Duvivier, Litvak et des documentaires
16 août 2015 par Bertrand Tavernier - DVD
JULIEN DUVIVIER
Je tiens PANIQUE pour un chef d’œuvre qui figure avec LA BELLE ÉQUIPE, VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS, LE PAQUEBOT TENACITY, LA FIN DU JOUR dans le Panthéon de Duvivier et du cinéma français. J’oubliais LA TÊTE D’UN HOMME. Il faut saluer dans PANIQUE la magistrale utilisation du décor, avec un sens de l’espace inouï, une manière de jouer sur les perspectives, les diagonales qui laisse pantois. Le propos est âpre, dur envers une France veule où les honnêtes gens sont prompts au lynchage (il y a un boucher poujadiste de la plus belle eau et une prostituée forcenée). Seuls émergent le policier mais qui semble débordé dans les séquences finales et un peu le propriétaire du bistrot. Viviane Romance (remarquable) est moins garce que dans LA BELLE ÉQUIPE. Ce qu’elle fait est abject mais elle le fait par amour (pour l’horrible Paul Bernard, le vrai coupable) et on sent affleurer chez elle des doutes, l’ébauche d’un remords. Très belle musique de Jean Wiener avec une chanson de Jacques Ibert qui écrivit une si belle musique pour GOLGOTHA.
LE DIABLE ET LES 10 COMMANDEMENTS est une œuvre finalement sous-estimée. Elle est inégale, le sketch avec Françoise Arnoul (certes qu’on voit nue de dos) et Micheline Presles est sans intérêt, celui avec Aznavour pauvre et le personnage de Michel Simon est terriblement répétitif. Les chutes sont faibles et le commentaire du Diable fort peu efficace. Mais Fernandel en Dieu est impayable (terrible conclusion, bêtasse), l’affrontement Darrieux/Delon royal et Louis de Funès casse la baraque en Suisse braqueur de banque, pendant que Roquevert, moment typique d’Audiard, est un flic qui regrette l’Occupation où on pouvait incarcérer les innocents sans problèmes. Ces trois histoires sont fort bien mises en scène et Duvivier dans la première réussit de jolis plans en prenant comme pivot les cornettes des sœurs.
Quelle meilleure manière de rendre hommage à Philippe de Broca que de revoir LE BOSSU, la meilleure adaptation du roman de Féval, avec des duels très bien réglés par Michel Carliez, Auteuil, Luchini et Vincent Perez éblouissants et de magnifiques dialogues de Jean Cosmos (le scénario est co-écrit avec Jérome Tonnerre et il propose des tas d’idées astucieuses). Marie Gillain est la meilleure Aurore de Nevers et Philippe Sarde a écrit une belle musique dans laquelle il glisse une des chansons du JUGE ET L’ASSASSIN, la Complainte de Bouvier.
UN DE LA LÉGION de Christian-Jaque est vraiment visible avec des passages vraiment marrants (Fernandel parlant de l’aérophagie et mangeant un œuf dur pour montrer ce qu’il faut faire). Le Vigan joue sérieusement et sobrement et le ton change brusquement. Vecchiali y voit un chef d’œuvre, un des plus beaux témoignages sur l’armée de métier et l’un des plus grands films de Christian-Jaque, un des seuls avec FANFAN LA TULIPE et LES DISPARUS DE SAINT-AGIL.
Il faut dire que l’œuvre de ce cinéaste contient un nombre impressionnant de ratages, de films désolants et pourtant il a toujours bénéficié d’une cote supérieure à celle de Decoin alors qu’il n’y a pas photo.
Il suffit de voir LA CHARTREUSE DE PARME, adaptation réductrice, vulgaire de Stendhal, qui supprime la bataille de Waterloo. Beaucoup d’acteurs sont mal dirigés et seuls Gérard Philippe et Maria Casarès parviennent à injecter un peu de dignité.
LITVAK
Je crois avoir dit tout le bien qu’on devait penser de CŒUR DE LILAS, film à la fois révolutionnaire et ancré dans une tradition bien française dont il devient un précurseur. On retrouve les mêmes qualités de mise en scène, la même sobriété narrative (la découverte des morts est toujours furtive et les conséquences considérables), la même élégance dans ces longs travellings, ces longs plans que citait Kazan dans ses mémoires. Le film me semble supérieur à LA PATROUILLE DE L’AUBE malgré Jean-Pierre Aumont, dans les scènes de combat, de guerre, de mess.
MAYERLING est tout aussi élégamment filmé. Vecchiali délire sur la scène de l’opéra, ma foi très brillante, mais je me demande si je ne préfère pas le long plan pendant lequel Darrieux, déjà sublime, monte l’escalier menant à l’appartement de Boyer.
En zone 1, chez Kino, on peut trouver THE LONG NIGHT, remake du JOUR SE LÈVE qui vaut mieux que sa réputation. On sent que Litvak et ses scénaristes (proches du PC) se sont posés des questions, ont trouvé des équivalences astucieuses (Fonda est un vétéran déçu de l’issue de la Guerre d’Espagne). Vincent Price n’est pas aussi fort que Jules Berry mais il est plutôt convaincant. Un film à découvrir.
Tout comme LA NUIT DES GÉNÉRAUX, au sujet assez passionnant, peut-être trop riche en péripéties (l’attentat contre Hitler est trop développé et nous éloigne du sujet principal). La deuxième moitié du film est même assez puissante, bien écrite par Kessel (c’est sa troisième ou quatrième collaboration avec Litvak) et une fois qu’on passe la barrière de l’anglais, Peter O’Toole est très terrifiant et Omar Sharif fort bon, de même que Noiret, mais là je ne suis pas objectif.
VERTIGES de Tourjansky a été une découverte. Cette première version de LA PEUR, adaptée par Kessel, ne pâlit pas face au Rosselini qui l’a injustement éclipsée. Gaby Morlay y est magnifique et Charles Vanel, une fois de plus sublime. Les scènes de chantage sont fortes et le travail de Tourjansky révèle une finesse, une acuité surprenante.
J’ai été très énervé par un paragraphe critique dans DVD CLASSIK sur LES MAUDITS où Clément est incorporé de force dans « la tradition de la qualité française ». « Par cette appellation, [François Truffaut] distingue un cinéma mis en scène de façon conventionnelle et sans réelle ambition. Un cinéma de studio, piloté par la production et l’écriture scénaristique. » Sans ambition, le cinéma de Clément et notamment LES MAUDITS, film incroyablement audacieux avec un seul personnage auquel on peut se rattacher, évoquant l’après-nazisme au moment où ce sujet est évacué par les Américains, obsédés par l’anticommunisme ? Sans ambitions, LA BATAILLE DU RAIL, MONSIEUR RIPOIS, JEUX INTERDITS ? En studio, ces films auxquels on peut ajouter PLEIN SOLEIL, AU-DELÀ DES GRILLES ? Je pensais que ces guerres de religion avaient cessé mais on trouve toujours des amateurs de vendetta qui s’y livrent sans savoir ce qui l’a déclenchée.
DOCUMENTAIRES
Trois documentaires français tout à fait remarquables : LA COUR DE BABEL, chaleureux, tendre, cocasse. Un hymne à ces enseignants qui parviennent à maintenir des oasis de vie, de liberté, de tolérance. L’humour, la bienveillance dont témoigne Julie Bertuccelli nous réconforte et nous rend meilleur.
LES CHÈVRES DE MA MÈRE vous accroche, vous prend le cœur tout autant que BOVINE. Cette dernière année que vit la mère de la réalisatrice qui est devenue éleveuse de chèvres en 68, est riche en péripéties, en moments drolatiques ou poignants. J’ai trouvé terrible la scène ou elle fait sa récapitulation de carrière et découvre la scandaleuse modicité de sa retraite. Quand elle murmure : « ça pour 39 ans de travail », on est pris à la gorge. J’espère que messieurs Le Foll, Macron et consorts sans oublier l’ineffable Moscovici, le ravi de la crèche qui donne des leçons depuis qu’il est à Bruxelles sur ce qu’il a raté à Paris, iront voir ce film et découvrir une réalité autre que celle des sondages et statistiques.
OF MEN AND WAR de Laurent Bécue-Renard est très impressionnant. Les témoignages qu’il fait affleurer (aucun voyeurisme, aucune extorsion), vous secouent. On vit avec ces soldats, on est au milieu d’eux, on est pris à la gorge. A l’origine, deux articles comme l’écrit L’Express : « L’un du Herald Tribune sur l’onde de choc provoquée par le retour dans sa famille d’un soldat américain blessé sur le front irakien, l’autre du Monde sur une mère qui s’était rendue à Bagdad pour dire à son militaire de fils de ne rien faire qu’il pourrait un jour regretter. « Son geste m’avait bluffé et j’ai eu envie d’aller la rencontrer. » Cette femme lui ouvre alors un nombre infini de portes et lui permet de faire connaissance avec d’autres soldats et leurs familles, des thérapeutes, des associations… « Je tirais les fils comme un journaliste, mais dans un but cinématographique. »
Et son sujet prend forme dès son premier voyage, grâce à sa rencontre avec un thérapeute qui travailla avec les vétérans du Vietnam et désirait voir construire un centre pour aider les soldats ayant combattu en Irak ou en Afghanistan. Après trois ans de lutte, le Pathway Home ouvre et Laurent Bécue-Renard s’y installe . »
La patience, la justesse du regard : comme on est loin de ces reportages qui cherchent la petite phrase, l’effet dramatique. Ces trois films me paraissaient plus originaux, plus forts que le Wenders sur le grand photographe Salgado qui a eu le César.
THE LAST DAYS IN VIETNAM de Rory Kennedy reconstitue de manière très émouvante, avec des documents incroyables (ces bateaux surchargés de réfugiés), des plans d’archive très émouvants (ces soldats sud-vietnamiens qui se déshabillent, ce vélo qu’on veut charger sur un bateau), les semaines précédant l’évacuation de Saigon par les américains en avril 75. Cette chronique retrace ce qui s’est passé après les accords de Paris, véritable marché de dupe, les Nord-vietnamiens étant visiblement résolus à s’emparer du Sud. Le film laisse entendre qu’ils vont déclencher leur attaque en profitant de la démission de Nixon dont la détermination leur faisait peur. Ce serait un des effets pervers du Watergate. Gerald Ford, malgré tous ses efforts, n’est pas à la hauteur et de plus le Congrès va bloquer toutes ses initiatives, les envois de troupes comme les demandes financières pour faciliter l’évacuation. Le film fait à travers toute une série de témoignages de soldats qui étaient en première ligne (garde de l’ambassade, officier chargé des contacts avec les Sud-vietnamiens) un terrible constat d’échec. Toutes ces années de guerre, ces incroyables dépenses militaires, tout ce sang versé pour aboutir à cette débâcle. Cette évocation fait apparaître plusieurs personnages de militaires américains et vietnamiens incroyablement touchants. Du côté américain, l’ambassadeur Martin interdit toute évacuation. Coincé dans un optimisme, un refus de voir la réalité, il bloque pendant des semaines toutes les décisions si bien qu’à la fin, il sera contraint d’adopter la pire des solutions. Certains militaires vont néanmoins enfreindre les ordres et vont évacuer des Vietnamiens vers les Philippines au risque de perdre leur poste (l’un d’eux est immédiatement renvoyé). On assiste ainsi à une série de petites actions généreuses, de petits gestes compassionnels qui vont sauver de nombreuses vies. Les différents témoins, américains et vietnamiens, racontent ces petits actes de décence ordinaire, simplement, sans forfanterie, sans se hausser du col. Ce qui augmente l’émotion malgré une musique trop présente.
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Commentaires (253)
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Bonsoir,
Je relis cet article consacré, en partie, au cinéma français, avec grand plaisir. Toutefois, je reste assez étonné de cette passion, dans l’article et les commentaires, pour LE BOSSU de Philippe de Broca. Une jolie adaptation, certes, mais qui me semblait très éloignée du roman original, avec un Daniel Auteuil loin de ses meilleures prestations.
J’ai un excellent souvenir du BOSSU de Jean Delannoy, tourné en 1944, avec Pierre Blanchar en tête d’affiche. Le film est fidèle au roman (parfois trop, tant le livre de Féval est dense et riche en péripéties), ne dure même pas deux heures et offre au spectateur quelques moments de bravoure. La mort de Nevers dans les douves du château est pleine de ce panache désuet qui sert si bien nos souvenirs de cinéphiles. Evidemment, il faut aimer les accents très théâtraux de Blanchar (les mêmes que dans PONTCARRAL, COLONEL D’EMPIRE) mais je trouve que la postérité est un peu injuste envers cet acteur, parfaitement oublié. Très sombre ou taciturne, il savait aussi se révéler amusant, voire léger, comme dans le sympathique BAL CUPIDON de Sauvajon. Peut-être n’a-t-il pas été assez utilisé par le cinéma français ? Ou lui a-t-on fait « payer » son engagement un peu aveugle dans l’épuration au sortir de l’Occupation ?
Le film de Delannoy souffre probablement d’un manque de moyens mais le casting et les dialogues pleins de fougue servent admirablement une adaptation qu’il faudrait peut-être redécouvrir. Le DVD existe dans une collection des éditions Atlas, il me semble, dans une qualité relativement convenable. En comparaison, le film de 1997 s’égare dans une histoire de saltimbanques et laisse de côté les figures populaires de Passepoil et Cocardasse ; c’est dommage, car ils sont le feu ardent de l’âme des romans populaires, truculents bouffons face à l’incorruptible héros, « sans peur et sans reproches ». Restent Marie Gillain et Philippe Noiret, impeccables, comme toujours !
à BT : peut-on espérer bientôt la sortie en dvd de LA TETE D’UN HOMME ?
A Edward
Oui, je crois qu’il a été restauré par TF1 qui a pris d’excellentes initiatives
A Bertrand.J’ai enfin vu »Les nauffrageurs »de Charles Brabant qui est assez faible sur le plan de la mise en scène malgré la présence de Vanel ou d’Henri Vidal.En revanche resort aujourd’hui en salles(3 copies France)un film de Joe Losey »Deux hommes en fuite ».Je me souviens pas si vous l’évoquez dans 50 ans car l’intrigue à l’air captivante selon Télérama.Est ce que le dvd est sorti chez nous?Merci Bertrand.
A Yves Rouxel
Je ne crois pas que le DVD existe. J’ai été l’attaché de presse pour la sortie de ce film brillamment mis en scène (certains plans sont spectaculaires) mais je trouve le scénario abstrait et conceptuel (malgré les dialogues de Robert Shaw). C’était pour moi évident qu’un tel film ne pouvait pas marcher malgré ses qualités. Le projet initial le plombait avec cette abstraction que je trouvais démodée, n’apportant rien au propos. Mais la brillance demeure
A Rouxel et Bertrand:
Si si il y a un DVD Paramount de DEUX HOMMES EN FUITE, FIGURES IN A LANDSCAPE en VO, apparemment avec des STF. Il y a aussi un Blu-Ray Kino, mais region A et sans ST:
http://www.dvdbeaver.com/film5/blu-ray_reviews_70/figures_in_a_landscape_blu-ray.htm
A Mathieu
Maintenant il va y avoir Carlotta
Vu hier après midi et produit par Agat Films »Le jeune Karl Marx »de Raoul Peck mérite un coup de chapeau sur le plan photographique.La performance des acteurs qui ont joués dans trois langues(allemand,français et anglais)est à souligner en revanche le coté didactique du film manque de réflexions philosophique.En dehors des interventions de Proudhon(excellent Olivier Gourmet une nouvelle fois)les caractères de Marx et Engels sont effaçés à travers les beuveries dans des pubs londoniens.Peck nous décrit un Europe au bord de la misère avec des enfants de 6,7 ans qui travaillent 10 heures en usine afin de faire vivre la famille.Je signale au passage que Robert Guédiguian qui est le président de la cinémathèque de Toulouse sera de passage jeudi 5 octobre au cinéma ABC pour présenter »La villa »ou il retrouve sa troupe fétiche d’acteurs dont Jean pierre Darroussin,Ariane Ascaride,Gérard Meylan,Jacques Boudet et Pascale Robert.
à Bertrand: je crois qu’il y a des lignes qui ont sautées, à un moment donné vous devez parler de L EQUIPAGE de Litvak ci-dessus dans la chronique:
« LITVAK
Je crois avoir dit tout le bien qu’on devait penser de CŒUR DE LILAS, film à la fois révolutionnaire et ancré dans une tradition bien française dont il devient un précurseur. On retrouve les mêmes qualités de mise en scène, la même sobriété narrative (la découverte des morts est toujours furtive et les conséquences considérables), la même élégance dans ces longs travellings, ces longs plans que citait Kazan dans ses mémoires. Le film me semble supérieur à LA PATROUILLE DE L’AUBE malgré Jean-Pierre Aumont, dans les scènes de combat, de guerre, de mess. »
Merci si vous pouvez retrouver ce qui manque!
A MB
exact je parlais de L’ÉQUIPAGE et cela a sauté
s’il ne manque que « A propos de L EQUIPAGE… »
« Il pleut sur santiago »réalisé par le chilien Soto est un film fort sur l’assassinat du président Salvador Allende par la junte militaire dirigée par Pinochet et soutenue ouvertement par le gouvernement des Etats-unis.Ce qui est surprenant c’est que ce film est une co-production entre la France et la Bulgarie tourner deux ans après les évenèments.Concernant le casting on retrouve quantités d’acteurs françois dont:Trintignant,Garrel,Fresson,Henri Poirier dans le role du general Pinochet ou Ricardo Cucciolla acteur italien qui incarna Sacco,dans »Sacco et Vanzetti ».Laurent Terzieff est un journaliste français corespondant d’un journal qui va vivre ce 11 septembre en direct de sa chambre d’hotel .Evidemment le film est un peu bancal sur le plan de la mise en scène mais le contenu du scénario est fort sur les enjeux économiques des voisins »Ricains »qui voulait récuperer les mines de cuivre du Chili afin de les controler.Je ne connais pas ses précedents films qui sont aussi engagés politiquement parlant.
A Rouxel
Rouxel vous êtes infatigable et d’un éclectisme rassurant
Merci Bertrand pour vos compliments,ça m’encourage encore plus afin de faire découvrir des oeuvres rares ou malmenées par les « pseudos critiques de cinéma qui pullullent sur Paris ».Quelques lignes sur « L’affiche rouge »de Franck Cassenti sorti en 1975.Au départ le film démarre bien pour le coté historique et documenté de ces sept homme et cette femme qui sont mort exécutés en 1943.Mais là ou le bat blesse c’est quand interviennent les comédiens de la troupe d’Ariane Mnouchkine.On est un peu perdu entre la fiction première et le travail de la troupe du Soleil qui peaufine leurs roles.Avec le recul,je pense qu’à la fin des années 70,le cinéma dit « social et engagé politiquement »est mort,depuis on retrouve de temps en temps des films de reflexion(La loi du marché,Ressources humaines,L’emploi du temps…).Quand est ce qu’un producteur aura le projet de mettre en lumière l’affaire du métro Charonne à Paris ou là aussi des femmes et des hommes de conviction sont morts étouffés ?
à tous: est-ce que le livre de Tag Gallagher sur Ford vaut le coup? il paraît que l’édition française est une édition abrégée:
« Bonjour Rémy,
Le livre que nous éditons est une version courte de l’ouvrage original réécrite par Tag Gallagher lui-même. Par ailleurs, Tag en a validé la traduction et la maquette. Sa réaction, incompréhensible et disproportionnée, s’explique par le fait qu’il aurait préféré voir le livre en couleurs et qu’il imaginait une autre image en couverture, dont le choix revient communément à l’éditeur. Nous espérons que le livre vous plaira.
Bien cordialement,
Les éditions Capricci. »
… et celui de Andrew Sinclair?
A MB
Pas mal. Plus superficiel
à BT merci. Le MacBride n’aura pas de voisin sur l’étagère. Pour ma lecture , je crois que je vais m’orienter sur le Hathaway par Behlmer (j’ai bientôt fini l’Empire Comanche…)
A MB
C’est un livre tronqué et il manque des passages essentiels. De toutes manières, je préfère le Mcbride que nous avons sorti chez Actes Sud qui contient des documents nouveaux
à Bertrand: le MacBride est essentiel. Pour le Gallagher il n’est tronqué que dans son édition française mais je suppose que le MacBride est une sorte d' »édition définitive » merci.
