Films anciens et modernes
30 septembre 2013 par Bertrand Tavernier - DVD
Tout d’abord, la sortie du splendide et poignant CAMILLE CLAUDEL 1915 de Bruno Dumont, chronique acérée, pénétrante du séjour de Camille Claudel que l’on a internée dans l’asile d’aliénés de Montdevergues, dans le Vaucluse, me donne envie de revenir sur HORS SATAN, HADEWIJCH, sans oublier le magnifique FLANDRES, aux extraordinaires scènes de bataille et à la conclusion plus apaisée. Conclusion qui n’était, semble-t-il, pas celle du scénario. Des œuvres fortes, exigeantes qui, je pense à CAMILLE CLAUDEL, vous accrochent, vous font palpiter. IL EST BON DE REVENIR À BRUNO DUMONT !
Et aussi à Doillon dont Gaumont a ressorti LA FEMME QUI PLEURE et LA FILLE PRODIGUE.
Grouper dans une même chronique Doillon, Dumont et Autant-Lara aurait passé pour une provocation, voici quelques années. Heureusement maintenant il y a un consensus plus apaisé sur l’auteur d’OCCUPE-TOI D’AMÉLIE dont je rappelle chaque fois l’existence. Ses déclarations lepénistes scandaleuses ternissent l’homme mais pas l’œuvre. Elles ont été d’ailleurs proférées vingt ans après son dernier film.
J’ai revu LES PATATES (Gaumont) avec un immense plaisir. C’est un film singulier, original qui refuse les routes balisées. J’ai redécouvert cette zone interdite, rarement mentionnée, qu’étaient les Ardennes françaises. Le scénario d’Aurenche est vif, intelligent, truffé de surprises, de parenthèses cocasses ou tendres. On retrouve une de ses préoccupations, partir d’un objet qui fait office de révélateur, pour décrire des personnages, un moment d’histoire, une classe, un monde : la chaussure perdue de Chiffon nous introduisait dans un monde qu’elle ignorait et faisait naître des sentiments qui viraient peu à peu à la gravité. Ici à partir de patates, d’une envie de patates, d’un besoin de patates, on se plonge dans un bout de notre Histoire. Y apparaissent les égoïsmes, l’indifférence mais aussi la compassion. Très beau moment que celui qui nous montre Henri Virlojeux, magnifique, qui soliloque sur ce que représente vraiment ce désir de patates. Il y a quelque chose qui nait en vous, une envie de faire une action extraordinaire. Pierre Perret est très convaincant. Le film souffre juste des décors d’intérieurs de Max Douy un peu trop ripolinés, du choix de Bérangère Dautun, actrice attachante originale mais un peu trop urbaine pour une paysanne.
Que ceux qui ne l’ont pas fait se ruent sur LA SUITE À L’ÉCRAN, le merveilleux livre d’entretien d’Alain Riou avec Jean Aurenche.
PÉCHÉS DE JEUNESSE (Gaumont) a été une vraie surprise. Cette histoire d’un homme qui part visiter les enfants naturels qu’il a abandonnés, semblait condamnée d’avance. Pourtant, Tourneur aidé par Spaak impose un ton assez original, retenu, sobre, aux antipodes des morceaux de bravoure qu’exigeait le film à sketches. Il y a une trivialité que souligne Jacques Lourcelles, surprenante dans le ton, dans les situations et dans les milieux. Cette trivialité n’empêche pas une certaine forme de bonheur modeste qui enfonce chaque fois un peu plus le héros, joué avec une grande finesse par le génial Harry Baur, vraiment inspiré, inventif quand il plonge dans les émotions, les regrets, les doutes liés à la paternité.
LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE d’Henri Aisner que j’ai trouvé relativement visible sinon réussi, bien photographié par André Bac, joliment dialogué par Vladimir Pozner et bien joué par Reggiani, Herrand, Modot m’a plus convaincu que sa suite dirigée par Louis Daquin.
La version d’Aisner (dont la filmographie, liée au Parti Communiste), très courte est découpée par le réalisateur et Max Douy, en plus de ses décors. C’est plus regardable que le Lherbier qui se veut plus ambitieux, plus formaliste mais dont les « recherches » paraissent très datées, voire vaines et handicapées par le jeu d’Huguette Ex Duflos (sic. Cela inspira un pseudo à Jeanson). LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR de Daquin est plus guindé, plus raide et pas très bien joué même si on peut voir Piccoli qui tourna plusieurs fois avec Daquin dans un petit rôle assez trouble.
LA FERME DU PENDU est un des meilleurs films de Dréville. Et un des meilleurs français sur le monde paysan. Dépouillé, âpre mais jamais volontariste dans la noirceur, ne l’exhibant pas comme un drapeau (péché mignon de certains films français de ces années). Dréville, homme d’une grande gentillesse, l’acceptait pour ce qu’elle était et la filmait sans esbroufe. Vanel a des moments de dureté, d’égoïsme d’une grande force et Alfred Adam campe un fier à bras, un séducteur misogyne pitoyable. Sa déchéance le rend presque touchant. Il est génial. On voit Bourvil dans un personnage qu’on devine noir. Malheureusement Dréville utilise beaucoup trop de plans de coupes durant sa chanson. Péché véniel que compensent de magnifiques plans larges, un vrai sens du décor. Je ne sais plus où j’ai lu que les romans de Gilbert Dupé, écrivain régionaliste (LA FOIRE AUX FEMMES, LA FIGURE DE PROUE, LE BATEAU A SOUPE, LES MAUVENTS qu’il adapta et filma) étaient revus par Claude Accursi (TROIS FEMMES, LES TRIPES AU SOLEIL, LE VOYAGE SURPRISE).
3 FILMS À PART
Trois films à voir absolument et dont je ne savais rien avant de les voir : LA CHASSE, du norvégien Erik Løchen dont j’ai entendu parler pour la première fois dans ce blog qui est une œuvre étrange, originale, ultra personnelle. La chronique d’une mort (d’un meurtre) durant une partie de chasse racontée de manière non chronologique. Les personnages sont interrompus par un narrateur invisible qui les questionne, change le cours du récit, remet en cause leurs actions. On retrouve ce ton si particulier (qui reste parfois prisonnier de son ambitions et de recherches un peu datées) dans OBJECTION (toujours chez Malavida, éditeur indispensable et audacieux) qui raconte un tournage de manière encore plus désarticulée.
LE POLICIER de Nadav Lapid, après LEBANON, BEAUFORT confirme la vitalité du cinéma israélien. Il décrit pendant de longues séquences les entrainements sportif, la camaraderie machiste, les jeux virils (avec les blagues d’usage comme d’enfoncer la tête sous l’eau d’un pote) d’une bande de flics appartenant à une brigade anti-terroriste. Ils sont accusés d’avoir abattu par erreur durant une mission des civils, des enfants, des femmes. Ils se défaussent sur l’un d’entre eux atteint d’une maladie mortelle qui endosse toutes les responsabilités. Commence une autre partie consacrée aux agissements d’un groupuscule d’extrême gauche qui constitue le double inversé des premiers, partageant le même intégrisme. Qui fait voler en éclat son sujet et va s’attacher à des ramifications inattendues.
Et enfin LA COMMISSAIRE, film russe qui fut longtemps interdit. Comme l’écrit DVD Classik : « En adaptant une nouvelle de Vassili Grossman, Alexandre Askoldov a embrassé la destinée douloureuse de l’écrivain russe. Bien qu’ils ne soient pas de la même génération, ils se sont tous les deux heurtés avec la même violence contre l’Etat soviétique à quelques années d’intervalle seulement. Il aura fallu vingt ans pour que les bobines de La Commissaire sortent des sombres recoins de sa prison. « Mon histoire, celle de La Commissaire, tient entre deux dates : 1967-1987 » déclare Alexandre Askoldov qui, tout comme Vassili Grossman avec Vie et destin, ne s’est jamais remis de l’interdiction de son film. Avec LA COMMISSAIRE, il croyait sans doute au miracle, surestimant les capacités d’autocritique du régime… En adaptant une nouvelle de Vassili Grossman, Alexandre Askoldov a embrassé la destinée douloureuse de l’écrivain russe. Bien qu’ils ne soient pas de la même génération, ils se sont tous les deux heurtés avec la même violence contre l’Etat soviétique à quelques années d’intervalle seulement. Il aura fallu vingt ans pour que les bobines de LA COMMISSAIRE sortent des sombres recoins de sa prison. « Mon histoire, celle de LA COMMISSAIRE, tient entre deux dates : 1967-1987 » déclare Alexandre Askoldov qui, tout comme Vassili Grossman avec Vie et destin, ne s’est jamais remis de l’interdiction de son film. Avec LA COMMISSAIRE, il croyait sans doute au miracle, surestimant les capacités d’autocritique du régime. Le scénario d’Alexandre Askolov reste très proche du texte de Vassili Grossman, à la différence que ses ajouts et ses intentions de mise en scène donnent une toute autre perception de l’Armée rouge et de la violence de la révolution. Mais lorsque le film a été interdit en 1967, c’est parce qu’il était officiellement jugé pro-sioniste : la Guerre des Six Jours avait laissé en froid l’URSS et Israël. Une œuvre humaniste dénonçant les conséquences de la révolution sur la vie paisible d’une famille juive ne pouvait que faire hérisser les poils de moustache des apparatchiks.
LA COMMISSAIRE était le projet de fin d’étude d’Alexandre Askoldov, alors diplômé de l’Ecole de Cinéma de Moscou. Faisant déjà preuve d’une grande maîtrise de son art, il multiplie les mouvements de caméra virtuoses et met en place une narration suggestive grâce à un montage d’une grande efficacité. Alexandre Askoldov n’est pas un auteur qui explique : il préfère montrer, accordant un très fort crédit au pouvoir des images qui se donnent à lire. Ce ne sont certainement pas de simples images de propagande au message unilatéral : le réalisateur propose plusieurs niveaux de lecture qui donnent une ampleur romanesque à cette œuvre.
