Films Français
18 décembre 2009 par Bertrand Tavernier - DVD
Commençons par une curiosité, une bande dessinée de Kris et Etienne Davodeau éditée par Futuropolis, UN HOMME EST MORT. Rien à voir avec le film de Jacques Deray. Il s’agit de la reconstitution du tournage d’un film militant de René Vautier réagissant à chaud à la demande de la CGT sur la mort d’un responsable syndical très populaire, Edouard Mazé, tué à Brest le 17 avril 1950 lors d’une manifestation réprimée à coups de mousquetons. Cette manifestation faisait suite à des semaines de débrayage, des journées d’union nationale pour la paix en Indochine. Il y eut 14 grévistes blessés, 12 plus légèrement mais aussi 24 gendarmes et 9 CRS. Vautier filme les réactions, l’enterrement dans des conditions de bricolage insensé. Son équipement est tellement précaire qu’il ne peut pas enregistrer le son et donc va utiliser un poème d’Eluard comme commentaire. Le film projeté dans les réunions syndicales, en plein air, partout ou l’on peut prendre un drap. On le montre même à Eluard. Quand le magnéto casse, Vautier ou un camarade récitent le poème. Jusqu’à ce que le film tombe en loque. Personne n’ayant pensé à faire de copie, il rejoint le purgatoire des œuvres disparues. Kris et Etienne Davodeau nous donnent l’occasion enfin de le découvrir, en images et de rêver sur ce que furent ces moments de lutte.
ENCORE HENRI CALEF
LES CHOUANS d’Henri Calef qui est sorti en dvd, mérite d’être vu. Comme très souvent chez Calef, les séquences d’ouverture sont fortes, originales, avec de vrais partis pris esthétiques dans le choix des extérieurs, des éclairages, la dramaturgie des cadres qui renforcent l’âpreté, la noirceur du propos. Sans oublier l’utilisation de la profondeur de champ, le recours constant, plutôt rare à l’époque, à des plans très larges avec des amorces dramatiques qui confèrent une force réelle aux premières séquences. Je n’ai qu’un lointain souvenir du roman de Balzac dont Spaak et Calef inversent, parait-il, le sens. Ils se réfèrent, se nourrissent de la période qu’ils viennent de vivre et la guerre civile qu’ils évoquent fait penser aux affrontements entre les résistants et les miliciens. On est du côté de JERICHO. Mais ils parviennent à garder une certaine complexité, évitent les équivalences faciles et les règlements de compte.
Puis le film balbutie. Une séquence détonne, un moment d’action, pauvrement traité et filmé, maladresse que l’on retrouve dans beaucoup de films français de l’époque, y compris dans des projets ambitieux. Cette séquence d’embuscade évoque les westerns rudimentaires des années 30. Certes, Calef tente une approche oblique, parcellaire mais les cadres sont étriqués tout comme les mouvements des figurants. Les ellipses sont mal placées, sans aucun sens de la progression dramatique. Très mauvaise utilisation de l’espace (ce qui n’est pas le cas lors des affrontements psychologiques). La fuite des deux survivants est cadrée de manière si sommaire que cela frôle le bâclage tout comme la sortie et la mort à moitié hors champ (on a l’impression que le cadreur s’est gouré) de Jacques Charron et Howard Vernon.
Ce qui suit est meilleur et l’on retrouve avec plaisir de nombreux acteurs de JERICHO, notamment Jean Brochard, Jacques Charron et surtout Louis Seigner, une fois de plus remarquable en abbé fourbe et cauteleux (Calef se plaint d’ailleurs que la production ait coupé des scènes sous la pression de l’Eglise)… La photographie de Claude Renoir est souvent impressionnante tout comme certains extérieurs. Dans le dernier tiers, malgré de très beaux plans (sur Madeleine Robinson pendant la messe des Chouans), l’intérêt retombe. Une cascade de rebondissements, de coïncidences abusives, un jeune premier qui devient aussi mou, aussi indolent que dans les pires drames romantiques, anesthésient quelque peu le propos, coupent la force de l’histoire d’amour et lui enlèvent beaucoup de sa portée sociale. Dans les bonus, on raconte que Calef s’intéressait beaucoup plus à Madeleine Lebeau qu’à Marais qui est souvent filmé de dos. Très belle musique de Kosma notamment durant le générique. Les amateurs retrouveront certains passages de la DAME D’ONZE HEURE.
EDDIE CONSTANTINE
J’aime faire se télescoper certains films. J’ai revu coup sur coup deux Eddie Constantine, L’HOMME ET L’ENFANT et LUCKY JO. J’avais un très mauvais souvenir du premier qui s’est encore aggravé après cette nouvelle vision. Nous touchons là au degré en dessous de zéro du cinéma français : scénario et dialogues atterrants, plaisanteries éculées, mise en scène abyssale. C’est le triomphe de l’incompétence satisfaite et de la paresse. Je lui décerne à l’unanimité la palme de la plus stupide introduction d’une chanson : Eddie emmène sa fille à l’école et elle lui avoue qu’elle est très mauvaise en géographie. « Je peux t’aider » lui dit son père. « Pose-moi des questions ». Et la fillette de chanter « Dis monsieur, beau monsieur, est-ce que la terre est ronde ».
Seul moment notable : la fessée que reçoit Nadine Tallier, la future Nadine de Rothschild des mains de Juliette Gréco ou Pascale Roberts. Le gagnant recevra un manuel de savoir vivre.
Après ce pensum (Raoul André est-il le plus mauvais réalisateur de l’époque ?), LUCKY JO (disponible dans le coffret Deville 1) atteint des sommets. Il est vif, amusant, intelligent inventif. Je l’avais sous-estimé et il gagne beaucoup à être revu. Constantine est très bon tout comme Wilson et un Pierre Brasseur, très sobre et tenu, ce qui est plaisant notamment dans les échanges avec son fils. Deville avec l’aide de Nina Companez donne même au film une grâce, une mélancolie très personnelle. Dans le bonus, Claude Brasseur rend hommage à Deville pour l’avoir laissé improviser son personnage et ses dialogues avec son père. Deville déclare alors que tout ce qu’a raconté Claude est faux et que les deux personnages avaient été conçus bien avant le tournage. Il en fait d’ailleurs la démonstration. Cette double intervention est réjouissante et convient bien à l’esprit de LUCKY JO.
J’ai été très ému par RAPHAEL OU LE DEBAUCHE et bouleversé par le couple Françoise Fabian/ Maurice Ronet qui remplacent avantageusement Deneuve et Delon pour qui le film avait été écrit. L’œuvre est peut-être moins facile d’accès que BENJAMIN OU LES MEMOIRES D’UN PUCEAU mais je me demande si je ne la préfère pas. Dans les bonus le réalisateur et Nina Companez nous apprennent que la compagnie américaine qui avait permis le financement fit couper plusieurs scènes, les monologues de Maurice Ronet, ce que regrette Deville. RAPHAEL annonce le ton grave de plusieurs films ultérieurs de Deville.
