Des lectures, Jafar Panahi et des classiques français
1 juillet 2015 par Bertrand Tavernier - DVD
LECTURES
Tout d’abord quelques livres à dévorer d’urgence : DANS LA TÊTE DE VLADIMIR POUTINE de Michel Eltchaninoff, brillant, incisif, décapant, formidablement documenté. Lisez déjà ces lignes : « C’est presque passé inaperçu. Janvier 2014, en Russie, les hauts fonctionnaires, les gouverneurs des régions, les cadres du parti Russie unie reçoivent un singulier cadeau de Nouvel An de la part de l’administration présidentielle : des ouvrages de philosophie ! Des œuvres de penseurs russes du XIXe et du XXe siècle. »
Enfin un livre sur Jacqueline Audry de Brigitte Rollet : JACQUELINE AUDRY LA FEMME À LA CAMÉRA.
A découvrir cette vision si juste de la guerre de Sécession, écrite par le grand géographe anarchiste, pratiquement à chaud Elisée Reclus : HISTOIRE DE LA GUERRE DE SÉCESSION AUX ÉTATS-UNIS.
Dans ma collection d’Actes Sud nous avons publié deux nouveaux Burnett, MI AMIGO et SAINT JOHNSON sur OK Corral. Vient de ressortir, un beau roman noir, DARK HAZARD.
COMME UNE IMAGE de Tiffany Tavernier relate ses impressions d’enfant sur mes tournages.
Et cet ovni difficilement trouvable sans doute de Yves Martin : LE CINÉMA FRANÇAIS – UN JEUNE HOMME AU FIL DES VAGUES (éditions Méréal). Yves Martin est un remarquable poète (LE MARCHEUR, JE FAIS BOUILLIR MON VIN, LE PARTISAN, IL FAUT SAVOIR ME REMETTRE À MA PLACE, LA MORT EST MÉCONNAISSABLE). Il fut avec Bernard Martinand et moi-même, l’un des fondateurs du Nickel Odéon. C’est quelqu’un que j’ai adoré et qui a beaucoup compté dans ma vie.
Je pense que vous allez adorer LE TOUR DU MONDE DES TERRES FRANÇAISES IGNORÉES de Bruno Fuligni. Il ne s’agit pas ici des départements d’outre-mer (DOM), non. Ce serait trop facile, mais de terres oubliées, inhabitées pour la plupart. Hostiles parfois, lorsqu’on se rapproche des régions australes et de l’Antarctique.
Sur l’île de Clipperton, à l’ouest du Mexique, la plage circulaire de sable fin et les quelques cocotiers ne font qu’illusion. Les uniques habitants de l’atoll, au début du XXe siècle, ont pour la plupart succombé au scorbut, puis fini dévorés par les colonies de crabes rouges, maîtres des lieux. Pour d’agréables vacances, on repassera. Ignorée par la France pendant plus de soixante-dix ans entre 1858, date de sa prise de possession, et 1931, Clipperton dispose pourtant aujourd’hui d’un code postal… sans aucune boîte aux lettres ni facteur. Seules de sporadiques expéditions scientifiques, comme celle du commandant Cousteau en 1976, rappellent à qui veut bien l’entendre que l’atoll de 7 km2 appartient toujours à la République.
A l’image de Clipperton et des Kerguelen, ces «confettis d’empire» quadrillent le globe, des Iles des Démons aux Iles Eparses en passant par le Rocher Diamant, au Sud de la Martinique. En tout, ils multiplient par deux la superficie de la métropole, et confèrent à l’Hexagone plus de 11 millions de km2 d’eaux territoriales et de zones économiques exclusives.
La sortie hélas confidentielle de LADYGREY, le beau film d’Alain Choquart (programmez-le, faites-le vivre) me permet d’attirer l’attention sur les si beaux romans de Hubert Mingarelli : LA BEAUTÉ DES LOUTRES, QUATRE SOLDATS, MARCHER SUR LA RIVIÈRE, L’HOMME QUI AVAIT SOIF.
