Films américains et films français récents
7 mars 2012 par Bertrand Tavernier - DVD
FILMS AMÉRICAINS EN DVD
Outre JOHNNY EAGER, un des meilleurs Le Roy hors sa période Warner, Wild Side nous offre dans la collection des Introuvables, LA MAIN NOIRE de Richard Thorpe. Des décors soignés, une belle photo, la présence de Gene Kelly et de ses efforts pour jouer un rôle dramatique et ethnique (ses interjections italiennes sont réjouissantes), un bon retournement dramatique (la mort du flic) permettent au film de faire illusion pendant une demi-heure. Mais hélas, le scénario devient vite prévisible, mollasson et extraordinairement conventionnel. Tous les clichés sont au rendez-vous. Pardon, cher Patrick Brion pour ce crime de lèse-majesté envers Richard Thorpe.
PATTERNS de Fiedler Cook sur un sujet de Rod Serling sur les mœurs dans une grosse société (intéressant et très actuel), est incroyablement mal mis en scène, terne, académique avec des acteurs d’habitude formidables mais qui là, farcis d’intentions et de directions, vous expliquent, vous soulignent tout dans leur jeu. C’est encore accentué par la façon dont ils sont cadrés, qui est toujours redondante. Ce fut d’abord une dramatique télévisuelle qui remporta un tel succès critique et public qu’on la redonna une semaine après. C’est à dire qu’on dut, vu qu’elle était en direct, la faire rejouer, la filmer une seconde fois. C’était une première dans les annales de la télévision. Dans le film Van Heflin remplace Richard Kiley mais les deux autres acteurs, Ed Begley et Everett Sloane reprennent leurs rôles. Aucun des trois n’est vraiment bon, phénomène unique pour Van Heflin. La comparaison avec la TOUR DES AMBITIEUX est écrasante pour Cook. Ce qui prouve que de super collaborateurs (Boris Kauffman, Richard Sylbert) ne parviennent pas à inspirer ou à sauver la mise en scène.
THE BOLD AND THE BRAVE, revu grâce au DVD anglais d’Optimum dans un excellent transfert mais avec un format 4/3. Le film était sorti en SuperScope, procédé qui élargissait l’image au tirage. Il est difficile de savoir comment étaient cadrés de tels films, si ce choix était prévu dès le début ou bien décidé durant le tournage ou la post-production. J’ai parfois senti que le cadre était serré mais sans avoir l’impression d’une image vraiment amputée (pourtant IMDB donne un format large). En tout cas cette vision récente confirme les qualités du film, de loin le plus ambitieux de Lewis R. Foster dont il faut voir CAPTAIN CHINA, L’OR DE LA NOUVELLE GUINÉE. Une ambition présente dès le scénario de Robert Lewin (nommé pour l’Oscar du meilleur scénario original) inspiré par ses souvenirs de guerre qui tourne quasiment autour de 3 personnages masculins et d’une femme et qui est aussi divisé en trois parties :
1) la vie du détachement (la plus conventionnelle) et le début d’une amitié entre les trois protagonistes, le riche héritier oisif et qui ne veut pas tuer, le combinard jovial et le soldat pétri de religion et de principes.
2) La rencontre arrangée de « Pasteur » qui est visiblement puceau et d’une fille à soldat italienne, jouée bien sûr (le choix s’imposait) par une actrice française, Nicole Maurey, qui s’en sort honorablement. Ce qui était une plaisanterie devient une histoire d’amour. La découverte de la vérité est terrible.
3) Enfin, la guerre avec la revanche de Pasteur et la réhabilitation de Wendell Corey. Nous saluions à juste titre la longue séquence ou Wendell Corey se bat contre un tank dans un paysage désolé de rocailles plus que de forêt. C’est le début de l’attaque qui se passe dans un bois d’arbres morts. Toute aussi réussie est la longue partie de dés où un Mickey Rooney survolté gagne une fortune. Foster a la modestie, l’intelligence de ne pas découper la scène, de limiter les inserts sur les dés, de supprimer les plans de coupe. Il se concentre sur le Rooney, son visage, sa gestuelle, ses invocations et cela nous enchante. Il entraîne, dynamise toute la séquence qui est anthologique, lui donne une incroyable vérité. Dès qu’il apparaît dans le film, on a l’impression qu’il improvise son dialogue ; met à mal le côté un peu statique des premiers échanges. Il fut lui aussi nommé pour un Oscar. Le personnage de fanatique religieux que joue de manière convaincante Don Taylor est le plus intéressant et le plus original du film. Le travail de Foster est simple et sans affectation. Il sait ne pas surdramatiser les moments signifiants et trouve le rythme qui convient aux moments de comédie. IMDB déclare que Mickey Rooney réalisa certains plans. Soit il filma quelques raccords, soit il commença le film et le producteur Hal Chester fit appel à Lewis Foster avec qui il avait fait CRASHOUT. Photo de Sam Leavitt et musique de Hershell Burke Gilbert qui brode des variations sur certains thèmes de NAKED DAWN. Horrible chanson de générique due à Mickey Rooney et Ross Bagdassarian.
SHOTGUN STORIES, premier film de Jeff Nichols est une manière de chef d’œuvre qui autopsie comment des personnages introvertis, repliés sur eux-mêmes, inarticulés, vont sombrer peu à peu dans la violence, ce qui n’est absolument pas dans leurs intentions. Une volonté maladroite, véhémente, de dire la vérité, une vérité, lors d’un enterrement, qui va provoquer un conflit qui va peu à peu dégénérer. L’atmosphère sudiste, le manque de manières, d’éducation sont évoquées sans ostentation, sans paternalisme, sans mépris absolument formidable.
MRS PARKER AND THE VICIOUS CIRCLE : ce film, qu’on trouve uniquement en zone 1 dans un DVD Image avec deux autres réalisations, phénomène exceptionnel dans le cinéma américain, ne parle pratiquement que de personnages, hommes et femmes, qu’on peut qualifier « d’intellectuels » new yorkais : dramaturges, éditorialistes, humoristes, journalistes sportifs, critiques, directeur de magazine (le New Yorker). Avec un nombre très important de scènes chorales, collectives où une vingtaine de personnages se coupent la parole. Leurs rencontres quotidiennes, autour d’une table ronde de l’Hôtel Algonquin, leurs repas donnaient en effet lieu à des festivals de vacheries, de bons mots, d’aphorismes (ils recyclaient les meilleurs dans les journaux auxquels ils collaboraient). Alan Rudolph nous montre, à travers le destin tourmenté de Dorothy Parker, figure énigmatique, fascinante et tragique, comment un groupe peut imposer mais aussi étouffer un artiste, malmener sa vie privée, sujet original s’il en est. Elle devient prisonnière et aussi victime de leurs pratiques, de leurs égos, de leurs jalousies (Groucho Marx disait que pour faire partie du club, il fallait « avoir une langue de serpent et un poignard à demi caché »). De cette façon de privilégier le trait d’esprit sur tout sentiment durable. Un psychiatre lui fait remarquer que la vie du groupe prend le pas sur la vraie vie. Rudolph évoque avec beaucoup de sensibilité, de délicatesse l’amitié tendre qui l’unit au talentueux humoriste Robert Benchley (qui partira faire carrière à Hollywood comme auteur et acteur ; on se souvient de ses courts métrages, Comment faire un film, la Vie sexuelle des Polypes, qui ont été réunis dans un coffret et de ses apparitions dans de nombreux film dont CORRESPONDANT 17). Cette chronique poignante des faux pas, des occasions manquées, des aveuglements, trouve en Jennifer Jason Leigh l’actrice idéale. Nul mieux qu’elle ne sait montrer les fêlures et de l’âme et du corps. Sa diction étrange – elle étudia longuement la voix de Dorothy Parker et l’entendre dire ses poèmes justifie déjà la vision du film, sa gestuelle inspirée, sa liberté, sa manière de faire corps avec ses émotions sans les expliquer permettent d’explorer des zones d’ombre rares. Et finalement on se dit que comme elle l’écrivit plus tard : « On subissait la terrible dictature du bon mot (wisecrack) qui empêchait absolument d’atteindre à une quelconque vérité. » Une occasion de revoir d’autre films d’Alan Rudolph comme WANDA’S CAFE, CHOOSE ME.
LONE STAR (1996) : sans doute, jusqu’à présent, le chef d’œuvre de John Sayles et l’un des très rares films où la moindre péripétie, le moindre rebondissement sont vus avec un regard neuf, semblent ne rien devoir à personne. Tout comme cette scène qui démystifie l’histoire de Fort Alamo et remet tout en perspective. Le scénario avec ses intrigues entremêlées, la multitude des personnages, tous vivants et intéressants, ses ruptures spatio-temporelles, est à la fois complexe et incroyablement fluide. Les flashes back sont amenés avec autant d’élégance que d’évidence et le récit coule, comme une rivière, vers une conclusion qu’on ne devine pas. Cette enquête sur un meurtre vieux de 30 ans, relie passé et présent, montre qu’on ne peut échapper au poids de l’Histoire, révèle le poids du nationalisme, des préjugés raciaux, du révisionnisme social, des conflits de génération, de la censure. Le tout traité avec subtilité, sans jamais donner l’impression d’une œuvre à thèse où l’auteur impose ses vues et ses idées. Au contraire, tout semble organique, couler de source. Le film magistralement écrit, brillamment dialogué, avec acuité, ironie et concision, s’impose comme l’un des meilleurs – sinon le meilleur – scénarios de la décennie. La dernière scène et la dernière réplique sont anthologiques. Sayles filme avec invention, intelligence, respectant ses personnages sans jouer au plus malin, épousant le rythme intérieur d’acteurs époustouflants : le génial Chris Cooper, Elizabeth Pena, Kris Kristofferson.
Face à PRIME CUT de Michael Ritchie, j’ai éprouvé la même déception que lors de la sortie du film. On attendait beaucoup de Ritchie après DOWNHILL RACER, aigu, brillant, si bien écrit par James Salter. Mais là le scénario de Robert Dillon est si plat, si conventionnel que le film semble totalement inerte. Lee Marvin vient se venger de Gene Hackman avec une bande de tueurs et, de chasseur, devient gibier. Ne cherchez rien d’autre sinon des rapports étranges entre Hackman et son frère et deux ou trois échanges dont le dernier entre les deux protagonistes. Le seul intérêt du film est son cadre, rarement filmé : le Kansas des marchands de viande, des bouseux, avec sa vulgarité, ses foires, ses exhibitions machistes : des filles, dont la merveilleuse Sissy Spacek, sont exhibées nues, dans un parc à viande. Même la séquence de la poursuite de Marvin et Spacek par une moissonneuse batteuse, pastiche de LA MORT AUX TROUSSES, que nous louions dans 50 Ans, m’a paru molle, interminable, avec ces longues focales qui écrasent l’espace.
