Documentaires et westerns
21 avril 2011 par Bertrand Tavernier - DVD
REPENTIRS
J’ai finalement vu THE WOMAN IN QUESTION d’Anthony Asquith, film criminel qui retrace le portrait d’une jeune diseuse de bonne aventure, assassinée dans un hôtel minable, à travers cinq témoignages contradictoires qui la peignent tantôt comme une femme rangée, tantôt comme une prostituée, tantôt comme une arriviste ou quelqu’un qui est exploitée. Et bien sûr tous les autres personnages changent avec elles. Le film est sorti en 1950 tout comme RASHOMON, un an après LA FERME DES 7 PÉCHÉS de Jean Devaivre, sans oublier CITIZEN KANE.
Plus que la résolution de l’intrigue criminelle, on sent que c’est l’expérimentation narrative qui inspire Asquith : va et vient dans le temps, changements dans les costumes, le décor selon le point de vue, le narrateur, flashes back introduits et interrompus – parfois au milieu d’une scène – par des effets sonores, un montage cut audacieux pour l’époque. Autre qualité réelle, l’utilisation du cadre – une petite ville balnéaire à demi déserte, traversée par un train. L’hôtel où se déroulent la plupart des interrogatoires, doit être situé tout près des voies ce qui nous vaut de brusques irruptions de fumée, effets saisissants qu’Asquith utilise très habilement, derrière la fenêtre des chambres, accentués par le vacarme du train. Le style de jeu des acteurs change aussi selon les points de vue ; Jean Kent paraît un peu caricaturale dans le premier épisode puis se transforme peu à peu. Elle est excellente dans l’épisode qui épouse le point de vue de sa sœur. Dirk Bogarde est très beau, mais on le sent parfois gêné par le fait de jouer un Américain.
Autre film britannique que j’aurais dû signaler : MORGAN, A SUITABLE CASE FOR TREATMENT, magnifique film de Karel Reisz que je ne me lasse pas de redécouvrir. Les séquences sur la tombe de Karl Marx sont anthologiques. Brillant dialogue de David Mercer.
THE WORLD TEN TIMES OVER, écrit et réalisé avec quelques éclairs de style par Wolf Rilla (le réalisateur du VILLAGE DES DAMNÉS que je trouve surestimé qui devint hôtelier et restaurateur dans le sud est de la France) évoque la destinée de deux prostituées que le film rebaptise pudiquement « hôtesses ».Le film fut pourtant interdit aux mineurs, ramené à moins de 12 ans maintenant. Il est pourtant fort chaste et les deux actrices ne sont pas du tout déshabillées. June Ritchie s’en sort le moins bien avec un personnage assez exaspérant et écrit de manière monocorde. La gracieuse Sylvia Syms est meilleure et les scènes où elle affronte son père qui refuse de voir, de comprendre son activité sont parmi les plus réussies. A commencer par cette déambulation nocturne dans Soho de William Hartnell au milieu des enseignes, des néons publicisant de multiples offres sexuelles. La séquence a peu d’équivalents dans le cinéma britannique de l’époque (1963). La variété et l’importance des extérieurs fait d’ailleurs le principal intérêt de cette œuvre.
Avant de passer aux documentaires, je tiens à signaler le livre passionnant de Daniel Mendelsohn (le splendide les DISPARUS), SI BEAU, SI FRAGILE, recueil d’essais passionnants, décapants sur la manière de monter Tennessee Williams, Virginia Woolf mais aussi sur Almodovar, Tarantino. Les analyses de TROIE, de 300 sont particulièrement jubilatoires et radiographient l’inculture et le manque de goût des auteurs.
DOCUMENTAIRES
Ces derniers temps sont sortis un nombre considérable de documentaires de premier ordre. Je voudrais en louer, en recenser quelques uns en espérant que mes propos donneront l’envie d’en acheter ou louer certains.
A tout seigneur, tout honneur, commençons par Charles Ferguson avec son imparable, magnifique INSIDE JOB analyse au scalpel de la crise financière, de ses causes, de ses conséquences qu’hélas Obama laisse en jachère. Beaucoup de films policiers paraissent ternes, palots à côté de cette enquête qui met en lumière les liens entre les banques, les structures financières et tous les présidents américains depuis Reagan. J’ai été vraiment étonné qu’un économiste aussi brillant que Bernard Maris n’ait pas trouvé le temps de voir le film et de le commenter, de s’en servir. Très souvent les commentateurs, les politiques qui devraient être les premiers concernés paraissent dédaigner le cinéma. Christine Boutin avait découvert avec stupéfaction trois ou quatre ans après sa sortie CA COMMENCE AUJOURD’HUI dont beaucoup de thèmes la concernaient au premier chef.
Avant INSIDE JOB, Ferguson avait réalisé l’extraordinaire NO END IN SIGHT (zone 1) sur la période qui suivit la chute de Saddam Hussein. Ces quelques années durant lesquelles un groupe d’homme a réussi à force d’incompétence, d’ignorance, d’arrogance (il ne faut oublier aucun de ces trois termes comme le démontre le film) à plonger le pays dans le chaos, la misère, l’horreur. Et conséquences terribles, à déstabiliser le monde, doper le terrorisme, faire haïr l’Amérique et la démocratie, donner une vraie et inespérée crédibilité à l’Iran. Ferguson oppose à la mise en sac de l’Irak commise par Paul Bremer, ses chefs (Donald Rumsfeld) et leurs conseillers dont pas un ne parlait l’une des langues du pays, n’avait la moindre notion de son Histoire, de celle des différents courants religieux ou n’avait participé à la moindre opération de reconstruction, la décision de Roosevelt de réunir des petits groupes d’experts parlant allemand ou japonais qui préparaient l’après guerre dès 1942. Les personnes chargées de reconstruire l’Irak furent pratiquement choisies, au contraire, lors de la chute de Bagdad. Barbara Bodine raconte qu’elle se retrouva dotée d’un bureau, d’une table et d’un ordinateur et assista, impuissante, aux conneries criminelles de Bremer, au gigantesque gaspillage. Plusieurs milliards de dollars s’évanouirent dans la nature.
GONZO d’Alex Gibney est un fascinant documentaire consacré à Hunter Thompson, ce maître du journalisme gonzo, méthode d’investigation journalistique axée sur l’ultra-subjectivité, inventée par Bill Cardoso et qu’il popularisa, pour écrire Hell’s Angels: The Strange and Terrible Saga of the Outlaw Motorcycle Gang. Ce que l’on entend de ses textes donne envie de lire tous ses essais et surtout ceux sur les campagnes électorales de Mc Govern ou Carter.
CLEVELAND CONTRE WALL STREET est une œuvre utile, estimable, souvent touchante. Je trouve simplement que l’avocat qui lance la procédure contre Wall Street paraît prisonnier de ses bonnes intentions. Il manque de réparties, de pugnacité face à son adversaire, ne trouve pas le temps de rétorquer, quand ce dernier comparant les subprimes aux armes, déclare qu’elles ne sont mauvaises que quand on s’en sert mal, de rétorquer que même le commerce de ces armes est régulé : on ne peut pas vendre à quelqu’un qui a un casier judiciaire, à un mineur. Ces contraintes, très légères, s’opposent au libéralisme absolu des subprimes. Il y a dans ce film, un personnage stupéfiant, véritable sujet de long-métrage : ce vendeur de drogue noir, très charismatique, qui se trouve propulsé par hasard dans le monde des subprimes, y fait de carrière, avant de tout plaquer, jugeant que c’est bien pire que la drogue.
THE CAT, THE REVEREND AND THE SLAVE est une vraie expérience : pendant plusieurs mois, les réalisateurs ont approché et filmé trois communautés emblématiques du monde virtuel Second Life : les Furries, les Evangélistes, et les Goréens. On voit toute une série de personnages d’américains moyens se perdre, s’affronter et parfois refaire leur vie à travers un univers virtuel, celui de Second Life. Ils passent des heures devant leur ordinateur, parfois entre trois et cinq heures du matin, avant d’aller au boulot. Je n’ai pas réussi à comprendre vraiment comment certains pouvaient s’enrichir, avec la devise de Second Life, voire faire des opérations immobilières.
WORKINGMAN’S DEATH de Michael Glawogger vous coupe le souffle. Ces cinq portraits du travail au XXIème siècle vous clouent sur votre fauteuil. Glawogger a choisi 5 pays où des hommes sont exploités dans des conditions d’une violence qui exclut toutes règles sociales, tout humanisme. Des Russes exploitent illégalement une mine de charbon où ils ne peuvent travailler qu’allongés (ce qui ne les empêche pas de se raconter des histoires, des blagues lors d’une scène inoubliable), des Pakistanais désossent un pétrolier qui va être dépecé sous nos yeux. Il y a là des images extrêmement belle (trop ?), proches parfois du vidéo art : des énormes pans de ferraille tombent dans la mer En Indonésie, des hommes vont chercher des blocs de soude au milieu de geysers brûlants et toxiques, sur un sentier qui jouxte un précipice. Des touristes demandent le poids de la charge : « 115 kilos », répond le porteur – « C’est beaucoup » – « Certainement ». Pas de commentaires mais des images terribles. A ne pas manquer.
Parmi les œuvres conçues pour la télévision, je voudrais retenir AFRIQUES, UNE AUTRE HISTOIRE DU XXÈME SIÉCLE une série de Elikia M’Bokolo, Philippe Sainteny et Alain Ferrari, réalisée par Alain Ferrari (INA), épisodes qui passent au crible, avec intelligence, acuité 100 années de l’histoire de l’Afrique. Documents et interviews passionnants remettent en cause bien des clichés, des idées reçues, réhabilitent des combattants oubliés, pointent les erreurs et les sottises… Voilà une œuvre que nos politiques et nos conseillers auraient bien fait de visionner avant le triste discours de Dakar. Je n’ai pas oublié ce moment où une institutrice fait défiler ses gamins devant des fresques médiocres représentants Marx, Engels, Lénine… pendant qu’ils ânonnent tous ces noms.
NOTRE POISON QUOTIDIEN (INA ARTE) de Monique Robin dénonce de manière très documentée la présence, l’importance des pesticides, des agents chimiques dans notre nourriture quotidienne. Ce qu’elle montre des instances de régulation tant en France, en Europe qu’aux USA a de quoi faire peur. La non transparence des dossiers, des décisions prises à l’OMS, au CIRC, à la FDA, le poids financier des lobby de l’industrie chimique qui commande des dizaines études qui lui sont toutes favorables (C’est sur 3 de ces études que certaines décisions ont été prises qui exonèrent les fabricants des biberons en plastique). Le dossier de l’Aspartame est tout à fait symptomatique. Donald Rumsfeld, ancien PDG de Searle qui le fabrique, vient de rentrer au gouvernement Reagan. Il va nommer le président de la FDA et cet édulcorant qui avait été interdit en 1974, va être autorisé en 1981. Monique Robin trouve beaucoup d’exemples similaires et dénonce la présence de scientifiques travaillant pour ces firmes. Aucun parti politique ne semble vouloir s’attaquer à ce problème majeur, source de multiples cancers, de maladies nombreuses et cause de la stérilité qui grandit dans nos pays.
Signalons aussi aux Editions Montparnasse, qui font un travail exemplaire pour le documentaire de création, le coffret de 10 DVD consacré aux films du Prix Albert Londres. Des Khmers rouges filmés par Ritty Panh à l’affaire Farewell en passant par la bande de Gaza et le procès de Klaus Barbie. On retrouve des films de Xavier de Lestrade, Christophe de Ponfilly, Philippe Rochot, Monique Robin etc.
On ne saurait conclure sans parler de Ken Burns et de deux de ses dernières œuvres : THE NATIONAL PARKS sous-titré America’s best idea sur la création des parcs nationaux, les combats qu’il a fallu mener pour les imposer. Aux politiques, à des élus locaux, aux industriels. Combat pour préserver la nature (Burns filme une variété inouïe de paysages sublimes), la faune, combat écologique avant la lettre. D’ailleurs une des premières décisions de George W Bush et Rumsfeld a été de vouloir céder des milliers d’hectares aux compagnies pétrolières et minières, décision qui a pu être en partie repoussée. Depuis la projection du film, la fréquentation a été incroyablement dopée, a plus que quadruplé, retrouvant le nombre de visiteur qu’ils avaient sous Roosevelt.
Baseball the Tenth Ining est un constat sans complaisance sur le sport national de l’Amérique, son évolution, les dangers qui le menacent.
WESTERNS
TRUE GRIT.
L’immense succès du beau western des frères Coen, TRUE GRIT m’a donné envie de revoir la version de Henry Hathaway, distribuée en France uniquement en Blue Ray. Et de lire le livre de Charles Portis (éditions Nova). Une première constatation s’impose. J’ai lu de multiples articles tant en France qu’aux USA (l’excellente analyse de Frank Rich dans le New York Times), entendu de multiples déclarations (sur France Inter ou France Culture), claironnant qu’il ne s’agissait pas d’un remake, que, de toutes les manières, la première version était banale, « juste un western gorgé de Technicolor », dirigé par un « homme à tout faire », assertions qui sont plus que discutables, expression polie pour dire qu’elles sont complètement fausses.
Les deux films sont souvent très proches pour la bonne et simple raison qu’ils sont tous les deux très fidèles au magnifique roman qu’ils adaptent. Mon ami Pat Mc Gilligan a relevé plus de 30 scènes qui reprennent mot pour mot le même dialogue, celui de Portis (le tribunal, les discussions financières avec Stonehill, la plupart des échanges entre Mattie et Rooster, la longue séquence dans la cabane et bien d’autres). Marguerite Roberts, la scénariste de la première version, adorait le livre tout comme Hathaway et les frères Coen. C’était une femme talentueuse, comme le prouvent ses premiers scripts, HOLLYWOOD BOULEVARD, SAILOR’S LUCK, qui travailla sous contrat à la MGM (citons surtout THE BRIBE, ESCAPE, IVANHOE) bien qu’ayant adhéré au parti communiste qu’elle quitta en 1947. Mais elle et son mari John Sanford refusèrent de donner des noms, de témoigner et furent mis sur la liste noire de 1951 à 1962. Il est assez ironique que son principal titre de gloire soit un film avec Wayne, anti communiste féroce mais qui était suffisamment intelligent et ouvert pour dire que c’était le meilleur scénario qu’on lui avait donné.
Ce sont les différences entre les deux films qui sont révélatrices. La Mattie des frères Coen est évidemment l’atout majeur du film et un choix brillant, avec son extrême jeunesse. Kim Darby est plus âgée mais je la trouve vraiment bonne (elle se bonifie à chaque vision) et il faut dire que Hathaway se battit pour imposer la très jeune Sally Field, superbe idée de distribution rejetée par Hal Wallis qui lui préférait Mia Farrow que je n’arrive pas à imaginer en paysanne. Quand elle lâcha le film, Hathaway découvrir Darby dans un téléfilm. Personnellement je trouve Wayne plus fort, plus impressionnant, plus crédible en tueur que Jeff Bridges qui joue les durs. Les méchants sont aussi bons dans les deux films mais je garde un faible pour Robert Duvall et Dennis Hooper et Jeff Corey est un peu plus effrayant que Josh Brolin, alors que Matt Damon surpasse Glenn Campbel (que j’ai trouvé aussi meilleur que dans mon souvenir).
Je regrette la disparition du chat, le général Sterling Price, et la diminution du rôle du Chinois Lee dans la version des Coen et me demande si, en revanche, certains ajouts réjouissants ne frôlent pas la préciosité (Mattie dormant dans un cercueil, le type déguisé en ours). La chevauchée nocturne est plus lyrique chez les Coen mais je trouve que Hathaway et Roberts ont eu raison de faire tuer Laboeuf, ce qui donne du poids à cette quête. Il y a eu un prix à payer.
La pendaison, au début, est aussi bien traitée dans les deux œuvres (j’ai quand même l’impression qu’elle est plus naturelle chez Hathaway) et les moments de violence dans la cabane se valent. Ils sont très proches, aussi réussis chez l’un que chez l’autre. La musique d’Elmer Bernstein est peut être plus conventionnelle encore qu’elle soit très habile au début.
Et surtout, la fin, est beaucoup plus émouvante chez Hathaway que chez les Coen qui, pourtant, restent fidèle à Portis. En trahissant le livre, en inventant cette dernière rencontre dans un cimetière enneigé, il réussit une séquence magistrale, chargée d’une mélancolique nostalgie. On devine ce que deviendra cette adolescente, si rangée, si précise et le moment où elle demande à Wayne de se faire enterrer à coté de la place qu’elle s’est choisie me bouleverse à chaque vision. Cette fin donne tout son sens à l’histoire mieux que la séquence du cirque qui fait commentaire.
Signalons aussi la splendide WINTER’S BONES qui montre que l’univers de TRUE GRIT n’a pas disparu.
Joseph H Lewis
Deux films très différents dont la juxtaposition soulève bien des questions. 7th CAVALRY(qui m’avait paru médiocre lors d’une vision lointaine à la Cinémathèque) est pire, plus inerte et plat que dans mon souvenir. Le manque d’action qui aurait pu conférer une rigueur, une austérité analytique, vire à la mollesse. Les deux bagarres avec leur utilisation maladroite et abusive des doublures, sont aussi interminables que pauvrement filmées. La pauvreté des cadres, la banalité des mouvements d’appareil, l’absence d’idées visuelles étonnent, venant d’un réalisateur aussi brillant, esthète que Lewis dans certains films (souvenez vous du hold-up du DEMON DES ARMES filmé en un seul plan). Les cavalcades sont filmées frontalement, avec des panoramiques monotones, dans des extérieurs pour la plupart extrêmement ternes. Le sujet avait été déjà traité de manière assez similaire et avec une autre force dramatique, une autre invention scénaristique par Charles Marquis Warren dans LITTLE BIG HORN (zone 1VCI sans sous titre).
La vision de Custer est incroyablement pauvre, timorée par rapport à FORT APACHE, à TOMAHAWK ou AU MEPRIS DES LOIS, voire au livre lyrique et passionnant d’Ernest Haycox, BUGLES IN THE AFTERNOON (qu’on peut trouver sur des sites US). On est plus proche de la minable adaptation qu’en avait tiré Roy Rowland, LES CLAIRONS SONNENT LA CHARGE.
Les quelques éléments qui auraient pu être intéressants (un débat contradictoire autour de Custer) sont rapidement écartés, balayés par le personnage que joue Scott dont le coté buté, étroit d’esprit, finit par être déplaisant. La manière dont il parle aux Indiens en leur expliquant que leurs croyances, c’est de la superstition, témoigne d’une grande arrogance qui semble avoir dix ans de retard sur de très nombreux westerns.
On est loin de l’autre western de JH Lewis avec Scott, Lawless Street (VILLE SANS LOI). La différence est même sidérante.
Elle l’est encore plus avec TERROR IN A TEXAS TOWN que je viens de revoir dans une belle copie (DVD MGM zone 1 sous-titres français) Certaines de mes réserves (pauvreté des décors, solennité du ton) disparaissent lors de cette nouvelle vision. Je ne sais pas si je le qualifierai de « bon film » un bon film car ses défauts, interprétation parfois hiératique, étrange accent suédois de Hayden, peuvent déconcerter, mais le ton glacé du film, la longueur de certains plans (dans le saloon), la débauche de cadrages insolites privilégiant les amorces (énorme roue, colonnade) qui tordent l’espace, statufient l’action, lui confèrent un coté baroque, sur mise en scène, qui jure avec la simplicité de l’intrigue, tout cela donne un ton vraiment insolite, accentué par la musique de Gerald Fried qui est tout sauf une musique de western : éclats de trompette qui ne dépareraient pas une mise en scène de Laurence Olivier, dissonances à la Paul Dessau, lamento percussif. Les extérieurs sont réduits au minimum et sont d’un dépouillement qui frôle l’abstraction. Le film est d’ailleurs beaucoup plus proche d’un film noir claustrophobique dans le style de SO DARK IS THE NIGHT, l’un des titres majeurs de Lewis, que d’un western. Le dialogue de Trumbo (sous le pseudonyme de Ben Perry) est très écrit, très volontariste et les allusions à la liste noire sont évidentes.
A noter que c’est un des rares films où l’on voit un cavalier sauter de sa monture et se diriger vers un bâtiment tandis que son cheval s’échappe dans la rue (ce qui foule au pied un cliché). La pauvreté du budget fait que Lewis utilise deux fois le même cadrage et un autre personnage laisse aussi partir sa monture.
J’avais un relatif manque d’intérêt pour THE NEVADAN (l’HOMME DU NEVADA, zone 2 Sidonis) de Gordon Douglas. J’ai trouvé, heureuse surprise, la première heure bien filmée (les plans durant le générique sont remarquables) et les scénaristes parmi lesquels le mystérieux George W George et…Rowland Brown, l’auteur de QUICK MILLIONS (crédité pour les dialogues additionnels) parsèment le récit de petites trouvailles plaisantes. Le ton, plutôt décontracté, solde les rebondissements dont certains sont prévisibles. Rien de tout cela n’est très sérieux et l’ombre des comédies westerns à la Marshall plane sur le film : un shérif est davantage préoccupé par son travail de dentiste que par maintenir l’ordre, deux frères se houspillent sans avoir l’air de comprendre ce qui leur arrive. Dorothy Malone est joliment filmée dans un registre léger et plaisant et l’on passe une bonne partie du film à se demander si Randolph Scott est du côté de la loi ou dans le camp opposé. Il confère une ambiguïté souriante à son personnage, signe distinctif de ses meilleurs films. Dans le dernier tiers la minceur du propos, la rapidité du tournage diminue l’intérêt malgré quelques extérieurs rocailleux à la Boetticher et une assez bonne bagarre dans une mine qui s’effondre. Le dvd français a tenté de respecter les teintes verdâtres du Cinecolor mais fait précéder le générique d’un carton absurde : » le négatif 16/9ème ayant été détruit nous avons utilisé celui en 4 tiers ». En 1950 personne ne tournait en panoramique.
Deux autres Gordon Douglas sont disponibles en zone 1 sur le site Warner Archives : FORT DOBBS et YELLOWSTONE KELLY, tous les deux co-écrits par Burt Kennedy (avec encore Georges W George). Les dialogues de FORT DOBBS, épurés, cinglants, ramassés ne dépareraient pas les westerns de Boetticher et les rapports entre l’excellent Brian Keith et Clint Walker renvoient aux affrontement Scott Claude Akins ou Lee Marvin. Les extérieurs arides, rocailleux, très bien utilisés, font très Boetticher. Les deux premiers tiers du film sont brillants, notamment cette attaque nocturne de la ferme où Douglas ne filme pratiquement que le point de vue de Clint Walker, point de vue qu’obscurcit le cadre d’une fenêtre, un poteau ce qui dramatise les plans. La conclusion est plus classique.
YELLOWSTONE KELLY (nom d’un personnage historique, éclaireur qui pouvait dit on, réciter Shakespeare, en écorchant un ours) est plus ample, plus majestueux et Douglas filme magnifiquement de vastes paysages plus verdoyants que ceux de Ford Dobbs. Ce qui n’empêche pas de soudaines explosions de violence : les moments où Walker brise la cervicale d’un guerrier, où Anse se fait surprendre par les Indiens en sortant de la cabane et reçoit une flèche, sont magistraux. Douglas sait filmer les surgissements des personnages, cf l’irruption d’une grande fluidité de Kelly qui débouche le long de la colonne des soldats en haut et à droite du cadre. Et les affrontements : ceux qui opposent Kelly au major pétri de certitude sont aussi remarquables : « avez vous essayé de tuer un ours avec une baguette ? », demande-t-il. Le scénario conjugue plusieurs thèmes dont chacun fait partie de l’essence du genre : l’éducation d’un pied tendre (Edward Byrnes qui fournit un excellent contrepoint à Walker, même s’il est trop gominé), les affrontements raciaux (dans chaque camp, il a des têtes brûlées), l’arrogance stupide de certains officiers blancs qui refusent d’écouter Kelly et vont faire massacrer leurs troupes parmi lesquelles Claude Akins et Warren Oates. La belle Andra Martin est censée, à grand renfort de maquillage, être une indienne (aux yeux bleus) mais Douglas traite son personnage avec respect et légèreté et elle introduit un érotisme délicat peu fréquent dans le genre qui culmine quand elle dit à Kelly : « tu m’as regardée », magnifique réplique qui se poursuit par : « tu as sauvé ma vie et je dors dans ta couverture…Tout peut arriver d’ici le printemps », fort belle et intense déclaration d’amour même si l’on peut regretter qu’Andra Martin, comme les autres Indiens, s’exprime dans un anglais impeccable.
AUDIE MURPHY
WALK THE PROUD LAND, est plus visible. Ce qu’il raconte est vraiment intéressant même si le scénario reste très en dessous de la réalité, que le propos est édulcoré avec une fin mielleuse. Le vrai John P Clum, après avoir capturé Geronimo avec ses policiers indiens, se vit refuser toutes ses propositions, ses réformes, par le pouvoir politique. Il démissionna et l’armée commit l’intense connerie de libérer Geronimo, prolongeant de 7 ans les guerres indiennes et provoquant des centaines de morts. Clum devint le directeur du journal de Tombstone et un grand ami de Wyatt Earp. Les scénaristes ajoutent des scènes doucereuses avec des enfants au lieu d’aborder le coeur du sujet. Mais il y a de beaux extérieurs. Mieux filmés que dans les productions Universal analogues. Audie Murphy est crédible et Anne Bancroft, très belle, parvient à se faire sinon accepter du moins admirer comme Indienne surtout face à la désastreuse Pat Crowley.
