Films britanniques
6 février 2012 par Bertrand Tavernier - DVD
En revoyant des films noirs britanniques pour la Malle aux trésors de décembre, j’ai découvert un sous-genre qui, à ma connaissance, a été peu étudié : le film criminel de marché noir qui comprend de nombreux titres, surtout entre 1945 et le début des années 50. Le plus célèbre, le plus archétypal, est bien sûr LE TROISIEME HOMME qui tient drôlement bien le coup. L’ironie typique de Graham Greene, le scepticisme humaniste de Carol Reed (qui se battit pour imposer la musique dans la version qu’on entend, refusant les orchestrations, les interprétations par des solistes prestigieux) ont été souvent méconnus. On citera bien sur le magnifique IL PLEUT TOUJOURS LE DIMANCHE avec ces formidables personnages de femmes frustrées et amoureuses, ces magouilleurs, ces asiles de nuit, ces criminels imbéciles. Et la photo de Douglas Slocombe.
J’ai adoré revoir POOL OF LONDON, fort bien réalisé par Basil Dearden qui, à partir d’une histoire de trafic de cigarettes et de bas, dérive vers des sujets qui n’étaient pas abordés à l’époque : l’amitié entre un Noir (Earl Cameron) et un Blanc (Bonar Colleano, excellent et qui mourra trop jeune ; il a un coté Stanley Baker), le racisme très présent dans l’Angleterre. Il y a même une romance interraciale entre Cameron et la douce Susan Shaw, traitée avec légèreté, sans ostentation. Le scénario de John Eldridge et Jack Whittingham fait basculer le héros, presque à son insu, dans le monde du crime. Les magouilles de marché noir débouchent sur le trafic de diamants. Il y a un hold-up très original, qui utilise de manière spectaculaire les extérieurs réels : le Londres encore ravagé par les bombardements, aux rues quasi vides. Ce qui donne un ton surprenant aux poursuites de voitures. Dearden était vraiment un grand spécialiste des extérieurs (cf THE BLUE LAMP), qu’il savait très bien filmer. Il décrit un nombre important de décors, de lieux très révélateurs et très chargés dramatiquement : music hall de troisième ordre, pubs mal famés, tunnel routier, les docks. Comme dans la plupart des autres films, la photo de nuit est exceptionnelle. Carles Barr voyait dans POOL OF LONDON l’apothéose des qualités d’Ealing, cette sobriété humaniste qui met en valeur la ténacité, le courage des « serviteurs publics ».
Quand je pense qu’on lui reprocha d’aborder dans le fort bon SAPPHIRE, le thème des problèmes raciaux avec trop de retard. Visiblement, ces grands esprits ne connaissaient pas POOL OF LONDON. Il y a une amertume dans SAPPHIRE. Earl Cameron (encore lui) à l’inspecteur : « Vous savez, cela fait 38 ans que je suis noir », impliquant qu’il n’a aucune confiance dans la police. Le scénario de Janet Green (VICTIM, 7 WOMEN) et Lukas Heller, collaborateur d’Aldrich, autopsie le climat de haine et de bigoterie qui ont provoqué le meurtre de la jeune femme.
Je reviens au marché noir avec le remarquable THEY MADE ME A FUGITIVE d’Alberto Cavalcanti, dialogué avec une grande nervosité, une vraie invention par Noel Langley. Trevor Howard, magnifique mais cela va de soi, joue un ancien pilote qui participe à un coup, se fait piéger et veut se venger. Dès le début Cavalcanti brouille les repères. Son héros n’est pas des plus recommandables et l’esprit de vengeance qui l’anime révèle des côtés sombres. La fin refuse le happy end attendu et paraît assez noire. Chemin faisant, il rencontre des personnages étranges, terrifiants, comme cette femme qui lui demande de tuer son mari. Il y a là, comme dans WENT THE DAY WELL, des éclairs de violence. Des affrontements physiques ultra teigneux (la bagarre finale) surprenants. Et aussi un ton sarcastique que soulignent des cadrages baroques, syncopés, des angles surprenants, des ponctuations ironiques : la boutique de croque-morts s’appelle « le Walhalla de la pompe funèbre ». La caméra cadre des signes, des pancartes soulignant que la mort est proche, qu’il reste peu de temps. Il y a là une violence qui disparaîtra du cinéma anglais jusqu’à GET CARTER. Musique de Marius-François Gaillard (1900–1973) qui écrivit la partition d’EL DORADO de Lherbier et de LA RÉVOLTÉE.
NOOSE est typique du talent si personnel de Gréville et on a pu comparer sa description de Soho avec celle des FORBANS DE LA NUIT qu’il précède de deux ans : mêmes trafics, mêmes escroqueries qui débouchent sur la violence et le crime. Joseph Calleia pourrait être un cousin italien (il était maltais) de Herbert Lom et le monde du catch renvoie aux boxeurs de NOOSE. La comparaison s’arrête, car Gréville choisit parfois un ton curieusement léger (Carole Landis, extrêmement bien photographiée, perd sans cesse ses chaussures) qui désamorce la continuité de la tension, avec des gags plus ou moins bienvenus, un style de jeu parfois spectaculairement théâtral (Calleia, qui en fait des tonnes, est épatant et Nigel Patrick, extraordinaire, vole le film) ; il y a aussi des plans de violence admirablement cadrés (le meurtre d’une jeune femme dans une salle de boxe), des idées visuelles surprenantes, des ellipses fulgurantes, des cadrages audacieux (Calleia parlant au terrible barbier qui lui sert de bourreau dans un escalier ; Annie réalisant qu’elle est en danger de mort : elle est filmée en contre plongée et au dessus d’elle, on voit des carreaux polis, cadrage qui évoque le Powell de THE SMALL BACK ROOM). Mais ce qui me touche, ce sont ces plans, ces scènes sur des jeunes femmes comme ce moment en apparence inutile où la belle Ruth Nixon entre dans le night club pendant qu’Olive Lucius chante une chanson en français : une jeune fille se maquille, des serveurs se reposent, une femme de ménage frotte le sol et un meurtre va avoir lieu que Gréville traduit par une étole qui glisse sur le sol.