La nouvelle qui est à l’origine de FREAKS vient de paraître en France, aux éditions du Sonneur. LES ÉPERONS écrit par Todd Robbins, dont un roman fut adapté par Browning, lequel bouleverse la conclusion de la nouvelle, qui se passe en France près de Roubaix.
AILLEURS
La sortie de TAXI TÉHÉRAN, le dernier film de Jafar Panahi, véritable acte de résistance (le mot prend ici tout son sens) est une bonne occasion de rappeler LE CERCLE, HORS JEU, CECI N’EST PAS UN FILM. Tant qu’il y aura des spectateurs, sa pensée vivra et bravera ses geôliers.
LA SOURCE THERMALE D’AKITSU de Kijû Yoshida est son seul mélodrame, une sombre et terrible histoire d’amour sur fond de pneumonie, de fin de guerre et de trahisons sentimentales. Le film est ponctué par des retours du héros à la source où il semble chaque fois renaître. Magnifiques couleurs. Sublimes plans de nature et musique assez envahissante.
CLASSIQUES FRANÇAIS
Et d’abord un vrai regret. Certaines louanges que j’ai ici adressées à des films que j’avais envie de voir resurgir n’ont jamais été commentées. Surtout les anciens films français. Ma défense passionnée de Maurice Tourneur pour des œuvres si fortes comme AU NOM DE LA LOI ou JUSTIN DE MARSEILLE, AVEC LE SOURIRE n’ont semble-t-il pas suscité la moindre réaction. Et je ne parle pas de Jean Boyer. J’en profite pour redire que PRENDS LA ROUTE comme l’écrit Jacques Lourcelles, est la meilleure comédie musicale des années 30 et qu’elle est vraiment novatrice (aucune source théâtrale, décors naturels) et d’une bonne humeur réconfortante. Les chansons de Boyer et van Parys sont toutes épatantes comme dans UN MAUVAIS GARÇON. Idem pour Jacqueline Audry. J’espère pouvoir faire sortir en DVD OLIVIA.
Nouvelle plongée dans l’œuvre de Grémillon avec LE 6 JUIN À L’AUBE dont il écrit aussi la musique, le sublime PATTES BLANCHES qui suscitera enfin quelques commentaires et REMORQUES. Écoutez la musique de Roland Manuel. Je n’oublierai pas DINAH LA METISSE, œuvre mutilée que j’ai chaudement recommandée.
Et moment de bonheur rare en revoyant LES AMOUREUX SONT SEULS AU MONDE, film délicat, tendre et sombre, où transparaît le manque d’illusion d’Henri Jeanson mais aussi son amour pour Giraudoux, pour l’art, pour la musique, sa haine des Trissotins (« vous oubliez votre porte-plume » dit quelqu’un qui a aimé le concert à un critique haineux qui venait pour détester, en lui tendant son parapluie). « Méfiez vous de la virtuosité, faites confiance au silence », dit Jouvet à la jeune pianiste. C’est presque un manifeste esthétique qui convient mieux à Decoin dont la mise en scène est fluide, légère. Il ne surligne jamais la dureté du propos, regarde avec amour ses personnages. La manière dont il filme la dernière scène de Renée Devillers, aidé par une si belle musique de Henri Sauguet, est un miracle de légèreté et d’émotion tragique. Et là Jeanson est au sommet de sa forme comme dans UN REVENANT.
Gaumont vient de sortir en Blu-ray LADY PANAME, le seul film réalisé par Henri Jeanson avec la collaboration technique de Hervé Bromberger. Le scénario, le ton sont amusants, vifs, agréables, décrivant non sans justesse le monde du café concert, du music hall. Raymond Souplex notamment est formidable en chanteur sur qui s’abat la guigne et qui rate tout. Plaqué par sa femme, il a ce mot sublime : « On ne peut pas être quitté sur une terrasse. » Mais la mise en scène reste en deça du propos. Il manque à ce scénariste un metteur en scène, quelqu’un comme Decoin, qui introduise de la tension, une épine dorsale dans ces plaisantes vignettes.