Le Mc Bride est l’une des meilleures monographies récentes avec le Renoir et le Hitchcock.
Le Gallagher est très intéressant mais, tout comme face à l’essai de L Anderson, on peut plus facilement avoir des réserves face à tel ou tel choix, telle ou telle interprétation alors que le Mc Bride est conçu de telle sorte (intrication biographie/analyses sur les films)qu’il semble plus complet, plus sereinement maître de son sujet.
Mais l’essai de Gallagher me semble un livre important pour un admirateur de Ford!
A Ballantrae
Le Hawks de Todd McCarthy et le John Wayne de Scott Eyman sont aussi des réussites exceptionnels ainsi que le Nicolas Ray de Bernard Eisenshitz
et le Hathaway de Behlmer alors? Dites-nous en un mot…
A MB
Il est passionnant, riche en informations, s’arrête trop tôt pour cause de maladie (les derniers films ne sont pas évoqués) mais il y a beaucoup d’histoires formidables et cela complète mon entretien de 50 ANS
à BT: Merci! J’achète (dés que le prix aura un peu baissé) par contre, je viens de commander le Wayne/Heyman, le Behlmer va sur ma liste.
Un jour je vous ferai un compte-rendu de l EMPIRE COMANCHE, j’essaierai de faire court, avec le Frenkel des milliers d’infos qui pourraient inspirer des scénaristes américains et détruisent des clichés!
quid du Walsh de Marilyn Ann Moss?
P.S: vous êtes très injuste avec la critique des Maudits de dvdclassik, bien plus nuancée et argumentée que vous ne le laissez entendre.
Qui a vu hier soir BETHSABEE de Leonide Moguy au Cinéma de Minuit ? Perso, c’est mon troisième Moguy après CONFLIT (intéressant) commenté ici par Bertrand et SABOTAGE A DAMAS que j’ai trouvé pas mal, gérant avec une certaine distinction l’héritage CASABLANCA pour un budget RKO que l’on imagine famélique. Ce BETHSABEE est plutôt démodé (c’est un mélodrame colonial très « années 30 » alors qu’il date de 1947) mais il se démarque par son climat bizarrement tendu et des personnages pourris par une rancœur confinant à la névrose (notamment Paul Meurisse, pas mal). C’est suffisamment inhabituel pour retenir l’attention mais sans doute insuffisant pour emporter l’adhésion.
Le hasard faisant bien les choses, j’ai revu cette semaine en salle Django unchained avec son personnage d’avocat vendu à Candy nommé étonnament Léonide Moguy…et voilà que le Cinéma de minuit diffuse ce Leonide Moguy que je vais regarder en différé avec la curiosité requise.
A Ballantrae
Dans ACTION IN ARABIA (1944) (dont j’ai repris plus haut un titre français qui ne doit pas être d’origine), un élégant mouvement de grue accompagne la montée, puis un peu plus tard la descente, par George Sanders, d’un imposant escalier (LE décor du film) avec un lustre en surplomb et en amorce. D’après IMBD, Tarantino cite visuellement ce plan en suivant la montée, puis la descente, par Christoph Waltz, d’un semblable escalier dans INGLOURIOUS BASTERDS. Dans sa chronique sur CONFLIT, Bertrand relève le même type de mouvement d’appareil..
A Alexandre Angel
Avez vous noté que le script est du à Herbert Biberman le futur auteur du SEL DE LA TERRE
A Bertrand
voui
A Bertrand (suite)
..mais j’aurais pas de mérite, vous le mentionnez dans votre chronique autour de CONFLIT.
H Biberman/ L Moguy????? Incroyable, improbable mais vrai!
A Ballantrae
Mais Moguy était très liés aux USA avec des gens de gauche comme en témoigne son film de résistance Paris After Dark. PRISON SANS BARREAUX avait aussi des préoccupations sociales et Moguy a longtemps voulu tourné un film (refusé par la censure, cequi provoquait les moqueries de Truffaut) sur la bombe atomique. Quand il le fit (trop tard et en édulcorant le propos) je crois que le résultat fut consternant. J’ai retrouvé son nom dans des combats contre la Censure (il se battit contre la coupe infligée à NUIT ET BROUILLARD). En tout cas Biberman l’aimait bien
J’ignorais ces engagements! Merci pour l’info.
En feuilletant la filmographie d’Omar Sharif, je suis tombé sur LES POSSEDES, un Wajda qu’on a dit raté, mais loin de l’être, certes un peu théâtral, mais qui a au moins la vertu de l’avoir sorti le temps d’un film d’un long tunnel de navets, bien que son rôle soit court. Même si les puristes trouveront toujours qu’on ne peut jamais transposer honnêtement au cinéma un roman de Dostoïevsky, ce film est un très bonne adaptation. On est dans un contexte pré-révolutionnaire, animé d’une agitation qui relève de la pure possession, d’où le titre, où tous les personnages basculent dans une espèce de transe que génère une volonté surnaturelle de renverser l’ordre ancien, quel que soit le prix à payer. Les personnages pourraient sortir d’un film gothique des années soixante, baignés dans une lumière blafarde qui les fait ressembler, les uns à des vampires, les autres à des morts-vivants. Comme dans DANTON, la révolution (on est en 1870) promet moins de lendemains qui chantent que de longs massacres à venir. Un film choral où on retrouve tout un tas de jeunes premiers du cinéma français de l’époque et un Bernard Blier qu’on n’attendait pas forcément dans un film comme celui-ci.
D’un Wajda vers un autre, vous devez absolument vous procurer L’HOMME DU PEUPLE. Il y a trente ans, un Wajda faisait l’évènement, aujourd’hui ses films sont à peine distribués. Chez les ploucs nous n’avons pas vu passer une seule copie. Alors que Wajda est intact. A 88 ans, il réalise un film d’une surprenante jeunesse, moins à cause d’une mise en scène plus grand public que d’habitude, d’une bande musicale Rock-Reggae, que de la vitalité qui traverse ce film remarquable. Dans L’HOMME DE FER, Walesa (le vrai) était montré comme un personnage religieux. On le voyait à l’église et personnellement j’ai été stupéfait de voir qu’il faisait réciter le « Je vous salue Marie » dans les cours des usines. Ici on nous montre un homme ordinaire se transformant malgré lui en leader révolutionnaire, et qui semble ne pas comprendre lui-même ce qui lui arrive. A la journaliste qui l’interroge, il répond qu’il ne lit aucun livre, qu’il sait quand il doit se lever pour parler et qu’à ce moment là les mots sortent naturellement de sa bouche. En réalité le film nous le montre traversé par une force qui le dépasse, qu’une impulsion soudaine transforme en guide naturel, capable de captiver les foules dès qu’il se dresse, exactement comme un mystique. Dans une scène, un camarade d’usine se prosterne quasiment devant lui, attitude que Walesa repousse d’un réflexe, croyant son camarade devenu fou . Par ailleurs le film décrit avec précision ce qu’est la conviction, l’engagement, la fidélité à un idéal, et ce qu’est la tentation, exactement comme dans une peinture religieuse. Si Walesa dit ne pas avoir aimé le film la première fois qu’il l’a vu, c’est sans doute parce qu’il fait de lui un portrait démystificateur, par toutes les scènes qui le montrent dans son quotidien, avec ses camarades d’usine, avec sa femme, en crise de couple, en même temps que ce mysticisme s’exprime en dehors de toute conscience. Un film, je le répète, remarquable, très peu vu en salle, dont on a peu parlé quand il est sorti, et ça, ça m’énerve. Réparez cette injustice s’il vous plait.
A Guy Gadebois
D’accord et j’ai à voir KATYN. J’ajoute que découverte pour découverte, je vous conseille le DON PAISIBLE de Guerassimov adaptation scrupuleuse du roman de Cholokov qui remporta le prix Nobel. La mise en scène est certes classique et on a droit à un festival de regards appuyés et de poses démonstratives mais qui doivent rendre compte de l’extériorisation des sentiments qu’on pratiquait alors. Mais on est peu à peu pris par la complexité du récit (le livre défendu pourtant par Staline était critique du bolchevisme), les « rouges » sont aussi cruels, aussi perdus et démunis et sectaires que les blancs, les héros sont montrés souvent comme des brutes machistes et la guerre, la Revolution détruit la Communauté Cosaque, les coutumes, les valeurs. Propos inhabituel. Le film frappe aussi par son ampleur incroyable, ses magnifiques extérieurs avec des couleurs pastels (sovcolor oblige) efficaces dans les scènes de crépuscule, de brouillard.Les figurants sont innombrables et leur comportement parait juste. Cholokov s’investit dans le film et plusieurs spécialistes des Cosaques vérifièrent à la demande de Guerassimov, habits, comportements, coutumes. Il y a un plan formidable où un soldat revenant de guerre casse un morceau de sucre, le donne à une fillette sans doute affamée. Elle le suce une dizaine de fois puis le remet à sa mère qui le range dans un tiroir. Making of incroyable. 3 DVD
Cher Bertrand,j’ai déjà évoquez ici le travail formidable dut à Guérassimov.On doit voir toutes ses œuvres fortes et plein de mélancolie.
J’ai revu « Quand la poudre parlera »de Nathan Juran qui est vraiment un petit western.Tout d’abord j’ai jamais pu « encadrer »Ronald Reagan qui était statique et sans émotions.Le film se termine avec un happy end d’une lourdeur incroyable.D’autre part la société qui assure les traductions françaises des films de la collection Sydonis ne sont absolument pas à la hauteur.Littéralement parlant il y a des énormités dans les traductions puis certains dialogues ne sont meme pas retranscrit.Meme si le doublage,ce »mal necessaire »à été souvent décrié par beaucoup de puristes à l’époque il y avait quand meme des versions françaises bien doublées.
Dans la meme veine,je conseille à tous de voir »A l’ouest de Pécos »de Killy qui est comédie western assez interessante.Après »Nevada »c’est le second film que tournait Mitchum avec ce réalisateur.L’interet du film est le personnage de la domestique française qui parle à plusieurs reprises dans sa langue et s’adresse à un espagnol coureur de jupons.Puis la scène ou Pécos donne un coup de pied aux fesses du « jeune cow boy »est hilarante quand on sait qui il est réellement.L’acteur qui joue le colonel est plein de bonhommie et de burlesque dans son comportement.Patrick Brion apporte son grain de sel habituel en nous conseillant de voir ce film comme un simple divertissement,sans prétentions.
A Rouxel:
Certes il y a beaucoup à redire de sous-titres faits à la hâte, erreurs de traduction, fautes d’orthographe, québécismes parfois (ça c’est pas trop gênant), mais pour moi les doublages détruisent la saveur de 99% des films étrangers pour ne pas dire de tous. Je viens de revoir LA PARTY de Blake Edwards et par curiosité j’ai essayé la VF pour une minute: la scène culte du « Birdie Num Num ». Peter Sellers sans son accent indien, délicieux et plus vrai que nature, n’est plus drôle du tout (un comble), et en plus une conversion absolument insignifiante et quasi inaudible dans la VO, un arrière plan sonore mais situé visuellement à l’avant plan, est doublée intégralement, de façon claire et sonore, et distrait inutilement le spectateur.
Le pire mon cher Mathieu,c’est les traductions françaises des Monthy Python.Alors là c’est la catastrophe totale car la langue anglaise est subtile et certains jeux de mots traduits en français ne veulent plus rien dire.
A Rouxel:
Il y a pleins d’autres cas où le doublage français devient absurde. Peter Sellers/Clouseau dans les PANTHERE ROSE, par exemple… Je viens de voir FRENCH CONNECTION II que je n’avais jamais vu(très bon film entre parenthèses), je n’ai pas essayé la VF, mais comment peut-on doubler Gene Hackman/ »Popeye » Doyle en français alors que le film est en grande partie basé sur le fait que celui ne parle ni ne comprend le français (et les Français)???
découvrant enfin le magnifique BOSSU et ayant trouvé comme vous Vincent Perez formidable, je me demandais si vous aviez vu le remake de FANFAN LA TULIPE écrit aussi par Cosmos (et Luc Besson) et joué aussi par Perez.
L’idée d’introduire des répliques familières dans LE BOSSU vient de Cosmos? pas de Féval quand même… dans les films à costumes, les acteurs ne disent jamais « oh là là » « ah zut alors » mais plutôt « par le diable! » ou « Palsambleu! », je me croyais un peu dans LA PRINCESSE DE MONTPENSIER pour la liberté de ton. et la réplique sur la sodomie et la tête d’Auteuil était désopilante ça c’est sûr c’était pas chez Féval!
A MB
C’est du pur Cosmos et aussi des moments plus lyriques. Dans FAN FAN, il y a des moments bien écrits mais le style du film est différent avec des masses de plans courts. Didier Bourdon est désopilant en Louis XY dans un ton très différent de Marcel Herrand, moins inquiétant
merci, ça ne m’engage pas, malgré Bourdon et Cosmos. Les plans très courts ça fait peur (influence de Besson?). Krawczyk a une carrière similaire à celle du réalisateur du FANFAN original qu’il a remaké donc Christian-Jaque, il semble ne jamais réussir vraiment un film et pourtant il tourne tout le temps, C-Jaque a dû lui donner son truc (un pacte faustien?…)
Il me semble difficile de comparer la belle ouvrage de Ph de Broca et cet assez bancal et banal Fanfan même si J Cosmos-j’ignorais ce point- était de la partie.
Le film de cape et d’épée est un peu le parent pauvre du cinéma des années 2000-tout comme le western qui connaît une renaissance plus nette- par le nombre trop rare de films de qualité s’inscrivant dans le genre.
En dehors de La princesse de Montpensier, aucun autre titre important ne me vient à l’esprit sur ces quinze dernières années.Le très minéral Mickael Kolhaas d’A des Pallières ne s’y raccorde qu’indirectement par le contexte historique.Et les tentatives américaines d’adaptation des romans de Dumas sont assez pénibles.
L’héritage le plus vif de ce genre dynamique, historique et réjouissant me semble plus asiatique qu’occidental qu’il s’agisse des opus de Zhang Yimou qui sont de toute beauté ( Hero et Le secret des poignards volants), Tsui Hark ( Detective Dee), wong Kar Wai ( The grandmaster) et prochainement Hou Siao Sien ( the assassin).Vive le Wu xiao Pan!!!
Comme dans les « Misérables » de Le Chanois , dont on vient de parler, où Thénardier, en présence de Valjean, hurle « Ta gueule! » à sa femme censée être à l’agonie. Je ne suis pas sûr que ce soit dans Hugo. Evidemment, ça fait rire mais on entend quand même le vieux Victor se retourner dans sa tombe en maudissant le racolage.
Les effets d’anachronisme sont tellement fréquents et faciles qu’ils peuvent aussi être agaçants.
Dans le Bossu, je ne sais pas.
Là où je ne vous suis pas, c’est sur Vincent Pérez. J’ai toujours eu du mal à le trouver exceptionnel. Mais ce n’est que moi.
A Minette Pascal
Eh bien regardez le Bossu
Oui, dans Le Bossu, Pérez a du panache, de la prestance… Il joue admirablement.
à MP: je vous garantis que Perez est exceptionnel dans LE BOSSU et même stupéfiant, je n’ai rien vu d’autre avec cet acteur, méfions-nous des beaux gosses qui jouent dans des mauvais films, parfois ils tombent dans un bon film et se révèlent! J’ai vu dans sa filmo qu’il a joué dans un cape et épée de Ettore Scola: LE VOYAGE DU CAPITAINE FRACASSE. D’ailleurs il m’a fait penser à Personnaz ou Leprince-Ringuet dans MONTPENSIER, la même justesse. Dans LE BOSSU On regrette qu’il disparaisse si tôt et dans toute cette 1ère partie, il éclipse Daniel Auteuil.
Dans les bonus la veuve de De Broca dit qu’il détestait la scène finale avec le baiser de Auteuil et Marie Gillain c’est incroyable je trouve que cette scène est très bien vue, enlevée, conclue avec discrétion et légèreté et que c’était une qualité que de la faire très brève, je me suis dit « bravo » à la caméra qui s’éloignait, ça dit que même si De Broca n’était pas trop d’accord avec la scène (pour lui, ils n’auraient pas dû s’embrasser) il rejoignait le scénario au lieu d’aller contre, et la tournait quand même, par courtoisie professionnelle disons, et finalement cette concision qui traduisait sans doute son désaccord jouait en faveur de la scène! Coupé-je les cheveux en 4?
à MP: ces libertés de langage ne sont pas forcément des anachronismes, tout au plus des écarts par rapport à l’oeuvre adaptée. « Ta gueule! » ne se disait pas au XIXème? Quand Auteuil dit découvrant que l’enfant est une fille qqch comme « ah ben me v’là bon » au lieu de « Ciel! cette créature de Dieu ne saurait être mâle, qu’allons-nous faire? » ou un truc pareil (zut, j’ai rendu le film) c’est peut-être pas dans Féval (zut j’ai pas le bouquin non plus) mais si c’est familier c’est pas pour autant anachronique. Ils devaient bien dire de temps en temps « waow ça pince ce matin! » ou « Zut ça me gratte le c… » (euh…).
Maintenant quand on entend dans je ne sais quel western ou film à costume américain qqn dire « go fuck yourself! » j’y crois pas, sauf si signé Mel Brooks ou un émule de. Si le film a un ton fantaisiste dés le début, ça passe.
Cosmos se livre à des libertés de ton pas forcément anachroniques mais irrespectueuses pour le texte strict.
Autre chose de voisin, pour la réplique « sodomie » il a dû vérifier que le terme était connu au début du XVIIIème dans son sens précis actuel sur lequel je jette un voile puritain. Nevers qui, muni d’un humour à froid, sait parfaitement que couchant dans le même lit que Lagardère et celui-ci se sachant son obligé, il peut le taquiner juste pour rire. Donc là on a un terme connu à l’époque, avec un humour à froid vraisemblable (certains écrivains classiques le pratiquaient) mais que Féval s’interdisait je crois (tant que j’ai pas vérifié dans le bouquin).
A MB
Mais le dialogue de Feval, moins bon écrivain que Dumas, n’est pas du tout réaliste et de tout temps on utilisait des expressions familières (voir Molière) sauf dans les films historiques guindés ou le dialogue était livresque et très Viollet le Duc : messire, allez quérir mon palefroi
A MB
« Maintenant quand on entend dans je ne sais quel western ou film à costume américain qqn dire « go fuck yourself! » j’y crois pas, sauf si signé Mel Brooks ou un émule de »
D’accord… je déteste, dans le même ordre d’idée, même si ce n’est pas dans un dialogue, le doigt d’honneur que fait Kate Winslet dans TITANIC. Ce coup de lèche aux spectateurs adolescents a le don de m’horripiler..
Le problème, c’est le projet annoncé de départ. S’il s’agit d’une œuvre s’engageant à la fidélité, autant garder la manière de l’auteur, même si celui-ci n’aime pas les expressions populaires et a des formulations ampoulées.
Je dirais même que ce serait un projet original.
S’il s’agit de revisiter, après tout, pourquoi ne pas se gratter le …ou même les…bon, bref.
Je ne sais pas pour le BOSSU (que je ne suis pas sûr de ne pas avoir vu), quel était le projet annoncé…
Et puis, je dois avouer que j’aime bien entendre « Allez quérir mon palefroi » de temps en temps.
Le must, ce serait par John Wayne dans « La prisonnière »!