»
Le début du film m’a particulièrement impressionné. Cette entrée dans une ville morte et aussi le moment incroyable où l’ex commissaire, réquisitionne une chambre dans une maison habitée par des ouvriers.
Continuez votre lecture avec
- Article suivant : Louons les actrices françaises
- Article précédent : Becker et cinéma français
Articles similaires
Commentaires (97)
Laisser un commentaire
(Seuls les messages ayant attrait aux DVD - thème de ce blog - seront publiés.)
à Bertrand Tavernier: merci de m’avoir signalé LA FERME DU PENDU dans lesquels il y a des trouvailles discrètes mais frappantes de plan de cadre ou de composition: les enfants de choeur à l’arrière du chariot à boeufs, le travelling qui dévoile Alfred Adam allant rejoindre sa maîtresse au moment précis où son mari la quitte, Vanel obstiné s’épuisant à sa charrue avant de bientôt mourir. La scène où les paysans surprennent puis pourchassent Adam est magnifique visuellement dans sa noirceur, et étonnant dans son découpage varié en cadres, moderne. Tentant de s’échapper à la nage les maris trompés à ses trousses, Adam ne peut s’empêcher de grommeler encore une fois: « cocus! » à leur adresse, comme en réflexe!
Le film donne aussi la chance de mettre à la lumière un comédien au visage singulier, souvent relégué à la quasi figuration et que j’adore revoir: Guy Decomble (c’était l’instit dans les 400 COUPS).
D’une façon générale, ce film est absolument superbe et à ne pas manquer, ne vous fiez pas à ce que je n’en parle que par à côtés on n’a pas toujours l’inspiration pour parler de l’ensemble. Encore une perle qui serait restée dans l’ombre pour moi si Bertrand Tavernier ne l’avait pas signalé (comme JERICHO ou REGENERATION et même CET HOMME EST DANGEREUX dans son registre sans doute moins ambitieux pour ce dernier…).
A Martin-Brady
Merci. Ce film est très sous estimé et c’est pour moi le meilleur Dreville. Il y a des qualités de sobriété dans NORMANDIE NIEMEN, une certaine fidélité à Mirbeau dans LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES où Vanel, très complice avec JD, est sensationnel. N’oublions ni AUTOUR DE L’ARGENT ni la prestation de Henri Genes dans la très académique REINE MARGOT ou Robert Porte était poilant
et LA BATAILLE DE L EAU LOURDE que défend Lourcelles! Jamais vu ce pré-HEROS DE TELEMARK…
A Martin Brady
Jamais vu
Pour ma part THE SIEGE OF PINCHGUT m’intrigue , j’ai vraiment envis de la voir , sinon pour offrir je cherche un coffret , je ne crois pas que LE VOLEUR DE BAGDAD, LES 39 MARCHES et ATLANTIQUE LATITUDE 41° soient rassemblés dans un même coffret. Je vais quand même me renseigner.
Raté lors de sa sortie en salle »Confession d’un enfant du siècle »est un film réalisé par Sylvie Verehde à qui l’on doit « Stella »qui était assez réussi.Ici on retrouve Charlotte Gainsbourg veuve apeurée qui fait la rencontre d’un jeune bourgeois anglais campé par le trublion Peter Doherty qui joue tout en retenue mais s’en sort pas si mal.Dans la mise en scène il y a ,on peut reconnaitre quelques longueurs dans les plans interieurs et surtout vers la fin du film.C’est un peu lassant de voir cabotiner des personnages qui cessent de répeter qu’ils s’aiment et qui doivent se quitter.
PRISONERS est remarquable comme le dit Pierre Rissient. Un thriller sans aucune boursouflure, dense, tendu, s’inscrivant dans le réel en nous emmenant dans les sphères de la noirceur humaine avec une grande économie de moyen. Je trouve que Denis Villeneuve a fait plus fort ici que dans son déjà excellent INCENDIES. Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal sont énormes.
Sur PRISONERS, une chose m’a fait sourire : que Villeneuve confie un rôle à contre emploi à Terrence Howard, connu pour ses croisades pro-auto-défense (notamment pendant la promo du film de Neil Jordan avec Jodie Foster A VIF (THE BRAVE ONE, 2007)…
A Sullivan
Entièrement d’accord
Un des trois meilleurs films de l’année? C’est mon avis en tous cas.
Est ce que quelqu’un a vu »échec à l’organisation »sortie en octobre en édition collector et réalisé par John Flynn à qui l’on doit des films bourrins comme »Haute sécurité »ou »Justice sauvage »avec Steven Seagal?
Je l’ai vu doublé en vf et ça vaut presque Rolling Thunder du même John Flynn. La mise en scène est remarquable et chez les Flynn des années 70 il y a toujours une volonté de tenir toutes les promesses du cinéma de genre qui rends ses films jubilatoires. Et en même temps c’est assez unique au niveau du ton avec des moments assez fou tout en restant dans le sérieux et la tension. Robert Duvall est superbe comme d’habitude.
En tous cas c’est bien meilleur que ce que John Flynn a fait par la suite. Haute Sécurité a très peu d’intérêt (pour rester poli).
J’ai raté l’avant-première programmé recemment de »Quai d’Orsay »alors je me suis précipité ce mercredi à la première séance.J’ai été conquis par votre comédie douce amère et surtout par les dialogues mordants entre Arthur et le ministre incarné par un Thierry Lhermitte qui se lache joyeusement.Le personnage de Thierry Fremont est croustillant à souhait ainsi que les brèves apparitions de Jane Birkin,François Perrot et meme Bruno Le Maire député de l’UMP dans son propre role.Je ne sais pas si Dominique de villepin a vu votre film mais je pense qu’il va bien rire de se voir sur grand écran.Bravo Mr Tavernier pour « Quai d’Orsay »et longue vie au film.
Merci d’avoir signalé LES PATATES. J’avoue quand même que j’ai décroché une fois ou deux mais Virlojeux est très touchant, parfait et Pierre Perret parfaitement convaincant, juste, dans le ton (je craignais le pire à cause de ses chansons!). Je ne m’attendais pas du tout au dénouement.
Il n’y a de toutes façons que des bons acteurs très bien dirigés: dans les seconds rôles, Lucien Hubert en fermier, et l’espace d’une minute René Havard impose un personnage de fripouille de collabo jovial et bon vivant inoubliable (« on l’appele Lulu les ptits bras! »). C’est marrant Max Douy est au générique bien sûr pour les décors mais aussi pour le « découpage technique » avec Lara! Le plan final est une merveille de lumière.
A Martin-brady
entièrement d’accord
A M Brady, Nemo, Ballantrae, richpryor
En effet si LA VIE D’ADELE avait été celle d’une travailleuse précaire, le film aurait obtenu à Cannes la même attention que DE BON MATIN de Jean-Marc Moutout.
Le cinéma se préoccupe très peu de social en effet, et les seuls qui s’y soient réellement intéressé sont les italiens.
(Une parenthèse liée à la mort de Guilliano Gemma m’amène à vous recommander chaudement UN VRAI CRIME D’AMOUR de Comencini, qui repasse sur le câble. Exemple de film social à portée universelle telle que le pratiquait les italiens.)
Cependant si j’ai énormément aimé le film de Moutout, ou ceux de Laurent Cantet, il s’agit quoi qu’on en dise de films qui mettent en scène la déchéance humaine liée, soit à la perte du travail, soit à sa dégradation. Autrement dit des films qui dénoncent en creux l’impossibilité de vivre sans la férule patronale.
Il y a aussi les films de Kervern et Delepine, plus anarchisants, mais dans lesquels on retrouve tout de même des salariés aliénés à cause de leur travail.
Le courage, à une époque où on réclame ce qu’on cherchait autrefois à bannir, c’est à dire LE TRAVAIL, serait peut-être de refaire A NOUS LA LIBERTE de René Clair, où l’univers du travail est comparé à l’univers carcéral, et où les personnages, après avoir connu les deux, s’en vont rejoindre le BOUDU de Jean Renoir.
PS
Pardonnez-moi Monsieur Kechiche, mais après avoir reçu le dernier Besson dans mon cinéma, je retire tout ce que j’ai écrit ici vous concernant.
Et voilà-t’y pas notre Mimile qui fait dans la critique sérieuse, maintenant on aura tout vu! (dommage, on se marrait bien, avant!).
Moi qui lui préparais un commentaire bien senti sur le concept de l’extase religieuse dans l’oeuvre de Michel Vocoret (et ses implications politico-morales, bien sûr) c’est foutu je le remballe, mon commentaire (je vais essayer de le refiler à Studio Ciné Live, ils sont tellement bêtes ils le publieront bien!).
Ceci dit, puisqu’on est sérieux je vous remercie d’avoir cité mrs Delépine-Kervern, c’est la première fois sur ce blog, je me suis ennuyé devant MAMMUTH (sauf quand Yolande Moreau se bat au téléphone avec un standard automatisé) mais LE GRAND SOIR est drôlement supérieur, dans ce film, on a constamment affaire aux problèmes sociaux sans que jamais les auteurs n’aient l’air de nous en parler comme avec une craie devant un tableau noir. La palme d’or aurait dû leur aller à eux si le jury avait eu des vous savez, des machines là, des enfin, une paire de enfin bref.
Vous noterez, cher maître Couzinet, que c’est dans MAMMUTH, que la Moreau prête son portable à son mari et lui hurle: « Fais gaffe à mon forfait! MON FORFAIT! ». C’est marrant, ils ont tous des forfaits illimités dans les films qui ont le label « Sérieux, Film Politique » délivré par Télérama ou Libération!
