je suis par contre assez réservé sur le jeu de D.D. Lewis qui cabotine un peu, et l’on a peu parlé de Sally Field, absolument admirable, elle tient en grande partie le film sur ses épaules.
A Bruno Francois Boucher, les comparaisons avec le Ford m’étonnent : les deux films n’ont rien et ne pouvaient rien avoir en commun, vu ce dont ils parlent. Le film de Speilberg fait davantage penser à ADVISE AND CONSENT de Preminger et on peut réver à un film similaire qui évoquerait la lutte d’Obama au Congrès et au Sénat pour faire passer le medicare ou un article sur les armes. Parmi les autres acteurs magnifiques de LINCOLN, il y a Tommy Lee Jones et David Strathairn (acteur fétiche de Sayles, si bon dans GOOD NIGHT, GOOD LUCK. Je suis en revanche très réservé sur CHEVAL DE GUERRE qui m’a laissé de marbre
Quelle oeuvre de Ford ? Vers sa destinée ?
Si oui, c’est vrai qu’on n’est pas dans le même propos.
Si je me souviens bien, une grande partie du film de Ford est un polar qui fait presque oublier le contenu biographique.
C’est d’ailleurs ce qui me gène le plus dans ce film; j’étais si bien au bord de l’eau avec Ann Rutledge !
Oui, moi aussi j’ai pensé à Obama au Congrès ! La sortie du film a été décalée d’ailleurs aux U.S après la campagne électorale. Je ne sais pas pourquoi on a voulu le rapprocher de YOUNG MISTER LINCOLN, sans doute est-ce le film qui vient directement à l’esprit quand on pense à Lincoln… mais c’est absurde. Je n’avais pas pensé à ADVISE AND CONSENT, c’est très juste. Oui pour les autres acteurs, ils sont formidables. Ah ! David Strathairn, inoubliable aussi dans DOLORÈS CLAIBORNE… Je comprends la réserve sur WAR HORSE, mais j’ai marché comme un gamin !
Pas trop le temps de développer pour l’instant mais Lincoln m’est apparu comme un fort beua film, peut-être l’un des plus denses de son auteur.
Il y a du Preminger dans cette captation de la parole, de la rhétorique, des silences à l’évidence: spielberg aurait pu la jouer plus spectaculaire comme le prouvent la séquence liminaire ou le moment où il visite le champ de bataille.Notons d’ailleurs que ces deux séquences montrent une évolution:d’un combat narré pour le président (mais nous y sommes plongés comme les soldats) aux conséquences d’un autre (où nous sommes à la fois proches de ce que ressent Lincoln et paradoxalement éloignés car nous avions comme une longueur d’avance sur lui).Mais là n’est pas son but.
La captation des tractations, stratégies est claire sans être simplifiée et le travail des acteurs admirables avec en tête le boulot démentiel de D D Lewis (il faudra qu’on m’explique un jour ce que signifie cabotiner car là où je vois un jeu subtil d’aucuns repèrent une pitrerie outrancière)et bien évidemment TL Jones absolument puissant notamment par son silence, par sa fragilité physique que dément un verbe haut et plus ténu le travail tout en variations de D strathairn ou celui plus contrasté de Sally Field.
N’oublions pas la photo admirable de précision avec des jaillissements visionnaires inattendus.
A mon humble avis, du grand art!!!Et je rappelle que je ne suis pas un inconditionnel…
Il aurait fallu parler aussi de l’admirable The master de PT Anderson en matière de maîtrise verbale, formelle, émotionnelle même si ce film tend plutôt vers le cinéma de Mankiewicz à mon sens.
Ghandi quand même!!!Là OK on était dans du sous David Lean même si Ben Kingsley était admirable.
Attenborough versus spielberg, là je ne peux vous suivre sur cette pente glissante d’autant plus que vous l’admirez et en parlez remarquablement plus haut.
Munich est un film que je trouve inégal mais très fort dans ses meilleurs moments, l’un des plus beaux films d’espionnage de ces dernières années avec une condamnation courageuse des méthodes lamentables du Mossad ce qui n’est pas si politically correct que cela aux USA.Dialectiquement parlant, Spielberg y est très fort pour construire une réflexion relativement complexe.
A Ballantrae
D.D. Lewis me touche beaucoup dans le film, mais je ne suis pas tout à fait convaincu, c’est très personnel, par l’utilisation de sa voix. Cabotinage est un mot un peu fort, je l’avoue.
C’est un film que de toutes manières j’ai envie de revoir plusieurs fois pour en peaufiner l’appréciation, le temps me donnera sûrement une approche différente. C’est vrai que j’admire beaucoup Spielberg, la photo du film comme vous le dites est splendide, digne des tableaux de l’époque, mais, pour avoir lu la vie de Lincoln j’ai encore du mal à voir la relation qu’entretient le film avec la notion du temps, essentielle chez l’homme politique (15 ans se sont déroulées entre sa première élection à la chambre des représentants et son élection comme Président pendant lesquelles il ne cesse de d’instaurer ses idées soumises à de nombreux échecs), ce qui m’a fait m’égarer avec le Attenborough. Le film n’a tout de même pas, vous avez raison de le dire, la même profondeur, Preminger étant effectivement plus proche. Peut-être aussi ne suis-je pas encore à même de mesurer tous les éléments complexes du discours, il m’est parfois difficile d’y entrer totalement, un peu égaré entre l’aspect formaliste de l’oeuvre et son utilisation du dialogue. Là-dessus Bertrand a raison de souligner cet aspect de Spilelberg, même si je ne partage pas son opinion sur lui. Je trouve la narration de LINCOLN curieuse, même si c’est effectivement tout à l’honneur de son auteur de ne pas montrer des batailles, ni de donner dans le spectaculaire. J’y retrouve parfois les mêmes défauts que dans AMISTAD, le contenu politique étant tout tout de même très littéraire et didactique, ce qui n’est pas le cas d’ADVISE AND CONSENT de Preminger cité plus haut. Les scènes intimistes avec Sally Field me touchent davantage.
L’approche au cinéma la plus réussie en ce qui concerne le dialogue politique me semble aussi se trouver dans CHEYENNE AUTUMN de Ford, notamment dans les scènes se déroulant au Département de l’Intérieur. Sans doute aussi parce qu’elles étaient plus courtes, et que le film y gagnait en puissance tout en ne perdant rien de son impact.
Peut-être que ma réserve sur LINCOLN provient des moyens engagés, disproportionnés avec le véritable sens de l’oeuvre. Non pas qu’il aurait fallu tourner en 1/33 dans deux décors, mais je ne suis pas sûr que la liberté du réalisateur serve totalement le discours du film.
Mais pardon, on s’égare de cette page consacrée aux DVD du mois !
A Bruno Francois Boucher
Comme beaucoup, vous voulez voir une autre film que celui qu’a dirigé le metteur en scène. Il a choisi de se concentrer sur une période relativement courte (les discussions pour faire passer un article de loi), se déroulant dans un lieu précis. Pas question pour lui d’évoquer le temps qu’il a fallu à Lincoln pour imposer ses idées (avec des reculades, des hésitations – le fait d’incorporer les soldats noirs -, c’est un autre sujet dont on prend conscience dans le magnifique documentaire de Ken Burns. Il se contre sur un moment précis, comme Preminger et joue plus avec l’urgence du temps qu’avec la durée. Proportionnellement, Lincoln a eu le même genre de moyens que Preminger à son époque. Et souvenez vous que la presse descendait systématiquement les films « riches » comme si les moyens étaient synonymes de timidité
A Bertrand Tavernier.
Oui, il faut s’en rappeler.
Merci pour ces éclairages, l’urgence étant effectivement au centre du film.
Etablir une bonne critique d’un film comme LINCOLN n’est pas chose aisée, compte tenu de son niveau. Ces conversations sont passionnantes. Elles touchent non seulement à un film mais aussi à la manière de l’appréhender, de le voir de la façon la plus objective possible. Elles touchent aussi à la notion même de critique, aux idées reçues, et à la nécessité de respecter une oeuvre cinématographique.
De voir un film tel qu’il est et non pas tel qu’on voudrait qu’il soit est d’une grande justesse.
A l’évocation de DUEL de Spielberg, me revient systématiquement cette déclaration de Sergio Leone : « Un jour, je disais à Spielberg que Duel était son meilleur film. Il m’a répondu que, pour lui, mon meilleur film, c’était Mon nom est personne. L’ennui, c’est que lui, il plaisantait en disant cela. Moi, je ne plaisantais pas. Je pense vraiment que Duel est son meilleur film » dans Conversations avec Sergio Leone de Noël Simsolo (publié chez Stock Cinéma).
Je trouve que cette anecdote résume assez bien l’œuvre de Spielberg, l’esprit de Leone, et la naïveté de Spielberg.
Sergio Leone avait raison à l’époque de dire que DUEL était le meilleur film de Spielberg. Pour moi il l’est encore à ce jour : voilà son seul film que je ne me lasse jamais de revoir surtout dans sa version courte télévisée (enregistrée sur VHS et indisponible en DVD). La version TV est plus ramassée, plus dense et plus intense. Quand j’ai découvert la version cinéma, j’ai été déçu par l’épisode du car scolaire qui semble de « trop » (elle avait d’ailleurs été supprimée initialement) et n’apportant pas grand chose de plus à l’intrigue. Les paysages quasi désertiques, le peu de personnes rencontrées dans la version courte renforce selon moi l’isolement du personnage qui est uniquement face à son agresseur. Idem pour la scène introductive de la version longue où l’on voit la voiture du héros sortir de la maison de banlieue et rejoindre la route : la version TV démarre au contraire directement sur la route et amène le spectateur à s’immerger immédiatement dans l’intrigue et à se poser des questions sur ce personnage dans sa voiture rouge. Celà renforce le côté cauchemardesque du scénario et ce qui me fait privilégier (et de loin) la version TV à la version cinéma. Seule pause de réflexion et de mise au point présente dans les deux versions : la scène effectivement magistrale du bar… Peut-être qu’un jour Universal se décidera à mettre enfin cette version TV en DVD (mais en a t-elle seulement les droits de diffusion ?)