A Minette Pascal
Mais il n’y a aucune règle. Vous êtes libre selon votre sensibilité de respecter ou non l’auteur que vous adaptez. Il n’y a pas de loi. Quelquefois en s’écartant d’un livre, vous en retrouvez l’esprit. Le seul projet de Cosmos était d’écrire un film qui soit intelligent, bien écrit, respectant les péripéties les plus intéressantes du livre et les revisitant de manière moderne pour ne pas copier les Hunnebelle. Tout le dialogue de la PRINCESSE DE MONTPENSIER est original même si nous avons respectés les sentiments principaux que Madame de Lafayette avait décrit dans sa courte nouvelle. Nous la trahissons sur un point (Guise couche avec Marie) ce qu’elle ne pouvait pas écrire dans l’époque pudibonde où elle vivait mais qui avait eu lieu dans le fait divers un siècle avant, dont elle s’inspirait. En revanche ce serait absurde d’agir de même avec la PRINCESSE DE CLEVES. La PRISONNIERE prend de grande liberté avec le livre de Le May : Ethan Edwards qui porte un autre nom n’est pas le héros et il meurt. D’un autre coté, moi j’ai respecté les dialogues de Burke pas par souci de fidélité : parce qu’ils étaient géniaux. Qui décide qu’une oeuvre doit s’engager à la fidélité ? Cela doit rester un désir de l’auteur du film. Maintenant, adapter la CHARTREUSE DE PARME et omettre la bataille de Waterloo, c’est de la connerie tout comme de rajouter des allusions idiotes, démagogique de chansonnier, spécialité de Jean Halain dans les films d’Hunnebelle
Quand le film est trop fidèle au bouquin ça gâche la lecture si on veut lire le bouquin après (dans le cas où l’intrigue prime sur le reste, ex. un polar). Mais sinon Laurence Olivier fait s’embrasser Hamlet et sa mère sur la bouche (absent de la pièce) mon animateur de ciné-club du coup s’enflammait avec « l’interprétation psychanalytique de Shakespeare par Olivier: Hamlet tue son père et désire sa mère! » c’est suggéré dans la pièce donc ce n’est pas une vraie trahison! RAN et ses écarts multiples (pas seulement de lieu et d’époque) expriment et illustrent le Roi Lear, il me semble qu’il a omis ou changé certains éléments sinon son film durait deux heures de plus. mais aussi le parti pris de respect total d’une oeuvre est aussi une dynamique pour porter le film (LE TROU, LA MARQUISE D’O et je crois DE SANG FROID aussi). Je suis pas sûr pour le Brooks mais Bertrand me corrigera si Brooks n’a pas suivi le livre pas à pas.
A Mr Tavernier:
Et puis, à y réfléchir, en quoi un film peut-il être « fidèle » à un roman ? A l’intrigue, à la caractérisation des personnages , mais c’est tout, le style n’y sera évidemment pas, si ce n’est dans des voix off, les dialogues, le climat ? La personnalité du cinéaste est condamnée à transpirer quelque part, voire partout.
Tout n’est donc qu’une revisitation.
Son bon aloi dépend bien sûr du talent du réalisateur.
Je ne sais pas pourquoi c’est le JANE EYRE de Zeffirelli qui me revient. Une tentative d’être fidèle mais des instants magiques que seul le cinéma peut offrir.
Pardon si ce sont des lieux communs et merci pour votre longue réponse.
A Minette pascal
Lisez s’il vous plait le livre d’Aurenche LA SUITE A L’ÉCRAN qui contient des aperçus lumineux sur l’adaptation (actes sud Institut Lumiere)
A Bertrand
J’avais trouvé qu’avec sa REINE MARGOT, Patrice Chéreau donnait l’exemple d’un éloignement de la lettre Dumas pour mieux en retrouver l’esprit et, rapport à cette discussion, il multipliait dans les dialogues bon nombre de saillies familières ou contemporaines qui paraissaient d’un naturel et d’une évidence formidables. Je ne sais pourquoi, je reste marqué par la façon, frémissante de contemporanéité, avec laquelle Isabelle Adjani hurlait aux assassins de Coligny : « A combien vous êtes-vous acharné sur lui? A combien? »
A MB à propos du respect ou non du livre pour IN COLD BLOOD: Je n’ai pas lu le livre mais je serais prêt à parier qu’il y a des changements dans le script par rapport au livre de Capote. Au début du film, quand Perry se trouve dans la gare routière et hésite à franchir le Rubicon, en l’occurrence à sortir de l’état (je ne sais plus lequel) où sa liberté surveillée le confine, pour aller rejoindre son mauvais ange Dick, il essaye de téléphoner au psychologue de la prison, qui est absent, et ne peut joindre que l’aumônier (si je me souviens bien)et renonce finalement à se confier et à faire demi tour, cette scène me semble rajoutée, à la fois pour dramatiser l’action et pour servir le discours humaniste de Brooks qui me parait là assez bateau: avec plus d’éducateurs, plus de psychologues, les choses auraient pu être différentes.
à Mathieu: oui je me souviens, ça avait l’air bateau en effet. Il faudrait savoir si c’est dans le bouquin de Capote mais à y bien réfléchir le film n’est pas un bon exemple de parti-pris d’adaptation d’une oeuvre à la lettre, avec pour guide d’observer une fidélité absolue.
Sinon, j’avais lu un point de vue très américain et pragmatique avec une interview de Preminger à peu près: « Quand j’achète un bouquin j’en fais ce que je veux, l’auteur n’a aucun droit sur le scénario, le livre m’appartient! ». Point de vue très répandu à l’époque des grands studios.
à Mathieu suite: pour DE SANG FROID, Capote a pris d’énormes libertés avec la réalité à ce que j’ai lu, pour plus de sentimentalité. Mais c’est du coup alors un autre sujet celui de l’oeuvre qui adapte plus ou moins bien fidèlement une tranche de vie ou un fait divers ou un fait d’histoire.
J’ai vu FOXCATCHER récemment:
http://www.historyvshollywood.com/reelfaces/foxcatcher/
(malheureusement, ce site ne semble s’attacher qu’aux films américains récents)
Et plus largement la comparaison entre réalité historique et adaptation romanesque est passionnante.
A MB
Maos Capote a approuvé l’adaptation de Brooks. Il a participé à la campagne de presse. Lui même, c’est vrai et on le voit dans les deux films qui lui sont consacrés avaient pris des libertés avec la réalité, ce qui est le droit de tout auteur à condition qu’il ne la travestisse pas
à Bertrand: oui c’est à dire que condenser deux interviews dans la réalité, en une seule dans l’oeuvre pour plus de clarté, ne trahit pas le fonds par exemple.
Dans FOXCATCHER, Miller (qui a justement réalisé le film CAPOTE mais ne nous mélangeons pas!) a fait coexister les deux frères dans la propriété du millionnaire alors que l’aîné est arrivé là bien après le départ du cadet, ce qui lui permet de mieux illustrer le complexe d’infériorité du cadet par rapport à l’autre, mais ce complexe existait sans doute quand même sans se montrer aussi clairement dans la réalité. Ceci dit, c’est peut-être une invention de Miller, intéressé par ce genre de complexe. A bien y penser, je me demande si cette jalousie du cadet pour l’aîné n’est pas une faiblesse du film, le thème moteur étant le pouvoir de l’argent, l’autopsie d’un millionnaire. mais j’adore le film.
A MB:
Je crois que et Brooks et Capote s’éloignent des faits en donnant beaucoup plus d’importance au personnage de Perry qu’à celui de Dick et en ayant beaucoup plus d’empathie pour lui, Capote à cause de sa relation personnelle avec Perry, Brooks parce que cela sert son propos. Mais Brooks en rajoute. A la fin, avant sa condamnation, Perry offre un de ses livres, un livre de Thoreau, à l’aumônier. J’ai feuilleté le livre, ça n’y est pas,et il me semble que le film présente Perry comme plus intelligent et cultivé qu’il n’est dans le livre. Dans le couloir de la mort il y a un autre condamné, qui lui était un type cultivé, et qui d’après ce que j’ai saisi du livre détestait Perry qui était un frimeur, un mythomane qui se prenait pour un type cultivé et un poète.
Ceci dit dans sa volonté de coller aux faits le film est exceptionnel par rapport au cinéma américain de l’époque. Pour ce qui est de l’exactitude historique, un film contemporain de IN COLD BLOOD (mais pas américain) qui m’a bluffé c’est LA BATAILLE D’ALGER de Pontecorvo. Bluffé a posteriori quand après l’avoir vu je me suis renseigné sur les événements. Beaucoup de choses qui m’apparaissaient comme trop dramatiques et cinégéniques pour être vraies se sont révélées être parfaitement conformes à la réalité.
Couldn’t some space have been found in your upcoming Richard Brooks Weekend for THE BLACKBOARD JUNGLE? The bits involving young marrieds Glenn Ford and Anne Francis are afternoon soap opera level but the inner city school scenes and the performances of Ford, Vic Morrow, Louis Calhern, Sidney Poitier, and Paul Mazursky are worth resurrecting. And the sheer magic of that « One two three o’clock four o’clock rock… » under the credits which so terrified the lily-livered British censors. And what about a couple of films that Brooks wrote : Heisler’s KKK Konfronting sorry confronting STORM WARNING followed by a midnight showing of Siodmak’s COBRA WOMAN, a work justly described by Gore Vidal as « a film that must be seen to be disbelieved ». And my thanks to Michel Ciment for my favorite film book LE LIVRE DE LOSEY/CONVERSATIONS WITH LOSEY, read and reread in two languages.
To Michael Rawls
Maybe a matter of restored print ? The very good STORM WARNING was mostly written by the very talented Daniel Fuchs who rewrote the script of Brooks which he found preachy and talkative. Heisler contributed to the screenp^lay (the idea of the absence of light in the town)
To Bertrand Tavernier: I noted DF’s credit on the IMDB listing for STORM WARNING but I was not aware that he was the more significant partner on the screenplay. Heisler’s « absence of light » was most helpful in generating the claustrophobic atmosphere of the film.
So was it DF or Isobel Lennart who deserves most of the credit for the screenplay of LOVE ME OR LEAVE ME. one of the best musical dramas that I’ve ever seen with excellent performances by Doris Day and James Cagney?
English language friendly readers of this blog might want to have a look at John Updike’s review of DF’s WEST OF THE ROCKIES to be found in Updike’s PICKED UP PIECES (Pgs 429-433. Fawcett Crest Paperback). Updike opens his review with the immortal line
Nobody else writes like Daniel Fuchs.
To Michael Rawls
I quite agree and I LOVE SUMMER IN WILLIAMSBURG, HOMAGE TO BLENHOLT AND LOW (or BAD) COMPANY which was adapted by Fuchs as a film and became the very good THE GANGSTER. His collection of short stories is terrific (the apathetic bookie joint). I knew him. He was bitter about sharing the credit with Isobel Lennart and though that his work had been minimized in the credits of PANIC IN THE STREET. He was proud of THE HARD WAY (Vincent Sherman gave him the credit for 89% of the dialogue which is tremendous). Heisler loved him and Fuchs himself was very disappointed by the direction of Jeanne Eagels (he told me that Sidney had the QI of a 7 years kid)
A propos de Richard Brooks,le mensuel « Positif »propose un excellent dossier à Brooks.D’autre part il me semble que beaucoup de cinéphiles ne maitrisent pas forcément l’anglais donc essayer d’écrire dans la langue de Molière afin qu’un maximum de personnes puissent comprendre vos réactions.
à Rouxel: c’est vrai que c’est pas facile de suivre Michael Rawls surtout avec cet humour disons… sophistiqué! il faut plus qu’un bon dico! mais j’aime bien, moi, ces mélanges de langues j’ai jamais vu ça ailleurs. quand je comprends pas je passe à autre chose…
ride on Michael! cheers
A MB: Quand Michael essayer a ecrire dans le langue de Shakespeare, il approche on occasion for me for me for me for me formidable. Merci beaucoup.
A Rouxel: Quand Michel essayer a ecrire dans le langue de Moliere, then vous see moi see me see me see me si minable.
I beg your indulgence.
A Bertrand Tavernier: Sidney’s KISS ME,KATE and BYE BYE BIRDIE weren’t too bad for a 7 year old child. A good part of the denaturing of PAL JOEY was down to censorship and Columbia not having the good sense to cast the perfect choice Gene Kelly as Joey (But then, Rodgers and Hart weren’t happy with Kelly and the Original Cast album features his replacement Robert Alda). ANNIE GET YOUR GUN has some good Berlin songs well performed by Keel and Hutton but there is a down home frontier American folksiness that makes me look around for something to smash. A 5 year old might have managed VIVA LAS VEGAS! or THE SWINGER.
To Michael Rawls
Fuchs was mentioning Jeanne Eagels, a drama which he wrote. He found that Sidney never understood the essence of the film. He was never speaking about his musicals or SCARAMOUCHE which is a great film
to Michael: Not of what! Oh there there but all the pleasure was to me. I am your servant Monsieur.
A Michael Rawls et MB
Déjà que c’est difficile, si en plus vous compliquez tout…c’est vraiment anything what!
George Sidney a-t’il réalisé un aussi bon film que SCARAMOUCHE? Le plan final touche au sublime, rarement vu aussi bien réalisé ailleurs ce mélange intime entre aventure et humour. Ce plan final, que je vais dévoiler sur le champ (mais non) est réussi aussi car il projette pour le spectateur (grâce à un élément historique dont chacun connaît l’évolution qu’il aura dans le futur par rapport à l’époque du film) tout l’humour et la vitalité du film dans le futur du spectateur qu’il peut emporter avec lui après « the end » alors qu’il se lève et quitte la salle.
A MB : Bonne question. Ce film est un pur ravissement, et pas seulement pour l’inoubliable duel final. Décors, costumes, couleurs, photo, scénario, personnages, musique, tout est aux petits oignons.
Dans la famille des très méchants et des très « classe », Mel Ferrer se pose un peu là.
Et puis ce rôle en or pour S. Granger (son meilleur ?), génial faux insouciant qui rappelle trait pour trait Octave, ce magnifique personnage des « Caprices de Marianne ».
Sans parler de l’héroïne tragi-comique jouée par E.Parker.
Je dois voir ça au moins une fois par an.
A MB:
Moi aussi j’adore SCARAMOUCHE, mais c’est vraiment le seul film de Sidney que j’aie vu qui me satisfasse vraiment. 50 ANS dit beaucoup de bien des TROIS MOUSQUETAIRES, mais je le trouve beaucoup moins réussi, assez moche visuellement ( tons pastels paradoxalement assez kitsch et très différents du Technicolor flamboyant de SCARAMOUCHE)et Lana Turner et June Allyson dans un même film… It’s a little bit too much for me i’m afraid.
A tous
SCARAMOUCHE est sûrement le meilleur George Sidney (donc je plussoie, comme disent les blogueurs de Dvdclassik)et il est effectivement supérieur aux TROIS MOUSQUETAIRES. Je le verrais talonné d’assez près par l’excellentissime KISS ME KATE, avec lequel il partage un certain goût pour le gigogne (le monde est une scène et la scène est dans le film, etc..).
A Minette Pascal
Vous qui le visionnez une fois par an, ne trouvez-vous pas prodigieux ce moment qui précède très précisément le duel final, alors qu’André Moreau sort littéralement d’une chrysalide pour s’incarner enfin en un Scaramouche tellement beau, alors qu’il est censé être laid, qu’il éblouit non seulement Aline de Gavrillac (Janet Leigh) mais aussi le Marquis de Maynes (Mel Ferrer) qui ne sait pas encore ce qui l’attend (c’est une question de secondes)? J’ai toujours trouvé ce moment, sorte de climax, de consécration, d’introduction exaltante au duel final, tellement classe qu’il m’en tirerait presque des larmes de joie. On a affaire ici à de la pure sublimation cinématographique portée par une musique de Victor Young qui s’y montre très inspiré. Une séquence de chevet, pour moi..
à MP: et bien sûr cette note finale est euphorisante pour le spectateur! alors qu’elle signifie que E Parker est une belle s… euh intrigante sans état d’âme disons. Pour Ferrer je me dis que le côté très antipathique qu’inspire cet acteur a infusé le personnage qui est une ordure prétentieuse, et l’a aidé à bien le jouer! Le brelan d’as des duels serait pour moi SCARAMOUCHE, LE PRISONNIER DE ZENDA (avec Mason) et LES VIKINGS (qui est un hommage au cinémascope). Ah! on pourrait en faire un carré ou un poker d’as quand même!
A A-Angel : Oui, cette transfiguration sur scène et le climat récréatif destiné à donner toute son intensité au duel qui arrive. Et le spectateur électrisé d’être le seul à comprendre la dimension tragique du spectacle, se pâme de l’attente de ce qui ne va pas manquer d’arriver.
Deux regrets minimes cependant que vous ne partagerez peut-être pas:
A la place de Scaramouche, j’embrochais l’autre fumier sans me poser de questions.
Et puis, ma prolo-biologie m’empêche de jubiler au spectacle final de Scaramouche, anobli pour toujours et se pavanant dans une calèche de luxe.
Je le préférais en aventurier errant, parcourant les campagnes de nuit et troussant les belles saltimbanques à même la roulotte.
Mais ce n’est que moi…
A MB : dans votre carré d’as, pourquoi pas y ajouter le duel final du Robin des Bois de Curtiz ou de LA FLECHE ET LE FLAMBEAU de Tourneur. Mais il y en a peut-être d’autres. Je me rappelle d’un bon duel dans les cloches d’une église à la fin des AVENTURES DE QUENTIN DURWARD de Thorpe (film par ailleurs décevant).
A Minette Pascal
Qu’il n’embroche pas De Maynes ne me gêne pas trop : c’est plus humiliant..Et puis, in fine, il a l’air de comprendre sa douleur, voire de faire acte de contrition (Mel Ferrer le fait très bien, ça). Par contre, mes propos étaient formulés de mémoire. J’ai revu le passage commenté et l’ai trouvé à la fois moins fort émotionnellement que ce que j’en disais (m’emportai-je?) et plus excitant formellement. C’est le jeu des regards qui exalte : Janet Leigh applique une lorgnette à son oeil, fait une mise au point et reconnait Eleonor Parker, qui se tient à côté de Stewart Granger. Le regard de Janet Leigh trahit son angoisse. Eleonor Parker lève les yeux vers la loge de Janet Leigh et Mel Ferrer et exprime à son tour son inquiétude. Stewart Granger se tourne vers elle, surprend son regard, le suit et voit la loge où trône son pire ennemi. Là-dessus, la musique de Victor Young et un souffle romanesque embrase l’écran…
A A-Angel : c’est assez ficelle, d’ailleurs, de nous faire croire un instant que De Maynes et Moreau vont encore se rater, non ?
Parmi les moments que je préfère, le père désargenté remettant son épée à son fils (« ne la déshonore pas »), la scène de la mort de ce dernier, tout ce que tente Moreau pour le tirer de là et ce regard de feu qu’il lance à De Maynes, montrant qu’il n’a pas le cœur aussi léger qu’il veut faire croire.
Elephant Films vient de sortir trois films de Douglas Sirk commentés de façon pertinente par Jean pierre Dionnet.Hier soir j’ai découvert »Tempète sur la colline »qui est une très bonne adaptation d’une pièce de théatre.Le film vaut le détour pour le travail sur la photographie et la mise en scène nerveuse du à Sirk.Il n’y a aucun point mort dans cette histoire ou une jeune femme est accusée d’avoir assassiner son frère et se retrouve avec un sergent de police et des villageois dans un couvent de religieuses suite à l’inondation de la vallée.Ann Blyth est d’une beauté incroyable ainsi que Claudette Colbert ,française qui à fait sa carrière essentiellement aux Etats-unis,entouré de Robert Douglas acteur anglais pas assez connu mais qui avait des points commun avec Lawrence Olivier(en effet il arrivait à prendre des intonations de voix pour chaque personnage qu’il composait)puis on peut citer Michael Pate dans le role de Willy qui à beaucoup tourner pour la tv.Si Bertrand me lit peut-il me dire si « La ronde de l’aube »également de Sirk est un film à voir?
Chjer Rouxel
Dans 50 ANS qu’un jour voudevriez lire, on parle longuement de ce chef d’oeuvre de Sirk. Je crois l’avoir vanté sur ce blog
A Rouxel
J’ai été déçu par TEMPETE SUR LA COLLINE qui m’a semblé très fabriqué et un peu poussiéreux. L’argument ne fait pas illusion longtemps (on ne croit pas à cette histoire d’enclave coupée du monde par une inondation)et Michael Pate est grotesque. Bien sûr, comme toujours avec Sirk, la réalisation est au moins soignée mais je trouve qu’il n’y a rien de trop (comme disait mon moniteur d’auto-école).
Excellente rentrée à vous et vibrantes félicitations à notre hôte.