En revanche THE KREMLIN LETTER de John Huston (Opening) tient formidablement le coup. Il s’agit d’un des films d’espionnages les plus noirs, les plus pessimistes. Les notions de cause, d’engagement idéologique, de patriotisme sont bafouées, piétinées. Tout le monde trahit. C’est le règne de l’argent et cela dans les deux camps. C’est un personnage que joue Huston qui fait d’ailleurs ce constat et il est difficile de sympathiser avec un personnage, tant le film lamine la notion de héros et rend opaque la moindre action. Le DVD permet enfin de comprendre cette ténébreuse affaire où la lettre du titre est vite reléguée à l’état de prétexte et où le coup de théâtre final – d’une ironie toute hustonienne – vous glace. Tout ce que montre le film, la corruption, les mœurs sexuelles, s’est révélé, avec les années, d’une profonde justesse. C’est du sur-John le Carré. Au passage, plutôt que de voir LA TAUPE, exercice esthétisant et inerte, mieux vaut revoir la version de la BBC de TINKER TAILOR SOLDIER SPY (et aussi de SMILEY’S PEOPLE). Alec Guinness est très supérieur à Gary Oldman.
J’ai acheté MURDERS IN THE ZOO d’Edward Sutherland (zone 1 sans sous-titres) après une description alléchante d’un participant au blog. Et c’est vrai que l’ouverture est sidérante : cet homme dont on coud les lèvres et qu’on abandonne dans la jungle. La suite est malheureusement desservie par une intrigue rudimentaire, des moments de « soulagement comique » (comic relief) exaspérants, interminables. La photo est belle et Lionel Atwill inquiétant à souhait. Randolph Scott joue les bellâtres.
Artus Films vient de sortir dans un coffret trois nanars de science-fiction : RED PLANET MARS de Harry Horner, INVADERS FROM MARS de William Cameron Menzies et FLIGHT TO MARS de Lesley Selander. Le pire des trois est le minable FLIGHT TO MARS, décors hideux et dialogues d’une sottise confondante : « Savez- vous déjà comment vous allez revenir de Mars ? », demande un journaliste au chef de l’expédition, la veille du départ – « Vous savez, je suis un alpiniste. Ce qui comptait c’était atteindre le sommet, pas redescendre. » Je n’ai jamais compris la petite réputation dont jouit INVADERS FROM MARS aux USA. Certes le décor de la petite colline devant la maison, du sentier avec la barrière, est une jolie réussite où l’on reconnaît la patte du génial décorateur William Cameron Menzies (Le VOLEUR DE BAGDAD avec Fairbanks, GONE WITH THE WIND, REIGN OF TERROR). Certes plusieurs plans filmés du point de vue de l’enfant sont efficaces, avec leurs perspectives faussées, les dimensions exagérées mais là encore les dialogues sont souvent idiots et les acteurs vraiment médiocres. Dans la dernière partie, tout se dégrade, le scénario, les situations, les décors. En particulier ces grottes d’une dizaine de mètres que les figurants parcourent une centaine de fois dans tous les sens jusqu’à ce qu’on en ait la nausée (pour être honnête, il faut dire que Menzies ne put contrôler le montage et que la production ajouta des flashes back de manœuvres militaires et multiplia ces plans de courses sur douze mètres carré). L’idéologie anti-rouge et belliciste colore le film (la peur, la haine de l’étranger). THINGS TO COME toujours de Menzies d’après Wells m’avait semblé statique, compassé. Son meilleur film reste ADDRESS UNKNOWN, disponible en zone 1 d’après le livre de Kressman Taylor qui écrivit le scénario.
RED PLANET MARS est aussi réalisé par un décorateur très talentueux, Harry Horner (THE WONDERFUL COUNTRY, L’ARNAQUEUR, ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX), auteur de quelques films intéressants. C’est une œuvre incroyablement solennelle, hyper religieuse qui détaille une escroquerie insensée effectuée par un agent double soviétique depuis la Cordillère des Andes, lequel veut faire croire que les martiens écoutent le sermon sur la montagne, ce qui va se révéler exact. Il y a des rebondissements ahurissants (la révolte en Russie où on nomme un Pope à la place du Soviet suprême). Les Russes commencent par dire : « Parlons en anglais pour qu’ils ne comprennent rien. » A plusieurs, malgré ou à cause de l’emphase du récit, on peut s’éclater. C’est le vrai nanar anti-rouge, tourné pourtant par un homme intelligent et cultivé.
Sidonis va bientôt sortir le western de Jacques Tourneur STRANGER ON A HORSEBACK. Voici ce que j’en disais dans une chronique précédente : « STRANGER ON A HORSEBACK avait été une des plus heureuses surprises de la rétrospective Tourneur. On avait découvert un film original, d’une légèreté aérienne qui s’impose dès les premiers plans : Joel McCrea avance à cheval, en lisant un livre de loi et passe près d’une tombe qu’on est en train de creuser. Pas de dialogue… Juste un léger travelling latéral subjectif coupé par un plan serré d’une femme, plan inattendu qui s’enchaîne sur un plan large où McCrea, à droite du cadre, s’éloigne de la tombe. Un peu plus tard, un chat roux prend une place importante dans le bureau du marshal et sa présence décale les scènes. On le verra sauter du bureau quand trois hommes font brusquement irruption pour délivrer Kevin McCarthy. Ce dernier joue le rejeton du potentat local, violent, dégénéré, tyrannique et pourtant charmeur qui semble débarrassé de tous les clichés qui alourdissent ce personnage archétypal. Et la manière dont McCrea qui refuse de se servir de ses armes, le réduit à l’impuissance, est irrésistible. Il se débarrassera de la même manière d’un homme de main qui le provoque après un échange jubilatoire : l’homme l’arrose quand il passe près d’un abreuvoir. McCrea se contente de dire « il fait chaud ». Quand il revient sur ses pas, l’autre l’arrête : « je n’ai pas aimé ce que vous avez dit ». – « J’ai dit qu’il faisait chaud. » – « J’ai pas aimé le ton sur lequel vous l’avez dit. » Le ton, le traitement sont constamment inhabituels. McCrea, juge itinérant, découvre presque accidentellement qu’il y a eu un meurtre et commence à souligner toute une série d’actes délictueux. Tourneur filme tout cela de manière feutrée, presque dédramatisée : les rapports entre le juge et John Carradine, procureur corrompu qui essaie de sauver les suspects, sont extrêmement amusants et dégraissés des effets comiques redondants.
Ce film fut tourné en Ansco Color, procédé étrange qui semble bichrome et donne des teintes étranges qui dans les plans larges ne sont pas désagréables. Tourneur en tire quelques effets heureux.
Je viens de voir un épisode de JOHNNY STACCATO (ZONE 1) dirigé par John Cassavetes pas terrible malgré Charles McGraw en musicien has been qui veut revenir (MURDER FOR CREDIT). Un autre (THE NAKED TRUTH), moins bon encore, dirigé par Pevney. Ce qu’il y a de mieux, ce sont les plans d’extérieurs de New York (tout comme dans NAKED CITY mais là, les scénarios paraissent plus soignés) et la musique d’Elmer Bernstein. Deux autres épisodes sont un peu mieux écrits.
SORTIES
La sortie du magnifique LE HAVRE est une bonne occasion de revoir des Kaurismäki comme LA FILLE AUX ALLUMETTES, L’HOMME SANS PASSÉ. On peut s’étonner du petit nombre de DVD dont beaucoup sont en finlandais sans sous-titres. Mais il y a un coffret.
Profitons de TOUTES NOS ENVIES, pour revoir L’ÉQUIPIER, WELCOME, TOMBÉS DU CIEL de Philippe Lioret.
Et du splendide L’EXERCICE DE L’ÉTAT pour acheter le prometteur VERSAILLES de Pierre Schöller.
UNE NUIT de Philippe Lefebvre (son premier film de cinéma depuis le TRANSFUGE et le JUGE) est une excellente surprise qui s’apparente à un sous genre, le « street movie ». En effet les deux héros, Rochdy Zem et Sara Forestier sillonnent, parcourent, traversent un nombre incroyables de rues, de ponts, d’artères, des Champs Elysées à la rue de Richelieu, de la rue de Douai aux alentours de l’Étoile, de Pigalle à Montparnasse (UNE NUIT comprend le plus grand nombre de scènes nocturnes, de plans subjectifs depuis EXTÉRIEURS NUIT de Jacques Bral). Lefebvre, aidé de ses deux coscénaristes Philippe Izard et Simon Michael, évite bien des pièges, ne se livre à aucune surenchère, aucune démonstration de testostérone. Au contraire, il suit méthodiquement ses héros dans leurs incessantes visites cycliques dans des bars à putes, des boîtes échangistes, des clubs plus ou moins louches, des cafés où le père du barman dort par terre, abruti par l’anisette. On y croise des travestis plus ou moins déglingués, des camés, des patrons de bar qui biaisent sans cesse avec la loi, des prostitués qui tapinent dans les sanisettes du cours de Vincennes (j’avais filmé des scènes analogues dans L.627). Nulle fusillade, pas de règlements de compte spectaculaires mais des interrogatoires teigneux, une plongée dans un monde trouble où les amitiés anciennes, les trahisons, les combines, l’exercice même du métier de flic de la mondaine gangrènent les frontières de la morale, pointent toutes les dérives qui minent l’application de la loi. Nul manichéisme. Lefevbre sait garder ses distances, montrer la complexité de ses personnages. Son héros « borderline », admirablement joué par Rochdy Zem, navigue sans cesse dans des eaux interlopes, entre deux mondes, ne parvient plus à trouver ses repères. Sara Forestier est impeccable de discrétion et de justesse et j’ai eu beaucoup de plaisir à redécouvrir Samuel Le Bihan, tout à fait remarquable. Gerald Laroche, Jean-Paul Muel, Sophie Broustal campent des figures inoubliables et Richard Borhinger fait une fulgurante apparition.
Voilà un autre polar qui m’a surpris, après POLISSE, le simenonien COUP D’ÉCLAT de José Alcala, bien écrit et si bien joué par Catherine Frot, l’inoxydable Liliane Rovère et Marie Reynal (déjà admirée dans ALEX, le précédent Alcala), entre autres et le frénétique NUIT BLANCHE de Frédéric Jardin, photographié, excusez du peu, par l’eastwoodien Tom Stern. Le film noir français se porte bien.
QUELQU’UN a-t-il vu RUBBER qui bénéficie d’une belle édition DVD ?
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Commentaires (103)
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a propos du film Une nuit
bonjour,
j’ai recemment vu Une nuit de Philippe Lefevre et j’ai trouvé ce film très interesssant dans sa facon d’etre c’est a dire raconté en une seule la ronde d’un flic avec une jeune stagiaire dans Paris ou ils vont rencontrer plusieurs personnages plus ou moins trouble… mais par contre j’ai un veritable avec la fin et surtout avec le personnage de Sara forestier… enfin bref (pour ne pas devoilé la fin) je trouve qu’il casse l’ambiance du film et qu’il est pas du tout credible… ce qui donne un très mauvais twist au film…
cordialement Eric
A Eric Pouraud
Pourtant je crois que cela correspond à une réalité et que certains flics se sont fait avoir de cette façon
[…] Chef-d’œuvre, et Bertrand Tavernier a les mots pour le dire > Films américains et films français récents 7 mars 2012 […]
Bonjour,
je viens de découvrir votre blog et je vous remercie du temps que vous consacrez à partager vos impressions sur l’actualité cinématographique, passée et présente.