Autre œuvre en marge et que l’on a beaucoup de mal à voir, LE VOLEUR DE FEUILLES, écrit, dialogué et dirigé par Pierre Trabaud, le merveilleux interprète de RENDEZ-VOUS DE JUILLET, ANTOINE ET ANTOINETTE, NORMANDIE NIEMEN et à qui je donnai un petit rôle dans LA VIE ET RIEN D’AUTRE et AUTOUR DE MINUIT. Il produisit et réalisa ce film sensible, doux-amer, attachant alors qu’il luttait contre le cancer. Comme l’écrit Philippe d’Hughes, « un ton original, en demi-teinte une interprétation subtile font de ce film injustement méconnu le digne héritier du meilleur cinéma français des années 30 et 40 ». Il faut ajouter que Trabaud est égal à lui même, Denise Grey magnifique et que Jean-Pierre Castapiane, bouleversant en colosse Steinbeckien, trouve le rôle de sa vie, à des millions de kilomètres des gugusseries auxquelles on le condamna souvent. Le dvd peut être trouvé au prix de 10 euros + 2 euros 50 de frais de port au www.pierrotetsesamis.fr
L’HEURE D’ÉTÉ est peut être le meilleur film d’Olivier Assayas. Elégant, subtil, tout en nuances, il aborde avec douceur et légèreté des questions graves, la transmission, l’héritage. Charles Berling est excellent et Edith Scob triomphe une fois de plus comme dans DIDINE.
Un coffret réunit l’intégrale de Raymond DEPARDON. Il faut absolument revoir FAITS DIVERS, URGENCES que Zabou Breitman a très bien adapté à la scène (elle m’a donné envie de revoir les films) et 17ème CHAMBRE devrait être projeté sans interruption à tous les hommes politiques qui veulent « réformer » la justice. On veut supprimer les juges d’instruction, soit, mais on devrait commencer par soigner l’éducation des avocats commis d’office dont Depardon trace un portrait au vitriol.
Dans le coffret consacré à 8 films de Jacques Rivette, j’ai un faible pour LA BANDE DES QUATRE, LA BELLE NOISEUSE et je vais voir incessamment SECRET DEFENSE dont beaucoup de critiques américains, comme mon ami Dave Kehr, parlent avec enthousiasme.
La sortie prochaine du magnifique VILLA AMALIA me permet de saluer Benoît Jacquot et notamment, TOSCA, LA FILLE SEULE, PAS DE SCANDALE. Il y a aussi ce dvd qui regroupe MARIANNE et le très réjouissant SEPTIEME CIEL. Il est sain et salutaire de revenir de temps en temps à Benoît Jacquot dont j’envie la maîtrise, la manière de s’adapter à des sujets très divers.
Dépêchez-vous de vous procurer NUE PROPRIÉTÉ, beau film de Joachim Lafosse où Isabelle Huppert est absolument sensationnelle et profitez en pour acheter en même temps UNE AFFAIRE DE FEMME un des tout meilleur Chabrol. Encore que j’ai un faible pour LA DEMOISELLE D’HONNEUR et LA FLEUR DU MAL.
DU COTÉ DE CHEZ LAUTNER ET DE CHEZ AUDIARD
Quelques Lautner viennent de ressortir et j’ai revu avec plaisir FLEUR D’OSEILLE. Le début est assez brillant, Mireille Darc plutôt craquante même si Paul Préboist est envahissant. Citons évidemment quelques répliques de Michel Audiard, généralement confiées à André Pousse qui déclare après qu’on lui ait abattu un homme : « On aurait pu battre en retraite paisible…On va battre en retraite fâché. » Ou celle-là, assez juteuse « Battre une femme, la torturer cela fait partie du métier. Mais foutre une claque à un môme, faut avoir l’esprit du mal ». Notons que pour Audiard, une fois de plus, les gangsters français ont tous émargés à la sinistre Carlingue de la rue Lauriston
Bien sûr, Michel Audiard est encore plus en forme dans l’émouvant SANG A LA TETE, infidèle et belle adaptation de Simenon : « Vous ne connaissez pas Titine Babin ? Sans l’invention des sulfamides, elle vérolait toute la Charente ». ou celle-là, digne de Prévert : « On faisait chambre commune et rêve à part ». À redécouvrir ainsi que LE DÉSORDRE ET LA NUIT.
AUTANT-LARA ET DELANNOY
J’ai revu EN CAS DE MALHEUR d’Autant-Lara qui est une belle et forte adaptation de Simenon dont Lara attribue le mérite à Aurenche, Bost étant malade. J’ai retrouvé des idées d’Aurenche : celle magnifique des deux chandails identiques. Les personnages sont extrêmement bien écrits, notamment celui de la femme de Gabin, l’un des meilleurs rôles d’Edwige Feuillère. Aurenche m’avait dit qu’il s’était inspiré pour certaines séquences des rapports entre Simenon et sa femme ? notamment quand Feuillère emmène Gabin à l’hôtel où l’attend Bardot. Il y a une force, une compassion dans les rapports entre tous les personnages qui va au cœur des émotions et l’on regrette d’autant plus l’interprétation figée de Franco Interlenghi. Autant-Lara n’était pas toujours heureux avec les jeunes premiers. Il les paralysait sauf quand ceux-ci avaient la force de Gérard Philipe. Dans un autre registre, il laisse surjouer Madeleine Barbulée, l’actrice fétiche de Stéphane Lerouge et insère un ou deux plans de coupe lourdingues de Gabrielle Fontan. Mais, à côté de ces scories que de fulgurances. Toutes les séquences vraiment audacieuses entre Bardot, Gabin et Nicole Bergé (le moment où l’on sait qu’ils vont faire l’amour à trois), tournées sans voyeurisme, sans esprit moralisateur.
Et bien sûr le plan où Bardot relève sa robe devant Gabin en s’appuyant à son bureau crée toujours le même choc. La position de la caméra de trois quart dos, l’angle qui met en valeur ses jambes sublimes, qui nous cache ce qu’elle révèle à Gabin mais qui nous donne à voir un spectacle aussi sublime en nous laissant imaginer le reste en nous identifiant à Gabin. Voilà un moment d’érotisme d’une géniale intelligence. Un double voyeurisme. Gabin fut déstabilisé par le scénario qu’il jugeait immoral et Lara dût recourir à un huissier sur le plateau qui devait s’assurer qu’il n’édulcorait pas le sens. Belle musique de René Cloerec.
Chaque fois que je le vois, Gaspar Noé me dit que LES AMITIÉS PARTICULIÈRES de Jean Delannoy est un chef-d’œuvre à réhabiliter. Ce film avait à ma connaissance un défenseur, Jacques Lourcelles. Je l’avais trouvé intéressant mais guindé. L’enthousiasme de Noé m’a poussé à le revoir. Eh bien, c’est un film qui tient le coup et qui peut se ranger dans les 5 ou 6 meilleurs Delannoy, ceux qui rachètent L’ETERNEL RETOUR, LA ROUTE NAPOLEON, LA PRINCESSE DE CLEVES, MARIE ANTOINETTE. Aux côtés des deux Maigret et du GARCON SAUVAGE. Il faut dire que le scénario d’Aurenche et Bost est remarquable : âpre, acéré, exempt de manichéisme. Les personnages d’adultes sont particulièrement bien écrits, joués par Michel Bouquet, Louis Seigner qui sont remarquables. Didier Haudepin est très bien lui aussi. Aurenche regrettait que Delannoy ait imposé une rigueur formelle un peu puritaine au détriment de la vitalité, du bouillonnement qu’il aimait dans le roman. A vérifier. J’ai regretté la trop grande importance accordée à des chœurs d’enfants, trop policés. Ce sont eux qui figent parfois l’image.
J’ai enfin pu voir deux films très rares. Tout d’abord TAMANGO de John Berry, produit par Adry de Carbuccia à qui l’on doit LE TEMPS DES ŒUFS DURS et qui était introuvable en vidéo ou dvd. Celui que j’ai visionné était horrible, mauvais transfert d’une copie sans doute en 16mm, mal étalonnée et où le format Scope, bien sûr, n’est pas respecté. Ce qui donne un abominable générique (ils avaient oublié de retirer l’anamorphoseur) transformant les personnages en statues de Giacometti.