A Damien Roussin : Sur Duel, je ne suis pas loin de penser aussi que c’est le meilleur film de Spielberg.
Sur les versions, je ne trouve pas inutiles les scènes du début montrant le départ de la maison puis de la ville. Au contraire, elles me semblent bien contribuer à renforcer le climat de solitude insupportable qui va suivre et surtout l’identification du spectateur au héros en décrivant un peu son quotidien.
Comme exemple de registre « fantastique », on ne peut trouver mieux. Et sans sou de budget.
Quand on pense aux fortunes qu’ont coûtées les autres films (moins bons ?) de Spielberg !
Là, j’exagère, car j’aime aussi beaucoup d’autres films de ce génial réalisateur…
A Damien Doussin :
Je n’ai jamais vu la version TV, mais il y a cependant une scène de la version salles que vous trouvez inutile, et que j’ai toujours jugée importante, celle du car scolaire. Elle sert à exacerber le stress chez le conducteur de la voiture rouge, à renforcer le climat de paranoïa qui l’entoure, en le faisant passer pour fou, puisque le camion qui attend à l’entrée du tunnel comme une bête à l’affut (préfiguration des dents de la mer…), va au final venir pousser le car pour le faire redémarrer. Les rôles sont inversés, aux yeux des autres, le camion c’est le gentil. Au final, cette scène sert à isoler encore plus le personnage. Personne ne le croit.
Il y a même de l’humour, qui ne vient en rien entacher le suspense, le stress de la scène : alors que Weaver venait de dire au chauffeur du car de ne pas s’asseoir sur le capot de sa voiture, c’est lui-même qui va sauter dessus chaussures aux pieds comme un détraqué, dans la minute qui suit… Et le montage de Frank Morriss (Tuez Charley Varrick !) est aux petits oignons.
A Sullivan : attention je ne dis pas que la scène du car est mal filmée ou inintéressante dans les intentions de Spielberg (que vous décrivez d’ailleurs assez justement). Reste que lorsque vous avez vu une dizaine de fois la version TV sans avoir vu la version cinéma (comme ce fut longtemps mon cas), vous vous faites une image du récit beaucoup plus dense et qui va à l’essentiel : d’où mon expression « en trop ». Pour moi, pas besoin de cette scène pour appuyer le fait que le personnage du film est isolé et en totale perdition… De plus, n’oubliez pas que toutes ces scènes rajoutées (2 ans plus tard en 1973) furent une demande du studio Universal pour une sortie cinéma et afin d’atteindre le format minimum des 90 minutes. Le film vraiment souhaité par Spielberg et Matheson reste donc bien la version TV (produite elle par ABC). D’ailleurs, et de manière très juste, Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon dans « 50 ans… » n’intègrent pas ce film dans la filmo cinéma de Spielberg (SUGARLAND EXPRESS étant réellement son premier film pour le cinéma).
Après j’admets que quelqu’un qui n’a vu que la version cinéma soit attaché à ces scènes rajoutées… La version TV reste il est vrai assez rare et difficile à visionner maintenant (je l’avais enregistré pour ma part il y a une quinzaine d’années).
Soderbergh ne mérite même pas d’être comparé à Spielberg et c’est surement au Spielberg de Lincoln un peu conformiste dont vous vous référez. Regardez un peu sa filmographie. Pour moi Spielberg=cinéma mais je sais que beaucoup s’indigne à ce genre de formule, par pur snobisme, simplement parce que c’est exactement ce que pense le spectateur moyen. Il est un réalisateur à la Hitchcock qui veut raconter une bonne histoire et faire des séquences de mise-en-scène à couper le souffle alors que Soderbergh est un formaliste qui s’en tape de son histoire et de ses personnages mais qui tombe de temps en temps sur de bons acteurs et/ou un bon scénario. Il n’a jamais réalisé un film magnifique, seulement quelques films que l’on pourrait décrire comme « bon » mais qui sont en fait vaguement ennuyeux. Alors que Jaws par exemple est un chef-d’oeuvre: moi c’est ce Spielberg là que j’aime, celui de La guerre des mondes, qui, de son propre aveu, nous refait du William Castle. Mais à travers le prisme de son génie cinématographique.
A richpryor
Une opinion n’est pas un fait. De nombreux films de Soderbergh m’ont ému, touché (de HORS D’ATTEINTE à ERIN BROKOVICH
Sans dénigrer Söderbergh qui il est vrai a signé de bons films, possède un véritable talent et a une personnalité fédératrice et positive, je pense que Spielberg restera bien plus en relief dans l’histoire que lui, car son oeuvre est bien plus organique, thématiquement et universellement forte. Spielberg est un véritable auteur, un grand auteur. Une personne de mon entourage, cinéphile, a dû revoir E.T. 30 fois avec ses deux fils ! Et il ne cesse de m’en vanter les mérites, la force, l’émotion vraie qui s’en dégage, la justesse de vue du cinéaste sur l’enfance, la condition d’ETRE enfant. Il saurait bien mieux en parler que moi. A l’occasion, je le lui suggérerai…
A Sullivan
Je pense que cette comparaison est sans objet et ne nous apprend rien. Il y a une véritable cohésion politique, sociale, thematique chez Soderbergh entre les films qu’il a réalisé et tous ceux qu’il a produit, souvent d’une grande audace. Pensez à GOOD NIGHT, GOOD LUCK, à SYRIANA (quels films ont décrit avac autant de complexité les manipumations des compagnies pétrolières et de l’Etat Us) LOIN DU PARADIS, Ces films s’accordent avec THE BUBBLE, HORS D’ATTEINTE, CHE, THE INFORMANT. Speilberg est un grand cinéaste occasionnel mais il signe aussi des films avec une vision oncle tomiste des noirs qui scanlisa de nombreuses personnes aux USA (COULEUR POURPRE) et gache de nombreux films par son coté Disney (cf ses batailles avec Joe Dante sur le contenu « anti familial » de GREMLINS 2). Et je trouve terriblement discutable la très belle ouverture de RYAN avec ces brusques changements de point de vue qui montrent une mitrailleuse allemande tirant sur les soldats. L’ennemi réduit à une machine à tuer. C’est le contraire moral, politique de ce que fait Malick dans LA LIGNE ROUGE
A Bertrand Tavernier
Vous avez raison, mes critiques de Soderbergh ne reflètent que mon opinion. Et encore je crois que j’y suis allé un peu fort en me relisant (c’est la comparaison défavorable avec Spielberg qui m’a un tant soit peu énervé). Je remplacerais « vaguement ennuyeux » par « plutôt intéressant » mais je maintiens que malgré une longue filmographie et une relative liberté dans son travail et ses budgets il n’a jamais réalisé un film qui m’a vraiment touché émotionnellement (alors que je remarque toujours son talent formel).
A Bertrand Tavernier :
Vous avez raison : il est déjà à la base complètement vain de nourrir cette comparaison Spielberg/Soderbergh qui n’a aucune raison d’être.
Dans « 50 ans », sur Spielberg, vous parlez de sa « vision misanthropique du monde, dont la noirceur est compensée par l’optimisme, la gentillesse, l’esprit d’enfance… »
C’est exactement cela. Une vision du monde très anglo-saxone également.. Car l’optimisme, la gentillesse, auxquelles on peut rajouter la bonté, sont des qualités très prisées par les anglais, les américains, alors que chez nous, elles passent bien trop souvent pour de la faiblesse, de la naïveté…
A Sullivan
Pas faux
Moi ce qui me vient à l’esprit concernant Soderbergh et je ne sais pas si c’est le bon terme, c’est l’élégance de sa mise en scène (je pense ici aux trois Océan mais c’est sur qu’avec des acteurs de la trempe de Clooney et Pitt, on peut difficilement faire mieux). Je suis plus dubitatif concernant ses films experimentaux comme Full frontal (je n’ai pas vu Girlfriend experience). Et j’ai un plutot bon souvenir de A fleur nde peau. Mais je ne vois pas trop l’interet de le comparer avec Spielberg qui a aussi fait de mauvais films compte tenu de son talent (Hook, Always ou 1941)
Soderbergh n’a je pense jamais cherché à aller sur le terrain de Spielberg …en revanche Peter Jackson ou Guillermo del Toro pourraient avoir cette ambition, peut-être aussi Fincher ou Nolan qui sait?
« je pense que Spielberg restera bien plus en relief dans l’histoire que lui, car son oeuvre est bien plus organique, thématiquement et universellement forte. Spielberg est un véritable auteur, un grand auteur. »
oh la la Sullivan qu’est ce qu’il faut pas lire ! il a surtout infantilisé le cinéma américain qui ne sait plus que produire des films pour ados attardés dans le cadre des grands studios hollywoodiens. comme dirait l’autre il a ouvert la boite de Pandore et j’ai pas vraiment la même vision que vous de l’héritage qu’il laissera à l’histoire du cinéma. alors oui c’est un génie de la mise en scène mais ses thématiques sont caricaturales et même quand il se veut intello, il y va à la truelle. sa symbolique dans Schindler’s List est insupportable (la neige, petite fille au manteau rouge), sans parler de la vision très américano centré qu’il a des français dans Munich. ceci dit et pour ne pas charger la mule, il a aussi fait de très grands films, E.T. (oui dans ce film l’enfance est traitée avec intelligence), la guerre des mondes, minority etc…
Je suis d’accord. Soderbergh fait un cinéma très différent de Spielberg et même dans le film de genre, son empreinte est tout à fait à part. Pour Jackson et del Toro, c’est possible, je l’avais pensé aussi un temps de Franck Darabont. Jackson, même s’il est quasiment exclusivement nourri de cinéma fantastique, possède un éclectisme (HEAVENLY CREATURES, KING KONG, LOVELY BONES) proche de l’auteur de CLOSE ENCOUNTERS. Il en est même arrivé à dépasser son maître en terme de prouesse visuelle, son utilisation des effets speciaux étant tout à fait remarquable. Il ne peut qu’avoir impressionné Spielberg qui d’ailleurs l’a pris sous sa coupelle, notamment pour TINTIN.