A Alexandre Angel
Dans mon souvenir cela fait partie de ces films mineurs que Sirk a enquillé pour Universal, qui contiennent parfois de jolies idées mais qui gangrenés par la routine des scénarios et de la production. Il n’en parlait guère contrairement à PREMIERE LEGION et surtout au film sur Vidocq
à Rouxel: un film de Sirk dont la mise en scène est dûe à Sirk, scoop!
à Rouxel: remarquez c’est idiot ce que je dis, on a vu des films signés X dont la mise en scène était dûe à Y. Bon. Pas scoop alors.
En allant trois fois par semaine au cinéma,deux fois au théatre sans compter les concerts car Toulouse est une ville qui bouge pas mal plus les restaurants,les revues sur le cinéma ainsi que l’achat de dvd,il me reste pas grand chose le 5 du mois.Comme disait feu Coluche »Le plus dur dans la vie pour vivre c’est les trente jours du mois »!Enfin j’ai trouver à un prix abordable votre bible.
A Rouxel:
Et Alphonse Allais disait (en parlant de son loyer à payer) que le mois est haïssable.
J’ai enfin découvert « La mort de Belle »réalisé par edouard Molinaro en 1960 et qui fait parti des « romans durs »de Georges Simenon.Le scénario signé de Jean Anouilh est d’une noirceur incroyable.Il règne tout le long du film un climat étrange et mysterieux.Jean Desailly compose un professeur d’histoire,ambigue et qui est très distant avec sa femme.Meme à la fin du film le mystère demeure sur la mort de cette jeune fille étudiante qui fréquentait des hommes de son age et pourquoi on à voulu l’assassiner?Puisque j’évoque Simenon,je renvois les internautes sur le coffret de trois films réalisés par Denis Malleval dont l’adaptation est de Jacques Santamaria et produit par Jean Baptiste Neyrac.Je conseille tout d’abord »Jusqu’à l’enfer »avec Bruno Solo qui reprend le role de Jean Desailly et qui est vraiment crédible dans ce role de professeur malade.Par contre »L’escalier de fer »est interessant mais ce qui cloche c’est de voir Laurent Gerra imitateur dans un role dramatique qui dit etre fier de jouer un personnage créer par Simenon.
A ROUXEL
C’est sans doute le meilleur Molinaro
à Rouxel: je vous parlais de l’intérêt de JUSQU A L ENFER en réponse à votre 1er message sur le Molinaro, ah mais!
effectivement mon cher MB,j’ai été surpris par la performance de Bruno Solo qui est vraiment crédible dans ce role sombre et violent.Le troisième film adapté par Santamaria avec Olivier Marchal »Les innocents »n’est pas négligeale aussi.
A Mr Tavernier : Poussé par votre commentaire, j’ai revu le premier épisode de la DICTEE. Ma parole, j’ai dû le rater quand il est passé à l’époque.
Cet ancien Communard cultivé, généreux et sage, le contraire d’une canaille, bouleverse.
Je l’aurais bien vu, plutôt qu’à l’harmonium, apprendre le temps des cerises au gamin en la chantant sur les chemins…
Des images superbes de surcroît.
Si les épisodes suivants sont de ce tonneau, je ne comprends pas comment j’ai pu les trouver ennuyeux.
Evidemment, on ne met pas longtemps à comprendre pourquoi le scénario vous a touché.
Sur Victor Hugo, j’avais été déçu de lire qu’il n’avait soutenu le peuple de la Commune que du bout des lèvres. Mais on ne va pas faire les difficiles : il y a les textes. Car s’il avait fallu les attendre des autres…
Ah victor hugo. Je ne sais pas si cette séquence est écrite telle quelle dans le livre, j’aime tellement la réplique de l’évèque (joué par le très bon fernand ledoux) à sa servante, dans les misérables de le chanois, celle-ci l’appelle « votre grandeur », il veut prendre les chandeliers dans une étagère et lui dit « passez moi donc une chaise, ma grandeur n’atteint pas l’étagère ».
A Stag : Moi aussi j’adore cette réplique. Je me demande même si ce n’est pas la scène du film que je préfère, tout mécréant que je suis.
J’aime aussi l’interprétation de Louis Seigner (je crois) dans la version Hossein. Le bon bourgeois (JM Proslier) l’exhorte à profiter de ses prérogatives, de la vie tout court mais il ne le touche à aucun moment, lui inspirant même une certaine pitié.
ça existe dans la réalité, ça ?
A Minette Pascal
Puis je dire que je déteste ces versions plan plan (le Chanois n’aimait pas Hugo, dixit Audiard). Rien à voir avec le Raymond Bernard beaucoup plus fidèle, voire le Freda
à Bertrand: si Le Chanois n’aimait pas Hugo il cacha bien son jeu : « La difficulté consistait à adapter sans trahir, à suivre fidèlement la trame tout en faisant ressortir l’esprit d’une oeuvre qui reste jeune et actuelle » dit-il quelque part (sans doute dans le dossier de presse?)(cité dans Dict des films de Georges Sadoul, 1965)!
C’est dans le même bouquin que Sadoul parle de la version égyptienne de 44 signée Kamal Selim: « cette adaptation est l’une des meilleures jamais inspirées par Les Misérables », on voudrait bien vérifier. Il cite aussi une version indienne en langue tamil de 1953: EZAI PADUM PADI de K Ramnoth! et une soviètique de 1937 de T Loukatchevitch: GAVROCHE (d’après le titre, une adaptation partielle)! Msieur Brion on veut un cycle LES MISERABLES avec tous ces films!
A Mr Tavernier : On en avait parlé quelque part ici et vous disiez votre peu d’estime pour le Le Chanois.
Il faudrait trouver des Hugo pour tourner les Hugo !
J’avoue un petit sentiment pour ce Misérables car c’est le seul qui passait à la télé quand j’étais gosse et c’est donc celui qui m’a donné envie de bouquiner l’original. Je pense que ça lui fait une petite qualité.
J’imagine que, dans les collèges, on n’attaque pas Hugo sans appâter avec Jean Gabin ou Lino Ventura ( même pas sûr que ça marche, aujourd’hui, d’ailleurs).
Pour le Hossein, j’ai aimé certaines idées mais abhorré d’autres comme la déchéance de Fantine représentée par un gros plan prolongé qui donne l’impression que l’actrice a été la cible d’un concours de lancer de peinture.
A ma grande honte, je n’ai pas encore vu les deux versions que vous citez.
A Minette Pascal
C’est faux. J’ai de l’estime pour le Chanois et le montre comme un des resistants de la première heure dans LAISSEZ PASSER. Et j’ai dit beaucoup de bien de ses scénarios de LA DAME D’ONZE HEURES, LA MAIN DU DIABLE. J’ai vanté dans ce blog L’ECOLE BUISSONNIÈRE et ces chroniques populistes chaleureuses comme SANS LAISSER D’ADRESSE, de même que chaque fois que j’ai pu, j’ai rappelé qu’il était l’auteur du premiers scénario d’EUROPE 51, proche du film. Simplement, il n’avait pas la tete épique, ne sait pas cadrer les scènes d’action. Il est plat dans l’épopée
A Mr Tavernier : J’avais écrit « pour LE Le Chanois » , c’est à dire pour les MISERABLES de ce réalisateur.
Et non que vous aviez peu d’estime pour ce cinéaste.
A Minette Pascal
My mistake. Grace à vous j’ai revu les deux premiers épisodes de la DICTÉE (dont le titre est LOUIS MEISSONIER MAITRE D’ÉCOLE) et les ai trouvés magnifiques, riches de sens à l’heure actuelle, ils deviennent percutants) et d’émotion. La description du travail à l’école Normale dans ces années là – sujet jamais exploré – est fascinante. Cette école qui se voulait républicaine pouvait être dogmatique. Plaisir de retrouver des comédiens chers à Jean Cosmos et que j’ai utilisés : Victor Garrivier joue dans COUP DE TORCHON, eric DUFAY dans la VIE, L 627, CONAN et d’autres comme la très sensible Catherine Salviat. C’était une époque où le Service Public, grace à des gens comme Cosmos, se donnait une mission : parler de la France. Le premier épisode comprend 20 minutes en patois et les chaines l’acceptait. Voyez cette oeuvre surtout ceux qui sont dans l’enseignement
A Mr Tavernier : No mistake. Ma formulation prêtait à confusion.
Et bien, moi, j’ai visionné les 6 épisodes de la Dictée.
J’ai aussi été émerveillé par les longs dialogues en patois.
La représentation de l’Ecole Normale de l’époque fait froid dans le dos. On hésite entre admirer l’exigence et rejeter ce climat oppressant. Le film semble dénoncer chez les responsables des positions un peu méprisantes vis à vis des classes défavorisées et une certaine servilité à l’égard de la hiérarchie.
Raconter notre époque à ces gens-là reviendrait à leur lire un roman de Science-Fiction, mais c’est un lieu commun depuis belle lurette.
A MB:
Il y a surtout la version muette de 1925 tournée par Henri Fescourt que j’aimerais beaucoup voir et dont ceux qui l’ont vue s’accordent pour dire que c’est la plus fidèle au roman. Il faut dire qu’elle dure 6 heures (Lourcelles lui indique 513 minutes, environ huit heures et demie, est-ce une erreur ou une question de vitesse de défilement différente?). Le film a été restauré (cet article sur Dvdclassik: http://www.dvdclassik.com/critique/les-miserables-fescourt). A quand une édition en DVD ou en Blu-Ray?
à Mathieu: je n’ai pas mentionné la Fescourt car trop connu (enfin, de titre…) mais ces versions indiennes tamil et égyptiennes me fascinent. Jacquot place très haut la Freda (Gino Cervi en Valjean). Pour le Fescourt, on a toutes les durées possibles dans les bouquins et parfois en mètres. Le Larousse précise 32 bobines, elles font forcément chacune 10′? et la dernière éventuellement plus courte? entre 310 et 320 minutes alors? mais à l’origine projeté à 16im/sec? au-secours une aspirine!
à Minette Pascal: « On hésite entre admirer l’exigence et rejeter ce climat oppressant. »
Je n’ai pas vu LA DICTEE mais ça donne envie. (et ça va être fait bientôt d’ailleurs).
A MB : Le premier épisode va bien vous accrocher.
Entre autres, le personnage central, une belle âme magnifiée par les blessures.
J’adore la réplique : » Je me suis cru peintre. »
A Stag: Et si, cette réplique de « ma grandeur » est de Hugo.
Merci pour cette précision.
A bertrand, j’ai commandé la version « bernard », contemporaine de films américains que j’adore, cela fera un point intéressant, outre découvrir une nouvelle version dont je n’entends dire que du bien, des misérables, vanel en javert, blier est très bon, fût-il mauvais une fois ?, les rôles joués par tant de grands acteurs différents, tout cela est passionnant. Un peu comme voir wyatt earp et doc holliday et les différentes versions proposées.
Puis-je me permettre, puisque ce blog est une chance inouïe de pouvoir avoir vos avis, de vous demander quelle version vous préférez du « règlement de compte d’ok corral », quel earp et quel holliday vous convainc le plus ? Et pourquoi ?
D’avance merci !
A Stag
Pas le OK CORRAL de Sturges très académique et pesant, plutôt son 7 SECONDES EN ENFER. L’une des meilleures est la première LAW AND ORDER d’Edward L Cahn écrite par John Huston d’après le beau roman de WR Burnett que j’ai fait publier chez Actes Sud, SAINT JOHNSON. Il y a le sublime MY DARLING CLEMENTINE, l’intéressant DOC de Frank Perry, le parfois intéressant mais mal écrit et dialogué FRONTIER MARSHALL de Dwan et VENGEANCE À L’AUBE, variation sur OK Corral de George Sherman. Je ne me souviens pas assez bien de Wyatt Earp et de TOMSTONE
J’ai lu dans la bio de Wyatt Earp que ce genre de règlement de comptes était parfaitement exceptionnel à l’époque, d’où la célébrité de celui-ci! Les 10 1ères minutes de 7 SECONDES (générique et bagarre) sont fabuleuses (merci à Jerry Goldsmith aussi).
A bertrand, Merci pour votre réponse sitôt revenu de ce lion d’or tant mérité.
Après quelques minutes de recherches law and order s’annonce difficile à trouver mais tout se déniche sur internet. Le casting fait envie, les hustons père et fils, walter huston est tellement bon dans le trésor de la sierra madre, harry carey père, et dans un petit rôle il y a même walter brennan.
J’étais enthousiaste à l’idée de découvrir frontier marshall sorti récemment par sydonis, randolph scott dans le rôle de earp, sur cet aspect il y a un intérêt à voir une nouvelle interprétation plutôt inédite dans le style « froid » de scott. J’aime bien wichita, qui n’est pas un « ok corral » mais mc crea est lui aussi un earp différent. Difficile de ne pas adorer clémentine. Merci pour votre réponse.
A bertrand, Toujours sur wyatt earp, en revoyant ces deux derniers jours « wichita » de tourneur (chez wb) qui précède sur la même base scénaristique (de daniel b.ullman) « le shérif aux mains rouges » édité chez sydonis, je me demande si les modifications d’un film à l’autre, et les références faites dans le film de newman sur le film de tourneur sont un choix lié à une admiration du premier pour le deuxième, ou liés au fait que mccrea joue les deux premiers roles ? Dans wichita mccrea joue earp et prend comme adjoint bat masterson, dans le shérif aux mains rouges le premier rôle n’est plus earp mais bat masterson, lequel personnage joué toujours par mccrea fait référence dans le dialogue à earp. Les similitudes scénaristiques semblent s’expliquer par une oeuvre originale identique mais adaptée différemment, volontairement, mais pour quelle raison ?
Pas de lien mais pour l’anecdote vera miles, magnifique dans les deux films, s’appelle laurie dans wichita puis dans les searchers de ford.
A STAG
Ne revez, les metteurs en scène ne connaissaient la plupart des films de leurs collègues. Je pense que les ressemblances sont dus aux scénaristes et aus producteurs et parfois au hasard : un scénario a tourné dans les studios, une fiche de lecture peut tout d’un coup jouer un role. Le producteur s’est dit : il a joué Earp, Bat Masterson a aussi une petite célébrité qu’il le joue aussi
à MP: je viens de voir les 2 premiers épisodes de LA DICTEE, formidable, intense on en loupe pas une seconde. J’adore Catherine Salviat. Comment ai-je pu louper ça, et j’ai les 2 dvd de L HOMME DU PICARDIE en attente, Mathieu a déclenché quelquechose. pas près de pas savoir quoi regarder le soir, moi.
Pourquoi est-ce un autre titre LOUIS MEISSONIER MAITRE D ECOLE qui apparaît au début? Ceci dit on s’en fout. Cette chanson est vraiment magnifique je vais l’enregistrer (chanteur Jackie Berger).
Bon, l’image est vraiment limite mais signe de l’intérêt de l’oeuvre ça ne m’a pas distrait, était-ce du 16mm en 84, la norme à la tv?
A MB sur la DICTEE : Je ne suis hélas pas une référence pour vous parler de formats. B. Tavernier à tous les coups.
Oui, Salviat est formidable. La dernière image où elle a enlevé son bonnet et fixe son hôte pour lui dire sa reconnaissance et son amour, dans le silence et la lueur des bougies est un grand moment.
Et puis la chanson avec Jackie Berger en petite fille ( elle a l’habitude).
C’est presque bizarre, ils auraient pu prendre une vraie voix d’enfant, moins expressive sans doute.
Voilà ce que je nuancerais un peu dans cette discussion
A Ballantrae
« Le début de la déconfiture coincide avec le numéro d’octobre 1989 et le nouveau format… »
Je ne dirais pas « déconfiture » quand même..(la couverture de ce numéro était consacrée à PALOMBELLA ROSSA d’ailleurs et un mois plus tôt, au BATMAN de Tim Burton, ce qui avait fait grincer les dents des lecteurs).
« Ce qui leur manque: un équilibre entre actu et mémoire comme dans Positif avec les dossiers substantiels qu’on peut lire et relire au gré de ses découvertes et redécouvertes. »
Oui, mais ça c’est vraiment la grande spécialité de Positif, revue érudite par excellence. Il y a tout de même, de manière certes moins copieuse, de sporadiques dossiers dans Les Cahiers (j’ai l’ excellent souvenir d’un dossier consacré à Luis Bunuel).
A Martin Brady (j’m’habitue pas à MB)
« Votre constat est plus explicite pour arriver à une conclusion aussi sévère que la mienne. »
Sévère mais pas aussi négative..
« Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait rien d’intéressant dans les Cahiers. »
Mais je pense que l’intéressant domine même si ce que vous fustigez le mérite.
Pour moi, une bonne critique doit avoir quelque chose de sensualiste, venant nous rappeler qu’un film a beau être intangible (on ne peut le toucher), il n’en est pas moins un objet (d’art). Il a droit à sa matérialité. Dans leurs bons moments, plus nombreux que vous le dîtes, Les Cahiers, dans leur intellectualisme, peuvent se montrer sensualistes.
Voilà quoi, puis comme dirait Quentin : « Vive le.. »
J’ai encore mal placé mon message, peste de moi..
à AA: Je reconnais qu’il y avait une goutte de mauvaise foi dans le généreux cocktail de mon intervention.
Pour Les Cahiers, il y a certes un débat sur le contenu mais une revue c’est aussi une maquette, une accroche visuelle pour le lecteur. Et là encore pour moi, c’est Positif qui l’emporte. Rien que de feuilleter la revue des Cahiers, celà ne m’incite pas visuellement à m’y plonger : et ce malgré les dossiers et articles interessants qui s’y trouvent. C’est sans doute un tort mais pour lire Les Cahiers, il faut que je me force un peu. Et comme ballantrae, considérant que l’équilibre entre actu et mémoire est une des composantes importante de ma cinéphilie, je resterai toujours plus proche d’une revue comme Positif.
Bertrand, Je viens à l’instant de visionner et decouvrir MISSISSIPPI BLUES et je dois vous dire qu’on sort de sa vision avec l’impression d’avoir fait ce voyage avec vous et votre ami Robert Parrish. Dans ces superbes couleurs automnales capturées par Pierre William Glenn, ces rencontres, ce blues qui imprègne chaque parcelle de ce sud légendaire. Bravo à tamasa d’avoir sorti ce film dont on y observe une fois de plus toute votre sensibilité et curiosité.
Rien à voir avec le blog de ce mois-ci mais je sors enthousiasmé de la vision de L’HOMME DU « PICARDIE », un feuilleton télé tourné en 67 et sorti en 68 en quarante épisodes de 13 minutes (sorti en DVD dans la collection « Mémoire de la télévision » chez Koba Films en quatre DVD et quatre films d’une durée totale d’environ sept heures et demie) et que je n’avais jamais vu. Enthousiasmé et admiratif (et un brin nostalgique) devant une télévision qui respectait ses spectateurs, respect, honnêteté d’ailleurs payants puisque (si j’en crois la jaquette du DVD) la série a été la plus populaire de l’histoire de la défunte ORTF. A méditer…
Le feuilleton raconte l’histoire d’un batelier et de sa famille, ses difficultés puis son impossibilité à continuer son activité de batelier indépendant dans un monde en mutation, son attachement à la tradition, à sa liberté, son inadaptation au changement, son orgueil, sa mauvaise foi aussi (il se dispute avec absolument tout le monde, à commencer par ses enfants, puis sa femme, puis ses meilleurs amis, les uns après les autres). Personne n’est idéalisé, personne n’est jugé, ni ceux qui refusent de se mettre au service d’un patron, ni ceux -les plus jeunes- qui acceptent le travail salarié, et qui y voient paradoxalement une forme d’émancipation.
Tous les acteurs sont très bons, très justes, Christian Barbier, second rôle du cinéma français des années soixante (il joue notamment dans L’ARMEE DES OMBRES de Melville) est vraiment excellent dans le rôle de sa vie. Scénario très bien écrit, au plus près de son sujet, très honnête, qui ne dévie pas de sa trajectoire, évitant le recours à des péripéties trop mélodramatiques où extérieures au sujet pour relancer l’intérêt, certes avec des répétitions -induites par le récit et le format du feuilleton- mais assez vite contournées par l’ellipse et l’ironie (la mauvaise foi du héros devient à la fois comique et pathétique).