THE LONG MEMORY qu’on ne trouve que dans un coffret consacré à John Mills, est une vraie découverte. Là encore, il s’agit d’une vengeance sur fond de trafics. On plaçait ce film dans la période déclinante de Robert Hamer qui était devenu alcoolique. Cela ne se sent pas du tout ici. Au contraire, le découpage est d’une netteté, d’une invention absolument sidérante et le résultat est infiniment supérieur à FATHER BROWN. Hamer appréhende les extérieurs qui sont tous surprenants, avec une acuité, un lyrisme rares dans le cinéma anglais de l’époque. La mise en scène joue sans cesse sur le rapport à l’espace aussi bien dans un bar exigu (les surgissements des différents personnages dans le plan, toujours dynamique et surprenant) que dans des extérieurs amples et dignes de Losey. Un des sommets du film est cette longue scène nocturne où John Mills attend devant une maison un témoin, lequel se trouve embringué dans une terrible scène de ménage : la position de Mills, des policiers, du journaliste, la beauté de la photo nocturne, tout cela donne une force incroyable à la scène, une violence intérieure.
Un film anglais encore. Doriane vient de sortir enfin en France HIGH HOPES, un des premiers et des meilleurs Mike Leigh. Moins désespérément glauque que le terrible BLEAK MOMENTS, le film contredit néanmoins l’optimisme du titre mais parvient par sa justesse, ses notations décapantes, à nous émouvoir, nous faire sourire, nous faire vivre avec ses héros. Le début est anthologique et je me souviens de la stupéfaction admirative de Jane Birkin à qui je montrais le film.
J’ai aussi découvert la très passionnante adaptation par Phillip Noyce d’UN AMÉRICAIN BIEN TRANQUILLE de Graham Greene qui contredit totalement la version de Mankiewicz que j’aimais beaucoup. Noyce et Christopher Hampton sont beaucoup plus fidèles au splendide roman et respectent la vision politique de l’auteur qui, avec une rare prescience, dénonçait les meurtres, les attentats commis au nom et sous le couvert d’une hypothétique 3eme Force (dada des Américains), par la CIA. Ce qui est conforme à la vérité historique. Mankiewicz, lui, mettait ces crimes sur le dos des communistes. Il serait passionnant de comparer les deux versions. Disons que Michael Caine, superbe, m’a paru égaler le génial Michael Redgrave, que Brendan Fraser est très différent d’Audie Murphy et que la très belle Do Thi Hai Yen surclasse Giorgia Moll, valeureuse actrice qui n’avait rien d’oriental. Seul regret, la quasi disparition du commissaire Vigot, si finement joué par Claude Dauphin déséquilibre le film.
Très bon article de Pierre Charrel de la revue TEMPS NOIR sur DVD CLASSIK sur l’indispensable coffret Alan Clarke sorti par POTEMKINE :
« Alan Clarke ne laisse cependant pas son (télé)spectateur démuni face à l’énigme que constitue Elephant, lui offrant en réalité des éléments de compréhension par le biais de la mise en scène. Disparates quant à leurs protagonistes et leur modus operandi, les dix-huit meurtres d’Elephant sont narrés chacun avec la même grammaire visuelle. Le travelling, qui plus est photographié au steadicam, en constitue le premier élément récurent. C’est ainsi qu’Alan Clarke restitue la marche au terme de laquelle les tueurs rejoignent leurs victimes. Ne perdant jamais de vue les personnages ainsi filmés – le réalisateur combinant fréquemment le gros plan au travelling – la caméra suit longuement les assassins anonymes dans leurs déambulations. Leurs déplacements sont fluides – ils avancent à une vitesse soutenue, dont la régularité est soulignée par le martèlement de leurs pas – et inexorables – aucun obstacle ne vient entraver leur avancée. Jouant en outre de la direction d’acteurs – les meurtriers présentent systématiquement un visage dépourvu de toute trace d’émotion – Alan Clarke départit ainsi ses exécuteurs de leur humanité. On pourrait y voir des semblants de machines humanoïdes. Ou bien encore des entités virales se diffusant à travers le corps formé par l’espace urbain de Belfast, en infectant toutes les composantes. Qu’elles soient publiques (une station-service) ou privées (un domicile), à ciel ouvert (un parc) ou closes (un bureau), dévolues à l’activité professionnelle (une entreprise) ou aux loisirs (une piscine). Et c’est donc un terrifiant constat que dresse Elephant par la seule force de sa mise en scène : à savoir l’entière soumission du monde à la violence ; celle-ci s’y développant, en outre, à la manière d’un bacille.
Pareille démonstration était déjà au cœur des deux versions de Scum ainsi que de Made in Britain et de The Firm. À l’instar d’Elephant, chacune de ces œuvres dépeint en effet un ordre humain dont la violence est l’élément cardinal. Celle-ci régit intégralement la maison de correction dans laquelle est incarcéré Carlin (Ray Winstone), le délinquant juvénile dont Scum fait son héros. Le gouvernement exercé par l’administration sur les jeunes détenus y est particulièrement brutal. Aussi bien verbalement – notons au passage que lorsque les films d’Alan Clarke se font « parlants », les dialogues participent pleinement de leur puissance d’impact – que physiquement. Et c’est la même sauvagerie polymorphe – injures à dimension homophobe et/ou raciste, menaces d’agression presque toujours réalisées… mais aussi viols – qui constitue la forme commune de rapports entre les détenus eux-mêmes.