« Pourtant LADY PANAME n’est pas le désastre annoncé, et se voit avec beaucoup de plaisir. Les dialogues sont étincelants d’esprit et de drôlerie, et méritent à eux seuls qu’on visionne le film. Jeanson y donne libre cours à sa verve libertaire et à son goût des bons mots, et c’est souvent irrésistible. Jeanson se souvient sans doute du chef-d’œuvre de Clouzot Quai des orfèvres en reformant deux ans plus tard le duo Suzy Delair/Louis Jouvet (soit la jeune arriviste et le vieux sage) dans une évocation souriante et nostalgique du milieu du music hall parisien. Il le fait certes sans la noirceur du film policier originel, avec une désinvolture absente chez Clouzot. Sa mise en scène n’a pas la précision du cinéaste maniaque, et le scénario est plus relâché, privilégiant les scènes et les numéros d’acteur au détriment de l’harmonie de l’ensemble. Caprice la future Lady Paname et sa meilleure amie sont abordées dans la rue par un satyre au physique étrange qui leur fait des propositions scabreuses : le spectateur reconnaît Landru… Il y a aussi Chacaton, moraliste président d’une ligue de vertu à moitié fou en croisade contre les spectacles polissons, doté du même patronyme qu’un vrai fonctionnaire au Ministère de l’information qui essaya en vain de faire interdire le film, victime d’une blague de Henri Jeanson. » (Olivier Père)
Egalement restauré et sorti dans un somptueux Blu-ray, L’AFFAIRE MAURIZIUS, au contraire frappe dans les premières séquences par l’invention, la rigueur de sa mise en scène. C’est le scénario, écrit par Duvivier lui même qui finit par gripper la machine. Trop de flashbacks, une intrigue policière finalement assez sommaire (on a l’impression qu’un bon avocat aurait fait ressortir les incohérences de l’accusation) alourdissent le propos sans parler d’acteurs comme Denis D’Inès. Il y a de vraies recherches visuelles (la salle de tribunal avec pour tout fond de décor, ces rideaux noirs) mais j’ai l’impression que l’adaptation ne retient que l’écume du récit.
GUITRY
CEUX DE CHEZ NOUS de Sacha Guitry est une petite merveille que je ne me lasse pas de revoir dans la version restaurée par Fréderic Rossif en 1952. Guitry fut le seul à prendre une caméra pour aller filmer Manet, Renoir, Degas, Rodin ou Mirbeau nous livrant des images uniques. Cet homme de théâtre était diablement en avance. Le passage sur Manet est particulièrement émouvant et il est amusant de voir Saint-Saëns se démener comme s’il dirigeait un orchestre alors qu’il n’a affaire qu’au seul Cortot.
LE COMÉDIEN est un Guitry mineur mais qui contient des moments formidables : l’évocation de son père, « un comédien qui dispensait de voir les autres » aurait dit Jules Renard, de sa jeunesse, de sa passion du théâtre. Dans sa loge, après la dernière d’une pièce, ce qu’il dit à l’auteur constitue un vrai manifeste pour Guitry : « le public, c’est votre pays », magnifique et émouvante profession de foi. J’aime beaucoup sa démonstration du cabotinage auquel se livre un acteur « Vous entrez trop vite en scène et vous en repartez trop longtemps. » Il lui montre comment faire croire qu’on lit une lettre et c’est imparable. L’acteur, dépité, lui dit : « Maître, vous devez reconnaitre que je suis un convaincu » – « Vous aurez votre revanche », lui dit Guitry.
LES TROIS FONT LA PAIRE est un curieux film. Sec et mélancolique, amer et anarchiste. Prenant les faits et les sentiments à contrepied sans se soucier de la morale ni de la vraisemblance. Rien n’est sacré pour Guitry sauf l’amitié comme en témoigne son appel téléphonique à Albert Willemetz. Et aussi certaines femmes comme la gourgandine que joue si bien Sophie Desmarets. Certaines scènes sont à peine tournées dans des décors minimalistes et cela renforce l’originalité un peu distendue du propos. Le numéro de bravoure de Darry Cowl qui me faisait hurler de rire me paraît un peu moins efficace aujourd’hui même s’il est plus tenu que celui d’ASSASSINS ET VOLEURS.