De plus, il s’agit d’une version en anglais, qui lors de sa diffusion diffusée aux USA remporta un triomphe auprès du public noir. Depuis 1990, certains critiques ont commencé à louer ses qualités. Léonard Maltin dans son FILM GUIDE le crédite de trois étoiles et ajoute un commentaire très positif : « drame historique tendu, excitant, très en avance sur son temps, qui exige d’être redécouvert » (ripe for discovery). Après avoir interrogé l’assistant de John Berry, Jacques Nahum, véritable mine d’anecdotes sur ce tournage, j’ai découvert qu’il n’y avait pas eu de double version mais que Dorothy Dandridge (qui selon Nahum les fit tourner en bourrique) a dit ses répliques en anglais et que Curt Jurgens a fait la même chose dans certains plans rapprochés. Ce qui explique qu’ils soient synchrones. Quant à la figuration noire, on la trouva dans des régiments stationnés à Fréjus.
Quand on voit le film, qui fut si mal reçu à l’époque, mieux vaut oublier la splendide nouvelle de Mérimée dont je tiens à citer l’admirable début, peu après la célèbre première phrase…
« Le capitaine Ledoux était un bon marin… Bien différent de la plupart des marins qui ont langui longtemps comme lui dans les postes subalternes, il n’avait point cette horreur profonde des innovations, et cet esprit de routine qu’ils apportent trop souvent dans les grades supérieurs. Le capitaine Ledoux, au contraire, avait été le premier à recommander à son armateur l’usage des caisses en fer, destinées à contenir et conserver l’eau. À son bord, les menottes et les chaînes, dont les bâtiments négriers ont provision, étaient fabriquées d’après un système nouveau, et soigneusement vernies pour les préserver de la rouille. Mais ce qui lui fit le plus d’honneur parmi les marchands d’esclaves, ce fut là construction, qu’il dirigea lui-même, d’un brick destiné à la traite, fin voilier, étroit, long comme un bâtiment de guerre, et cependant capable de contenir un très grand nombre de Noirs. Il le nomma L’Espérance. Il voulut que les entreponts, étroits et rentrés, n’eussent que trois pieds quatre pouces de haut, prétendant que cette dimension permettait aux esclaves de taille raisonnable d’être commodément assis et quel besoin ont−ils de se lever ?
“ Arrivés aux colonies, disait Ledoux, ils ne resteront que trop sur leurs pieds ! ”
En effet, tout ce qui en fait l’originalité, l’ambiguïté, le modernisme, la force du récit est ignoré ou contredit. Tamango n’est plus ce chef qui se livrait aussi au trafic d’esclaves et que Mérimée montre saoul au point de vendre sa femme préférée, Aïché, au capitaine quitte à vouloir la reprendre quand il est dégrisé. C’est comme cela qu’il fait capturer, jeter à fond de cale, avant de devenir celui qui va mener la révolte… Dans le scénario de Berry, Lee Gold et Tamara Hovey (deux écrivains black listés), Tamango devient l’incarnation, la conscience de la rébellion. Une sorte de Patrice Lumumba avant la lettre et ce choix, dans leur optique, ne manque pas d’intérêt ni de courage. Il s’agit de créer un vrai héros noir, un paysan que l’exploitation transforme en combattant, personnage totalement absent du cinéma américain de l’époque (On a envie de dire du cinéma mondial).
Autre changement notable, assez heureux, Aïché devient ici la maîtresse du capitaine, (rebaptisé John Reinker à cause de Curd Jürgens) qui la traite bien mieux que ses précédents maîtres qui l’avaient tous marquée au fer ou fouettée. Mais comme lui font remarquer Jean Servais, le médecin désabusé et Tamango lui-même, elle n’en demeure pas moins la propriété de son maître… Le personnage devient plus sombre, plus complexe que chez Mérimée. Jürgens est d’ailleurs bien meilleur que d’habitude, plus animé. Berry le coiffe de chapeaux pittoresques, le fait souvent manger, mâchouiller ou alors mordiller sa pipe.
Si la progression dramatique de la révolte reste assez fidèle à la nouvelle, sa conclusion est radicalement différente. Là où Mérimée fait triompher les esclaves qui se révèlent incapables d’exploiter leur victoire et de faire marcher le navire, Berry nous montre une répression très violente. L’utilisation des vapeurs de souffre destinées à asphyxier les noirs renvoie aux chambres à gaz. Tamango ne survit pas pour mourir d’alcoolisme à Londres, il périt avec ses camarades, exterminés à coup de canon. Je me demande si les scénaristes ne se sont pas inspirés de ce JOURNAL D’UN NÉGRIER de William Snelgrave que l’on trouva dans la bibliothèque de Tocqueville. Certaines tirades de Reinker semblent reprendre mot pour mot les passages de Snelgrave.
Il est difficile de juger TAMANGO dans la version que j’ai vue, avec ces cadrages tronqués. Le film m’a à la fois surpris, souvent en bien et, une fois admises les ambitions et le propos qui ont pris avec les années une force incontestable, un peu déçu. La mise en scène m’a paru moins plus compassée, plus raide que dans d’autres films de Berry même si l’on sent souvent sa patte dans la manière dont il dirige Jean Servais ou Dorothy Dandridge, la photo d’Edmond Sechan assez décevante et ne rend pas justice aux décors de Max Douy. On se demande aussi pourquoi sur un tel sujet, Berry fit appel à Georges Neveux plutôt que Jacques-Laurent Bost. Affaire à suivre.
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Commentaires (65)
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Etonnant comme cette citation de Tamango reprend le ton ironique de la célèbre page de Montesquieu sur l’esclavage. Un clin d’œil, peut-être.
La nouvelle de Mérimée a plus d’un mérite.
Tamango n’est pas angélisé comme on pourrait s’y attendre. Moralement, il ne vaut pas mieux que Ledoux. Ses frusques à l’européenne confirment son appartenance au même panier de crabes.
Simplement, dans cette circonstance précise, on se met de son côté.
On ne trouve, en dehors de la population d’esclaves (traitée de manière assez impersonnelle), aucun personnage où accrocher notre sympathie, en dehors du trop rare « traducteur », reflet manifeste de Mérimée.
Que voilà une passionnante et peu coûteuse croisière d’été !
Comme c’est agréable d’entendre parler de Mérimée sur un blog consacré au cinéma. Cet auteur, souvent qualifié de « mineur » sans trop de bonnes raisons, est un bon fournisseur de scénarios. Beaucoup de ses oeuvres sont des films de rêve, et des story-boards tout tracés. Que sont « Colomba », « Carmen » et « Mateo Falcone » sinon des sortes de bons westerns ? Le hic, c’est que je ne me souviens pas d’une seule adaptation vraiment réussie.
Bonjour
L’Heure d’Eté est magnifique, tout en légèreté, ça fait plaisir de voir un film qui se met en retrait de toute dramatisation, les engueulades entre frères et soeur sont elles-mêmes à peine ébauchées, les personnages sont ordinaires compte tenu même de leur position sociale haut placée, je ne savais pas que J Binoche pouvait jouer des rôles de personnages obligés de porter tout l’amour du monde et que ça fait souffrir. J’en veux au générique de ne pas donner les noms de famille des personnages, ce qui rend ardûe la tâche de mettre des noms sur des visages, comme ceux des actrices qui jouent les épouses de J Renier et C Berling (j’avoue mes lacunes).
La discrétion du style fait penser à un documentaire! Mais finalement, j’eus préféré que la famille décrite soit choisie parmi des plus modestes, moins prestigieuses, sans rapport du tout avec le monde des arts et lettres, ça aurait donné un plus grand dénominateur commun, non?