Made in Britain met, quant à lui, pareillement en miroir la violence du criminel et celle des institutions étatiques qui en ont la charge. Trevor, un skinhead adolescent magistralement campé par Tim Roth, est un terrifiant condensé d’agressivité verbale – le téléfilm fit, entre autres, scandale par son usage répété du terme « fuck » comme le rappelle le scénariste David Leland dans un des bonus – et physique : Trevor vandalise, Trevor frappe. Totalement impuissants à remédier à cette violence, les membres des services sociaux ne peuvent opposer au jeune homme que coercition et intimidations. Puis, lorsque ceux-là s’avouent vaincus, le jeune skin passe alors entre les mains d’une police lui infligeant – dans le secret d’une cellule – une violence exactement semblable à celle perpétrée par les « matons » de Scum. »
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Sacrée curiosité, ce NOOSE… Viens de le découvrir grâce à la sélection de Bertrand sur La Cinetek et c’est un drôle de mélange des genres, effectivement pas toujours très heureux dans le passage coq-à-l’âne de crimes sordides à des moments de pure comédie, presque boulevardo-loufoque. Comme si Hawks s’était mélangé les pinceaux du script entre celui de SCARFACE et de HIS GIRL FRIDAY. Et même le film d’horreur gothique avec le personnage du « Barbier » qui pourrait sortir d’un James Whale (j’ai même cru que c’était Claude Rains après un passage chez Jack Pierce). Exact aussi : Nigel Patrick enlève facilement le morceau avec un dynamisme sidérant – et limite fatigant – à faire passer le Cary Grant des débuts pour le Peter Lorre de la fin. La mise en scène est virtuose et l’ouverture a du faire à l’époque le même effet d’exercice de style que celle de SNAKE EYES (le plan-séquence en moins). Ça fourmille d’idées comme d’utiliser en signe de reconnaissance dans la grande bagarre finale des maillots de clubs de foot pour se distinguer des truands. Les dialogues sont tout aussi vifs et percutants, les actrices (encore d’accord avec Bertrand) sont très bien mises en valeur et on a droit en bonus dans les derniers instants à une réplique à encadrer qui en vaut bien de plus fameuses du cinéma français classique entre Carole Landis et la dernière jeune conquête du caïd en tenue très… décontractée :
– Hmmmm ! Lovely perfume ! What kind ?
– I don’t know… It is « Chez Patou » ou « Pas toucher »…
Cette dernière est interprétée par la très mignonne Carol van Derman qui n’aurait que deux films à son actif et c’est bien du gâchis. Le second est celui que Greville tourna juste après et toujours en Angleterre : BUT NOT IN VAIN et qui malheureusement – d’après IMDB – ferait partie de la liste des 75 films les plus recherchés par le British Film Institute car il n’en resterait aucune trace.
Conclusion : pas un joyau mais un film curieux et original qui vaut franchement le détour. Maintenant que c’est dit, j’avoue que je n’ai pas une seconde pensé à le rapprocher des FORBANS DE LA NUIT, ne serait-ce que par le ton semi-comique et le fait que la boxe est très loin d’y tenir la même importance que la lutte dans le chef-d’œuvre de Dassin. Peut-être aussi parce que je mets ce dernier tout en haut de l’Olympe en compagnie d’une poignée d’autres au niveau d’excellence tout aussi inatteignable.
A Pierre
Merci. Tous deux se passent à Soho, monde peu exploré par les cinéastes anglais. Il fait c’est trois étrangers qui ont exploré à leur manière les bas fonds de Londres Cavalcanti, Greville, Dassin
Coucou voila un lien pour regarder la bande-annonce officiel du film No Escape : http://cinemavit.com/no-escape-en-streaming.html
Bonjour monsieur Tavernier,
Trois mots pour vous dire un grand merci. J’ai découvert la version de Phillip Noyce, « The Quiet American ». Et bien c’est que j’appelle un achat fort stratégique. Une grande surprise, une grande claque et un grand Michael Caine.
Godefroy
THE QUIET AMERICAN: Deux ans plus tard je confirme: ça fait plaisir de voir un film intelligent et adulte. Michael Caine est un génie (mais tout le monde sait ça)
Bonjour mr Tavernier
En lisant vos lignes à propos des dvd « Gaumont à la demande »,un film de jean Devaivre m’est revenu en tête.Ce film de 1948,a pour titre « la dame d’onze heures », que vous avez admirablement défendu lors de sa diffusion télévisée en 1996 sur Arte.D’après vous, aurons-nous la chance prochainement d’avoir une édition dvd de ce film qui m’a agréablement surpris ? A bientôt.
Petit hors sujet: j’évoquais avec nostalgie les Shakespeare de la BBC vus durant mon adolescence.
Grande nouvelle: le éditions Montparnasse les diffusent en coffrets.
Le vol 1 est sorti et rassemble Titus andronicus,Roméo et Juliette,Jules César,Hamlet, Troilus et Cressida, Othello. Occasion d’opérer des comparaisons texte (je conseille l’édition bilingue Bouquins)/ théâtre/cinéma pour nombre de chefs d’oeuvre tels Othello de Welles, les Macbeth de Welles, Kurosawa,Polanski, Ran d’ AK, les films de L Olivier,le Richard III de R Loncraine…
Encore un article passionnant à mettre à votre actif.