En ce qui concerne Fincher, oui sous certains aspects ( d’autant plus qu’il va prochainement oeuvrer dans la science-fiction et qu’il a un projet d’après Jules Verne), mais il est essentiellement imprégné de films noirs et d’un monde déjanté, ultra-violent, où se côtoient la plupart du temps des sérial-killers. Même dans BENJAMIN BUTTON, il est vrai très spielbergien, la poésie surprenante qui s’en détache, non dénuée de délicatesse, le pousse à nouveau vers une sorte de désespoir, de « mélancolie déchirante des adieux » comme le soulignait Louis Guichard. Le film est très beau (Brad Pitt sert magnifiquement Cate Blanchett), mais je ne suis pas sûr que ce soit l’aspect historique qui l’ait vraiment intéressé. Dommage que Fincher ait parfois tendance, notamment dans MILLÉNIUM, à vouloir reprendre les recettes de SEVEN (la pluie, l’atmosphère glauque). Par contre il est assez innovateur dans ZODIAC.
Pour Nolan je ne crois pas qu’il aille sur ce territoire. Il fait partie du nouvel Hollywood totalement sorti du classicisme (INCEPTION le prouve), et de plus c’est souvent un auteur complet (comme Cameron) dont la vision noire, également désespérée, colle à la perception d’un jeune public essentiellement baigné d’héroïc fantasy. Il aime aussi les intrigues complexes et fait des incursions dans le domaine du subconscient, du rêve, du cauchemar, mais je ne suis pas sûr qu’il puisse se diversifier autant que Spielberg.
Je crois que la particularité de ce dernier, qui le rend unique aujourd’hui et selon moi assez génial, c’est son étonnante capacité à pouvoir donner dans le thriller, la comédie, la science-fiction, le film de guerre ou le film historique, tel que des cinéastes ont pu le faire par le passé. Il est bercé par le cinéma de son enfance et par des films de réalisateurs qui étaient capables de toucher à tous les genres.
Dans le cinéma hollywoodien actuel c’est moins évident pour la relève. Sa préoccupation, ses centres d’intérêts, liés aussi à l’âge du public dans les salles, au coût exorbitant des films et à leur profusion, accentuent encore cette difficulté.
Nolan c’était pour la maîtrise étonnante des diverses étapes du processus de construction d’u film et moins pour les thèmes ou le style.
Soit dit en passant, malgré un Dark knight rises bien décevant je le trouve assez doué depuis The follower.Insomnia était particulièrement intelligent et éprouvant après un Memento trop m’as tu vu.Le prestige m’avait bcp plu par son atmosphère , son scénario, son interprétation.Il a su réactier le mythe Batman avec fougue surtout dans le second volet admirable.Inception a ravi le KDickien que je suis depuis des années maintenant nombreuses.
Les héritiers les plus directs sont Jackson et del Toro pour leur passion naive, leur énergie qui sait faire feu de tout bois ( du bricolo habile aux effets numériques les + sophistiqués).
C’est le second qui à mon sens pourra le plus nous surprendre positivement à l’avenir malgré son inactivité forcée: si Pacific rim semble vouloir surtout redorer le blason commercial de son auteur, les projets suivants nous rappellent qu’il est l’auteur rare de L’échine du diable et du Labyrinthe de Pan.
Bonjour,
Je signale à tous les blogueurs ici présents, une journée avec Bertrand Tavernier sur France Musique, le jeudi 28 février prochain.
B.T. y parlera musique, mais aussi cinéma, et même de ce DVDBlog !
Demandez le programme :
http://sites.radiofrance.fr/francemusique/ev/fiche.php?eve_id=315000546
merci, noté!
You’re Welcome !
Je n’ai pu tout écouter mais espère pouvoir rattraper le tps perdu ce WE: quels moments merveilleux!!!
Je suis tombé sur l’évocation de Ford et de ses musiques, sur La nuit du chasseur ou encore sur la question comparative CD/DVD.
Comme vous, je ne supporte pas cette déréalisation des « objets » culturels et ne sais si je verrais encore des films comme je le fais si d’aventure le support matérialisé disparaissait corps et bien: je crois que je reverrais/écouterais mes collections de CD/DVD/blue ray, lirais , irais au cinéma mais ne voudrais même plus courir après ce que certains nomment un progrès…
De toutes façons,entre cette course à la dématérialisation et le téléchargement illégal (prétendument avancée vers la liberté!), on aura bientôt de gros pbles de diffusion (Virgin met la clé ss la paillasson , quid de la fnac?), de production et de création.
Cela concerne aussi la diffusion en salle.Le tout numérique en salle va aboutir à la disparition de nombreux lieux de diffusion en Afrique et d’autres lieux qui ne peuvent s’équiper.Quentin Tarantino a raison d’acheter et thésauriser ttes les copies 35 mm qu’il peut car on n’a aucune idée de la véritable pérennité de ces supports miracle: seront-ils assurément plus fiables que les pellicules qui nous sont parvenues à travers les décennies.Cela me fait penser aux pbles de conservation des peintures postérieures aux années 1880: nouveaux pigments révolutionnaires mais altération prévisible et difficile à combattre pour nb de chefs d’oeuvre.Et on pense aussi au support papier: je n’achèterai jamais un livre numérisé!!!J’aime trop les livres, les impressions procurées par le papeir et la reliure pour m’esbaudir devant un objet froid , sans complexité, sans sensation physique.
Tout cela me désole comme me désolent et me révoltent la disparition d’un modèle social lentement peaufiné, une certaine idée de la solidarité et de la vie en communauté.Parfois,face à l’injonction de modernité poussée par certains chroniqueurs et journaleux, il me vient de furieuses envies d’archaisme!!!!!
A Ballantrae
Vous connaissez le Complexe d’Orp^hée (je crois que c’est le titre) de Jean Claude Michea ?
J’ai lu Michéa ( Orwell éducateur, L’enseignement de l’ignorance,Impasse Adam Smith) mais ne connais pas ce titre…pourquoi citez-vous ce titre-là?
A Ballantrae
Parce qu’il prolonge vos propos. Il montre que la Gauche a été abusée par la religion du Progrès qui, sous couvert du terme de Modernité, lui a fait avaler bien des couleuves. C’est un livre passionnant et parfois tristement jubilatoire
Je vais le commander chez MON LIBRAIRE car je veux le faire travailler lui aussi et ne pas tjs passer par le plus rapide.
Pour étayer historiquement, la dérive libérale de la Gauche, il faut lire aussi Le grand bond en arrière de Serge Halimi chez Fayard qui montrent comment les théoriciens de l’Ecole de Chicago ont su gangréner les cerveaux des élites de tous bords afin de faire triompher ce qui s’apparente à un dogme: l’idée de « Modernité » qui relève de l’injonction magique a en effet un pouvoir de nuisance fort qui a pu sévir dans le champ culturel, social, environnemental.Que de malheurs engendrés en son nom!!!Son synonyme « pragmatique » est le nom Réforme comme si ce terme était ontologiquement bon alors qu’il ne signifie qu’une chose par les temps qui courent: le détricotage systématique d’acquis patiemment construits au fil des décennies.Là le Libéralisme s’avère plus fort que la Capitalisme de grand papa car il sait renverser la rhétorique sociale de la fin XIX ème siècle début XXème siècle à son avantage: les mots ont un pouvoir, ceux qui en usent ont une responsabilité qu’ils soient politiques , journalistes ou artistes (dernier agacement en date, Bacri-que j’aime bien pourtant- et sa non réaction face aux propos de C Masson sur Hessel hier sur FI).
On peut lire aussi les très abordables Il n’y a pas d’alternative de Mordillat chez Seuil ou Les 35 mensonges du libéralisme de M Lainé chez albin Michel.
Mais je m’éloigne du cinéma…Tiens j’y reviens en mentionnant un très bon ouvrage de F Kantcheff chez chêne Robert Guédiguian cinéaste.Mon paradoxe est que j’aime bcp Guediguian pour ce qu’il incarne ( ses idées, ses positions, son « système » de cration) mais moins ses films à l’exception de Le promeneur du chmpa de Mars, Rouge midi ou La ville est tranquille…Disons que j’apprécie son travail mais ne le mets pas au sommet comme je peux le faire avec Loach, Pasolini ou Watkins pour prendre des cinéastes très »impliqués » politiquement parlant: je suis sûrement trop « formaliste ».En tout cas, le livre donne envie de revenir vers on univers tant il est intelligent et magnifiquement illustré.
Un phénomène a lieu depuis quelques temps : la longévité des disques durs et masters numériques des films ayant une durée limitée (5 ans, 10 ans, 15 ans selon le support), il faut réinvestir sur de nouveaux supports régulièrement si l’on veut sauvegarder les films. Mais la fiabilité des disques étant toute relative, certains studios sont amenés à tirer à nouveau des copies 35 mm qui s’avèreraient finalement plus fiables.
Raid sur Entebbe est en effet regardable. mais, par pitié, quand sortira donc le grand film de Kershner, Loving, que Claude Sautet admirait, avec raison. George Segal y est immense (Tout comme dans Born to Win et California Split, deux autres films dont on attend avec impatience la sortie DVD)
Juste pour le plaisir: retrouvez Gordon Douglas tout jeune avec Oliver Hardy sur le blog Trop Bath! Précieux!
http://tropbath.canalblog.com/archives/2013/02/22/26303218.html
vachement bath!
(gentil modérateur, ne supprime pas ce message sous prétexte qu’il n’a rien à voir avec les dvds, bisou!)