Dés que j’ai vu le nom d’Isabelle Sadoyan (Eloïse), je me suis rappelé d’elle dans la première scène terrible de Mr Klein, que je vis à sa sortie, en 75!
Malgré mon petit regret sur le milieu social hors normes, tel quel, c’est un grand film.
J’imagine l’hésitation de la personne qui a prêté des oeuvres en verre de Braquemond (un vase…), très fragiles, à une équipe de cinéma! Elle a pas dû être tout à fait tranquille pendant le tournage!…
je complète: bien sûr, j’ai bien compris que le musée d’Orsay était impliqué dans le projet, d’où la nécessité de la présence des oeuvres d’art passées dans la succession suite à un décès, et du raccord prestigieux avec le monde des arts et lettres. Mais je ne peux m’empêcher de trouver que le thème des héritiers bousculés par le décès de leur mère, et par le mécanisme de la succession est plus intéressant que tout cet aspect. Ces problèmes de vie concrets qui concernent les Français sont actuels et devraient être plus illustré au cinéma, il n’y a que les documentaires (et heureusement!) pour le faire, pourquoi pas des oeuvres de fiction proches du documentaire par la sobriété du style et le refus de la dramatisation? Personnellement, ça me manque.
grrr… je voulais dire: « je ne savais pas que J Binoche pouvait jouer AUTRE CHOSE QUE des rôles de personnages obligés de porter tout l’amour du monde et que ça fait souffrir ».
Une question à propos du cinéma français:
Je suis à la recherche de 2 cinéastes hélas, totalement oubliés notamment par les éditeurs de DVD.
Il s’agit de Roger Leenhardt et de son film « Les dernières vacances » et aussi de Louis Daquin pour « Le Point du Jour » et « Le Voyageur de la Toussaint »; pour Daquin , en DVD je ne vois que « La foire aux cancres » (que l’on peut oublier).
Peut-être que quelqu’un a des informations sur ces films.
Il faut le guetter sur Cinécinémas classik où il fut diffusé deux fois si je ne m’abuse. Pas de DVD à ma connaissance de ce film singulier et libre qui peut être rapproché parfois de Rozier.
Jean-Jacques,
Merci pour ces renseignements; le rapprochement que vous notez avec Rozier (dont j’apprécie beaucoup Maine-Ocean) est assez juste.
Pour les sorties à venir, le collector de Petri « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » s’annonce somptueux (le 2/06/2010)
Je rêve de revoir Les Dernières Vacances, et de Daquin, Nous Les Gosses…
Je me permet de rebondir sur le film « Les Chouans », pour évoquer « Le Mouron rouge » de Powell et Pressburger. Se situant à la même époque du film de Calef, il relate les exploits d’un espion anglais sauvant des aristocrates français de la guillotine. C’est une oeuvre de commande et un remake d’un film de 1934 produit par Korda ou Leslie Howard joué le mouron rouge, rôle repris par David Niven dans la version de P&P. Le film de Powell, assez rare, est passé il y a quelques années à la Cinémathèque française dans une copie moyenne. Je dois dire que j’ai été agréablement surpris par le résultat, le film ne manquant pas de rythme et de trouvailles visuels ainsi que des plans très réussis visuellement(notamment ceux tournés au Mont Saint-Michel). Seul bémol, quelques décors et surtout les costumes ont mal vieillis, ressemblant parfois à du mauvais kitsch. J’imputerai ce fait au passage de relais, au sein des Archers, de la direction artistique de A. Junge à H. Heinckroth qui paradoxalement marque aussi un début de déclin dans les films de P&P (« Les contes d’Hoffmann » est intéressant, même si j’ai quelques fois du mal encore une fois avec les costumes et accessoires… ah! Les lunettes de Robert Rounseville!). Voilà, excusez pour la longueur de mon exposé, mais peut’on espérer une édition zone 2 du « Mouron rouge » de P&P et comment est la version de Korda de 1934?
A Stéphane,
Powell n’était pas satisfait de ce remake. Il aurait voulu en faire un musical mais l’idée (imposée par Samuel Goldwyn) ne l’excitait guère. Le résultat est souvent agréable et plaisant mais l’entreprise est daté, démodée dès le début.Je vous trouve sévère pour Heicroth. Peut on parler de déclin à Propos de THE SMALL BACK ROOM ou de GONE TO EARTH
Je profite de la venue de Bertrand Tavernier aujourd’hui sur Toulouse et donner mon avis su »Invictus » de C.Eastwood.Tout d’abord je ne comparerai pas Eastwood avec John Ford qui reste le cinéaste incontournable du siècle passé.Ce qui me chiffonne chez le citoyen Eastwood c’est qu’il a souvent pris des positions de droite.Rapellez vous que durant la dernière campagne américaine,il avait soutenu le candidat Mac Cain face à Obama.Je n’arrive pas à dissocier le réalisateur de l’homme.Alors as t-il réaliser « Invictus »pour faire plaisir à son ami et co-producteur Morgan Freeman,pour coller au 20ème anniversaire de la liberation de Nelson Mandella?Durant les années de l’apartheid en Afrique du Sud,peu de réalisateurs,acteurs,scénaristes ou journalistes français ou étrangers avaient signés la pétition réclamant la liberation du plus vieux prisonnier politique au monde.Quel est votre avis Mr Tavernier sur cette periode et sur le fondement du film?Je vous remercie,en esperant vous poser quelques questions sur votre filmographie intense et riche.
Cher Yves, Eastwood ne fait pas de films pour faire plaisir à un ami. Quant à ses contradictions, un journaliste anglais les a admirablement résumées : « Eastwood est sans doute conservateur politiquement et progressiste socialement » Ce ne serait pas la première fois que de telles contradictions se retrouvent dans le cinema américain : Wayne était anti communiste et pour la guerre du Vietnam mais il revendiquait le message pro indien dans des films qu’il produisit et se battit contre l’intervention américaine à Panama
Yves,
Votre intervention m’oblige à réintervenir même brièvement sur Eastwood: j’ai l’impression de redécouvrir les opinions quasi unanimement négatives des 70′ sur le conservatisme voire le fascisme d’Eastwood (je ne les ai lus qu’a posteriori, ayant 39 ans)ou de tomber de ma chaise comme je le fis en lisant un article particulièrement imbécile sur le grand Clint dans mon cher Monde diplo dont je suis un abonné fidèle depuis une bonne quinzaine d’années
Vous devriez réfléchir un peu à votre rapport au cinéma et à l’art en général selon les points suivants:
-ne peut-on aimer que les oeuvres conçues par des artistes dont on apprécie les opinions? Ma réponse est non! Même si je ne partage pas bon nombre des visions politiques de Ford, Mac Carey, Kazan au cinéma je leur dois parmi mes plus fortes émotions!
A contrario , en dehors de RAS, le cinéma de Boisset ne me semble pas d’un grand prix même si j’en partage souvent les idées!
-un cinéaste est-il obligé de s’inscrire parfaitement dans un moule idéologique précis dans ses oeuvres? Non , bien sûr!L’ambiguité irrigue nombre de chefs d’oeuvre: They died with theit boots on de Walsh n’est-il qu’un sinistre panégyrique des tueries de Custer? Si vous le pensez, vous êtes passé à côté de ce chef d’oeuvre dynamique, drôle et élégant.autre exemple: comment se fait-il que Métropolis soit à la fois considéré comme le révélateur critique et visionnaire du totalitarisme et un élément constitutif de celui-ci si on en juge par l’admiartion de Goebbels et Hitler.