A Martin Brady
Vous oubliez Louise Michel avec sa fin exemplaire et la scène d’incinération et le monologue de Kassowitz. On n’a pas beaucoup parlé d’eux d’abord parce que ce sont des copains (j’ai participé à leur anniversaire avec une histopire du cinéma grolandais créé par les soeurs Torche) et que ce blog pour éviter les conflits d’intéret se cents surtout sur les « classiques ».
Et quoi que dise Tarentino de Ford, ses films à lui tiennent sacrémùent le coup. Quel plaisir de revoir RESERVOIR DOGS, PULP FICTION, JACKIE BROWN. Et la séquence du KKK dans Django est formidable. Voila un film qui pulvérise les mythes racistes du vieux Sud mieux que le très sérieux (et académique ? prétentieux ?) 12 Years as a slave
Je suis tout triste de lire un avis négatif concernant 12 years a slave sur lequel je fondais de grands espoirs après hunger et shame deux sacrés uppercut cinématographiques, du cinéma sensitif aux choix esthétiques affirmés et rigoureux que ce soit pour le son (quel boulot notamment sur Hunger)ou pour le cadre.
Quant à Django, je confirme qu’il d’agit d’une belle réussite y compris lorsque le héros repeint en rouge la belle demeure de Candy.Des retrouvailles qui se fêtent!!!Et Kill bill (surtout vol 1) est un bel objet plastique, tout en ruptures de tons et en chatoiements de couleurs.
A Ballantrae
HUNGER certes mais Shame me frappait par une sorte d’auto satisfaction, un formatage dans le registre « film d’art ambitieux », avec un vrai talent sur les cadres, la perception des décors, des extérieurs, l’interprétation de Carey Mulligan. Il se regarde mettre en scène et cela gache des scènes malgré d’évidentes qualités
à Bertrand Tavernier: certes, LOUISE MICHEL, mais je tiens LE GRAND SOIR vraiment au-dessus, enfin bref, je suis content que vous aimiez les Delépine-Kervern. Et je disais seulement qu’on en parlait pour la première fois dans les commentaires, je n’ai pas d’avis sur vos choix de critiques dans votre page à vous sinon que vous parlez de tant de films différents que je n’arrive pas à suivre!
Par ailleurs, les paroles trop rapides de Tarantino (on l’interviewe beaucoup trop) n’ont bien sûr rien à voir avec son talent. Il a bien le droit de se planter… D’accord pour PULP et JACKIE BROWN, ses meilleurs sans doute.
Je ne suis pas surpris par votre avis sur le dernier McQueen, j’avais été consterné par SHAME qui avait été défendu ici par Ballantrae je crois, mais je n’ai pas retrouvé son commentaire pour répondre et puis bon, les films qu’on aime sont plus excitants que ceux qu’on aime pas… ce SHAME film vide et creux dont il ne reste que du style d’une sobriété ou d’une austérité qui a plus à voir avec la paresse d’un service minimum qu’à une réelle discrétion.
À BT et MB : Je vous trouve bien sévère avec SHAME, que pour ma part j’ai trouvé très abouti. Rarement le satyriasis (équivalent masculin de la nymphomanie) a été traité aussi justement au cinéma ou ailleurs. Fassbender est saisissant. (Je le trouve toujours saisissant, même dans PROMETHEUS raté il sauve quelque chose : sa scène en Lawrence d’Arabie…) Carey Mulligan, qui joue sa sœur, est formidable aussi. Le gouffre du désir sans véritable objet ou plutôt sans véritable sujet. Du point de vue du style, je n’ai pas vu de rupture par rapport à HUNGER, également réussi. Une mise en scène glacée? Peut-être. Chirurgicale, mais pas sans compassion, et en tout cas sans effets putassiers : tout au scalpel, précis, juste. Il y a tellement de films qui s’égarent dans la caricature quand on aborde tels sujets. Là, le monstre (celui qu’on montre) m’était très proche. Un frère humain. J’en suis ressorti très mal à l’aise et profondément triste. Le sexe (ce qu’il reste de l’amour) à l’ère d’internet et de l’hyper-libéralisme — je ne sais pas si ça se dit. Une frustration qui ne cesse de grossir plus on semble assouvir son désir. C’est sans fin, et sans remède sinon peut-être la mort. Ça m’a rappelé L’EMPIRE DES SENS, un peu… Ces films nous montrent des cas extrêmes sans nous les rendre étrangers (pas à moi en tout cas) ni seulement décoratifs et je trouve que ça ne court pas les rues. Je ne sais pas si Steve Mc Queen « se regarde filmer ». Si c’est la cas, c’est peut-être que ça lui est nécessaire, comme ça peut être nécessaire à certains écrivains. (Je n’ai pas encore vu 12 years a slave…)
Je sais bien que Shame a pu apparaître racoleur par son sujet et apprêté ds sa conscience des effets choisis ( notamment cette scène de chant NYNY par c Mulligan) mais il n’en demeure pas moins que pour conscient de sa propre valeur, s Mac Queen n’en demeure pas moins l’une (la) des plus convaincantes carrières passant des installations arty vers le cinéma.Quand on constate la pauvreté du cinéma d’un Tsai Ming Lang ou celle d’un A Weerasetakhul, Mac Queen peut être assez satisfait de ses choix plastiques tant ils servent tjs le propos sans être rajoutés artificiellement, il épuise son sujet et son spectateur comme le faisaient antonioni ou Pasolini et il ne faut pas confondre l’artifice de la vie du « héros » de Shame et la manière dont le cinéaste décrit cette dérive.Antonioni parlait de manière intelligente de l’absence de sens, de la vacuité, de la dépression d’un homme moderne; PPP parlait dialectiquement et sans fard de l’essnce du fascisme et du totalitarisme.
SMQueen est aussi jusqu’auboutiste et peut agacer tant son cinéma est peu modeste mais il n’en demeure pas moins talentueux. Hunger fut parmi les premiers films (si on ne compte ses travaux vidéos) les plus impressionnants découverts ces dernières années.
Quant à QT, ses provocs sont de bon aloi et relèvent d’un esprit iconoclaste réjouissant qd bien même je ne partage pas son adulation pour des produits d’une sous culture qui n’en demandait pas tant!!!Mon goût très pronocé pour djngo unchained ne change pas mon appréciation très négative à l’endroit de Bvd de la mort (là pour le coup c’est sacrément prétentieux ss un aspect de coolitude incompréhensible: ses héroines sont des bécasses , le ss texte sexuel est lourdaud, le côté vintage ne peut faire marrer qu’au 36ème degré!!!)comme Unglorious basterds ( ce malgré deux grandes scènes:scène liminaire avec le formidable D Menochet visible ds le réjouissant nos héros sont morts ce soir + scène de la cave portée par le gd M Fassbender découvert par qui??? par S MacQueen et hop je retombe sur mes pattes!!!).
Ballantrae, je suis avec vous sur SHAME un des films les plus fort sur la vacuité de l’hypercapitalisme.l’opposition entre accumulation/humanité incarnés par les deux personnages principaux est pourtant limpide.et puis Carey Mulligan est tout bonnement une actrice fantastique.
sinon je suis d’accord avec M Tavernier sur les qualités de DJANGO. enfin un film qui ose ne pas nous inoculer le « blanc » qui sauve l’honneur de tous les autres. (pensez à the schindler list et vous comprendrez )même le dentiste est une belle crapule. je n’ai pas vu 12 years as a slave.
Vous n’aimez pas Weerasetakhul ballantrae? Vous avez vu Uncle Boonme? C’est le seul film de lui que j’ai eu l’occasion de voir mais j’avais trouvé ça absolument génial sur grand écran. Le type a une vrai originalité et son film est une expérience unique qui malheureusement, et ce malgré une palme d’or, n’a pas attiré les foules. Tout est dans les images et les sons et il suffit d’être un peu curieux et ouvert pour se laisser emporter (ou alors je devais être sous drogues vu que tout le monde me parlait d’un film ennuyeux à mourir).
Quant à Shame c’est un film intéressant mais qui laisse un sentiment de désespoir total. Pas du cinéma qui nous aide à vivre comme dirait Truffaut (alors que Uncle Boonme c’est un bon trip!).
à JCF: je préparais un commentaire défavorable sur SHAME et vlan! Vous m’en bouchez un coin je le remballe. « C’est toujours celui qui aime qui a raison » comme disait qqn!
à Ballantrae: apparemment, notre approche tanratinienne est commune. En voyant la grande scène de conversation entre les jeunes femmes de BOULEVARD je me disais « c’est chouette un film d’action qui donne tant de place aux dialogues » au bout de 5 minutes je me suis dit « mais elles racontent que des conneries, ça n’a aucun intérêt! ». Je n’ai pas vu DJANGO qui semble relever le niveau mais d’accord avec le reste. La scène de torture de RESERVOIR est dégueulasse. Ah j’oubliais les KILL BILL, y’a des moments, sûr mais ça se revoit pas (pour moi).
D’autre part, le goût immodéré pour les nanars zombiesques ou actionnesques de QT va dans le sens d’un anti-snobisme un peu douteux. OK j’aime bien certains Bruno Mattei pour me marrer mais Bergman c’est mieux.
INGLORIOUS a permis la resortie de l’excellent original italien de Castellari, excellent petit film de guerre à la VON RYAN totalement invraisemblable et très rigolo, dépourvu du goût maniaque pour la violence des films d’action italiens.