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Commentaires (204)
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Bon et ben , voilà. Je m’y suis mis à cette collection « L’Ouest, le vrai » chez Acte Sud. Depuis le temps qu’ils me narguaient ces beaux livres longilignes (et parfois costauds), j’ai décidé de m’en procurer un par mois et, comme disent les n’enfants, d’en faire la « collec ». J’ai donc commencé par SAINT JOHNSON, de W.R.Burnett et j’ai adoré cette première incursion personnelle en littérature westernienne. Oh, il y eu bien JOHNNY GUITARE, de Roy Chanslor, que je m’étais procuré pour 1 franc, en 10/18, il y a un bail et il faudrait que je remette la main dessus.
Donc pour rappel, SAINT JOHNSON est le roman qui a servi de matériau à John Huston et Tom Reed lorsqu’ils s’attèlent au scénario de LAW AND ORDER, d’Edward L.Cahn, que je n’ai jamais vu et que Sidonis devrait avoir l’idée de sortir. Bref, c’est pas compliqué : c’est OK Corral sauf que Wyatt Earp s’appelle ici Wayt Johnson et Doc Holliday, Brant White. Dans ce dernier cas, il y a tromperie sur la marchandise et White n’est ni tubard, ni spécialement alcoolique, ni tragique. Ceux qui attendent Victor Mature en seront pour leurs frais. Voici comment Burnett le décrit (assez tardivement du reste) : « Il était grand et efflanqué, la poitrine creuse, avec un visage mince et pâle, des dents trois fois trop larges, mais il se comportait comme s’il se croyait le plus bel homme de tout le comté de San Miguel. » Voilà pour Victor Mature.. Western désenchanté et laconique, SAINT JOHNSON stupéfie de nous plonger dans un monde à la fois familier et autre. La ville westernienne (ici Alkali, en lieu et place de Tombstone)nous change des décors urbains de mise dans les westerns, même ceux de villes que l’on sait importantes. Première entorse à nos habitudes, les rues ont un nom (la rue Archer, la rue Santa Anna..). Pas le souvenir d’entendre des noms de rues dans les westerns. Ensuite vient l’ambiance. Ce qui impressionne dans SAINT JOHNSON est ce sentiment, que l’on ressent, de la permanence diffuse d’un principe de réalité déjà installé, comme si l’on était propulsé sans préparation dans un univers brut et non décrypté. L’assurance du récit désarçonne car aucun clou n’est enfoncé par Burnett qui donne à faire ressentir un climat d’extrême brutalité (les « gentils » semblent presque plus psychopathes que les « méchants », dont on nous dit qu’ils sont des salopards sans qu’on les « voit » l’être)sans daigner corroborer ce constat par un quelconque amoncellement de cadavres. Ici, ce sera deux ou trois tués, quelques blessés, et c’est tout. Mais c’est suffisant. De manière très réaliste et plausible, les gens, dans SAINT JOHNSON sont près à tuer facilement mais réfléchissent toujours à deux fois avant de le faire et combien de « gunfights » ne se produisent pas tout simplement parce que bons nombres de belligérants, malgré leur haine, tiennent à leur peau contrairement à ce que l’on voit dans la plupart des westerns où l’on tue (ou bien l’on se fait tuer) aussi facilement que l’on se retourne dans son lit, pour reprendre une expression lue dans le roman.
Pour l’instant , de ce que j’en perçois, cette littérature, c’est les westerns, mais en plus vrai. Ça tombe bien, c’est le titre de la collection : « L’Ouest, le vrai ».