Merci pour cet article élogieux sur TRAFFIC, l’un des meilleurs films de Soderbergh, cinéaste à mon sens très irrégulier, hors-mis le tout autant inspiré KAFKA ainsi que le très curieux KING OF THE HILL, également à redécouvrir. La puissance de TRAFFIC réside dans son redoutable écheveau visuel et dramaturgique, le film traitant pour une fois des conséquences de l’économie monstrueuse générée par la drogue sur les victimes. Michael Douglas est impressionnant de vérité, et le personnage de sa fille l’un des points forts du film.
Merci également d’avoir parlé de MAN ON THE MOON, le dernier grand Forman, brillant à plus d’un titre, et qui fait penser parfois a A FACE IN THE CROWD de Kazan. Oliver Stone l’avait descendu un peu vite après leur houleuse collaboration sur LARRY FLYNT.
A BRUNO FRANCOIS BOUCHER
D’accord a AUSSI réalisé un grand nombre de films passionnants, réussis, originaux, de HORS D’ATTEINTE (une des meilleures adaptations d’Elmore Leonard) à THE BUBBLE (un petit bijou).CHE est un film très respectable, ERIN BROCKOVICH était très bien mené et récemment des oeuvres commes THE INFORMANT, MAGIC MIKE, voire PIÉGÉE sont élégantes, jamais ramenardes ou bêcheuses. Il lui arrive de se casser la gueule (THE GOOD GERMAN, CONTAGION) mais de manière moins ostentatoire que bien d’autres. Et il a produit co financé, aidé, soutenu tellement d’oeuvres intéressantes, politiques de SYRIANA à Michael Clayton en passant par GOOD NIGHT GOOD LUCK et des dizaines d’autres dont l’énigmatique WHO IS BERNARD TAPIE ?
A Bertrand Tavernier. Subtilité des titres : THE BUBBLE (2007) est le titre d’un film israélien d’Eytan Fox (que je n’ai pas vu par ailleurs).
Par contre BUBBLE (2006) est bien le titre du film de Soderbergh : bon film qui frappe par sa simplicité et sa noirceur dans l’atmosphère provinciale d’une petite ville (c’est presque du Chabrol « américain »). Ce film prouve bien qu’entre de grosses machines comme la série des OCEAN’s…, Soderbergh est capable de faire des films tout à fait personnels (un peu comme un Sidney Lumet à son époque) : en tout cas la marque d’un grand réalisateur dont vous avez raison de rappeler son engagement dans certains projets et je vous rejoins évidemment sur TRAFFIC. je vais essayer de voir HORS d’ATTEINTE que je ne connais pas.
Emore Leonard a été assez bien servi ces dernières années par Tarantino comme par Soderbegh: Hors d’atteinte est séduisant, malin, facétieux comme la prose du romancier qui n’est pas mon auteur de polars préférés mais est indéniablement talentueux.
Dans les mêmes eaux soderbergh avait sorti un très beau polar L’Anglais avec l’impérial Terence Stamp, sorte de remake indirect du chef d’ouvre de Boorman Point blank.
Soderbergh est un bon voire parfois très bon cinéaste mais il est très habile dans le recyclage et l’élégance ce qui en fait un formaliste pur:c’était la limite de Kafka ou The good german, c’est la qualité de L’Anglais ou solaris.
Traffic est sûrement l’un de ses plus beaux films: âpre, complexe,déstabilisant et très documenté.
Bertrand a raison qd il dit qu’il ya rarement rien à prendre dans ses films cependant j’ai trouvé dernièrement Contagion assez décevant alors qu’il s’agissait d’un sujet en or!
Peut-être devrait il enchaîner de manière moins boulimique les projets? Prendre un peu son tps????
The Bubble d’Eytan Fox est un très beau film. je le recommande. j’aime beaucooup aussi Bubble de Soderbergh et le reste de sa filmo (celle que j’ai vu). je serais plus indulgent sur Contagion. pour moi les grosses plantades sont les deux suites des Ocean’s.
J’ai visionné CONTAGION il y a quelques jours pour la première fois et après avoir lu vos commentaires : je dirai que le film est loin d’être déshonorant. Que lui reprochez-vous au juste : un certain clacissisme dans la réalisation ou un scénario un peu tiré par les cheveux ? Pas son meilleur film assurément mais loin d’être à mettre non plus aux oubliettes. Je rejoins en celà le commentaire de Nemo : les Ocean’s sont pour moi bien moins intéressants (et peut-être effectivement THE GOOD GERMAN mentionné par Bertrand Tavernier que je n’ai jamais encore voulu voir).
Dans la même fournée Sidonis, je conseillerais RAID SUR ENTEBBE,d’Irvin Kershner, qui m’a paru être à la hauteur de sa réputation, à savoir la meilleure des trois livraisons sur le sujet (2 téléfilms dont celui-ci et un film israelien). Au vu des 2 autres, me dira-t-on, ce n’est pas un exploit.Certes, mais le film vaut des points.Je le connaissais dans sa version VHS en VF qui n’en restituait pas la totalité. C’est réparé avec cette parution.RAID SUR ENTEBBE surplombe le tout venant des productions similaires de l’époque grâce à un traitement crédible qui rend les 2h20 du métrage assez captivantes.Car s’il s’agit bien d’un téléfilm (de nombreux fondus au noir devant faire place à la pub l’attestent) et si il a été en 3 semaines comme nous l’apprennent Patrick Brion et François Guérif, l’oeuvre n’en respecte pas moins le spectateur.RAID SUR ENTEBBE est peu spectaculaire mais impressionne pourtant par sa véracité, son angoisse sourde, ses notations sur la promiscuité dans laquelle vivent les otages, son absence de schématisme. Tout ici est sobre mais soigné : la photo de Bill Butler, l’épatante musique de David Shire (compositeur à redécouvrir), l’homogénéité d’un casting qui sonne juste (Cherles Bronson est crédible en officier israelien, idem pour Peter Finch en Yitzak Rabin, sans oublier Yaphet Kotto, en impeccable Amin Dada). Les bémols ne sont pas rédhibitoires:Eddie Constantine, en commandant de l’Airbus m’a paru nul, comme tous les Français du film y compris un Valéry Giscard d’Estaing qui ressemble à tout, sauf à VGE (il a une chevelure épaisse et grise).Mais cela ne vient pas gâter le lyrisme confiné et intelligent de l’ensemble.
La copie, en 4/3, est agréablement restorée.
En complément, voir bien sûr Le dernier roi d’Ecosse (2006) sur le régime d’Amin Dada avec un extraordinaire Forrest Whitaker
ENTEBBE est un vieux souvenir qui m’avait paru bien en dessous de ce qu’on en lisait dans 50 ans de cinéma américain. Dîtes-moi si je me trompe mais je me rappelle d’un film qui ne se démarquait pas de l’image généralement donnée par Hollywood à propos du conflit Israélo-arabe. On y enfonçait même le clou dans le stéréotype du terrorisme barbare opposée à une diplomatie israélienne dont on exaltait les vertus. Finch se démenait dans le rôle de Rabin, mais Bronson (dont on se demande ce qu’il fait là) était encore plus momifié que d’habitude. La version de Chomsky m’avait parue encore plus manichéenne. Au sujet du conflit au moyen orient, j’ai dernièrement revu THE AMBASSADOR, un film pas mal de J Lee Thompson, qui est un des rares titres à proposer une vision plus objective du conflit israélo-palestinien dans le sens où le film prend en compte le fanatisme des israéliens pour empêcher une résolution de paix. Peut-être que Sidonis devrait dépoussiérer cette production Canon qui fait figure de chef d’oeuvre en regard de ce que Thompson avait l’habitude de tourner.
THE AMBASSADOR est une autre version du roman de Elmore Leonard 52 PICK-UP, la version de Frankenheimer (même titre US ou PAIEMENT CASH en Fr) est excellente, je serais curieux de voir comment Thompson a pu traiter le même sujet dans le milieu diplomatique des relations USA-Israël, l’OLP se rajoutant à celà! A ce que j’ai lu, dans le Thompson, c’est l’épouse du héros qui le trompe, 52 le film est donc plus fidèle au roman (le mari est l’infidèle), par contre, 52 le film s’écarte du roman par rapport au Thompson: le roman montre les ennuis du héros avec son syndicat d’ouvriers, ce qui est absent du film et qui dans le Thompson paraît être rendu par les « ennuis » de l’ambassadeur avec Israël et l’OLP!
Dans le Frankenheimer, Clarence Williams III est terrifiant en maître-chanteur! J’aimerais le voir plus souvent.
Golan et Globus avaient le sens du commerce et ils ont fait deux films avec le prix d’un seul sujet. Le Frankenheimer est en effet plus fidèle à la trame du roman mais cette fin héroïque gâchait complètement tout ce qui s’était passé avant. Roy Scheider aurait dû mourir dans sa Jaguar.
Je me rappelle que le tournage du film de Thompson avait fait l’objet d’un reportage dans une émission de grande écoute sur TF1 et Golan avait annoncé la sortie du film dans le JT de Mourousi. Pourtant, bizarrement, on ne l’a jamais vu en salle. On peut trouver la VHS à petit prix sur internet. La copie n’est pas trop mauvaise.
à Manux: exact pour la fin, invraisemblable et hors-sujet surtout, on notera aussi que le héros se rend complice d’un meurtre en s’abstenant de témoigner à la police qu’il a été témoin de celui de sa petite amie! Le vrai sujet sont les rapports entre Ann-Marget et lui.
Les trois crapules sont très réussies.
Ah! la Cannon…tout un poème, comme le goût d’une petite madeleine un peu moisie!
Oui, Golan et Globus annonçaient plein « d’événements » mais les 3/4 tournaient court: ils étaient d’assez piètres producteurs qu’ils veuillent créer des événements commerciaux ( la grande aventure mort née avec Stallone) ou qu’ils veuillent faire ds le ciné d’auteur.Par chance surgissait ici et là tel bon film: Maria’ lovers, Barfly (si c’est bien eux: je suis moins sûr),King Lear de JLG ( bien qu’un peu foutraque)et peut-être qqs autres autres…
Leur arrivée à Cannes était un spectacle en soi ds les 80’avec leur côté marchands de tapis ravaudés.