J’aurais une question à vous poser, peut-être pas en rapport direct avec ce fil.
Avez-vous le projet de refaire un film qui aurait pour cadre cette bonne vieille ville de Lyon ?
Encore merci pour vos contributions d’ici et d’ailleurs!
Bien cordialement.
Bonjour,
J’avais écrit il y a quelques temps à propos de l’artiste Aurélie BAUER et sa série de peintures sur « Fenêtre sur cour ».
Elle expose à nouveau à la galerie, et cette fois à Lyon, ses 2 dernières séries inspirées de « Casablanca » et du « Déjeuner sur l’herbe » de Jean Renoir…le fils de…
Cette exposition est parrainée par le peintre François BOISROND (lui aussi fils de…Michel BOISROND), complice de Robert COMBAS et qui a été le professeur d’Aurélie BAUER aux Beaux Arts de Paris.
J’ai pensé que cette information pouvait vous intéresser ainsi que tous ceux qui s’intéressent, comme beaucoup de réalisateurs, aux rapports entre peinture et cinéma.
Bien cordialement,
Elizabeth Couturier
[…] le coffret KAURISMAKI, je voudrais signaler CALAMARI UNION, film étrange et formidable où tous les protagonistes […]
Ah ! George Sanders faisant du tricot…
« La Lettre du Kremlin » figure parmi les disons 10 meilleurs films d’espionnage jamais réalisés, parce qu’il démystifie totalement le genre, ce qui était somme toute encore rare à l’époque.
Je me souviens l’avoir découvert et revu à la télé – sur FR3 et F3, merci Patrick Brion ! – avec à chaque fois cette sensation de malaise… jouissive.
C’est évidemment bien plus fort que « La Taupe » new look. Enfin, pas si new, car cet exercice académique a failli me faire plonger dans un sommeil bien mérité. C’est écrit, filmé et joué proprement, mais sans aucune originalité.
De l’originalité, on en trouve par exemple dans « Homeland », série récente de Alex Gansa et Gideon Raff avec la formidable Claire Danes et Damian Lewis. Les cinéastes regardent-ils la télé ? Il est vrai qu’il faut faire le tri, mais au moins 10% des productions US, UK et maintenant scandinaves sont exceptionnelles.
Je pense qu’il faut aborder le film en étant conscient qu’il s’agit d’un exercice de style. J’ai lu beaucoup de critiques assez négatives sur ce film ici. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié (même si le scénario est volontairement compliqué parfois). Les 5 dernières minutes restent dans mon esprit comme un très beau moment de cinéma.
Bonjour Monsieur Tavernier,
j’en profite pour formuler un voeu pour 2013, il n’est jamais trop tôt.
Alan K Rode s’apprête à publié en 2013, une biographie de taille sur Michael Curtiz : « A MAN FOR ALL MOVIES »(University press of Kentucky).
Christine Leteux, traductrice de l’excellent « LA PARADE EST PASSEE » de K.Brownlow, à qui je suggérais de traduire cette biographie pour la france sur le forum de DvdClassik, me rétorqua amicalement en forme de défi : « trouve moi un éditeur ».
Je me permets donc de vous signaler cette sincère et spontanée preuve de bonne volonté !
Une biographie de Curtiz édité par l’Institut Lumière en 2013, pourquoi pas ?
Sur Michael Curtiz, un livre intéressant de René Noizet est sorti il y a une dizaine d’années chez L’Harmattan. Il est d’ailleurs toujours disponible. http://www.amazon.fr/Tous-chemins-menent-hollywood-michael/dp/2738456677/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1334737200&sr=1-1
Une pensée affectueuse et admirative pour Claude Miller qui fut l’auteur de films aussi passionnants que La meilleure façon de marcher, dites lui que je l’aime,Garde à vue,Mortelle randonnée (dans ces deux là, on est carrément dans le chef d’oeuvre!), L’effrontée,La petite voleuse et la malheureusement méconnue Classe de neige d’après E Carrère entre autres.
Sa pugnacité, son désir de filmer ont été remarquables d’après ce que m’ont dit des techniciens qui l’ont approché sur son dernier film tourné dans le département voisin: il s’agit d’une adaptation de Thérèse Desqueyroux de Mauriac.
Je pense aussi à vous vous sachant amis…
A Ballantrae
Je suis très affecté, bouleversé par cette perte. J’adorais Claude. Vous pouvez ajouter BETTY FISCHER, LA CHAMBRE DES MAGICIENNES et j’avais aimé LE SOURIRE
Oui, La chambre des magiciennes est un bijou étrange et dérangeant prouvant que Claude Miller s’intéressait aux nouvelles technologies pas comme à des gadgets mais en tant que nouveaux possibles de création.
De tout coeur avec vous.
j’ai acheté « Lone star » sans avoir lu votre critique …et je me régale d’avance ….dans la même atmosphère j’ai vu
« Eagles wing » d’anthony Harvey …et le duel sans fin entre Martin Sheen et Sam Waterston est très poignant ..dans un décor superbe ou se mêle indiens , mexicains …rôle muet de Stéphane Audran et court passage remarquable de Harvey Keitel …
Revenons en France ou j’ai découvert « Meurtres » de Richard Pottier …avec Fernandel dans un registre dramatique , le film a un intérêt majeur car les dialogues de Henri Jeanson sont éblouissants ..
je viens de découvrir le site …ainsi que la collection Ealing studios qui abritent quelques pépites ..
Juste quelques mots pour rendre hommage à TONIO GUERRA qui vient de nous quitter.Le cinéma et la littérature sont touchés par cette disparition.
En tant que scénariste, il travaillé avec les cinéastes italiens de la période d’or.
J’attends chez GAUMONT « Identification d’une Femme » que Jérôme SOULET nous a annoncé pour 2013.Hélas, « L’Affaire Mattei », dont le scénario est aussi de GUERRA risque de ne jamais voir le jour.
Ce mois de mars a été particulièrement cruel.
Bonsoir !
J’entends, depuis quelques jours maintenant, parler ça et là d’un livre qui fait l’effet d’une bombe aux États-Unis, celui du gigolo Scotty Bowers, qui raconte dans un livre intitulé « Full Service » la vie privée de plusieurs grandes stars américaines des années 40 à 60. Il y dévoile plusieurs détails scabreux sur Flynn ou Katherine Hepburn et confirme des rumeurs (Scott/Grant).
Avez vous lu cet ouvrage (qui à ma connaissance n’est pas traduit en français) et que faut-il en penser ? S’il est entendu que la vie privée des stars n’interfère en rien sur leurs talents respectifs, je me déplore toujours de voir leurs images bafouées dans un livre de potins. Y’a t-il donc un intérêt véritable à s’attarder une minute de plus sur les propos de monsieur Bowers ?
je pense que la réponse est dans ta question
Justement non. Je n’ai pas lu le livre, j’essaye de ne pas juger sur un a priori, même si celui-ci peut paraître fondé.
bonjour, Mr Tavernier.je ne sais pas si quelqu’un en a déjà parlé mais je trouve Rubber d’un interêt passable. et il a été édité en blu-ray alors qu’on attend encore certains grands maitres en blu-ray Ozu par exemple.par contre je suis surpris d’apprendre qu’un condamné .. de Bresson a été édité en blu-ray.pouvez vous nous en dire plus svp ?
merci
p.s. : votre blog est une bénédiction
A NEMO
Voyez le catalogue GAUMONT
merci, ça m’avait echappé (sans jeu de mots)
Cher Bertrand Tavernier,
je vous ai fait parvenir à la SACD notre travail éditorial en matière d’édition DVD : dernièrement « Black Harvest » et « Le Journal de David Holzman ».
Je voulais savoir si vous les aviez bien reçus. Sinon, si vous le souhaitez, je peux vous les renvoyer.
Bien à vous.
À Damien Doussin :
En y regardant bien, l’univers des Italo-américains n’occupe pas un très grosse part des films de Scorsese, il a raconté de nombreuses histoires New-Yorkaises hors de Little Italy : After Hours évidemment, mais aussi tout de même Taxi Driver et son petit frère A tombeau ouvert, New-York New-york, La valse des pantins, Le temps de l’innocence, son segment de New-York Stories, petit frère aussi de After Hours, il a traité des sujets religieux, La dernière tentation.., Kundun, prochainement Silence, récemment il a même joué avec les genres : Aviator pour le biopic, Les affranchis pour le thriller policier, Shutter Island pour le thriller-de-petit-malin-à-twist, Hugo pour le film-de-noel-pour-enfants…
On retient souvent de Scorsese cette étiquette de cinéaste des gangsters italo-américains, mais pas de soucis, il s’agit bien d’un artiste aux univers très variés, et toujours curieux d’en explorer d’autres.
Un très grand merci à vous (et un immense merci à John Sayles, évidemment !) pour Lone Star, que je ne connaissais pas du tout, celà dit j’avais 11 ans à sortie, et si le film n’est pas resté très connu en France après, je ne m’étonne pas trop d’être passé à côté (mais je le regrette !). Ce film est une perle, une démonstration rare de profondeur sur l’univers complexe de la société mixte du Texas, près des Hommes et loin des clichés, et riche en variations sur le thème de la filiation, et empreint d’une émotion extraordinaire, un cousin des Trois Enterrements de votre complice. J’en suis sous le choc et sous le charme !
Merci encore de me l’avoir fait découvrir.
A tout hasard, je signale quelques parutions dans les mois qui viennent dans la collection GAUMONT à la demande:
– Les Casse-Pieds, de Dréville
– Ce Joli Monde, de Carlo Rim;
– Pierre et Jean, de A. Cayatte;
– La Fille Prodigue, de J. Doillon;
– Le Château de Verre, de René Clément;
– Normandie-Nieman, film franco- soviétique de Dréville;
– Lancelot du Lac, de R. Bresson;
– 2 Molinaro: Le Gang des Otages + Arsène lupin contre Arsène Lupin;
– La Maison du Maltais, de Pierre Chenal;
– La Cavalcade des Heures, de Yvan Noé, dont j’ai lu du bien quelque part (mais où ?);
– Passe ton bac d’abord, de Pialat, etc….
Pour ma part, je me rejouis de voir LES CASSE-PIEDS, car j’aime beaucoup Noel-Noel, le Chenal que je ne connais pas et le Clément dont je garde un souvenir moyen.
A André Desages
Je n’ai pas vu la plupart des films en dehors du Bresson. NORMANDIE NIEMEN fait preuve d’un vérisme un peu terne mais fort respectable. Le film est bien écrit et bien joué. La MAISON DU MALTAIS a plus vieilli que d’autres Chenal dans son ambition poétique mais certaines scènes m’avaient paru brillantes. PASSE TON BAC est un très bon. Pialat. .PIERRE ET JEAN est un Cayatte interessant, adapté de Maupassant ce qui est étrange quand on pense que le film est produit par la Continental. La CAVALCADE DES HEURES m’avait paru médiocre. Et je suis curieux de découvrir LE CHAYEAU DE VERRE
Le Bresson est superbe comme la quasi totalité de ses films: une date dans la représentation du moyen age, dans la représentation de l’imaginaire arthurien, dans les liens entre cinéma et Histoire.