Caméra souvent mobile, à l’épaule, beaucoup (trop) de zooms, beaucoup de longues focales, de gros plans, bref un style de caméra de reportage, qui se justifie pleinement lors de scènes où la fiction et le documentaire se mélangent, où les protagonistes sont captés dans des situations réelles, bourse d’affrètement, pardon de la batellerie, etc…
Ce n’est pas peut-être pas un chef-d’œuvre, il y a des maladresses dans les rares scènes « d’action », une photo quelconque, en tous cas dans le médiocre transfert des DVD -couleurs délavées et hautes lumières brulées-) et le film a dû être fait avec très peu de moyens, mais je me dis que ce film vaut mieux que le silence critique dans lequel il semble végéter depuis sa création (bien qu’il ait été rediffusé plusieurs fois depuis sur différentes chaines). En tapant « L’HOMME DU PICARDIE » sur Google, je ne trouve quasiment rien… Il ne doit pas entrer dans une case, ni la case « auteur », ni la case « genre », ni la case « politique » (on n’y dénonce rien, mais on n’y trouve pas non plus le consensus roublard des champions du box-office du cinéma français actuel, ces comédies « sociologiques » où la France se rit de se voir au fond si belle en ce miroir).
Votre éloge ferait très plaisir à un copain qui m’avait incité, il y a 7 ou 8 ans à redécouvrir cette série dans des termes assez similaires aux vôtres. Et je suis plutôt d’accord. Je vais imprimer votre message et l’offrir à mon pote.
C’était le temps où la lenteur n’était pas un défaut.
Je pense qu’il y en a d’autres comme ça à sortir en coffret: Les Mohicans de Paris, par exemple.
Je vous conseille également chez Koba Films les feuilletons suivants: »L’ile au trente cercueils,La poupée sanglante,Les compagnons de baal,Belphégor,sans oubliez « Les dames de la cote »réalisé par Nina Campanez.
J’ajoute à propos de L’HOMME DU » PICARDIE » que parmi les acteurs principaux on y trouve l’excellent Lucien Raimbourg, évoqué ici à propos de CHAIR DE POULE.
Lucien Raimbourg qui était un cousin de Bourvil n’a jamais tourner avec lui,c’est assez bizzare quand meme.
à Mathieu: merci pour l’avis, je vois que cette collec n’est pas trop chère en plus, et je vais fouiller ce qu’ils ont d’autre mais j’ai mis L HOMME DU PICARDIE dans ma liste d’attente.
A MB
Essyez de voir les téléfilms écrits par Jean Cosmos : LA DICTÉE (4 épisodes je crois), FABIEN DE LA DROME, LA FILIERE, ARDECHOIS COEUR FIDELE, passionnante histoire, bien jouée et hélas tournée avec incompétence
Fabien de la Drôme avait un petit côté western qui m’avait plu -attesté par la musique que j’ai encore dans l’oreille, un signe!- mais j’étais très jeune…
Ardéchois était une histoire effectivement riche mais le filmage était assez plat.Je crois me rappeler que Cl Brosset y était très bien, me tromperais-je?
A Ballantrae
Non et Sylvain Joubert aussi. Cosmos avait fait toute la distribution mais il était enragé contre le réalisateur qui ne comprenait rien. Il ne voulait pas que les compagnons se vouvoient (ce sont des ouvriers) alors que cela faisait partie de leurs règles et a happé tous les travaux difficiles qui demandaient un travail de mise en scène (ravaudage des poutres) transformant cela un un rabotage d’une planche. J’ai pensé le refaire en élaguant le scénario mais en rajoutant ce qui avait été ellipsé par le réalisateur mais Cosmos est tombé malade et à ce moment là, personne ne s’intéressait chez les producteurs aux feuilletons tv. C’est pourtant là que j’ai découvert Cosmos, en voyant la DICTÉE
à Bertrand merci tous ces titres sont accessibles en médiathèque chance. Pour les tvfilms et puisque je parlais de Brisseau, je regrette que ne soit pas édité dans la même collec LES OMBRES, produit par Rohmer qui soutint Brisseau depuis le début (on lui pardonnera LE RAYON VERT!) et diffusé une fois à la tv en 82. C’est Claude-Jean Philippe qui avait signalé ce film dans son émission sur Fr Culture sinon je l’aurais loupé que n’ai-je gardé la cassette voilà un incunable! Avec le film de Durringer signalé par Gadebois, on se dit que des heures de talent se perdent après une diffusion et une rediff en été (il y a qqs rediffs qui suivent dans la nuit après la 1ère quand même). Télérama est utile car si je grimace devant leur esprit boy-scout au moins je reconnais que les critiques voient vraiment les tvfilms en avant-première et que je ne crois pas que d’autres journaux le fassent vraiment? Une lacune de Positif? tv film = film pourtant. Il faut une alerte avant la 1ère diffusion sinon c’est quasi perdU dans les limbes, toutes ces heures d’images perdues dans les limbes certes c’est très poétique mais…
Puisqu’on parle de téléfilms français, j’avais été marqué en 81-82 par une réalisation de Michel Polac bien chargée en vitriol qui s’appelait LE BEAU MONDE. A l’époque, j’y découvrais Fabrice Lucchini (je n’avais encore pas vu ni LE GENOU DE CLAIRE, ni PERCEVAL LE GALLOIS)et je me souviens de seconds rôles savoureux (Christian Marquand ou une Judith Magre formidable). Quelqu’un l’a t-il vu ?
Vite, vite, avant que MB le voie !! LUCHINI
Ouf..
j’avais corrigé mais le serveur m’a trahi.
C’est vrai, FABIEN DE LA DROME avec sa musique, ses décors et ses personnages de western…
La DICTEE m’avait paru ennuyeuse mais la télé aurait dû lui donner une deuxième chance. Je me souviens de la jolie chanson du générique de fin, à la fois légère et mélancolique, avec cette chorale de village survenant pour brailler le dernier couplet. Risible d’abord, puis étrangement émouvant…
A Minette Pascal
Je trouvais le scénario magnifique : comment un texte de dictée, de Victor Hugo, est d’abord pendant une longue période, un texte révolutionnaire, une déclaration de guerre au conformisme et à la dictature religieuse des bien pensants, devient peu à peu juste une dictée ennuyeuse dépourvue de sens. Et la direction sobre, attentive de Marchand, la présence de Victor Garrivier contribuait à l’émotion de ce film, l’un des rares à évoquer les premiers pas des hussards de la république. En plus faire du héros quelqu’un qui avait été dans le mauvais camp lors de la Commune était une idée forte et originale. En voyant ce film, j’ai dit » mais j’aurai adoré en faire une oeuvre de deux heures pour le cinéma. C’est un sujet primordial »
Très bonne analyse ce ce feuilleton réalisé par un vieux routier de la télévision Jacques Ertaud.Il faut savoir que le scénario à été écrit en parti grace à l’aide de Désiré Brest « puriste de la cgt »qui défenda longtemps la profession des bateliers et mariniers.Dans le dictionnaire des séries télévisées,Benjamin Fau écrit que « L’homme du Picardie »était interessant sur le plan psychologique des personnages ainsi que l’interprétation juste des acteurs(Christian Barbier,Yvette Etiévent ,le jeune Pierre Santini que l’on reverra plus tard dans le role de l’avocat François Gaillard ou la vie des autres puis il y a la présence de Lucien Raimbourg acteur pinçé et attachant dans le role d’un ancien marinier qui élève poules et lapins afin de vivre)il rajoute que l’ensemble est ennuyeux.Comme vous l’écriviez précedemment les téléspectateurs attendaient 19h45 sur la première chaine afin de suivre les tracas de Joseph et de sa famille.Plusieurs familles de mariniers qui n’avait pas de tv,s’arrètait au café-épicerie situé près des écluses pour regarder un bout de leurs vies sur le petit écran.Puis le point du feuilleton c’est le coté documentaire du film narré par Jacques Ertaud qui nous explique ces péniches transportés quantités de productions céréalières et autres à travers toute l’Europe. »L’homme du Picardie »est arrivé à une époque charnière ou le fret ferroviaire ainsi que le transport par camions commençait à prendre de l’ampleur et à vue disparaitre une profession et l’éclatement de familles qui avait toujours naviguer sur des canaux ou rivières.C’était de la télévision populaire structifde qualité avec un coté social fort instructif.
A Rouxel:
Pas du tout d’accord avec Benjamin Fau, dont je viens de feuilleter le Dictionnaire des séries télé – que je ne connaissais pas -, je ne me suis pas ennuyé une seconde à regarder L’HOMME DU PICARDIE, et je l’ai visionné en deux fois (pour une durée totale de plus de sept heures et demie).
Vous avez entièrement raison à propos de PANIQUE, qui est effectivement un chef-d’oeuvre, l’un des plus grands films de Duvivier, et l’un de ceux où son pessimisme s’exprime le plus (avec VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS). Plusieurs visions n’en réduisent aucunement l’intérêt. LE DIABLE ET LES 10 COMMANDEMENTS se laisse voir avec un certain plaisir, mâtiné quand même d’un peu d’ennui. Pour les années 60, le meilleur film de Duvivier est à mon avis CHAIR DE POULE, sorte de FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS situé dans un coin désolé de Provence. C’est d’ailleurs une adaptation d’un roman noir de James Hadley Chase. Robert Hossein et Catherine Rouvel sont très convaincants. On est bien sûr à 100 lieues de PANIQUE, mais le résultat est loin d’être inintéressant.
A Julia Nicole
J’ai revu CHAIR DE POULE dont le premier tiers est brillant, rapide, elliptique. L’histoire ensuite se désagrège comme dans tous les James Hadley Chase ou la seule motivation c’est l’intérêt, le pognon. Il y a ici et là des éclairs de violence surprenant et Lucien raimbourg est mémorable (notamment le plan ou il va à l’hôpital
à Bertrand: oui, Raimbourg fait 30% de l’intérêt du film! et cette bagnole…
Fils d’Henri Salvador,reconnu et élevé par l’acteur François Périer,Jean marie n’est pas que le photographe des années yéyé mais aussi un réalisateur de court-métrage,documentaire,de clips pour Jacques Dutronc et Françoise Hardy,puis de 600 publicités pour la télévision ou le cinéma.Revenons sur »Antoine et Sébastien »qui voyait débuté le chanteur Dutronc dans une histoire douce amère avec François Périer qui joue le père de Dutronc.C’est bien sur auto-biographique entre un fils qui fait son service militaire et son tuteur qui souhaite qu’il se marie avec une belle italienne(Ottavia Piccolo).Il y a beaucoup de tendresse de ce film avec une mise en scène sobre et efficace.Quatre ans plus tard Périer rapellera Dutronc pour »Sale réveur »dont le role principal devait etre tenu par Sylvain Joubert acteur de théatre qui s’était engagé pour un feuilleton à la tv.C’est un film plein de lyrisme sur un homme réveur qui s’invente une histoire d’amour avec une femme qui l’aperçoit sortant d’un salon de thé.Dans le coffret en bonus on retrouve plusieurs publicités que Jean marie Périer à tourner ainsi qu’un portrait tout en finesse de Dutronc en Corse au milieu de ses chats en présence de Lanzman,on voit meme son papa Pierre Dutronc qui était pianiste.Pour ceux qui aiment les belles photographies,Jean marie Périer expose dans l’Aveyron,dépatrement et village qu’il à adopter depuis.
à propos de films incunables j’aimerais bien revoir un film de Xavier Durringer de 1997 introuvable en dvd J IRAI AU PARADIS CAR L ENFER EST ICI. Depuis Durringer s’est retrouvé à la tv et je ne connais pas ce qu’il a fait. A part ça, il a tourné LA CONQUETE dans lequel Podalydès joue Sarko et un film sur un champion d’arts martiaux (si j’ai bien compris): CHOK DEE.
J IRAI AU PARADIS est marquant, avec des acteurs formidables: Marc Chapiteau, Gérald Laroche, Eric Savin, Daniel Duval et Brigitte Catillon, c’est l’histoire d’un jeune truand qui fait partie d’une bande de malfrats grenoblois, et finit par trouver sa rédemption par amour d’une femme, en travaillant dans un centre pour handicapés (mais mon souvenir est confus). Je l’avais vu sur une chaîne payante, s’il pouvait passer sur la tnt ça m’arrangerait. Une idée pour Olivier Père de Arte!
A MB
La première moitié était formidable avec des acteurs étonnants mais le ton devenait tout à coup christique et j’avais été assez dérouté
à Bertrand: il faut que je le revoie, à cause du côté christique qui m’a échappé. Ca me semble correspondre à la toute dernière séquence dans le centre pour handicapés. Ce film a eu du succès, je ne comprends pas l’absence de dvd.
Je recommande vivement LES OREILLES SUR LE DOS, excellent téléfilm d’après Georges Arnaud, sur la fuite d’un groupe de mercenaires après un coup d’état en Amérique latine. Je parle depuis un souvenir mais évoquer Duringer me donne envie de le revoir. On retrouve le casting de J’irai au paradis et une Béatrice Dalle encore filmable en 2002. J’ai en mémoire un remarquable film d’aventure, riche en conflits humains, très durs, une atmosphère suffocante et tendue. Méritait sans doute une distribution en salle.
La dimension christique, spirituelle disons, était assez étrange voire ratée car trop martelée.Scorsese (et Ferrara dans ses meilleurs films) a bien mieux réussi cette collision film de gangsters/ questionnement religieux car elle s’avère organique chez lui et non ostentatoirement intellectualisé.
Durringer était un auteur intrigant mais hélas son dernier film La conquête, biopic fastidieux sur Sarkozy était bien pénible car dénué de point de vue, réfugié dans la quête du détail vrai sans pensée politique: impression de lire la chronique Sarko comme dans les médias…malgré un B Lecocq épatant en Chirac et un D Podalydès intéressant.
Jusqu’ici je ne comprends pas où Bertrand et Ballantrae ont vraiment pu voir une dimension christique ou spirituelle dans J IRAI AU PARADIS (sauf peut-être dans sa toute fin). D’autre part je voudrais tempérer sur Scorsese et Ferrara : cette apport christique me paraît parfaitement déplacé et creux dans leurs films, on le sent dans MEAN STREETS avec une certaine justesse et puis après c’est un truc ou c’est même absent, chez Ferrara je ne l’ai pas vraiment repéré ou été convaincu (NOS FUNERAILLES? pas vu…) mais je ne connais pas ses films après BODY SNATCHERS.
Un jour je parlais de la dimension spirituelle de UN JEU BRUTAL de Brisseau à un copain qui m’a dit que je délirais complètement. Le même film avait été descendu vulgairement par CM Trémois de Télérama qui avait bien senti la spiritualité mais avait été à mon avis secrètement contrariée que celle-ci ne fût pas associée le moins du monde à de la religion, ce qui dut choquer assez sa chrétienté pour provoquer un ressentiment anti-Brisseau (et briller devant l’auditoire, aussi, le ricanement devant un film naïf (au sens artistique) est souvent bien vu: « moi je suis pas dupe gnagnagna ») c’était au Masque et la Plume.
Je tenterai de pister les reliefs de religion christique dispersés ça et là dans les films de Scorsese désormais! (Ferrara faut pas pousser mon temps est précieux).
A MB
Scorsese l’a revendiqué maintes fois et Pauline Kael l’avait pointé tôt. Dans le Durringer, vers la fin, il y a ces poissons qu’on dessine sur le sol, référence directe à QUO VADIS et aux signes de ralliement des chrétiens (Iktus) et cette échappée mystique. Pour Ferrara, je serai plus circonspect (influence de sa scénariste pour BAD LEUTNANT ou inflexion donnée par Harvey Keitel
La dimension explicitement chrétienne de J’irai au Paradis…réside non seulement dans les signes symboliques décelés à juste titre par Bertrand mais aussi dans le rappel du parcours de François d’Assise quand on perçoit le changement de vie du héros.
Je crois que ces éléments moins voyants que les signaux d’un John Woo (colombes au ralenti dans une lumière diaphane) et a fortiori à ceux de Terrence Malick expliquent en grande partie le succès de ce film auprès de Télérama.
La question de la spiritualité dans l’art et dans le cinéma est vaste et complexe car elle rassemble aussi bien des auteurs évidents ( Bresson, Dreyer, Malick, Tarkovski) que des auteurs plus rugueux et iconoclastes a priori ( Pasolini, LV Trier, Bruno Dumont).
Pour revenir sur Ferrara, je pense que ces questionnements sont effectivement inhérents à son scénariste de la grande époque ( Bad lieutenant, The funeral, The addiction, King of NY) Nicholas St John et on peut les déceler de manière certes tordue mais tout de même patente: toujours ce questionnement sur le Mal, sur la rédemption qu’on peut retrouver souvent chez Scorsese de manière à mon avis plus riche.
Scorsese ne s’est jamais caché de son héritage catholique un tantinet tourmenté dès Who’s that knockin’ at my door: hésitation entre spirituel et charnel, entre ganstérisme et prêtrise, etc…Marty manifeste ce pan de son univers notamment dans Mean streets, Taxi driver , Raging bull, La dernière tentation of course et aussi Goodfellas avec sa figure de Judas chez les gangsters.
N’oublions pas l’injustement mésestimé Kundun que je tiens pour l’un de ses chefs d’oeuvre d’une ampleur plastique impressionnante avec un sens du montage jubilatoire ( il faut voir le docu du regretté M H Wilson pour comprendre pourquoi Scorsese s’est rapproché de ce projet qui l’a apaisé) et qui participe d’une vision spirituelle plus proche du cinéma contemplatif asiatique avec le plus d’un héritage direct des visions baroques de M Powell ( l’utilisation des mandalas, les « rêves » de kundun).
à Bertrand: je n’avais pas vu les poissons, je reverrai le film (je n’arrive pas à faire passer une réponse plus longue le serveur fait des siennes tant pis).
Panique est effectivement un grand film comme je le disais précédemment lors d’un message sur l’adaptation de P Leconte.
Il n’y a pas à choisir entre les deux films car les deux sont denses, puissants et bouleversants d’abord grâce au talent de Simenon qui a conçu une cruelle et troublante histoire d’amour sur un « homme sans qualités »qui fera les frais de son désir de discrétion.
Ensuite par le talent de mise en scène des deux cinéastes: tout en ombres et lumières,empreint d’une menace sous jacente qui n’a rien à envier au Corbeau et parfois virtuose pour Duvivier; impressionniste, délicat et aérien pour Leconte.
Petite note en passant sur un film récent: La isla minima d’A Rodriguez est un polar espagnol situé dans l’Espagne post franquiste dans un paysage irréel de rizières, canaux, roseaux séparant des villages schizophrènes entre aspirations démocratiques et franquisme encore omniprésent.
Belle photo, beaux cadrages , son souvent saisissant, acteurs sobres et sens de l’espace très juste.
Mais là où j’aimerais en venir, c’est dans le jeu des influences: si Rodriguez revendique le souvenir du Corbeau, de Un homme est passé de Sturges ou de Memories of murder ( pas mal comme choix), pour ma part c’est à Dans la brume électrique que j’ai pensé et pour le sujet et pour l’atmosphère fantômatique.
Malgré la « crise » (qui a bon dos, comme pour la Grèce il sa’git d’une habile stratégie du choc consistant à affirmer avec la finesses d’un tir d’artillerie: There is no alternative), les Espagnols persistent à nous envoyer de beaux films et pourtant la production a chuté de manière alarmante, de nombreuses salles ont fermé.
A Ballantrae
Ballantrae, vous avez toujours raison et moi aussi, j’ai, aimé La Isla Minima et je pense qu’il faut défendre l’Espagne et la Grece : On a voté pour la gauche en France et on a eu la droite allemande a dit non sans esprit Varoufakis
Varoufakis est un type bien,courageux et lucide, il faut absolument lire dans le Monde diplo du mois d’août.
Il s’est joué en Grèce cet été un événement révélateur qui aura bien des conséquences néfastes.
Est-ce la langue, est-ce le contexte d’un pays déchiré entre démocratie et dictature ? Pour ma part, en voyant LA ISLA MINIMA, j’ai beaucoup pensé à DANS SES YEUX de Juan José Campanella. Et à la saison 1 de TRUE DETECTIVE.