J’ai beaucoup aimé « Un américain bien tranquille », Noyce cette année-là avait réalisé un beau doublé avec « le chemin de la liberté » (« rabbit proof fence »), j’aimerais bien voir également ses premiers films australiens…merci pour ce blog qui donne envie de (re)découvrir les films et leurs cinéastes!
I’ve just seen today (Feb 21st, Happy Birthday to Sam Peckinpah), that an American remake of Rappeneau’s LE SAUVAGE(1975), reviewed by you in latest posting, is in development for Americanization in 2013. So not only can we not come up with our own ideas, it takes us quite a while to work up the energy to buy yours. Maybe there WILL be another UNDER SUSPICION in 2020. Or 2050.
To Mr. Tavernier and Mr. Martin-Brady, Re this concern for flogging of remake rights by French producers: the American remake of GARDE A VUE appeared back in 2000. What possible benefit can TF1 gain from depriving linguistically challenged Anglophones of Serrault’s « miraculous Martinaud » (John Simon’s words) and that wonderful Audiard dialogue? Are they going to turn the rights around again in 2020? As for SERIE NOIRE (1979), is it likely that some American outfit would want to have a bash at this rather difficult book after all this time? Turning to the American end of this problem: I think there is some kind of protectionism at work here. The U.S. has a long disgraceful tradition of trying to obliterate the originals of films they’ve chosen to remake (GASLIGHT for one, GIGI for another,surviving copy of the latter in a really sad state). According to Betsy Blair’s THE MEMORY OF ALL THAT, one American company even contemplated buying up all the prints of WOMAN IN THE DUNES to prevent its interfering with their variation on same. When this project was offered to Ms. Blair’s husband Karel Reisz, his response was, of course, NO. I wonder where this abomination would have been set? Pensacola? Malibu?
To Martin Brady, Re your complaint about English language films not being subtitled even in English: I feel the same way about French language films not being subtitled even in French. I can follow an Italian language film with French subtitles (and I know very little Italian) like, say, INVESTIGATION OF A CITIZEN ABOVE SUSPICION. But a French film with no French subtitles, SERIE NOIRE (barely shown in the U.S., never released on video over here)for example,reduces me to a state of outraged incomprehension within about 20 minutes. Even a film that I have seen before with English subtitles (twice, decades ago) like GARDE A VUE is hampered by this omission. It might mean incorporating these titles as part of the captions for the deaf, but that would be fine with me. I wouldn’t mind parenthetical titles like (dog barking), (sound of hammering), or a shot of a drummer captioned with (hot jazz). Best, Michael
To Michael
The french think that it would prevent selling the film to another territorywhich is dumb
Mr Tavernier,
Je suis Melle Ballion, on s’était rencontrés à l’UGC Bordeaux pour La princesse de Montpensier avec Mr Bénard. Je présentais la soirée et je vous avez parlé de ma thèse sur la figure de l’ennemi dans le cinéma américain.
Si je me permet de vous envoyez un message, c’est que je cherche désespérement une adresse mail où je pourrais vous écrire…?
Bien à vous,
Frédérique Ballion
fredballion@hotmail.fr
Je me suis procuré « They made me a fugitive » sous vos conseils et en effet, quelle belle surprise ! La mise en scène y est excellente, toujours significative sans jamais surligner, et le ton insolite m’a rappelé certains des meilleurs ovnis du film noir américain, comme « The Scar » ou « The Chase ». Je pense notamment au moment où Sally Gray soigne l’épaule de Trevor Howard pendant que ce dernier ponctue chacun des plombs enlevés par « elle m’aime » et « elle ne m’aime pas » comme s’il effeuillait une marguerite.
Après « Went the day well » et celui-ci, j’aimerais en voir plus de cet intrigant Cavalcanti…
D’ailleurs on retrouve également dans ce film une belle importance accordée aux personnages féminins, et je trouve très juste et émouvante cette façon de filmer leur dégoût de la violence, même lorsqu’elles en sont les responsables, comme dans la scène prodigieuse de « Went the day well » où l’affable ménagère tue l’allemand à la hache.
WENT THE DAY WELL? est en effet assez surprenant par son ton de comédie style PIMLICO mais par moments trouée de violence comme en effet ce meurtre à la hache! Je sais pas si l’argument de l’invasion du village par les Allemands est très vraisemblable, mais je trouve que Cavalcanti par ailleurs trouve un ton plus réaliste car la guerre pour les civils devait bien être un mélange de calme et d’horreur soudaine.
La grande différence entre le cinéma de guerre américain ou anglais, on la voit ici quand Cavalcanti montre la répulsion que certains personnages éprouvent à tuer (la femme à la hache frappe le soldat en pleurant!), les deux jeunes femmes de la fin (dont la très belle Elisabeth Allan) tirent sur les Allemands parfois horrifiées parfois joyeuses d’avoir fait mouche! J’adore plein de personnages dont la standardiste morte de trouille mais qui se domine ou la bonne bourge maniérée et snob qui se sacrifie pour sauver les enfants, passant du comique au tragique!
J’ai aussi vu I WAS MONTY’S DOUBLE de Guillermin, qui est une enjovilation agréable de l’histoire de l’opération avortée dans la réalité de la doublure de Montgomery supposée tromper les Allemands, dans lequel on trouve le personnage intéressant de la secrétaire pas très sexy (Barbara Hicks) qui est transcendée par le script et s’avère être une alliée précieuse dans l’opération, y compris pour son goût pour le gin! Le film montre John Mills déçu au début de la voir prendre la place d’une première secrétaire beaucoup plus attirante à son goût. Ce regard chaleureux sur une femme au physique pas avantageux est me semble-t’il aussi assez peu « hollywoodien », c’est pour ça que j’aime les films anglais (le personnage de Alice Pearce, la fille qu’on colle dans les bras de Gene Kelly dans UN JOUR A NEW YORK m’a toujours embarrassé…).