Mieux vaut oublier COLUMN SOUTH (L’HEROIQUE LIEUTENANT) de Fréderic de Cordoba : plat, mal écrit, mal joué, mal filmé.
A BULLET FOR A BADMAN de RG Springsteen est plombé par un début catastrophique : extérieurs nuls, cadrages ternes, toujours à plat (la photo, médiocre, est pourtant de Joseph Biroc), décors ultra conventionnels et peu imaginatifs. Mais soudain, apparaissent plusieurs actrices bizarres et assez sexy, pas très bonnes, fort improbables dans un western mais dont la présence pimente le récit sans qu’on sache s’il lorgne vers un ton semi parodique ou non. Les rebondissements s’accumulent, les extérieurs deviennent plus intéressants et si les séquences nocturnes restent toujours aussi plates, Springsteen réussit quelques cadrages plus dynamiques. Dans cette variation de série sur l’APPAT de Mann, tous les personnages de la patrouille qui poursuivent Darren McGavin, rivalisent de cynisme. Il faudra un jour que j’arrive à trouver ce mélodrame de Springsteen, COME NEXT SPRING sur lequel délire Philippe Garnier.
LE FORT DE LA DERNIERE CHANCE (THE GUNS OF FORT PETTITCOAT) est un George Marshall amusant, pas mal filmé, une plaisante surprise quand on pense à la pléiade d’œuvres routinières exécutées par le cinéaste à cette époque. La mise en scène, souvent astucieuse, utilise bien le décor, incorpore quelques jolis extérieurs. Plusieurs scènes sont bien écrites et même si la photo reste conventionnelle, trop éclairée. Ce film prend sa place parmi les meilleurs AUDIE MURPHY avec son trio de hors la loi assez violents pour l’époque. Voilà la seconde surprise que m’a donné Marshall après les PILLIERS DU CIEL, même s’il lui manque toujours ce je ne sais quoi qui transformerait une séquence agréable en une vraie réussite. Marshall reste toujours à la surface, tente souvent de s’en sortir par un gag plus ou moins nécessaire. Il aime tant la comédie qu’il la prive de sérieux. Le résultat, plus qu’agréable plane au dessus de RIDE CLEAR OF DIABLO (CHEVAUCHÉE AVEC LE DIABLE) d’où j’ai surtout envie de retenir le toujours remarquable Dan Dureya
APACHE RIFLES de William Whitney : sur un sujet des plus traditionnels pas trop mal écrit par Charles Smith (un officier raciste découvre le bien fondé de ce que réclament les Indiens mais se fait écarter par ses supérieurs jusqu’à l’affrontement final qui lui donne raison) on ne peut que louer la recherche dont témoignent certains cadres (camera très basse, entrée de champ brutale), des mouvements d’appareil qui dynamisent l’action, un découpage précis et efficace, le choix et l’importance des extérieurs : Whitney incorpore même la caverne et le canyon où Wayne rejoint Nathalie Wood dans The SEARCHERS. Audie Murphy est très crédible même si son retournement est survolé plutôt que traité. Michael Dante essaie d’être crédible en Indien mais la surprise de Linda Lawson qui est belle, juste et donne une vraie fierté à son personnage d’institutrice à demi indienne.
LANG, KING, PARRISH
THE RETURN OF FRANK JAMES est en revanche vraiment terne et quasi anonyme. On peut trouver un charme à la photo de George Barnes, aux couleurs, aux robes pastel de Gene Tierney, mais le film est insipide, avec des stéréotypes raciaux (le personnage de Pinky très Jim Crow), des clichés et un discours gênants même pour l’époque : la morale farouchement sudiste de Henry Hull, qui prône l’assassinat de ses adversaires, est assez désagréable compte tenu du contexte de l’époque et de la nationalité du réalisateur. Surnagent quelques plans nocturnes, de très beaux extérieurs dans la Sierra Nevada, gâchés par des raccords en studio où Fonda fait semblant de faire du cheval. Je n’aime pas beaucoup les westerns de Lang et reste perplexe quand il déclare dans ses interviews qu’il était un fanatique du genre et qu’il a fait de nombreuses recherches. Ce film tout comme WESTERN UNION a l’air aussi authentique dans ses décors, costumes, sa figuration, ses dialogues que les bandes de séries avec William Boyd ou Ray Corrigan.
THE GUNFIGHTER (LA CIBLE HUMAINE : film magnifique, ample, lyrique. On devrait ajouter quelques lignes pour louer l’excellent scénario de William Bowers et William Sellers d’après un script original de Bowers et de Toth. Ce dernier voulait faire le film. Il avait eu l’idée du sujet, inspiré par ce qui arrivait à Flynn, Bogart, Joe Louis dans les bars quand il les accompagnait. Il y avait toujours un jeune type qui les provoquait. De Toth voulait Gary Cooper (choix splendide) et tourner le film en couleurs désaturées, proches du sépia. Ce qui fit très peur à Zanuck tenant d’un Technicolor plus que flamboyant dont témoignent ses comédies musicales. Et Cooper n’était pas sous contrat. Il proposa Peck et de Toth pensait que Peck était trop civilisé. C’est partiellement vrai et la moustache rattrape un peu mais Peck est très bon dans le film, s’entendant très bien avec King. Ce dernier imposa sa patte dans le scénario, développant le rôle des enfants qui deviennent l’un des trois choeurs antiques qui commentent, étoffent, ouvrent le film. On les entend autant qu’on les voit et ils remplacent tout commentaire musical. Le seul moment musical, très fort, très bien écrit, presque Hermannien, se situe pendant le générique.
Dans ce scénario très bien dialogué, je retiens une scène très originale : Peck discute avec son ami Millard Michel, devenu marsala. Ils abordent un sujet grave – le fait que l’homme de loi veut faire partir le pistolero – et sont interrompus par un homme qui se confond en excuses et regrette de faire irruption dans cette conversation. Il leur annonce qu’un type est en train de brûler sa maison : – » Vous avez essayé de l’arrêter » – » Oui mais il m’a pas écouté » – » Il est ivre ? » – » Sa conduite ne témoigne pas d’une vraie sobriété ». Toute cette scène jusqu’au départ de Mitchell est filmée en un seul plan général, sans raccords et King s’arrange pour que les acteurs soldent la scène, lui retirent tout pittoresque, la rendent aussi quotidienne que possible. Et cela évite un long affrontement moral entre les deux protagonistes.
J’ai adoré revoir SADDLE THE WIND malgré quelques transparences gênantes et certains raccords en studio. Tous les seconds rôles sont superbement écrits, joués, distribués (Jay Adler en barman, Royal Dano en squatter sur de son droit, Charles McGraw en tueur sont formidables) et le film, sans en avoir l’air, subvertit, remet en cause beaucoup des archétypes du genre : le cattle baron joué par Donald Crisp est pacifiste et préfère renoncer à ses chères clôtures que de tuer pour les protéger. Pour Parrish et Serling les conséquences d’une action sont aussi importantes sinon plus que cette action elle-même. Position morale rare dans le cinéma américain. Ce que les auteurs remettent en cause, c’est moins la violence de Cassavetes que son amour de la violence, que l’aura, le prestige que lui donne aux yeux de quelques uns, cette violence. Les morts, toutes impressionnantes, prennent une importance démesurée : Dano , Mc Graw mettent un temps long à mourir.
Pour une fois, on donne à un Nordiste (Dano) un discours très digne alors que les confédérés sont montrés comme des assassins sans honneur, ivres d’alcool et de brutalité immature et stupide. L’affrontement archétypal entre les deux frères possède un vrai tragique et se conclut, fait exceptionnel, par un suicide. Tout est ainsi décalé, détourné, petit à petit, sans qu’on s’en rende compte, de même qu’on mettait du temps à réaliser que les soldats qu’on avait sous les yeux appartenaient à un régiment noir dans l’AVENTURIER DU RIO GRANDE, tant le traitement était subtil et peu souligné. Même le personnage de Julie London témoigne d’une absence de calculs, d’une franchise exempte de tout puritanisme sur ce que fut sa vie. Parmi de magnifiques extérieurs, Parrish inclut une des villes de western les plus plausibles ces maisons de guingois, ces porches déglingués, les plus intéressantes, qui rivalise avec celle de LA CHEVAUCHÉE DES BANIS, de WILL PENNY.
Je rappelle rapidement AU MEPRIS DES LOIS, excellent western de George Sherman qui me fit reconsidérer ce réalisateur. On sent sa présence tout au long de ce film, dans une façon de placer à contre-jour un dialogue conventionnel, de filmer en un plan un raid indien, d’utiliser les paysages ou le décor d’un fort dont chaque mur est différent. Le film, sorte de prélude à la FLECHE BRISÉE, prend ses libertés avec l’Histoire et mélange deux batailles, éloignées de deux ans mais pose un regard chaleureux sur les Indiens, regard qui fait tout le prix de TOMAHAWK, autre western pro indien, qui sort prochainement en attendant d’autres Sherman comme, REPRISAL au contenu anti raciste très affirmé, DUEL DANS LA SIERRA que j’avais aimés et SLEEPING CITY, SPY HUNT, SWORD IN THE DESERT, TARGET UNKNOWN découverts grâce à Dave Kehr, grand avocat de Sherman.
AU PAYS DE LA PEUR d’Andrew Marton m’a paru fort terne, sauf peut être dans son dernier tiers avec cette attaque de loups. Marton esquive ce qui aurait pu donner du poids aux rapports entre Stewart Granger, terne, et Wendell Corey, bien meilleur. Cyd Charisse est totalement gâchée dans un improbable rôle d’Indienne. Cela dit le scénario de Frank Fenton ne compte pas parmi ses meilleurs.
NEW MEXICO (Bach films) est le premier western de Peckimpah et l’on peu s’interroger sur le choix du titre français qui est très vite démenti par un carton du générique remerciant les autorités de l’Arizona d’avoir permis le tournage. On sent poindre dans quelques touches sarcastiques, drolatiques, la personnalité de Peckimpah (le bar qu’on ferme pour permettre au pasteur d’officier dans le même local), le personnage de Brian Keith mais j’ai été frappé par la maladresse des scènes d’action, de violence. Je crois me souvenir qu’il n’avait pas monté le film. C’est Maureen O’hara (qui dézingue Peckimpah dans ses mémoires) qui chante la chanson du générique. Fort bien.
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A Monsieur Martin-Brady, NTSC is 30 frames a second but this is compensated for by some sort of technical magic (beyond me)called 3:2 pulldown during the transfer to video which keeps the film in sync with its original running time. PAL only being 1 f/p/s off the original film speed, it was not deemed sufficiently noticeable for the wizards to do that voodoo that they do so well hence that 4% difference. Anderson describes Fonda’s character as being infirm and contradictory and denies Ford the capability of doing justice to such morally complicated characters and Fonda the ability to play such (in the latter case, the problem is due to Fonda’s « gift for integrity. Too much of a good thing, I guess).
A Mr Rawls: j’ai retenu vos précisions sur les cadences d’images par seconde et les relirai avec attention une fois le livre de Murch terminé! C’est un casse-tête (brain-racking?)! Merci en tout cas.
Pour Fonda: disait-il qu’il n’aimait pas Fort Apache à cause du personnage négatif que Ford lui demanda de jouer? Auquel cas, c’était un professionnel, car ça veut dire qu’il fit un très beau boulot en obéissant à JF, alors qu’il désapprouvait cette conception du personnage. Pour moi, ce film est précurseur des années 60 car il associe courage guerrier à bellicisme stupide, entre autres, voyez They Died With Their Boots On/Walsh dans lequel le courage guerrier est au contraire associé à des valeurs positives. Les choses ne sont plus si simples, 20 ans avant 68… Fonda approuva aussi Anderson dans le jugement sévère sur le film sans doute par convention, et aussi parce que JF et lui étaient toujours brouillés depuis Mr Roberts, et que je crois que Fonda était un peu rancunier, ou raide, du moins?
On voit que le fameux « gift for integrity » pouvait se transformer en un « gift for arrogance » dans le film au moins, et que JF avait l’oeil qu’il fallait (!) pour apercevoir celà en 1947: regardez les rôles que Fonda avait joué avant ce film, il fallait oser lui donner ce rôle-là!
Au passage, nous rierons sans cruauté des cinéphiles moins avertis qui nous diraient que c’est avec Leone en 68, que Fonda joua son premier rôle de méchant! Mais sans cruauté, bien sûr…
To Monsieur Martin_Brady (and any other interested parties), The reason for the gap in running time between your uncut FORT APACHE and Leonard Maltin’s uncut FORT APACHE is PAL speedup. When 35mm film (24 f/p/s) is transferred to the European PAL video system (25 f/p/s), there’s something like a 4% reduction in running time. Some viewers can discern a certain jerkiness of motion in PAL transfers. I can’t. And only once ( I don’t remember what film) has the slightly higher pitch of the audio registered with me. Lindsay Anderson is one of my heroes and ABOUT JOHN FORD is , I think, one of the best studies of a director, but Anderson can be amazingly obtuse when an ambiguous character like Colonel Thursday (FORT APACHE) or Ethan Edwards (THE SEARCHERS) occupies a central place in a Ford film. Best, Michael Rawls
A Michael
I agree with you about LA book, a great one with a lack of understanding of FORT APACHE and THE SEARCHERS. But what he says of THE WERE EXPRENDABLE (and his interview with Robert Montgomery) is invaluable.
A M Rawls: c’est curieux, je viens d’apprendre hier en lisant le livre de W Murch « Blink of an eye », cette différence entre Europe et USA, mais j’ai pas tout compris! Il écrit même que la video chez vous tourne à 30 fps! Et parle de six « images-fantômes », copies d’images déjà existantes, pour conserver la cadence quand on transfère du film à la video! La poésie infinie des énigmatiques images fantômes me hantera dans mon sommeil!
(en ce qui concerne la video, il parle de video numérique, pas de vhs ou autre…).
Pour Fort Apache, notez que Thursday n’est pas ambigü, en fait, mais simplement franchement antipathique alors que Ethan est un peu les deux, tout en nuances.
Sur Rio Bravo…
Sans entrer dans l’analyse pure, mais en parlant juste d’émotion… La scène entre Ricky Nelson, Dean Martin, Walter Brennan et John Wayne, lors de la chanson « My Rifle, My Pony and Me » représente une des mes plus grandes émotions cinématographiques. Wayne qui n’est qu’observateur est sincèrement heureux, on sent son plaisir à écouter chanter Martin et Nelson… Brenan avec son harmonica est merveilleux… et puis la fin de Rio Bravo est aussi belle que celle de To Have and Have Not, ou pour parler d’un autre cinéaste, que celle de Casablanca. Une fin éternelle.
Et pour ma part, revenir à Rio Bravo, le revoir encore et encore, c’est comme réécouter pour la centième fois « Don Giovanni ». J’en connais chaque note, et je ne m’en lasse jamais.
A Sullivan
Ce sont toujours ceux qui aiment qui ont raison
Monsieur Tavernier, Re GUNSMOKE, I would recommend keeping the first season in your basket. One of the episodes which has impressed me most (« Legal Revenge »)is written by Peckinpah and directed by Robert Stevenson (I MARRIED A COMMUNIST) and may be found in the first volume of Season 2. Charles Marquis Warren directed the Peckinpah script « The Queue » and Andrew McLaglen directed Peckinpah’s « Cooter » which features future Peckinpah fave Strother Martin in a most uncharacteristic role. These last two titles are in season one.The writing credits on Wikipedia sometimes turn Mr. Meston’s original story credit into screenplay credit resulting in my having to check the credits on the respective discs. So get season one and volume one of season 2. Wishing I could have been more lucid and concise, Michael
Monsieur Tavernier, Volume One of the second season of GUNSMOKE goes up through episode 20. I don’t, by the way, approve of this business of breaking up seasons into separate volumes, believing that it demonstrates both greed and stupidity (since the the greedy manufacturer would probably make more money by selling the whole season for say a third of a higher price than was asked for the first volume). I also don’t approve of releasing series like ALFRED HITCHCOCK PRESENTS at a constipated rate like Universal is doing, so that by the time the last seasons appear, if they appear, a substantial portion of the market will be dead or demented. La Bonne Annneeee, Mireille
To Michaels
Still is the Peckimpah you mention in this volume or in the next one
Monsieur Tavernier, The directorial credits of Season 2 are pretty much divided between Ted Post and Andrew McLaglen, with just a few exceptions. Most of the scripts (including the previously mentioned « Legal Revenge ») are written by the show’s radio originator John Meston (Oxford,Languages) once in a while in conjugal (as John Lennon would say) with Peckinpah. If you go to yahoo.com and punch in List of gunsmoke episodes wikipedia, the first choice that comes up will take you to a complete list of episodes with directorial and sometimes incomplete writing credits (Peckinpah not listed after « The Queue »). If you don’t want to get both volumes of season 2, then volume one would be my choice. I’d stay away from that Chinese disc. I had a Chinese disc of DRAGNET once which actually stripped the background music,along with some sound effects, off the episodes, replacing with it a score consisting of someone plonking on the same few piano keys well to the left of Middle C. Happy New Year Pardner, Michael
A M%ichael
But Wikipedia will not give me the list of the episodes in a box set. I will buy season one (mostly Marquis Warren no ?. The peckimpah episode is in the first volume of season 2
Monsieur Tavernier, Since you have obliged me to seek out ARROWHEAD de Charles Marquis Warren, might I recommend your obtaining the first season of the best, and bleakest, American western TV series ever. GUNSMOKE? The first twenty six episodes are directed by, and occasionally written, by Mr. Warren, with two scripts by Sam Peckinpah (« The Queue » and « Yorky ») and one episode featuring your friend and mine (and Monsieur Martin-Brady’s) Leo Gordon(« Hack Prine »). And if you’re enthused enough to follow the show into the second season, you’ll find a Peckinpah script starring Cloris Leachman (« Legal Revenge ») which is worthy of Ambrose Bierce on a really, really good day. Of course, I am speaking Region 1 amazon.com here. Best, Michael
A Michael Rawls
Merci beaucoup
To Michael Rawls
I found the first season which is my cart ( the prints look good according the customers) but the season 2 has two volumes 1 and 2. There are no names for the directors, they are never mentionned, not even by the customers. No name for the episodes contrary to the first season Which one do you recommand ? I saw there was a box DONE BY THE CHINESE
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Salut bertrand,
Grand passionné de Westerns, Peux-tu me donner tes 10 westerns préférés juste pour info….
Personnellement j’aime assez hathaway, mann, boeticher, ford leone, daves, sturges.
A Stéphane, je n’aime pas les listes, si restrictives. On vit dans la civilisation de l’audimat, des 10 meilleurs…. Cela me rend mal à l’aise. Dès que j’ai établi un début de liste, 15 autres titres viennent à l’esprit. Je peux citer LA PRISONNIERE DU DESERT, LA CHARGE HEROIQUE, LA POURSUITE INFERNALE, L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE, LA COLLINE DES POTENCES, 3 HEURES 10 POUR YUMA, LA DERNIÈRE CARAVANE,LA CIBLE HUMAINE, BRAVADOS, LE MARIAGE EST POUR DEMAIN, 7 HOMMES A ABATTRE,COMANCHE STATION, THE TALL T, RIDE LONESOME, RED RIVER, BIG SKY, RIO BRAVO, CONVOI DE FEMMES, YELLOW SKY, 4 ETRANGES CAVALIERS, LAW AND ORDER (d’Edward L Cahn), LA FUREUR DES HOMMES, LE JARDIN DU DIABLE,L’ATTAQUE DE LA MALLE POSTE, COLORADO TERRITORY, LA VALLÉE DE LA PEUR, LES AVENTURES DU CAPITAINE WYATTLES AFFAMEURS, JE SUIS UN AVENTURIER, L’APPAT, QUAND LES TAMBOURS S’ARRETERONS, CANYON PASSAGE, FUREUR APACHE,BRONCO APACHE, LITTLE BIG HORN, LE TRESOR DES 7 COLLINES, RIO CONCHOS, AU MEPRIS DES LOIS, DUEL DANS LA SIERRA, L’HOMME QUI N’A PAS D’ÉTOILE, WILL PENNY, LE VENT DE LA PLAINE, COUP DE FEU DANS LA SIERRA, HOMBRE, JEREMIAH JOHNSON, LA DERNIÈRE PISTE, UNFORGIVEN, APPALOOSA, 3 ENTERREMENTS et j’en oublie une bonne vingtaine
Bonjour,
Peut-on espérer voir un jour en DVD zone 2 sous-titrés en français les deux Walsh (La Vallée de la peur / Les Aventures du Capitaine Wyatt) ? Colorado Territory étant enfin édité, mais à prix fort…
Même chose pour Little Big Horn de C.M. Warren et Le Trésor des Sept Collines de G. Douglas …
« Appaloosa », d’Ed Harris est une très belle réussite, mais j’en profite pour vous demander pourquoi vous n’avez pas cautionné « The Appaloosa » (L’homme de la Sierra) de Sidney J. Furie, dans la collection de Sidonis…
Enfin, je n’ai pas eu la chance de voir « La Dernière Piste » (Meek’s Cutoff de Kelly Reichardt, 2010) au cinéma. Je vois qu’il existe en DVD et BLu Ray aux USA. J’espère qu’il sera édité chez nous… En attendant, il y a « Old Joy » et « Wendy & Lucy » ses précédents films…
Merci encore pour votre cinéphilie partageuse et très bonne fin d’année.
Sullivan
A Sullivan: oui, Pursued se fait attendre en z2, deux personnages de femme inoubliables, Judith Anderson et Teresa Wright restent dans mon coeur, les revoir… Mais le zone 2 que j’attends le plus désespérement, c’est quand même celui dans lequel j’ai pêché mon pseudo, qui mérite un Wild Side ou un Carlotta, L’Aventurier du Rio Grande de Robert Parrish, la dernière scène entre Mitchum et London semble sortie d’un roman sentimental du XVIIIème siècle, et je suis une autorité en romans sentimentaux du XVIIIème siècle (hum)! (il existe en fait une z2 espagnole avec sur la jaquette: « una pelicula de Burt Kennedy »!).
J’attends aussi Welcome To Hard Times, de Burt Kennedy justement, qui est une espèce de parade des seconds rôles (Edgar Buchanan, Warren Oates, Elisha Cook, Aldo Ray, Royal Dano que sais-je…) avec Fonda et la sublime Janice Rule, très curieux film, western satellite (un peu comme le Gilroy dont on parle ailleurs), Aldo Ray a un personnage complètement dingue… Tous les 2nds rôles ont d’ailleurs des personnages assez loufoques!
A ma grande honte, je m’adonne depuis ma plus tendre adolescence cinéphile aux listes et ce de manière compulsive ( top ten annuel, décennal, par genre, etc…) quitte à revoir la liste à cause d’oublis injustes et stupides.
Ce n’est pas très grave et permet de mettre juste un peu d’ordre dans son musée imaginaire.
Pour le western, s’il n’y en avait que 10 voyons…The searchers, she wore a yellow ribbon et Fort apache pour Ford déjà, indispensables! Déjà 3!!!
Après… Rio Bravo de Hawks c’est sûr!Quatre…plus que six!
Il ne faut pas oublier au moins un Peckinpah pourquoi pas Pat Garret et billy le Kid?
Ni un Eastwood: Unforgiven sans hésiter!Plus que quatre , zut!!!
Day of the outlaw ne peut pas être oublié pas plus que un Aldrich tel Fureur apache…hein seulement deux?
Allons y pour un Daves: Yuma! Plus qu’un mais c’est n’importe quoi!!!
Comment caser alors Tourneur,Wellman, et Walsh!!!?????
Mais c’est n’importe quoi ces listes, je n’en referai plus jusqu’à la prochaine fois…
A Ballantrae: merci pour Fort Apache, que Lindsay Anderson et Fonda méprisaient: « je crois que ce n’était pas très très bon » dans le bouquin de Anderson (peut-être que L.A. ne veut pas contrarier son interviewé). Je trouve ce film bouleversant, un florilège du monde de Ford, aucune concession, je me souviens de la fin du film qui nous avait révoltés quand gamins, nous l’avions vu dans ma pension des pères Maristes, nous trouvions que John Wayne nous trahissait en faisant l’éloge du colonel Thursday, qu’il reniait ses convictions, nous l’avons hué. J’ai l’impression que ce film est battu froid par les fordiens… Je n’ai jamais vu décrits les rapports de classe dans l’armée avec tant de clarté brutale. Fonda est formidable, il n’apporte aucun adoucissement à son personnage d’imbécile dangereux, et il n’aime pas le film…
Aussi, le courage guerrier dans ce film n’est pas exalté, le courage de Thursday devant la mort ne le rachète pas réellement.
A Martin- Brady
j’aime beaucoup ce film que l’on a longtemps vu dans une version coupée
A Bertrand Tavernier: merci pour Fort Apache, vous m’intriguez avec la version coupée, j’ai une copie dans un dvd éd Montparnasse qui dure 2h02, ça doit être la complète, Maltin annonce 2h07 et IMDB 2h05…!