A Alexandre Angel
Merci, c’est formidable. Ne pas oublier les pages très curieuses que Burnett consacre au contrôle des armes à feu « le 6 coups a permis à des laches de tuer ». Burnett était Républicain, ce qui prouve que ce parti a faire un virage quasi total sur la question
Merci à vous, Bertrand. Cette collection est somptueuse (sans être somptuaire) et j’en fais de la publicité autour de moi.
Quelques remarques supplémentaires concernant SAINT JOHNSON.
D’abord sur la topographie. J’ai été réellement frappé par le fait que les rues aient un nom et j’ai immédiatement visualisé ce décor génial de rue dans LA CIBLE HUMAINE, d’Henry King, où l’on voit nettement qu’une artère est coupée perpendiculairement par une autre, formant un carrefour. Ce qui est, somme toute, plus rare qu’on pourrait l’imaginer dans le cinéma westernien. D’autres échos, ensuite. Le conflit opposant l’ordre et la légalité à l’état de non-droit et au port d’armes généralisé (thème très nettement traité par Jacques Tourneur dans WICHITA)s’accommode ici d’une ambiguïté troublante car le clan Earp, pardon Johnson, comme je le suggérais plus haut, ne déchaîne pas chez le lecteur énormément d’empathie, n’était ce que l’on devine d’amour fraternel et de nostalgie chez Wayt, qui est un personnage positif parce que réfléchi et charismatique mais éminemment dangereux lorsqu’il « pète un plomb », ce qui survient dans le climax du roman où une sauvagerie bridée revient au galop de manière inquiétante, attestant de la fragilité du processus de civilisation. Wayt Johnson et sa garde rapprochée, c’est à dire son frère Luther,Brant White et Deadwood, sont décrits comme n’ayant peur de rien, des machines à tuer douées de raison mais à la lisière du basculement (j’ai pensé à Ed Harris et Viggo Mortensen dans APPALOOSA)et l’amertume qui clôt le récit par le paradoxe qui veut que les garants de l’ordre soient renvoyés à leur sauvagerie par une civilisation qui compose avec sa violence ressemble à celle sur laquelle se termine le film d’Ed Harris.
Pour finir, si la littérature se faisait graphique, celle de Burnett rappellerait par endroit le côté feuilletonesque de certains « comic strips » de l’âge d’or (allez RED RYDER,tiens) dans lesquels des motifs graphiques reviennent régulièrement. Dans SAINT JOHNSON, combien de fois, un personnage (c’est souvent Brant White qui s’y colle)est décrit comme s’adossant à un mur, ou bien, « passant la jambe droite par dessus le pommeau de sa selle », je suppose en mode amazone. Ce qui n’est pas non plus très courant dans les films..
à A Angel: « Dans SAINT JOHNSON, combien de fois, un personnage (c’est souvent Brant White qui s’y colle)est décrit comme s’adossant à un mur, ou bien, « passant la jambe droite par dessus le pommeau de sa selle », je suppose en mode amazone. Ce qui n’est pas non plus très courant dans les films.. »
C’est une position de repos quand cavalier et monture restent immobiles, le cavalier peut changer de jambe quand la première est reposée! La jambe est posée à l’horizontale en triangle cou de pied ou mollet contre le pommeau. J’avais remarqué Steve McQueen se tenir comme ça au début des 7 MERCENAIRES, avant d’accepter d’accompagner Yul au cimetière. Je sais pas pourquoi ça m’avait frappé quand j’avais 12 ans!
encore bravo pour tout ce que vous avez dit sur ces bouquins. Un mystère demeure: pourquoi dans ces romans populaires autant de liberté de respect du réalisme quand dans les films populaires qui les adaptent autant de convention et de mépris pour un réalisme supposé enlever du charme et déplaire au public? Ces romans étaient des succès aussi je crois? Ils étaient bien vendus sur les tourniquets de gare?