Et les incroyables plans aériens sur les marais m’ont rappelé le formidable travail du photographe Alex MacLean.
Oui cette saison 1 de TRUE DETECTIVE est à conseiller absolument. Une fois de plus la « série » atteint les qualités du cinéma (pas étonnant qu’une revue comme Positif y consacre maintenant quelques dossiers ou articles). Dans le cas de TRUE DETECTIVE, on est en quasiment en présence d’un film qui durerait 8h avec une photo, des acteurs magnifiques et une superbe musique de générique. Pas de résumé entre chaque épisode mais une narration continue, envoûtante et ces paysages de Louisiane : une fois encore le sud legendaire et mysterieux comme chez Burke et Bertrand Tavernier avec DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE. Il est évident que le film LA ISLA MINIMA s’en inspire, aussi européen soit-il.
Merci J-Jacques de parler de LA ISLA MINIMA qui est aussi ma découverte majeure de l’été et je ne suis pas étonné de votre enthousiasme ni de celui de Bertrand à propos de ce film. Je l’ai d’ailleurs vivement conseillé autour de moi. Ces paysages d’Andalousie si étonnants et sans doute jamais vus de cette manière au cinéma, ces personnages ombrageux et ambigus, cette enquête criminelle sordide en parallèle du poids du secret qui gangrène la société espagnole post franquiste du debut des années 80. Un prix de la critique au festival de Beaune amplement mérité.
Je voulais signaler ici la disparition de Raymond Chirat,Lyonnais de naissance qui vient de nous quitter à l’age de 93 ans.Véritable mémoire du cinéma français,on lui doit des ouvrages majeurs concernant le septième art comme’120 ans de cinéma’ou un excellent livre épuisé sur Julien Duvivier ainsi qu’un portrait d’une grande teneur sur un des plus grand acteur français Louis Jouver »Salut Louis Jouvet »,introuvable aussi.Je pense que Bertrand à dut le croiser quelquefois à Lyon,je m’associt à tous en ayant une pensée pour toute sa famille.Il rejoint Raymond Borde le toulousain et tous ces amis férus de cinéma.
A Rouxel
Raymond Chriat fut un grand ami depuis l’époque héroïque des CICI où l’on projetait des films français très rares des années 30 et ce un des compagnons de l’Institut Lumiere. Ses volumes sur le cinema français sont irremplaçables. C’était un puits de science, cultivé, érudit, charmant, toujours passionné
Comme dirait Jean Paul Rappeneau »Bon voyage »mon cher Bertrand puisque vous etes invité à la Mostra de Venise.J’ai lu avec attention l’entretien que vous avez accordez au JDD concernant la sorti en 2015 de votre documentaire sur le cinéma en deux volets ainsi q’une émission pour la télévision.
Il faut lire le beau texte sobre et tout en retenue de th Frémeaux sur le site de l’Institut Lumières.
R Chirat était un maître secret de l’Histoire du cinéma, un pilier de la cinéphilie qui alliait rigueur et sens du partage.
Quant à l’hommage vénitien, ce n’est que justice…mais j’aime à penser aussi aux films qui vont suivre notamment à ce Voyage dans le cinéma français qui sera visible si j’ai bien compris en 2016!!!Sans oublier l’édition de 100 ans de cinéma américain!
BONJOUR MONSIEUR TAVERNIER,
J’AI VU ,IL Y A QUELQUES JOURS, VOTRE FILM » MORT EN DIRECT », J’AI BEAUCOUP AIME, BEAU FILM, ROMY SCHNEIDER TRES TOUCHANTE, BEAUX LIEUX DE TOURNAGE EN ECOSSE…
Surprenante réhabilitation de LA NUIT DES GENERAUX de votre part quand on lit ce qu’en disent les auteurs de la notice « Litvak » de 50 ANS DE CINEMA AMERICAIN :
« entreprise très contestable…invraisemblance du propos ».
Je remarque qu’avec le temps, quelques oeuvres violemment expédiées trouvent souvent une seconde chance dans votre blog.
Je signale par ailleurs l’existence d’un remake officieux dont l’action est transposée pendant la guerre du Vietnam. Tourné par Christopher Crowe en 1988 le film s’intitule OFF LIMITS et est interprété par Willem Dafoe, Gregory Hines et Scott Glenn. Et j’en garde un bon souvenir.
A Angelillo
D’abord le livre a été écrit à deux et je n’avais pas vu le film à l’époque mais peut être aussi que conditionné par l’acharnement contre les derniers Litvak, je serai passé à coté. Plusieurs fois dans 50 ANS nous sommes revenus sur des jugements hâtifs
« (…)peut être aussi que conditionné par l’acharnement contre les derniers Litvak(…) »
En survolant la dernière partie de sa filmographie que je connais mal, il y a bien un film de 1962 qui me semble mériter l’acharnement auquel vous faites référence :
LE COUTEAU DANS LA PLAIE, avec Sofia Loren et Anthony Perkins.
Perkins, seul survivant d’un crash d’avion de ligne au milieu de la France, rentre incognito à pied jusqu’à Paris en passant par la Loren à qui il demande de l’aider à toucher l’assurance-vie de plusieurs millions de francs qu’il a souscrite.
La vision de ce film est une épreuve redoutable…
A Angelillo
Entièrement d’accord at AIMEZ VOUS BRAHMS est mieux fait mais inintéressant. Litvak était paumé comme tant de cinéaste de son age
Je confirme qu’Aimez vous Brahms? ne vaut pas le détour et s’avère même inférieur au pourtant assez mineur Bonjour tristesse. Pas lamentable mais fade, fortement lesté par une distribution internationale manquant d’homégénéité.
Question subsidiaire: Sagan est elle cinégénique?
Quant à 50 ans de cinéma américain, cette somme me semble l’un des rares ouvrages critiques proposant de voir les différentes strates d’un jugement critique quitte à revenir sur un jugement trop laudateur ou injustement négatif.Habituellement, les critiques qui changent d’avis s’efforcent de faire disparaître les traces de ce changement car il est sûrement de meilleur ton de se montrer très permanent dans ses appréciations.
J’en veux pour preuve par exemple les triple salto arrière des Cahiers du cinéma qui parviennent par exemple à affirmer leur attachement indéfectible à Coppola ou Scorsese dès les 70′ alors qu’ils étaient en période Mao et détestaient le cinéma américain, à célébrer Malick lors de la sortie de Tree of life après l’avoir plutôt ignoré puis à le conspuer dès le film suivant,etc…
à Ballantrae: oui à 100% je regrette de le dire (mais non) je lis 50 depuis qu’il s’appelait 30 (ah! cette toile rouge madeleine snif) trop jeune pour 20 avec Yves Boisset (c’est autre chose) et je constate que les réévaluations et remises en question sont des sortes de réinjections d’arguments sans aucune gêne des films concernés, donc un affinage, un revisitage des oeuvres que ce soit pour réévaluer dans le sens contraire ou pas, pas de différence avec les avis qui vont dans le même sens en creusant.
Quant aux Cahiers les bras m’en tombent.
« les Cahiers les bras m’en tombent » je veux dire que la tâche est bien trop lourde de cataloguer les hauts faits de bêtise de ce magazine (l’un des plus récents étant l’article d’un âne moralisant et justicier qui tentait sans succès de cracher sur plusieurs films dont le Brizé, que Ballantrae signala): dans 10 ans une des Cahiers « dossier spécial Stéphane Brizé » attendons.
Je pense que, plutôt que de taper sur Les Cahiers du Cinéma, qui reste une revue passionnante par bien des aspects (mais aussi terriblement exaspérante par d’autres), il faudrait plutôt s’interroger sur ce qui cloche chez eux. C’est pour cela que toujours ramener les choses à ce que Michel Ciment appelle encore le « Triangle des Bermudes » (Cahiers, Libé, Monde, Inrocks), même si pas dénué de vrai, entretient une vindicte un peu vaine dont Michel Ciment, je trouve, s’est trop souvent fait l’écho dans ses éditos de ces 20 dernières années alors même que les Cahiers n’y répondaient pas.
Trions rapidement le grain de l’ivraie chez les accusés. Les critiques du Monde, je n’en pense pas grand chose. Celles des Inrocks s’adressent à des jeunes qui se cultivent à la sauce « geek » et téléchargent beaucoup. Cela fait depuis belle lurette que je ne m’intéresse plus aux articles cinéma de Libé qui, au lieu de parler cinéma, relèvent de l’autopromotion, des bons mots et du prêt-à-penser. Les Cahiers, eux, poursuivent une tradition que je respecte : celle qui consiste à accompagner un art dans sa propre quête de modernité. Cela a donné dans le passé, sous l’influence de l’important Serge Daney, des choses parfois un peu ridicule (ah les matchs de foot de la Coupe du Monde que l’on met dans la liste des films de l’année!!!)mais bon an, mal an, c’est le destin des Cahiers que de défricher de nouvelles pistes d’exploration. Je comprends dans ces conditions que tout un cinéma puisse mal résonner avec cette quête, c’est une question d’affinité, de propension, de cohérence aussi. Que les Cahiers ne goûtent pas à Stéphane Brizé, Jacques Audiard ou Alexander Payne ne me dérange pas le moins du monde (je ne suis pas fou de Jacques Audiard, d’ailleurs)car je n’y décèle aucune incohérence. Le problème, et là MIchel Ciment a raison, c’est le dogmatisme de la revue, la posture ayatollesque dès lors qu’une œuvre échappe à la grille éditoriale. Les Cahiers s’arc-boutent dans leur incapacité à expliquer avec pédagogie pourquoi tel film quitte leur champ d’acception et par manque d’arguments, ils préfèrent casser.
Dans le numéro d’Octobre 2014 fut interrogé de façon très intéressante et très édifiante l’héritage de François Truffaut : l’auteur de l’article décryptant les errements du célèbre critique et cinéaste, je caressais l’espoir d’une relance de dés salutaires. La fin de l’article me fit déchanter : le tout était de reprendre le flambeau de la chapelle Cahiers, de retrouver de bons vieux ennemis. De passer de la Qualité Française à la Qualité Mondiale, au super-auteurisme dont le WINTER SLEEP de Ceylan serait le parangon. On fait comme si on était en 1955, pas question que la statue du Commandeur ne bouge d’un poil sur son piédestal.. Le combat continue mais qui va-t-il intéresser en 2015? Le spectateur qui regarde ses sms pendant la projection alors qu’il a payé sa place? J’en doute. Les Cahiers prennent le risque de se « hasbeeniser ».
Un comble pour une revue qui courtise autant l’idée de modernité.
A Alexandre Angel
Se souvenir que les Cahiers dans les années 50 attaquaient ou méprisaient tous les films sociaux américains (LE SEL DE LA TERRE, BROOKS), passaient à coté de Losey, Dassin
A tous
Pardon pour ce message un peu long..
Même si je tape régulièrement sur les Cahiers à cause de certaines de leurs postures dithyrambiques ( j’attends avec effroi leur papier sur le nouveau film d’Apitchapong Weerasethakul…) comme du dégommage de films que j’aimerai et dont ils dénonceront au choix l’académisme/le côté trop léché esthétiquement/ le manque d’honnêteté politique- ah! j’ai toujours adoré ce courage théorique qui ne sait même pas ce qu’est un mouvement social, une manif un peu rude, une prise de position autre que noyée dans une doxa bien pensante et peu risquée.
Parfois je leur reconnais des choix et analyses pertinents notamment pour des films que mon cher Positif « manque » ou sous estime à mon avis: récemment Under the ski ou Grand budapest hôtel .
Un constat cruel s’impose néanmoins: ils semblent découvrir la lune assez fréquemment! Nous en parlions Bertrand l’autre fois à propos de Raymond Bernard dont ils reconnaissent le talent…en 2015! Seize ans de plus et cela aurait permis de fêter le centenaire des Croix de bois!!!
Autre constat cruel: les meilleurs numéros récents au sens global -car on peut toujours glaner ici et là un bon papier isolé dans la masse de propos insignifiants- sont ceux qui sont écrits majoritairement par d’autres que les rédacteurs: je pense au numéro hommage à Eric Rohmer, au numéro sur les chefs op, etc…
Ce qui leur manque: un équilibre entre actu et mémoire comme dans Positif avec les dossiers substantiels qu’on peut lire et relire au gré de ses découvertes et redécouvertes.
Depuis que je lis régulièrement des revues de cinéma c’est à dire depuis mes 14 ans en 1984, la meilleure période des Cahiers ( j’excepte les mythiques Cahiers jaunes malgré leurs oublis malencontreux…les Cahiers rouges eux sont imbitables!)ce sont les 80’avec l’ouverture vers le cinéma américain et de bonnes signatures comme celles de Michel Chion d’abord (grand découvreur de Lynch notamment qui fit aussi ses papiers sur le son en avant première des essais géniaux qui allaient suivre)mais aussi Assayas ( je retiens son ouverture vers l’Asie), Toubiana, de Baecque.
Le début de la déconfiture coincide avec le numéro d’octobre 1989 et le nouveau format…mais connaîtrait son apogée avec J M Frodon qui a conté vraiment n’importe quoi à longueur de pages durant qqs années après avoir pollué le Monde: avis péremptoires sans arguments, erreurs historiques, flou conceptuel, absences de hierarchie des « objets visuels » ( sémiologie à la petite semaine quoi!), contradictions d’un numéro l’autre.
Après, je les achète de temps à autre pour compléter ma vision du cinéma mais sans l’attente impatiente du facteur qui m’apporte mon positif mensuel depuis près de 25 ans!
N’oublions pas qu’il faut lire des revues plus confidentielles comme Eclipses avec des dossiers d’une qualité très constante, l’avant scène cinéma qui a évolué de manière très attractive avec des photogrammes couleur.
N’oublions pas non plus les sites comme ce blog merveilleux où je trouve matière à combler toujours plus mes nombreuses lacunes, comme DVDClassik qui fait un bien beau boulot même si on peut ne pas toujours être d’accord comme partout, comme Critikat (ils sont un peu trop dans la cosntellation Cahiers/Inrocks ) qui peut être sacrément agaçant mais parfois pertinent.
Pardon pour ce message interminable!
à A Angel: écoutez, j’aurais pu développer mais franchement, ça fait des années qu’ils partent dans des effets d’annonces pour se montrer dans le vent de quoi baisser les bras devant la liste à dresser de leurs impasses. Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait rien d’intéressant dans les Cahiers. Votre constat est plus explicite pour arriver à une conclusion aussi sévère que la mienne. Tout celà dure depuis « une certaine tendance du cinéma français » dans les 50: voyez dans le Renoir/Mérigeau l’analyse calme mais sévère de la démarche critique de Truffaut. Mérigeau laisse au lecteur la conclusion qui est qu’elle serait motivée autant par l’ambition personnelle que par l’amour du cinéma, et Ciment ou d’autres dans l’agenda de Positif ont raison de rappeler comment les Cahiers ont prétendu découvrir des cinéastes que Positif avait déjà découverts (même Assayas qui s’y met dans une interview), il faut faire l’histoire en direct! Pour le fameux article récent le problème n’est pas qu’il serait contre Brizé, l’auteur a réuni qqs films français dits « sociaux » et a voulu mépriser cet ensemble en prétendant y trouver un dénominateur commun de complaisance de leur metteur en scène, ça frappe, ça fait un effet d’annonce, ça pouvait s’intituler comment, et bien « une certaine tendance du cinéma francais 2015 », tiens! et ça fait des années que ça dure.
J’ajoute qu’il ne s’agit pas de la course à qui va découvrir un cinéaste le 1er mais bien: au moins quand on fait une découverte, on a la politesse et la conscience intellectuelle de chercher un peu ce qui a été fait auparavant sur le bonhomme en question ET de donner ces infos au lecteur, ça fait une excellent intro à votre contribution ET ça s’appele faire un travail d’historien.
mais je suppose qu’il y a quelques échos intéressants à glaner de ci de là dans ce magazine, sûrement oui. oui oui
On dirait que les Chaiers veulent apporter de l’eau à notre moulin: dossier cinéma français et politique…et je vous le donne en mille: S Brizé se fait à nouveau éreinter!
En revanche, le film d’ Apitchapingpong Cementerery of splendour devient un grand film politqiue, poétique.Je ne sais si le courage ne me manquera pas pour découvrir ce nouvel opus après Tropical malady et Oncle Boonmee…j’irai voir le film d’Audirad avant même s’il est atomisé quasi comme un film fascisant.
Je suis peu surpris par ces anthèmes, plus par la complicité de Ch Kantcheff de Politis, revue que je lis fidèlement depuis longtemps.
On dirait que les Cahiers veulent apporter de l’eau à notre moulin: dossier cinéma français et politique…et je vous le donne en mille: S Brizé se fait à nouveau éreinter!
En revanche, le film d’ Apitchapingpong Cementerery of splendour devient un grand film politqiue, poétique.Je ne sais si le courage ne me manquera pas pour découvrir ce nouvel opus après Tropical malady et Oncle Boonmee…j’irai voir le film d’Audirad avant même s’il est atomisé quasi comme un film fascisant.
Je suis peu surpris par ces anthèmes, plus par la complicité de Ch Kantcheff de Politis, revue que je lis fidèlement depuis longtemps.
« Meurtres sous controle »de Larry Cohen vaut le détour pour l’originalité du scénario.Cohen vient de la télévision mais il est aussi l’auteur de films commerciaux un peu oubliés comme »L’ambulance ».Ici on trouve des individus qui entendent une voix leur demandant de tuer des passants dans les rues.Ensuite l’histoire s’emmèle un peu avec la naissance d’un bébé qui n’a pas de sexe,c’est une entité divine qui est venue sur terre afin d’éradiquer la race humaine.Le point faible vient du filmage très télévisuel avec des cadres sérrés puis des plans de foule pris sur le vif.
Larry Cohen est un petit malin mais un rigolo aux faux airs de cinéaste efficace de série B.De bonnes idées de scénario mais une mise en oeuvre souvent bâclée, grossière et montée à la truelle.
j’ai commandé WING AND A PRAYER/LE PORTE-AVIONS X pour compléter ma connaissance de Henry Hathaway (dvd british coll Studio Classics stf comme souvent dans cette collection) et maintenant je lis que vous vous inclinez devant l’avis de Maltin dans 50 et ne dites rien sur le film, je ne peux imaginer que ni vous ni Coursodon ne l’ayez vu! Alors, je le verrai mais qu’en pensez-vous, Bertrand? Don Ameche dans un rôle dramatique ça me plaît, mais où ai-je lu qu’il était fâché contre le studio, voulait en faire le moins possible et que Hathaway a exploité ce désir d’underplaying? Vous peut-être dans un commentaire que je ne retrouve pas hélas…
Je viens de voir que vous aviez pu voir WING AND A PRAYER en 2008 pour Amis Américains et c’était là que j’avais lu l’anecdote sur Don Ameche!
Je l’ai vu aussi et Maltin a raison: Hathaway arrive à concentrer ces 93′ incluant un très grand nombre d’acteurs dont il arrive très bien à les égaliser en présence et importance (on ne voit pas qui est supposé être le personnage principal), tout ça comme dans un poing serré et dans les cinq dernières minutes ouvre le poing et laisse tout jaillir en faveur de Ameche (1er au générique… rôle de l’officier dur et inflexible qui cache son souci pour les vies de ses hommes) avec un détail simple: Ameche restant sur le pont concentré sur le déroulement de la bataille sans imper ou parapluie, ignorant totalement la bourrasque qui le trempe. De même Hathaway le glorifie en l’isolant enfin pour le montrer dans le seul plan contemplatif du film: simplement, Ameche marche dans un couloir en s’éloignant de dos (ceci frappe pour la simple raison que dans tout le film il n’a jamais montré que des personnages qui accomplissent des actions), puis saisissant le téléphone pour donner qqs ordres couverts par le final. Aussi, très bonne idée de la retransmission des bruits et échanges des pilotes de la bataille aérienne dans toute la sono du porte-avions, sur l’ordre du commandant, ce qui permet à tout l’équipage de suivre la bataille et autorise des plans fixes sur les différents corps de métier du navire: mécaniciens, employés du réfectoire, ceux du corps médical etc. tous immobiles et anxieux à l’écoute de ce qui peut arriver aux pilotes. Là on voit que la beauté visuelle n’est absolument pas étrangère à cet Hathaway contrairement à certains catalogages critiques qui voudraient le lui en priver (mais sans doute la critique a évolué et ne parle-t’elle plus aussi souvent de « bon artisan sans génie » à son propos dieu merci). Très bonne surprise.
et de Hathaway quand pourra-t’on enfin voir LE DERNIER SAFARI? Ce film devient mythique… hélas
Je me demande si le dvd existe.J’avais vu ce film il y a quelques années à la tv,on y voyait Stewart Granger sur le tard dans le role d’un guide en Afrique.Film de commande????