J’oubliais 52 pick up et street smart , là aussi deux coups de bol!
Versant côté obscur de la force de frappe Cannon Group , une pensée pour la collaboration avec Tobe hooper: invaders from mars, lifeforce ou Texas chainsaw massacre II ou le nanar dans tous ses états!
RAID SUR ENTEBBE n’est pas un film immense mais, vraiment, il est prenant sans plaisir coupable. La diplomatie israelienne n’y est ni malmenée, ni exaltée pour la bonne et simple raison qu’elle est, dans ce cas de figure, inéxistante car l’opération « thunderbolt » est préparée à l’arrache (et quand bien même avec minutie) par des décisionnaires au nez et à la barbe du reste de l’éxécutif qui sera mis devant le fait accompli.
Le chef des terroristes,joué par Horst Bücholz, a un geste moral avant de mourir, atténuant tout manichéïsme. Quant à Bronson, une fois qu’on admet sa présence, il ne la ramène pas et joue d’une façon humble.De par la présence de Martin Balsam et la musique de Davis Shire, on est plus proche de quelque chose comme LES PIRATES DU METRO, de Joseph Sargent, que de VICTOIRE A ENTEBBE, de Marvin Chomsky, qui ressemble plus à une production Jennings Lang dont tout le budget servirait à payer Burt Lancaster, Kirk Douglas et Elisabeth Taylor.
Bien à vous
je me méfie comme la peste des productions des deux cosuins Golan-Globus dont la société produisit beaucoup de films de Bronson (les justiciers notamment) et ceux de Chuck Norris (les Delta force et autre Portés disparus) qui sont des films d’un autre âge – heureusement révolu apparemment – où tout ce qui est « basané » ou « jaune » est un dangereux terroriste arabe ou un tortionnaire vietnamien (je carricature à peine) : la violence de ces films est gratuite et on remarque surtout une absence de recul et d’impartialité : c’était l’ère de l’Amérique triophante sous Reagan. ça lui a couté cher …
Sidonis vient d’exhumer un Henry Hathaway tombé aux oubliettes sûrement depuis le jour de sa sortie en salle. SEVEN THIEVES est l’histoire d’un casse sur la côté d’azur qui enfile les traditionnels trois actes : Préparation, Exécution, Résolution, mais je suis loin de partager l’enthousiasme que F. Guérif nous communique dans le supplément. D’abord parce qu’à la lecture du sujet on craint de voir ce qu’on découvre en effet dans le film, à savoir que l’équipe n’a jamais mis les pieds sur la Riviera. Tout est filmé devant des transparences approximatives dans les studios de la Fox. Guérif nous dit qu’Hathaway vouait une véritable admiration à E.G Robinson, et c’est sûrement la seule raison qui l’a convaincu de se coller à la tâche. L’acteur y jour un professeur qui après avoir perdu son honneur, cherche à le retrouver en mettant au point un braquage impossible. Un sujet qui permet à Hathaway d’évoquer l’honneur de la lignée, un thème qu’il exploite dans tous ses films. C’est peu de chose dans cette histoire sans suspens ni tension dramatique qui ne prend de l’intérêt qu’après le braquage, mais on est à 10 mn de la fin. A regarder seulement pour avoir une vision plus exhaustive de la filmo d’Hathaway dont pas mal de films restent encore inaccessibles.
Le même jour, Sidonis a sorti un autre Hathaway, plus intéressant à mon goût : 23 PACES TO BAKER STREET. Le récit se déroule à Londres. Van Johnson y joue un dramaturge aveugle, qui va retrouver un soupçon de vie quand il écoutera à l’improviste une conversation entre un homme et une femme dans un bar, qui projettent de vils desseins… Il va, en raison de l’incrédulité de la police, mener lui-même l’enquête… aidé par son majordome (génial Cecil Parker) et une femme qui ne demande qu’à reconquérir son amour, incarnée par Vera Miles… On pense beaucoup à « Fenêtre sur cour » évidemment. Mais il s’agit d’un vrai film noir, avec des passages où la tension, le suspens, sont très intelligemment menés et où le handicap du héros est une réelle source d’inspiration de mise en scène pour Hathaway (la scène de l’immeuble sans façade, la scène finale dans l’appartement plongé dans l’obscurité…), dont ce long-métrage est l’adaptation de ce que les britanniques considèrent comme l’un des dix meilleurs polars de tous les temps : Warrant for X (La Nurse qui disparut) de Philip MacDonald (source : François Guérif).
Ce n’est pas un des meilleurs Hathaway, mais je lui reproche de ne pas être en noir et blanc, ce qui aurait beaucoup mieux convenu au film, à l’évidence.
La couleur alla bien mieux à quelques films noirs dont LEAVE HER TO HEAVEN, PARTY GIRL, VERTIGO ou même NIAGARA du même Hathaway… même si ces deux derniers ne peuvent être considérés uniquement comme films noirs…
Au final, Sade n’a été traité de manière satisafaisante que deux fois à mon avis:
-la première fois dans le Marat/Sade de P Brook et ce malgré une théâtralisation 70′ parfois ostentatoire.Le malaise est entier d’autant plus que le film est d’abord un voyage aux confins de la folie.Notons que la blancheur dominante de ce film est bien plus convaincante que le vert signe de putréfaction de Quills qui m’a laissé sur ma faim comme le fit auparavant Henry and June (dommage au vu des qualités solides de Right stuff et L’insoutenable…)
-la seconde dans un objet non identifiable signé Henri Xhonneux et Topor Marquis joué par des acteurs portant des masques animalisés et des prothèses qui ne masquent pas entièrement leurs corps ce qui rend très dérangeantes les scènes sexuelles.Il fallait bien la démesure d’un Topor pour retranscrire celle d’un Sade.Notons qu’on avait un avant goût de cet imaginaire singulier dans la contribution de Topor au sublime Casanova de Fellini lors de la scène de la lanterne magique avec ses dessins mi amusants mi horrifiques
A mon sens, Jacquot réussit dans Le adieux à la reine ce qu’il avait à peine esquissé dans Sade: désagrégation d’une société, précis de décomposition des repères intimes et collectifs face à la marche hors champ de l’Histoire.
Sade est vraiment un auteur étrange que je peine à admirer notamment sur le plan stylistique (que de répétitions, que de mécanique!)mais il n’en demeure pas moins imposant dans le paysage littéraire et philosophique par les perspectives qu’il a su ouvrir.
mouais le Sade de Topor ne traite que d’une partie infime du personnage de Sade. On a toujours tendance à mettre en avant les pulsions de Sade avant son esprit de subversion hors c’est bien son esprit de subversion qui l’a amené en prison pas sa vie débridée qui était un lieu commun à cette époque. il suffit de voir la religieuse de Rivette pour en être convaincu…
A Nemo
A ma connaissance, c’est sa vie débridée, ses rapports avec sa femme, ses dettes qui ont joué un rôle dans ses ennuis judiciaires.
oui mais parcequ’il faisait scandale car beaucoup d’autres avait une vie débridée mais le cachaient.
Mais le Sade de Topor ne parle pas forcément de Sade en soi: c’est un apologue bizarre comme savait en offrir le grand Topor notamment dans Le locataire, film magistral et inclassable de Polanski.
Je pense que Topor était au delà d’une vision de Sade, il cherchait à poétiser cet univers plutôt abstrait, cérébral.
La meilleure vision de Sade, c’est sûrement Salo de PPP qui réussit la gageure de donner du sens (politique qui plus est) à un texte lassant à force de plonger dans l’ignoble.
Une petite pensée aussi pour l’intrusion de Sade dans le récit décousu de L’âge d’or de bunuel.
Sans le porter aux nues, je trouve effectivement que Chevauchée avec le diable est un beau film souvent surprenant avec des scènes assez saisissantes dans leur manière d’appréhender la violence,de montrer les amitiés, amours, rancunes tenaces en temps de guerre.Ang Lee est un cinéaste étonnant et difficile à cerner.Pas forcément un grand cinéaste mais un auteur sensible qui sait sentir nombre d’airs du temps.Ce film là était passé assez inaperçu au contraire d’un film qui lui aussi contourne les codes du western mais de manière à mon sens balourde: le décidément très surestimé Brokeback mountain.
Man on the moon est un chef d’oeuvre tardif de M Forman qui égale en intelligence le Lenny de B Rafelson.Jim Carrey y est fabuleux, le reste du casting très cohérent.Des idées de construction scénaristiques frappent notamment l’interactivité du karaoke, les doutes sur l’identité du double grotesque,la constante hésitation sur la nature du comique du personnage.Ayant revu récemment Taking off et Vol…, je retrouve la veine iconoclaste du cinésate totalement intacte ce qui me fait regretter d’avoir été déçu par Les fantômes de Goya potentiellement fort mais effectivement très inégal.
A Ballantrae
Milos Forman est un cinéaste passionnant dont on aimerait avoir plus de nouvelles.
A propos de MAN ON THE MOON, je profite de votre petite erreur (ça arrive aux meilleurs!)pour rebondir sur le parallèle avec LENNY, de Bob Fosse (et non pas Rafelson).
Entièrement de votre avis sur l’intelligence et l’originalité de MAN ON THE MOON à cette réserve près qu’il y a quelque chose qui m’échappe quant au supposé impact de Kaufman sur son auditoire (comme le dit B.Tavernier, son show peut paraître parfois indigent). Du coup, les contrechamps sur les figurants ont un côté forcé et systématique comme si le cinéaste se démenait pour nous convaincre du talent subversif du personnage.Chez Bob Fosse,les réactions du public face à Lenny Bruce font plus naturelles et réalistes. Cela dit, MAN ON THE MOON est un bien beau film et c’est vrai qu’on trouve chez Forman, d’une manière générale, la même qualité euphorisante du montage que chez l’auteur d’ALL THAT JAZZ (d’ailleurs, le monteur de Fosse, Alan Heim, a aussi travaillé, sauf erreur, avec le cinéaste tchèque).