-allez-vous toujours au cinéma pour vous conforter dans votre vision du monde? Je ne l’espère pas pour vous car vous le regardez par le petit bout de la lorgnette. Même si nous sommes , vous et moi du même bord politique,nous n’avons pas la m^me attitude face à l’art: vos actions et engagements dont je ne doute pas sont une chose, votre ouverture à l’art doit en être une autre. Vous me faîtes penser à ces personnes qui refusent de lire le Céline du Voyage… ou de Mort à crédit (assurément deux des plus grands romans du XXème!) parce qu’il a publié des immondices en 39-45. J’ai adoré voir The Molly Maguires la semaine passée certes parce que cela épousait ma vision du monde mais d’abord pour ses qualités esthétiques, scénaristiques… si le même thème et la m^me trame avaient été traitées avec le style pachydermique d’un Lelouch, je l’aurais détesté!
Pour en revenir à Invictus, comparez-le avec le cry freedom d’Attenborough,sorti en 1987 ou 1988, bien intentionné, pas mal joué mais pesant, pesant, PESANT! Eastwood réalise un beau film avec de vraies idées de cinéma en 2010 et il emporte le morceau! votre type de critique serait plus adapté pour un autre exemple qui me laissa pantois: la boursouflure prétendument courageuse et généreuse de Bénigni La vie est belle tient-elle 2 secondes la route face à To be or not to be, le dictateur, Manhunt ou m^me Hitler’s madman de Sirk?
Monsieur Tavernier,
Je n’avais pas encore vu « Dans la brume électrique » que j’ai trouvé intéressant mais parfois un peu confus. J’aimerais que vous me disiez ce que vous avez voulu exprimer à la fin de votre film en faisant apparaître sur le livre que feuillète la fille du policier la photo du groupe de militaires avec son père au milieu ? Merci à l’avance pour votre réponse
Bien cordialement
Désolé John, je ne suis pas là pour parler de mes films mais des dvd que j’aime. J’ai donné plein d’interviews ou je parle du film, notamment dans POSITIF et je l’analyse dans mon commentaire sur le dvd sans parler du récit du tournage PAS A PAS DANS LA BRUME ELECTRIQUE. Lisez le livre de Burke, la fin y est deja
Référence à SHINING hé, hé, hé …
Mais avant SHINING, il y a au moins 12 nouvelles de SF (Bradbury, heinlein) qui utilisent ce procédé, sans parler de HG Wells
Et puis… même sans parler de références, cette fin est tellement poétique, tellement magique dans l’absolu ! La transition image/musique entre ce dernier plan où Alafair reconnaît ou croit reconnaître en photo son père adoptif sur le livre d’histoire qu’elle est entrain de feuilleter, et les premiers accords de la valse cajun de Beltrami et Dirk Powell « La Terre tremblante », cette transition disais-je, m’a apporté l’une de mes plus grandes émotions cinématographiques de ces dernières années, ça m’a carrément parcouru l’échine, et ça m’amène des larmes au moment où je suis entrain d’écrire ce post… Je vous l’ai déjà dit, Bertrand, mais je vous remercie du fond du coeur pour ce film que j’ai tellement attendu. Je m’étais hâté de lire le livre de Burke (lors d’un voyage aux Canaries en mars 2009), espérant que votre film allait être présenté à Cannes, j’ai attendu, attendu, et n’ai pas été déçu quand j’ai enfin pu le voir en avant-première dans une salle à Boulogne-Billancourt…
M%erci de tout coeur et je transmets à Marco beltrami
A Olivier
Je vous ai deja dit merci et j’allais transmettre votre texte à Marco Beltrami
Cher Bertrand, je ne me suis plaint de rien, mon mail était totalement sincère et n’attendait pas de retour. Un grand merci de le transmettre à Marco Beltrami en tout cas, dont j’ai encore écouté l’intégrale de la musique pour « Dans la Brume » hier au soir… 🙂
Erratum : J’ai lu le livre de Burke en mars 2008 of course… 🙂
Dans la collection Lautner, d’ailleurs assez bien faites, j’ai vu dernièrement « La grande sauterelle ». Malgré une bonne première partie et une très belle photo, comme souvent, de M. Fellous, la seconde moitié du film est décevante et trop axé sur la romance de M. Darc et H. Krüger. En espérant que bientôt sorte en DVD « Sur la route de Salina », que parait’il Q. Tarantino affectionne particulièrement.Quelqu’un a t’il un avis sur ce film?
A Ikwig
Contrairement à vous je ferais quelques réserves sur Fellous. Connaissez vous les premiers Lautner dont j’ai parlé dans une chronique ancienne, ARRÉTEZ LES TAMBOURS et MARCHE OU CRÈVE. Ils valent la peine.
Je n’ai pas vu annoncé LA ROUTE DE SALINA dont j’ai un souvenir trop ancien. Lautner nous a dit que Pascal Jardin crédité au générique n’avait pas travaillé sur le film.
Il est vrai que la lumière de Beyrouth où est tourné « La grande sauterelle » m’a beaucoup plu, ainsi que les couleurs sixties du film. Bref, Lautner est un cinéaste que j’apprécie de plus en plus. Je connais la bonne réputation de « Arrêtez les tambours » (moins celle de « Marche ou crève ») et espère bien me le procurer prochainement. Appréciant l’éclectisme de votre blog, tant dans le choix des cinéastes et des genres, j’aimerai connaître votre point de vue sur l’œuvre de Philippe de Broca, dont certains films ressortent en DVD (malheureusement dans des transferts mauvais et sans bonus), je plaide d’ailleurs pour une édition DVD digne de ce nom de « l’homme de Rio »!Merci.
A Ikwig
J’aime bien pas mal de film de De Broca surtout Cartouche,le Farceur, le Diable par la queue, un téléfilm avec Claude Rich et Le Bossu. Je suis pour une edition dvd digne de ce nom
Je souscris totalement à la demande d’ikwig concernant un bon dvd de « l’homme de Rio » qui reste pour moi un des meilleurs DE BROCA avec « Cartouche ».
Moi aussi
OK
A propos de Jean DELANNOY, il faudrait rajouter un autre de ses films devenu très rare à voir, « DIEU A BESOIN DES HOMMES » qui est passé une fois il y a longtemps sur une chaîne de télé bretonne : il y a une superbe photo, et une brochette d’acteurs comme Fresnay, Brochard Madeleine Robinson, Ivernel, Carmet et Gélin. Même s’il y a certaines lourdeurs, c’est une bonne adaptation par Aurenche et Bost du « Recteur de l’île de Sein ». Ce film mériterait d’être ressorti (à la tv ou en dvd).
A Henri Guieysse : je trouve que le scénario qui m’avait beaucoup intéressé est supérieur à la réalisation qui m’avait parue guindée et solennelle à for ce de contre plongées
Et je ne savais pas pour Gérard Phillippe et les Chouans
A propos des « CHOUANS » d’Henri Calef, le réalisateur m’avait confié qu’au départ c’est Gérard Philipe qui devait tenir le rôle principal mais ce dernier, peu de temps avant le début du tournage, s’étant cassé une jambe, il a fallu trouver quelqu’un d’autre, d’où le recours à Jean Marais.
Ce que vous racontez sur le goût de G Noé (parlez-vous de l’auteur de Carne et Seul contre tous????)envers Les amitiés particulières est surprenant: j’avais conservé le souvenir d’un film un peu empesé mais cela remonte à bien des années!Vous citez Aurenche évoquant le corset imposé par Delannoy, hieratisme qu’on rtrouve souvent chez lui notamment dans La symphonie pastorale qui cherche à lorgner vers Dreyer par moments.