Je vais bientôt voir WE DIVE AT DAWN de Asquith, j’espère que c’est bien! Vive le cinéma british!
Il y en a des choses a dire sur le cinéma anglais ! Surtout après-guerre. Studiocanal en France commence a peine a mettre ses films sur le marché dvd.Et il faut en profiter avant qu’ils ne soient plus disponibles : the small back room, the sound barrier.
On se fait des idées fausses sur le cinéma anglais. Il est d’une richesse incroyable, y compris dans le,polar ou le film de genre.
Ca y est! Je viens de voir WE DIVE AT DAWN, très distrayant film de propagande guerrière de Anthony Asquith de 1943, un film de sous-marin dans lequel on se sent pas enfermé avec un noir et blanc magnifique. Il y a un intermède un peu facile dans lequel l’équipage débarque dans une île danoise occupée par les Allemands et berne ceux-ci trop facilement mais le reste est très bien vu, avec un premier rôle, John Mills, assez discret pour laisser la place à plein de seconds rôles (Eric Portman est en deuxième au générique), même quand c’est conventionnel, c’est toujours distrayant. Edition ITV avec sta, je précise car il y a aussi une éd. Optimum sans st (comme toujours).
à N Saada: oui mais Studiocanal pourrait accélérer le mouvement! C’est une partie immergée de l’iceberg! Mon impulsion british est partie d’un cycle cinéma anglais sur TCM à Noël 2011: je suis tombé sur le cul devant HEUREUX MORTELS et je l’ai vu trois fois de suite, immédiatement acheté le coffret David Lean avec d’excellents masters (co-ed Studiocanal/ITV, sta seulement). Tout m’emballe pas: BRIEF ENCOUNTER est un peu ennuyeux mais LES GRANDES ESPERANCES ou IN WHICH WE SERVE (vu 3 fois aussi)…
à part ça, les Anglais sont trop rigolos, que ce soit dans une comédie sentimentale ou un film de guerre ou un film d’horreur, il y en a toujours un pour proposer à l’autre « a nice cup of tea » et le visage de l’autre s’illuminer en extase comme s’il allait partir au 7ème ciel grâce à une malheureuse petite tasse de thé! Incroyable! On ne compte plus les femmes qui seraient encore de ce monde si Reginald Christie ne leur avait pas proposé « a nice cup of tea » dans L ETRANGLEUR DE RILLINGTON PLACE! (Fleischer s’est très bien acclimaté là-bas!). Dans WE DIVE AT DAWN, l’une des premières répliques est « We’ll be there for tea-time! ». On les changera pas. Merci de votre réponse, je vous quitte it’s tea-time!
Ce qui me décourage dans la découverte du cinéma anglais, c’est que la plupart des z2 anglaises n’ont pas de st, pas même en anglais!
Il faut chercher le cinéma anglais en z1 et pour en trouver en z2 française, c’est pas la joie.
A Martin Brady
Bien d’accord
En fait, si on observe de près la chose, on remarque que les éditeurs de DVD en Angleterre, s’ils proposent des sous-titres de toute sorte, omettent dans quasi 100% des cas les sous-titre français, exprimant là comme un écho à la bonne vieille haine franco-anglaise… et c’est vraiment rageant, car évidemment, ces éditeurs savent bien que les français sont les cinéphiles les plus avides…
A Sullivan
Je ne sais pas s’ils le savent vraiment. Certaines boites anglaises ne sont pas dirigées par des cinéphiles. N’oubliez pas aussi qu’ils peuvent penser qu’on refusera de distribuer le film en France si on sait qu’une édition a déja des sous titres
Donc, ce serait (cf aussi votre réponse à M Rawls) une façon d’aider les ventes « à l’étranger », c’est malin, comme si ça allait leur faire perdre beaucoup de sous, les st, on sait très bien que le système des zones n’a servi à rien pour le même but, au point que des magasins français fameux vendent légalement des zones 1: sans doute pour que les touristes américains de passage en France les achètent et les ramènent dans leurs pays pour les regarder légalement (les vendeurs mêmes des magasins en question fournissant le code de dézonage pour aider à la vente du lecteur de dvd, de quoi rêver!, bref.).
En effet, Mr Rawls, je n’aurais rien contre les « bruit de bisou dans le cou » ou « bruit de moteur de tronçonneuse découpant la teenager insouciante » s’il le fallait, je militerais même hypocritement en faveur d’une vraie loi pour l’accessibilité des dvds aux mal-entendants, disons que ça ferait une deuxième raison pour ça.
A Martin Brady
C’est evidemment une mesure stupide et qui favorise la paresse de ceux qui détiennent les droits des films
zut, je veux dire par « aider les ventes à l’étranger »: pour un éditeur empêcher que tel film qu’il vient de sortir soit vendu trop aisément à l’étranger et ainsi, assurer plus sûrement la vente des droits à l’étranger du même film qu’il pourrait faire plus tard. Oui, ça doit être ça, pardon si je ne suis pas clair…
Kay Walsh, David Lean’s second wife, aside from being an actress was quite handy at casting (she picked out Anthony Newley for the Artful Dodger in OLIVER TWIST ) and screenwriting (she wrote the scenarios for the endings of OLIVER TWIST and GREAT EXPECTATIONS). She also contributed additional dialogue to Pascal’s (not your Pascal) film of PYGMALION, additions that went unnoticed by Shaw himself. Using kay walsh telegraph obituary as search words on yahoo.com will take you to my source for this information. The French translation of Brownlow’s excellent biography of Lean ought to be republished. Ultimately, Lean had six wives, which might be a good concept for a BBC min-series. But who could play Lean? best,
Right, Mr Rawls! J’avais lu en effet que Walsh n’était pas que une actrice mais prit une part très active en-dehors du métier de comédienne. Dans Happy Breed, elle impose son personnage de Queenie très vite, opposant à l’humanitarisme révolutionnaire du petit ami de sa soeur, un scepticisme, un égoïsme froid derrière lequel elle va se réfugier ensuite. Mais cet égoïsme n’était qu’une défense, elle sait qu’elle aime un homme marié et qu’à cette époque c’est plus que tabou!