J’attendrai le BLUE RAY. Celui d’un CONDAMNÉ est magnifique de même que LES MAUDITS
C’est idiot: je l’ai acheté en DVD car à l’époque de sa sortie je n’avais pas de lecteur « universel ».
Oui, Lancelot mérite a priori le blue ray et j’espère une édition qui n’aura pas le minimalisme de la collection rouge question boni.
Je feuillette le volume II de la Pleiade Gracq et retrouve le texte que consacra le grand écrivain à Lancelot dont il vit le tourange et découvrit le prtemier montage (j’aurais aimé être une petite souris pour voir la rencontre entre ces deux immenses créateurs!):
« l’interdit lyrique, si implacable, si fanatique qu’il soit, ne comporte plus le risque de sécheresse le moindre:la présence poétique, la présence acquise du mythe, à l’arrière plan est si écrasante que, même tendue à se rompre comme c’est le cas, il n’y a aucune chance que la corde cesse de vibrer. Au contraire.De tels sujets ne puvent être que le triomphe du profil perdu ».
Ou encore:
« la lueur finissante du Graal comme un soleil couchnat lui donne sa densité de contre-jour très noir. »
Bonsoir !
Je viens de découvrir la sortie récente d’un nouveau DVD Gaumont, LES REVOLTES DE LOMANACH (réalisé par Richard Pottier, avec Dany Robin et Jean Debucourt).
Que penser de ce film, qui traite d’une période assez peu exploitée au cinéma (il me semble), les guerres de Vendée ? La critique test que j’aie lu évoque une « reconstitution soignée » et une belle dernière séquence.
Existe-t-il un film englobant les guerres vendéennes ? Ce sujet passionnant et épique serait matière à un très grand film d’aventures/historique.
Merci.
A Julien Morvan
Vous avez déjà LES CHOUANS de Henri Calef que j’avais signalé dans une chronique. J’ai un souvenir lointain des RÉVOLTÉS DE LOMANACH que je n’ai vu qu’à la télévision. Le film m’avait paru assez plat et conventionnel mais je veux le revoir. L’assistant en était Claude Sautet qui me disait qu’en entrant dans un nouveau décor, Richard Pottier commençait par demander : « ou est la chaise », ne pensant qu’à faire asseoir ses personnages, ce qui facilitait son découpage
J’ai vu LES REVOLTES DE LOMANACH et j’avoue avoir été déçu. Le Lourcelles en dit du bien, ce qui m’avait fortement incité à le regarder rapidement. Mais à part une certaine composition de l’image (le film de 1955 est en couleurs), je l’ai trouvé assez plat. Le jeu des acteurs est terne. On peut apprécier quelques scènes où Dany Robin découvre le point de vue de l’adversaire.
Je poste ici cet avis d’une amie, sur Polisse :
Pour Polisse, en revanche, je l’ai regardé hier soir et là je ne t’emboîte pas le pas ! Que ce soit une fiction sympa, attachante, agréablement filmée, là je veux bien, après… le prix du jury à Cannes et cette avalanche de bonnes critiques, je ne pige pas trop. Et ça me ramène à la perception de départ que j’ai eue, l’impression, un, que si elle ne s’était pas appelée Maïwen, ex de Besson, elle n’aurait jamais réalisé ça ou en tout cas pas fait un tel bruit, et, deux, que ça ne vole pas plus haut que son premier mari ! Je trouve qu’il n’y a pas de scénario, qu’elle a comme plaqué un fil conducteur, celui de son aventure avec le rappeur, pour faire tenir un docu sur la police, fil narcissique où elle se met en scène dans une prestation de comédienne inepte, personnellement je ne comprends rien à ce jeu autistique affecté qui n’a aucune explication. Ses rapports avec son mari qui pourraient nous éclairer nous obscurcissent plutôt tant ils sont vides. Pour le reste, elle a dû beaucoup regarder de séries policières, principalement les meilleures de TF1, « Les Cordier » and co… Pour moi la veine affective est sur-appuyée, tout amas humain est prétexte à des débordements construits sur le même crescendo facile, on se chipougne, mais au fond c’est Noël tous les soirs à la BGP où tout le monde est beau tout le monde il est gentil ! Sauf à la fin, où on apprend quand même que des fois c’est triste quand la chieuse se suicide et là, au cas où on aurait pas compris le message, on vous enfonce le clou avec un montage parallèle lourdingue, renaissance du petit môme violé par le prof de sport / chute de la chieuse. Mazette ! Franchement, le couronnement de ce film par la critique me semble à l’image du dépérissement culturel, de l’étouffement insidieux de la culture par le mélo sarkozien, voie de « l’affectivité » dont Raffarin ressorti de derrière les fagots vient nous chanter maintenant les mérites sur le plateau des émissions littéraires… Et si l’émotionnel n’a pas sa place méritée dans la culture, et bien qu’il la trouve, mais surtout pas de cette façon ! Tout ça me fait froid dans le dos ! Comme film sur la police je préférais de loin le L627 de Tavernier !
A Caterina
Je vous trouve très sévère, voire méprisante. Je peux retourner des arguments faciment : si elle n’était l’ex de Besson, oseriez vous lui parler comme ça. POLISSE peut être discuté, il y a des scènes inégale, sa méthode (rechercher la vérité, le détail juste) ne marche pas dans les scènes qui jouent sur l’espace mais je trouve que beaucoup de moments sont poignants, qu’on aborde de front des situations que taisent les téléfilms que vous citez (les rapports au Coran). J’aime cette succession de scènes en apparence sans construction qui correspond à la vie de ces flics, au fait que pour eux ca n’a pas de fin, qu’on peut se retrouver devant des personnages qui font voler en eclats toutes les valeurs (la fille qui se prostitue pour son portable, comment est ce qu’on peut la récupérer ?) et il y a des acteurs et des actrices géniales, d’Emmanuelle Bercot (co scènariste) à Joy Starr et Frederic Pierrot que j’ai filmé plein de fois (il débutait dans L 627) et qui est toujours d’une justesse confondante. Et cette jeune comédienne qui joue la maman du bébé mort auquel elle refuse de donner un nom. Le plan des deux femmes flics partant avec le cercueil, je serai fier de l’avoir filmé.
Il est vrai que F Pierrot est un sacré acteur: je l’ai revu récemment dans le formidable Land and freedom où il s’intègre à merveille dans un casting international où chacun apporte une part de sa terre d’origine sous le soleil espagnol, au sein des brigades internationales.
Joey Starr en revanche ne peut que constituer une bonne surprise…
Après je dois avouer que je verrai ce film à reculons…ce n’est que grâce à votre avis positif que j’émets désormais l’hypothèse d’y jeter un oeil compte tenu de vos goûts très sûrs!
Après il faut parfois aller à l’encontre de ses méfiances: ainsi après la réhabilitation d’Assayas via Carlos, je dois avouer que Princesse Marie de B Jacquot (pour la TV aussi) m’a semblé passionnant, un peu comme un complément à A dangerous method de Cronenberg.
POLISSE: Je trouve que Maïwenn doit être une sacrée directrice d’actrices car pour être arrivé à obtenir de tant d’acteurs différents de pareilles performances, il faut le faire! particulièrement dans les quelques colères du film qui sont une figure récurrente. On s’en fout que ça soit l’ex de un tel ou un tel, rien à voir avec le cinoche! Dans les bonus, elle dit d’ailleurs qqch qui a l’air de dire qu’elle pourrait s’être brouillée avec certains, à force de les diriger (c’est à dire de les critiquer dans leurs choix, je suppose). Le film dure peut-être 15 ‘ de trop. Cette cinéaste est très sincère et volontaire. Qu’elle continue sur la même voie et elle va nous sortir un grand chef d’oeuvre.
Rien à voir, mais j’ai revu DOG DAY AFTERNOON et j’ai trouvé rigolo que Pacino interviewé avoue qu’il ne voulait pas de ce rôle au début, parce qu' »avec Lumet, on travaille trop! » et que »Lumet allait être tout le temps sur son dos et que lui, voulait se reposer après LE PARRAIN et faire du théâtre »! Le film résiste au temps en tout cas, c’est un chef d’oeuvre. Il y a d’autres témoignages sur Lumet pour son dernier film (7H58…), qui disent que le tout premier plan a été tellement vite bouclé, qu’ils étaient surpris de passer aussi vite au deuxième. Il avait déjà 82 ans! Dans un bonus de DOG DAY, on le voit crier au porte-voix pour rappeler aux acteurs-flics de garder leurs armes dans le hoslter pour la prise suivante, comme dans le film lui-même on voit l’inspecteur joué par Charles Durning (formidable) crier aux flics exactement la même chose, pour respecter la demande de Sonny/Pacino qui ne veut pas être menacé!
… directrice d’actrices ou d’acteurs, bien sûr…
A Martin-Brady
Entièrement d’accord
Charles Durning est excellent en Président des Etats-Unis dans L’ULTIMATUM DES TROIS MERCENAIRES. Un grand Aldrich, avec exactement la même finalité et les mêmes thèmes que dans ATTACK par exemple, menés avec une honnêteté et une inflexibilité qui ne peuvent que nous rendre admiratifs du réalisateur.
Ses personnages sont prêts à payer le prix fort, de leur vie s’il le faut, quand ils sont engagés dans une voie qui leur semble juste. Dans L’ULTIMATUM, le général Dale (Lancaster) défend une cause noble : la vérité sur l’enlisement au Viêtnam, guerre qui a entraîné des centaines de milliers de morts tout ça pour prouver aux russes que les USA sont capables d’aller jusqu’au bout s’il le faut, à savoir capables d’appuyer sur le bouton… et le président (Durning) ne cautionnant pas les voies politiques choisies par ses prédécesseurs, est prêt à risquer sa vie pour ses propres choix.
Dans ATTACK, le lieutenant Woodruff (William Smithers) ne cède pas à la proposition malhonnête de son supérieur, le lieutenant-colonel Clyde Bartlett (Marvin) qui lui propose de le promouvoir, ainsi que le capitaine Erskine Cooney (Eddie Albert), responsable de la mort de plusieurs dizaines de ses hommes du fait de sa couardise, et que Woodruff a fini par tuer. Il va décider de ne pas accepter ce deal, mais en révélant les magouilles de ses supérieurs militaires, il ira devant la cour martiale.
Je viens de visionner PATTERNS : je vous trouve assez injuste dans votre critique. Certes la mise en scène de Fiedler Cook (qui n’a quasiment fait carrière qu’à la télévision rappelons-le) n’est pas transcendante. Ce qui fait l’originalité de ce (presque) téléfilm, c’est son propos et là il faut rendre grâce à Rod Strerling d’avoir sorti ce sujet il y a 50 ans et qui reste, comme vous le rappelez, très actuel. J’ai trouvé les trois acteurs parfaitement dans leurs rôles et Van Heflin débarquant dans la grande ville pétri d’illusion est assez convaincant. La fin, où la facilité d’un mauvais scénariste aurait fait démissionner le personnage joué par Hefilng, est plus cynique et ambigüe. PATTERNS ne se démarque évidemment pas réellement de son origine télévisuelle mais son propos mérite d’être salué. Et comme le rappelle très justement Alain Carrazé dans les bonus, contrairement au cinéma, la série ou le film télévisé n’est pas vraiment l’oeuvre d’un réalisateur mais bien d’un scénariste… Vu de ce côté, PATTERNS est une réussite.