Je repêche 50 Ans (au fait, mon volume Omnibus a sacrément dérouillé, j’ai dû scanner la dernière page de l’index qui prenait l’allure d’un vieux klinex surutilisé, une nouvelle édition bientôt, j’espère?)et je vois que vous le citez très souvent, plus que dans mon souvenir, Fort Apache! Alors ça y est: ce sont les scènes avec les femmes qui ont été coupées, en effet toutes ces parlotes féminines, ça fait pas sérieux dans un western. Elles sont en effet formidables: Irene Rich, Anna Lee…
J’ai retrouvé le passage dans lequel Lindsay Anderson et Fonda parlent du film, c’est pas comme je disais, il faut toujours vérifier:
L.A.: « Je ne crois pas que Fort Apache soit vraiment un bon film.
H.F.: « Non, en effet. Et je n’ai pas aimé Dieu Est Mort. »
(L Anderson, « About John Ford »)
Voilà pour la vérité historique…
On ne m’a rien demandé mais voici la mienne:
3h10 Pour Yuma
La Colline des Potences
La Dernière Caravane
La Chevauchée de la Vengeance (Ride Lonesome)
L’Homme de l’Arizona (The Tall T)
L’Aventurier du Texas (Buchanan Rides Alone)
La Chevauchée des Bannis (Day Of The Outlaw)
Rio Bravo
The Shooting
L’Ouragan de la Vengeance (Ride In The Whirlwind)
Les Affameurs
Winchester 73
Johnny Guitar
Willie Boy (western?)
Le Massacre de Fort Apache
La Charge Héroïque
La Poursuite Infernale
Les Professionnels
Le Jugement des Flèches
L’Aventurier du Rio Grande (The Wonderful Country)
je savais pas qu’elle serait si longue.
A Martin Brady
Je n’aurai jamais du répondre car je m’aperçois que j’ai oublié LE JUGEMENT DES FLECHES (que j’ai peur de revoir à cause de l’accent sudiste fabriqué de Steiger, qui fait rire les amarloques), THE STALKING MOON, JOHNNY GUITAR, LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS, WINCHESTER 73, LES PROFESSIONNELS, WILLIE BOY.
Arretons
A Bertrand Tavernier: oui, c’est un piège, ces listes.
Dans ces listes de préférence, l’intérêt réside souvent moins dans ce qui est et encore moins dans l’ordre de ce qui apparait que dans ce qui n’est PAS présent. Dans votre liste de westerns, qui ressemble assez à la mienne, il manque 2 cinéastes qui ont pourtant la faveur d’une majorité de critiques et de cinéphiles: Sergio Leone (qui n’est pas mentionné une fois) et Sam Peckinpah (qui est mentionné uniquement pour son film le plus classique et à mon sens le meilleur Coup de Feu dans la Sierra). Ce n’est pas un reproche car en fait je n’apprécie pas les westerns spaghetti qui ont eu à mon avis un effet délétère sur le genre et sur le cinéma populaire et ne suis pas un afficionado de celui de Peckinpah.
A Desage André
Je me suis concentré sur les westerns américains.J’aime beaucoup LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND, IL ÉTAT UNE FOIS DANS L’OUEST, des Sollima ou Damiani. J’aurais pu ajouter APPORTEZ MOI LA TETE D’ALFREDO GARCIA et BILLY LE KID mais MAJOR DUNDEE en dépit de ses qualités revitalisées par le nouveau dvd est loin d’être une réussite. C’est même un film qui loupe en beauté son sujet , mieux traité dans RIO CONCHOS et quelques autres films.
Simplement j’ai maintenant du mal à revoir les westerns italiens, souvent si mal joués, si atrocement doublés
Faisons la liste alors des 100 meilleurs westerns…ou pour faire plus original:
-les dix plus beaux westerns avec femmes fortes/faibles femmes
-les dix meilleurs westerns proindiens/un tantinet racistes
-les dix meilleurs westerns hivernaux/printanniers
-les dix meilleurs westerns avec cavalerie incluse/cavalerie non incluse
-les dix meilleurs westerns amusants/sérieux jusqu’au hieratisme
-les dix meilleurs westerns guerres indiennes/guerre civile
Mr Tavernier : Le train sifflera trois fois est-il un oubli ou un film que vous n’aimez vraiment pas ?
A Minette,
j’ai écrit des textes sur ce film et publié un entretien avec Carl Foreman
A propos de westerns italiens, j’ai découvert récemment Le Dernier Face A Face de Sollima, et j’ai été frappé par le contraste entre l’intérêt du sujet (un intello très peu sûr de lui trouve sa voie dans le banditisme sauvage évacué de tout scrupule, au contact d’un véritable bandit qui lui, obéit malgré tout à certains principes) et la pauvreté de la mise en scène, un tel sujet méritait mieux, on dirait que ce film a été tourné à la va-vite avec trop peu de temps pour la direction d’acteurs, pour le travail en général, l’équipe devait être coursée par le temps. Par contre, il y a des moyens matériels: un nombre de figurants gigantesque en veux-tu en voilà! Tomas Milian est très mauvais en bandit moraliste, et Gian Maria Volontè superbe en fripouille lettrée.
Il y a un texte de présentation rigolo sur la jaquette: « Le professeur d’histoire Brad Fletcher (GM Volontè), vit dans une ville du nord (…). Pour des problèmes de santé, il part s’installer au Texas », étant donné la suite et ses 150 morts violentes, dont la sienne propre, ce n’était pas la meilleure destination pour se refaire une santé!
Colorado avec Van Cleef, repose aussi sur de très bonnes idées, mais pauvrement soutenues, je crois qu’une revision de Saludos Hombre serait cruelle (tous deux de Sollima aussi).
Tout le monde aime 3h10 pour Yuma. Quelque chose m’a pourtant bien dérangé, c’est le fait qu’on essaie d’humaniser assez vite ce personnage qui tue pourtant de sang-froid un pauvre cocher innocent au début. Dans d’autres films, on accepte que le badboy se rachète car il y a un doute sur la réalité de ses mauvaises actions (la cible humaine) ou bien il fait montre d’un certain repentir après une vie de rachat (Impitoyable). Ici, le meurtre du conducteur de diligence salit tellement le personnage que son revirement final n’arrive pas à m’ émouvoir vraiment…
A Minette
1) le meurtre du conducteur est aussi pour Ben Wade LA SEULE MANIERE DE SAUVER SES GARS ET DE SE SAUVER
2° Des personnages qui comettent des actes terribles peuvent neéanmoins avoir du charme, de la complexité et le Ben wade que joue Ford le démontre tout au long du film et pas seulement à la fin : cf voire la manière délicate dont il traite Felicia Farr. Daves a confiance dans l’homme et chercher dans tous ses personnages ce qu’ils peuvent avoir de positif
3) A la fin du film – moment perilleux – Wade ne se rachete pas (il dit même qu’il s’évadera de Yuma). Il agit par admiration, estime envers Van heflin, pour sa détermination, son refus de se laisser acheter, son sens de la collectivité. D’une certaine manière son geste est le même, mais inversé, que celui qui lui fait abattre le conducteur
Mr Tavernier : merci de votre réponse. Je ne suis pas sûr que Sam Wade soit excusé dans l’inconscient du spectateur par le fait qu’il sauve ses gars en tuant le cocher. D’autant que dans mon souvenir, il le fait avec une spontanéïté souriante assez dérangeante. De plus, on ne peut pas dire qu’il se soucie beaucoup de ses sbires dans la mesure où il finit le film en les trahissant ouvertement. Pour donner du charme à un criminel, il faut la manière ( dans Impitoyable, par exemple, c’est admirable comme on nous force à trouver cet ignoble assassin sympathique). Bref, même si Sam wade finit par exprimer du respect pour le personnage de Van Helfin, on garde de lui l’image d’une sorte de fou imprévisible et de ce dénouement un sentiment pénible d’invraisemblance, de fin plus ou moins improvisée. Mais bon, une sensation purement personnelle…
Et « la flèche brisée », quand même, messieurs, peut-être le meilleur Daves… Et « The big trail »… « the tall men »… (Beaucoup de Boetticher, je remarque, et c’est justice, mais peu de Walsh…) Et « forty guns » alors, hein… C’est vrai, c’est con, les listes, on en oublie toujours des pleins wagons… Moi j’ai un faible aussi pour « rivière sans retour », le seul western de Preminger et parfois je rêve à des westerns très curieux mais qui n’existent pas qu’auraient réalisés Hitchcock, Lubitsch et même Murnau… On ne s’en sort pas… Ce qui serait bien, un jour, c’est qu’on ressorte les muets de Ford avec Harry Carey, s’ils sont encore de ce monde… J’adore « the shepherd of the hill », très beau Hathaway qu’on n’avait pas listé il me semble quand on ferraillait gentiment à propos de « True grit »… Harry Carey, quelle présence… C’est drôlement émouvant de le voir à côté du jeune Wayne, dans « the shepherd of the hill », l’ancien et le moderne…
A Jean Charles freycon
Entièrement d’accord pour THE BIG TRAIL et de longues séquences de the TALL MEN. J’avais adoré RIVER OF NO RETURN mais en le revoyan, passé le premier tiers, j’ai trouvé le scénario simpliste (Fenton est moins inspiré, moins inventif que dans LE JARDIN DU DIABLE, deux films d’itinéraires) et les transparences très gênantes. On sait maintenant que Negulesco tourna deux ou trois scènes pour étoffer le film (celle de la grotte, la dernière chanson de Marilyn). J’ai eu aussi envie de rayer RIO BRAVO que j’ai épuisé et qui ne me procure plus de plaisir.
Je pense que ce serait plus interessant de citer les mesterns méconnus qui ont souvent échappé aux critiques (LITTLE BIG HORN, voire ARROWHEAD de Charles Marquis Warren), L’INCON NU DU RANCH de William Witney
Moi aussi je rêve à des westerns d’Hitchcock ou Spielberg ! Et puis je rêve aux chefs-d’oeuvre qu’auraient signés les cinéastes qui n’en n’ont fait qu’un ou deux mais avec tant d’inspiration, comme Fred Zinnemann, Jacques Tourneur, R.Mulligan, Preminger ou S.Pollack…
Deux ou trois réactions:
-oui, les westerns atypiques, curieux méritent d’être cités: à commencer par Heaven’s gate, Man in the wilderness (a propos, JCh, avez-vous acquis le double DVD chez wildside?) puis Johnny Guitar,Dead man,The beguiled (est-ce un western?),River of no return…
-on peut rêver à des westerns qui auraient pu exister (mon petit favori, c’est l’arlésienne de Cimino: Conquering horse joué uniquement par des Indiens en dialecte…je vous renvoie aux Cahiers du cinéma de cet automne et à un vieux numéro des 80′ que je dois retrouver où il publie une page du scénario) mais bon considérons ceux qui existent, ce n’est pas si mal!
-Rio bravo épuisé!!!!!!!!!!!!!!Bon,Bertrand, laissez le reposer qqs années mais là je suis un peu surpris: un tel classique est-il épuisable? Même face aux films revus plus de vingt fois sans compter les visionnages + ou – partiels (La nuit du chasseur,La vie est belle, The searchers,Moonfleet,L’aurore,Le dictateur, Le ciel peut attendre en tête), j’ai l’impression d’une intimité et d’une redécouverte constantes comme si je retrouvais un ami année après année
A Ballantrae : J’avais déjà « man in the wilderness » en zone 1, vous avais-je déjà dit… Mon enthousiasme n’a pas été assez grand pour le racheter en zone 2 dans une édition luxueuse… (Je préfère de loin, de Sarafian, « the vanishing point », mon road movie préféré avec « two-lane blacktop ».) Quant à « Rio bravo », pour moi aussi il est usé et même depuis longtemps… On en a tellement parlé, il faut dire, c’est devenu une sorte de référence absolue qu’on brandit comme le western ultime… La critique l’a tué, peut-être, en l’adorant, prétexte souvent à des théories bien fumeuses, en en faisant même parfois un slogan… Rio Bravo!… Il faudrait pouvoir le revoir d’un œil totalement neuf… Serait-il alors à la hauteur de « the big sky » ou de « red river » qui ont une telle ampleur, un tel lyrisme? Ce serait en tout cas autre chose. Une sorte de huis clos… On se rendrait peut-être compte alors que ce n’est pas vraiment un western, « Rio bravo », que ça pourrait être autre chose en tout cas… une brillante comédie en costumes de cow boys, un vaudeville peut-être… Et je trouve alors que Hawks a réalisé de bien meilleures comédies, et bien plus subtiles… Quant à « rivière sans retour », je suis bien d’accord avec vous, Monsieur Tavernier, sur certaines faiblesses du film, notamment les hideuses transparences. Vous parlez de plaisir. C’est un film très sensuel, pour moi. J’ai toujours un plaisir immense à le voir. Ça m’emporte, contrairement à « Rio bravo »qui n’a peut-être aucune faiblesse de ce genre. Le dernier plan, si ma mémoire est bonne, les escarpins (rouges) de Marilyn dans la boue, est le même que le dernier plan d »autopsie d’un meurtre » que Preminger fera quelques années plus tard, les escarpins de Lee Remick (ah… Lee Remick…) dans une poubelle… Preminger n’était pas très à l’aise dans l’espace du western, les extérieurs, la nature… Mais quand même, « Rivière sans retour », ça m’émeut toujours autant… Bref… Meilleurs vœux…
J’adore aussi Red river et the big sky mais Rio Bravo, c’est qq chose tout de même!Une date même si Hawks a lui-même épuisé le film en le recopiant de – en – moins bien avec El Dorado et Rio Lobo.
Je n’avais pas compris que vous possédiez la Z1 de Man in the wilderness, l’édition wild side peut effectivement être qualifiée de luxueuse par son livret, ses boni succincts mais utiles, la qualité de la copie. J’ai découvert il y a peu Vanishing point effectivement assez bluffant presque autant que Two lane black top. Ce R Sarafian est vraiment curieux…
River of no return est assez proche dans mon imaginaire pour son aspect abstrait, son portrait de femme,sa plastique un peu factice (transparences pour l’un, studio et toile peinte pour l’autre)de Rancho notorious de Lang.Et j’aime beaucoup les deux!
PS:Je vous invite à lire le superbe Lang au travail de B Eisenschitz éd Cahiers du cinéma pour mesurer quel était le rapport de Lang au western.C’est une mine!!!
A Ballantrae : Si Hawks a refait tant de fois « Rio Bravo », c’est peut-être qu’il n’en était jamais satisfait… Il se sentait peut-être comme arrivé dans un mur, le mur de ses obsessions de toujours qu’il n’arrivait plus à passer, son rêve de filmer une histoire d’amour entre deux hommes avec une femme au milieu (ce qu’il avait déjà si bien réussi pourtant dans « red river ») il s’est mis alors à bégayer, à devenir un peu lourd, lui qui était si léger…
A Jean Charles
Les deux dernières variations sont même pénibles voire quasiment nulles (RIO LOBO) et HATARI parait pale en comparaison avec ONLY ANGELS HAVE WINGS qu’il démarque souvent
A JC Freycon : pourquoi Rio Bravo ne serait-il pas un western ? C’est un western-comédie si vous voulez comme tous les westerns sont des westerns-quelque chose, non ? Au hasard, Stalking Moon serait plutôt un western-thriller, la Cible Humaine un western-Théâtre tragique, Le Sergent Noir un western-polar, les Cheyennes un western-Histoire……Il ne faut pas avoir peur du mot western, comme Sydney Pollack quand il s’agissait de définir son « Jeremiah Johnsonn ». Le western n’est pas un genre mineur ou un sous-genre honteux du septième art ! Voyez Ford qui mettait en avant le fait d’être un faiseur de westerns…Pour Rio bravo, puisque ça se passe clairement dans l’Ouest des USA au 19ème…Si on raye de la liste des westerns tous ceux qui ont des tendances comiques, chantantes,trop psychologiques ou qui ne tirent pas assez de coups de revolver, on va vite se retrouver avec une belle cagette de navets sur les bras.
A minette pascal : Je rebondissais juste un peu sur l’opinion de Monsieur Tavernier qui avouait ne plus avoir de plaisir avec « Rio Bravo », de l’avoir « usé ». Il se trouve que moi aussi. Ce n’est pas n’importe quel western. C’est un monument. Pour certains, c’est même LE western. On est en droit d’écorner un peu la statue, de la trouver pas si bien que ça, de trouver aussi que Hawks a fait infiniment mieux en parlant finalement de la même chose. Ce que Monsieur Tavernier dit à propos d' »Hatari » va exactement dans le même sens. Pour moi ce sont un peu des films qui se traînent comme des petits vieux en pantoufles dans une maison de retraite en allant à la soupe… (J’exagère?…) Ils n’ont en tout cas pas la vigueur d’autrefois… Après, les listes, on s’en fiche un peu… Il n’y a pas LA liste où tel ou tel film serait indéboulonnable… Moi, par exemple, dans la mienne, il y aurait, pour conclure la liste, « cheyenne autumn » de Ford et « distant trumpet » de Walsh, leur dernier western, 1964, clap de fin. Je m’en prendrais plein la gueule, surtout avec « distant trumpet » que tout le monde ou presque trouve poussif et même faible, d’après ce que j’ai lu ici. Pas moi. Je le trouve même très vigoureux, rythmique, ironique, sémantique, métaphysique, une dernière chevauchée, Hazard et Kitty sur un cheval noir… Je le trouve même très moderne, « distant trumpet » et quel titre magnifique… (Ça ne m’étonnerait pas que Verhoeven s’en soit un peu inspiré pour « Starshiptroopers »…) Et « Cheyenne autumn », parce que c’est une veillée funèbre sacrément émouvante, que Ford règle un peu son compte à la légende qu’il a lui-même écrite. (Regardez Wyatt Earp et Doc Holliday comme ils sont ridicules, des héros de pacotille. la tragédie, c’est le génocide indien. Point.) Deux façons de dire adieu au western et même de conclure le western des deux plus grands créateurs de western. Ce ne sont pas des westerns parfaits. Leurs auteurs ont fait infiniment mieux. Mais quel plaisir… quelle émotion… Après, il n’y a plus rien…
bertrand,
je tombe par hasard sur votre commentaire du true grit des Coen. En définitive, vous trouvez celui d’hataway bien meilleur ! Je me suis passablement ennuyé à la vision du premier. déroulement paresseux de l’intrigue. Abus des gros plans = quasi absence des plans larges (un comble vaec de tels paysages). Le cabotinage de Bridges m’a rappelé vaguement, celui de L Marvin dans cat ballou (pas très bon film, mais quel acteur !) : conclusion : revoir true grit 1 et 2 à la suite l’unde l’autre peut-être …
Bonjour monsieur Tavernier,
je participe peu à ce blog étant cinéphile mais peu à l’aise avec la critique de films.
Avant tout, je suis fier de pouvoir « discuter » avec vous qui êtes pour moi un des plus grands réalisateurs actuels et ce depuis bientôt 40 ans (j’ai toujours adoré « Que la fête commence » et les films que vous avez faits avec l’immense Philippe Noiret ont toujours été de grans moments de cinéma ; si j’ai vu « Dans la brume électrique » qui retranscrit bien le livre de Burke – merci à Tommy Lee Jones qui est un sacré acteur, on va dire de caractère !!, je n’ai pas encore vu votre dernier film – retard coupable que je dois rattrapper dans les plus brefs délais)
J’ai donc vu hier soir le film avec le soldat le plus décoré de la dernière guerre mais piètre acteur (je crois d’ailleurs qu’il le reconnaissait lui-même), Audie Murphy « le fort de la dernière chance », agréable surprise avec une très belle photo et une histoire assez original ; toutefois, je suis déçu par la fin que j’aurais souhaité peut être plus tragique (mais je ne suis pas certain que Marshall en soit adepte). Donc un bon western de série pas inoubliable mais avec le charme de ses interprètes féminines (une scène assez choquante pour l’époque : la mort du petit garçon tué par les Indiens).
Monsieur,
Comme vous (devrais-je même dire grâce à vous?), j’ai pris bp de plaisir de regarder les westerns de Bötticher. Petite question: Auriez-vous une explication pour le titre américain « The Tall T »? Moi, je m’explique comme une expression populaire signifiant à peu près: La grande charpente, illustrée par la forme de la lettre T?
Merci pour votre réponse.
Arnold Hartmann
A Arnold
Pas de réponse. Est ce que c’est le nom du ranch, ou est ce que cela symbolise le personnage de Scott ? Je ne sais. Désolé. Mankiewicz ne comprenait pas non plus ce que voulait dire FIVE FINGERS
Bonsoir,
Découvrant ce blog, avec des années de retard (sorry), je pense pouvoir éclairer votre lanterne concernant le sens du titre « The Tall T ». La lettre T fait très probablement référence au patronyme du propriétaire du ranch : Tenvoordee. L’ancien patron de Scott. Nommé lors d’un dialogue entre Randolph Scott et le personnage qui tient le relais de diligences. Celui-là même qui finira, avec son jeune fils, au fond d’un puits…
A Samuel Blaquet
Enfin mais avouez que c’est un peu ésotérique
Mille excuses pour mon lapsus au clavier : il fallait bien lire « les mécanismes de la FAIM dans le monde » et non FIN.
Merci.
Bonjour Bertrand,
je viens enfin de voir NOTRE POISON QUOTIDIEN de Marie-Monique Robin, et malgré le côté salutaire et d’utilité publique de cette oeuvre, je regrette qu’elle n’apporte pas suffisamment de pistes pour tenter de lutter contre les empoisonneurs industriels. Pourtant quel courage et quelle ténacité de la part de cette femme qui nous avait déjà alerté dans LE MONDE SELON MONSANTO.
Enfin, quel regret de ne pas trouver en bonus la liste des produits à éviter et considérer comme dangereux (les biberons au bisphénol A par ex.).
En revanche, avez-vous visionné sur le DVD le film intitulé « Le Pain et le vin de l’an 2000 » ? Réalisé en 1964, ce documentaire tristement prémonitoire et visionnaire est un véritable ovni télévisuel. Pourrait-on diffusé une telle oeuvre aujourd’hui ? J’en doute tant la fulgurance et l’esprit critique du commentateur détonneraient aux heures de grande écoute.
En complément de ces deux films, j’aimerai citer également WE FEED THE WORLD de l’autrichien Erwin Wagenhofer. Il démontre implacablement les mécanismes de la fin dans le monde et son aberration puisqu’il y a assez à manger pour 12 milliards d’individus ! L’interview exceptionnelle du big boss de Nestlé qui cloture le film est d’un cynisme tellement impitoyable que l’envie de vomir nous monte à la bouche devant pareil injustice.
Je viens de voir en dvd LES QUATRE FILS DE KATIE ELDER et CIRCUS WORLD d’Hathaway. Ce dernier, que vous n’aviez pas revu lors de l’édition « 50 ans de cinéma américain » est, malgré la production Bronston, une assez bonne surprise (très différente du film de Cecil B. DeMille de 1955). La première partie du film est la meilleure : tout semble caractériser une certaine nostalgie dans l’écriture des personnages (avec aussi la symbolique de la fin d’un cinéma hollywoodien déclinant :le scénario de Philip Yordan et Nicholas Ray y est sans doute pour quelque chose). Wayne ne jouant plus au cow-boy que dans son cirque et Rita Hayworth, ancienne star devenue bigote et alcoolique. Les personnages n’existent et n’agissent que par le secret et les souvenirs d’un passé glorieux ou douloureux. Claudia Cardinale, jouant une fois encore la jeune femme émancipée et moderne, réussira à briser les chaînes du passé… La scène de l’incendie du cirque à la fin est de plus admirablement filmée.
LES QUATRE FILS DE KATIE ELDER, autre histoire de famille et de lien au passé, est un film assez décevant. Wayne est trop vieux pour son rôle et l’on ne s’identifie que trop peu aux protagonistes. Certaines scènes sont assez mollement mis en scène et l’ennui pointe tout au long des deux heures du métrage. Reste la bataille finale sous le pont et la magnifique photo de Lucien Ballard.
Peut-être avez-vous pu revoir de votre côté ces films récemment?
A Damien
J’ai revu le second qui m’a déçu même par rapport à un souvenir mitigé. Le film manque de nerf et ce que l’on en disait dans 50 ANS reste juste (« pourquoi 4 fils et pas 3 ou 2 », les rôles sont tellement minces qu’on pourrait
en sacrifier un opu deux. Wayne est en effet trop vieux, sans que cela soit pris en ligne de compte
Cher Monsieur,
Je viens de découvrir votre Princesse de Montpensier et je voulais vous remercier pour le grand plaisir que j’y ai éprouvé. C’est un plaisir des yeux, des oreilles et de l’intelligence, tous les sens en alerte et c’est toujours fort jouissif de pratiquer cet exercice avec vous. En tavernophile accomplie, la Princesse était l’un de vos rares films que je n’avais pas encore vu (avec la Passion Béatrice, ce qui est le comble pour une médiéviste…), puisqu’à sa sortie, je faisais mes premières armes de maman. Ma fille s’appelle Irène. Mon inclinaison pour ce prénom s’est transformée en certitude à la rencontre d’Irène de Courtil d’abord, d’Irène Ladmiral ensuite. Pour sa première fête et ses 6 mois, le 5 avril dernier, j’ai offert à ma fille l’ouvrage de Pierre Bost, pour lui dédier le « Irène, quand cesseras-tu d’en demander toujours plus à la vie ? », qui résume à merveille tout ce que je lui souhaite et qui avait scellé mon désir, si un jour j’avais une fille, de l’appeler ainsi. Je ne vous apprends rien en disant que je ne l’ai pas trouvée… J’y ai vu comme un clin d’œil, une gentille farce, et, au milieu des nombreux courriers que vous devez recevoir, je voulais, à mon tour, vous rendre ce clin d’œil.