à Rouxel: le dvd du LAST SAFARI n’existe pas c’est pourquoi je posais la question (il y a une vhs américaine). J’entends parler de ce film depuis des lustres, 50 en dit beaucoup de bien. Je suis épaté que vous ayez pu le voir à la tv je le croyais perdu…
Concernant »Le porte avions x »j’ai fait un raprochement entre un jeune aviateur qui dans la vie civile est une vedette de cinéma qui à croiser quelques stars dans les studios.Il reçoit quantités de lettres d’admiratrices qui veulent une photo dédicaçée et ses collègues de chambrée se moquent un peu de lui.Ca me rapelle le destin et la carrière d’Audy Murphy qui fut le soldat US le plus décoré de la seconde guerre et qui mourrut tragiquement en 1971 dans un accident »d’avion????
A Martin Brady
Il me semble que j’ai fait un texte sur ce film qui est extrêmement intéressant dans la direction d’acteur, tenue, sobre de Don Ameche que dans les plans d’accidents et de vol
Film remarquable surtout pour les scènes de bataille bien maitrisés.Hathaway à dut utiliser des images d’archives des services de l’armée US,je suppose.Je vous recommande aussi »Les marins de l’orgueuilleux »oeuvre forte sur des marins qui chassent les baleines.Le film repose sur trois personnages centraux:le vieux capitainegrand-père du petit Jed,le jeune capitaine diplomé mais sans experience puis le jeune mousse incarné par Dean Stockwell qui n’est plus un enfant mais pas encore un homme.Orphelin c’est son grand-père qui s’occupe de lui et veut qui continu la dynastie de la famille.Mais l’enfant se tourne vers le jeune capitaine,célibataire qui ne connait pas vraiment l’éducation des enfants et le fait qu’il manque d’affection paternelle.Lionel Barrymore imposant acteur compose un vieux marin fatigué des tempètes et qui se rend conte qu’il n’est pas à la hauteur pour l’éducation de son petit fils.Richard Widmark qui débutait sur les écrans est plein d’empathie et de compréhension dans son personnage.Hathaway est pour moi un grand cinéaste dont on doit revoir ces films.
A ROUXEL
TOUT À FAIT D’ACCORD MAIS J’AI ÉCRIT ET CELA A ÉTÉ REPRIS QU’HATHAWAY DÉCLARE QU’IL N’Y A PAS D’IMAGES D’ARCHIVES DANS wings and a prayer
Cher Bertrand Tavernier,
Vous pouvez être d’une sévérité inouïe…et tellement jubilatoire!
Pour Christian-Jaque, n’oubliez pas « François Ier » dont vous avez dit ici bien du bien mérité et « Voyage sans espoir » qui ressuscitait en pleine Occupation et non sans talent le réalisme poétique des années 30. Par ailleurs, son adaptation de « La Chartreuse… » apparaît peut-être très peu stendhalienne – mais moins que le Rouge et le Noir d’Autant-Lara ?- , en aucun cas « vulgaire » (sic) et demeure un film épique bien filmé et Renée Faure ma foi ne fait pas honte à ses deux partenaires prestigieux que vous citez.
CQFD ?
A William
Je n’ai jamais dit du bien de FRANCOIS Ier que j’ai toujours trouvé sinistre, fondé sur un seul gag et VOYAGE SANS ESPOIR m’a toujours paru très poussiéreux. Je sauverai plutôt SORTILEGE, curieux conte avec une réelle atmosphère. Je maintiens que l’adaptation de la CHARTREUSE due pourtant à Pierre Véry, homme de talent, qui fait l’impasse sur la bataille de Waterloo, fondement essentiel du roman, est incroyablement médiocre (il y a une très bonne analyse de Lourcelles), très inférieure au travail d’Aurenche et Bost pour le ROUGE ET LE NOIR (là c’est la mise en scène de Lara qui est hyper académique, avec une photo couleur suréclairée). Et il y avait des gags bien venus dans les DEGOURDIS DE LA 11ème (écrit par Aurenche et Jean Anouilh)
Le cinéma australien ne se résume pas aux films de Peter Weir,Georges Miller ou Fred Shepisi puisque le premier documentaire date de 1895!Revenons sur une oeuvre atypique et rare tourné en Australie par un canadien d’origine Bulgare:Ted Kotcheff dont on connait plus »First blodd Rambo »avec Stallone que « Wake in fright »sorti et présenté à Cannes en 1971.Coup de poing visuel pour Scorsese ce film poussiéreux,violent sur un enseignant qui va vivre un véritable enfer durant quelques jours de vacances(alcool,sexe,bagarres entre hommes,fatigue nerveuse…).Comme l’explique Kotcheff dans le bonus,le plus terrible fut les scènes de tueries des kangourous de nuit exécutés par des chasseurs professionnels et inclusent dans le film.Il faut savoir aussi qu’aucun cascadeur n’à été embaucher par la production du film(la scène de poursuite des kangourous en voiture fut un calvaire pour Kotcheff qui se trouvait à l’arrière du véhicule afin de tourner).Est ce que quelqu’un à vu les précedents films de Kotcheff en salles ou en dvd?
désolé de vous contredire mais Ted Kotcheff est canadien et non australien.
Pour info, on l’aperçoit dans le film « Le monde de Barney » en contrôleur de train (dans ce film, on y voit aussi Atom Egoyan, David Cronenberg et Denys Arcand).
Kotcheff a tourné un autre film sur le Vietnam (Retour vers l’enfer) dans lequel Gene Hackman montait un commando pour aller chercher son fils prisonnier du Vietcong.
à Maxou 37: Canadien d’origine bulgare tout à fait et puis-je ajouter L APPRENTISSAGE DE DUDDY KRAVITZ mais je voudrais bien voir SPLIT IMAGE et NORTH DALLAS FORTY largement commentés dans 50! A propos de WAKE IN FRIGHT il s’appelait à sa sortie USA OUTBACK avec 10 ‘ en moins (moins la chasse aux kangourous et du sexe indéterminé).
Cher Maxou37,relisez bien mes quelques lignes,je précise que Kotcheff est CANADIEN d’origine BULGARE et que le film à été tourné en AUSTRALIE.Bonne journée.
oui je sais : j’ai répondu trop vite et mon message était déjà parti quand je me suis aperçu de ma bêtise. Très bonne soirée.
Pour vérifier votre point de vue sur l’attentat contre Hitler dans LA NUIT DES GENERAUX, je l’ai regardé une fois de plus. Décidément un film qui tient très bien le coup en dépit d’une mise en forme quelque peu meringuée, propre à certaines productions Spiegel. Je n’ai pas du tout eu le sentiment que le sujet se superposait inutilement à l’intrigue principale. Le complot sert au contraire à alimenter une seconde intrigue, nécessaire à nourrir tout un tas de personnages, autant qu’à justifier leur indifférence à l’égard de l’enquête menée par Omar Sharif. Et qui plus est, elle sert à donner un alibi à Peter O’Toole lorsqu’il l’abat, dans une scène remarquable de tension dramatique. Le parti pris du film est d’avoir relégué la grande histoire au second plan pour mettre en lumière la pathologie d’un exécutant. En ce sens le sujet rejoint Hannah Arendt dont Margarethe Von Trautta a d’ailleurs tiré un très beau film. On nous rappelle au passage que l’attentat a été provoqué par des militaires qui cherchaient avant tout à sauver leur peau. Dans mon souvenir, on voyait des corps des prostituées assassinées. Est ce une volonté d’éviter des plans incongrus dans une superproduction grand public où un parti pris de mise en scène ? On ne les montre pas plus qu’on ne montrera les victimes dans l’incendie du ghetto. Ces cadavres invisibles renforcent en tout cas l’idée qu’on se fait de ce général psychopathe, que la mort indiffère, mais dont on se rend compte qu’il est victime autant que bourreau d’une idéologie à laquelle il cherche à se conformer en s’inventant un personnage. Bien qu’il disparaisse trop brutalement de l’histoire, Tom Courtenay est également magnifique. Le DVD référencé ici rend hommage à l’image de Decaë qui m’avait parue bien terne, et la valse désaccordée de Maurice Jarre accompagne merveilleusement le trouble du sujet, revenant vers ce que Franju lui avait inspiré.
à Guy Gadebois: à propos de la qualité d’image de LA NUIT DES GENERAUX résultat catastrophique chez moi, avec visages flous etc. C’est la même édition. J’ai mis un autre dvd après pour être sûr et c’est pas mes yeux à moi! Est-ce que la qualité de l’image numérique peut se détériorer?
A MB
Il peut y avoir des différences de pressage d’un dvd à l’autre ou des conditions de stockage qui détériorent le matériel
à BT: merci, c’est un dvd de médiathèque mais la surface de la galette est impeccable à l’oeil nu, on dirait une mauvaise vhs.
Je viens de revoir LA NUIT DES GENERAUX et je ne l’ai pas plus aimé que la première fois. C’est un exemple typique de superproduction internationale comme on en faisait dans les années soixante, avec beaucoup de moyens et d’acteurs venus de divers horizons, mais sans véritable style (photo, décors, mise en scène). Et surtout le scénario accumule tant d’invraisemblances que je n’arrive pas à croire aux personnages ni à la situation. Nous avons là quatre spécimens de militaires allemands, un général détestant Hitler et les nazis (Donald Pleasance), un officier idéaliste et épris de justice (Omar Sharif), un soldat pacifiste (Tom Courtnay), bref des gens raisonnables et civilisés avec qui l’on ne peut que s’entendre. Et en face il y a le général joué par Peter O’Toole, un monstre psychopathe. Pour moi le comble de l’invraisemblance est atteint avec le personnage joué par Noiret, à la fois chef de la police française et résistant, et ses rapports très décontractés avec son homologue allemand joué par Omar Sharif.
Tout est réduit à des individualités, à de la psychologie, jamais on ne sent ce qui est l’essence des régimes totalitaires, et en particulier de celui-là, la terreur érigée en système, la peur qui contamine même les plus courageux. Peter O’Toole est terrifiant certes, et sa composition sauve le film, mais la terreur qu’il dégage est celle d’un individu, d’un fou psychopathe. Le nazisme n’aurait jamais existé s’il s’était réduit au délire de quelques possédés bigger than life, sans la participation de milliers de fonctionnaires à la fois médiocres et zélés.
Au moment où Hannah Arendt dans son livre consacré au procès Eichmann, parlait de la banalité du mal, LA NUIT DES GENERAUX fait de ce mal quelque chose d’extraordinaire et de vaguement fascinant, et participe d’une mythologie du nazi forcément cultivé, raffiné et maniaque sexuel, et dont un des avatars récents est le roman de Jonathan Littell LES BIENVEILLANTES (que je n’ai pas lu et que je ne lirai pas).
Arendt estime qu’Eichmann, « loin d’être le monstre sanguinaire qu’on a décrit, est un homme tristement banal, un petit fonctionnaire ambitieux et zélé, entièrement soumis à l’autorité, incapable de distinguer le bien du mal. » (J’extrait cette phrase de l’article « Banalité du mal » de Wikipédia). Voila le personnage absent de LA NUIT…
Bon, je sais, it’s only a movie, c’est juste un film, donc un spectacle, et comme dit Hitchcock, plus réussi est le méchant, meilleur sera le film. Mais on peut faire un film effrayant en montrant une gigantesque entreprise d’anéantissement menée par une multitude de fonctionnaires insignifiants mais consciencieux (un des meilleurs films de Hitchcock n’est-il pas THE BIRDS où le mal est incarné par une multitude impersonnelle?).
Pour moi un bon film sur la deuxième guerre mondiale ou le nazisme est un film où on se dit : cela pourrait arriver de nouveau. Ce n’est jamais le cas de LA NUIT.
A Mathieu
Je pense que vous voulez voir un autre film – louable, intéressant – que celui conçu par Kessel et Litvak. Ce que vous dites est donné comme acquis : c’est le terreau qui permet des destruction de ville faite la complicité de tous les officiers, vol d’oeuvres d’art, pillages. Noiret n’est pas le chef de la police mais un flic qui dirige un réseau et a des contacts avec des allemands. On trouve des personnages similaires chez Delarue, Berliere. Le film renvoie davantage aux SS FRAPPENT LA NUIT et Litvak avait deja parlé de la decomposition du nazisme ordinaire dans le TRAITRE et dans ses documentaires de POURQUOI NOUS COMBATTONS
A Mathieu
Comme quoi nous avons vu un film différent. Je suis d’accord sur le fait que le film semble nous dire en surface que les crimes nazis semblent relever de pathologies, et qu’au fond l’armée allemande était faite d’hommes pleins de bon sens. Mais on trouvait ça dans de nombreux films européens de l’époque, en pleine réconciliation Franco-Allemande (LE FRANCISCAIN DE BOURGES en est un exemple…) Le film de Litvak, dont je pensais qu’il était inspiré d’un roman de Kessel, va plus loin que ça, d’où son intérêt. Il dit la même chose qu’Arendt en inversant la proposition initiale du sujet.
Cdlmt
A Bertrand:
Sans doute, mais j’ai traversé le film avec une impression de fausseté presque physique comme quand on écoute un morceau de musique « out of tune », évidemment c’est très subjectif. J’ai un meilleur souvenir des SS FRAPPENT LA NUIT de Siodmak malgré ses défauts- il faudrait que je le revoie (le Siodmak). Je vais voir LE TRAITRE dont j’attends beaucoup…
à Mathieu: attention si vous n’aimez pas LE TRAITRE moi je fais pas le SAV! (mais ce n’est pas possible)
A Martin Brady: Je viens de recevoir LE TRAITRE, j’ai mis la galette dans mon lecteur pour voir l’état du transfert (correct) et je n’ai pu m’empêcher d’en voir les quinze premières minutes malgré des choses urgentes à faire. Je vais le voir ce weekend. Avez vous remarqué Klaus Kinski au début en prisonnier candidat au rôle d’espion?
à Mathieu: ébloui par Dominique Blanchar j’ai néammoins réussi à remarquer Klaus Kinski! (mais j’étais prévenu depuis la 1ère vision).
Toujours de Litvak, je viens de découvrir SORRY WRONG NUMBER, objet curieux avec une intrigue terriblement compliquée qui implique trafic de drogue, problèmes de rapports socio-conjugaux (Lancaster prolo épouse une femme riche et se sent humilié) et assassinat d’épouse (B Stanwyck) pour cause d’assurance-vie (le nombre de contrats d’assurance-vie qui a mis en danger époux ou épouses dans le romanesque hollywoodien!). D’ailleurs j’ai pas tout compris mais Lourcelles dit que cette complexité ne cache aucun trou d’intrigue de scénariste paresseux! Lourcelles analyse aussi la figure du happy-end, et toujours la complexité d’intrigue, par rapport au regard du public de l’époque et à celui du public moderne (il généralise trop sur le public moderne peut-être). Comme écrivait Bertrand dans « les Amis », Lancaster dans sa période masochiste est plutôt mauvais (pour une fois c’est un masochisme caractériel et il garde ses mains intactes et n’attend pas la mort dans la pénombre). Je disais « curieux » au début pour le film car tous les personnages sont détestables: Stanwyck enfant gâtée, malade imaginaire, cassante et autoritaire (il faut la voir au début harceler la standardiste), son père joué par Ed Begley, hautain et hypocrite et Lancaster donc, le parvenu veule qui a cédé aux avances d’une riche héritière en prétendant résister par dignité puis s’incline abandonne ses principes et enfin se sent honteux et n’envisage pour se sortir de là que d’escroquer son beau-père, et même le chimiste a priori honnête qu’il entraîne dans sa machination quelque peu stupide, qui résiste à la tentation et petit à petit finit par céder! Il y a même un flic au début qui n’a aucune considération pour le désarroi de Stanwyck (elle est formidable du début à la fin). William Conrad (le tueur des TUEURS, avec McGraw) scotche le spectateur à l’écran en une simple apparition de cinq minutes à peine, et un seul gros plan! Très content d’avoir découvert ce film.
A MB
Retrospectivement je me dis que cette galerie de personnages antipathiques est un portrait réaliste des tares et dérives de la société américaine. Je serai moins critique de Lancaster. Les premiers plans sont étonnants
à Bertrand: oui, ce qui rejoint un peu ces films d’après-guerre signés par des « gauchistes »: ACT OF VIOLENCE ou CROSSFIRE ou THE SETUP et sur Lancaster est-il mauvais ou après tout son personnage d’indécis un peu mou a exigé ce jeu. J’ai lu sur IMDB que Litvak et lui n’étaient pas du tout d’accord et j’ai pensé à un service minimum de sa part.
détail: on voit Litvak dînant seul à une table, dans la scène du restaurant avec Lancaster, celui-ci se tourne vers le serveur « Qui est ce type derrière moi? » « je ne sais pas » répond l’homme or ce détail n’a rien à voir avec l’intrigue.
J’ai bien exagéré sur la scène avec Conrad que j’ai revue après: il n’a pas qu’un seul gros plan et plein de plans américains à la taille où on le voit très bien.
La 1ère demie-heure est superbe en effet et j’ai regretté le 1er flash-back (en tout sept, dit Lourcelles, dont deux « prennent leur source dans l’un d’entre eux »! quelle précision!).
A MB
Il ne faut pâs oublier que beaucoup des scénaristes de Litvak sont liés au PC ou à la gauche, qu’il a travaillé dans ses documentaires avec Joris Ivens, Carl Foreman (futur blacklisté)
Et son remake très respectueux du JOUR SE LEVE, THE LONG NIGHT, qu’on trouve chez KINO est truffé de petits détails sociaux
A Martin-Brady:
J’ai adoré LE TRAITRE, un des meilleurs films de guerre que j’ai vus, mais comme il est plus facile de dire quelque chose sur un film qu’on n’a pas aimé ou sur lequel on a des réticences que sur un film qu’on a aimé sans réserves, je ne saurais ajouter quelque chose de pertinent à ce qui a déjà été dit ici ou dans 50 ANS: scénario excellent et très original, mise en scène inspirée, décors réels époustouflants, Oskar Werner très émouvant, Baseheart également très bon.
Grâces soient rendues à Zanuck pour une telle entreprise aussi éloignée des canons hollywoodiens qu’il était possible à l’époque, je ne vois pas d’autre studio que la 20th Fox pour produire un tel film en 1951 (même si l’exigence de réalisme se faisait sentir ailleurs, même à la MGM, cf. BORDER INCIDENT de Mann ou ASPHALT JUNGLE de Huston)
à Mathieu: à part la Fox il y avait la RKO non? les films que je citais CROSSFIRE ou THE SETUP ou ACT OF VIOLENCE. Mais je commence tout juste à relier les compagnies de prod et leurs producteurs aux films. Sinon C’est marrant moi j’ai plus de mal à parler de ce que je n’aime pas et pour ce que j’aime ça dépend.
content que LE TRAITRE vous ait plu.
A MB:
Mais je parlais de réalisme, réalisme des sujets mais aussi des décors, or il me semble que THE SET UP est entièrement tourné en studio. Ce qui est remarquable dans LE TRAITRE, c’est que c’est à la fois un film s’écartant autant que faire se peut de certaines conventions hollywoodiennes (pas toutes évidemment), s’efforçant vers plus de réalisme y compris par l’utilisation de décors naturels, et là c’est la Fox qui est à l’avant garde avec des films comme BOOMERANG!-vraiment très bon entre parenthèses- ou THE STREET WITH NO NAME -idem- et en même temps un « grand » film de deux heures qui a dû exiger beaucoup de temps de préparation et de tournage donc d’argent et de prises de risque, d’où mes louanges à Darryl F.