à JCF: Rectif: j’ai mis la 1ère partie d’un comm négatif sur SHAME, en fait, c’est de la 2ème partie dont je vous fais grâce! Peut-être HUNGER me réconciliera-t’il avec McQueen…
J’aurais pu être l’auteur du post de Jean-Charles Freycon à propos de SHAME, tellement je suis d’accord avec lui. Ce film est d’une justesse absolue dans la représentation de l’addiction décrite au travers du personnage de Fassbender. C’est rare, tellement rare, que je ne me souviens pas d’un seul autre film l’ayant représentée aussi bien. Et du coup, le côté très soigné de la mise en scène, ce qui peut être prit pour du narcissisme de réalisateur qui se regarde filmer, n’est autre qu’une représentation mentale de ce que vit le personnage principal. C’est comme cela que je l’ai ressenti.
Quand on touche à certains sujets, et surtout ce qui relève de l’intime, de l’identité, de la sexualité dans sa globalité, il est parfois difficile de faire la part des choses.
Par exemple si LA VIE D’ADÈLE ou L’INCONNU DU LAC nous dérangent, en profondeur (et on sait à quel point ils ont dérangé, et là je ne parle pas des associations catholiques, plus risibles qu’autre-chose et qui réagissent constamment face à ce genre de film, sans discernement, c’est classique… Non je parle de l’impact subjectif), il faut laisser reposer et tâcher, à froid, de considérer ces oeuvres pour leurs qualités cinématographiques à part entière.
Personnellement je préfère mille fois le film de Guiraudie, qui propose en deux fois moins de temps que Kechiche (1h30 contre 3h00) un aperçu très juste sur une communauté homosexuelle masculine. C’est aussi un thriller surprenant, très réaliste, sans effets de manche si j’ose dire, avec une mise en scène remarquable, qui se joue sur 3 ou 4 lieux uniques, confinant au huis-clos, avec des répétitions qui finissent par faire se juxtaposer, s’entrecroiser avec grâce, la vie et la mort… je dirais même que c’est une sorte de promenade avec l’amour et la mort, soutenue par une utilisation de l’espace exceptionnelle.
En repensant au Kechiche, dont j’ai pu apprécier le jeu admirable des actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, je me dis aujourd’hui que si Kechiche avait pu aller plus loin que le fait de filmer un pore de peau en gros plan il l’aurait fait… qu’il serait allé jusqu’à la cellule… en voyeur malsain. Si on veut voir les cellules du corps humain, je crois qu’il vaut mieux revoir LE VOYAGE FANTASTIQUE de Fleischer qui vient de ressortir en Blu Ray…
Ravi de constater que nb de blogueurs viennent affirmer l’importance de shame effectivement l’un des films les plus tristes et amers sur la solitude moderne et la misère sexuelle qu’il m’ait été donné de voir (un peu comme si Houellebecq avait et du style et un peu de talent).
La comparaison avec L’empire des sens m’a sembleé, J Ch, particulièrement pertinente: il y a de cela dans cet épuisement du personnage qui coincide avec celui du spectateur avec peut-être plus de respirations que ds le film d’Oshima ce qui rend d’autant plus terrible la fin du film car on peut espérer une porte de sortie à plusieurs reprises.
On trouve tellement de films débraillés ces dernières années ( on passera vite sur le film de justine Triet que je viens de voir porté aux nues et que je viens de découvrir: pas de quoi casser trois pattes à un canard, cette nouvelle nouvelle vague décelée par Les cahiekuptibles!!!) qu’il est particulièrement plaisant de découvrir un auteur aussi précis et rigoureux dans sa conception des plans, des scènes, du récit.
il y a comme une méfiance très in vis à vis de films maitrisés comme si l’inachevé, l’approximatif devenaient soudainement côtés !
A rich pryor,non seulement j’ai vu Oncle Boonmee mais j’ai aussi subi avec un sentiment de stupéfaction qui céda vite le pas à l’hilarité Tropical malady: un cinéma hallucinogène qui ne rime pas avec génie malgré les similarités sonores des deux termes. Apichatpong est un épiphénomène négligeable qui a dû amuser burton pour son aspect foutraque et involontairement camp pas si éloigné d’un Ed Wood.Seule différence: le sérieux papal avec lequel une grande partie de la critique a reçu la chose.
Je crois comprendre les intentions, dois avouer que le son très organique par moments passionne l’oreille en soi mais je n’ai pas l’impression d’avoir vu un film achevé, un fantôme (aux yeux rouges?) de film en somme.
J’aimerais y voir l’alter ego thailandais d’un laborantin fou du type Sokourov,d’un jusqu’auboutiste tel que Bela Tarr ,d’un cinéma sensuel et sensoriel à la Lynch et n’y vois qu’une pose vaine digne des films de Warhol ou des délires involontairement drôles de certains argento (en moins joli: Inferno c’est débile mais pas laid picturalement parlant).
a ballantrae:
Et bien moi je réitère: donnez moi du Uncle Boonme sur du Shame tous les jours de la semaine!
Aussi c’est dur de reprocher aux critiques d’avoir pris au sérieux un film qu’ils ont aimé non?
Sinon vous y allez fort avec les comparaisons. Je pense pas que Burton aurait donné la palme à Plan 9 From Outer Space. Etre fasciné par la personnalité d’Ed Wood c’est autre chose.
Quant à Inferno c’est juste un désastre. Boonme c’est loin du niveau d’un Suspiria mais c’est quand même tout aussi loin du naufrage Inferno.
Cher Emile Couzinet, c’est très gentil de m’adresser ce message ainsi qu’à mes compagnons de fortune mais il me semble que tout les fidèles de ce blog, son hôte et les erratiques visiteurs ponctuels ne doivent pas être ostracisés. sur ce bonne journée cher Emile.
p.s.: à Martin Brady, revoyez Mammuth avec plus d’attention, ce film est irrésistible. Notre GG national est hilarant à en mourir. si si je vous jure.
aujourd’hui, je veux remercier Don Siegel, André de Toth, Robert Parrish (merci monsieur Tavernier !), Anthony Mann, Richard Fleischer, John Sturges pour tous ces films des années 50 un peu oubliés aujourd’hui mais qui sont de vraies pépites de cinéma : « crime in the street » (qui marque les débuts de Cassavetes), « chasse au gang » (avec l’immense Sterling Hayden), « la rue de la mort », « armored car robbery », et d’autres encore qui vous font encore plus aimer le cinéma
à noter, la sortie en dvd d' »enfants de salaud », film de guerre avec Michael Caine qui est le dernier film d’André de Toth. A voir absolument.
Je viens d’acquérir Play dirty et me promets une soirée DVD en votre compagnie puisque vous faites une petite présentation.
Merci à sidonis pour Manhunt également, depuis le temps qu’on l’attendait celui-là!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Je vais le revoir tranquillement avec les bouquins de B Eisenschitz ouverts devant moi.
Vous lisez dans le noir Ballantrae ?? Un vampire est parmi nous !!
Non mais je ne regarde jamais un film en DVD ds le noir complet contrairement à la salle de cinéma!!!
Bonjour Mr Tavernier
J’espère que vous allez bien et que vous aurez la bonté de me pardonner si j’ose vous demander de confirmer qu’il est indispensable de se procurer le coffret de 4 films N§B de M Powell qui vient de sortir il y a peu de temps ,je crois
Très cordialement
AAgnès
Quyel coffret, il y en a plusieurs. Celui édité par l’Institut Lumiere était magnifiques. Les 2 d’ailleurs
Il s’agit du coffret édité par Studio Filmedia sorti le 15 octobre 2013 et contenant Fire Raisers,Red Ensign,The Phantom Light et They’re a Weird Mob
A Agnes
ce sont des films intéressants ou prometteurs (et parlà indispensable pour les amoureux de Powell), en particulier PHAMTOM LIGHTS et son film australien mais ce ne sont pas ses chefs d’oeuvres
Oui mais ceux de l’Institut lumière sont épuisés!!! Je voulais les offrir mais c’était fini or cela demeure le meilleur travail éditorial sur Powell.
Par ailleurs, je n’ai pu acquérir le volume vivre le cinéma de Tailleur pour les mêmes raisons…et ai donc dû me rabattre sur un emprunt.
ballantrae, les Lumière sont encore disponibles, mais sans doute aux mains des spéculateurs: le coffret 2 avec CANTERBURY est à 120€, NARCISSE NOIR à 42€! Sur le site de cette marque célèbre qui refuse de payer ses impôts en France (et qui sous-paie ses employés…). Par contre le NARCISSE Carlotta dont parle Sullivan est pas cher du tout, curieux.
Bertrand, je comprends parfaitement bien que vous défendiez les deux coffrets Powell & Pressburger, ils sont exceptionnels et avaient été primé en conséquence. La qualité des copies, les bonus pertinents, le tout dans un somptueux packaging et en sus un livret pour chaque film, comme on en voit rarement dans le domaine de l’édition.
Mais il faut être honnête, les copies proposées par votre édition de ces films, résulte de la restauration analogique réalisée dans les années 80 par Scorsese and Co. Depuis, le même Scorsese a lancé la restauration numérique de ces films, copies proposées par Carlotta Films dans des Blu Ray Somptueux. Et à la comparaison, c’est tout-de-même ces dernières qui l’emportent, il faut être honnête. 49th Parallel vient de sortir en Blu Ray. Le film n’a pas été re-restauré, mais il est proposé dans un nouveau master HD absolument probant. De plus, en bonus, on trouve ce moyen-métrage de propagande que proposait déjà l’édition Criterion : The Volunteer, ce qui n’est pas négligeable.
Disons que l’idéal serait d’avoir les éditions Institut-Lumière avec les copies Carlotta.
ce que j’ai. quand on aime on ne compte pas.
à B Tavernier: j’ai lu l’avis de Tarantino sur les films de John Ford:
http://susauvieuxmonde.canalblog.com/archives/2013/10/16/28226887.html
Avez-vous pu en discuter avec lui?