En revanche, je me rappelle parfaitement une calamiteuse Princesse de clèves malgré une très belle Marina Vlady et les décors de R Renoux (qui habitait non loin de la salle où nous l’avions projeté car il estimait que c’étaient ses plus beaux décors… un grand monsieur, intarissable sur son métier et ses rencontres avec Clouzot notamment: ses dessins pour Le salaire … étaient magnifiques)et des apparitions étonnantes de Pieral que je n’arrive pas à retrouver dans le roman malgré des relectures régulières!!!
Sur Raphael… vous avez cent fois raison de dire le talent de Deville et Companeez d’autant plus que l’esprit de l’époque a été peu capté par le cinéma.
Il s’agit bien de G Noé, l’auteur de Seul contre tous. Les Amitiés Particulières valent mieux que ce que l’on en a dit. Surtout pour les scènes avec les adultes, avec Louis Seigner et Bouquet qui sont très bien écrites et pas du tout empesées contrairement – vous avez raison de le souligner – à la très académique PRINCESSE DE CLÈVES, au mortel ETERNEL RETOUR. D’autres Delannoy méritent pourtant d’être vus : les 2 Maigret, le Garçon Sauvage, MACAO L’ENFER DU JEU
Je viens de découvrir « Le narcisse noir » sur Arte, occasion de prendre une nouvelle claque devant un film du duo magique Powell-Pressburger. Alors je profite de ce blog et de la passion de Bertrand Tavernier pour l’oeuvre envoûtante de ces cinéastes pour lui poser cette question qui paraîtra peut-être simpliste : dans quelle mesure ce film n’aurait-t-il pas visuellement influencé Alfred Hitchcock ? Je pense évidemment au Hitchcock de « Vertigo » et – dans une moindre mesure – de « Marnie ». A moins que cette impression ne soit du au tronc commun britannique de ces cinéastes…
Il y a toujours eu des liens très forts entre Hitchcock et Powell et son autobiographie répond à une partie de votre question. Powell va trouver Hitch pour qu’il lui conseille une actrice americaine pour QUESTION DE VIE ET DE MORT et il lui suggérera, idée magnifique, Kim Hunter. Les deux cinéastes pensent aussi que la forme détermine le contenu d’une scène. Tous les deux feront des films de propagandes où le personnage principal sera un nazi, ce qui tranche sur les films tournés par des américains (il y a une troisième oeuvre dont le héros est un nazi, NONE SHALL ESCAPE d’André de Toth, autre cinéaste européen). Hitchcock a été marqué par son éducation religieuse et les rapports entre la foi, la culpabilité et les pulsions sexuelles ont imprégné nombre de ses oeuvres. Mais savoir si précisément ce film l’a touché est impossible à déterminer
Un conseil: procurez vous le roman dont est tiré le joyau de Powell et Pressburger Le narcisse noir de Rumer Godden chez actes sud et vous pourrez constater pleinement le génie du duo non que le matériau soit indigne (c’est même plutôt intéressant… l’auteur est aussi à l’origine du roman dont est tiré le génial Fleuve de Renoir) mais il faut mesurer combien la gageure pouvait relever de l’impossible.La trame est plutôt respectée et il est intéressant de voir combien le film a su accroître la sensualité du matériau littéraire, magnifier l’espace, rendre terrifiante la mue de soeur Ruth.
Un conseil pour un autre : procurez vous le roman UNE FEMME ÉTRANGE de Ben Ames Williams (Phébus) dont est tiré le film d’EG Ulmer, THE STRANGE WOMAN (LE DÉMON DE LA CHAIR) Ben Ames Williams est aussi l’auteur du livre LEAVE HER TO HEAVEN devenu sous la direction talentueuse de John Stahl, PÉCHÉ MORTEL
Je ne connais quasiment pas Ulmer: je pense n’avoir vu que Détour et Naked dawn… j’ai bien aimé mais je dois avouer que je ne comprends pas l’engouement, le « culte » dirions nous aujourd’hui, dont il jouit. J’y vois évidemment d’habiles moyens d’user de l’économie propre à la série B pour inventer des figures étonnantes mais il y a un aspect bancal qui m’empêche de totalement adhérer.Je ne sais s’ils sont comparables mais j’ai été plus impressionné par J H Lewis que par Ulmer: Gun crazy comme the big combo m’apparaissent comme de purs joyaux.
J’essaierai de lire le polar que vous me conseillez dès que j’aurai terminé mes quelques lectures en cours!
A propos de polar, j’ai trouvé très injustes les avis souvent condescendants concernant shutter Island qu’il s’agisse du livre de D Lehane ( cet ouvrage ne me semble ni honteux ni facile…et pourtant, je n’aime pas forcément les twister mais celui-là m’a cueilli!) ou de son adaptation par Scorsese où j’ai constaté un plaisir de filmer toujours aussi emballant de précision et d’inventivité.
Il y a des milliers de choses à dire sur Ulmer, cinéaste baroque et pittoresque jusque dans ses affabulations. Sa filmographie comprend pas mal de films zozos ou tartes mais aussi beaucoup d’oeuvres au ton personnel (les deux grands films yiddish, RUTHLESS, STRANGE WOMAN, THE PIRATE OF CAPRI.
Je n’avais guère aimé le livre de Dennis Lehane (c’est le seul sur lequel je fasse des réserves) mais il n’était ni médiocre ni honteux.
Je ne prétends pas bien connaître Ulmer mais ces deux films (et l’assez pitoyable chat noir) ne m’ont pas semblé relever du génie que décelait JLG…mais je suis prêt à changer d’avis en en voyant d’autres!
Quant à shutter island, ce me semble un bel exercice de style pour Lehane et un travail très intéressant pour Scorsese qui réussit à lui donner de la « chair » (Cape fear en réussi!)
Jean-Jacques,
A propos d’Ulmer, Bach Films avait sorti un coffret un DVD double (il y avait « Le Voyage de la Peur » d’Ida Lupino d’un côté) avec « Détour » (le film d’Ulmer que je préfère avec « Le démon de la Chair ») et surtout un bonus d’1 heure environ consacré à Ulmer; je ne peux que vous conseillez de l’acquérir(en 2009 il était vendu 9,99€).
J’ignorais tout de l’adaptation de Tamango par Berry.Cette nouvelle est superbement structurée et mériterait une adaptation sans concessions.
Je vous avais lu sur le Mandingo (les sonorités pourraient évoquer une adaptation indirecte????)de Fleischer qui semble fort alléchant: est-il visible en DVD? Là aussi, je ne l’ai jamais vu.
Spielberg s’est en grande partie fourvoyé avec Amistad par la faute d’un procès un peu long, de lyriques envolées par trop soulignées.A quand le grand film des années 2000 sur le sujet?
PS1: Chabrol ne m’apparaît pas au meilleur de sa forme ces dernières années. La demoiselle d’honneur tout comme merci pour le chocolat ,La fleur du mal ou La femme coupée en deux se dissolvent dans le tout venant: perversités attendues, jeu tantôt caricatural tantôt « blanc », choix visuels plats (vous parliez de téléfilm pour les intentions de certains collaborateurs sur Dans la brume électrique… là on se trouve totalement dans cette fadeur un peu étriquée. Paradoxalement, le meilleur Chabrol de ces dernières années me semble être son adaptation de La parure de Maupassant qui lui ne déroule pas les lourdeurs du téléfilm!). Après de soudaines embellies du type Une affaire de femmes en 1988 ou la cérémonie en 1995, on est forcément exigeant à l’égard de Chabrol que je trouve par ailleurs merveilleux de faconde et d’humanité pour l’avoir croisé lors de débats-rencontres.