Avec toute ma considération et toute mon admiration, je vous embrasse.
Aude Rapatout.
A Aude
Merci mille fois. La Passion Beatrice va sans doute sortir en dvd chez Pathé
Des bonnes nouvelles de WILD SIDE :
– Cette fois c’est la bonne : les 2 LANG (WHILE THE CITY SLEEPS AND BEYOND A REASONABLE DOUBT)sortiront bien en CLASSICS CONFIDENTIAL, l’année prochaine(pas de date exacte précisée à ce jour); d’autre part après la sortie en octobre dans la nouvelle collection ART OF NOIR de « Le RÔDEUR »de Joseph LOSEY, la suite sera consacrée à Joseph H.LEWIS avec 1 coffret double « Le Démon des Armes » et « La Dame sans Passeport ».
Formidable!!!! De bien belles nouvelles!
Un cinéaste français est parti volontairement, le 15 mai dans l’anonymat le plus complet : Charles Belmont;il n’a pas été que l’auteur d »Histoires d’A » (interdit à la projection dans la France de Pompidou; il est bon de le rappeler à ceux qui chantent les louanges de cette époque)qui a donné lieu à des débats après diffusion (quand elle fut possible) dans quelques salles.
Je garde le souvenir de son film « Rak » avec Samy Frey et aussi Lilia Kedrova sans oublier Maurice Garrel (qui vient aussi de nous quitter)remarquable dans le rôle, si je ne me trompe pas d’un médecin du travail.
Bonjour,
je signale l’édition récente dans la collection « Westerns de légende » de LA POURSUITE DES TUNIQUES BLEUES (A Time for killing) commencé en 1967 par Roger Corman mais finalement réalisé par Phil Karlson.
Malgré un beau sujet – un capitaine sudiste (George Hamilton) s’évade d’un camp avec ses hommes en enlevant la compagne du commandant nordiste (Glenn Ford), et se dirige vers le Mexique au moment même où la fin de la guerre est proclamée – le film subit l’influence du western-spaghetti.
Ford semble bien fatigué et l’on regrette trés vite sa magnifique présence dans les westerns de Daves. Dans le rôle du méchant, Hamilton surjoue et prouve la faible étendue de son talent. En outre et bien que restaurée, l’image est indigne d’un DVD.
Seules consolations : dans le rôle de la compagne, Inger Stevens, disparue tragiquement à 35 ans, irradie le film de sa beauté. Et une des 1ères apparitions de Harrison Ford, âgé alors de 25 ans.
Bonjour,
J’ai cru comprendre qu’il existait 2 versions de votre film sorti en 2009, Dans la Brume Électrique. Je souhaiterais savoir si vous connaissez le diffuseur de la version européenne (celle que vous avez montée vous même) ?
Existe t-il un moyen de vous contacter par mail ?
Merci.
A Pierre, le diffuseur du film a été TFM (de TF1 International) qui a disparu toutn à coup. Le film a été repris en ce qui concerle les salles par TAMASA distribution : Tamasa Distribution
Je signale avoir vu en dvd ZONE 1 chez l’éditeur Grapevine le western muet de William S. Hart, THE RETURN OF DRAW EGAN (1916), avec W.S.Hart lui-même. Produit par Thomas Ince, avec une photo de Joseph August, c’est une occasion de découvrir un excellent western muet. Le film, qui est cité et analysé par le dictionnaire de Lourcelles, conte l’histoire d’un bandit en fuite qui devient nettoyeur d’une bourgade en proie à des bandits. Le thème est celui de la rédemption d’un Bad Man grâce à l’amour, mais à travers ce sujet maintes fois filmé Hart montre que, à cette époque héroïque, l’utilité sociale d’un individu permet assez facilement l’oubli de ses fautes. Les premières scènes sont assez épiques et dans l’ensemble le film est excellent.
A Desage
Merci du renseignement précieux
Ce mois de mai s’est achevé de triste manière avec la mort de Michel Boujut,un amoureux du cinéma qui parlait avec chaleur et passion (le son de sa voix résonne toujours à nos oreilles)des cinéastes qu’il aimait (je pense à Sautet sur le moment);je suis aussi en colère contre une bonne partie de la presse française qui n’a pas jugé utile de lui rendre hommage ni même d’évoquer sa disparition : son dernier livre et ses prises de position tranchées n’y sont certainement pas étrangers.C’est honteux.
Autres nouvelles plus réjouissantes : pour septembre « La Règle du Jeu » de Jean-Renoir sortira en BR chez Editions Montparnasse : mieux vaut tard que jamais.
Le 13/09/2011, chez OPENING doit sortir « La lettre du Kremlin » en DVD Zone 2. LE FILM ETAIT SORTI CE PRINTEMPS aux USA en Zone 1 mais sans sous-titres français.
Tout à fait,Augelman, Boujut parlait admirablement de cinéma et il nous a donné Cinémacinéma qui berça mon adolescence et s’inscrit qq part aux côtés de cinéastes de notre temps. Par contre, j’ai dû rater un épisode: de quels avis tranchés parlez-vous?
J’évoquais notamment ses écrits dans la presse et dans ses livres (le refus de faire son service militaire pendant la guerre d’Algérie); je ne peux que vous conseiller ses articles dans MEDIAPART: une plume vive, chaleureuse, acérée , directe et sans fard: la passion et le coeur sont toujours présents. Juste une anecdote : début mars 2001, il était à Lausanne et présentait plusieurs films et le premier était : « Le Combat dans l’Île » d’Alain Cavalier.Et ce n’est pas un hasard.
Sa voix,un bonheur et je « vois » Samuel Fuller décortiquant « Le Port de la Drogue » et aussi « CAPRA »: 2 superbes séquences de Cinéma, Cinémas.
commencé à lire sur les conseils de BT, »si beau si fragile, » c’est un beau livre, point de vue d’un erudit classique sur le cinema.
Sinon, essatez ce lien si vous iamez les sketch comiques:
http://www.youtube.com/watch?v=KQxmUeIXWy8
M. Tavernier, I’d like to recommend to you, and to any English reading followers of this blog, the Leonard Kastle obituary to be found at nyt.com. Very nice recounting of how that remarkable one-off THE HONEYMOON KILLERS came to be made (I’d never heard that bit about Scorsese and the beer can before). And the producer of the film was also the producer of conservative editor William F Buckley’s public television show (Buckley interview with Anthony Burgess DVD also highly recommended). I wonder if Buckley was the « rich friend… »
Je signale avoir vu dans la collection « Gaumont à la demande » L’INEVITABLE MONSIEUR DUBOIS, de Pierre Billon, avec André Luguet et Annie Ducaux, une très intéressante comédie, produite sous l’Occupation. S’inspirant des comédies loufoques américaines d’avant-guerre dont le public français était alors sevré, le film est une réussite dont l’essentiel tient non seulement à l’interprétation de Luguet, mais surtout aux dialogues savoureux signés Marc-Gilbert Sauvajon. Même si la deuxième partie m’a paru un peu plus faible et la fin un tantinet conventionnel, ce film vaut vraiment le détour. Le film n’étant pas restauré, quelques passages sont endommagé. Lourcelles en parle d’ailleurs fort bien dans son dictionnaire. Dans la même veine, avec le même André Luguet, L’HONORABLE CATHERINE de L’Herbier mériterait une édition DVD.
Bonjour Monsieur Tavernier,
Je souhaite voir depuis longtemps « Mississippi Blues », votre film co-réalisé avec Robert Parrish. J’avais cru comprendre sur le site de Tamasa, qu’il devait sortir au mois d’avril en DVD (cf lien : http://www.tamasadiffusion.com/boutique/boutika-tamasadvd/produit.php?PHPSESSID=f943e2c94970e2fc94e6485407a29be2&prod=10&numr=1005), mais apparemment il n’est toujours pas disponible. Auriez-vous plus d’information quant à sa sortie ? Merci d’avance.
Pour Sullivan
Il fallait finaliser les bonus qui seront importants. Cela apris du temps
C’est une excellente raison. Savez-vous à quelle date il sortira ?
Ce que j’aime, avec la Cible Humaine, c’est que beaucoup d’amateurs de western ne l’aiment pas à cause de la pauvreté de son capital violence. Pour moi, c’est la quintescence du western car il démontre que les coups de feu et autres pyrotechnies sont presque toujours une concession pour les bons réalisateurs. Dans ce film majoritairement pacifique, les coups de poing finaux du shérif (très fade jusque là)prennent en proportion quelque signification :l’amitié à peine exprimée depuis le début pour le personnage de G.Peck.
C’est peut-être tout simplement du grand style. (le duel, au début, minimaliste, me rappelle celui de la fin de « sept hommes à abattre », ou plutôt c’est celui de « sept hommes à abattre » qui m’a rappelé « the gunfighter ».) La photo magnifique d’Arthur Miller… Les mouvements d’appareil toujours justes… (B.T., dans son éloge, parlait de tout sauf de la photo, alors que c’est un film plastiquement somptueux…) Et puis Henry King, je peux me tromper, mais on l’a toujours rangé dans la catégorie des « faiseurs », comme Hathaway, alors que pour moi ça a toujours été un esthète. (Prenez son « jesse James », mille fois plus beau à tous points de vue que celui de Nicholas Ray. Et « le cygne noir », sacrément beau film de pirates…)
Du grand style, d’accord, mais il faut bien reconnaître que ça ne court pas les rues. Ce film reste une perle dans sa conception, même si Ford a souvent fait mieux dans le genre « vous ne trouverez ça que chez moi »; par exemple la tirade d’Hamlet récitée dans un bouge ignoble de « My darling Clementine ». Aucun autre western ne propose quelque chose d’aussi apparemment éloigné de l’esprit du genre, mais aussi juste, approprié et parlant.
Minette. pascal
Essayez de voir le passionnant LAW AND ORDER d’Edward L cahn qui contient des éléments – sur le même sujet – aussi novateurs et originaux. Je sais que ce film est très dur à voir. Il existe des videos de qualité médiocre
Ben oui, Ford… Mais Ford, c’est ce qu’il y a de plus grand… dans le genre et même dans le cinéma tout entier, de mon point de vue et ce n’est pas juste pour quelques morceaux de bravoure, ou pour un quelconque message… Je ne peux pas comparer King à Ford, parce que Ford, je ne peux pas le comparer… Mizoguchi non plus je ne peux pas le comparer… Ozu non plus… Ça se situe au delà des catégories et même peut-être de toute critique… C’est comme Bach, ou Coltrane… « My darling clementine », quelle splendeur… Quand Fonda, tout raide, se met à danser, sur l’estrade…
Oui, la scène du bal. Fonda m’agace un peu dans « My darling Clementine », mais sans doute à cause du contraste avec la profondeur donnée au personnage de Victor Mature( entre autre par ce fascinant « to be or not to be »). Et puisqu’on est à la fois dans les idées uniques en leur genre et cette scène du bal en plein air, je suis toujours tombé à genoux devant une image fugitive mais tellement significative du génie de Ford : avant de lever le genou bien haut, Fonda donne le bras à Clementine : au-dessus d’eux, une enseigne de bois indique « dentist ». Je suis sûr que c’est un détail voulu par Ford pour apitoyer le spectateur sur ce pauvre Doc Holliday ( il était dentiste dans la réalité) qui, en plus de tout le reste, est en train de perdre la femme qu’il aime. Comme je comprends que vous ne puissiez mettre ce cinéaste au niveau des autres western-makers !
Cher Monsieur Tavernier, merci sincèrement pour votre saine et longue défense de John Wayne qui bat en brèche les idées reçues et qui mérite commentaire.
Comment expliquez-vous, qu’après ses débuts aussi remarquables dans la mise-en-scène d’ALAMO, il se soit fourvoyer avec LES BERETS VERTS ?
A croire que les conseillers en propagande de Nixon lui décrivirent le conflit Vietnamien avec le même aplomb qu’ils prouvèrent l’existence d’armes de destruction massive en Irak !
En revanche, je vous trouve injuste avec Marlon Brando dont la conduite suicidaire semble dictée par une absence totale de plan de carrière.
N’oublions pas que son engagement auprès de la cause Indienne, sa présence dans les marches de défense des droits civiques des Noirs américains, son opposition à la guerre du Vietnam l’ont rapidement condamné aux yeux des grands studios. Il n’était pas dupe de son mêtier, et par ses convictions politiques, il montra la voie à des acteurs comme Susan Sarandon, Tim Robbins ou Sean Penn.
Par contre, dirigé par de grands cinéastes – Kazan, Mankiewicz, Lumet, Penn, Huston, Coppola, Bertolucci – son talent et sa présence crevaient l’écran. Même avec des cinéastes de moindre envergure, il savait faire preuve d’une grande sobriété et se mettre au service de l’oeuvre si le sujet l’inspirait : LE BAL DES MAUDITS, QUEIMADA, UNE SAISON BLANCHE ET SECHE.
Au final, et je vous rejoins totalement, il n’y a qu’une quinzaine de rôles à sauver en 50 ans de carrière ! Mais certains (UN TRAMWAY NOMME DESIR, SUR LES QUAIS, LE PARRAIN, APOCALYPSE NOW) appartiennent à la mémoire collective et ont inspiré deux générations d’acteurs.
Son come-back de 1972 chez Coppola et Bertolucci ont démontré un instinct et une prise de risques hors-norme ainsi qu’un talent intact.
Les carrières éblouissantes de Robert De Niro et Al Pacino dans les années 70-80, sont le plus bel hommage à la filiation avec Brando.
Comme Elvis Presley qui eut aussi son come-back (1968) et sombra physiquement, Marlon Brando c’est beaucoup de gâchis mais néanmoins une révolution et une influence qui continueront de perdurer.
Cher J Charles,
Désolé si mes propos ont pu s’apparenter à des tirs de mortier! Si tel était le cas, j’en suis le premier désolé!Toutes mes excuses.
Polémique exclue, je me pose VRAIMENT souvent la question de mon rapport aux oeuvres du passé qui pourrait m’amener effectivement à un vrai repli sur des « valeurs » artistiques éprouvées par le passage des ans.En prenant de la bouteille (la mienne est « millésimée » 1970: pas une année forcément fameuse même si elle commence à dater un petit peu), on a tendance à voir les choses ainsi: gare au systématisme!
Le mieux c’est sûrement la position médiane: savoir s’emballer pour tout ce qui se présente en faisant si possible dialoguer les oeuvres du passé et du présent: B Tavernier, M Ciment le font admirablement avec un appétit qui fait du bien à voir, à lire, à écouter.
A part cela, j’avais bien deviné votre humour et votre plaisir provocateur éminemment sympathiques! En espérant vous lire régulièrement ici!
PS:Pourriez-vous suggérer, cher Bertrand, à Michel Ciment de concevoir lui aussi un blog? Je n’ose y croire mais cela ne coûte rien d’essayer…
Jeune Ballantrae (puisque je suis votre aîné)prenez plus votre temps pour lire, avant de réagir, ne faites pas dire aux mots ce qu’ils ne disent pas, on ne peut pas passer son temps ensuite à recadrer les choses, car alors on se perd dans un bavardage sans fin. Le cadre, en l’occurence, c’était le western, juste ça, et c’est déjà énorme. Le blog de Monsieur Tavernier est consacré essentiellement aux DVD, à son exploration, à ses découvertes, à ses propositions. Moi, je viens ici faire mon marché, car le patron a bon goût, il y a de bons produits. (Après, je fais ma cuisine…) Quant au cinéma contemporain, étant projectionniste, ayant travaillé dans toutes sortes de cinémas, je le connais pas trop mal, sous toutes ses formes je dirais même, dans tous ses genres. Mais je ne suis pas là pour parler de Jia Zhang Ke, ni de Lodge Kerrigan, ni de tout ce qui m’a enthousiasmé ces dix dernières années. Je ne suis pas chez moi. Ici, Monsieur Tavernier parlait de western, c’était le cadre. Quand il parlait d’arguties à propos de Tarantino, je crois que ça m’était plutôt destiné, et non à vous, et j’ai pris ça avec le sourire, tellement je suis du même avis. Mais surtout, jeune Ballantrae, prenez votre temps pour lire, et aussi pour réagir. A vouloir être partout, on est souvent nulle part. Cordialement.
Je m’incline bien bas devant votre expérience…et merci pour vos conseils de vieux sage dignes de maître Yoda!
Je croyais pourtant vous avoir lu avec attention en parlant western, remakes, etc…mais l’essentiel a dû m’échapper car qui « trop embrasse mal étreint », « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse »,etc…
Cordialement!
PS: question western , vivement l’édition classics confidential de Man in the wilderness de Deran Sarafian! Connaissez-vous ce film?
De Richard Sarafian, oui, très bien… (Je l’avais découvert en dvd, en zone 1, après le très beau « vanishing point » du même Sarafian, un road movie, que je n’aurais jamais vu si je n’avais pas vu « boulevard de la mort » de qui vous savez…) BT en a parlé, il me semble… Très curieux western des années 70… Cette histoire de bateau hors de l’eau, un peu à la « Fitzcarraldo »… Je ne vous en dirai pas plus, car il faudrait que je le revoie, pour en parler, je ne l’ai vu qu’une fois, il y a quelques années. Très curieux western, voilà ce qu’il m’en reste, ce qui n’est pas si mal et m’incitera évidemment à la revoir bientôt.
D’accord Bertrand, j’ai compris le message pour le cas QT!
Je ne connais pas le Guillermin mais pense beaucoup de bien de La cible humaine dont la sécheresse narrative et esthétique sert particulièrement bien un propos complexe anticipant sur impitoyable ou l’assassinat de Jesse James, dont l’interprétation de G Peck est mémorable (sacré acteur tout de même: je retiendrai surtout cette interprétation, to kill a mocking bird, L’homme sauvage).
Lawless street est très bien dans mon souvenir, presque aussi radical dans ses choix que gun crazy mais c’est lointain et donc flou.Je le rapproche je ne sais pourquoi dans mon imaginaire westernien de 40 guns peut-être pour des duels originaux, une certaine volonté de réalisme délestée du sentimentalisme d’un high noon.En revanche, je ne connais pas le film sur custer 7th cavalry qui ne donne pas très envie!
Très bien, le Guillermin, « Never let go ». A signaler que le zone 1 de mgm, pour le même prix grosso modo, est de meilleure qualité que l’édition anglaise, même si le 1.66 flotte toujours dans le 4/3 video. (Le zone 1 bénéficie de sous-titres en français.)
A Jean Charles
Merci
Je viens juste de découvrir NEVER LET GO dans son édition anglaise zone 2 : merci à Bertrand de conseiller ce film qui est prenant du début à la fin avec ce rôle étonnant joué par Peter Sellers. Son interprétation de personnage obsédé, abject et violent reste dans les mémoires ! De plus, même sans sous-titres français, le film se suit assez bien avec sous-titres anglais. Le seul défaut est effectivement la qualité de la copie qui laisse vraiment à désirer (la photo contrastée de Christopher Challis est pourtant très bonne).
Juste un mot sur le documentaire de Mme Robin, qui oublie juste dans son réquisitoire un fait, massif : en un siècle, le pourcentage d’agriculteurs en France – on les appelait alors les paysans – est passé de plus 80 % de la population active du pays à moins de 1 %, agriculteurs qui sont désormais devenus des ingénieurs. A méditer. Un pays comme la France, cela est à savoir, ne compte ainsi plus que 300 000 exploitations agricoles. Comment s’est faite une telle transformation ? Par la science et la technique – les pesticides de Mme Robin, notamment. Ses effets : une nourriture abondante, diversifiée et de qualité. (Si, si, même dans les supermarchés) Mais Mme Robin, elle, habite à Paris, mange bio, achète ses salades et ses courgettes chez un producteur bio, salades qu’elle doit payer plus de 2 euros pièce (en ne se demandant jamais comment on peut produire des salades – bio – en hiver). Quant à d’éventuelles propositions politiques qui pourraient découler du documentaire de Mme Robin, notre auteur ne les formule jamais. Il est vrai qu’elles seraient assez radicales : remettre dans les champs 80 % de la population active française et ne plus financer la recherche.
A Dupea
Je vous trouve trop radical et simpliste. Une solution que j’ai entrevue et que les autorités, les commissions chargées de réguler fassent leur métier, aient des popuvoirs et que leurs membres ne travaillent pas pour des labos. La recherche a aussi produit le Mediator et autre substaznces toxiques
Ah non!L’agriculture je connais un brin par mes origines (paysannes tout comme M M Robin!!!) et cette histoire d’une nécessité de produits phytosanitaires pour cause de changement d’économie est un non argument.
La disparition des paysans est un fait conjoint, programmé notamment à l’échelon européen voire mondial, par des crânes d’oeuf qui ont décrété que la petite exploitation n’était pas rentable.Ce manque de rentabilité a été structuré en deux temps à l’échelle européenne: 1)dumping sur les prix compensé par des aides créant de la dépendance 2)suppression progressive des aides et persistance accrue de la pure loi du marché. L’idée d’un choix entre un pour cent de la pop agricole et 3/4 de la pop agricole est absurde et ressemble aux arguties que j’ai entendu chez des syndicalistes FNSEA ou chez des paysans qui n’onten tête que la productivité sans souci de la qualité.
Vous ne pouvez décemment estimer que la malbouffe est un mythe, que les pesticides et les OGM sont des bienfaits pour l’humanité et ceux qui les pensent, les vendent, les utilisent des philanthropes (ce sont les derniers que j’excuserai le plus car ils se font enfumer par les chambres d’agriculture, les techniciens-conseils, les représentants,les banquiers même-je n’invente rien!!!).je ne me lancerai pas dans un exposé car ce n’est pas le lieu!
Les deux docus de M M Robin sont un boulot exemplaire, de salubrité publique, scientifiquement vérifiables.
Bravo à B Tavernier d’attirer l’attention sur des films que ne seraient peut-être pas allés consulter des cinéphiles purs et durs, bravo de nous rappeler que le politique au sens le plus noble dépasse les guéguerres des gros titres et que le travail de prise de conscience citoyenne est plus ample.
PS: Même en bio, on peut avoir des salades en hiver (l’hiver commençant en déc et s’achevant en mars,non?)…tout dépend de la semence, du temps, du choix de culture (sous tunnel).
J’arrête avec Tarantino qui décidément a la chance d’avoir d’ardents défenseurs qui me convaincraient presque…
cher Damien, je crois vous l’avoir déjà dit: je ne suis pas en soi tarantinophobe, j’ai même été un fan de la première heure puisque Reservoir dogs m’avait impressionné au point d’aller voir le film en salles à sa sortie 4 ou 5 fois en amenant chaque fois d’autres amis!
Tout s’est gâté pour moi dès Pulp fiction qui m’est apparu comme un collage petit malin (parfois mal foutu mais comme c’est volontaire, c’est fun , post moderne, intelligent…).
Jackie brown m’a plu par son classicisme (mais tout le battage autour de la blacksploitation m’a agacé: shaft n’est pas très regardable pas plus que le célèbre Sweet sweetest badaa’s song de Van Peebles/question cinéastes noirs américains, je préfère Charles Burnett dont Sleeping with anger ou Killing of sheeps sont très secrets et très beaux).
Ses scénarii (True romance, NBKillers) comme ses productions (une nuit en enfer) ne me sont apprues que comme des pochades qui ne témoignaient pas d’un talent sidérant.
Sur Kill Bill, je suis mitigé:de belles idées, un projet esthétiquement épatant par moments mais une overdose de recyclage (et pas toujours du bon effectivement: pourquoi choisir King hu quand on dispose de productions shaw brothers parfois peu finaudes?) et ne propension à la tchatche saoulante.
Jetons un voile décent sur Boulevard de la mort qui vaut à peine mieux que le truc torché par rodriguez (quel mauvais celui-là! hormis sin city qui doit tout à Miller, que sauver?) et nous arrivons à In(un/an/on je ne sais plus)gloriuous basterds (ards/urds/ords je ne sais plus)dont je n’ai que trop parlé!
A part cela, il me fait marrer dans votre entretien et ailleurs mais cinéphilie exacerbée pour cinéphilie exacerbée, votre manière d’allier création et cinéphilie me convient mieux tout comme celles de Scorsese,Resnais, Godard ou Desplechin (qui parle furieusement bien de ses goûts : voyez son intro au colloque Stanley Cavell sur le site de « l’université de tous les savoirs »!).
In your beautiful defense of, and tribute to, John Wayne, you mention Wayne’s listening to, obeying, and respecting his director with Kirk Douglas provided as an example of Wayne’s opposite, inattentive, disobedient, and disrespectful number. I would agree on listening and respect as necessities in the actor/director relationship, but is obedience an absolute? Wasn’t Douglas right to insist on not imposing a happy ending on PATHS OF GLORY? Shouldn’t Jimmy Stewart have joined associate producer Herbert Coleman in opposing Hitchcock’s cutting (fortunately rescinded) of Kim Novak’s flashback letter sequence from VERTIGO? I’m not defending Lancastrian obliteration of superior performances by other actors or Brando’s Tex Avery cartoon of a British naval officer in MUTINY ON THE BOUNTY. But the director might be wrong on occasion. And mightn’t this wrongness justify opposition, that is, disobedience? yours, Michael Rawls
Michael, you are right. A director can be wrong. I do not know Douglas’importance in the ending of PATHS OF GLORY. I doubt that Kubrick and James B Harris would have accepted a happy ending. The excution was a long scene planned weeks ahead and I cannot se how it could have been changed. Let’s say that he supported the director. If you listen to what Douglas say, he is always the person who saved the film, who in fact directed it (in the case of King Vidor). He did a few very brave things but very often he has with him somebody who is neglected and who took a lot of decisions, Edward Lewis who later became the partner of Frankenheimer. A liberal intelligent, demanding producer who WORKED with Coste Gavras on MISSING. I should have written respect. Ask Fleischer, Frankenheimer their opinion on Douglas « the most difficult man I have ever worked with » said Richard. That does not mean that he was not brave, sometimes bright but was making always a lot of fuss. Mitchum who supported, helped a lot of director without boasting, called him « KirK Douglas THE ACTORRRRR »
There are different ways to discuss with a director and sometimes to be right. Wayne sent a long and beautiful memo to Ceci B de Mille about the screenplay of REAP THE WILD WIND and many of his suggestions were used.