A-t’il seulement vu tous les films de Ford?
Vous ne trouvez pas qu’il y a des gamins qui méritent la fessée?
Sinon, félicitations pour le festival Lumière qui fait de plus en plus parler de lui!
A Martin Brady
Kent Jones a répondu avec force dans film comment. J’ai parlé de tout autre chose avec Tarantino qui m’a fait découvrir certains films, a voulu voir un Leonide Moguy français après avoir aimé les américains (PARIS AFTER DARK un assez bon film de résistance, ACTION IN ARABIA. WHISTLE STOP le troisième est très médiocre, je crois l’avoir dit ) et le DESERTEUR alias JE T’ATTENDRAI n’est pas dépourvu de qualités visuelles, d’un vrai sens de l’atmosphère (un train bloqué par un bombardement, un village ravagé par la guerre). Il a fait applaudir le nom de Moguy a une salle de 500 personnes qui ont soutenu et aussi applaudi ce film obscur de 1939 qui a aussi le désir ambitieux de faire coïncider le temps de l’action et la durée du film (idée d’Aurenche ?) : serait ce le premier. Et Raymond Chirat dit que les deux autres films de Moguy avec Corinne Luchaire sont vraiment intéressants
à BT: merci pour l’article de Kent Jones que j’ai retrouvé ici (en anglais hélas):
http://www.filmcomment.com/article/intolerance-quentin-tarantino-john-ford
Je sais que QT a par ailleurs, du goût, mais qu’il reproche à JF d’avoir joué comme FIGURANT un klansman dans le film de Griffith, c’est quand même pas terrible de sa part! Je préfère me concentrer sur ses amours que sur ses rejets, parce que là, il est pas très fin. Merci pour Léonide Moguy.
À Bertrand Tavernier : Il m’a semblé que la salle de 500 personnes en question a plutôt applaudi QT que le film de Leonide Moguy (LE DÉSERTEUR, dans une très belle copie argentique et cette année on peut dire qu’on a été gâtés, en belles copies argentiques…) Il faut dire que l’animal a fait le show, ravissant le festivalier : « DCP fucking bullshit!!!… » Hélas, QT n’est pas resté dans la salle très longtemps pour voir ce film (dont lui avait parlé Rissient?) qu’il ne connaissait pas et brûlait de découvrir, car la chaleur était suffocante… (Mauvaise climatisation…) On avait pourtant sous-titré le film en anglais juste pour lui…
En fait ce dont je doute, c’est que QT sache vraiment de quoi il parle ou: a-t’il vraiment vu les films de Ford? Kent Jones lui répond très bien en brocardant la phrase de QT: « les Indiens sans visage qu’il (=Ford) a tué comme des zombies » (dans ses westerns). Il faut dédier à QT ces magnifiques gros plans consacrés à tel ou tel visage d’Indien qu’on peut voir par exemple dans FORT APACHE avant la bataille, ou dans YELLOW RIBBON avant la rencontre de Brittles et Tyree avec le chef Pony That Walks (« Hallelujah! »). Je ne parle même pas de CHEYENNE AUTUMN, que ces Indiens aient étés joués par des vrais Indiens ou pas, c’est le personnage qui compte. « qu’il a tué comme des zombies? », qu’en est-il de YELLOW RIBBON encore, où justement la bataille est évitée par la dispersion des chevaux? Maintenant, il reste RIO GRANDE ou STAGECOACH, les seuls que QT ait vus?
J’ajoute la visite dans le camp Navajo de WAGONMASTER, dans laquelle on trouve quelques magnifiques gros plans sur des Zombies-Indiens bien vivants et bien sûr « sans visage » (c’est pour ça que j’ai une collection de ces nobles figures en captures d’écran sur mon disque dur, par masochisme).
On dirait que c’est Ford qui prend toutes les accusations de racisme alors qu’il me semble que Hawks par exemple est nettement plus étroit d’esprit par rapport à la représentation des Indiens et des Noirs (c’est simple, ils n’existent carrément pas chez HH! ou alors comme clowns (RED RIVER) ou encore comme danger pur).
Pour finir, regardons à la suite le meilleur Tarantino et le meilleur Ford, ça remettra les fucking pendules à l’heure, et merci à Kent Jones pour sa réponse saine!
Dans Stagecoach, il y a aussi un gros plan de Geronimo avant l’attaque de la diligence. Assez remarquable d’ailleurs pour son étonnante ressemblance avec le vrai Geronimo.
Quand on bosse dans un cinéma on est obligé de tout voir et je vous assure que certains jours on regrette de ne pas avoir tenté le concours des PTT ou de la police nationale.
Sentiment renforcé quand on se fait traiter de snob ou de réac parce qu’on n’aime pas un film obligatoire.
Je n’aime vraiment pas LA VIE D’ADELE. Je cite ce titre parce qu’il fait le buzz depuis 6 mois, et qu’il représente la nouvelle qualité française, beaucoup plus influencée par les productions Endemol que par le cinéma de Maurice Pialat. Un nouvel académisme dont Kéchiche est en train de devenir le Jean Delannoy. Il se réclame de Pialat mais il ne doit pas savoir distinguer A NOS AMOURS d’ un épisode de SECRET STORY. Pialat n’a jamais montré ses personnages en train de faire caca, ni en train de manger leur caca ou de se barbouiller avec. Ce permanent close-up filmé en longue focale affiche sa volonté voyeuriste en ouvrant justement les portes de ce que le CSA interdit aux productions Endemol, cherchant en permanence (comme dans la réal TV) l’indignité des personnages en observant ce qu’il y a chez eux de plus sordide. Je ne parle évidemment pas de leurs amours homosexuels, argument qui ne sert d’ailleurs que de support à un voyeurisme malsain destiné aux hétéros. J’ai beaucoup repensé aux NUITS FAUVES en voyant ça, un exemple de cinéma poubelle qui arrivait en même temps que la télé poubelle.
LA VIE D’ADELE est un film marxiste parait-il. Ben dis donc, il manquerait plus que ça. THE CHILDREN’S HOUR de Wyler, revu récemment, m’a paru autrement représentatif de la lutte des classes que cet interminable épisode de Plus belle la vie badigeonné à la morve.
A part ça, rien de neuf, le temps se rafraichit et personnellement je ne renouvelle pas mon abonnement à Positif.
« Quand on bosse dans le cinéma on est obligé de tout voir », quand on est cinéphile on a le désire de tout voir. Je regarde tous les films, de tous les pays, et dans tous les genres parce que j’aime ça. J’en ai vu des daubes, des films ratés et sans aucuns intérêts…et alors? Ca fait parti du charme et ça ne m’a jamais donné envie de faire autre chose ou de changer de passe temps.
Je n’ai pas encore vu la vie d’Adèle mais qui donc était président du jury à Cannes cette année? Steven Spielberg et je lui fait bien plus confiance qu’à vous.
Aussi essayez de prendre un peu de recul et de relire votre critique parce que l’auteur du magnifique La Graine et le Mulet n’a pas tellement d’affinité avec la télé réalité ou les séries de France trois. Le fait que vous mentionnez un Wyler pour parachever votre argument me laisse penser que vous devez être un peu prude Couzinet, vous réfugiant dans le cinéma classique hollywoodien un peu comme une nonne dans un couvent. Le cru c’est pas trop votre truc à mon avis mais « to each his own » comme on dit chez moi.
Oui, mais La Vie d’Adèle, une palme d’or !! Quand-même !!! Et en plus à l’unanimité !!!! Ou bien Spielberg les a tous payés bien grassement (il peut avec ses milliards), ou bien ils avaient fumé ou bu une substance prohibée…
Les scènes romantiques entre les deux actrices sont magnifiques, en revanche je trouve les scènes de cul complètement ratées. Et je ne suis pas prude le moins du monde, enfin il me semble.
Et le fait que les scènes romantiques soient magnifiques, ÇA NE FAIT PAS UN FILM !!!!!
à Emile Couzinet: si ADELE ressemble aux NUITS FAUVES, ça donne pas envie. Oeuf de course, je vérifierai vos propos sur le futur dvd. ADELE semble a priori obéir à l’obsession de l’intimité à tout prix, je voudrais que le cinéma français abandonne l’intime et l’amoureux et se concentre sur le politique et le social, ce genre de film c’est comme une fuite. On verra, mais ADELE ça pourrait bien être comme vous dites, hélas.
A propos de Positif, j’ai commencé à lire l’article sur ADELE et le truc m’est tombé des mains, quelquechose comme de mémoire « on n’avait pas eu depuis longtemps cette sensation de l’invu ». Oui: L’INVU! C’est ça que Positif est devenu? Au-secours!
(Et Michel Vocoret, où le situez-vous là-dedans? bref)
à propos de Positif, c’est pas un point de vue général et profond sur la revue que je voulais faire, juste une réflexion sur le détail de ce néologisme barbare, je veux bien que l’ensemble de la revue ne soit pas sur ce ton (d’ailleurs on parlait récemment de l’article de L Vachaud sur Kubrick), ceci dit « l’invu » on aurait plutôt trouvé ça dans les Cahiers d’il y a 20 ans.
Pour la facilité qu’il y a à explorer l’intime et l’amoureux, ou du moins le refuge que ça constitue pour les cinéastes (plus facile de tourner une scène en intérieur à 2 qu’à 36, on peut mieux contrôler toute la technique etc.), ajouté au fait qu’il me semble qu’il y a tant de chefs d’oeuvre du film amoureux derrière nous, ajouté au fait que la situation politique et sociale en Europe nous inquiète forcément plus qu’avant, je trouve que le cinéma français n’exploite pas assez le domaine.