PS2: Assayas m’exaspère le plus souvent.La génération des critiques-cinéastes des Cahiers post années 80 (Assayas,Bonitzer…)a réussi à s’imposer côté plume mais ne me semble pas avoir transformé l’essai tant on sent le poids de la théorie dans la sécheresse de leur travail. Rien à voir avec les cahiers jaunes. Dans le lot de ces surgeons tardifs la palme de l’agacement revient tout de même à Christophe Honoré pour son application à enfiler comme des perles tous les clichetons parisianistes film après film. Je ne comprends que trop bien les raisons de l’engouement envers ce plus ou moins habile recyclage de motifs et de formes.
Mandingo, de Fleischer, existe en Z1, mais je ne crois pas qu’il y a une VF ou une VOST français; je l’ai revu récemment sur une vieille vhs en VF. Je l’a vu une première fois à 13 ans env., ca m’avait impressionné. Revu maintenant, le film reste excellent, comme beaucoup de films de Fleischer. Je ne comprends pas qu’on ait pu taxer ce film de raciste. Même à 13 ans, ca me semblait évident ! Au demeurant, j’en profite pour signaler qu’on trouve en Z1 avec VOST The New Centurions du même Fliescher avec George Scott. Et qu’il existe une bonne raison de regarder KALIDOR de Fleischer toujours en Z2, c’est le bonus, une longue interview de Fleischer.
Merci. Comment est la copie de Mandingo ? The New Centurions est un de ses meilleurs films. Je comptais en parler prochainement. Il fait partie de cette curieuse collection patronnée par Martini, the Martini Movies, qui comprend le très intéresssant Garment Jungle et l’excellent Gumshoe de Frears
J’aime bien Chansons d’Amour, la Belle Personne et l’Heure d’été…
Concernant GUMSHOE, de Frears, on le trouve en Z2, il vient de sortir ou ressortir dans la collection Columbia Classics qui a ressorti beaucoup de classiques US dont un Richard Quine que j’ai beaucoup aimé L’INQUIETANTE DAME EN NOIR. Concernant MANDINGO, je n’ai pas vu la Z1 (mon anglais est trop limité pour pouvoir me passer de sous-titres) et me suis contenté d’une revision sur une vieille VHS dont la qualité était abyssalement mauvaise. Par contre, DON IS DEAD (que vs n’aimez pas trop, je crois) du même Fleischer, avec A.Quinn, existe en Z1 avec une vost français.
Je signalerai la sortie en zone 2 du merveilleux GUMSHOE. Je n’ai pas revu L’INQUIÉTANTE DAME EN NOIR qui m’avait paru inégal. Je renvoie à d’autres chroniques sur Quine notamment le splendide LIAISONS SECRETES et My SISTER EILEEN
Je vais revoir au plus tot Mandingo et réviser mon jugement s’il le faut sur Don is Dead. Mais je croyais vous avoir deja répondu
Le cas Honoré peut être décrypté aisément: il peut faire illusion dans la mesure où il sait bien s’entourer (sur Les chansons d’amour: très belle BO d’A Beaupain, distribution talentueuse notamment le jeune G Leprince Ringuet que vous faites tourner, photographie dans les bruns et les bleus très belle et mélancolique), où il est bardé de références visibles ou plus secrètes. Le problème, qui est un peu celui d’Ozon, est qu’il fait de preuve de narcissisme en se regardant filmer, qu’il joue sur du velours avec des attentes chic et choc très parisianistes (très Inrocks: le trio amoureux fait mode de même que la multiplicité de combinatoires sexuelles et amoureuses), qu’il recycle dans l’air du temps des clichés absolus. Et sur la belle personne , ça se gâte encore plus: ça, une adaptation de La princesse…? En dehors du suicide de Nemours fort bien mis en chanson, tout y est factice et outrageusement mode (et en plus, la photographie est vraiment terne contrairement aux Chansons d’amour).
Je vous laisse la responsabilité de vos propos qui sont documentés et précis. Une opinion n’est pas un fait
Pour information, il existe un projet particulièrement intéressant autour d' »Un homme est mort » : Jean Alain Kerdraon a un mis en mouvement les planches de Davodeau et le film ainsi tiré est accompagné en direct par Christophe Rocher (qui a composé la partition) et ses musiciens. Si ça passe p^rès de chez vous, c’est à ne pas manquer…
La lecture de Pas à pas dans la brume électrique, offert par une amie , me ramène vers votre blog et vers votre vision du cinéma. Merci pour ce journal qui permet de mieux comprendre la couleur si rare de votre dernier opus… j’aime beaucoup sans savoir si c’est systématique- je n’en suis qu’à la page 121 – la confrontation entre deux strates temporelles tournage/montage, les annotations sur les techniciens américains (ce qui concerne le son ou le tirage couleur est sidérant!!!!). Très beau document qu’on aimerait voir plus fréquemment.
Calef et Les chouans ne m’avaient guère séduit lors d’un visionnage TV: couleur historique hasardeuse, dialogues un peu factices, recherches plastiques ostentatoires alternant avec des scènes un tantinet baclées… tout cela me semblait trahir l’esprit de Balzac dont les chouans n’est pas le chef d’oeuvre mais possède un souffle romanesque indéniable (l’attaque initiale est un morceau d’anthologie). Vous évoquez Rivette: à mon sens , il est le seul à avoir su capter l’essence de l’esprit balzacien que ce soit dans out one, La belle noiseuse ou l’admirable Ne touchez pas la hache.
Quant à B Jacquot, je ne saurais vous suivre sur la voie de l’admiration tant cet auteur me semble prendre la pose en toutes circonstances, dans l’apparente diversité de ses oeuvres( y compris quand il s’agit de faire comme si il s’agissait d’aérer son univers comme dans La fille seule!).
Vu sur grand écran le dernier Coppola Tetro, admirable retour aux sources, hommage émouvant à Powell, récit initiatique non dénué de picaresque.
Bonne année 2010 à vous et à tous les cinéphiles intervenant sur ce blog!!!!
Merci pour vos appréciations sur PAS A PAS DANS LA BRUME ELECTRIQUE. Je signale tous les défauts du Calef qui le rendent moins bons que JERICHO, défauts qu’il partage avec Spaak mais ses ambitions (notamment cette volonté de parler du présent) tranchent sur les films de l’époque. Ce sont les scènes d’actions qui m’ont le plus déçu.
J’ai terminé (dévoré serait le terme le plus judicieux) Pas à pas…depuis longtemps mais avais oublié de vous remercier et vous féliciter pour le livre entier cette fois qui, couplé, avec les passionnants boni du DVD permettent de mesurer l’aventure de ce tournage.
Je ne reviendrai pas sur toutes les riches annotations permettant de mesurer les différences entre tournage américain et français mais me permettrai d’ajouter combien vos rapports avec TLJones sont d’autant plus passionnants qu’ils posent la question des apports scénaristiques ou techniques d’un acteur/cinéaste sur le tournage d’un autre cinéaste: pas toujours facile vraisemblablement mais sacrément stimulant.Je me demande comment s’est déroulée la rencontre Eastwood/Jones sur Space cowboys…
Ne serait-il pas le cinéaste adéquat pour adapter Méridien tellement il semble avoir mûri sa « vision » de la mise en scène? En tout cas, je préfèrerais qu’il s’en charge plutôt que R Scott.