Et quelle réussite !!!!
Concernant la collection Les Introuvables de WildSide, il faut profiter de la promo Fnac du moment : 13€ le film, et 20€ les 3 pour les adhérents carte fnac.
Concernant Tinker Tailor, je trouve aussi un côté très « m’a-tu-vu » à la version 2011, mais qui en est justement tout l’intérêt, mais je regrette qu’on ne retienne que le jeu de G. Oldman, qui est quasiment monolithique comparé Alec Guinness, beaucoup plus riche, détaillé, humain, et plus « effortless ». En outre, à louer le jeu d’Oldman, on ignore trop les excellents seconds rôles, plus remarquables à mon goût : John Hurt irascible, et toujours excellent, Toby Jobes retors et imbécile, Tom Hardy impétieux et sauvage, Benedict Cumberbatch, qui grâce à son aptitude à changer de tête et de physique dans chaque film saura ne pas rester cantonné à son rôle (jouissif !) de Sherlock, et surtout Mark Strong, tout en force et en sensibilité, qui passe une étape dans sa carrière après avoir fait beaucoup de méchants hollywoodiens, j’espère le revoir souvent dans des rôles de plus en plus subtils et variés !
Pour TINKER TAILOR et SMILEY’S PEOPLE avec Alec Guinness, je viens de les découvrir grâce à B Tavernier. On trouve sur Amazon UK à un prix ridicule (pour 9h de film hors les docs!), le coffret avec les deux réunis. Je me demande comment Alfredson a fait pour résumer en 2h, certes, supprimer des détails, réunir deux personnages en un, mais alors comment ne pas perdre l’essence du truc, faite de labyrinthes et de faux-semblants comme on sait, une philosophie de la vie, en fait… C’est un festival d’acteurs sensationnels, Guinness relègue l’underplaying de Mitchum au rang de cabotinage de fou-furieux hystérique! Il faut le voir réagir à l’agression de deux voyous: on voit sa lèvre supérieure frémir sur un mm. Il n’y a que des st anglais, attention au fameux jargon de Le Carré ignoré par le Harrap’s, et vive le dvd qui permet de faire des pauses ou des retours pour tenter d’y comprendre qqch! (merci Wikipédia) mais ça reste passionnant un régal.
A Martin brady
Je ne peux qu’approuver ces éloges, ayant été fortement déçu par la nouvelle version Et les autres acteurs (Alexander Knox) sont superbes et moins attendus
Alexander Know était un grand monsieur! On le voit déjà dans DAY OF THE OUTLAW… Dans TINKER, la sobriété est de mise, l’underplaying n’est pas que chez Guinness: fameux plan américain prolongé sur Knox où sa paupière basse tremble une ou deux fois sans plus, pour signaler qu’il se sait fini car il s’est rendu responsable d’une énorme connerie (l’affaire tchèque) et Ian Bannen prodigieux (on l’a vu dans THE OFFENCE de Lumet, entre autres) ou Ian Richardson qui semble avoir toujours une tasse de thé à portée de main furieusement british! ou Michael Jayston en chef des « scalphunters » faudrait les citer tous! Ce genre d’acteurs s’impose non par la gesticulation, mais par le contrôle de leur comportement vers plus de retenue, avec patience et modestie, creusant leur sillon (les agents secrets sont supposés masquer leurs émotions…) qui fait qu’ils restent plus durablement dans notre mémoire! Ils sont tout simplement admirables, n’ayons pas peur des mots. Merci, Bertrand de m’avoir signalé cette perle (ou ce collier). Oh! Et l’interrogatoire du seul espion amateur: Michel Lonsdale dans SMILEY’S, par contre là dans l’exubérance étant donné son amateurisme (de son personnage bien sûr). J’étais aux anges du début à la fin, je me suis avalé les 13 épisodes comme qui rigole!
A Martin Brady
Alexander Knox joue dans NONE SHALL ESCAPE, MAN IN THE SADDLE et un autre de Toith mais pas dans DAY OF THE OUTLAW
Le troisième De Toth dans lequel joue Alexander Knox est HIDDEN FEAR en 57.
A B Tavernier: Alan Marshal! et pas Knox! que je sois maudit à jamais.
Je suis un peu moins sévère que vous avec « Patterns » qui se révèle aujourd »hui très prémonitoire de ce que l’on vit en France dans les grandes tours de la Défense et dans toutes les grandes agglomérations. De plus le film est l’occasion pour ceux qui l’ignoraient de découvirer toute la palette du jeu habité de Van Heflin passant du « Rôdeur » de Losey à « Patterns » sans le moindre difficulté. Je vous rejoins sur la lourdeur de la mise en scène mais certains films sont transcendés par leur sujet. Voici la critique du film que j’avais faite en sept 2011:
Par ces temps qui courent de crise du capitalisme les premières images de « Patterns » nous ramènent au temps devenu béni où les hommes étaient seuls aux affaires pendant les femmes étaient tranquillement à la maison à s’occuper de leur intérieur ou cantonnées aux rôles de secrétaires stationnées dans le couloir devant le bureau de leur chef de service vénéré. Mais on déchante vite car cette imagerie bon enfant que l’on aurait tendance à idéaliser de nos jours se fissure très vite. Déjà en 1956 toute la panoplie du harcèlement était en possession des patrons décidés à se séparer d’un cadre supérieur jugé dépassé. On a franchi un pas supplémentaire depuis et comme nous le montre le superbe film de John Wells « The company men » les charrettes son accessibles désormais à tous les échelons de la hiérarchie. Il est symptomatique de constater que dans les deux films pourtant distants de 55 ans, un cadre paye de sa vie la brutalité d’un système auquel il a lui-même adhéré. Le trop sous-estimé Van Heflin qui se trouve placé au milieu de ce jeu de la mort, tentera du mieux qu’il peut de s’opposer à cette machinerie infernale. En vain car rien n’arrête le capitalisme qui se croyait encore triomphant en ces années de plein emploi. Le temps fera son action et le jeune directeur de la production saura ravaler sa rancœur pour se mettre au service de son patron despotique. Le film dont le scénario est écrit par Rod Serling, le fameux créateur de la « Quatrième Dimension », fera un tabac aux Etats-Unis. Il conserve toute sa force aujourd’hui et on peut apprécier toute l’humanité et le désespoir contenus dans le jeu de Ed Begley, magnifique en pauvre bougre conduit à l’abattoir par un patron à la limite du cas psychotique (Everett Sloane qui lui-même se suicidera en 1965). Magnifique même si très académique dans sa mise en scène.
Félicitations pour la mine d’informations et de conseils distillés sur votre blog. Bravo aussi pour vos interventions dans les DVD de toutes sortes.
Cher Bertrand,
Pour avoir vécu le visionnage de Pardonnez moi et du Bal des actrices comme d’injustes punitions, j’ai fui Polisse d’autant plus que la campagne publicitaire n’avait rien de ragoutant (le travail avec les gosses)…mais si vous avez aimé, j’essaierai d’y jeter un oeil quand j’en aurai le temps!
Il me semble néanmoins que ce film célébré pour son originalité vient longtemps après un film qui ,lui, ouvrait effectivement une piste d’investigation inédite: L627 en 1992, vingt ans déjà comme dirait Dumas!
Par ailleurs, il est vrai que le policier à la française semble frémir à nouveau après un passage à vide.Les années 80-90 avaient été pourtant assez riches: Bral, Police (correctement orthographié), Poussière d’ange (très beau film injustement oublié), Corneau, etc…
To Martin-Brady, If you found Barbet Schroeder « truly astonishing » in LA BOULANGERE DE MONCEAU, you must give some credit to Bertrand Tavernier who does the uncredited narration. It works very well and is in no way a violation of Renoir’s stricture about « putting two souls in one body. »
To Mr Rawls: je me souvenais pas que nôtre hôte avait participé à ce film, j’avoue avec mes excuses, je ne me souviens que de Barbet dégustant gâteau sur gâteau… Le film avait été tourné en muet et Mr Tavernier livrait les pensées du héros, à ce que je découvre maintenant…
Hors sujet pour saluer trois disparus:
-le grand P schoenderffer qui n’a apas pu faire tous les films qu’il aurait dû faire et brille au moins dans notre musée imaginaire par La 317ème section et Le crabe tambour.Vous avez parlé, Bertrand, d’un scénario magnifique d’après Conrad…y at’il des chances qu’un tel film voit le jour?
-M Duchaussoy acteur précis et secret qui reste à tout jamais le père épris de vengeance de Que la bête meure pour ne prendre qu’une prestation géniale.
-Moebius qui fut l’inspirateur génial par son univers et ses inventions graphiques de toute la SF des 35 dernières années.Retenons Alien, Blade runner surtout …et taisons le pompage éhonté d’un L Besson!Et Blueberry c’est qd même grand!!!
Concernant Schoendoerffer, une historienne, Bénédicte Chéron, a publié un livre tiré de sa thèse : « Pierre Schoendoerffer », CNRS Editions.
Je viens aussi de voir « L »honneur d’un capitaine » qui est très interessant (évoque la torture en Algérie tout en rendant hommage – comme d’habitude chez le réalisateur – aux vrais soldats, pas ceux qui torturent). A comparer peut être avec « L »ennemi intime ».
Tout à fait d’accord avec vous; Au loin…… est mon film préféré de KAURISMÄKI; j’avais découvert ce cinéaste avec « La Fille aux allumettes », film très sombre (plus que les films de Bergman)dont la dernière scène reste toujours dans ma mémoire;en ce qui concerne « Le Havre » il est particulièrement navrant qu’il n’est rien obtenu à Cannes à part la formule « La Palme du Coeur »;j’ai l’impression que beaucoup de critiques parlent à tort de redites (presque de radotages)depuis « Les Lumières du Faubourg » exactement.
C’est sidérant et consternant.
Eh oui! D’autres en ont fait les frais avant lui:J Campion,Angelopoulos ou Kusturica entre cent exemples ont « eu la carte » puis l’ont perdue pour des raisons mystérieuses.
L’essentiel est que Kaurismaki nous régale de ses films drôles, touchants, intelligents et sophistiqués!Le Havre est une réussite incroyable compte tenu d’un sujet ouvert à tous les excès de bonne conscience et-au final- rétif aux bons sentiments, pudique dans la générosité à l’image de son héros M Marx.
AK ose le conte dans un contexte lourd et particulièrement pesant après (au moins ) cinq années hallucinantes de la vie française et cela n’a pas eu l’heur de palire à certains critiques qui aiment bien le glauque pour le glauque…cela n’a aucune importance!!!