J’ai même lu ou entendu (mais où? Me souviens pas) que les films qui touchaient au social ou au politique s’enfermaient trop souvent à l’intérieur d’un cas particulier en France. D’où je me disais que le film de Cédric Kahn UNE VIE MEILLEURE, que j’adore (Guillaume Canet sublime, ok il est mignon, mais quel acteur quand même), film que j’adore, s’enfermait un peu trop je trouve, à l’intérieur d’un cas particulier. Il semble presque que la spirale d’endettement dans laquelle le héros tombe soit exceptionnelle et que ce phénomène ne frappe que lui, et ensuite, le film s’échappe au Canada pour une fin plutôt heureuse (Canada eldorado dans lequel Canet trouve tout de suite un bon boulot comme par miracle).
Bref, il nous faut une alternative sociale aux pensums tendres et émouvants d’Emmanuel Mouret, traumatisé à jamais par les films de Rohmer dés son plus jeune âge!
Il y a des films sociaux je dis pas le contraire mais tièdes, je trouve (WELCOME par exemple).
(Couzinet, vous croyez que je vais me faire repérer par des magazines avec un commentaire comme ça? Picsou Magazine, ça m’irait bien… ou L’Echo du Loiret!)
A Martin Brady
Pas si tiède WELCOME pas plus que TOUTES NOS ENVIES. Et il y a des apercus sociaux forts dans GRAND CENTRAL, LA VIE DOMESTIQUE et autres films
à B Tavernier: ce qui m’embête dans WELCOME, c’est que Lioret semble nous dire que ce qui est important c’est que les gens puissent circuler librement, bien sûr mais le plus important, c’est que les gens puissent s’installer et être heureux et travailler, donc s’arrêter quelquepart plus que de bouger, à mon avis Lioret loupe son sujet, et LE GRAND SOIR est plus fort. J’ai été touché par UNE VIE MEILLEURE même si je crois qu’il devrait être plus universel, plus large, plus « national ».
Je note TOUTES NOS ENVIES et les autres.
ha ha j’aime bien les avis contradictoires. par contre votre petite phrase d’intro ne va pas me faire pleurer. je suis sûr qu’elle ne ferait pas pleurer non plus certains employés des PTT et de la police nationale. ceci dit vous allez me dire que ce n’est qu’une phrase. soit ce n’est qu’une phrase comme tant d’autres…
Bonjour Bertrand Tavernier & blogueurs
A Emile Couzinet
Si je ne partage pas totalement votre vindicte qui me parait un tantinet excessive (mais tout ce que j’ai lu sur LA VIE D’ADELE, en bien comme en moins bien, m’a semblé excessif), je n’aime pas beaucoup le film non plus, je dois le reconnaître.
La première partie est plutôt captivante, bien filmée et montée avec un certain sens du graduel émotionnel. D’une manière générale, Kechiche évite le sordide et la scène de sexe centrale a surtout le défaut d’être anodine (certaines séquences de VENUS NOIRE étaient nettement plus dérangeantes et je n’en suis pas fou non plus), désincarnée et dénuée de point de vue. On en a fait des tonnes également sur le côté « morveux » du film alors que la séquence du repas familial dans LA GRAINE ET LE MULET (que j’aime) était plus écoeurante (plans rapprochés sur des bouches grasses avec vue imprenable sur le couscous ingurgité). La fin, consacrée à la rupture, est assez forte et Adèle est émouvante (la grande qualité de l’oeuvre est bien de nous offrir, avec une certaine générosité, son beau visage). Mais malheureusement, le scénario m’a paru factice et brinquebalant : cette rupture, justement, déboule brutalement comme si Kechiche, dans son montage, s’était dit que c’était le moment de la caser. Et puis, à partir de la fameuse scène d’amour, le film devient prévisible, accumule les clichés (les repas chez les parents respectifs!) et se ramollit (je me suis surpris à regarder ma montre plus d’une fois) pour se réveiller avec la rupture. Et même dans la première partie, certains dialogues flirtent dangereusement avec le clicheton (Sartre et Bob Marley sont dans un bateau..).
Je conçois que tous les goûts soient dans la nature mais je ne peux m’empêcher de penser qu’un tel engouement collectif chez les critiques porte en lui quelque chose de suspect : comme si se rallier à un étendard était plus important que de se casser le tronc à faire la part des choses.
« Et même dans la première partie, certains dialogues flirtent dangereusement avec le clicheton (Sartre et Bob Marley sont dans un bateau..). »
j’ai effectivement trouvé cet extrait cul cul la praline. bonjour la justesse. les bobos sont-ils aussi condescendants. je ne crois pas. pas vu encore le film. mon jugement s’arretera là
Cher Emile,
n’ayant pas encore pu contempler Le vit d’Abdel(atif) je n’ai pas d’avis sur la question mais tout ce que j’entends dire ne me donne guère envie de vérifier.Il faut dire que L’esquive, La faute à Voltaire ou La graine et le mulet ne comptent guère parmi mes meilleures expériences de spectateur ou téléspectateur, ô euphémisme.Cette posture consistant à admirer un style débraillé quant au cadre, à la lumière, à la puissance dramatique par un souci un brin naif de réalisme ne me touche guère.J’aime pourtant des cinéastes réalistes tels que Loach, Pialat, Cassavetes,Wiseman ou Depardon mais j’y trouve un regard autrement plus précis, des choix percutants autrement plus affirmés.
Vénus noire pour être tjs aussi voyeur et désagréable semblait doté de plus ambitieux enjeux dramatiques et plastiques , ce n’en était pas pour autant un gd film du simple fait que c’était le meilleur de son auteur.
Je vais peut-être me laisser aller et succomber à l’Adèle/abdelmania mais ce n’est guère sûr au vu de tous les films à voir ces temps ci: The immigrant de Gray, le Coen, le film de jodorowski, Salvo, Quai d’Orsay, Prisonners,le transperceneige etc…Sachant que Gravity fut un superbe moment hier soir!
On verra mais les pièces que vous avez versées au dossier font fuir!!!
A Ballantrae
GRAVITY est magnifique et mon ami Rissient trouve PRISONNERS remarquable. N’oubliez pas le Dupontel et parait il le Jeunet et aussi le film d’Isabelle C, LA VIE DOMESTIQUE
Mal accueilli, le Jeunet est un fort joli film qui renouvelle un univers riche en fantaisie et projections mentales visuellement inventives.On reproche à Jeunet d’être Jeunet tout comme on se lassait de constater que L’écume des jours était bien un film de Gondry! Les rêveurs ont la vie dure!!!
TS Spivet est un film qui propose un étonnant voyage quasi immobile aux USA , étape souvent intéressante pour un cinéaste européen ou autre:son appréhension de l’espace est paradoxale car le début ds le ranch avec ses sauts ds le tps semble plus mobile que le voyage initiatique qui s’ensuit.
Le registre mélancolique et secret sied assez bien à l’auteur et mon gamin de 7 ans en est ressorti troublé comme rarement.
J’ai pensé à un autre film mal aimé à savoir My blueberry nights de wong Kar Wai.
Pour GRAVITY, ça me surprend pas que ça soit très bien, Alfonso Cuaron est un cinéaste à suivre, c’est bien lui qui a signé le 4ème Harry Potter LE PRISONNIER D’AZKABAN, à mon avis le meilleur et LES FILS DE L HOMME c’était quand même pas mal du tout.
A propos d’Hispaniques, je viens seulement de découvrir PERDITA DURANGO sur Arte (Alex de la Iglesia), comment ai-je pu louper pareil chef d’oeuvre aussi longtemps! Javier Bardem sublime dans un rôle en or. J’ai lu que si on achète le dvd, attention les éditions américaines sont censurées: on voit pas les fesses de Rosie Perez en entier au début! Scandale! Pas mal de scènes de vaudou ont été censurées et les extraits de VERA-CRUZ ont disparu aussi… (ils n’avaient les droits du Aldrich que pour l’Europe, pour le vaudou et les fesses de Rosie aussi je suppose…). On y voit le génial Screamin’ Jay Hawkins, mais je regrette son trop petit rôle. La fin est brillante et déchirante avec Perdita pleurant entourée de gens riant et s’esclaffant en regardant une espèce de reality show sur un écran géant, dans le centre commercial. Découverte tardive.
attention pour Gravity l’expérience visuelle semble sensationnelle mais les retours que j’ai eu jugent que le scénario est mince comme une feuille à rouler de papier cigarette.en gros si tu retires la 3d, il reste plus grand chose.
Le scénario de Gravity n’est pas aussi mince qu’on vous l’a dit : il est simple, essentiel, passe par des sensations complexes ce qui donne l’impression que les 90 mn du film sont riches et forment une sorte d’odyssée humaine autant que spatiale.On n’est plus très habitués à voir des films sans intrigues secondaires, effets narratifs à bifurcation, prolepses ou analepses multiples ss parler des films polyphoniques dont la veine commence à s’épuiser un tantinet (même Inarritu avait fini par lasser avec Babel factice comparativement à amours chiennes ou 21 grammes).Combien de films proposent une durée de 90 mn en ce moment???
La force de Cuaron est d’avoir ramené un possible blockbuster vers l’essence d’une expérience des limites humaines. Qd on voit des trucs boursouflés style World war Z ou Pacific rim (et pourtant j’aime bcp del Toro), Gravity fait un bien fou et pourrait signer la fin d’une surenchère budgétaire et pyrotechnique avec des films pensés en fc de l’effet à faire ressentir.
Children of men était déjà un immense film de SF au scénario très bien écrit, aux effets invisibles et immersifs ( deux plans séquence dingues celui de l’attaque ds la forêt et celui de la récupération du bébé sur fond de bombardement) et d’autres titres intriguaient ds sa filmo de Y tu mama tambien tellement drôle à HP, le prisonnier d’azkaban ( effectiveent beau et complexe)en passant par le totalement féérique la petite princesse.