A MB
C’est toute la question de l’adaptation que vous posez. Parfois le Studio faisait office de filtre, imposait de revoir l’histoire, parfois une succession de scénaristes se succédaient et les derniers pouvaient avoir lu les versions de leurs confrères mais pas l’oeuvre initiale. Les grandes réussites viennent le plus souvent des coups de coeur d’un cinéaste pour un de ces romans (Parrish pour Tom Lea, Wellman pour Van Tilburg Clark, Hawks pour the BIG SKY, de Toth pour RAMROD) ou d’un scénariste (Huston pour SAINT JOHNSON, Leigh Brackett pour le Harry Brown mais son enthousiasme sera douché par Hawks). Ou d’un producteur (Walter Wanger pour CANYON PASSAGE que Tourneur veut respecter). Le massacre des CLAIRONS DANS L’APRÈS MIDI s’explique par un mauvais choix de cinéaste et l’impossibilité des frères Cagney de trouver le budget qui permettrait d’être fidèle au roman. Mais vous avez raison, dans de nombreux cas, ces romans sont en avance sur les films contemporains
à Bertrand: oui il y a un souci d’épargner ce public si fragile, au cinéma. Et j’aurais dû au lieu de réalisme dire « crudité » tt simplement.
… à Bertrand: OUI dans la Moisson Rouge de Hammett, le Continental Op s’envoie des cruchons de mélange de laudanum et rhum en compagnie d’une prostituée qui crache pas non plus sur le breuvage. On peut imaginer qu’au cinoche c’aurait été remplacé par des doubles whiskies suggérés et une danseuse de music-hall! plus généralement et plus féconde, la remarque de Alex Angel sur le refus d’un manichéisme de décor qui habillerait les représentants de la loi d’un certain nombre de signes posés là pour rappeler que ce sont les gentils (signes créés dés les années 20 par les westerns de série: disons cheval blanc et chapeau clair etc.), nous plonge dans la réalité de cette époque: si on est représentant de la loi, c’est qu’on sait qu’on peut être amené à pratiquer la violence et que donc, on vient déjà de là: de la violence de la misère. Donc ces derniers portent un certain pessimisme tragique ancré en eux qui évoque le fameux plan-travelling sur Wayne dans SEARCHERS, face aux deux folles, ils portent ça autant que les bandits.
(en fait ce que disait AA, c’est plutôt ma dernière phrase, j’ai inversé ma conclusion, citons: « Wayt Johnson et sa garde rapprochée, c’est à dire son frère Luther,Brant White et Deadwood, sont décrits comme n’ayant peur de rien, des machines à tuer douées de raison mais à la lisière du basculement (j’ai pensé à Ed Harris et Viggo Mortensen dans APPALOOSA)et l’amertume qui clôt le récit par le paradoxe qui veut que les garants de l’ordre soient renvoyés à leur sauvagerie par une civilisation qui compose avec sa violence ressemble à celle sur laquelle se termine le film d’Ed Harris. »).
Et c’est dommage que le western américain nous ait si souvent saoûlé avec ce fantasme de qui tire le plus vite en faisant ensuite un maximum de moulinets avec son colt, qui serait le meilleur, c’est quand même plus subtil que ça, c’est plus qui ose tirer déjà au début, c’est dangereux on peut mourir! (cf ce que dit Hackman là-dessus dans IMPITOYABLE). Et ces manips de jongleur quelle sottise! MAN WITHOUT A STAR n’y échappe pas, revu récemment ça m’a gêné.
« Et c’est dommage que le western américain nous ait si souvent saoûlé avec ce fantasme de qui tire le plus vite en faisant ensuite un maximum de moulinets avec son colt, qui serait le meilleur, c’est quand même plus subtil que ça, c’est plus qui ose tirer déjà au début, c’est dangereux on peut mourir! »
C’est exactement ça.. A chaque fois que Wayt déboule, énervé (et il est très craint), il n’y a généralement plus personne. « Non, mais on est copain, en fait » lancent-ils tous presque systématiquement.