Mitchum, Cooper, Lancaster in his last period gave good ideas (But remember, Lancaster imposed the happy ending on APACHE, a moment which is saved by Aldric’s direction).
So let’s agree on mutual respect
M. Tavernier, This whole PATHS OF GLORY ending business is dealt with on page 136 of Vincent LoBrutto’s biography of Kubrick (Donald Fine,Amer ed, 1997). When Douglas arrived on set in Germany(before shooting began), he found that Kubrick(and Jim Thompson) had , among other depredations, replaced the ending as we now know it with a happy ending and it was at Douglas’s insistence that the original script was used.Kubrick admitted to Douglas that he had changed the script for commercial reasons.LoBrutto is writing from a pro-Kubrick point of view so why would he recount a story like this if it were without substance?I’ve never seen any official sort of rebuttal to it. I’m a great admirer of all the opposing witnesses you’ve rounded up in this case, especially Frankenheimer and Lewis (I’ve seen the excellent SECONDS again twice recently. Now there’s a brave film by brave men.And that ending!). I think Kubrick is the greatest American director but his artistic integrity is certainly not unimpeachable. But who would have wished him to be an uncompromising no talent bum?
Je n’y avais pas prêté attention mais la première image en haut n’est pas celle de THE WOMAN IN QUESTION mais la pochette du DVD de… « Ian Dury Sex Drugs Rock & Roll & Other Assorted Glimpses », certes lui aussi sujet de sa Gracieuse Majesté mais assez éloigné de Dirk Bogarde ;P
A Pierre
Erreur corrigée
Sans rapports avec votre article, j’aimerais signaler dans l’catulaité des livres « de cinéma » l’ouvrage d’Emir kusturica: Où suis je dans cette histoire? chez J Cl Lattès.
Je viens de l’entamer et y retrouve, comme dans le texte de kitano l’an passé tout ce que j’aime chez le cinéaste:l’impétuosité,l’énergie, le mélange des genres, le style volontiers baroque et une vraie sensibilité à fleur de peau!
J’avais rencontré « Kustu » pour un petit entretien il y a bien des années alors que je faisais un petit fanzine étudiant et j’avoue que je n’imaginais pas (c’était lors de la promotion de arizona dream) tous les marasmes de sa vie tant il sut être joyeux, attentif, généreux malgré notre anglais approximatif!
Quand je pense aux procès intentés par un individu aussi médiocre que Finkelkraut (qui a tout de même le don peu commun de savoir dénoncer le contenu politique de films qu’il pas vus!!!) au splendide Underground. Le temps des gitans est certainement son chef d’oeuvre absolu pour l’instant même si la plupart de ses films sont passionnants (en dehors peut-être de son film pour footeux consacré à Maradonna…cela ne m’intéresse guère.
Le récit de sa découverte sans cesse repoussée de l’oeuvre séminale de son univers Amarcord est en soi une scène d’un film de kusturica!et par ailleurs, le récit des prémisses de la guerre est aussi juste que terrifiant et pourrait faire du bien en ces temps de troubles où les analyses toutes faites émanent des mêmes donneurs de leçons démocratiques (quand BHL et consort sortent « un décret », je me méfie toujours: c’est un réflexe! remember Bosnia)
Une nouvelle qui fera plaisir à Ballantrae (qui a raison de réclamer la sortie de « Providence ») :
– PUZZLE OF A DOWNFALL CHILD sortira en salles en sept./oct.sous l’égide de Carlotta; en 2012 un DVD et un BLU RAY verront le jour, toujours chez CARLOTTA.
CARLOTTA a aussi annoncé la sortie en octobre 2011 d’un coffret ULMER (avec des nouveaux masters)comprenant :
-L’île des péchés oubliés
-Le Démon de la chair
-Barbe Bleue
-Détour
-Strange Illusion
Dommage qu’il n’y ait pas « Le Bandit ».
Par contre,un projet surprenant de la part de CARLOTTA : ils vont sortir en DVD « Les Chausons Rouges » (avec un nouveau master)pour la fin de 2011; puis « Le Narcisse Noir » et « Colonel Blimp » devraient suivre (pas de date fixée à ce jour)en utilisant les masters en cours de restauration à la fondation de Scorsese.
Le coffret de l’Institut Lumière est absolument admirable et d’une qualité exceptionnelle; j’ai du mal à comprendre la démarche : attention à l’aspect économique (il faut aussi en parler); ceux qui ont acheté le coffret de l’Institut Lumière seront réticents à investir à nouveau dans ces 3 oeuvres.
Dans un autre genre,le western « TOMAHAWK » de George SHERMAN mérite d’être vu: c’est l’agréable surprise de la dernière livraison de SIDONIS (je mets bien sûr à part « La Cible Humaine », connu de tous).
D’accord avec vous sur les films de Michael Powell : les dvd de l’Institut Lumière font figure d’éditions définitives et pour ma part je ne repasserai pas en caisse même avec des copies restaurées par la fondation de Scorcese. Concernant « Les chaussons rouges », arte avait diffusé justement en décembre dernier la version haute définition restaurée par la fondation Scorcese : j’ai été passablement surpris et déçu : les couleurs chaudes du film de Powell étaient sensiblement atténuées (dans la copie de l’Institut lumière, les blancs tiraient vers un léger jaune ce qui me semble plus être la volonté de Powell et Cardiff : on y trouve en effet la même nuance dans « Une question de vie ou de mort » pour les séquences en couleur). Donc méfiance pour ceux qui envisageraient un rachat…
Je ne sais plus que penser de ces deux copies de Red shoes après avoir lu le forum consacré à ce sujet sur DVDClassik.
Nous allons diffuser le film pour nos séances cinéclub de Périgueux début juin et ne sais quelle est la copie…je pourrai alors vous en dire plus comme j’aurai vu et revu mon DVD Lumières pour préparer la soirée avant le visionnage en salle.
Ces histoires de couleurs restaurées sont complexes.Récemment Lola Montès et Le guépard (au point que j’ai racheté le DVD pourtant en collector dans ma dvdothèque) me semblent des travaux d’orfèvre.
Pourquoi Scorsese qui se bat avec pugnacité contre la détérioration des films trahirait-il son mentor?
Avez-vous des éléments de réponse,cher Bertrand, si tant est que cela vous soit possible sans prendre position pour un parti ou un autre? Ne serait ce que pour comprendre différentes « philosophies » de restauration…
A Ballantrae
Aucun élément de réponse. Il y a des restaurations qui me laissent sur ma faim, qui me laissent froid, LE FLEUVE par exemple d’autres qui étaient exemplaires. Les Powell de l’Institut avaient deja été supervisés par Scorcese, le BFI, Cardif
Quand on connaît l’importance du travail sur les couleurs chez Powell, on peut légitimement se poser des questions sur le choix d’orientation des restaurations.
J’avais vu une interview de Cardiff parler de la photo couleur de UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT et de l’utilisation de légers filtres jaunes qui donnaient une teinte différente sur les blancs par exemple. C’est ce type de photo que j’ai retrouvé sur THE RED SHOES édité par l’Institut Lumière. La copie restaurée de Scorcese annule cette nuance en faisant tirer les blancs vers une teinte plus rosée et moins chaude. Après, reste à savoir qu’elle était la volonté réelle de Powell sur THE RED SHOES. Pensait-il aux effets utilisés sur UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT ? Je ne sais pas et je ne crois pas qu’il en parle dans son autobio UNE VIE DANS LE CINEMA. Alors qui a raison : Scorcese ou d’autres ? Personnellement, je préfère la copie (non HD) de l’Institut Lumière (peut-être moins restaurée mais plus conforme à mon goût…). En l’absence d’éléments d’information, c’est du coup à chacun de faire son choix même si je ne crois pas que Scorcese ait « trahi » le travail de Powell.
Je suis d’accord sur LOLA MONTES et LE GUEPARD qui ont bénéficié d’une restauration magnifique, de même que le blu ray pathé APOCALYPSE NOW par exemple, récemment sorti…
La polémique peut même arriver contre la volonté du réalisateur. Par exemple : Dario Argento a supervisé lui-même la restauration de SUSPIRIA en accentuant les nuances rouges de la photo. Certains aficionados ont crié au scandale car ne retrouvant plus le film qu’ils avaient connu à sa sortie au cinéma ! Quelque part l’étalonnage numérique est beaucoup plus subjectif qu’on ne le croit : alors jusqu’où aller sans perturber la vision qu’en avait le réalisateur ou le spectateur ?
Nous avons diffusé hier soir au cinéclub The red shoes.
Enthousiasme, damiration de spectateurs qui pour la plupart le découvraient ainsi, sur grand écran a priori dans la version de l’institut Lumière.
Une des questions qui nous a été posée concernait le technicolor du film: sont ce les couleurs originales compte tenu de la comparaison avec des Ford, des Curtiz, etc…? selon les souvenirs pas assez précis des boni DVD, je me suis permis de dire que les choix chromatiques de Powell/Pressburger et Cardiff étaient très différents des choix américains avec un côté moins tranché des couleurs primaires, avec des blancs plus nuancés (la carnation dans les gros plans est sacrément différente!
On m’a aussi demandé pourquoi cet engouement de nombreux cinéastes vis à vis de Powell? En parlant de vous, en essayant de synthétiser tout ce que j’ai pu lire ou entendre j’ai mis en avant la liberté plastique dénuée de prétention, la liberté et la variété des genres et registres, l’art de la suggestion dans les rapports netre personnages.Il était amusant de constater combien les spectateurs étaient conscients des « emprunts » de D Aronofvski.
A Ballantrae, parmi ce qui suscite les engouements pour Powell, je citerai son imagination qui lui fait aborder tous les sujets (je ne dis pas tous les genres, car ces films sont en marge des genres), explorer les époques les pays, de l’Angleterre profonde à l’Europe, à l’Inde. Imagination visuelle qui lui fait prendre des paris très audacieux (reconstruire l’Inde en studio, un ballet sans aucun plan de coupe sur le public), innover avec les trucages, les effets spéciaux mais aussi aller tourner en extérieur, vouloir trouver une vérité très locale (l’Écosse dans JE SAIS OU JE VAIS). Il peut passer de la vérité réaliste à la fantasmagorie sans jamais se couper de ses racines, de sa culture, des problèmes de son époque (nombre de ses filmùs nous parlent de ce qu’est la démocratie, l’identité nationale). Et il aborde mieux que beaucoup à l’époque le thème de la création, met en scène des intellectuels qui ne sont pas des pantins ridicules, qui ont l’air intelligent, créateur (Lermontoc mais aussi David Farrar dans THE SMALL BACK ROOM, Anton Walbrook dans Blimp). J’ai donné beaucoup de raisons dans la préface à ses mémoires
Ce coffret reprend l’essentiel des titres sortis chez Bach Films, également dans un coffret. La différence est L’Ile des péchés oubliés qui n’est pas chez Bach, mais le coffret Bach contient d’autres raretés. La question pour les films communs est celle de la différence de qualité des DVD ?!?! Tout est là…Car le coffret Carlotta sera plus cher que celui de Bach Films. Dommage effectivement pour LE BANDIT que je viens de revoir aujourd’hui (un enregistrement TV) car à ma connaissance le film n’existe pas en Z1 ou en Z2.
A A DESAGES
Vous avez hélas raison et je ne comprend pas pourquoi. Dans le coffret BACH FILMS dont je vais parler il y a même un film qui n’est pas du tout d’Ulmer
Oui, SO YOUNG SO BAD, qui est signé Bernard Vorhaus, mais il semble qu’Ulmer ait quand même tourné quelques scènes. Il y a aussi un autre film Le Démon de la Chair qui semble avoir été partiellement tourné par Douglas Sirk. C’est du moins ce que déclare Sirk dans le bouquin de Halliday.
A ADesages
Attention aux rumeurs. Comme je l’écrirais, Vorhaus a tourné entièrement le film. Pierre Rissient qui le connaissait l’avait interrogé et il avait aussi parlé à Rita Moreno et à une autre actrice qui ont confirmé cela. Sirk que j’ai rencontré n’a jamais prétendu avoir travaillé sur le DEMON DE LA CHAIR et je vais vérifier la bio d’Heddy Lamar. Je sais que la scène du début a été refaite dans le même style pour une histoire de casting de la petite fille. Ulmer avait voulu que ce soit la sienne mais elle n’était pas bonne pour le producteur mais le film est tellement d’Ulmer qu’on apprends dans cette bio que Stromberg et Lamar ont voulu retravailler immédiatement avec Ulmer qui était parti sur un projet plus misérable
Ah oui, c’est une bonne nouvelle! J’ai déjà leur belle édition de Panique à Needle park avec des photos de Jerry Schhatzberg en cadeau dépliant.J’avais trouvé aussi Scarecrow mais dans une édition plus minimaliste: le film mérite meilleur écrin tant il est magnifique visionnage après visionnage.J’y vois une parenté avec Cassavetes dont il faudra que je prenne le temps de vanter les cinq films édités par Océans films (que du bon: Shadows, Faces, A woman under the influence, Killing of a chineses bookie, Open,ing night avec des boni à la pelle quipermettent de retrouver des membres de la bande de Cassavetes).
Je préfère nettement Pacino à Hoffman ou Brando car son travail pour composé soit-il (pour reprendre des propos de Doillon repris par Bertrand plus bas) demeure instinctif, travaille secrètement une manière de bouger, de se vêtir. De Niro à sa grande époque (qui semble hélas bien lointaine…) relevait aussi de cette synthèse méthode/ instinct/ recherche de détails concrets.
En revanche, l’édition Ulmer me laisse un peu de …marbre!Même Le bandit , apparemment l’une de ses grandes réussites, s’est bien estompé dans ma mémoire…
Pas d’accord Jean Jacques, les bons films d’Ulmer sont de tels ovni que chaque vision vout touche davantage : de BLUEBEARD sublime de mélancolie à THE NAKED DAWN en passant par RUTHLESS, THE BLACK CAT, STRANGE WOMAN, DETOUR, les films yiddish diont on ne parle jamais (THE LIGHT AHEAD, GREENFIELDS). Il n’y a rien dans ces films qui les rattache au cinéma américain : attachement au sol, enracinement, sentiment national, exaltation de l’individu contre la collectivité ou l’inverse. Juste une impression de désolation, de no man’s land où survivent quelques émotions comme en état d’hypnose
Je m’incline et vais tenter des visionnages attentifs (mes conditions n’étaient pas optimales: TV, heures tardives, copies peut-être peu soignées).
Détour me laisse une trace curieuse: des excès certes rocambolesques mais une impression de cuachemar éveillé persistante moins forte que dans les Tourneur noirs ou fantastiques mais persistante!
Revu le Hataway hier soir sur petit écran: de bonnes choses indiscutablement mais d’autres plus passe partout.La charge finale de Cogburn y est moins impressionnante que dans mon souvenir.La mort de Laboeuf s’avère judicieuse et la fin pour plus naturelle qu’elle soit n’en demeure pas moins aussi didactique que celle des Coen: ce qui sonne juste chez ford (tous ces magnifiques monologues devant des tombes dans young M lincoln ou she wore…) sent un peu l’emprunt ici. Le saut de cogburn est une bonne idée mais Wayne usé m’a plus ému dans le Don Siegel The Shootist.
A Ballantrae
Pas tout à fait d’accord surtout pour la fin que je ne trouve pas didactique mais très soudée à l’histoire, au personnage de Mattie, à son sens de l’odre, de l’organisation
Ce n’est qu’une impression de « boucle » scénaristique que je ressens , ce qui me donne souvent l’impression de sortir des films.encore une fois, la théorie de la scène me séduit (comme chez les coen d’ailleurs) mais me semble peu incarnée à cause de sa connection avec le saut final.
J’oubliais que la chevauchée finale me semble plus paroxystique et donc plus marquante chez les coen d’autant plus que Mattie y perd un bras tout de même: LaBoeuf survit mais il y a quand même perte physique!
A Ballantrae
Sur Mattie et la chevauchée finale je suis d’accord
Si la chevauchée finale vous a déçu, c’est peut-être parce qu’elle n’intéressait pas le réalisateur plus que cela. Un créateur talentueux sera généralement plus tourné vers la tragédie humaine, les confrontations psychologiques que les numéros avant tout destinés aux enfants. Voyez Ford refusant carrément de filmer la bataille contre les Indiens dans les « Mohawks ». On pourrait s’amuser à minuter les bagarres et autres coups de feu dans les chefs-d’oeuvre du genre et se rendre compte qu’ils ne passent guère la minute. Tout simplement parce qu’ils ennuient plus ou moins le réalisateur…
Je vous trouve bien gentil avec le « true grit » des frères Coen, qui est certes très distrayant et maîtrisé, mais pour moi finalement un ramassis de clichés et d’humour à la Coen dont on peut vite se lasser… (Ah… comme ils sont malins… comme on se trouve soi-même malin de les trouver malins… On lève alors les bras de joie comme le petit bonhomme de télérama…) Il n’arrive évidemment pas à la chaussette du « true grit » d’Hathaway qui est pourtant très loin d’être son meilleur western… 1969, pour le western, c’était le crépuscule depuis déjà longtemps… C’était au moins émouvant pour ça, le vieux Wayne presqu’au bout du rouleau… J’ai entendu André Labarthe, à la radio, hier je crois, il disait que le cinéma pour lui n’était pas un art. C’est quoi alors? lui demandait-on. Le cinéma, c’est le cinéma, un point c’est tout, ça suffit. Alors, le débat sur l’artiste ou l’artisan, moi aussi je trouve ça un peu oiseux. Il y a du cinéma, du parfois grand cinéma, des gros navets en quantité aussi… Alors Hathaway, quand même, c’est un sacré gros et bon morceau… Votre liste de ses films mémorables est longue et on pourrait y ajouter « the trail of lonesome pine », « niagara »… et caetera… Un artisan? Un sacrément bon. Que des pépites!… Quand on aime le western, quand on aime le film noir, il est un peu incontournable, il me semble… Faut-il encore aimer ces genres, être encore comme un gamin les yeux tout ronds devant… (Moi, gamin, c’est Ford qui m’emportait le plus, sauf que je ne savais pas que c’était Ford, et Curtiz aussi, pour les films de pirates… Les yeux tout ronds j’étais, et j’en voulais encore…) Bref… Trop gentil vous êtes, je disais, avec le « true grit » des Coen… Je suis sûr que vous l’avez déjà oublié… Et joseph Lewis alors, en voilà un autre d’artisan, tellement étrange… Prenez « the big combo »… Et surtout « gun crazy »… (mon préféré) « Terror in texas town » évidemment… A la fin, l’échange de regards entre le tueur harponné et sa « compagne »… On se souvient de « terror in texas town » comme on se souvient de « forty guns » de Fuller, des westerns en lisière du western, des rôdeurs… Mais le « true grit » des Coen, franchement… La plupart de ceux qui sont allés le voir sont allés voir un film des Coen, ils en ont eu pour leur argent… Alors que quand on allait voir un western d’Hathaway, on allait avant tout voir un western… Sa personnalité, son intelligence, son humour, son élégance, sa finesse, son ego, ne bavaient pas sur tous les plans… Et leur « Ladykillers », vous vous en souvenez? Moi pas.
A Jean-charles
Très beau texte. Merci
Cher Jean-Charles, vous touchez du doigt une des caractéristiques de la critique française : encenser un cinéaste sur son nom et non plus sur l’oeuvre qu’il vient de réaliser. L’exemple le plus impressionnant de ces dernières années reste GRAN TORINO de Clint Eastwood, dont le délire critique fut proportionnel à l’ignorance 32 ans plus tôt d’un chef-d’oeuvre comme JOSEY WALES HORS-LA-LOI.
Pour en revenir aux frères Coen, on navigue à peu prés dans les mêmes eaux et je me souviens trés bien de LADYKILLERS comme étant probablement leur plus mauvais film ! En revanche, LE GRAND SAUT avec Paul Newman et Tim Robbins m’avait enthousiasmé par leur clin d’oeil à Frank Capra et la virtuosité de la mise-en-scène : la séquence d’ouverture est une pure merveille. Pourtant, ce film reste un ovni dans leur filmographie et il n’est jamais cité.
Je n’ai pas vu leur remake de TRUE GRIT mais j’ai grandi comme vous avec les westerns et les films de gangster, et même sans connaitre alors Curtiz, Walsh, Ford, Hawks ou Hathaway, quel plaisir je prenais devant leurs films pas prétentieux pour deux sous mais terriblement efficaces à tout niveau. Pour le coup, j’ignore si Jeff Bridges parvient à faire oublier ou à soutenir la comparaison avec ce monument qu’était John Wayne et si je prendrais autant de plaisir qu’avec les westerns d’antan ?
D’accord avec vous Olivier sur l’attitude de la critique française qui oublie de plus en plus l’oeuvre au bénéfice du seul nom du réalisateur (limite de la politique des auteurs !). Citer Eastwood est tout à fait exemplaire lui qui est passé d’une réputation de macho et de réactionnaire au réalisateur encensé de toute part. Il faut dire que le tournant des années 90 l’a consacré comme un réalisateur important mais c’est aussi effectivement oublier qu’il avait réalisé de magnifiques films auparavant JOSEY WALES, BREEZY, PLAY MISTY FOR ME, HONKYTONK MAN , BIRD….
Le problème avec Eastwood, c’est qu’une revue comme Positif tombe par exemple à pied joint dans le panégyrique systématique depuis plusieurs années même si MYSTIC RIVER ou même GRAN TORINO font partie de ses meilleurs films. Mais que dire du simpliste INVICTUS ou de l’inégal AU-DELA…
Il en est de même des frères Coen qui ont sans doute réalisé leur chef d’oeuvre avec NO COUNTRY FOR OLD MEN. renouveler cette réussite sera pour eux un sacré challenge…
Positif peut tomber dans ce travers -par exemple je necomprends qu’un homme de goût comme M ciment réussisse à s’enthousiasmer pour le Alice de Burton si ce n’est par fidélité à un « auteur ».
Cependant, je préfère cette fidélité à l’inconstance d’une grande partie de la critique où tout devient feu de paille! Les Inrocks ou les Cahiers déifient Eastwood avant de décréter que changeling est à peine regardable. Ils portent au pinacle Wong Kar Wai puis ne trouvent aucune qualité à My blueberry nights qui pourtant en recèle même s’il est mineur comparativement à in the mood for love ou 2046.Ils vont jusqu’à se montrer incohérents entre leurs couv et leurs classements de fin d’année ce qui laisse penser qu’ils ne savent pas où ils habitent:comment peut-on dire qu’un Lars von Trier est impressionnant puis ne pas le voir apparaître dans un seul top 10? Comment peut-on parler d’un « incroyable diptyque » pour Iwo jima et voir Eastwood dépassé par je ne sais quel truc torché par un « cinéaste » visiblement ami de la maison?
Positif a au moins pour objectif une certaine permanence qui n’empêche pas les révisions (Brillante Mendoza par exemple) ou les oublis atténués par le choix d’en référer à celui des rédacteurs qui porte le plus le film (leur grosse lacune de ces dernières années: ne pas offrir leur vraie place à des génies tels que Sokourov ou Bela Tarr, j’en inventorie quelques autres: Mamoru Oshii,Guillermo del Toro avant Le labyrinthe de Pan, la suite de la carrière de Philippe Grndrieux qu’ils avaient su défendre pour Sombre, etc…) mais ce ne sont que détails dans une couverture éditoriale équitable, distanciée et mesurée.
Et oui, une polémique a déjà eu lieu à propos de Gran torino il y a quelques mois (petit film moyen ou David plus convaincant que des Goliath tels Million dollar baby, Iwo Jima, Changeling) et ce film m’avait bien déçu.
Le problème n’est pas le même avec True grit qui marque une date dans le cinéma des Coen à deux titres qui outrepassent la simple question cinéphilique:
-c’est une production spielberg avec un vrai gros budget
-c’est leur plus gros succès et de loin
Ils sont à la croiése des chemins: oseront-ils encore des projets moins bankables tels a serious man ou deviendront-ils des cinéastes dont on saura quoi attendre?
Sur votre premier point Jean-Jacques, à savoir Spielberg producteur : cela ne me rassure absolument pas sur l’avenir (surtout au regard des dernières productions spielbergiennes : AU-DELA d’Eastwood et TRUE GRIT des Coen, décevants tous les deux et sur lesquels je ne reviendrai pas…). Sur Spielberg réalisateur et pour les amateurs de BD, on peut aussi attendre avec curiosité son adaptation de Tintin. Hergé avait été convaincu de lui donner les droits d’adaptation avant sa mort, après avoir vu DUEL à la télévision (film qui reste d’ailleurs pour moi à ce jour son meilleur et que je ne me lasse pas de revoir dans sa version courte de téléfilm..).