Bien à vous
Bien sûr Bob Fosse!!! Désolé pour mon erreur par écriture trop rapide…
Il est vrai que l’humour de Kaufman est biscornu, bizarre mais il n’en demeure pas moins efficace dans le domaine du stand up qu’on peut ne pas goûter.Lenny Bruce avait aussi un humour pas nécessairement exportable vers d’autres contrées que les USA mais bon le rire est une bien mystérieuse mécanique.
En tout cas Hoffman et Carrey donnent là l’une de leurs plus belles prestations respectives dans un genre (le biopic) qui n’est pas le plus facile ni le plus exaltant en soi.
Les Français me semblent moins à l’aise avec cette geste d’un héros de la vie réelle que ne le sont les AngloSaxons.Même l’inégal Quills est plus intéressant que le Sade de Jacquot.
Ces dernières années,les biopics ont pullulé ici aussi: Cloclo, Coluche, La môme, La conquête…Il me semble que l’une des rares réussites du biopic français pourrait être Le promeneur du champ de Mars de Guediguian pour sa finesse d’écriture,le boulot des acteurs,la sophistication de la photo et du cadrage.
J’avais beaucoup aimé le Quills de Kaufmann.cependant passé à la moulinette romantique hollywoodienne le film a effectivement beaucoup d’approximations et de libertés historiques ainsi qu’un hors sujet flagrant sur la vraie nature du divin marquis.le film de Benoit Jacquot est autrement plus juste et interessant.
Ah le Sade extraverti de Quills, c’est même un extrémiste qui essaie de s’exprimer (jusqu’à l’absurde) de toutes les façons possibles (il sera progressivement privé d’encre, de plume (d’où le titre), de papier) …il lui faudra donc trouver d’autres supports pour exprimer son imagination survoltée !! …voir la fin du film.
C’est donc un Sade très vivant, philosophe et plein de sensualité, interprété avec la maestria excessive qui convient par le grand Geoffrey Rush.
Et peut importe qu’il colle ou non au vrai marquis.
Kate Winslet et Joaqui Phoenix sont aussi très bien.
To Bertrand Tavernier and P. Segalen: The latter portion of Dmytryk’s career is indeed dispiriting (that’s true of most careers, allowing for the odd exception like John Huston). But there is MIRAGE (1965), which I think is the one of the two best Hitchcock films not made by Hitchcock (the other,even better,is Hathaway’s NIAGRA). The paranoia (what seems the whole universe conspiring to convince one man that he’s insane),the terrific supporting actors (Walter Matthau,Jack Weston,George Kennedy,Robert H. Harris who is wonderful as a backboneless but insightful paychiatrist),the locations (this might be one of the last American films to present Manhattan as the apotheosis of glamour,which it was.then)and a Hitchcockian score by Quincy Jones (maybe Hitch should have gone to Q after he’d fallen out with Herrmann,instead of vainly chasing Shostakovich). All these characteristics shriek Hitchcock. And Robert H. Harris made multiple appearances on ALFRED HITCHCOCK PRESENTS. I’ve only seen the last 40 minutes of WARLOCK (1959), but what I saw,especially the performances of Fonda and Quinn, was good and the tone looked forward to the morally ambiguous westerns of the sixties.
To MICHAEL RAWLS
I agree with you : WARLOCK is interesting even if it is less complex than the novel and MIRAGE, specially the two first thirds was very good
Absolutely, MIRAGE is beautiful and intense, a real thriller and one of the best by Dmytryk.
WARLOCK looks like a good wine. I am very impressed every time I watch it : the characters, the rythm, the framing… something is very european in this movie. WARLOCK is a great undestanding movie.
MIRAGE vient tout juste de sortir dans la dernière vague des « Etoiles Universal » :
http://www.universal-dvd.com/fr/produitetoiles_33_upv_123555_acheter_DVD_Mirage_en_stock.php
Un bon Walsh dans cette dernière fournée : LAWLESS BREED (VICTIME DU DESTIN), mais préférer l’édition Opening de 2008 (à très bas prix sur amazon), qui comportait en bonus, une présentation érudite de Dominique Rabourdin et proposait la même copie.
Je viens de découvrir MIRAGE, quelle pépite !! PECK en savant amnésique est pas mal du tout, secondé par la belle Diane Baker et un toujours parfait Walter Matthau. George Kennedy en homme de main du méchant de l’histoire est flippant à souhait avec ses lunettes monture métal… On retrouve avec grand plaisir le héros du BODY SNATCHERS de Siegel, Kevin McCarthy en faux-méchant… Enfin bref, magnifique distribution et scénario de Peter Stone (CHARADE, ARABESQUE, LES PIRATES DU MÉTRO…), adaptation du roman de Howard Fast « Fallen Angel » (1952) paru en France sous le titre « Les anges déchus ».
C’est effectivement un des meilleurs Dmytryk dont la paranoïa ambiante permet au film de délivrer des scènes de poursuites dignes des meilleurs films d’espionnage, le tout porté par la géniale partition de Quincy Jones !! Quel pied cette musique !!!
Le plus orignal , c’est sans doute les ptites dames en culottes de soie.
D’ailleurs, le fait de les ridiculiser interroge: est-ce davantage pour faire sexy ou bien pour faire comique ? Limite maladroit.
Un réalisateur qui tient à montrer qu’il a le sens de l’humour. Je viens aussi de voir la BRIGADE HEROIQUE où le fort s’appelle… « Fort Walsh » !
J’imagine les poilades retenues devant la caméra !
Sullivan: j’ai commandé LAWLESS ou VICTIME DU DESTIN (je suis ruiné!), me fait penser à un autre Walsh/Hudson GUN FURY, BT et JPC disent qu’il faudrait le voir en 3D dans 50 ANS mais peut-être est-il visible comme ça quand même… qqn l’a vu?
Oui, c’est un Walsh mineur, mais qui dit Walsh mineur, dit bon film quand-même !
Vous pouvez le trouver dans la collection « Western Classics » de Columbia/Sony en DVD sous son titre français BATAILLE SANS MERCI :
http://www.amazon.fr/Bataille-sans-merci-Rock-Hudson/dp/B000BNSPEO/ref=sr_1_3?s=dvd&ie=UTF8&qid=1361786346&sr=1-3
à MB : Un Walsh très mineur, dans mon souvenir, GUN FURY. LAWLESS BREED est un peu plus intéressant, sans pour autant être un western majeur de Walsh. (Je me souviens d’un beau duel dans la poussière avec Lee Van Cleef.) Mais l’ensemble est un peu plat, gentil, surtout quand on a lu L’HOMME AUX PISTOLETS de James Carlos Blake qui relate l’histoire pleine de bruit et de fureur de John Wesley Hardin, bien édulcorée dans le petit film de Walsh. J’avais essayé, en vain, à une époque, de trouver d’autres westerns racontant Wes Hardin, un tueur de surcroît très photogénique. Peut-être que Monsieur Tavernier en connaît d’autres?
A jean-charles
N’y a-til pas un western muet avec Wesley hardin. Mais vous avez raison le Walsh est plaisant mais aseptisé.
à JCF: j’admire JC Blake, je suis encore sous le coup de Un Monde de Voleurs, je suis loin d’avoir tout lu de l’homme. J’ai mis le bouquin sur Hardin sur ma liste, étant accro à l’histoire de l’ouest, pour le plaisir de la confronter au « filtre » hollywoodien entre autres.
IMDB me susurre des films dans lesquels JWH intervient:
http://www.imdb.com/character/ch0217098/
vous vous doutez que les westerns sont friands d’utiliser des personnages aux noms célèbres et on s’en fout de la moindre authenticité là-dedans!
A ce sujet, le confrontation « historique » la plus rigolote est celle de James Stewart auquel un shérif demande de laisser ses armes à l’entrée de la ville, Stewart, arrogant: « Ah ouais? Et qui demande? », l’autre: « Wyatt Earp! » (joué par Will Geer), Stewart, calmé « ah, dans ce cas… »!
(WINCHESTER 73, vous l’aviez reconnu).
LAWLESS BREED n’est aseptisé que si on se réfère à ce qu’il a transcrit du personnage de John Wesley Hardin. Ce dernier était un véritable psychopathe, tueur en série (plus de 40 morts officielles), alors que le personnage joué par Hudson n’a rien à voir. C’est un peu l’histoire d’un faux coupable, comme le dit le titre français une « victime du destin », une histoire d’engrenage…
Non, le but de Walsh n’était pas de raconter la vraie vie de John Wesley Hardin, mais de mettre en valeur Rock Hudson, dont ce film fut le tremplin vers la reconnaissance, avant ses retrouvailles avec Sirk un an plus tard pour TAZA et surtout LE SECRET MAGNIFIQUE (Les deux « germains » s’étaient rencontrés sur QUI DONC A VU MA BELLE en 52…).
Le film possède bien des qualités. Je me souviens d’un récit très bien mené, de la course de chevaux, du double rôle de John McIntire (quel acteur génial, revoir ses prestations chez Mann !!), et effectivement de ce duel pendant une tempête, en ville. Les feuilles des arbres et la poussière virevoltent autour des deux duellistes, Walsh a beaucoup travaillé sur le son (le bruit strident du vent, les volets et les portes qui claquent… aucune musique…). Hudson attend tranquillement contre un arbre, il va affronter l’un des trois frères, celui campé par Lee Van Cleef, tandis que les deux autres, planqués sur les côtés, sont désarmés par McIntire (l’oncle de Hardin). : c’est rapide, implacable, une mise en scène épurée, tendue, pour un des plus beaux duels de l’histoire du western, d’une force qui me rappelle le duel de 40 TUEURS de Fuller entre le jeune fou John Ericson et Barry Sullivan…
L’évolution du personnage joué par Hudson, m’avait beaucoup fait penser à celle du JESSE JAMES de Tyrone Power, et la puissante volonté de Hardin de ne pas transmettre le côté sombre de sa trajectoire à son propre fils (il lui fait jurer à la fin de se ranger des armes), me rappelle le Jimmy Ringo de Peck dans THE GUNFIGHTER… Deux films de King magnifiques qui forment une trilogie parfaite avec THE BRAVADOS.