Tout d’abord à propos de Lone Star que j’ai vu il y a quelques années et que j’ai toujours adoré non seulement pour la qualité de sa mise en scène et de l’histoire (le va et vient entre le passé et le présent nous éclaire peu à peu sur l’histoire qui nous est racontée) mais aussi pour ses acteur (notamment Chris Cooper qui est un sacré acteur : une vraie gueule de cinéma vue aussi dans American beauty entre autres)
Concernant Prime cut, je l’ai vu aussi il y a quelques temps et j’avais plus été marqué par le côté série B et trognes « patibulaire » et surtout par le jeu (surjoué mais c’est son jeu d’en faire des tonnes) de l’immense Lee Marvin (ah ces chaussures blanches dans le film). Pas un chef d’oeuvre donc mais à voir car ensuite effectivement cela s’est beaucoup gaté pour Ritchie (je n’ai pas vu L’ile sanglante mais il a pratiquement fini avec Fletch et surtout Eddie Murphy dans l’enfant du Tibet ???!!!)
Enfin, je ne conseillerais que trop le dernier film de Jeff Nichols « Take Shleter » avec un immense acteur (Michael shannon deja remarqué dans Bug de Friedkin) et surtout cette histoire de paranoia et cette fin où l’on ne sait plus trop où se trouve la réalité et surtout qui sont les fous ?
A propos de C Cooper, je ne peux que conseiller l’incroyable Adaptation de S Jonze que je préfère à John Malkowich car plus virtuose encore.Il y joue un rôle de héros de roman particulièrement charismatique, le versant fictionnel du shériff réaliste de Lone star.
Mille fois oui à votre dernier §: Take shelter est un film impressionnant qui habite longtemps après le visionnage et M Shannon s’avère un très grand qui réussit à s’imposer avec une remarquable économie de moyens.
Les deux complices avient déjà fait merveille lors de Shotgun stories (rôle qui n’a rien à voir)et dans la foulée on avait pu avoir confirmation de sa singularité dans Bug, la résurrection de Friedkin en cinéaste qui compte.
Si on ajoute sa belle prestation dans un second rôle des Noces rebelles (film sur lequel j’avais un a priori et qui finalement m’a semblé très beau, déchirant) ou sa fulgurante apparition dans le dernier Lumet, on voit se profiler un acteur très racé qui devra néanmoins veiller à élargir sa palette.Il me semble dans la lignée de W Dafoe ou C Walken, deux acteurs que j’aime énormément.
Bonjour,
A propos de LA TAUPE, je peux partager votre avis. Pour autant, je trouve le film toujours très beau (une superbe photographie) et très bien mis en scène, malgré quelques scènes un peu pénibles. La fin me semble très réussie et l’idée de prendre la version de « La mer » par Julio Iglesias très bonne. Cela créer un final magnifique.
En tant qu’admirateur d’Alec Guinness, je ne peux que me réjouir qu’il existe une version avec lui. Mais peut-on trouver ce film en DVD dans une version sous-titrée français ?
A Julien Morvan
Je crois que les deux films SMILEY’S PEOPLE et TWINKLE TAILOR n’existent que dans une version sous titrée anglais. A vérifier sur AMAZON UK. Je les trouve moins prétentieux, moins m’as tu vu que la nouvelle version malgré ses recherches picturales. Et Guinness bien sur…
Le film de T Alfredson n’est quand même pas si prétentieux que cela.Certes la mise en scène est très visible par moments que ce soit par les cadres dans le cadre, par le choix photographique de filmer Londres comme une ville de l’Est, par les effets de rupture dans le montage…mais il y a bien un metteur en scène derrière la caméra.
J’ai retrouvé le roman de Le Carré dans ce film au moins autantaque dans La maison Russie ou The constant gardener qui offraient des options différentes.
J’aime beaucoup les Jason Bourne mais à l’heure de cette technicité outrancière, cela fait du bien de revoir un récit daté où le temps existe encore…impression un peu semblable à celle éoprouvée lors de la découverte de Zodiac où l’enquête ne marchait pas à la vitesse d’internet.
Je ne doute pas que Guiness soit grandiose mais Oldman n’est qd même pas mal!
Accessoirement, après avoir enfin vu la version Alfredson, j’ai trouvé Oldman très subtil dans l’interview à expliquer que la série BBC était géniale, Guinness sublime, mais que « sa » version du personnage est au-dessus! (je ne cite pas à la lettre, je triche un peu mais c’est entre les lignes à mon avis) Je voudrais bien être sûr que je me fais des idées sur la duplicité de Gary! Le film de Alfredson est superficiellement lourd et obscur, l’idée de « La Mer » est géniale (Le Carré?), curieux qu’ils aient pas repris à la fin le coup du briquet subtilisé par Karla. Aussi, quand je pense à l’obscurité de cette histoire, je me demande ce que les spectateurs qui n’ont jamais ni lu le roman ni vu la série BBC, ont pu comprendre qqch à ce sac de noeuds! Une certaine incompréhension va dans le sens du film, mais à ce point, je sais pas…
Etant donné le succès, ils vont adapter SMILEY’S PEOPLE, encore une fois, le 2ème bouquin HONOURABLE SCHOOLBOY devrait ne pas être adapté.
I don’t know that this will change any opinions in the PRIME CUT debate (plus you can only review the film that’s in front of you, not what’s behind it)but this film has always reeked to me of some sort of studio interference. The short running time (86mins on American DVD), the vanishing of some of the more bizarre scenes which randy young Americans (Present!)had been vouchsafed in PLAYBOY prior to the film’s release, and most particularly that grotesquely sentimental ending, contradicting the cynicism prevalent in the previous eighty minutes. The production company Cinema Center Films shut down in 1972, the year of PRIME CUT »S release. These being the same distinguished characters who withdrew financing of Lindsay Anderson’s « …if » six weeks before first day of shooting, it’s easy to imagine them instructing Ritchie and company one Thursday morning that they were to going to have to wrap it all up by Friday night. I can’t prove this but I think it would explain a good deal of what we see and don’t see.
A Michael Rawls: toujours précieuses, vos précisions cher Mr Rawls, même si vous ajoutez qu’il s’agit d’hypothèses! En fait, Bertrand Tavernier a raison d’insister sur le fait que Ritchie nous a déçus par après parce que nous l’avions peut-être placé haut mais après tout pas trop haut, Downhill Racer, son meilleur, même supérieur à The Candidate, était fascinant, pourtant il n’y a rien qui m’ennuie plus que les courses de ski!Il est très possible que CCF ait charcuté Prime Cut (par respect du sujet?) mais enfin, Ritchie a complètement démissionné après. Dommage.
Le succès (?) de Take shelter, superbe film apocalyptique à mon avis aussi beau que Melancholia, permettra de rattraper en DVD Shotgun stories que j’avais vu à sa sortie et qui m’avait fait penser au choc de Badlands alors que j’ignorais totalement sa connivence avec T Mallick.Voyez le DVD de toute urgence!
Il faut encourager l’excellent et ambitieux éditeur qu’est Potemkine pour son travail sérieux et sans esbrouffe et se procurer par exemple le coffret Angelopoulos histoire de vérifier la grandeur, l’ampleur rare de ce cinéaste mort à un moment étrange et barbare de son pays magnifique, pays auquel nous devons tant, nous devons tout!
Suite (erreur de manip…) : belles sequences en hommage a Hitchcock… Bref, un film a voir et qui m a fait penser, moi, toute proportion gardée (parce que c est un chef d oeuvre) à une tentative de version us du Get Carter avec Michael Caine .
Je rejoins les commentaires elogieux concernant prime cut et pour une fois, Dieu me pardonne, je me désolidarise de BT ! Il y a une violence encore très dérangeante dans le film (toute l ouverture, la découverte des parcs à filles dans la grange, la scène où l on découvre la fille violée dans l’hotel sordide et les pièces qu elle relache), Marvin, Hackman et autres sont tres bons, musique réussi t diverses sequences
Mrs Parker and the vicious circle n’est pas le plus spectaculaire des films chroniqués plus haut mais c’est l’un des plus beaux car il sait rendre passionnant et dynamique un sujet a priori peu cinématographique: d’interminables joutes oratoires entre lettrés qui ne cessent de se mettre en scène. Cela aurait pu être statique et un peu languissant mais cela devient vibrant grâce à un travail sur l’espace très précis, sur une manière chorale de capter le fonctionnement d’un groupe d’intellectuels tout en nous faisant connaître chacun (Rudolph n’est pas pour rien un cinéaste inspiré par Altman).Les dialogues et l’interprétation sont de haute volée et le cinéaste ne cherche jamais à simplifier le propos nous obligeant à une immersion, à une attention rarement sollicitées au cinéma.
Le travail sur la couleur dans mon souvenir est très raffiné.
Comme je vous le disais il y a qqs temps seuls qqs rares titres me semblent aller sur ce terrain complexe : le génial Edvard Munch de P Watkins, certaines parties de Reds de W Beatty,Bright star de J Campion et certains passages de An angel at my table de la même cinéaste.
Par ailleurs, j’aime beaucoup A Rudolph même certains films vus (L’amour poursuite?)n’avaient pas le charme persistant de Choose me,Wanda’s café ou Remember my name.J’ai un souvenir très confus de The moderns qui semblait un brouillon de Mrs Parker…par l’exploration du Paris artistique des années 20 tant l’époque donnait dans le chromo ou le cliché, à la manière de W Allen dans Minuit à Paris (mais dans ce cas c’est une vertu car on est dans le conte fantaisiste).
Rudolph est plus proche de D Parker et du vicious circle que des artistes cosmopolites et échoue comme échoua P Kaufmann pour Henry and June.
il faudrait comparer les scènes de discussion dans Reds et celles de Mrs Parker pour comprendre l’effervescence intellectuelle américaine des 30 premières années du XXème siècle.
Par ailleurs, JJLeigh est une sacrée actrice qu’on ne voit hélas plus.j’avais été frappé la première fois que je la vis dans Flesh and blood de P Verhoeven où elle dégageait une sensualité incroyable.D’où ma surprise de la voir dans des rôles très différents tels celui du B Schroeder dont j’ai oublié le nom (une histoire de femmes qui semblent se confondre l’une en l’autre)L’une des meilleures actrices de sa génération avec H Hunter et J Davis.
Complètement d’accord avec Ballantrae à propos de Jennifer Jason Leigh : c’est une sacrée actrice. Le film était Single white Female de B. Shroeder que j’avais beaucoup aimé à sa sortie mais que j’ai vu récemment et qui m’a paru daté. Mais JJ Leigh est formidable en psychopathe.
Oui, c’est cela Single white female ( JF partage appartement in french!)qui était habile comme souvent l’est B Schroeder aux USA: L’enjeu, Barfly etc…sont des films assez intéressants que je préfère peut -être à More ou Tricheurs.