Oui Gravity est un grand film, une splendeur revue avec un plaisir intact à deux reprises en 1 semaine.
A Ballantrae
Belle analyse
J’irai voir Prisoners ss peu tant tout le monde m’en dit du bien mais aussi Danza de la realidad de Jodorowski dont on dit qu’il est très fellinien ce qui suffit à m’attirer tant j’aime l’univers du gd federico disparu il y a 20 ans déjà!!!
Il y aura aussi snowpiercer d’après une formidable BD rééditée par Casterman en 1 volume(décidément BD et ciné font bon ménage actuellement)et retour de B Jong ho après le sans faute Memories of murder/the host/ Mother.
Ce sera ma seconde madeleine fellinienne de l’année après le trop peu vanté Grande belleza de Sorrentino, à ce jour son plus beau film avec Il divo.
J’attends Quai d’Orsay,Inside Llewyn Davies (l’avez vous vu?) et The immigrant bref une déferlante de possibles fort beaux moments de fin d’année
A Ballantrae
Il y a aussi OMAR, 9 MOIS FERME, LA VIE DOMESTIQUE. Déçu par le Woody Allen
merci ballantrae pour ce recadrage, je n’étais pas chaud sur ce gravity, vous avez ravivez mon interêt.sinon de cuaron, je suis un peu circonspect sur le concert de louanges sur ce réa. ce n’est pas que je n’aime pas, j’aime bien mais je n’irais pas jusqu’aux dithyrambes. je me souviens de son adaptation contemporaine de great expectations que j’avais trouvé formidable. il me semble qu’il avait réussi à mieux faire passer le message profond du livre de dickens que david lean. par contre pour children of men bien que j’ai aimé le film , je n’ai pas été emporté plus que ça. le prisonnier d’azkhaban est un film de commande mais c’est vrai le meilleur de la série. pour le reste de sa filmo, je ne peux pas juger n’ayant pas vu ses autres films. je vous fais confiance.
Heureux d’avoir découvert PECHES DE JEUNESSE. J’ajouterai aux qualités que vous avez soulignées, celle des seconds rôles et de la mise en scène.
Il est fort dommage que cette collection Gaumont ne bénéficie d’aucun travail d’édition : l’image et le son sont souvent très médiocres.
Comme beaucoup, je suis attristé par la mort de Patrice Chéreau. Mes souvenirs les plus vifs : LA REINE MARGOT, sa prestation dans le film de Michael Mann LE DERNIER DES MOHICANS, en Marquis de Montcalm, sa mise-en-scène de COSI… avec la mention « Vietato Fumare » écrite en très grandes lettres au fond de la scène …
Ne pas oublier l’admirable Gabrielle avec Huppert et P Grégory d’après J Conrad.
Dans mon dernier Positif par ailleurs tjs aussi passionnant( magnifique dossier Marker notamment), je découvre que le 16 octobre est une date bénie des dieux de l’édition DVD/blue ray:
-chez Gaumont, sortie de Fanny et Alexandre de Bergman, versions cinéma ET longue!!!!
-chez Sidonis, enfin sortie de Manhunt de Lang (l’un des plus beaux et des plus purs formellement) et aussi de Play dirty de notre cher André de Toth
Triple hourrah!!!
Et en plus à la fin de l’année sort le coffret Heaven’s gate chez Carlotta.nous l’avons programmé en cinéclub fin septembre: quelle claque!!!J’ai lu qqs réserves sur cette nouvelle copie qui doit être celle qui fut montrée à lyon en 2012 mais elle m’a ma foi ébloui.
Une bien triste nouvelle concernant le cinéma italien :
Carlo LIZZANI nous a quitté le 5 octobre; il s’en est allé comme Mario MONICELLI. Une part de ses activités dans le cinéma est souvent passée sous silence ; il ne faudrait pas oublier le scénariste de films importants, l’assistant de nombreux cinéastes (ROSSELLINI entre autres)ainsi que l’auteur de documents sur le cinéma.
A Augelman
oui plus que le cinéaste un peu scolaire encore que ses dernières oeuvres aient de l’intérêt. Relire les délires de Positif sur LE BOSSU DE ROME
pour rester dans le cinéma italien, il faut aussi saluer Luciano Vincenzoni, mort il y a deux semaines et parmi les scénaristes les plus efficaces de son époque.Il a écrit quasiment tous les chefs-d’oeuvres du western italien: Le bon, la brute…, pour quelques dollars de plus, le mercenaire. C’était un des meilleur script doctors et même si il était un petit peu snob (du genre « qu’est-ce qu’un homme cultivé comme moi fait à écrire pour Leone et Corbucci ») on lui pardonnera.
Parmi les infos qui passent en vitesse, en voici une au sujet d’un procès. Celui qui a opposé une maison d’édition polonaise aux héritiers de Władysław Szpilman, le personnage qui a inspiré Polanski pour LE PIANISTE. La famille du musicien attaquait pour diffamation l’auteure d’un livre prétendant que Szpilman était membre de la police du ghetto et non la victime qu’il a prétendu être. Ce qui lui aurait permis de survivre selon d’autres circonstances que celles qui nous sont narrées.
Que les héritiers Szpilman aient perdu leur procès nous laisse croire que le récit du pianiste est aussi fictif que ceux de Martin Gray ou de Misha Defonseca, auteure de SURVIVRE AVEC LES LOUPS. Des histoires dont on sait désormais qu’elles sont inventées de A à Z.
Ceci n’enlève rien aux qualités du film de Polanski, bien évidemment.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/09/30/la-famille-du-pianiste-de-polanski-perd-son-proces-en-diffamation_3487437_3214.html
The Szpilman family’s loss of their defamation suit against the publisher of Agata Tuszynska’s biography of Vera Gran does not demonstrate that Wladyslaw Szpilman was a Nazi collaborator, liar, and fantasist. A flotilla of witnesses testified as to the baselessness of Gran’s charges. The biographer herself expressed little credence in Gran’s view. What the judge ruled was that biographers have the right to quote their subjects’ opinions, regardless of the veracity of those opinions, without falling prey to defamation suits. The judge saw it as an issue of free speech. It seems to me that this opens up whole new fields for slandering public figures by quoting one loony liar or another, but I’m not a judge.
Au nom du minimum de liberté. Au moins dans le domaine du droit d’expression, y compris sur des sujets très polémiques. Je ne suis pas sûr que ce droit soit toujours garanti en France cher Michael….
To Manux, I’m not in favor of hobbling the free expression of biographers, journalists, historians, interviewers, etc even though I may have done a swell job of giving that impression. What bothers me about the decision in this case is the judge’s indifference to Tsusynska’s sensationalistic use of charges that she knew to be unsubstantiated. If, say, forty years after WW2, an elderly French entertainer were to insist in an interview with her biographer that Charles de Gaulle was a deep cover Nazi agent, then I think that the biographer should either provide evidence for this charge or disassociate herself from it. If crazed fabulists want to write books claiming that the Holocaust was faked or that Hitler, Stalin, and Mao were all around wonderful guys, then they should have the right to do so. But the aforesaid fabulists and their publishers should also be subject to demands for money and textual alterations from any individuals and institutions that they might defame. By the way, immediately after WW2, Wladyslaw Szpilman denied Vera Gran much needed employment with the explanation that « I heard you were a Nazi collaborator ». Other people had heard this too. After several trials, this rumor remained unproven. For more information, consult James Lasdun’s succint settling of Suscynska’s hash. Go to yahoo.com. then use James Lasdun Szpilman New York Times as search words.
C’est HADEWIJCH qui m’avait impressionné, comme dans FLANDRES, cette liberté totale de Dumont quant au réalisme, par exemple (la guerre de FLANDRES n’est pas justifiée, le terrorisme islamiste dans HADEWIJCH n’est pas celui que nous connaissons). Il n’obéit à aucune règle de vraisemblance, seulement à son propos de départ et il va jusqu’au bout de celui-ci. Il refuse d’ailleurs tout style sobre, « documentaire », la photo et la lumière (et le son) sont aussi raffinées et « voyants » que dans un mélodrame flamboyant ou dans un film fantastique.
A part cela, il y a un symbolisme qui m’échappe totalement, apparemment (interview de Dumont en bonus), le symbole de l’eau est très important dans HORS SATAN, mais là, j’ai pas la culture pour y piger quoi que ce soit! Je vois pas en quoi il est important que Davide Dewaele le guérisseur dépose le corps de la personne mourante près d’un étang pour la sauver! Mais bon, c’est magnifique.
Hors Satan me semble particulièrement éblouissant et pour ce qui est de l’utilisation des éléments, sans pour autant intellectualiser à outrance,il s’agit d’une poétique élémentaire universelle telle qu’a pu la répertorier par exemple un Bachelard ds L’eau et les rêves.
Il suffit de se laisser porter par l’étrangeté de cet univers à la fois très réel et déréalisé par un guide qui tel un chamane ouvre une piste mystérieuse à la manière du Stalker de Tarkovski.
Dumont parle plus au corps qu’à l’intellect je crois et il est formidable qu’un ex philosophe soit aussi soucieux de laisser décanter la pensée au profit de cette « minute de la sensation vraie » pour paraphraser Handke.Bref, Dumont est un grand , un vrai, un magnifique cinéaste!!!
à ballantrae: belle illustration du ciné de Dumont! Pour l’eau, je suppose que c’est un symbole de vie ou de résurrection…
Content de voir que vous avez apprécié LA CHASSE d’Erich Lochen qui est un film vraiment intéressant dans sa construction mais aussi dans l’utilisation des cadres et des paysages. Par contre je dois avouer que j’ai vraiment eu du mal avec OBJECTION qui peut paraitre effectivement daté mais surtout à la limite de l’ennuyeux et ce malgré la possibilité de visionner sur le dvd le film dans un ordre différent de séquences (cela change t-il réellement quelque chose finalement ?)