J’ai beaucoup apprécié LADY PANAME, d’Henri Jeanson, qui ne se distingue pas par de quelconques vertus cinématographiques quoique certains plans sont bien éclairés (la première apparition, sauf erreur de Raymond Souplex sur scène). Film, évidemment, de dialoguiste, LADY PANAME est boosté par des réparties qui fusent vertigineusement, à tel point que si l’on est pas suffisamment concentré, on risque d’en louper une sur deux. Mais surtout, l’œuvre m’a donné, en toute modestie, l’impression de découvrir des paramètres dont j’étais plutôt ignorant. Tout d’abord, donc, Raymond Souplex, que je connaissais sans le connaître, n’étant pas tout à fait sûr de l’avoir vu souvent jouer. Son personnage, qui passe tout le film à jouer de malchance a quelque chose de certains personnages de Sache Guitry, ce côté « running gag » ambulant peut-être. Mais le film est un véritable festival Suzy Delair dont l’abattage est enthousiasmant. Par méconnaissance, je ne la savais pas aussi radieuse et sexy, comme dans cette bagarre littérale et désopilante qui la voit rouler par terre avec Henri Guisol: séquence dont la charge érotique (on voit ses sous-vêtements et son porte-jarretelle)est drôlement gonflée. Il faut la voir chanter « Moi, j’ai du t’ça » en esquissant un charleston. Chanson d’ailleurs tout à fait enlevée. Il faut aussi la voir baffer un voyou qui essaie de l’intimider et l’entendre lui répondre, alors que le malheureux lui oppose piteusement un « et le respect ? un tonitruant « Il fait comme toi, il s’en va! » Celle-là, je me la coince derrière l’oreille..
Ron Howard,il y a quelques mois nous as offert un bon film sur le duel entre deux pilotes de formule 1 dans « Rush ».Stéphen Frears lui s’attaque à un »biopic »consacré au septucle maillot jaune du tour de France:Lance Amstrong.Le film vaut le détour pour l’ascension vertigineuse de ce coureur américain à la fin des années 90 jusqu’a sa chute et sa destitution des sept tours qu’il à gagner en trichant.Il est dommage que le film n’aborde pas le rapport effectuer par l’ancienne ministre des sports Marie-Georges Buffet qui à lançer le pavé dans la mare dès 97 et l’affaire Virenque.Ben foster qui incarne amstrong de façon convaincante est pris dans l’engrenage de ce medecin italien campé par Guillaume Canet(pas très crédible quand il prend l’accent italien et s’exprime en anglais)Dustin Hoffman fait une courte apparition dans le role d’un homme d’affaires pas très clair.
Cher Monsieur Tavernier,
Au sujet de SORCERER vous écrivez « rien de ce qu’on a vu – attentats, luttes raciales, escroqueries, ne pèsera par la suite sur le destin des personnages ».
D’un point de vue strictement factuel (l’enchaînement de cause à effet) vous avez sans doute raison, à l’exception notable du personnage de Sheider à la fin du film si ma mémoire est bonne. Néanmoins il me semble que si l’on considère le film sous un angle plus mystique les personnages n’ont de cesse au cours du récit d’expier leurs péchés (présentés au début du film) et qu’au final ils sont tous victimes de leur « karma », comme si une fatalité pesait sur eux.
A Steohane
Ce qui est commun à toutes les tragédies et n’est guère original. La fatalité était devenue une tarte à la crème qui a endommagé beaucoup de films français et anglais des année 40/50 et qui met à mal un nombre important de drames romantique que cette soumission à la fatalité rend prévisible. Mais que doux expier Amidou ? sa cause ?. Cremer je veux bien mais les autres ?
Il faudrait que je revoie le film mais si ma mémoire est bonne on a un gangster, un terroriste (il n’y a pas d’attentat au début ?) un escroc et un tueur…
Ceci étant dit vous avez raison, même si ce schéma est revendiqué par Friedkin il n’est pas original en soi. Pour moi c’est le traitement à l’image qui lui donne sa valeur.