JJLeigh y était particulièrement étonnante dans le côté border line: petite chose fragile se transformant en danger si je ne m’abuse…
A Ballantrae
Tout à fait d’accord. Mais il y a aussi la VIERGE DE MEDELIN et L’AVOCAT DU DIABLE
Bertrand, il s’agit de la Vierge des Tueurs, en fait, mais Schroeder est vraiment étonnant, depuis la nouvelle vague et La Boulangère de Monceau où il est acteur, et comment il s’est bien adapté aux USA! Je trouve que même un polar de série comme Kiss of Death était très honorable (je l’ai vu trois fois, du vice!), Cage jouait un méchant terrifiant sans lever le petit doigt, il y avait de très bons acteurs: Caruso avant qu’il ne sombre dans la série TV, SM Jackson et surtout Michael Rappaport, vraiment excellent en fripouille cauteleuse et lâche. Maîtresse et Von Bulow m’ont laissé froid mais Amin Dada, La Vallée (très intelligent) sont à voir, jamais vu More à cause de son succès (je dois être un peu snob). Je voudrais revoir Tricheurs avec Dutronc et Bulle Ogier, qui est le film le plus intelligent sur le jeu, parmi ceux que j’ai vus, les deux acteurs sont formidables (je l’ai vu grâce à Claude-Jean Philippe et son émission Le Cinéma des Cinéastes, disparue…). L’Enjeu était hystérique mais au moins, il allait jusqu’au bout de son propos absurde, grotesque, invraisemblable… Je vais tenter de découvrir Jeune Fille Cherche…
Toujours avec Jennifer Jason Leigh, avez-vous vu THE LAST EXIT TO BROOKLYN (1989) d’Uli Edel, adapté du roman d’Hulbert Selby Jr ?
J’ai pour ma part diversement apprécié ce film qui verse un peu trop dans le glauque (la dernière scène de viol est à la limite de l’insupportable). La mise en scène fait parfois penser à un clip à rallonge (mode des années 80 avec effets de lumière…) ce qui a aussi fait vieillir le film.
Sur la ville « ogresse » de New York et pour rester dans les années 80, je préfère AFTER HOURS (1985) qui est pour moi un des films majeurs de Scorcese et dont peu de personnes parlent. On y sent plus que dans tout autre film, je trouve, l’influence d’un de ses maîtres : Michael Powell. Et pour une fois chez Scorcese, on échappe au milieu italo-américain…
A DAMIEN
Pas vu LAST EXIT malgré mon amour pour Jennifer Jason Leigh mais en revanche j’aime bien AFTER HOURS qui est, en effet, assez oublié
Dans la catégorie « Scorsese oubliés », je garde en très haute estime BRINGING OUT THE DEAD, que je trouve magnifique en tous points. Avec de petits détails croustillants comme celui de la voix du répartiteur pour les ambulanciers, qui n’est autre que celle de Marty. Certaines trouvailles de montage de Schoonmaker sont inoubliables et quelle bande son ! Avec TAXI DRIVER et AFTER HOURS, on obtient un beau triptyque sur New York by Night…
Plusieurs titres de Aki Kaurismäki, dont « La Fille aux allumettes » et « Au loin s’en vont les nuages », sortiront à l’unité et à petit prix le 21 avril, en même temps que « Le Havre ». Ceux qui aiment Kaurismäki et qui n’ont pas eu les moyens d’acheter le coffret se réjouiront (et Dieu sait si j’en fais partie!)
Priorité à Au loin s’en vont les nuages,La fille aux allumettes,L’homme sans passé et Juha…mais le reste est très bien ou au moins amusant (les Leningrad cowboys 1 et 2 relèvent de la pochade rigolote et dispensable).
Le Havre, n’en déplaise par ex aux Cahiers est un beau film récapitulatif qui, en même temps, réussit la greffe française remarquablement.Le sujet social est traité avec une pudeur rare.
Ce type est un sacré cinéaste et l’un des cinéastes les plus drôles qu’il m’ait été donné d’observer ( B Keaton doit avoir un lien de parenté avec lui vue son impassibilité…).
Je ne sauverai pas non plus forcément JOHNNY EAGER qui m’a paru assez faible lors de sa vision et très statique (mais effectivement c’est peut-être le meilleur de sa période MGM : c’est dire !).
L’interprétation y est très moyenne (je me souviens de Lana Turner citant Edmond Rostand, ce qui est assez marrant…). La fin est une sorte d’auto-remake de celle de LITTLE CAESAR. Bref, rien de bien enthousiasmant. Les Le Roy les plus visibles restent ses films d’avant guerre.
A Damien
Vous n’avez pas tort
J’adore THE KREMLIN LETTER !!
La meilleure et la plus ironique parodie du genre « espionnage » que j’ai vu, et puis il y a une belle brochette de superbes acteurs qui ont eu l’air de bien s’amuser.
Mention spéciale à George Sanders
Tiens cela me donne envie de le revoir…
John Huston, dans tous les genres qu’ils a abordé, a fait parfois dans la transcendance (carrément) … avec l’équipe, l’inspiration.., ce film fait partie ainsi que LE MALIN, L’HOMME QUI VOULUT ETRE ROI, QUAND LA VILLE DORT, DIEU SEUL LE SAIT, UNDER THE VOLCANO … et BEAT THE DEVIL de ma base cinéphilique inaltérable …
Correctif
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Plutôt qu’ UNDER THE VOLCANO c’est à LA NUIT DE L’IGUANE que je pensais…
Rajoutez Promenades avec l’amour et avec la mort,Reflets dans un oeil d’or, Le trésor de la Sierra Madre et Fat city (revu récemment sur TCM: pas pris une ride…)qui sont des chefs d’oeuvre dans leurs genres respectifs!
Tout à fait d’accord avec vous au sujet de « Prime Cut » de Michael Ritchie, qui, en dépit d’un casting impressionnant, s’élève à peine au niveau d’une série B et prend par moments des allures de nanars (la scène inaugurale pendant le générique notamment avec le tueur transformé littéralement en saucisses…). Le film est d’autant plus décevant que sa filiation avec « Point Blank » de John Boorman est évidente : outre la présence de Lee Marvin au générique, un personnage qui règle ses comptes avec son passé et, sur le plan de la mise en scène, une même nervosité lors des scènes de violence. Un point positif tout de même que vous n’avez pas mentionné : la très belle musique de Lalo Schifrin qui transcende à elle seule cet ensemble somme toute assez anecdotique.
Vous commentez fort justement toutes les qualités de the kremlin letter qui m’avait sidéré par sa brutalité lors du premier visionnage quand j’avais 11 ou 12 ans (époque où mon horizon du film d’espionnage s’arrêtait à James Bond…LE CHOC!).
En dehors du récit magistral proprement dit, la mise en scène est d’une redoutable efficacité avec ese choix de couleurs qui vont à l’encontre des tons ternes liés généralement à l’Est lors des scènes de nuit forcément placées sous le signe du vice.Huston est très fort quand il semble promettre du spectacle et l’annule d’un coup, quand il nous amène à nous attcher à un personnage avant de l’escamoter.C’est du J le Carré au cube!!!
En revanche, je vous trouve dur avec l’adapatation de La taupe que j’ai trouvée plus qu’honorable: par moments brillante! Il est vrai que je ne connais pas la version BBC et que la reconstitution au début sent l’ostentation contrairement à de nombreuses oeuvres qui jouent le revival 70’telles Carlito’way de B de Palma ou certains James Gray pour ne prendre que le meilleur de cette veine.
Peut-être qu’il ne faut pas juger « prime cut » sur son scénario et ses invraisemblances, mais plutôt comme un ovni « POP », comme il y en a eu quelques autres à cette époque. Quand Hackman, à la fin, poignarde Lee Marvin avec une saucisse, il fallait quand même oser et on peut même y voir un genre de poésie foutraque… En outre, la peinture des bouseux (texans il me semble) n’est pas sans rappeler « Délivrance ». Visuellement, le film peut être assez saisissant, je pense à cette scène magnifique d’orage sur la route. Les rapports entre les deux frères vraiment très étranges. Casting formidable. Lee Marvin aussi mémorable que dans « point blank ». L’introduction, je trouve, dans l’abattoir, est formidable. Foutraque et en même temps ça dit quelque chose de très fort : on est de la viande. Et ce sera développé par la suite, avec les filles vendues comme des cochons…
Sur le sujet « on est de la viande », délaissons PRIME CUT et allez tous voir au cinéma BULLHEAD, ce très bon polar agricole flamand qui allie bon scénario, justesse de l’interprétation et de la mise en scène, superbe photographie et musique : un petit chef d’oeuvre pour un premier film…
Avec des films comme BULLHEAD, ANIMAL KINGDOM ou DRIVE, le film noir contemporain est en pleine forme…
On peut aussi aller voir ces films sans pour autant délaisser « prime cut »… qui vaut (pas seulement pour moi) son pesant de saucisses, qui est une vraie curiosité réjouissante, inclassable, ce qui est plutôt rare. Y souffle un vent de liberté, quelque chose aussi de très grinçant à propos d’une certaine Amérique, une mélancolie, celle d’un Lee Marvin vieillissant, désenchanté depuis longtemps, rencontrant la virginale, diaphane Sissy Spacek déjà abondamment souillée par la vie (comme elle est belle cette scène dans le restaurant où elle porte une robe transparente et comme elle est forte et complexe au niveau des émotions, des sentiments), une grande drôlerie aussi, tout ça simultanément. Les invraisemblances du scénario sont parfois tellement grosses qu’elles peuvent aussi nous dire que ce n’est pas le plus important, ici, le scénario, qu’on ne va pas alors se mettre à chipoter sur tel ou tel détail et se mettre à dire : ça ne se peut pas. On ne nous vend rien. Après, soit on est embarqué, soit on ne l’est pas… En parlant d’ovni Pop, j’ai essayé de rattacher « prime cut » à d’autres films de la même époque… Je n’en ai trouvé aucun… Peut-être que je n’en ai pas vu suffisamment… J’ai pensé un moment à Romero, mais non, pas le même trip, comme on dit… Contrairement à M. Tavernier, j’ai beaucoup aimé la scène de poursuite avec la moissonneuse batteuse, un cliché hitchcokien recyclé… Une citation… Une façon un peu désinvolte de dire : Pourquoi inventer de nouveaux clichés alors que tout a déjà été fait magnifiquement et peut-être définitivement par d’autres? Et tant d’autres choses… Le réduire à une vulgaire série B? Pourquoi pas. Il y en a de très bonnes.
A JC Freycon: un coup de main? Quel carnage avec Prime Cut! J’ai vu le film à sa sortie et sur une chaîne de ciné plus récemment, ma révision m’amena à me surprendre des invraisemblances que j’avais oubliées: Lee Marvin libère toutes les jeunes filles pensionnaires d’un orphelinat au grand dam de la méchante directrice qu’il ridiculise! Bref. Je préfère me souvenir de l’impression continuelle sans doute venant des scènes avec Hackman de la présence de la viande, de tout ce qui est corporel, organique, physique, le pauvre type transformé en saucisses que l’on va flanquer dans une boîte en carton dont je me souviens qu’elle est à peine ficelée, ce mépris pour la chair vivante, cette fascination pour la chair morte, ça aurait dû être tourné en Odorama! Les deux imbéciles de frères bouchers en gros, je crois, n’existent que par le peu de poids de leurs hémisphères cérébraux et leur méchanceté, se jouent des tours crétins (Hackman donne de l’acide à son frère pour mettre sur une blessure, en lui disant que c’est un liniment qui va calmer ses douleurs! très drôle), en fait, pas de thématique mais des impressions, pas d’ambition mais l’envie d’installer une ambiance (qui est aussi une ambition, certes pas bergmanienne) je m’étais dit à l’époque que c’était peut-être aussi ça, le cinéma, arriver à mettre sur pieds un système, certes d’images plus que d’idées, mais que au moins, ça reste harmonieux et singulier! Ou alors, on méprise Carnage/Prime Cut comme on mépriserait Le Crocodile de la Mort de Tobe Hooper! Et on a tort! Je me rappele aussi d’une superbe attaque avec des tueurs qui surgissent révélés par des travellings vifs, armés de mitraillettes et de mauvaises intentions, qui m’avait paru mériter son pesant de biftek (1er choix!)! Au fait le film s’appelait Carnage à sa sortie en France, d’où mon jeu de mots (fameux convenez-en) plus haut.