Je serais moins dur que vous pour LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR version Daquin, que j’apprécie presque autant que LE MYSTERE DE LA CHAMBRE JAUNE d’Aisner. Il me reste un très bon souvenir de la fin du film, très bunuelienne, la présence de Piccoli renforçant ce sentiment. Ceci-dit, heureusement qu’on a Reggiani en Rouletabille, car Hélène Perdrière est un peu fadasse… A noter la belle partition de Jean Wiener. Vraiment.
Dans cette même « Collection cinéma classique » proposée par Solaris, le titre à ne pas manquer est LE MORT EN FUITE de Berthomieu (André), avec un tandem extra formé par Jules Berry et Michel Simon, alias Trignol et Baluchet, qui dans une histoire foutraque vont tenter de trouver la gloire, sur des dialogues savoureux de Carlo Rim (la scène finale aux assises est formidable). Mais il y a plein d’autres bonnes surprises dans cette comédie, par exemple, rien que la scène à répétition de Simon gueulant sur le chat de la concierge, toujours fourré dans l’escalier, et Simon qui lui dit « Allons, sois gentil avec Madame la concierge » vaut son pesant d’or. Et que Marie Glory est belle !! Son histoire personnelle est passionnante, elle fut notamment aviatrice, engagée dans les forces françaises libres. Elle est décédée à l’âge canonique de 104 ans en 2009.
A Sullivan
bravo pour cette défense. Je suis nettement moins enthousiaste
Pour les Rouletabille, le travail des Podalydès est tellement formidable qu’il balaye ces tentatives un brin scolaires.Même moins réussi que Le mystère…, leur Parfum comporte tellement de trouvailles comiques ( les ateliers créatifs, le « à table » répétitif de Zabou, le sous marin,le puits, etc…) ou surréalistico poétiques que je ne peux que leur tirer mon chapeau!!!
je suis d’accord
Désolé pour mon post précedent bien fautif!!!
Je viens de découvrir l’admirable documentaire L’esprit de 45 de Ken Loach à la fois inspiré, précis, émouvant et irrigué par une saine colère.Je n’ai pu m’empêcher de penser aux films anglais contemporains comme ceux de Powell, aux films de Mac Kendrick et à ces petites gens que décrivait David Lean dans Brève rencontre ou encore Heureux mortels.Mais les gens simples que filme Loach , on les trouve surtout chez Terence Davies dans Distant voices ou dans les bars de The deep blue sea.
Un film salutaire, une piqûre de rappel pour nos moments de désillusion:si nous admettons TINA, « ils » ont gagné!!!Or il y a eu un avant TINA et il y aura un après…
A l’occasion de cette nouvelle chronique , je me permets de répondre à votre réaction sur Camille Claudel 1915 trop peu vu à mon sens.Les hierarchies ont peu de sens mais l’apparition de B Dumont dans la paysage du cinéma français en 1997 avec La vie de Jésus fut une date et, film après film, j’ai l’impression que ce coup de tonnerre n’a cessé d’éveiller les spectateurs qui acceptaient de cheminer dans ce trajet certes exigeant mais tellement essentiel.
Tout d’abord, première grande nouvelle, l’équation Binoche + Dumont a fait des merveilles alors que l’actrice collectionnait des trophées estampillés grands auteurs ( Kieslowski,Haneke, Hous Siao Sien, Ferrara, Kiarostami) en convaincant de moins en moins et en participant à des opus en demi teinte voire ratés de leurs auteurs.La greffe a pris alors que le risque était grand et pour le cinéaste et pour l’actrice: risque de faire un gros coup pour rien pour un cinéaste en quête de (néo) modèles bressoniens ( syndrôme Hélas pour moi de JLG)/risque de surjoeur la folie de Camille, de jouer le singe savant pour l’actrice.Il n’en est rien, je retrouve l’actrice sublime de Carax, de Téchiné ou de Ph Kaufman!!!
Autre gageure, bien sûr, l’affrontement avec la folie qui en a indisposé plus d’un.Dumont ne pouvait pas en faire moins mais l’admirable est qu’il ne cherche pas à en faire trop ni à édulcorer: il travaille avec ces « fous » réellement, les a amenés à travailler avec leurs émotions et on sent vraiment que les moments de joie de Camille/Juliette comme ses exaspérations participent d’une rencontre avec ces gens là dans ce lieu là.
Dumont est un génial arpenteur des paysages du Nord , on le savait mais il prouve ici -après les déserts du mal aimé 29 palms ou de l’impressionnant Flandres- qu’il sait au final capter le génie de divers lieux: le paysage, les arbres cézaniens, le vent sont des matières avec lesquelles Dumont travaillent pour créer un esapce à la fois concret et mental comme una ller retour entre l’internement de Camille et son assèchement créatif.
Enfin le portrait de Paul Claudel est saisissant de justesse qd on connaît un minimum le personnage.J’ai bcp lu, ds ma jeunesse, Claudel et ses envolées lyrico mystiques (talentueuses il est vrai…mais parfois un peu excessives)et Dumont montre la folie véritable du personnage.Paul Claudel est le vrai malade et c’est Camille qu’on enferme, ironie d’une époque où le génie féminin est gênant pour peu qu’on ait pour amant un maître tel que Rodin et qu’on ait pour frère un écrivain ambitieux tel que P Claudel.Jean Luc Vincent sous ses airs de Lucchini jeune campe un admirable Claudel.
Après un Hors Satan irréel, sublime et terrifiant théâtre de l’âme , Dumont surprend encore et remet ne jeu tout son univers sans frémir.
Je ne suis guère surpris qu’il ait aimé Coup de torchon, votre film le plus éminemment physique, terrien et métaphysique paradoxalement.
J’aimerais savoir si vous avez pu voir Michael Kolhaas qui n’est pas sans présenter des nalaogies avec les territoires de Dumont…mais aussi avec La passion Béatrice.
Je n’ai pas vu PÉCHÉS DE JEUNESSE, mais en lisant votre commentaire j’ai instantanément pensé au père du SHOTGUN STORIES de Jeff Nichols… qui meure sans avoir jamais tenté cette démarche réconciliatrice vis-à-vis de ses 4 fils qu’il a abandonnés… Passer de Tourneur à Nichols c’est peut-être incongru mais en tout cas, vous m’avez donné envie de voir le Tourneur !
Quant à JAKTEN (LA CHASSE), d’Erik Løchen, film de triangle amoureux audacieux, j’ai encore plein d’images en tête dont les magnifiques plans larges avec les silhouettes des trois personnages qui se détachent sur la crète… un noir et blanc intriguant… une construction étrange et certainement très novatrice à l’époque avec la voix-off qui interpelle les personnages principaux du récit pour mieux en sonder l’âme. Là, je fais un lien avec 2/DUO de Nobuhiro Suha (visible chez Capricci en DVD), qui utilise ce même procédé de l’interpellation de ses personnages, par… lui-même.
Il faut s’intéresser au travail du petit-fils de Løchen, Joachim Trier, qui a réalisé OSLO, 31 AOÛT, un beau film crépusculaire qui rejoint les thématiques de son grand-père, mais avec d’autres partis-pris esthétiques et narratifs.
Bravo Sullivan de citer ce film magnifique qu’est OSLO, 31 AOÛT.un des meilleurs films que j’ai vu sur le problème de la drogue du point de vue du drogué. on est loin de l’épate bourgeois qu’est REQUIEM FOR A DREAM. c’est un film viscéral, si triste mais si juste.
c’est un film que je recommande moi aussi chaudement !
moi aussi j’aime Bruno Dumont. je n’ai pas encore vu Camille Claudel 1915 mais je l’ai dans ma pile.je trouve que ces deux derniers précédents films sont de vraies réussites. des films qui donnent à penser. par contre j’ai beaucoup moins aimé Flandres.
La scène la plus impressionnante de LA COMMISSAIRE reste pour ma part celle de l’accouchement de la commissaire (démise temporairement de ses pouvoirs pour faire naître son fils et placée en hébergement dans une famille juive, à laquelle le régime ne demande évidemment pas son avis).
Askoldov nous donne à voir en images sa douloureuse expérience pendant le travail sur la table, expérience de perte de contrôle à laquelle elle n’est absolument pas habituée. Lorsque la douleur est à son zénith, on voit une horde de chevaux sellés en plein galop, sans cavaliers, débouler à l’écran, dans un fracas indescriptible soutenu par une partition mémorable de Schnittke. Puis… lorsque les contractions disparaissent, que tout s’apaise, on voit ces mêmes chevaux alignés en rang d’oignons entrain de boire dans une rivière = elle perd les eaux…) puis le fracas reprend de plus belle jusqu’à la naissance du bébé.
Le personnage du père de famille joué par Rolan Bykov est inoubliable. Et on comprend l’interdiction du film, le personnage principal du film (et de fait du récit de Grossman), faisant l’expérience du bonheur en U.R.S.S. !!
Quel grand film! y repenser est une belle madeleine: sortieds mes années étudiantes en pleine glasnost au milieu de découvertes fabuleuses comme Requiem pour un massacre,Bouge pas, meurs , ressuscite (tiens que devient Kanevski???), Repentir de Tenguiz Abuladzé,Matiora sans parler des grandes rétrospectives du Cosmos ! La fin des années 80, je le mesure avec le recul, fut un moment-clé de ma cinéphilie à la lumière de la découverte de Tarkovski, Paradjanov ( NB la sortie du coffret chez Montparnasse avec Les chevaux de feu, Sayat nova,Souram et Achik Kerib),Klimov,Kieslowski,Wajda alors même que le cinéma de l’Est vivait ses avant derniers feux!!!