à Mathieu: bien sûr j’étais trop pressé en fait je répondais à côté! Dont acte cher collègue.
A Mathieu
Bien entendu, suite à tout ce qui vient d’être dit sur Litvak, dans la chronique et par les intervenants, l’intéressé commence à me titiller sévère.
LA NUIT DES GENERAUX m’avait souvent fait de l’œil chez les soldeurs sans que je craque. Dorénavant c’est plié : dès que je le voie, je le prends. C’est un film que j’ai vu deux fois, il y a longtemps. Si je suis précis avec mon souvenir, je le rattachais d’instinct avec le genre noir plus qu’avec le film historique. Vos propos, certes négatifs, recoupent ce souvenir par les éléments descriptifs que vous donnez. Je me souviens d’une œuvre qui m’avait surpris par son côté enquête, un peu fasciné mais pas vraiment convaincu. Et si je continue de me souvenir avec précision, je revoie un film un peu assis entre deux tendances, un peu bâtard : un certain cinéma « mainstream » typique des 60’avec des faits de guerre d’un côté, et LES DAMNES de Visconti de l’autre, qui sort 3 ans plus tard, avec son ambiance délétère et sa musique de Maurice Jarre.
J’ai lu LES BIENVEILLANTES et j’avoue ne pas savoir vraiment quoi en penser et donc être bien en peine de changer le cours de votre décision. Mais je ne vois pas où est l’avatar : chez Littel, on est en plein dans la banalité du mal. Auer, le personnage principal, dont le roman est le récit à la première personne, est un nazi plus qu’instruit certes, pas follement fanatisé mais écœurant de suivisme zélé. Il n’est ni une exception à laquelle on pourrait se raccrocher, ni un pervers sexuel. Il évolue dans un monde où, pour faire carrière et survivre, il faut savoir plaire à Himmler. Mais c’est une autre histoire..
Et que pensez vous de Aimez Vous Brahms et Le Voyage , du même Litvak ?
En revoyant hier « La nuit des géneraux »,j’ai fait un raprochement avec « Le renard du désert »d’Hathaway ou James Mason incarne Rommel.Dans une scène que l’on retrouve dans le film de Litvak le personnage dépose une mallette piégée sous un bureau dans lequel se déroule une réunion autour d’Hitler qui sortira presque indemne de cet attentat.Est ce que Litvak connaissait ce film en tournant « La nuit des geéraux »qui reste une oeuvre interessante en dehors des plans clichés habituels qu’utilisent des réalisateurs étrangers en nous décrivant Paris(l’accordéon,le moulin rouge,les prostitués et les restaurants qui servent de bons repas).
A Rouxel
Sauf que sous l’Occupation, les seuls à faire de bons repas étaient les collabos et les officiers allemands, donc là cela a un sens historiquement juste
Merci encore pour cette chronique. La découverte de « Panique », dans l’écrin merveilleux du Cinéma de Minuit, fut un choc, que n’a altéré aucune vision ultérieure.
Pour Christian-Jaque, je me permettrai d’ajouter » Un revenant », que j’ai beaucoup aimé, avec ses dialogues incisifs, sa mise en scène fluide, et Marguerite Moreno ! Qu’en pensez-vous?
A Denis Fargeat
Oui c’est un fort bon film, admirablement dialogué par Jeanson
Il faut rajouter la présence d’Arthur Honegger, alors âgé de 54 ans, qui même s’il n’a pas livré son chef-d’oeuvre musical pour ce film (pour cela, il faut écouter « Jeanne d’Arc au bûcher » ou ses symphonies, dont la Liturgique et la symphonie pour cordes), faisait là son unique apparition à l’image dans un film de cinéma, en tant que… luit-même !
Oups ! « Lui »-même bien-sûr… Remarquez, c’est un homme qui luisait d’une telle intelligence, d’un tel génie, que j’assume et valide le lapsus…
ce n’est pas un lapsus juste une faute d’orthographe comme on en voit tant.
Je signale à tous les cinéphiles la rediffusion de l’émission animée par le virulent François Angelier,samedi 22 à 21 heures sur France Culture avec Bertrand comme invité(émission diffusée en mai dernier sur « Histoires d’en France ».a vos postes camarades!!!
Oeuvre unique et intense »La condition de l’homme »de Kobahashi est le film le plus long de l’histoire du cinéma.Segmenté en 6 parties le film suit le parcours de Kagi durant le conflit entre le Japon et l’URSS.On ne peut résumer cette fresque épique en quelques lignes car c’est avant tout un plaidoyer contre la guerre et toutes ces atrocités,ces violences,ces brimades.Images fortes ou des soldats japonais marchent jusqu’à l’épuisement par manque de nourriture,de sommeil:ce sont des pantins désarticulés qui essaient de survivrent parmi des civils qui vont les suivre pendant des jours et des nuits froides dans la province de Mandchourie qui avait été annexée par le Japon.Le réalisateur est le fils spirituel de Kurozawa et il utilise des longs plans séquence digne de tableau expressionniste.Mais la force du film vient du personnage qui simple contremaitre de mine s’enrole dans l’armée et se rebelle face à sa hierarchie et ses supérieurs.Il sera traité de « gauchiste »de »communiste »par les japonais puis de »fasciste japonais »par un commandant russe.C’est un humaniste qui n’arrive plus à comprendre les ordres,la violence et les brimades quotidiennes.Pour moi c’est un véritable chef d’oeuvre sorti pendant « la nouvelle vague japonaise »,le tournage éprouvant à durer plus de trois ans et reste un grand moment de cinéma.
Rouxel, dans les films plus longs que LA CONDITION DE L’HOMME il y a quand même par exemple SHOAH dans sa version française et surtout OUT 1 de Jacques Rivette avec sa durée de 12 heures qui sortira d’ailleurs bientôt en dvd chez Carlotta. Qui a déjà vu ce film en intégralité ?
Je rejoins une fois de plus les avis de Bertrand Tavernier sur PANIQUE qui m’avait beaucoup marqué à sa vision et LES MAUDITS, un des meilleurs films de sous-marins. Dans ce sous-genre j’ai fait l’acquisition de DAS BOOT (1982) : si quelqu’un a un avis sur ce film de Wolfgang Petersen.
Le film de Petersen »Le bateau »n’est pas ininteressant au niveau de la tension des personnages et les prises de vues sous marine.
Le film de Lanzman est un documentaire avec des témoignages de survivants qui été emprisonnés dans des camps nazi,quand à la fresque de Rivette sur une troupe de théatre j’attends le mois pour découvrir cette curiosité!!
Euh oui Rouxel, je connais parfaitement le sujet de SHOAH, film que j’ai d’ailleurs vu au moins deux fois : certes documentaire mais surtout oeuvre de cinéma majeure, à l’image de son « alter ego » (très court celui-là) : le NUIT ET BROUILLARD de Resnais.
A Damien D. : DAS BOOT est un des plus grands films de sous-marins. Suffocant, claustrophobique, éreintant… mais aussi, captivant, suscitant la réflexion. Admirable également, quand on sait que le réalisateur, Wolfgang Petersen, a lui-même adapté le roman de Lothar G. Buchheim, et a réalisé ce film qui nous fait partager le destin d’un groupe de soldats du Reich auxquels on s’attache, en 1980 ! Il faut voir la version longue (3h30 de métrage) disponible en Blu Ray ou en DVD.
J’ai vu le Rivette en salle , dans sa version de 4h, « out one : spectre », qui est vraiment passé comme un rêve… il y avait Rohmer qui racontait l’histoire des treize ( Balzac) à JP Léaud… très beau souvenir, je me demande ce que donnera l’intégrale.
A Rouxel : La durée est une donnée exacte (en l’occurence quelque-chose comme 3 x 3 heures pour les 3 volets de LA CONDITION DE L’HOMME) mais c’est aussi une perception des plus subjectives. A mon sens, SATANTANGO de Béla Tarr, avec ses 7 heures 30 hypnotiques, m’a semblé bien plus long !! Et j’aime immensément ce film.
Il faut voir aussi sa dernière oeuvre filmée « Le cheval de Turin »puique ce réalisateur Hongrois à pris une semi retraite afin d’ouvrir une école de cinéma dans son pays.Esperons fortement qu’il reviendra à la mise en scène car son cinéma est proche de Bergman:un cinéma de reflexion et anti-commercial!
Proche de Bergman ? Là, je ne vous suis pas…
c’est pourtant clair: deux cinéastes austères et objets de malentendus…
à Rouxel: attention, on a parlé du CHEVAL DE TURIN il y a qqs temps, lisez-vous les commentaires de vos aimables et avenants collègues? JCF l’aime beaucoup, Bertrand reste dubitatif et surtout inquiet de la santé mentale des forcenés Belatarristes, et je suis obsédé défavorablement par la scène des patates chaudes (je la considère comme totalement complaisante) par contre favorablement par la scène de l’irruption des Gitans en charrette! Je voudrais revoir L HOMME DE LONDRES dans laquelle Tilda Swinton s’offre une scène de désintégration de conjoint par la colère absolument mémorable (j’en pleurais pour le mari!) et très belle photo et en plus, ne dure que deux heures et des poussières!
Le sketch de « Dieu » avec Fernandel dans LE DIABLE…est un pur bijou. Si les curés parlaient comme Fernandel, les églises seraient peut-être moins vides. On se convertirait si la vieille, en face, n’avait pas si raison.
« Si le bon dieu existait, il oserait pas s’montrer »
« Blanc, noir, jaune, le bon dieu, c’est toujours moi. »
« La première hirondelle… »
Tout est bon à prendre dans ces quelques minutes et on regrette quasiment de passer à une autre histoire.
On parlait ici de l’art de mêler le comique et le tragique, en les faisant alterner, en les superposant. Ici, ils s’entrecroisent, luttent l’un contre l’autre, et je ne suis pas certain que le rire l’emporte.
Le regard de la petite fille n’est pas loin de faire souffrir.
Quand les dialoguistes sont de vrais auteurs !
A Minette Pascal
Mais le travail de Duvivier est impressionnant (choix des extérieurs, des acteurs bien dirigés, qualité qu’on retrouve dans l’épisode de Delon/Darrieux, l’actrice favorite de Duvivier
Bonjour à Bertrand Tavernier et à tous ses lecteurs,
A propos du « Diable et ses 10 commandements » de Duvivier sorti en 1962, j’ai été frappé par l’énorme ressemblance scénaristique du sketch « Luxurieux point ne seras » (dont l’idée, selon IMDB reviendrait à Maurice Bessy), avec le court-métrage de Jacques Rivette « Le coup du berger » sorti en 1957 (co-écrit avec Claude Chabrol et Charles L. Bitsch), un manteau de fourrure étant remplacé par un collier de diamants…
A Olivier Giraudeau
Il y a si longtemps que je n’ai vu le COUP DU BERGER que je n’ai pas fait le rapprochement. Mais n’est ce pas une escroquerie classique ?Et ce sketch pas très bien joué m’a paru d’une grande platitude
Cher Bertrand,
je me permets de réagir à votre paragraphe évoquant Les Maudits, et en particulier à la remarque autour des « amateurs de vendetta ». Je trouve la remarque un peu sévère, d’autant que DVDClassik, en particulier ces derniers temps (le texte sur Les Maudits date de 2010), a régulièrement pris la défense, « contre » Truffaut, d’un cinéma injustement vilipendé en son temps. A titre d’exemple, je peux vous citer le texte publié récemment sur Le Désordre et la nuit, dont je sais que vous êtes amateur.
D’ailleurs, si on lit attentivement le texte en question, on constate que, pour un « amateur de vendetta », notre auteur, François-Olivier, tout en n’aimant guère le film (et en expliquant pourquoi), sait être plutôt bienveillant à l’égard de Clément, et reconnaît par exemple la réussite de la séquence du hangar à café (« C’est avec intelligence que Clément suggère son décès en ne filmant que le rideau qui s’arrache de la tringle »). En réalité, l’évocation de la « qualité française » dans ce texte me semble avoir été davantage historique que critique, et il nous semble bien que René Clément, indépendamment de ses réussites antérieures comme postérieures, fut bien dénigré en son temps par les jugements sévères de la Nouvelle Vague.
Plus généralement, moi qui demeure un lecteur assidu de ce blog, j’ai constaté ces derniers temps, en particulier dans les commentaires extérieurs, une mention occasionnelle de DVDClassik, et rarement dans des termes flatteurs. Cela nous honore, dans la mesure où nous sommes attentivement lus, mais je persiste à penser que nous envisageons la défense du cinéma de patrimoine, y compris français, dans le même sens, et je n’ai donc pas l’impression que nous oeuvrions dans des « religions » antagonistes, bien au contraire.
J’espère avoir, en une autre publication, l’occasion de lire qu’il se trouve aussi des avis sur notre site que vous approuvez (et je pense en réalité que vous n’aurez pas trop de mal à en trouver).
Cordialement,
Antoine Royer
A Antoine Royer
Je ne suis pas responsable de ce qu’écrivent les blogueurs qui disnet ce qu’ils pensent et plusieurs fois j’ai cité DVD Classik mais là, le texte sur Clément m’a énervé. Personne, même pas Truffaut ne parlait d’un cinéaste de studio et l’article qui ne prenait jamais en compte l’audace du film, ses risques (pas ou peu de personnages sympathiques, parler de ce qui arrive aux Nazis alors que le cinema américain recycle ses attaques contre les communistes, évoquer l’homosexualité). Deja cataloguer Clement qui s’est battu très souvent pour sortir du système, aller tourner à l’étranger parmi la qualité française est une bourde de taille. De toutes, c’est une expression qu’il faudrait user avec la même pondération que l’accorte soubrette. Je sais par Costa à quel Clement a souffert de ces attaques qu’il jugeait injustifié. Elles pouvaient s’appliquer plus à Delannoy, le Carné d’après prevert. Et cela ne m’empêche de consulter dix fois par jour votre site. Le terme amateur de vendetta est écrit trop rapidement mais s’adressait au delà du seul critique de DVD Classik à toute cette clique qui continue d’annoncer des principes comme si c’était les tables de la loi. Et si ces remarques négatives sur Clément n’étaient qu’historiques, il n’y avait pas moyen de le savoir. L’auteur ne prenant aucune distance, aucun recul du style « on a classé RC mais c’était injustifié ». J’ai relu le paragraphe et il entérine cette opinion vague et très cliché
En cinéphile passionné je me permet de vous faire une remarque, une suggestion peut-être, également un regrèt amère, celui de devoir souvent, pour satisfaire mes recherches, passer par des extensions étrangères du principal site de vente en ligne, que je ne citerais pas ici. Pourquoi les espagnols notamment, voir les italiens, éditent-ils davantage de films de stanwyck par exemple ? Pourquoi pour trouver la version le chanois des misérables ai-je dû commander « los miserables » chez nos voisins hispanisants. Sommes-nous en france moins cinéphiles qu’ailleurs. Je ne donne que deux exemples mais il y en a beaucoup. Or, il me semble, que les passionnés de cinéma, les collectionneurs, qui aiment ces périodes américaines où les films plus… valeureux que fast and furious 7, ne sont justement pas des pirates habiles au téléchargment. Personnellement je me délecte de recevoir un dvd, physiquement, de le classer, et de jouir pour une somme finalement modeste, de posséder une oeuvre, produite par des producteurs à une époque où, comme goldwin permit que se tourne ball of fire, on prenait un vrai scénario, de wilder, un vrai réalisateur, hawks, et l’on confiait les rôles à des grands. Aujourd’hui les producteurs me font l’impression de choisir de faire tourner untel et untel ensemble, en glissant dans le casting au passage une nièce ou un neveu, voir un bon copain, avant au final de se poser la question de savoir quelle sera l’histoire. Editeurs vous êtes le prolongement de ce lien précieux qui unit cinéphile et producteurs. Vu la qualité de la production actuelle je vous encourage à etoffer plus encore vos catalogues. Les gens qui cherchent les bons films vous suivront, et nous sommes je crois, de plus en plus nombreux.
Cordialement
A Stag
Vous avez partiellement raison. Il y des étranges manques dans les catalogues dus parfois à des questions de droit non renégociés ou en cours de négociation (à l’étranger certains films français ont pu être vendus avant cette renégociation pour une période X) Cela dit, il sort en France des masse de DVD qui ne sont pas édités aux USA ou commencent à peine à l’être. Dans la collection Sidonis par exemple ou chez Potemkine. Gaumont et Pathé font un effort remarquable mais faute aussi de curiosité dans les chaines la programmation tourne toujours autour des même 30%, ce qui n’incite guère les ayants droits à restaurer les films, ce qui coute cher. Prenez l’oeuvre d’Edmond T Greville. Maintenant on trouve enfin 3 de ses meilleurs films anglais BRIEF ECSTASY, SECRET LIVES et NOOSE (qu’on trouve aussi en France chez Doriane) et dans aucun autre pays. Personne n’est parfait et la lutte pour le patrimoine est contré par l’esprit du temps qui sacrifie tout au présent.
Pour les films américains, vous pouvez tomber sur une agence locale plus dynamique dans tel pays (en Espagne sur les films Fox). C’est un accident de la distribution. En principe ils ont tout regroupé à Londres, de manière intensément bureaucratique et semblent ignorer les besoins de chaque pays
Merci Pour cette réponse. Juste pour vous dire que j’ai au moins une cinquantaine de titres sidonis, très bon éditeur qui outre les bonus toujours instructifs m’a permis, entre autre, de découvrir Boetticher, et de nombreux westerns que je ne connaissais pas, je passe sur yvonne de carlo, (doux rêve), actrice aux charmes non négligeables, et le charme dans le western est je trouve souvent un atout. Ah… vera miles dans the searchers, cathy downs dans my darling clementine.
Certains éditeurs me laissent songeurs, zylo a édité le démon s’éveille la nuit, de fritz lang, avec stanwyck. Outre une jaquette très commerciale proposant monroe au lieu de stanwyck, le film n’est proposé qu’en vf… Déroutant.
Bonjour à cette nouvelle chronique, à son auteur et aux blogueurs de France et des antipodes
La petite erreur iconographique qui s’est glissée (le MAYERLING ici présent en image est celui de Terence Young) m’a fait croire à une réévaluation à la hausse de la version concernée en ouvrant la chronique. Vu que j’aime bien qu’un film un peu catalogué bénéficie d’un éclairage nouveau et stimulant (à condition de le mériter, bien sûr), je me suis dit : « chic ! » Sauf que non, et même que c’est pas grave : cela donne, puisqu’il y a aussi LA NUIT DES GENERAUX, un côté hommage subliminal à Omar Sharif, que j’aimerais revoir dans LES CAVALIERS, de Frankenheimer, qui doit avoir pris de la patine. À part cela, et pour l’heure, la chronique me donne notamment envie d’acheter LE BOSSU. Quant à LA COUR DE BABEL, je l’ai vu en salle à sa sortie et n’ai pas pu empêcher mes yeux d’être mouillés lorsque les élèves et leur prof se séparent, à la fin..
Merci Bertrand, vous m’avez donné envie de revoir LE BOSSU, LA NUIT DES GENERAUX et LES MAUDITS. Comme beaucoup d’entre vous j’imagine, j’ai (enfin) visionné THE BRIBE, film noir de Robert Z. Leonard, écrit par Marguerite Roberts, avec Robert Taylor très juste, Ava Gardner au zénith de sa beauté, et en seconds couteaux Vincent Price, John Hodiak et Charles Laughton, égaux à eux-mêmes (dans leur bonne moyenne). Le film est tourné sans idée marquante de mise en scène, les champs/contre-champs sont mal foutus, la voix-off mal écrite et envahissante, et la scène finale, qui aurait à priori été tournée par Minnelli (je n’ai pas encore vérifié, mais quelqu’une saura peut-être confimer/infirmer ?) vaut effectivement le détour grâce à des clairs obscurs et un travail de la lumière en général, bien plus soignés que durant les trois premiers quarts du film, l’énergie est différente, la mise en scène s’électrise un peu, bref, on sent vraiment deux pattes sur cet opus, celle d’un tâcheron et celle d’un vrai cinéaste sur la scène de fin.