Merci pour le lien vers le Telegraph.
Merci de continuer à défendre le cinéma anglais qui est toujours rudoyé et tenu en piètre estime (la faute à Truffaut ?)…
J’attends pour ma part une réédition en dvd du SUPERBE « Hunted » de Charles Crichton.
A Jean Pop Deux
Dont j’ai parlé dans une chronique lointaine
Damn ! Encore passé à côté.
Je tiens à préciser que Bonar Colleano est excellent également dans le trop méconnu « Give us this day » de Dmytryk, même s’il ne tient pas le rôle principal.
J’avais découvert Elephant consécutivement à la sortie du film de GVS en DVD collector chez MK2 car il faisait partie des boni: les deux films sont glaçants, intelligents,d’une opacité terrifiante quant à l’absurdité des meurtres …et du coup, deviennent des objets de réflexion très stimulants.
GVS n’a pas pompé Clarke, il s’en est inspiré, a su faire son miel d’un dispositif de mise en scène brillant.
Je crois avoir vu sur arte (j’ai un souvenir diffus mais traumatisé de la scène du petit garçon et du cutter) le film sur les hooligans avec G oldman (il me tarde de découvrir La taupe et pour J Le Carré et pour Morse qui était vraiment un film étonnant de maîtrise).
Je dois avouer que je préfère l’adaptation faite par la BBC de TINKER, TAILOR, SOLDIER SPY. Alec Guinness y était génial et à mon avis plus profond que Gary Oldman, plus relié à l’ame britannique. Oldman compose un personnage avec brio et intelligence. Guinness l’incarnait jusque dans le moindre moment d’humour sarcastique. J’avais aussi adoré SMILEY’S PEOPLE qu’on avait appelé la TAUPE lors du passage en France
Sur DVD classik, plusieurs habitués disent le plus grand bien de cette minisérie de la BBC qui donne envie: je vais voir si elle est disponible.
La BBC est une aventure exemplaire quand on constate qui a pu travailler pour elle que ce soient des cinéastes (Frears surtout mais aussi Loach) ou de acteurs (je me rappelle avec émotion des Shakespeare diffusés dans les 80’sur F3 je crois le samedi am qui m’incitèrent à lire les pièces: on y voyait notamment Pete Postlewaithe en Titus Andronicus ou encore Nicol williamson en Macbeth, des souvenirs impressionnés face à l’absence absolue de censure, à la sauvagerie intacte des textes et situations).
La TV a pu constituer un très sûr allié de la création cinématographique: la RAI produisit les derniers Rossellini ou le génial Kaos ou encore Nos meilleures années, les Allemands ont eu le magistral Heimat et certains Fassbinder parmi les meilleurs (je pense à l’impressionnant Berlin Alexanderplatz d’après Doblin). Arte il y a peu fut à l’origine de Les roseaux sauvages,de films intéressants de Desplechin,Mazuy,Kahn,Klapisch,Garrel, etc…jusqu’au récent Duch de R Pahn( à ne pas manquer en salle soit dit en passant car le cinéaste parvient, pour le Cambodge, à faire le travail inlassable, fondamental,rigoureux de Lanzman/ Ophuls/ Rossif réunis pour la shoah et la collaboration: Duch n’est pas un simple additif à S21, c’est un autre angle d’attaque d’une difficulté incroyable-face à face avec le bourreau en chef en décidant de rester en retrait, pour laisser l’horreur ordinaire du personnage sortir d’elle même- compte tenu de l’expérience vécue par R Pahn qui m’apparaît comme un homme d’une dignité et d’une sagesse admirables au vu de ses propos dans La grande librairie, parlant de son livre que je me suis pas encore procuré).
A Ballantrae
Le livre est admirable. A lire d’urgence
Je cherche désespérément une version française de cette série BBC de La Taupe avec Alec Guiness. Il ne semble pas y avoir d’édition sous-titrée, à moins que… ?
à Amara: sous-titrée si mais en anglais pour mal-entendants (« door clapping » « dog barking » etc.)
https://www.amazon.fr/Tinker-Tailor-Soldier-Smileys-Anglais/dp/B005CW117C
Merci, mais hélas ça ne fait pas mon affaire… C’est redoubler la difficulté pour celui à qui le cadeau est destiné, qui garde un souvenir lointain et émerveillé de la série passé autrefois à la télé !
De Mike Leigh, je ne connais pas HIGH HOPES et vous me donnez envie de le voir.
Rappelons aux cinéphiles de ce blog la (re) vision de chefs d’oeuvres comme SECRETS ET MENSONGES, VERA DRAKE, ANOTHER YEAR (pas encore vu BE HAPPY).