Merci de rappeler l’importance des films de Depardon qu’il s’agisse de Faits divers , d’Urgence ou de 17ème chambre. Mentionnons sa magistrale trilogie paysanne dont on a surtout retenu La vie moderne, ce qui est lacunaire car le projet inscrit dans la durée tient en trois films et non en un. Les DVD arte sont sobres (deux courts dont l’intéressant Quoi de neuf au Garet?, un entretien avec Depardon) mais je ne possède pas le « collector » de La vie moderne.Et n’oublions pas que Depardon s’est essayé à la « fiction » par trois fois et ce fut pour moi un voyage à chaque fois dépayasant, une aventure du regard: Empty quarter indisponible en DVD je crois (journal en caméra subjective qui permet d’oublier La dame du lac et La femme défendue sans peine!), La captive du désert avec S Bonnaire (qui avait réussi une composition ténue proche des « modèles » bressoniens) à partir de l’affaire Claustres et le sublime Un homme sans l’occident (travail photographique à tomber aussi impressionnant que ses plus belles photos). Depardon joue un rôle aussi important dans le documentaire français que F Wiseman même si sa filmo n’a pas encore balyé tous les chantiers entrepris par son homologue.
Tommy Lee trouve qu’Eastwood est un des rares cinéastes américains de talent. Un vrai cinéaste même s’il considère que SPACE COW BOYS est un film assez enfantin. Il adorerait adapter MERIDIEN DE SANG. C’est son rève le plus cher.
D’accord avec vous sur l’importance de la trilogie Paysanne de Depardon.
Tout à fait d’accord sur la moindre importance de Space cowboys dans la filmo du grand Clint même si on s’amuse parfois avec sa bande de vétérans et même si la fin propose quelques scènes, plans assez inoubliables (justement Tommy Lee « au clair de Terre » sur « Fly me to the moon… »).Après, je comprends aisément que TL Jones eut préféré le rencontrer sur Impitoyable, A perfect world ou je sais quel autre grand opus!!!!
A propos, Invictus est à mon sens une nouvelle réussite éclatante: malgré mon aversion pour les jeux de balle impliquant plus de deux individus, il a réussi à m’impliquer dans les enjeux humains, politiques et existentiels de cette incroyable coupe du monde. Comme souvent chez Eastwood, ce qui sur le papier pourrait s’avérer schématique (Mandela/Pienaar, gardes du corps noirs/blancs, Afrikaners/vrais natifs, politique/sport) est nuancé par le tempo, par des annotations inattendues qui suscitent une émotion aussi pudique que forte (la visite de la geôle est un moment immense). Quel grand cinéaste et quel grand monsieur! Et puis Morgan Freeman offre encore une prestation à la fois subtile et sacrément émouvante! Et puis les scènes de match (et je n’aime VRAIMENT pas le rugby!!!!!!)sont dynamiques, prenantes, lisibles…tout le contraire de L’enfer du dimanche de Stone qui m’avait essoré le cerveau…
A Jean Jacques M
J’aime beaucoup Invictus, la manière dont Eastwood fait ressortir l’émotion, la simplicité directe avec laquelle il traite cette histoire en nous faisant entrer par le biais des gardes du corps, idée formidable. Mais j’aimais assez le Stone
A BT et JJM : je partage avec vous une grande passion pour Clint. Mes films préférés étant Impitoyable, White Hunter Black Heart, Bridges of Madison County, Breezy, Josey Wales, True Crime, Absolute Power, Gran Torino, Million Dollar Baby, A Perfect World, Honkytonk Man… une grande tendresse pour Bronco Billy et Space Cowboys… Bon, si je continue comme ça, j’ai l’impression qu’ils vont presque tous y passer ! Mais, sur Invictus, je ne suis pas d’accord avec vous Jean-Jacques, j’ai personnellement trouvé les scènes de match illisibles. Pas assez de plans larges permettant de visualiser une action d’un bout à l’autre du terrain. J’ai plutôt eu l’impression qu’Eastwood n’avait jamais vu un match de rugby de sa vie (j’exagère sans-doute) et qu’il se servait sans-doute inconsciemment de sa culture du football américain… (il insiste trop sur les chocs frontaux, et il y a trop de plans serrés à mon goût).
Mais évidemment, son propos n’était pas là, ce qui l’intéressait était bien-sûr le personnage de Mandela (Freeman, quel merveilleux acteur dans ce film !), et la beauté de ce désir de faire se rejoindre les deux ethnies via le sport. L’idéé des gardes du corps comme fil rouge est exceptionnelle, je suis d’accord avec vous Bertrand. J’ai trouvé un peu lourde la scène de la 4ème place pour la finale (« Mais pour qui est ce quatrième billet ? »… bof !), et j’ai adoré l’idée des multiples plans en contrepoint avec le petit gamin sui se rapproche imperceptiblement de la voiture des flics pour écouter le match !
Cela fait deja de nombreux points positifs.
J’ai répondu deux fois pour manifester mon accord
Je viens de revoir LES CHOUANS en dvd. J’avais une vieille copie VHS de ce film et la nouvelle vision a été une redécouverte. Je crois qu’il faut souligner la qualité du travail de la restauration, non seulement au niveau de l’image mais également le son. Et ça en valait la peine car la photo, due à Claude Renoir, est magnifique. D’accord avec les bémols signalés par M.Tavernier: la seule scène d’action est à peine digne d’un western de série Z. Pour le reste, il faut souligner aussi l’interpération: Brochard et Seigner, toujours excellents, mais aussi Marcel Herrand (le Lacenaire de Enfants du Paradis) génial !
Ouhla ! Je n’ai jamais vu « L’homme et l’enfant » mais quand j’étais gamin, j’aimais bien jouer avec un vieux phono et y passer des disques antiques et il y avait ce « tube » qui était une épouvantable scie d’une miévrerie à faire passer Chantal Goya pour Nina Hagen ! J’entends encore le ton de la voix insupportable de la gamine (genre doublage de marmot dans les films américains familiaux). Dans la même pile de disque, il y avait un autre succès de l’époque, « J’ai bu » (chanté je crois par Jean Servais) et en 2009, l’écoute du premier morceau donnera immédiatement envie de faire pareil.
Alors oui, mille fois plutôt revoir et entendre Constantine dans le très sympathique « Lucky Jo ». Quant à « Raphaël ou le débauché », c’est une merveille de désenchantement et de classe, un sommet de l’association Deville-Companeez. Je le vois comme le pendant sombre d’un film beaucoup plus gaillard et picaresque (mais non sans une grande mélancolie) : « Mon oncle Benjamin » d’Edouard Molinaro. Ronet y est aussi exceptionnel que dans « Le feu follet ». A
revoir cet acteur jamais aussi impressionnant que dans des rôles de mort-vivant, on ne s’étonnera pas qu’une fois passé derrière la caméra, il ait choisi de réaliser (pour la télévision) des adaptations de nouvelles d’Edgar Poe et surtout le « Bartleby » d’Hermann Melville.
A propos de Jacques Rivette, savez-vous si un éditeur de DVD a l’intention de proposer un jour son magique « Amour fou » ?
Le film de Trabaud, que je ne connais pas, a l’air bien intéressant. Parmi les autres films commentés, LES AMITIES PARTICULIERES gagne effectivement à être revu. La caméra de Delannoy ne semble pas paralysé comme dans certaines autres films de prestige qu’il a réalisé. Le film est d’une grande pudeur, époque oblige. De Delannoy, j’apprécie aussi MACAO L’ENFER DU JEU, et même CHIENS PERDUS SANS COLLIER, bien meilleur que sa réputation. Les films d’Autant-Lara mériteraient une sortie DVD. J’ai revu LE DIABLE AU CORPS au cinéma de minuit de FR3 (excellent), qui n’existe pas en dvd, pas plus que DOUCE (excellent aussi) et les autres films tournés sous l’Occupation.
Voir Nadine de Rothschild se faire fesser est sans doute plaisant et vaut presque l’acquisition du film avec Eddie Constantine !