Pour finir, THE LAWLESS BREED, a de grands mérites, dont le message final n’est pas des moindres.
Ceci étant, on aurait aimé avoir un film de Walsh sur le vrai Hardin, plein de bruit et de fureur, comme le dit J.C. Freycon et Brisseau avant lui… C’eut été une merveille, peut-être du niveau de THEY DIED WITH THEIR BOOTS ON. On peut toujours rêver…
À Sullivan : (Et Faulkner avant Brisseau, et caetera…) Je comprends bien votre enthousiasme pour THE LAWLESS BREED. Moi je l’avais trouvé un peu expédié. Je ne connais pas l’histoire du tournage mais je m’étais dit juste après l’avoir vu que le film avait peut-être été un peu « massacré » par les producteurs, pour que ça aille plus vite, que le montage avait pris le pas sur la mise en scène, ou alors que Walsh, de temps en temps, s’en fichait un peu, tournait ce qu’il avait à tourner, ne s’impliquait pas totalement à chaque fois comme un Ford par exemple. Pour moi, Walsh n’est jamais aussi bon que quand il a du temps devant lui (The Tall men, The Big Trail, une corde pour te pendre…) et que ça devient une sorte de balade, voire de ballade. Le sujet (très riche) aurait mérité un format et un traitement plus ambitieux. Je m’étonnais aussi qu’un tel personnage haut en couleurs, Wes Hardin, n’ait pas eu plus grande postérité westernienne. Il n’est le héros central que du film de Walsh, en gendre idéal. À mon humble avis, si le film n’était pas signé Walsh, on en parlerait beaucoup moins et on n’évoquerait même plus GUN FURY.
A Jean-charles freycon
Pour Walsh vous oubliez PURSUED, WHITE HEAT. Il y a aussi le studio qui voulait des divertissements familiaux. Certains réalisateurs, aidés par un acteur, pouvaient négliger les demandes du front office (Mann dans le western avec la complicité de James Stewart. Dans le film noir c’était plus facile). Walsh s’en tire très honorablement mais il manque au film l’urgence de ses meilleurs film qui débutant avec REGENERATION.
Je dois apporter un correctif : j’ai laissé entendre qu’il y avait un film muet avec Wesley Hardin. Erreur fatale. C’était avec Al Jennings et cela figure dans l’indispensable coffret TREASURES 5 : Treasures 5 presents the American West as it was recorded and imagined in the first decades of motion pictures. Among the 40 selections are Mantrap (1926), the wilderness comedy starring Clara Bow in her favorite role; W.S. Van Dyke’s legendary The Lady of the Dugout (1918), featuring outlaw-turned-actor Al Jennings; Salomy Jane (1914), with America’s first Latina screen celebrity Beatriz Michelena; Gregory La Cava’s sparkling Old West–reversal Womanhandled (1925); Sessue Hayakawa in the cross-cultural drama Last of the Line (1914); one-reelers with Tom Mix and Broncho Billy, Mabel Normand in The Tourists (1912), and dozens of other rarities.
Treasures 5 showcases both narrative and nonfiction films. In addition to early Westerns, fascinating actuality films abound: travelogues from 10 western states including Seeing Yosemite with David A. Curry and the Fred Harvey Company’s The Indian-Detour; Kodachrome home movies; newsreels about Native Americans; and documentaries and industrial films about such Western subjects as cattle ranch-ing in Santa Monica, riding the rails along the Columbia River, how vaqueros made horsehair ropes, the birth of the canned fruit industry, and the beginning of the water wars. There are even vivid docudramas by crime-fighting lawmen: Bill Tilghman restaging his capture of the Wild Bunch and a Texas sheriff reliving his fight against ammunition smuggling on the Mexican border. For full list of films, visit the NFPF Web site, http://www.filmpreservation.org.
The motion pictures are drawn from the preservation work of the nation’s foremost early film archives of the Academy of Motion Picture Arts and Sciences, George Eastman House, the Library of Congress, the Museum of Modern Art, the National Archives, and UCLA Film & Television Archive—and include movies recently repatriated from the New Zealand Film Archive. Many of the films have not been screened in decades. None has been available before in high-quality video.
À MB : Vous allez vous régaler, avec L’HOMME AUX PISTOLETS… Autrement, je suis bien d’accord avec vous, on s’en fiche un peu de l’authenticité des héros de western. Quand il s’agit De Wyatt Earp, Jessie James, Billie The Kid, tellement exploités, dont on connaît un peu l’histoire, qui sont donc un peu des lieux communs, je suis bien d’accord, on peut même s’amuser, voyez la scène hilarante entre Wyatt Earp et Doc Halliday dans CHEYENNE AUTUMN… Oui, très drôle, Stewart, dans WINCHESTER 73… Cependant, quand le personnage est moins connu, et que le film se pose un peu quand même comme biographique, Wes Hardin dans THE LAWLESS BREED en l’occurence, ça peut me gêner un peu, surtout que j’avais lu le livre avant de voir le film, car ça devient la seule référence au cinéma. Il s’agit de fiction, évidemment, dans un cas comme dans l’autre. Prenons un autre exemple : Le Howard Hugues de Scorcese ne me fera jamais oublier celui de Ellroy dans AMERICAN TABLOïd. Mais les deux, très différentes, coexisteront, pour moi, car ce sont deux visions fortes. Dans le cas de Wes Hardin, le Walsh ne fait pas le poids par rapport au Blake, c’est aussi simple que ça. Walsh aurait pu se dispenser d’appeler son personnage Wes Hardin, puisqu’il en est tant éloigné. Mais je gage qu’on lui a présenté le projet d’un film sur Wes Hardin, qu’on lui a tendu un scénario qui valait ce qu’il valait, qu’il en a fait ce qu’il a pu, en gros que le projet ne lui tenait pas vraiment à cœur, qu’il ne l’avait pas choisi.
A jean-charles freycon
Le scénariste était Bernard Gordon qui fut mis sur la liste noire et considérait ce film comme le meilleur qu’il ait écrit, l’un des rares qui n’avait pas été saboté par le studio ou le réalisateur. Je ne suis pas totalement d’accord avec vous : l’autheticité n’est pas une vertu indispensable ni suffisante. Mais la soumission devant les clichés, les à peu près, les erreurs traduit aussi une paresse, un laisser aller. Tous les grands cinéastes se battaient pour trouver une certaine vérité : dans les extérieurs, dans l’écriture des scènes, dans le refus du maquillage (Daves). Par exemple HELL HEROES de Wyler étonne par son réalisme qui donne à certaines séquences une apreté qui fait défaut à toutes les autres versions de 3 GODFATHERS. Voir aussi l’étonnant LAW AND ORDER d’Edward L Cahn, écrit par John Huston d’après Wr Burnett. Certains scénaristes pronaient cette authenticité, source de richesse dramatique. On la retrouve dans un beau livre ADOBE WALLS de WR Burnett dont l’adaptation la plus fidèle (bien que non créditée) sera le fait d’Aldrich deux décenies après. Et quand JL Burke me raconte que Doc Holliday qui avait à peine 30 ans est mort en se convertissant à quatre religions, je trouve la scène inouie et en veut à la paresse des auteurs qui ne font aucune recherche
À Bertrand Tavernier : En disant qu’on s’en fichait un peu, de l’authenticité, je le disais un peu vite, surtout pour aller dans le sens de MB qui parlait de prendre des libertés avec certains personnages de westerns. Mais je suis en gros d’accord avec vous (même si je donne peut-être là l’impression de m’embourber) et c’est justement ça qui me rendait THE LAWLESS BREED un peu insipide, sans être sans charme, un manque d’authenticité selon moi qui était surtout dû à une faiblesse du personnage, ou une vision faible du personnage si vous préférez. Je n’attends pas d’un western une Vérité historique irréfutable (qui est déjà en soi problématique) mais une vision forte. (Ford le disait bien: Si la légende est plus belle, publiez la légende…) C’est la subjectivité de l’auteur, sa vision, sa vérité, qui nous intéresse, même si elle se nourrit quand même à la base d’une certaine connaissance (historique) de son sujet. Apprendre que le scénariste considérait THE LAWLESS BREED comme son meilleur travail va me faire réfléchir un moment. Il me semble qu’il a expurgé l’histoire de tout son côté tragique et violent, que tout va à toute allure, quelques péripéties à peine liées, avec une jolie rédemption finale. Question d’époque, vous me direz, il fallait plaire aux familles… (Je me penche un peu sur sa filmographie, pour voir… Bon… ZOMBIES OF MORA TAU, d’Edward L Cahn, ça me tente bien…) Autrement, oui, Walsh, il n’y a pas que trois films, ce sont juste les 3 premiers qui me sont venus, tant c’est un gros gros morceaux… C’est justement parce qu’il a fait de si grands films que les œuvrettes, pour moi, passent si difficilement. (Et le coffret TREASURES 5, ça donne bigrement envie d’aller voir de plus près : Merci!)
A jean-charles freycon
Bernard Gordon, homme délicieux, n’est pas un génial scénariste (EARTH vs FLYING SAUCERS, The Thin Red Line (première version) = des films signés YordanCUSTER OF THE WEST et le sujet original de CRIME WAVE film qu’il n’avait jamais vu. Son titre de gloire est ce film d’horreur qui se passe dans un train qu’il co écrivit avec Julian Halevy, autre blacklisté
À Bertrand Tavernier : Tous les blacklistés n’étaient donc pas des génies… Mais, sérieusement, ZOMBIES OF MORA TAU me faisait bien envie. (Les petits Edward L Cahn que j’ai vus (à défaut de l’introuvable LAW AND ORDER), à savoir IT! THE TERROR FROM BEYOND SPACE et INVISIBLE INVADERS m’avaient plutôt bien amusé, même si je serais bien incapable d’en dire quoi que ce soit tant c’est perdu dans les brumes de ma mémoire B, mais il y avait un petit truc vous voyez, quand même, qui les distinguait de leurs compagnons de double dvd, peut-être même du style.)