Jean-Charles, « délaissons » était dans le sens « pour passer à d’autres films »… car moi aussi j’aime assez PRIME CUT et souvent pour les mêmes raisons que vous. On peut effectivement prendre plaisir à voir un film sans qu’il soit pour autant dit « parfait » (Quentin Tarantino par exemple nous le rappelle souvent par sa cinéphilie).
Ce film a l’air vraiment curieux et me rappelle furieusement un Boisset qui ne tenait pas trop la route mais était riche de promesses: Canicule avec…Lee Marvin, poursuivi par une moissonneuse dans un champ de blé très français.Casting bizarre (Carmet, Miou Miou, Lanoux…)et volonté de franciser ce qui devait être un polar américain je suppose (je n’ai pas vérifié).
L’histoire des saucisses tueuses ne me donne pas trop envie ni l’acide/liniment: tout cela semble jouer sur le grotesque uniquement.
Par contre Rubber que j’ai vite expédié pourrait vous plaire avec son humour qui se veut avant tout bizarre. Imaginez: un pneu tueur psycho killer roule et tue dans le désert tandis qu’un groupe( choeur antique ?????) de spectateurs regarde avec ses jumelles ces exactions grotesco gores.Et quoi d’autre????Ben, à moins que j’ai loupé les troisième ou quatrième degrés, rien de plus!!!! C’est par moments pas trop mal fichu mais cela a pu être écrit après une soirée bien arrosée ou parfumée à la cigarette qui fait rire…
A Martin Brady : Vous me rassurez. Je n’étais donc pas le seul ici à trouver un certain charme à ce CARNAGE. Je m’étais dit aussi, mais trop tard j’avais déjà appuyé sur le bouton « envoyez » et je ne voulais pas trop m’appesantir : Si, en fait, je peux rattacher ce film à deux autres films, et je vois même les 3 comme une sorte de trilogie, une sorte de voyage au bout du désenchantement de l’absurdité et du dégoût : « The Killers » (Siegel 64), « Point Blank » (Boorman 67) et « Prime Cut » (Ritchie 72). Ça peut paraître tiré par les cheveux, mais je ne peux m’empêcher de voir Lee Marvin, immuable, minéral, le plus glorieux peut-être bad boy du cinéma américain, qu’on a commencé à adorer détester avant de l’adorer tout court, traverser les trois films comme si c’était le même film, un peu comme dans la divine comédie, il change de cercle et c’est de plus en plus chaotique. Il me semble aussi que 1964 est l’année où a été votée une lois anti-trust qui a changé totalement la donne pour les grands studios hollywoodiens et que le cinéma a changé alors aussi pour cette raison-là, pas seulement parce que les géants étaient fatigués ou que c’était dans l’air du temps. 1964, c’est le dernier western de Ford, le dernier film (et western) de Walsh, la fin, même si ce n’est peut-être pas aussi tranché que ça, d’un certain cinéma, d’une certaine grandeur aussi on dira. Et 1964, c’est aussi « The Killers », de Siegel, avec Lee Marvin. Là, commence l’errance du Héros après l’âge d’or. Et le Héros, ce n’est plus Gary Cooper, plus John Wayne ni James Stewart, c’est Lee Marvin. Et cette période, d’une petite dizaine d’années, c’est une sorte de transition, comme je vois les choses, une période bouillonnante où on expérimente plein de choses, avant l’émergence, pour le meilleur et bien souvent le pire, des cinéastes dits du « nouvel Hollywood ». (Encore une fois, ce n’est peut-être pas aussi tranché que ça.) Du coup, cette trilogie fantasmée peut être émouvante pour bien des raisons et « Prime cut » a son importance aussi dans cette petite histoire-là, même si c’est un cul-de-sac, ce film, une aberration, une monstruosité comme la Nature aussi parfois en produit, c’est à la fois un maillon essentiel. Il n’a pas à être un chef-d’œuvre. Il a juste à être là. S’il n’y était pas, il manquerait quelque chose, selon moi.
A Damien Doussin : Pardonnez-moi, je vous avais mal compris.
A tous
Désolé de ne pas être d’accord mais PRIME CUT malgré les traits singuliers dus à Ritchie et non au scénariste annonce deja ce que deviendra la carrière de ce cinéaste qui après le second Redford ne retrouvera un ton personnel que dans SMILE et quelques moments trop rares de BAD NEWS BEAR. N’oubliez pas qu’on le mettait haut un moment
J’avais vu The Bold And The Brave sur une chaîne de ciné il y a quelques années et votre avis confirme que je n’avais pas tort de le trouver singulier, merci! C’est l’un des meilleurs rôles de Mickey Rooney que j’adore dans ses rôles dramatiques des années 50. Le personnage du puritain (Preacher, Don Taylor)est très bien vu, en plus j’adore voir Wendell Corey sur un écran…
Je voudrais pas jouer au grincheux, mais franchement les dvd Wild Side les Introuvables à 25€, c’est vraiment trop cher! Et même décourageant, de quoi vous pousser à aller sur les sites étrangers y chercher les zones 1, comment font-ils pour se fixer à des prix aussi élevés c’est même un mystère pour moi! Le coût se retrouve-t’il plus sur les maquettes ou les bonus? Par pitié qu’ils fassent des présentations soviètiques dans ce cas, pas de souci. Ils semblent même avoir abandonné leur collection Pocket, plus économique!
Vous me donnez envie de revoir Lone Star, il y a un autre film de Sayles qui se fait introuvable, c’est City of Hope, que tout le monde loue comme son meilleur film, à mon grand dam je l’ai toujours loupé, dvd épuisé (aux dernières nouvelles).
a Martin Brady
Bonjour Mr Brady.
Bertrand Tavernier m’a fait passer votre mail qui me surprend un peu.
A toutes fins utiles voici quelques indications de tarif appliqués dans les Fnac, sur Fnac.com et sur notre site de vente http://www.wildside.fr (ils ne sont en vente que dans ces magasins là) :
-Introuvables simples (1DVD) : 14 € 99
-Introuvables doubles (2 DVD) : 19 € 99
La seule collection qui chez nous est à plus de 25 € est Classics Confidential (Livre + DVD) qui est vendue à 29 € 99.
N’hésitez pas à m’écrire directement si vous avez des questions concernant nos éditions.
Cordialement
Manuel CHICHE
WILD SIDE FILMS
42 rue de Clichy
75009 Paris
France
http://www.wildside.fr
Tout à fait exact, après échange avec Mr Chiche, je dois dire que je me suis basé sur les prix affichés par AmazonFR, sur lequel des vendeurs dits « Marketplace » mettent les dvds WS en vente à des prix prohibitifs (en gros, 25,00€), AmazonFR ne vendant pas elle-même directement ces dvds. C’est quand même trompeur! Je me demande par ailleurs comment ces vendeurs peuvent-ils croire arriver à les vendre à ces prix-là! Préférons les acheter à des prix normaux!
Toutes mes excuses mais je préfère de loin m’être trompé…
Bonjour,
Concernant les prix pratiqués, je suis bien d’accord avec Martin-Brady. J’ai encore été me promener à la FNAC de Rennes tout à l’heure, le DVD collector Classics Confidential de STORY OF G.I. JO, avec Robert Mitchum, est vendu à 40€. Il en va de même sur le site internet Fnac.com (39€). On est loin des prix proposés par Wild Side. Trop cher si on achète très souvent des DVD et que l’on veut en voir un maximum. Même si dans ce cas précis, il s’agit d’un bel objet (ce même DVD collector de LA CHEVAUCHEE DES BANNIS était sublime).
A Julien Morvan: je ne parlais que des prix de AmazonFr, vous êtes sûr pour GI Joe chez Fnac Rennes? J’ai bien regardé selon les indications de M Chiche seul Cat Dancing+Convoi Sauvage est au prix que vous donnez mais il y a deux films. Je fais gaffe à ce que je dis, m’étant gourré une fois! Je crois que le prix du dvd est libre en France, il n’y a pas eu de loi Jack Lang sur le dvd comme sur le livre (prix unique, 5% seul de remise autorisée), et c’est pas demain la veille!
Sinon, allons sur le site de Wild Side, il y a des promos parfois!
Bonnes emplettes à tous…
Concernant la politique tarifaire de la Fnac, G.I. Joe était bien à 29.99€ au PRIX VERT lors de sa sortie. N’étant plus au prix vert, il est passé effectivement à 39€.
Vous pouvez trouver ce titre à 24.98€ sur amazon.fr, qui est vraiment le meilleur site de vente, avec des conditions de gratuité pour la livraison défiant toute concurrence…
Merci de votre attention Bertrand. Oui, la Fnac a tendance a augmenter ses prix un peu vite mais sur http://www.wildside.fr les prix sont maintenus au prix vert Fnac tout au long de l’année + les promis (nous pouvons les faire car pas de remise à effectuer auprès des distributeurs).
Merci pour tout.
Manuel Chiche
City of hope est très bien notamment sur le plan social, par son côté polyphonique aussi (tellement plus juste que le outrancièrement célébré Collision de P Haggis, meilleur scénariste que cinéaste!) mais Lone star est sûrement encore plus abouti par son matériau mythique démystifié, par sa structure complexe, par son casting haute couture ( y compris les brèves apparitions de Kris Kristofferson tjs aussi ancré dans le paysage américain après Pat Garett, Heaven’s gate).Je les ai vus il y a fort longtemps et ma mémoire devient un peu floue.
Ouah! Quelle chronique riche!!!
Il va falloir la relire pour dialoguer autour du grand Kaurisamki, du film de Tourneur, du magnifique coup déclat liminaire de J Nichols (qui a confirmé son talent hauta la main avec Take shelter), etc…
Je commence par votre question finale qui concerne un titre assez anecdotique à mon goût: le film est au début assez rigolo mais devient vite , à mon sens , un exercice décalé trop longuement étiré et un peu trop autosatisfait pour convaincre du bien fondé du projet.Un esprit canal+/inrocks un peu agaçant, je trouve…mais ce n’est qu’une opinion! G de Kervern et son acolyte me convainquent un peu plus notamment avec Louise Michel.
Dans le coffret Kaurismaki, signalons un titre qui lui me semble un exercice de style très réjouissant de bout en bout: Juha film muet et N et B qui, bien avant The artist (et à mon avis de manière plus amoureuse) savait ressusciter la magie du muet.Un titre moins connu du grand AK qui effectivement avec Le Havre a fait un nouveau chef d’oeuvre dans une carrière qui n’en est pas avare!