Pour ce qui est de spielberg producteur, notons que le diptyque Iwo jima était de son fait donc le champ des possibles est ouvert!
Les Coen auraient pu dès The hudsucker proxy verser « ailleurs » car c’était une production joel silver…mais ce fut un four retentissant!S’ensuivit Fargo et son triomphe critique et public.
Ma crainte principale serait qu’ils suivent une normalisation à la tim Burton que je n’aurais jamais crû capable de commettre les insipides Planète des singes, alice ou Charlie et la chocolaterie. Heureusement de temps à autre surgit une belle réussite (big fish m’avait bouleversé) ou un projet un peu fou à défaut d’être totalement abouti (Sweeney Todd m’a plu mais un peu déçu).
Ces cinéastes américains sont ceux qui m’ont ébloui à l’orée des 90′: en 1991 les Coen faisaient coup sur coup Miller’s crossing et Barton fink, Burton nous livrait son merveilleux Edward.
Ah non! Certes j’aime bien le ton et le style de votre texte mais on ne saurait ranger les Coen dans le même sac qu’un Tarantino.
Eux croient aux genres qu’ils abordent y compris dans ce film parfois un peu sec lors de telle scène violente (la mise en scène de la charge est plutôt plus dynamique et immersive que dans le Hataway) ou lors de telle échappée onirique (la chevauchée finale est tout de même un superbe moment de Cinéma!).
Certes, ils sont parfois dans la dérision amis la minute d’après ils nous font croire en leur histoire et savent ressusciter la mythologie. a mon sens Miller’s crossing, Fargo,The man who wasn’t there ou no country ont revisité et redynamisé des genres très codés. Ne parlons même pas d’un Barton fink qui transcende les genres.
Votre jugement sévère conviendrait mieux aux outrages subis par le film de guerre via Inglorious basterds
Je reconnais bien là votre « tarantinophobie » cher Jean-Jacques ! Je crois malgré tout que Tarantino aussi croit aux genres qu’il aborde, même si ses références sont plus déconcertantes que celles des Coen (films de kung fu, films de blaxploitation et de voitures, westerns et série B italienne). Il n’en reste pas moins un cinéaste très personnel avec une oeuvre cohérente que l’on peut effectivement ne pas aimer…
A Damien, le cas de cet auteur si doué qu’est Tarantino permet de poser une vraie question. Un artiste gagne-t-il à s’inspirer systématiquement de ce que l’on peut qualifier – parfois à tort – de sous produits, de séries Z. Car Lucio Fulci n’est pas Dino Risi ou Visconti ou Fellini et la black exploitation a donné moins d’oeuvres majeures que le film noir ou le western. Ford fut marqué par Murnau et adorait Borzage, Losey, Dassin, Berry découvrirent les films de Carné, Duvivier et les néo réalistes italiens, Walsh admirait Capellani, Lubitsch pensait que Make Way for To morrow était un film capital. Cete question, si importante et si négligée, fut posée dans un très bon article du Guardian. On la retrouve dans le livre de Mendelsshon que j’ai conseillé dans mon blog.
D’autre part, mauvaise nouvelle, le stock RKO a été racheté par les américains. Impossible de savoir ce qu’ils vont en faire. Précipitez vous sur les derniers coffrets Fleischer, sur des films comme EASY LIVING, les Farrow, le John Berry
Vous citez Capellani dans les influences de Walsh : précipitez-vous sur le coffret que Pathé vient de consacrer au réalisateur français avec trois de ses longs métrages : GERMINAL (1913), Le CHEVALIER DE LA MAISON ROUGE (1914), QUATRE-VINGT-TREIZE (1921) ainsi que nombre de courts et moyens métrages réalisés entre 1906 et 1908.
A DAMIEN, IL EST FORMIDABLE ET JE VOUS CONSEILLE L’assomoir ET 93
RKO: si le stock va être racheté, Montparnasse n’aura peut-être plus les droits d’ici quelques années? Donc, se ruer sur la promo 3 RKO pour 2 proposée par Amazon FR! j’ai déjà commencé avec THE WINDOW, vraiment excellent, revu avec beaucoup de plaisir, LA VIE FACILE de Tourneur (merci du conseil, Bertrand) et PIGEON D ARGILE de Fleischer, c’est jusqu’au 27 janvier.
A Martin Brady
etCHIKLD OF DIVORCE, FINI DE RIRE et le John Berry.
Oui j’ai rajouté FROM THIS DAY FORWARD, Bertrand, par contre CHILD OF DIVORCE que j’admire, est uniqut dans le coffret Fleischer 3 films avec ARMOURED CAR et CHICAGO EXPRESS. CHILD, c’est avec la petite fille à qui Fleischer a confié le superbe monologue final, Ann Carter, qu’on voit aussi un peu dans L ENFANT AUX CHEVEUX VERTS et surtout en 1er rôle (quasiment) dans MALEDICTION DES HOMMES CHATS de Wise, sequel très différente du Tourneur en style mais que j’adore autant. Excellente actrice, Ann Carter abandonna le ciné à l’âge de vingt ans, triste!
Je ne mets pas du tout les Coen dans le même sac que Tarantino, étant donné que je place ce dernier bien plus haut, ou bien moins bas, selon les jours. Un recycleur passionnant, Tarantino, un vrai allumé d’adolescent attardé qui célèbre sa joie de faire des films et rend hommage à tour de bras à tout ce qui a pu l’enthousiasmer. A chaque film, un genre nouveau. C’est du cinéma de cinéphile de videothèque comme autrefois. Il m’a donné envie d’aller voir du côté de Hong-Kong, des films de Kung-fu, de bagnoles, et caetera, du cinéma impur en quelques sortes, que je ne serais jamais allé voir autrement, à cause de simples préjugés un peu snobs. Il vous refile son virus, Tarantino, si vous le suivez. Et c’est parfois très surprenant, tout ce qu’on découvre en farfouillant grâce à lui. Il faut aimer farfouiller… Il est encore gérant de vidéothèque, quelque part, il vous refourgue des sacs entiers de VHS tout en vous saoulant de paroles… (Faut pas rester trop longtemps, sinon c’est la migraine assurée…) Bien vivant en tout cas, même si tous ses films ne sont pas formidables. « Jackie Brown », « Pulp Fiction », ça décape, de mon point de vue, ça respire, c’est vivant. Et puis c’est un virtuose, il y a du plaisir, au moins, un plaisir même de gamin qui casse ses jouets et en bricole d’autres avec les bouts, il a au moins inventé des formes qu’on ne connaissait pas avant. Moi, il m’a vraiment étonné, ce qui n’est pas si fréquent. Une si grande et saine énergie… Quant aux Coen, je ne mets pas tous leurs films à la poubelle, ce serait bien trop long d’en parler ici, et vain. (Eux, ils doivent aussi bien s’amuser, mais plutôt comme des adultes.) Je ne parlais que de « True Grit ». Je réagissais. Je trouve hallucinant d’en venir à comparer deux films, à savoir les deux versions de « True Grit », en disant que ceci est mieux chez l’un et cela mieux chez l’autre. De quoi parle-t-on? On prend des bouts… On regarde à la loupe… Comme s’il s’agissait de timbres poste… C’est le rêve, qui compte. Soit on rêve, soit on ne rêve pas… Je ne vois pas l’intérêt de leur film, comme je n’ai pas vu l’intérêt du remake de « 3 heures 10 pour Yuma »… Ils n’existent déjà plus, pour moi, ces films, même si j’en parle… Les westerns de Kevin Costner, eux, existent encore, ceux d’Eastwood aussi… Dans les années 70, il y avait aussi Monte Hellman, Peckinpah, et d’autres, quelques petites lueurs par ci par là, même si le western était bien mort et enterré… C’est comme le jazz, à la fin des années 60, c’est fini, pour moi, il n’y a plus grand chose ensuite… même s’il y a toujours des musiciens intéressants voire même passionnants… N’empêche que quand j’écoute Charlie Parker, ou Monk, ou Coltrane, ou d’autres, il y en a tellement, dans cette histoire si brève, ça efface tout le reste, tout le présent du jazz actuel… Car c’est toujours très présent, Parker, Monk, Coltrane, puisque je les écoute, là, maintenant, tout comme je regarde encore et encore les westerns de John Ford, d’Anthony Mann, et caetera… Voilà, je ferme le robinet, pour ne pas trop saouler quand même. Bien le bonsoir.
Je vous suis entièrement Jean-Charles sur tout ce que vous dites !
Cher J Charles,
Je comprends votre nostalgie car je peux verser dans le même penchant (travers?) notamment pour la littérature: je lis de moins en moins de romans, poésie, théâtre postérieurs aux 70′ et me délecte de rattrapages de lacunes comme tel zola méconnu et négligé (La débâcle),tel poète enfin édité de manière correcte (Reverdy),telle édition vantée d’un classique (le théâtre de Racine en Pléiade).Comme je comprends votre constat!
Cependant, j’essaie de marcher sur deux jambes en me forçant à penser que peuvent surgir des oeuvres importantes de manière contemporaine, de futurs classiques ou de grands novateurs:j’essaie de ne pas trop nourrir ma nostalgie car je pourrais aisément me réfugier dans la revision ou la découverte exclusive de « classiques » or j’ai pris quelques claques ces dernières années grâce à des contemporains bien vivants! there will be blood,hunger de steve Mac Queen,Le soleil de sokourov,Fleurs de shnaghai et 3 times de hou siao sien, Iwo jima, mystic river, million dollar baby, Match point,Valse avec Bashir,Les mystères de lisbonne de ruiz,L’étrange affaire angélica de Oliveira,City of life and death, etc, etc…liste non exhaustive où je pourrais rajouter quelques Tavernier si je ne craignais de gêner notre hôte!
OK Parker c’est plus fort que Haden mais bon , j’aime les deux Charlie pour ce qu’ils sont et je vais volontiers à Marciac dans mon Gers natal le mois où les soirées vous invitent à vous couler dans la musique jusqu’au bout de la nuit!
OK Ford,Hawks,Wellman,Mann,Fuller… sont le western et les autres font des westerns mais bon, j’aime voir des westerns qui sont visiblement récents et enregistrent encore une respiration même ténue du genre!
Par ailleurs, la posture de A S Labarthe (qui a quand même beaucoup contribué à la politique des auteurs via Cinéastes de notre temps…je vous conseille tout particulièrement de visionner son opus bref sur Ford très rétif aux invites au décryptage)n’est qu’une posture de plus chez un monsieur brillant mais assez roublard.Son « le cinéma n’est pas un art » est l’équivalent de « le cinéma est vieux/mort » de JLG, rien de plus…une posture, je vous dis! Ironiquement, il rejoint le concept de « divertissement d’îlotes » de Duhamel que combattirent les précurseurs d’une penése du cinéma tels que Dulac, Epstein,Desnos,Soupault,Gance.
Désolé pour mes bavardages incessants mais , vous l’aurez compris, j’adore bavarder « autour du cinéma » et vos questions sont celles que je me pose régulièrement!
Pour conclure. A Ballantrae. Vous soulevez trop de sujets et lancez trop de références à la fois, je ne peux pas réagir à tout, non plus pas vous bombarder à mon tour de schrapnells, car ce serait alors la guerre (qui couvait, il me semble…)à se bombarder ainsi l’un l’autre. Or, je suis d’une nature très paisible… Nostalgique? Moi? Evidemment. Les voitures étaient bien plus jolies avant, les formes, les couleurs… Non?… Labarthe? Un poseur? Peut-être bien. Je n’en sais rien. Une simple phrase, entendue à la radio la veille, qui venait illustrer mon propos. Je ne me réclame pas de Labarthe. Ni de personne d’ailleurs. En fait, j’étais juste venu dire à Monsieur Tavernier que je le trouvais bien gentil, avec le « True Grit »des frères Coen. Pour l’occasion, j’avais ciré mes chaussures, enfilé une chemise propre, pour être à peu près présentable, avais aussi essayé de ne pas venir les mains vides, politesse élémentaire quand on vient voir quelqu’un. A Monsieur Tavernier, votre réaction m’a évidemment un peu fait plaisir, même si je n’étais pas venu pour ça. Je suis un peu roublard, un peu joueur. Avec ce commentaire, je vous cherchais, avant tout, j’essayais de vous taquiner, de vous faire sortir de votre réserve. Peut-être aurais-je préféré une gifle. Que vous me remettiez à ma place. Quelque part, j’ai donc échoué, car vous êtes un sage, dans votre genre, vous ne tombez pas dans le panneau. Je n’ai pas été suffisamment vicieux peut-être, dans ma roublardise. Je suis bon perdant. (Quand on joue, il faut s’attendre à perdre.) Mais quand même, Monsieur Tavernier, je vous trouve bien gentil, avec le « True grit » des frères Coen… Mes salutations (respectueuses ça va de soi).
Jean-Jacques, je vous suit entièrement dans la volonté de découvrir de futurs « classiques » dans le cinéma contemporain. Je ne crois pas non plus que jean-Charles à une vision « nostalgique » dans ses propos.
Je suis assez déçu de voir certains journalistes comme Patrick Bion qui outre leur capacité à nous faire découvrir des perles oubliées, versent trop souvent dans le cinéma hollywoodien des années 30 à 60 (pour ne rester que sur le cinéma américain). Avec des choix parfois contestables : films de Richard Thorpe ou Richard Brooks pour la énième fois, productions MGM à la pelle. Brion admettait dans une interview aller régulièrement au cinéma mais qu’il préférait au fond toujours « son » cinéma des années 50.
L’intérêt de ce blog c’est qu’autour de Bertrand Tavernier, nous ne formons pas une chapelle sectaire : au contraire, curieux de toutes les formes de cinéma quels que soient les genres ou les époques, nous sommes tous partisans d’une cinéphilie vivante !
Merci Damien et j’aimerais bien assister à plus de réactions sur certains films rare, peu cités que je défends, le Guillermin par exemple au lieu de se perdre dans d’interminables et parfois riches arguties sur Tarantino
Cher Jean-Charles, votre sincérité me touche beaucoup et votre allusion au jazz m’interpelle. Récemment j’ai eu envie de découvrir Melody Gardot et Esperanza Spalding qu’on annonçait comme les nouvelles divas du jazz vocal. Malgré leur immense talent, j’avoue qu’elles ne me transcendent pas comme Billie Holiday.
Au travers de votre nostalgie, bien légitime à mes yeux, vous soulevez un problème essentiel qui s’applique aussi bien au cinéma, qu’à la musique, la littérature ou la peinture : était-ce mieux avant ? Pour le cinéma, puisque c’est l’objet de ce blog, je vous suis et ose répondre que oui. Je ne vois pas tous les films qui sortent mais les grandes claques dans la gueule ne sont pas légion. Pour un THERE WILL BE BLOOD ou un Eastwood, combien de médiocrité et de nullité ? Quand on regarde dans le rétro, retrouvera-t-on un jour des grandes années cinéma comme 1939, 1941, 1946, 1954, 1959, 1960, 1965, 1969, 1970, 1972, 1975 … Enfin, les cinéastes contemporains sont-ils au niveau de ceux d’avant ? Il est évident que des génies comme Chaplin, Welles, Keaton, Ford, Hitchcock, Renoir, Carné, Duvivier, Kurosawa, Bergman, Fellini, Walsh, Kubrick, Wilder, Hawks, Lang… (la liste est longue) ne sont pas prêts d’être supplantés. Je pense simplement que le cinéma américain (que nous chérissons tous) ne domine plus artistiquement et que certains pays, inexistants auparavant, arrivent au 1er plan de la création : Belgique, Corée du Sud, Mexique… L’Italie semble renouer avec les 70’s, la France se contemple moins le nombril. Il y a donc des raisons d’espèrer, mais je crois que les âges d’or (westerns, musicaux, comédies, guerre, science-fiction, drames sociaux) sont révolus et bel et bien derrière nous. Je compte quand même sur Messieurs Tavernier et Ballantrae pour apporter un jugement plus nuancé.
Le hic, c’est qu’au fil du temps, la notion de rêve s’est bien transformée. Le génie de Ford ne distille plus son « rêve » depuis pas mal de générations. C’est dur à avaler, mais ce qui nous faisait pleurer secouerait de rire ou de ronflements n’importe quelle classe d’école, de collège, de lycée ou de fac d’aujourd’hui. Montrez « la prisonnière du désert » à un étudiant, même de section cinéma, il n’y verra qu’une performance « chiante » d’un autre âge…
A Minette,
Ce n’est pas faux mais cela joue plus contre le public moderne que contre les films. Ce même public sera incapable de lire Balzac ou MOBY DICK. Cela dit, si on leur explique le film, ils sont toutn à fait capables de l’accepter et de le comprendre. Il s’agit souvent d’une prévention à priori et aussi d’un manque de cultures. On ne leur donn e pas tous les outils. Nous aussi, on était confronté à des films qui nous étaient de prime abord, très étrangers (les Mizoguchi, les films muets) mais en s’immergeant on entrait dans ces oeuvres et la récompense était immense. La culture c’est aussi un travail et on a trop mis en avant la facilité, la rapidité comme étant des valeurs importantes.
Entièrement d’accord avec Bertrand Tavernier. Nous sommes désormais dans la culture du « jetable » et le cinéma n’y coupe évidemment pas : le public moderne aura tendance à regarder ou télécharger des masses de films sur internet et les ingurgiter les uns après les autres sans aucun esprit critique ou d’analyse. Gavés mais jamais rassasiés… Combien de cinéphiles parmi les millions de spectateurs payant une place à 11 euros pour aller voir le dernier blockbuster : peu, c’est certain…
Et pourtant, j’ai eu de nombreuses fois l’occasion de faire partager ma passion à des neveux ou nièces de 14-15 ans : quel plaisir de voir ces jeunes amateurs élevés aux films gores frissonner devant PSYCHOSE; les entendre reparler de BEND OF THE RIVER de Mann vu la veille ou encore les voir « scotchés » devant le premier Mabuse muet de Lang.
Exemples parmi d’autres qui montre que rien n’est perdu… Encore faudrait-il permettre à cette curiosité de s’épanouir !
A Damien
Entièrement d’accord
Puisqu’il est question de comparer le cinéma et la musique, j’ai toujours trouvé Ford et Verdi très proches, peut-être parce qu’ils avaient tous deux Shakespeare comme maître. Prenez « Don Carlo », la « Force du destin » ou « Luisa Miller », tous les ingrédients du western y sont ( hormis le far-west lui-même)et le génie en plus. On pourrait citer Wagner, ne serait-ce que pour la notion de leitmotiv, que Ford utilisait en images et parfois aussi en thème musical ( « liberty valance », » vers sa destinée »…). Amusant, non, Giuseppe Verdi en précurseur du western américain !
A Minette
C’est drole Verdi. Moi j’ai souvent comparé Ford à Bechet ou Amstrong qui ont tant (tout ?) inventé, dont on a moqué le sentimentalisme pour redécouvrir vingt ans après la pureté, la concision de certains morceaux (le Summertime de Blue Note, le sublime Blus in third pour Bechet, le West end Blues d’Amstrong). Leurs derniers disques avaient été violemment attaqué (même Amstrong plays Handy à cause de Barret Deems, un batteur qu’admirait Tony Williams) et maintenant tous ces disques recoivent 4 étoiles. Le lyrisme de Ford me fait penser à ces deux musiciens et aussi ce sentiment d’appartenance et de nostalgie
Sur Ford et la musique, c’est vrai que le lyrisme des jazzmen que vous citez rappelle celui de Ford et de…Verdi ! Je ne voudrais pas faire de H.S., mais Verdi n’a pas que des thèmes et des situations de western en commun avec Ford : lui aussi est un vrai recréateur de genre et sans doute un des premiers cinéastes dont la caméra s’appelait « partition ». Avant lui, les meilleurs compositeurs d’opéra ne pensaient guère au « montage » et laissaient traîner d’affreux temps morts, voire des moments de remplissage plus pénibles qu’autre chose. Chez Verdi, comme chez Ford, pas de temps morts, le souci du rythme, et pas de moments ou de « plans » qui ne servent pas à quelque chose. Tout concourt à un projet, tout s’achemine vers une intention précise. L’alternance du rire et des larmes, de l’intensité dramatique et de la détente…sans parler de la thématique, de l’amour des relations psychologiques, de la mélancolie…je m’arrête avant de vous barber franchement, mais en vous remerciant encore d’avoir réagi à ma remarque.
Merci Bertrand pour l’info sur le rachat des droits d’exploitation RKO par le groupe Turner. Après recherche, il n’y aurait apparemment pas de désengagement avec les éditions Montparnasse pour l’édition vidéo. Voir à ce sujet la page 2 du fichier ci-joint
http://www.satellifax.com/lettre/gratuit/1d3ba172d72ac512045d0e785b35bc710023833d/2011-04-21.pdf
Ladykillers par ailleurs n’est pas terrible et souffre terriblement de la comparaison avec le joyau de Mac Kendrick (dont il faut absolument découvrir en salle le sublime a high wind in Jamaica…ne vous en déplaise LE plus beau film de pirates y compris face aux jouissifs films de Curtiz).
Dans le registre comédie pure , les coen peuvent se tromper, alourdir la sauce: The hudsucker proxy m’avait déçu car il me semblait très théorique dans son projet de revenir vers Capra de manière formaliste, j’ai absolument tout oublié de intolérable cruauté, O’Brother était alléchant et semble lourdaud en dépit d’une mise et de choix photographiques souvent très beaux!
Heureusement arizona junior sait retrouver l’esprit du cartoon cher à Jerry Lewis ou Tashlin. Heureusement Big lebowski offre une geste dérisoire en l’honneur des traine savates revenus de tout avec un formidable J Bridges.
La meilleure comédie des Coen reste effectivement jusqu’à présent THE BIG LEBOWSKI avec sans doute le meilleur rôle de Jeff Bridges… Je ne connais pas A HIGH WIND IN JAMAICA de Mackendrick et vous m’incitez à le voir.
A Damien
Courrez y, c’est un chef d’oeuvre et voyez tous les Mackendrick, whisky à Gogo, l’HOMME AU COMPLET BLANC et même le passionnant MANDY
Merci Bertrand. J’avais adoré L’HOMME AU COMPLET BLANC et trouvé très drôle WHISKY A GOGO. Je vais essayer de trouver les autres Mackendrick cités et LE GRAND CHANTAGE que je n’ai toujours pas vu.
A DAMIEN
C’est un chef d’oeuvre qu’on ne se lasse pas de revoir et une photo sublime de James Wong Howe
Je n’ai jamais franchement accroché aux comédies anglaises de Mackendrick (malgré leur distribution de grande classe) ce qui fait que j’ai eu l’impression de découvrir un tout autre cinéaste avec LE GRAND CHANTAGE, film exceptionnel, d’une noirceur et d’un cynisme impitoyables et où Curtis et Lancaster sont géants. Il me tarde de découvrir enfin ce CYCLONE A LA JAMAIQUE dont je n’entends dire que du (très) bien.
Sur le savoir-faire d’Hathaway dans True Grit, avez-vous remarqué que le père de Mattie ressemble un peu à John Wayne ?( Bien sûr pour justifier le futur attachement de la jeune fille pour Cogburn ) Et puis j’adore le temps que le film met pour expliciter l’affection de l’héroïne pour ce père : elle ne pleurera qu’alors qu’on ne s’y attend pas, dans la solitude d’une petite chambre, et après s’être montrée froide et détachée devant d’autres personnes chez le croque-mort. Quel beau moyen d’être pudique et de dessiner un personnage à la fois !
Je n’ai pas vu le Coen’s True Grit, mais les frangins m’ont tellement agacé à se défendre de devoir quelquechose au Hathaway (eux qui loupent un film sur deux), et Bridges d’affirmer ne pas vouloir faire du John Wayne, que ça me donne envie de revoir celui-ci! En fait, tout le monde a oublié le film de 69, parmi les journalistes de médias français (au contraire de leurs confrères Américains chez qui Wayne est encore une figure vivace) chargés de présenter le Coen, d’où je me dis que les Coen ont peut-être plus fait contre eux que pour eux!
Ethan Coen insistant sur le fait que le True Grit 1 est démodé (il parle de la b.a.):
« Ethan Coen hasn’t watched it since. « I saw the trailer for it on the internet and I thought wow – that is wow – wow! It’s of its time. » Sympa, Ethan.
J’attendrai pour le True Grit 3 qu’il soit à ma médiathèque, Mr Freycon m’a convaincu que c’était pas urgent. J’ai mis True Grit 3 exprès car j’aimerais bien découvrir le 2, un tv film de Richard T Heffron de 78, avec Warren Oates en sherif borgne et bourru. Il ne reprend que les deux personnages du roman, le sherif et la gamine, c’est une autre histoire si j’ai bien compris. Qui sait? C’est peut-être le meilleur True Grit? True? Untrue? En tout cas, c’est avec Warren Oates, et c’est pas rien! Merci pour les développements de bretteurs avertis!