A jean charles freycon
Mais il y a plusieurs films de Cahn sympas (IT) et d’autres redoutables (JET ATTACK)
À Bertrand Tavernier (et JCF): je ne crois pas que JC Freycon ait dit considérer l’authenticité comme « une vertu indispensable et suffisante », ou je me suis croisé les yeux, fatigué, ou alors Jean-Ch eût protesté contre le personnage de Wyatt Earp joué par Will Geer dans WINCHESTER pour cause d’invraisemblance, au lieu d’éclater de rire comme moi! Bref: quand le personnage historique est amené en appoint, comme Earp dans WINCHESTER 73 ou CHEYENNE AUTUMN, on apprécie un humour ou un souffle épique qui passe durant qqs minutes! Quand le film entier est prétendument consacré à un personnage historique et bouleversé par rapport à la réalité mais, en même temps, que le film n’est pas totalement réussi (c’est l’avis de JCF sur LAWLESS BREED), l’invraisemblance ou l’inauthenticité (arg! ça existe, ça?) saute aux yeux et gêne.
Si le film est réussi, on peut nous montrer un Wyatt Earp buvant du pastis, déclamant du Musset, et engoncé dans une délicieuse petite robe rose affriolante, peu importe (sauf pour les héritiers, et encore!).
J’ai revu récemment LE GAUCHER et l’expressionisme de Penn, le maniérisme génial de Newman, ne vont pas contre l’authenticité, curieusement. Penn retrouve la dimension historique en montrant cette camaraderie d’adolescents-zozos de Billy avec deux acolytes (joués par James Best et J Congdon) qui est techniquement fausse, puisque que cette « bande des trois » n’a jamais existé mais est pourtant juste, puisqu’elle illustre bien l’ostracisme, et donc par réaction le repli sur soi-même pour se tenir chaud, dont était victime la société des cow-boys, méprisés comme tous les travailleurs saisonniers, dépendants des grands propriétaires, désoeuvrés la moitié de l’année et flirtant du coup avec le banditisme, volant en hors-la-loi le bétail qu’ils gardaient le reste de l’année légalement! De même,Penn a justement retrouvé le lien qui existait entre Billy et la population mexicaine qu’il connaissait par ses fréquents passages de frontière pour cause de problèmes avec la loi! Un doc récent sur Billy affirme que Tunstall, le propriétaire (britannique et récemment immigré…) 1ère personne qui fait confiance à Billy et refuse de le considérer comme de la racaille de cow-boy tout juste bonne à garder les troupeaux (le prestige du « Cow-Boy » est une création pure 100% hollywoodienne mais tt le monde sait ça), était bien ce type tolérant, chaleureux et intelligent que Penn décrit, je croyais là que Penn (et Leslie Stevens, et Gore Vidal) faisaient un peu dans la convention hollywoodienne, comme quoi, c’est une réalité « solaire » qui est historique, pour une fois.
C’est une autre histoire, mais il me semble qu’il faut attendre HEAVEN’S GATE pour voir pour la première fois la brutalité, l’injustice, le mépris pour les droits de l’homme dans un film américain, en accord complet avec Howard Zinn! See you later, pardners! Hi-ho Silver et tout ça!
À Bertrand Tavernier et Martin Brady : C’est vrai que je ne l’avais pas dit, « vertu indispensable et suffisante », merci Martin Brady de l’avoir remarqué. Mais là, il y avait quand même 2 commentaires de Bertrand Tavernier auquels je me devais de réagir en une fois de façon un peu concise. Comme pour les 3 films de Walsh que j’avais cités, ce n’étaient pas n’importe quels films et quand BT, ensuite, a dit que ses plus grands films, à partir de REGENERATION, étaient marqués par l’urgence, j’ai eu envie aussi de réagir car justement, ces 3 films (THE BIG TRAIL, THE TALL MEN, UNE CORDE POUR TE PENDRE), de mon point de vue, sont marqués exactement par le contraire : il y a une sorte de dilatation du temps, comme je les ai ressentis, quelque chose de contemplatif, c’est pour ça que je parlais de balade, voire de ballade, et qu’ils me plaisent autant. Bref, j’aurais continué en disant que pour moi Walsh était bien énigmatique, multiple, en permanente mutation, polymorphe on dira, que je pouvais difficilement rapprocher PURSUED ou WHITE HEAT d’un des 3 films cités, que si je faisais une liste de tous les films de lui que j’ai vus, et il y en a un paquet, je les classerais en paquets bien distincts, PURSUED serait tout seul par exemple tant il m’est singulier, contrairement à l’œuvre d’un Ford que je sens très homogène et glisser sur une même ligne très pure. (En blind test, en imaginant qu’on puisse voir les films d’un œil neuf, sans l’étiquette sur la bouteille, ce qui serait formidable, Walsh serait ainsi pour moi bien plus délicat à déceler que Ford.) Mais ça nous emmenerait bien trop loin et peut-être aussi que ma connaissance de Walsh est encore un peu trop éclatée. Bien à vous.
IT est couplé avec MONSTER THAT CHALLENGED THE WORLD (Arnold Laven) dans l’excellente collection Midnite Movies, z1 mais stf, pas cher.
à Sullivan: LAWLESS BREED m’a un peu déçu, mais il est vrai qu’on voit Julia Adams en petite tenue et elle est vraiment adorable! et le duel avec Van Cleef (combien de fois il est mort dans les films avant de partir en Italie, celui-là?!), ah oui, vachement bath le duel, mais bon à part ces deux points…
Sur LAWLESS BREED, il y a la bonne surprise de voir Rock Hudson jouer la comédie sans avoir l’air idiot. Walsh a dû lui filer des tuyaux comme Ford avec Wayne dans STAGECOACH.
Sur le bonus du DVD, le commentateur souligne le manque du personnage comique obligé chez Walsh. Il y a pourtant cette joie bizarrement insistante du réalisateur à montrer les filles en sous-vêtements et plus ou moins ridicules de surcroît .
C’est vraiment un film plaisant et on se laisse prendre par sa nostalgie.
Dommage quand même que la première fille tant aimée et flinguée dans le dos soit si vite oubliée. ça m’a fait penser à Sam, le chien de HONDO, si attachant, mais dont la mort injuste ne donne lieu à aucune réaction indignée ou compatissante chez personne.
Le duel ennuagé de poussière n’est-il pas très inspiré par celui de MY DARLING CLEMENTINE ?
En espérant que ce film intéresse encore quelqu’un !
A MinettePascal
Je l’avais trouvé plutôt anodin et conventionnel
Le Ang Lee est effectivement superbe. La structure du film est originale (ça fait du bien), les 20 dernières minutes sont douces : loin des fusillades et des chevauchées, on assiste à l’éclosion de deux hommes – non pas grâce aux armes et au combat, mais grâce à de soudaines responsabilités familiales pour l’un, et à la liberté enfin rendu pour l’autre.
J’aime beaucoup le traitement, le point de vue adopté (pas évident), et le constat tiré : ce n’était que des gamins, paumés au milieu d’une guerre perdue d’avance, leurs convictions fragiles s’effaçant au fil des mois (la scène des lettres est très émouvante, ainsi que la relation paradoxale des trois hommes qui s’exprime bien lors du déjeuner dans la cabane).
La musique de Mychael Danna est très belle, comme souvent.
Le film existe en bluray chez Criterion : http://www.criterion.com/films/17282-ride-with-the-devil
Michael Danna est un grand compositeur de BO surtout connu pour son travail magnifique avec Atom Egoyan, l’un de mes cinéastes préférés des 90′ hélas en perte de vitesse depuis qqs films: Family viewing,Next of kin, The adjuster et surtout Exotica,Calendar, De beaux lendemains et Le voyage de Felicia furent des voyages impressionnants dans des états de conscience troubles et complexes avec un traitement scénaristique d’une rare intelligence, un rendu des sensations à la palette impressionnante.Danna utilisa des instruments singuliers pour ces films:pléthore d’instruments orientaux pour Exotica ( tar, sarangi,oud,darabukha) , le ney en vedette pour De beaux lendemains.Danna me semble au moins aussi doué que Elfman ou Carter Burwell pour prendre les surdoués associés à Tim Burton et Coen Bros.
Sa partition pour Chevauchée était surprenante pour un western et était pour bcp ds l’atmosphère singulière du film.
Ang Lee est un cinéaste curieux: aucun de ses films ne m’a emballé mais je dois avouer qu’il fait de la belle ouvrage sur des matériaux très éclectiques.Son triomphe de Brokeback mountain m’a laissé de glace mais Salé sucré, Tigre et dragon,Ice storm étaient habiles, élégants et très personnels.Même son Hulk ( le super héros inintéressant par excellence) avait qqs idées brillantes comme l’insertion de planches ds la texture même du film.Je n’ai pas vu son Odyssée de Pi et en ai entendu tout et son contraire à son propos.Chevauchée…est sûrement l’un de ses meilleurs films et l’un des plus méconnus, faute d’une bonne distribution et à cause de malentendus sur son côté désorganisé, son rythme brisé volontaires bien sûr car calqués sur l’essence d’une guerre civile…un peu comme qd on a mal accueilli Croix de fer de Peckinpah qui montrait l’essence de la confusion et du chaos du front russe.
Cher Monsieur B.T.,
Une petite remarque concernant votre précédente chronique… J’ai été étonné que pratiquement personne n’ait parlé des films cités. Le Dmytryk (« Pris au piège »)notamment mérite quelques éloges malgré un scénario assez improbable: mise en scène souvent inspirée et interprétation de D. Powell excellente. Pendant la première partie de sa carrière E.D. a fait montre d’un réel talent. Dommage que….
A P SEGALEN
Entièrement d’accord. Voir aussi le curieux OBSESSION (AMAZON UK) et CHRIST IN CONCRETE/GIVE US THIS DAY ainsi que certaines scènes de CROSSFIRE