Voir aussi (mais en plus désespérés) NAKED et ALL OR NOTHING. Dans ce dernier film, une phrase dite par cette magnifique actrice qu’est LesLey Manville : son personnage analysant du balcon de son HLM « Ce que nous vivons ici, qui le saura vraiment ? » : phrase simple et émouvante qui résume tout le cinéma de Leigh. Il n’aura eu de cesse de répondre à cette question dans tous ses films.
Be happy est très intéressant même si, à mon sens , moins brillant que High hopes,Another year ou Naked. Il est justement diffusé sur arte lundi prochain à 20h35!
C’est un peu à Leigh ce que Tamara Drewe est à Frears: une brillante récréation, toute en finesse, ne distillant son analyse sociale que sur un mode léger mais pertinent.
High hopes est le film qui imposa Leigh en France à la fin des 80′(je ne sais si Bleak moments sortit dans les 70′ ou s’il ne fut montré qu’à posteriori)bien avant la palme pour un film qui n’est pas mon préféré malgré ses qualités.
Merci Jean-Jacques pour rappel de l’info sur BE HAPPY, vu hier soir sur arte. Le film apparait quelque peu en mineur dans la filmographie de Leigh mais on y retrouve des thèmes familiers. L’émotion arrive à nous emporter à la fin du film. ET suberbe composition de Sally Hawkins !
De rien, Damien!
Oui ce n’est pas un opus majeur mais il n’en demeure pas moins réjouissant!
En parlant de comédie mais cette fois plus importante à mon sens: voyez The descendants d’A Payne car il y a du Mac Carey dans cette subtile navigation entre différents registres, ces moments amusés qui glissent vers la tristesse et inversement.
Les bonnes comédies américaines (je ne mets pas Judd Appatow et consorts dans cette catégorie!)sont trop rares pour s’en priver!Courez-y!
All Or Nothing est mon préféré. Ce qu’il y a d’intéressant, chez Mike Leigh, c’est de voir comment les acteurs se glissent dans des personnages tout à fait différents: il faut voir comment Sally Hawkins complètement dingo de gaieté dans Be Happy (elle fait penser à l’écureuil fou de Tex Avery, presque! d’ailleurs le titre original est Happy-Go-Lucky, ce qui rappele Happy-Go-Nutty de Avery! Leigh amateur de Tex Avery? Qui sait?) passe à un rôle tragique dans Vera Drake… Ou Lesley Manville grande bourge glacée dans Vera et caissière de Supermarché dans All… Ou aussi et j’en resterai là Ruth Sheen dans Another Year et dans Vera Drake, bref. N’oublions pas Deux Filles d’Aujourd’hui avec Kathleen Cartlidge (Naked) sublime, disparue en 2002…
Deux filles d’aujourd’hui m’apparaît-malgré K Cartlidge excellente ailleurs notamment chez LVT,Kerrigan ou Leigh avec Naked- comme un film un peu raté tant il apparaissait comme caricatural alors que tt l’art de Leigh consiste à rester sur le fil entre réalisme distancié/regard ironique/empathie discrète.Les scènes où les deux actrices faisaient les ados passaient particulièrement mal la rampe!
C’et un bémol minuscule dans une carrière admirable de cohérence.
Je placerais le bémol sur Naked dont j’ai eu du mal à supporter le violoncelle redondant (et incompréhensible étant donné la légèreté avec laquelle Leigh utilise la musique ailleurs), d’autre part, ce parti pris de glauque m’avait paru aussi conventionnel que les happy ends des musicals américains de la grande époque. Leigh est sublime dans le solaire, l’optimisme lucide, la gaieté, pas forcément mauvais dans leurs contraires. Deux Filles et Be Happy sont des chefs d’oeuvre, discrets certes, mais exactement à la hauteur de leur ambition, la fin de High Hopes est magnifique. Leigh établit là, et en d’autres occasions, avec vigueur que pessimisme et conscience sociale ne sont pas un couple obligatoire. On voit que Leigh n’en a cure d’être pris au sérieux! On dirait du Woody Allen en bien (dans les cas où Woody explore la même veine, type Whatever Works, notre Woody a aussi signé d’excellents films, quand même!).
J’ai revu All Or Nothing pour la 3ème fois, je me souvenais pas qu’il y avait autant de musique, autant que dans Naked, curieux, le film tient le coup sinon, j’ai encore pleuré comme une midinette quand à la fin Lesley Manville baise la main de Timothy Spall. Il y a deux sortes de mélodrames: les adultes où seuls les spectateurs pleurent, et ceux où les personnages pleurent avec les acteurs comme ici, puérils ou mièvres sauf chez Leigh qui met les pieds dans le plat en faisant des pointes, échappant à la mièvrerie. Ce film ressuscite le mélodrame, le genre n’est pas mort, et poursuit la tradition du mélo social. Quand Manville accumule les critiques sur son mari (Spall) le spectateur ne peut que finir par sentir, sans que ça ne soit précisé directement ni même suggéré par fine allusion (comme dans tel ou tel film mainstream us) que la pression sociale est responsable et directement: les fins de mois difficiles. Chez Manville, des espoirs ont étés déçus et une vie matérielle plus aisée lui aurait été utile pour exprimer son amour pour son mari. Leigh arrive à éclairer celà par un énorme travail avec les acteurs, pas à des signaux de scénariste jetés ça et là, une seule allusion de ce type est faite avec les petits pains pour hamburgers à la date limite douteuse donnés par un client fauché à Spall pour payer sa course (de taxi), et son épouse précisant « Bon, ben quand on pourra on n’aura plus qu’à acheter la viande de hamburger! ». Mike Leigh est un grand.