Merci Martin Brady pour ces renseignements. Vous devriez aussi acheter le magnifique roman de Tom Lea avec ses dessins qui a été publié par une édition universitaire (THE WONDERFUL COUNTRY) si vopus ne l’avez pas
C’est noté, mr Tavernier, j’ai justement relu votre lettre à JP Coursodon (p 369 de Amis Américains), je viens justement de découvrir un site où on trouve des bouquins américains d’occase à des prix joyeux, j’y ai commandé l’autobio de Ernest Borgnine! Le livre de Tom Lea est donc sur ma liste. Pour le film de Parrish, merveilleux (la conversation entre London et Mitchum semble sortie d’un roman sentimental du XVIIIème!), apparemment, on ne trouve qu’un dvd édition espagnole!
A MartinBrady
Puis je vous conseiller le livre qui a donné lieu à THE LAST FLIGHT de Dieterle écrit par John Monk Saunders, Nikki and her two lovebirds
Avec Warren Oates? ça fait bigrement envie. (J’ai revu hier soir le formidable « the shooting » de Monte Hellman et étais même en pleine rétrospective Warren Oates…) Reste à savoir si c’est trouvable. Je me lance à sa recherche. Thank you Martin Brady! (Peut-être qu’il sortira en bonus du dvd very ultimate director’s cut du « true grit 3 », qu’on s’offrira uniquement pour enfin découvrir le rarissime « true Grit 2 »)
> B Tavernier: damn! Me voilà avec un plein de lecture qui va me mener jusqu’à la rentrée! Merci. Je suis en train de me régaler avec la biographie de Wyatt Earp (de C.Tefertiller) dans laquelle j’apprends que les cowboys dans les maisons de jeu du Kansas jouaient de l’argent à quoi? Poker? Mais non: au bingo! (sorte de loto aussi appelé keno). C’est incroyable, voilà le genre de détails que les cinéastes devraient saisir au lieu de cultiver toujours les mêmes clichés, et les sherifs comme Wyatt Earp avaient pour consigne de la part des édiles de ne pas tuer les fauteurs de trouble, car ils rapportaient de l’argent à la ville par les taxes municipales sur la prostitution par exemple! Alors ils leur tapaient plutôt dessus à coups de crosse de pistolet. Ouyouyouye! Ils appelaient ça « buffaloing »!
J’avais adoré The Last Flight, je mets le livre de Saunders au bas de la même liste, donc!
> JC Freycon: ce qui me confirme que les Coen auraient mieux fait de ne pas attirer l’attention sur le True Grit 1 (TG1 pour les initiés!), le TG2 devrait être très difficile à dénicher, je ne vois aucun dvd, même pas dans une édition moldo-slovaque avec sous-titres espagnols, je ne sais pas si ça a jamais été distribué à la tv française. C’est un téléfilm, Leonard Maltin ne daigne donc pas le commenter. Warren Oates (1928-1982) était un génie, tout simplement, un jour, j’écrirai un bouquin pour le prouver. Sa présence dans une seconde de pellicule justifie à elle seule la venue au monde de Louis et Auguste Lumière!
Vous m’avez l’air de connaître un peu le rayon, vous? Comme un type qui aurait écrit le 1er livre au monde sur Monte Hellman… mmm… je me demande… non, ce n’est pas possible, pourtant… Je me sens comme Edward Everett Horton cherchant où il a bien pu rencontrer déjà Herbert Marshall dans Trouble In Paradise, vous voyez?…
Bon, à bientôt les cinéphiles érudits! Au plaisir de vous relire sur ce blog passionnant!… Je repars au galop!
D’accord pour le « True Grit » des Coen Bros, trop de références tuent le film, la partition utilisée dans « La Nuit du Chasseur » particulièrement, ce n’est pas un Coen que j’ai envie de revoir à la différence de la majotité de leur autres films
Sinon au niveau comparaison génerationnelle, j’aime bien Tarantino (Jackie Brown, Pulp, Kill Bill) mais je le trouve beaucoup plus limité dans son(ses) propos; les frères Coen, même si leurs films sont par définition variés en genre car référentiels, ont des mises en scéne, des choix de cadrages et des acteurs qui font qu’ils peuvent toujours être surprenants, Tarantino fait avec ses références, les Coen jouent avec, et c’est ça qu’est bien
Bonjour Bertand Tavernier,
Dans votre chronique du 21 Avril, vous faîtes référence au film « La ferme des 7 péchés » de Jean DEVAIVRE. Si ma mémoire ne me trahit pas, il semble me souvenir que vous l’aviez diffusé dans le cadre d’une soiré DEVAIVRE sur Arte, couplé avec « La dame de onze heures ». J’ai les enregistrements VHS de cette soirée, mais ces deux excellents films sont toujours inédits en DVD. Aucun éditeur ne semblant porter le moindre intérêt a ces titres, ne serait-il pas possible, avec le concours de l’institut Lumière, comme vous l’avez fait avec les merveilleux POWELL / PRESSBURGER, d’envisager que ces deux films tombent dans l’oubli d’une génération trop jeune pour les avoir découverts en salle ou à la cinémathèque…..
I don’t know of how much historical interest this might be in France, but this afternoon while watching a Madacy DVD of a DRAGNET episode from 1952 (« The Big 17 »),I came across what I think may be the first example of directorial name checking in American television.A group of typical hitherto docile 1950s American teenagers, hopped up on marijuana,trash a movie theatre,rough up the manager,possibly blind one of their own number by tossing him through a glass case,and,as the episode progresses,are irrevocably headed toward heroin addiction.The current attraction in the theatre in which all this debauchery takes place is showing Marcel Pagnol’s THE PRIZE. To an audience of American teenagers. In 1952. I put it to you that Jack Webb was,and is,one of the premiere American surrealists. Best, Michael Rawls
Great Michal. Where can one see this episode
M. Tavernier, If you go to amazon.com and type in dragnet madacy as your search words, you will find THE BIG 17 available in the number one choice , a 5 disc set with 24 episodes, and the number 3 choice (the one that I have) , a two disc set with ten episodes. I would bet that the transfers on the 5 disc set are identical to the ones on my set. The series is in the public domain and the transfers do not look like a Fox Noir Preminger movie but are certainly on a par with how the show looked in syndication. That is, acceptable. I hope you don’t have to wait too long for delivery. Best, Michael
on peut connaître le cinéma américain des années 40/50/60 et considérer Henry Hathaway comme un simple artisan.
Bref, on peut ne pas avoir les mêmes goûts que vous…
A Christophe, bien sur. Il semble pourtant maintenant que beaucoup d’études EN FRANCE, AUX USA, EN ANGLETERRE, EN ESPAGNE ont montré les points forts de l’oeuvre de Hathaway, la manière il remodelait des sujets, collaborait aux scénarios, changeait la distribution avec souvent des idées plus brillantes que celles des producteurs bref qu’il y avait des liens thematiques, émotionnels, stylistiques, UNE COMMUNAUTÉ DE TON, DE POINTS DE VUE, MIS À JOUR L’IMPORTANCE DE LA VIOLENCE ET DES ARRIÈRES PLAN RELIGIEUX entre DARK CORNER, 14 HOURS, CALL NORTHSIDE, KISS OF DEATH, RAWHIDE, FROM HELL TO TEXAS, SOULS AT SEA, GARDEN OF EVIL QUI CONTREDISENT L’IDÉE D’UN ARTISAN. MAIS TOUT LE MONDE EST LIBRE. IL Y A DES CRITIQUES QUI VOIENT BERGMAN COMME UN POSEUR, D’AUTRES QUI ONT DETESTÉ BUNUEL OU HITCHCOCK PENDANT 30 ANS. Est ce qu’un artisan irait trouver Faulkner pour lui demander d’écrire un scénario sur la venue du Christe durant la guerre de 14 18 qui en ferait le soldat inconnu ?
Par delà cet argument, ses films plaident pour lui ne serait-ce que Peter Ibbetson qui atteint le génie et m’apparaît comme l’un des plus beaux titres des 30′ et pas simplement grâce à Charles Lang: tout y est génial et un chef d’ouvre ne se crée pas « malgré » le cinéaste!!!
Même si d’aventure un cinéaste donne le meilleur de lui-même une seule fois (et Hataway n’est pas dans ce cas bon sang!), cela devrait suffire à lui rendre hommage comme il se doit:
-Laughton n’a fait qu’un film
-Mallick en est à son cinquième opus
-Ritt mérite qu’on le célèbre ne serait-ce que pour ses Molly Maguires
-Vigo a peu tourné
-Tarkovski et Paradjanov ont su imposer leur génie avec moins de dix films
Pour conclure, je crois que BT ne cesse d’aller dans le sens d’une modération des avis péremptoires un peu comme M Ciment. il serait plus judicieux de s’en prendre aux pseudo critiques du cercle le monde:les inrocks/libé qui eux évacuent avec une mauvaise foi même pas brillante des auteurs importants parce que c’est « fun » et tellement original.
Je serais moins ouvert que vous Bertrand et dirai qu’un critqiue qui dénie à un Bunuel ou un Bergman leur importance est indiscutablement un rigolo. Qu’il n’aime pas est une autre affaire mais je crois qu’on peut en tant que professionnel faire le distingo entre importance et goût personnel par une analyse un minimum structurée (je ne suis pas un professionnel mais sait voir l’importance d’un Antonioni alors que mes goûts ne me portent pas vers lui! plus récemment, le cinéma d’un Haneke me semble stimulant même si je n’aime vraiment pas Benny’s video ou Funny games ou encore 71 fragments d’une chronologie du hasard. un critique devrait savoir utiliser des modalisateurs dans ses textes!).
Etre un artisan peut aussi ne pas être aussi péjoratif que Christophe le laisse entendre, du moment que la conscience professionnelle le pousse à faire du bel ouvrage et à ne pas travailler comme un tâcheron. En cela Hathaway n’était pas (et de loin) un « simple » artisan…
Je me rappelle l’anecdote que Bertrand Tavernier avait raconté dans le bonus dvd de BARBE BLEUE d’Ulmer : voilà un réalisateur qui poussait la conscience professionnelle et artistique jusqu’à réaliser de magnifiques petites marionnettes pour son film (qui ne seraient au final qu’aperçues par le spectateur, voire ignorées). Il avait beau n’être que l’artisan de la modeste « fabrique » PRC, il n’en était pas moins artiste…
Monsieur Tavernier,
je ne m’adressais pas particulièrement à vous mais à vos commentateurs dont le ton était nettement plus virulent que le vôtre envers ceux qui ne considèrent pas Hathaway comme un cinéaste majeur. La destination de mon message n’était pas claire, veuillez m’excuser de ne pas maîtriser complètement votre blog.
Maintenant, pour répondre à votre message, je ne juge pas de l’importance d’un cinéaste au nombre de pages qui lui ont été consacrées par les gratte-papiers du monde entier. Comme le disait excellemment votre ami Michel Mourlet dans la préface de son livre sur Cecil B.DeMille, tout devrait être dit sur un artiste en moins de quatre pages. Un grand cinéaste a pour lui la force de l’évidence. Il y a par ailleurs avec le temps qui passe une tendance à la réévaluation générale et à l’uniformisation des goûts que je trouve pour ma part fort dommage. L’histoire du cinéma n’est pas un musée et j’aime que les réputations n’y soient pas incontestables, c’est ça qui la rend VIVANTE. J’aime quand Lourcelles dézingue Rohmer (que j’adore pourtant), j’aime quand vous brocardez la vanité de Cukor au début de La chevauchée de Sganarelle, j’aime l’article « Leçon d’un échec » où Mourlet démonte parfaitement le système Bresson…Bref j’aime la critique quand elle exprime un goût.
C’est tout à fait votre cas quand vous faites l’éloge d’Hathaway puisque chacun sait que vous avez été un de ses premiers thuriféraires.
Mais je ne suis pas pour autant convaincu que ce que vous retenez suffise à le distinguer de ses pairs.
« L’importance de la violence », on pourrait en dire autant de nombre de réalisateurs de polars à commencer par Fuller, Walsh ou Lang qui sont des cinéastes autrement plus importants, vous en conviendrez.
Je trouve qu’Hathaway s’appuie essentiellement sur les conventions du genre, des conventions auxquelles il n’insuffle pas une substance humaine, morale ou dramatique qui suffise à les faire oublier(je songe ici à Anthony Mann): c’est ce qui en fait un artisan à mes yeux. Dès qu’il s’éloigne des balises hollywoodiennes, il échoue. Ainsi, QUATORZE HEURES que j’avais vu suite à vos dithyrambes m’avait déçu car il développait d’une façon molle et attendue une idée originale. Et je n’ai jamais été convaincu par PETER IBBETSON, machine onirique qui manque de l’incarnation qu’aurait pu insuffler un Frank Borzage…
Evidemment, ma connaissance de l’oeuvre d’Hathaway est bien plus superficielle que la vôtre et ainsi l’importance des arrières-plans religieux m’a échappé dans LE CARREFOUR DE LA MORT (le film que je considère comme le meilleur de ceux que j’ai vus signés Hathaway).
La qualité que je retiendrais d’Hathaway, c’est une certaine sécheresse d’exécution. C’est une qualité selon moi emblématique de beaucoup de films de l’âge d’or hollywoodien et ça ne me suffit pas à le placer au niveau des grands. D’ailleurs, c’est une qualité que l’on retrouve beaucoup moins dans les travaux d’Hathaway réalisés après l’âge d’or des studios (voir le cabotinage de John Wayne et le nombres de péripéties inutiles dans TRUE GRIT).
Les arrières plans religieux apparaissent de temps en temps comme un leitmotiv, de même que la violence qui est plus seche voire sadique chez Hathaway que chez la plupart de ces contemporains (la mort de la grand mère dans KISS OF DEATH. Par exemple, on trouve de nombreux films où cette violence s’exerce autour, à cause, contre un enfant. Jusque dans SOULS AT SEA où c’est une petite fille qui met le feu au bateau et périt dans l’explosion qui suit. Du coup, une idée un peu lénifiante, une scène qui allait verser dans le sentimentalisme, se retourne. On trouve cela dans RAWHIDE, TRAIL OF THE LONESOME PINE, voire le décevant SHOOT OUT.
Wayne dans TRUE GRIT joue le personnage décrit par Portis, quelqu’un qui aussi joue un rôle et c’est ce qui attire Mattie. Je ne vois pas de péripéties inutiles dans aucun des deux TRUE GRIT, les scènes qui s’évadent de l’intrigue, les disgressions proviennent de Portis
Le suicide de Basehart qui concluait 14 heures n’était guère attendu bien que le dvd contrairement à la copie montrée au Studio Parnasse qui groupait les deux fins, l’ait étrangement omis.
Une chose suffit à distinguer déjà Hathaway : ces intuitions fulgurantes de distribution qui le font virer Wilcoxon pour prendre Franchot Tone, découvrir Richard Widmark, vouloir réunir après NIAGARA, Marilyn et Clift, choisir James Mason pour Niagara, Sally Field pour TRUE GRIT
Et ne trouvez vous pas que le dernier tiers de KISS OF DEATH, ré écrit et retourné à la demande d’Hathway qui choisit Philippe Dunne pour l’écrire, parle de rédemption et de sacrifice ?
De toutes façons, il ne faut pas chercher à convaincre. Vous avez une opinion qui vous est personnelle et qui est respectable mais voyez aussi THE DARK CORNER que je trouve supérieur à KISS OF DEATH. Dans le dvd américain de CALL NORTHSIDE, il y avait une très bonne analyse, des principes, des idées de découpage qu’on retrouve chez Hathaway.
bonjour monsieur Tavernier,
Il me semble que la violence sèche et sadique se retrouve dans nombre de polars hard-boiled signés Fuller (souvenez vous l’assassinat du gosse dans Underworld U.S.A), Siegel ou Karlson. Certes, ces films sont généralement sortis après 1947. Le carrefour de la mort aurait-il ouvert une vanne en ce qui concerne la violence au cinéma?
Dark corner, c’est L’impasse tragique? si c’est ça, je l’ai vu. Je me souviens d’une impressionnante lumière très contrastée mais en dehors de ça, j’avais préféré Le carrefour de la mort qui est pour moi un fleuron du film noir, disons que je le place dans mon top 20 du genre. Je me souviens d’un scénario parfait.
Hathaway conventionnel ? Pensez aux petits détails tuants du »jardin du diable » par exemple : les Indiens invisibles dont la menace pèse sur notre subconscient depuis le début ( une fumée lointaine, les feuilles de palmier qui ressemblent à des plumes, les arbres desséchés à des squelettes) Et puis, autre exemple, cette façon de s’attarder sur la poêle à frire du mexicain dévalant le précipice, pour un effet d’ordre purement musical…Ce genre d’idées n’est pas si fréquent chez les réalisateurs.
A Christophe :
Pour ce qui est d’une nouvelle représentation de la violence dans le cinéma américain d’après 1945, je pense que la vanne fut d’abord déclenchée par le passage de la guerre (et sa représentation dans les actualités que les spectateurs pouvaient voir au cinéma en avant-programme, même si ce n’était évidemment pas aussi cru que ce que nous voyons de nos jours). En même temps, c’était déjà un vieux débat qui fut une des causes de l’application du code Hays. Je ne retrouve plus le site mais j’étais un jour tombé sur la reproduction d’un article passionnant du début des années 30 où Ernst Lubitsch avait été interviewé sur ce sujet.
Bravo pour avoir cité le docu de M M Robin vu sur Arte et qui fait suite à son admirable enquête Le monde selon Monsanto avec le même souci d’exactitude, de pédagogie (elle nous prouve que tout citoyen qui chercherait à tirer sérieusement un fil pourrait lui aussi dévider la pelote du secret!).Je suis ravi que par delà la cinéphilie pure et dure je puisse vous rejoindre sur des préoccupations et engagements citoyens qui me tiennent à coeur!
Dans le domaine environnemental, n’oublions pas le scandale du nucléaire auquel arte a consacré d’autres documentaires exceptionnels de rigueur et de lisibilité: je ne citerai que Déchets, le cauchemar du nucléaire d’Eric Guéret chez Arte éditions largement appuyé sur les investigations courageuses de la CRIIRAD, ce labo indépendant qui oeuvre depuis Tchernobyl pour créer une info objective envers et contre tous.
Sans vouloir en rajouter, le désastre de Fukushima (dont la plupart des experts honnêtes disent qu’il dépasse Tchernobyl et pourrait signifier la « fin » du Japon tel que nous l’avons connu compte tenu de la configuration géographique et tectonique de l’île) doit alerter les Français sur un désastre prévisible et similaire. A quand une vraie fiction française qui prendra en charge notre exception nucléaire indéfendable?
A cause de la prestation réputée de David Warner (qui est un de mes acteurs préférés) dans MORGAN de K.Reisz, j’ai toujours eu envie de voir ce film aux allures surréalistes, vous me le remettez en mémoire…
La 1ere fois que j’ai vu Mr Warner au cinéma, c’était dans PROVIDENCE …j’en profite pour dire une nouvelle fois à quel point il est incompréhensible que ce grand film ne sois toujours pas édité.
Il est honteux qu’on ne puisse trouver Providence en DVD!!!Lorsque cela se fera, j’attends une déition aussi copieuse que celles de hiroshima et Muriel chez arte sur lesquelles je reviendrai car j’ai découvert récemment Guernica un court métrage admirable de Resnais à la croisée de Picasso et Eluard.
Même quand il faisait court, Resnais était déjà un immense cinéaste!
Le talent de Resnais dans le court est tout aussi admirable dans NUIT et BROUILLARD, qui reste avec SHOAH, le chef-d’oeuvre indépassable sur les camps de concentration.
Oui et dans Les statues meurent aussi ou le méconnu chant du styrène sur un texte formidable de Queneau.
Je revoyais avec un plaisir intact cette semaine Mon oncle d’Amérique qui demeure un bijou de drôlerie et d’intelligence.
Vous aurez sans doute l’occasion de voir aussi TOUTE LA MEMOIRE DU MONDE qui est avec NUIT ET BROUILLARD mon court préféré de Resnais (en bonus du coffret HIROSHIMA MON AMOUR d’arte video).
Merci Damien, je ne manquerai pas d’emprunter à ma médiathèque le coffret d’HIROSHIMA MON AMOUR afin de découvrir ce court-métrage.
M. Tavernier: It’s wonderful to have at last found someone who shares my lack of enthusiasm for RANCHO NOTORIOUS. Virtually the only amusement to be had from the film is Taradash and Lang’s exploitation of Dietrich’s rhotacism (inability to pronounce the letter « r »). Dietrich’s order to « Wide to the Widge Wanch! » justifies enduring a great deal of tedium. It’s a shame she couldn’t have met Arthur Kennedy while hunting wabbit (« Be vewy vewy quiet…). As for Mel Ferrer…something crippled in his personality made him absolutely right for LILI and he squeaked by in THE SUN ALSO RISES,but the reason for the remainder of his career is a mystery to me. And by the way, John Simon has some nice things to say about you and LA PRINCESSE DE MONTPENSIER over at his uncensoredsimon.blogspot. Best, Michael Rawls
Thank you Michael
Merci de parler de TERROR IN A TEXAS TOWN que je n’ai vu qu’une fois à la télévision et dont j’avais oublié le titre. Le duel avec Sterling Hayden et son harpon m’était toujours resté en tête !
Entièrement d’accord avec vous sur LA CIBLE HUMAINE, avec un (anti)héros dont l’ambigüité est admirablement rendue par Peck.
Deux autres films sont sortis en France chez Universal avec Audie Murphy DUEL SANS MERCI et UNE BALLE SIGNEE X. Le premier est un western « à la chaîne » de Don Siegel qui se laisse regarder sans déplaisir et la photo d’Irving Glassberg est somptueusement rendue dans la copie du dvd. Le second m’a agréablement surpris : western noir et un des meilleurs films de Jack Arnold avec IT CAME FROM OUTER SPACE et L’HOMME QUI RETRECIT…
J’ai vu avec plaisir TRUE GRIT des Coen mais encore une fois : pourquoi céder aux sirènes du remake. Ces derniers fleurissent par paquets à Hollywood depuis 10 ans surtout dans le cinéma de genre (horreur, western). Solution de facilité pour les frères Coen qui avaient pourtant l’habitude de nous surprendre un peu plus ou manque d’inspiration ?…
J’ai trouvé la première partie du film qui se passe en ville, manquant passablement de rythme dans le remake. J’avais gardé un bon souvenir du film d’Hathaway mais il faudrait que je le revois.
A Damien
DUEL SANS MERCI est un western de série que j’ai toujours trouvé totalement anodin jusque dans le choix des extérieurs. Cher Damien, Hollywood a toujours pratiqué les remake : 2 versions du Faucon Maltais avant le Huston, 1 au moins de MURDER MY SWEET. Et les remake des films français, de L’ÉQUIPAGE au JOUR SE LEVE, LA CHIENNE, PIEGES… HIGH SIERRA refait trois fois.
Oui, j’ai exagéré mon propos : les remakes existent même depuis l’existence du cinéma (remakes de films de Meliès par exemple..). Il est vrai que c’est même une spécialité d’Hollywood ! Je parlais plus précisément du cinéma d’horreur et de (quelques) westerns qui ont généré plusieurs remakes depuis plusieurs années (notamment ceux des films de Romero, Carpenter, Wes Craven, Friedkin pour le genre horrifique; ou 3H10 POUR YUMA, TRUE GRIT pour le western…). Après, un remake peut être exceptionellement égal ou supérieur à son modèle : LA RUE ROUGE de Lang ne démérite pas face à LA CHIENNE ou le M de Losey par rapport au film de Lang et qui a bonne réputation. Dans un genre totalement différent, certains amateurs considèrent LA COLLINE A DES YEUX d’Alexandre Aja comme très supérieur à l’original de Wes Craven… Le tout étant de ne pas être trop prisonnier du modèle et de rendre le résultat personnel (ce qui n’est peut-être pas tout à fait le cas du film des Coen)…
Nous avons aussi le cas de remake français de films américains ! La plupart des journalistes, accaparés par leurs critiques dithyrambiques sur Jacques Audiard et Romain Duris, ont oublié que DE BATTRE MON COEUR S’EST ARRETE est un remake de MELODIE POUR UN TUEUR (« Fingers ») de James Toback, réalisé en 1978 avec Harvey Keitel.
Oui il faut citer et voir les deux Lang remakes de Renoir: La rue rouge(La chienne) et human desire (La bête humaine).Les quatre films sont magnifiques et leur comparaison est passionnante.
On peut rajouter un degré de palimpseste en rappelant qu’à l’origine des Renoir se trouve un roman: la comparaison zola/Renoir/Lang est très stimulante (je n’ai pas lu le texte de La fouchardière et ne sais ce qu’il vaut).
Pour le cas de Portis, le roman est passionnant et très semblable à ce qu’en restituent les deux films y compris pour les dialogues.
Après , je trouve que le systématisme actuel du remake aux USA (qu’on doit croiser avec les sequels, préquels, reboots, recours à des franchises de jeux, jouets et attractions Disney ) peut inquiéter quant à la vitalité du ciné US.Vous parlez du remake du film de craven qui est une exception (l’original est assez mauvais!) : considérez donc les remakes des Carpenter,l’idée incongrue de remaker des comédies musicales des 70′ ou 80′, les remakes de films européens ou asiatiques de genre (REC, les Ring, Dark water, morse, etc…).Remakes pour remakes, laissons au moins s’écouler un peu plus de décennies!
Le fait de choisir un roman ou une nouvelle participe d’un tout autre dynamisme cf le coup d’éclat de P T Anderson pour there will be blood qui n’est pourtant inspiré que par le début du roman.
que les financiers se rappellent que Méridien de sang de Mac Carthy, Pourfendeur de nuages de Banks,American tabloid d’Ellroy sont de l’or en barres scénaristiquement et qu’ils n’oublient pas de choisir le bon cinéaste!