C’est amusant que vous parliez de films britanniques, car je débarque et viens de découvrir sur TCM quelques films admirables de David Lean: Ceux Qui Servent En Mer (avec Noel Coward: co-réal, acteur, scénario et musique!), l’admirable aussi Héroïque Parade (The Way Ahead) et de Basil Dearden La Victime avec Bogarde, film anti-homophobe très gonflé pour les années 60! J’ai découvert aussi un petit (?) film de Alexander Korda dans lequel Robert Donat et Deborah Kerr sont excellents, pour le 1er qu’il soit bon acteur, c’est une révélation, il s’agit de Vacation From Marriage dans lequel le bouleversement de la guerre redonne de la vigueur à l’amour lassé que les deux personnages se portaient! A la fin, le mur qui bouchait la vue tristement à la fenêtre de l’appartement du couple a été détruit par la guerre, aussi la femme dit « C’est bien, notre vue est dégagée maintenant mais Londres est en ruines… », lui: « Nous sommes jeunes, nous reconstruirons tout ça » et ils s’embrassent sur le mot FIN! Magnifique!
… bien que mes petites remarques ne semblent pas intéresser grand monde, je tiens à préciser quand même que L’Héroïque Parade est de Carol Reed, que son final ouvert est surprenant, et David Niven génial, bien décalé par rapport à son futur personnage de séducteur élégant! Voilà-voilà!
A Martin Brady
C’est un très bon film de Reed (Peter Ustinov y est génial. Il faut voir aussi NIGHT TRAIN TO MUNICH, BANK HOLIDAY et bien sur ODD MAN OUT
A Bertrand Tavernier: ah oui, Ustinov est un des grands plaisirs du film qu’il a co-écrit avec Eric Ambler! Je n’ai pas compris pourquoi il parlait français mais même si le territoire était britannique, on peut admettre qu’il y ait eu une présence française, c’est juste un plaisir, j’adore entendre les anglophones parler français dans les films (Au-Delà du Missouri… ou Big Sky…). J’ai noté les 3 films que vous indiquez, marci.
A MARTIN BRADY
Et aussi THE FALLEN IDOL, Premiere Desillusion. On a trop ramené Reed exclusivement à ses cadrages obliques
Si si, ça intéresse!… Mais on n’a pas toujours quelque chose à ajouter… (J’ai vu, par exemple, un western dont vous parliez récemment : « La première balle tue » et que je ne connaissais pas… Très très bien j’ai trouvé…) Tous ces films anglais, s’ils étaient au moins sous-titrés en anglais… Ah… « the way ahead », sous-titré en english! 1,72 livres sur amazon.uk… C’est parti! Merci encore pour le tuyau!
A JC Freycon: pas de quoi… J’avais entendu parler du film de Rouse par la discussion sur Gilroy qui en a écrit le scénario, grâce aux commentaires du DvdBlog! On tire sur un bout de la pelote de laine et un film en amène un autre.
A B Tavernier: 2 films de Reed notés en plus, merci, ce cinéaste, c’est vraiment la partie immergée de l’iceberg pour moi! Je ne connaissais que Le 3ème Homme! Même un petit polar comme Le 2ème Homme (et oui!), avec Laurence Harvey, Lee Remick et Alan Bates est mieux que ce que j’en avais lu à l’époque, et grâce aux acteurs, principalement! Or, la réussite des acteurs, c’est quand même aussi le cinéaste qui en est responsable…
A JC Freycon: bon plan, Amazon UK, je trouve pleins de dvds conseillés par B Tavernier et les commentateurs, avec souvent des stf: La Dernière Caravane, Black Angel, Monkey On My Back, Purple Plain, Desperate Characters… et à des prix cormaniens!
A Martin Brady : Exactement. Gros avantage en plus par rapport à amazon us où je n’achète quasiment plus, les frais d’expédition sont beaucoup moins élevés.
De David Lean, j’ai tout simplement oublié Heureux Mortels (This Happy Breed) dans lequel Robert Newton est excellent, et Celia Johnson admirable. Elle y montre beaucoup plus de facettes que dans le très connu Brève Rencontre qui m’avait déçu, jouant un personnage d’éternelle fourbue, repoussant toujours la décontraction nonchalente de son mari (Newton), on sent en elle un puritanisme et une ardeur à la tâche qui paraît tout à fait juste et bien vue pour un personnage de femme de la classe populaire anglaise des années 40,on comprend ce personnage d’ailleurs, après avoir vu Vera Drake (qui se passe plus tard dans les 50)! Il y a une autre actrice très brillante et inspirée qui est Kay Walsh (jouant la fille de Johnson et Newton). Noel Coward est encore au générique (auteur de la pièce). Les couleurs sont magnifiques c’est un régal.
Pour finir (?) sur David Lean, je signale qu’on trouve un coffret où on trouve tout le début de sa carrière jusqu’à Vacances Romaines non inclus -10 films!- donc paraît-il ses meilleurs ou parmi ses meilleurs: Ceux qui servent en Mer, Heureux Mortels, les Grandes Espérances, Oliver Twist, Brève Rencontre… pour un prix qui place le prix du film à un niveau quasi ridicule (Amazon UK)! The David Lean Collection z2 british mais attention que st anglais hélas!
Monsieur Tavernier,
Encore un article passionnant à mettre à votre actif. J’avais moi-même découvert Alan Clarke par le fruit du hasard au Virgin de Londres en découvrant avec stupeur le visage carnassier de Gary Oldman sur la jaquette de The firm. je n’avais pu résisté, et quelle ne fut pas ma surprise. Très bon film, et grand réalisateur qui m’amène à vous conseiller NEDS de Peter Mullan réalisé dans la plus pure tradition du « Made in Britain ».
Encore merci pour vos conseils avisés 🙂
Godefroy