New Mexico (the deadly companions plutôt) est loin d’être un chef d’oeuvre même si on peut déceler ici et là des touches discrètes du génie à venir (je pèse mes mots).
Ride… en sera un, Wild bunch , Pat Garett aussi dans le genre westernien.Major dundee n’en est pas loin et Cable Hogue est hors genres , le cadre westernien n’étant qu’une toile de fond.
Filmo assez restreinte (seulement 13 titres)certes mais souvent brillante.
Pour en revenir à True grit, j’ai bien envie de revoir Mac Cabe pour bien mesurer la grandeur de ce film auquel j’ai songé en voyant le début dans la ville.
Bonjour Bertrand,
Encore un menu de choix qui brille par son éclectisme!
Impossible de réagir à toutes les pistes ouvertes en un seul mail.
Pour ce qui est de True grit, toutes vos remarques sont intéressantes et mûrement pesées:
-scénaristiquement, peu de différences pour la simple et bonne raison que les deux oeuvres sont effectivement fidèles au beau livre de Charles Portis mais ces différences sont de taille notamment l’élimination de Laboeuf ou la fin dans le Hataway très fordienne (tandis que celle des coen évoque irrésistiblement Unforgiven d’Eastwood. D’un point de vue strictemnt dramatique, ces libertés du Hataway sont plus intéressantes
-visuellement, le Coen est souvent plus brillant que le Hataway qu’il s’agisse du jeu des distances(la charge de Cogburn vue depuis la butte est assez impressionnante), des fondus enchaînés lors de certains trajets (le sens du cadre fait merveille pour faire aller les personnages de diagonales gauche/droite en diagonales droite/gauche), de paris esthétiques un peu fous (la chevauchée nocturne vantée ici et là à juste titre est effectivement irréelle, onirique et fait écho au leitmotiv musical « leaning on everlasting arms » que -quoi qu’en disent les Coen- on ne peut qu’associer à La nuit du chasseur)
-si vous ne l’avez vu (ce dont je doute), je vous invite à découvrir le Dead man de Jarmusch qui semble une source d’inspiration parmi d’autres du Coen notamment pour l’homme-ours ou pour le filmage de la découverte du pendu et une certaine manière de capter l’errance (comme un rite purement initiatique), l’immobilité des personnages, le primat de la parole sur l’action,etc…Dead man m’apparaît au fil des re-visions comme un très grand film alors qu’il m’avait vraiment désarçonné à sa sortie
-il est abusif de qualifier Hataway de besogneux mais son True grit sans équivaloir les véhicules wayniens du style Une bible et un fusil, les comancheros, etc…n’est pas un opus majeur d’une belle filmo.Dans le genre , je lui préfère nettement Garden of evil (très hustonien) voire Brigham Young.True grit version Hataway est agréable, ouvert aux influences (je vois une très nette influence de Ride the high country de Peckinpah).
True grit -le roman n’est-il pas selon vous une possible source du brillant scénario du Unforgiven d’Eastwood dont la sécheresse s’inscrit en surimpression plus d’une fois sur les deux True grit en les contemplant?
Je ne pense pas que True grit 2 soit un chef d’oeuvre coenien au même titre que Miller’s crossing (qui révolutionnait pour le coup le genre!),Barton fink ,The man who wasn’t there Fargo ou no country
A Ballantrae
J’ai beaucoup plus aimé le Hathaway en le revoyant, même s’il n’est pas aussi fort, aussi égal que LA FUREUR DES HOMMES qu’on oublie toujours
Je ne le connais pas!
Ne trouvez-vous pas qu’un des atouts majeurs du True Grit d’Hathaway est de révéler le potentiel comique de John Wayne ? On avait un peu oublié depuis « la taverne de l’Irlandais » que cet acteur pouvait faire rire. En fait, il le fait d’autant mieux par contraste avec les emplois de tragédien où Ford le préférait.
A Minette
Mais Wayne a souvent des moments de comédie avec Ford ou Hawks
Souvent, chez Ford ou Hawks, le clin d’oeil comique a une fonction de détente pour renforcer l’essentiel tragique du film. Ici, dans son rôle de Cogburn, on dirait qu’on essaie de tirer de Wayne toute sa substance clownesque( et peut-être encore plus dans » Une bible et un fusil »)et de la traiter comme l’ingrédient principal.( tiens, c’est vrai, comme dans « le grand Sam », d’Hathaway je crois ?)
Que ce soit chez Ford (insistons sur Quiet man,Donovan’s rief,Rio Grande, she wore a yellow ribbon et Les cavaliers) ou chez Hawks ( Rio bravo, Hatari), Wayne est un acteur qui sait jouer admirablement d’un registre comique!
Dans True grit, ce talent se transmue en cabotinage mais Cogburn chez Portis invite à ce cabotinage. Bridges emboîte le pas à Wayne dans ce registre d’ailleurs.
L’énorme succès américain de True grit me surprend compte tenu du côté peu spectaculaire de l’entreprise.
Parmi les westerns récents, L’assassinat de J James… de A Dominik m’a particulièrement convaincu de même que le méconnu et mésestimé Rédemption de M winterbottom d’après Le maire de Casterbridge de Thomas Hardy (tout aussi réussi que son Jude d’après le même auteur).The proposition de J hillcoat malgré son cadre australien est un magnifique western.
Appaloosa m’est apparu comme plus convenu et Open range avait ses beautés qui cotoyaient quelques lourdeurs.
Apparemment Tarantino veut en faire un…après inglorious basterds, je crains le pire!!!
Sur le talent comique de Wayne, je crois que c’est plutôt un talent de réalisateur, de directeur d’acteur, car Wayne n’avait pas un si grand talent de comédien que cela, même dans le registre tragique ( ça ne l’empêchait pas de crever l’écran). D’ailleurs, je ne crois pas qu’ au naturel, sans être dirigé, cette star ait laissé le souvenir d’un boute-en-train irrésistible…
LA FUREUR DES HOMMES m’avait impressionné étant enfant car on ne peut oublier le lynchage de Don Murray ni l’accumulation de malchance du héros qui provoque cette horreur. Ce western, curieusement ignoré, est une dénonciation sans équivoque de la violence et son propos le rend toujours autant d’actualité. Foncez tous sur le DVD sorti l’an dernier et dont la présentation est assurée par Patrick Brion et notre cher Bertrand.
à Minette :
Je pense au contraire que Wayne fut un grand acteur au registre plus étendu qu’on ne le croit et pas seulement parce qu’il fut dirigé par des géants. Il avait même un certain talent pour le « slowburn » (cette façon irrésistible de réagir avec un temps de retard qui vient des grands comiques de l’écran et dont les rois furent Oliver Hardy et Edward Everett Horton). De plus, sauf erreur, hors écran, Wayne ne passait pas pour être un triste sire (même si il valait sans doute savoir tenir l’alcool pour le suivre dans ses virées mexicaines)…
A Pierre : Les répliques de Wayne sonnent souvent à la limite du faux (en VO bien sûr) et on ne peut lui trouver un registre étendu dans la mesure où on ne lui a jamais vraiment demandé des « compositions ». Le temps qu’il mettait pour lancer ses répliques, c’était de son propre aveu une façon de rester plus longtemps à l’écran. Et puis ce n’est pas parce qu’on mène une vie de patachon qu’on est comique!
A Minette, Wayne a inventé une manière de parler, de dire le texte, de prendre des pauses et pas seulement pour rester plus longtemps à l’écran. Il écoutait et obéissait et respectait ses metteurs en scène, ne faisait pas de numero contrairement à un Kirk Douglas. Je suis sur – et tous les témoignages de Hawks à Ford en passant par Hathaway – vont dans ce sens qu’il était intelligent, plus cultivé qu’on le pense, qu’il travaillait ses personnages – leurs manièrismes, leur façons de s’habiller -, ses scénarios. Topus les té »moignages des acteurs qui jouent avec lui le décrivent comme quelqu’un d’attentif, d’attentionné, de respectueux. 3Il était plus démocratique sur un plateau que bien des comédiens étiquettés à gauche », disait Hathaway. Ses interventions dans le film de Bogdanovich sur Ford sont les plus fines, les plus intéressantes. Et il a joué des personnages très différents : dans le REVEIL DE LA SORCIÈRE ROUGE, il alterne des moments de grande douceur, romantique et une noirceur qui disparaitra des films des années 50, à l’exception de certains moments de THE SEARCHERS. Il ne joue pas du tout pareil dans SHE WORE A YELLOW RIBBONB et RED RIVER.. Les 3 officiers de cavalrie qu’il joue avec Ford parlent, bougent, réagissent differemment, l’un est affirmatif, l’autre mélancolique et désireux de sceller la réconciliation, le dernier est pris dans un conflit familial. Dans une de ses premières productions, le Bagarreur du Kentucky, il engage Oliver Hardy comme partenaire et devient son faire valoir Il a l’intelligence de savoir qu’il n est pas Stewart ou cary Grant et dans la comédie joue le plus souvent en réaction, encore que dans le GRAND SAM. Son intelligence lui fait sentir que dans ce film, c’est Ernie Kovacs qui doit « voler » tous les moments de comédie, qu’un Douglas, Lancaster première période auraient coupé ou fait couper. Sur la fin de sa vie, comme Gabin, il se cala dans ses marques et se figea un peu dans son image. Mais dès qu’il avait affaire à un metteur en scène qu’il aimait, il acceptait de se faire bousculer, de donner la réplique à des acteurs ne faisant pas partie de sa clique (Roscoe Lee Browne avec qui il adora tourner et cette amitié lui permit de supporter le réalisateur Mark Rydell). Scott Eyman qui prépare un livre sur lui m’a dit que les premiers témoignages qu’il avait recuieilli cassaient la légende d’un Wayne monolithique, montraient un homme qui connaissant des milliers de choses sur la mise en scène, la photo, le montag.
Et chère Minette, un acteur doit il obligatoirement se livrer à des compositions (spécialité de Brando qui sombra souvent dans le ridicule, la sottise, l’arrogance, détruisant le film avec lui) ou amener à lui les personnages, s’y fondre pour qu’on ne puisse imaginer personne d’autres, donner une vérité organique à Ethan Edwards, Nathan Brittles, au héros de la SORCIERE la même vérité organique que Cooper, Gabin, ont donné à la quasi totalité de leurs personnages. Doillon me confiait un jour qu’il était exaspéré de voir les jeunes acteurs se pamer devant Dustin Hoffman : « ils n’admirent que des trucs, je leur demande de voir des films avec Cooper, Gabin, Wayne pour qu’ils comprennent ce que c’est que la vraie création profonde »
A B. Tavernier : le cinéma a sans doute plus besoin de « natures » qui peuvent se nuancer un peu que de prix de Conservatoire complétement transparents ( je cite des Français ?). Wayne est une nature que je ne trouve pas si élastique que cela, surtout quand il joue avec des acteurs plus fins, comme Kirk Douglas par exemple. Mais c’est Wayne que j’ai accroché à mon mur. Merci de votre longue réponse. Votre « cher » Minette Pascal (je sais, mon vrai nom ressemble à un pseudo!)
D’accord avec ballantrae sur les westerns récents que sont L’ASSASSINAT DE JESSE JAMES… et THE PROPOSITION que j’avais oublié : superbe western australien très noir et romantique de John Hillcoat (qui est sorti au cinéma en France à retardement et dans très peu de salles).
Quand à Tarantino, j’attends beaucoup de son « western » qui, connaissant ses goûts, versera sûrement vers le western italien… Un mot sur ce genre par ailleurs assez dénigré par certains cinéphiles et souvent à tort : la tendance étant de le comparer directement au western américain. Dans les meilleurs films, il est beaucoup plus l’alliance du baroque et de l’opéra italien avec le cinéma japonais (très grosse influence esthétique notamment chez Leone ou Corbucci). Le mythe américain n’y est utilisé que pour mieux être renversé, transgressé. C’est ce qui avait décontenancé Scorcese lorsqu’il avait découvert IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST à sa sortie alors même qu’il avait grandi avec le western américain. Il a vraiment apprécié le travail de Leone quand il s’est détaché de la comparaison du genre italien avec le genre américain (voir son interview dans le livre « Il était une fois en Italie, les films de Sergio Leone » paru à la Martinière). Très peu de cinéphiles apprécient autant le western américain et le western italien : Tarantino est la preuve du contraire, et c’est tant mieux…
J’adore les Leone et ai beaucoup apprécié Le grand silence.
Sorti de là, les Django,Sabata, Colorado,Le dernier face à face, Navajo Joe ou autres Temps du massacre (je garderai sous silence les Trinita et autres pitreries pas drôles) me font le même effet que la blacksploitation: mal fichus, outranciers, permutables et sans âme…
J’ai pourtant essayé compte tenu de mon admiration sans limites envers sergio Leone mais je n’ai pas trouvé un seul autre cinéaste l’égalant dans le genre même de loin y compris chez les autres Sergio!
Bon , ce n’était pas forcément pour relancer la polémique Tarantino que je lançais son nom comme cela…mais bon , imaginer ce grand gamin s’éclater en torchant un pseudo scénario ,pété de thunes a le don de m’agacer!!!
A BALLANTRAE,
JACKY BROWN, film très réussi, s’appuyait sur un roman d’Elmore Leonard. On en revient au problème des sources d’inspirations. La junk food peut être marrante mais quel effet a -t-elle sur notre gout et l’enthousiasme de Tarentino vendeur de VHS peut inspirer quelques films mais pas une oeuvre
Vous êtes dur avec certains titres. Revoyez par exemple certains Sergio Sollima comme LE DERNIER FACE A FACE (chez Seven 7) ou COLORADO (inédit en dvd). Ou encore EL CHUNCHO de Damiano Damiani (chez wildside) : voilà quelques titres qui sont loin d’être « mal fichus, outranciers, permutables et sans âmes ». Sur les centaines de westerns sortis en Italie entre 1965 et 1970, il n’y a pas que des dindons, loin de là ! Pour s’y retrouver, voir le livre référence de Jean-François Giré « Il était une fois le western européen » : extraordinaire travail éditorial (à l’image du livre de Hervé Dumont « L’antiquité au cinéma » pour le péplum) et qui recense l’intégralité de ces westerns avec analyses pour les titres majeurs.
A Damien
les Sollima, le Damiani, LE GRAND SILENCE m’avaient assez plus mais j’ai essayé de revoir certains titres et j’ai trouvé tout cela démodé et vide. J’ai été aussi très déçu par IL ETAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION qui est mis à mal par des coupes, des incohérences, un scénario faiblard et le jeu de Rod Steiger. J’attends pour revoir le Damiani et le Sollima
A Bertrand T. : tout a fait d’accord sur IL ETAIT UNE FOIS LA REVOLUTION qui est le plus mauvais Leone et Rod Steiger y a un jeu insupportable surtout dans la première partie… Concernant le western italien, les coupes étaient malheureusement très courantes notamment en France où les films devaient rentrer dans le standard des 90 minutes; d’où la difficulté de voir des copies complètes (celle du DERNIER FACE A FACE de Sollima a été reconstituée pour l’édition dvd).
Je ne suis pas très fan de ce que Giré appelle le « western zapata » (films politiques avec des scénarios souvent répétitifs et caricaturaux sur la lutte de peons mexicains face au pouvoir militaire et politique autoritaire) hormis EL CHUNCHO. Il faudrait revoir EL MERCENARIO de Corbucci avec Jack Palance et Franco Nero qui a bonne réputation (lui aussi sorti chez wildside video).
L’Italie devait à nouveau renouer avec le genre dans les années 70 et faire du film « politique » son fond de commerce. Bertolucci le premier(qui vient juste d’être honoré à Cannes) avec par exemple son trop long 1900, qui m’a laissé que peu de souvenirs…
A Messieurs Doussin et Tavernier, en tant qu’inconditionnel du grand Sergio, je vous trouve sévère avec IL ETAIT UNE FOIS LA REVOLUTION.
Il ne faut pas oublier qu’aprés le sommet que représentait IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST, Leone voulait tourner la page du western et songeait déjà à s’attaquer à IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE.
Comme il l’explique dans ses entretiens avec Noël Simsolo, il ne devait que produire cette histoire. Piégé par la United Artists qui lui imposa Peter Bogdanovich à la réalisation, il souhaitait Sam Peckinpah mais se retrouva finalement à la mise-en-scène.
Jason Robards ou Eli Wallach étaient pressentis pour le rôle qui échut finalement à Rod Steiger, tout auréolé de son Oscar. Leone ne s’entendit pas avec lui et lui fit refaire les prises pour gommer au maximum ses tics Actor’s studio.
Dans la 2ème partie du film, le jeu de Steiger est plus retenu au fur et à mesure que l’émotion grandit, qu’il acquiert un semblant de conscience politique et qu’il se rend compte de la frontière infime entre une révolution et une dictature.
Restent quand même des scènes mémorables qui font honneur à Sergio Leone : le travelling latéral sur les corps de la famille de Steiger au son des coups de mitrailleuse ; le long silence (et la sobriété enfin de Steiger !)entre les deux protagonistes dans le wagon à poulets aprés qu’ils eurent assister à un massacre ; la dénonciation de Romolo Valli devant un camion sous la pluie ; toute la séquence finale.
A signaler que la version intégrale est sortie en 2DVD collector chez MGM en 2005.
A Olivier. Moi aussi j’adore Leone. J’ai vu plusieurs fois « IL ETAIT UNE FOIS LA REVOLUTION ». Hormis les quelques scènes que vous citez (et la musique de Morricone !), le film me semble tout de même très inférieur à ses précédents : c’est assez mal construit et on sent que Leone n’a pas maîtrisé l’ensemble : c’est exactement ce que vous rappelez et qui apparaît de ses entretiens avec Simsolo. Le souci c’est que j’ai beaucoup de mal avec la première partie du film et avec le jeu de Steiger (ce qui est, je l’admets, assez embêtant à chaque tentative de re-vision…)
J’ai découvert assez récemment TERROR IN A TEXAS TOWN et ce western au traitement très original m’a bluffé. On reconnait bien la patte si particulière de Lewis (éclairs de violences, personnages et accessoires inédits – ici le harpon ! – , et photographie à couper le souffle). Un western qui est effectivement très proche d’un film noir téléporté hors du contexte citadin classique (comme chez Mann et Fuller).
Je vous trouve un peur dur avec les westerns de Lang. Certes, THE RETURN OF FRANK JAMES et WESTERN UNION ne sont pas ce qu’il fit de mieux et le premier vaut peut-être surtout pour la première apparition de la sublime Gene Tierney mais bon, RANCHO NOTORIOUS, quand même, non ?…
Enfin, si je peux me permettre de sortir du cadre cinématographique à propos du documentaire AFRIQUES, UNE AUTRE HISTOIRE DU XXÈME SIÉCLE, je ne sais pas si Bertrand et les autres visiteurs du blog aiment la bande dessinée mais je leur suggère également les quatre tomes des impertinentes et réjouissantes « Petite Histoire des Colonies Françaises » de Grégory Jarry et Otto T. publiés aux petites et courageuses éditions poitevines FLBLB (http://www.flblb.com). Je pense que cette leçon d’histoire à rebrousse-poil devrait réjouir le réalisateur de COUP DE TORCHON.
Merci Pierre. Je suis réservé sur RANCHO NOTORIOUS, en dehors de la première demi heure, mais je suis conscient que c’est une position minoritaire. Je trouve que Mel Ferrer détruit tout ce que le personnage pouvait avoir d’interessant, qu’on sent que cela n’a pas collé entre Marlène et Lang. Elle obéit aux ordres mais ne se donne pas. Les décors m’ont toujours paru très pauvres. Je sais qu’il y a des fanatiques qui délirent sur les poireaux du jardinet de studio. Oui je trouve que malgré ce que le film a d’intéressant, il pâlit face à THE BIG HEAT
Je suis surpris chaque fois que je constate vos réserves à l’endroit de Rancho notorious qui m’apparaît comme un western aussi mythique par son originalité (rôle de la femme, flamboyances plastiques, jeu sur artifice/réalisme) que Johnny guitar,Forty guns ou Day of the outlaw (même si celui-ci doit plutôt être rapproché de Track of the cat ou Man in the wilderness pour son appréhension de l’espace).
Mel Ferrer ne me semble pas si mauvais, Marlène est impériale même si distante (ce n’est pas la seule fois qu’elle l’est), Arthur Kennedy est juste et touchant.Le gunfight final très claustrophobe est un modèle du genre tout aussi saisissant que celui de 40 guns avec son « elle vivra » d’anthologie.
Sans atteindre le génie de Moonfleet, Lang réussit à distiller un parfum très particulier au sein d’un genre où souffle l’aventure, le danger.
Vos réserves concernant les deux autres westerns langiens sont elles plus justifiées à mon sens.
A Ballantrae, de toutes façons il vaut mieux parler de ce que l’on aime mais je dois avouer que les réalisateurs venant d’Allemagne ou de hongrie n’ont pas donné au western leurs plus belles oeuvres de Curtiz à Siodmak en passant par Sirk
Je suis sûr que Bertrand n’incluera pas parmi les réalisateurs venus d’Allemagne ou de Hongrie peu aptes au genre western un certain André de Toth… ;P
J’adore la BD donc merci pour le conseil!
Conseil pour conseil (et copinage au passage), voyez une autre BD très clairement inspirée par l’ambiance de Coup de torchon (il adore votre film mais n’osera jamais vous le dire!) comme par sa source thompsonienne: Vazahabe! de Denis Vierge aux éditions Paquet. Je pense que c’est objectivement un beau boulot à la fois pictural et scénaristique suivi qui plus est par un petit glossaire sur les termes malgaches(l’action se déroule de nos jours à Madagascar et cela vaut l’afrique des années 20-30) ainsi que par des extraits de carnets de voyage: l’auteur est un fou furieux qui dessine constamment, s’avère très observateur et plein d’humour. Petit extrait d’un avant propos: « Le voyage n’est pas qu’un plaisir, il fragilise dans les premiers moments, il oblige à s’exposer (à l’ailleurs, aux autres, à l’inconnu). Dans cet état de fragilité, le dessin s’est trouvé être ma bouée, mon refuge. »
Bonjour, merci pour votre liste de documentaires qui donnent réellement envie. Celui de Ken Burns sur les Parcs nationaux américains doit rappeler que nous n’avons pas de leçons à donner aux Etats-Unis en la matière car ils sont les inventeurs de ce patrimoine écologique avec Yellowstone en 1872. Notre 1er parc ne datant que de 1963 !!! Face à leurs 34 sites classés, dont 7 en Arizona (terre sacrée de John Ford) et 10 en Utah, nous ne pouvons que nous incliner devant ce pays de tous les excés.
A propos de « True Grit » avec John Wayne, le DVD existe bien en France : « Cent dollars pour un shérif » sorti en 2002 chez Paramount. Henry Hathaway « homme à tout faire » dixit certains journalistes !!! Comment qualifier alors ces scribouillards dont la culture (ou plutôt les connaissances) cinématographique semble débuter dans les années 70. Nombre d’hommes à tout faire et même de vrais réalisateurs auraient aimé avoir dans leur filmographie des oeuvres telles que « Les Trois lanciers du Bengale », « Peter Ibbetson », « Le Carrefour de la mort », « L’Impasse tragique », « Quatorze heures » ou « Niagara ». Sans compter ses nombreux westerns d’excellente facture.
Ceux de Fritz Lang sont inégaux mais je trouve que « L’Ange des maudits » est un sommet du genre avec ses couleurs baroques et un personnage principal féminin (sublime Marlène Dietrich) unique dans le genre, avec celui de Joan Crawford dans « Johnny Guitare ».
Enfin, peut-être ne l’avez-vous pas encore vu, quel dommage que vous n’ayez pas parler de l’exposition Stanley Kubrick à la Cinémathèque française et de la sortie de son intégrale en DVD et blu-ray. On aimerait en savoir plus sur l’un des cinéastes les plus secrets et les plus passionnants de sa génération.
Bien sûr qu’Hataway n’est pas le Yes man que des « journaleux » incultes croient déceler…je vous trouve bien gentil quand vous dites qu’ils possèdent une culture qui commencerait dans les 70′ car je trouve que nos amis de libé, Le monde, Les inrocks pour ne citer qu’eux n’ont même pas un panorama satisfaisant pour ces décennies là!
Ne parlons même pas de leur culture littéraire , picturale ou musicale qui hors quelques parangons de la « modernité » participe d’une ignorance crasse!!!S’ils étaient un peu plus humbles, moins donneurs de leçons es modernité , il serait plus aisé de leur pardonner!
D’accord avec vous, c’est plus la politesse que la gentillesse qui m’ a fait écrire cela. Il y aurait tant à dire et à écrire sur la mauvaise foi, la condescendance et au final l’inculture de nombreux critiques, qu’ils soient musicaux, artistiques, littéraires ou cinématographiques, que l’on sortirait du contexte de ce blog. Profitons plutôt de la chance qui nous ait donnée de pouvoir dialoguer avec un monsieur comme Bertrand Tavernier dont, l’ouverture d’esprit et la culture (bien réelle cette fois) forcent l’admiration.
Monsieur Tavernier,
Pour poursuivre sur le dvd Afrique(s) je vous recommande également ‘ Francafrique – 50 Années sous le sceau du secret – ‘ de Patrick Benquet. Cela devrait compléter grandement les enseignements d’ Afrique ( s )
Krim