« Toni »de Jean Renoir(dialogué par Carl Einstein),comme le précise le dernier carton du générique,se passe »dans le midi de la France,en pays latin,là ou la nature,détruisant l’esprit de Babel,sait si bien opérer la fusion des races ».Il n’est pas mauvais de le rappeler.Toni(Charles Blavette),l’immigré italien,a du renoncer à Josepha(Célia Montalvan)qui épouse le contremaitre belge Albert(Max Dalban).Le meme jour,on célèbre deux noces,celles d’Albert et Josepha et celles de Toni et Marie(Jenny Hélia).L’entrepreneur des pompes funèbres,beau joueur,observe: »C’est pas mal un beau mariage.C’est presque aussi beau qu’un bel enterrement ».Toni n’est pas d’humeur joyeuse pour autant.Gabi(Andrex),le cousin de Josepha,ironise: »Eh bien,mon vieux,si tu fais cette tete là les matins de noce,qu’est ce que ça doit etre les soirs d’enterrements! »Une dizaine d’années plus tard,Garance-Arletty,dans Les Enfants du paradis,fait écho: »Dans le fond,ce n’est pas tellement triste,un enterrement.Il suffit qu’il y ait un peu de soleil dessus et tout le monde est content. »Et se ravissant: »Et puis…hein,à bien regarder,c’est tout de meme plus gai qu’une noce avec un marié tout seul,sans la mariée!Sans la mariée?Voire!Toni,lui,aurait plutot dit:sans la mariée qu’on aurait voulue,mais avec la mariée qu’on désirait pas.Il est bien des mariages qui ressemblent à des enterrements,en effet…
« Divine » de Max ophuls avec des dialogues de Colette,à pour héroine une jeune campagnarde,Ludivine Jarisse(Simone Berriau),que son amie Roberte(Yvette Lebon)convain de gagner Paris pour y faire,tout comme elle,carrière au music-hall.Engagée par Victor(Paul Azais),le régisseur,elle lui donne son nom,provocant ainsi la réaction affligée de l’interlocuteur.On l’appellera désormais Divine.Soupçonnant un trafic de drogue dans les coulisses du music-hall ou se produit Divine,la police enquète.Une des danseuses proteste: »C’est de la dictature!Tu sais ce que c’est,la dictature?demande un de ses copains.Oui:c’est quand les flics sont dans les loges et les artistes dans les couloirs!Divine absente et accusée à tort,est défendue par une figurante qui fait valoir qu' »elle était très gentille,très convenable ».Le policier ne parait guère sensible à une telle argumentation. »Vous ne trouvez pas celà particulier,On voit bien que vous ne faites pas du music-hall!lui rétorque la fille.Le policier se moque d’elle:Ah ,madame est humoriste?Alors la figurante nullement troublée:Non,monsieur:danseuse acrobatique…..
« Mister Flow »de Robert Siodmak est adapté d’un roman de Gaston Leroux par Henri Jeanson et Charles Noti.Henri Jeanson est également l’auteur des dialogues et c’est Louis Jouvet qui incarne le personnage de « Mister Flow,l' »homme aux milles visages ».Cet inquiétant cambrioleur a jugé prudent de se mettre à l’abri dans la prison meme de la Santé sous l’identité d’Achille Durin,un domestique compassé,bègue et geignard.Un avocat impécunieux,Antonin Rose(Fernand Gravey)est amené à prendre la défense de Durin sans se douter de l’envergure criminelle du prétendu domestique.Durin se montre particulièrement pleurnichard et Rose lassé par une telle abondance de larmes,ne peut que constater: »Vous avez des réactions pluviales ».Autre séquence de Mister Flow .Lady Héléna(Edwige Feuillère)après avoir séduit l’avocat Antonin Rose,l’entraine dans un projet dont le malheureux ne perçoit pas le caractère machiavélique.Il s’agit en effet,de cambrioler la propre villa de Lady Héléna.Cette dernière invite donc son naif complice par cette ludique formule: »Nous allons cambrioler,jouer à arsènelupiner. »Le crédule Antonin,plus prompt à défendre l’imparfait du subjonctif que le bien d’autrui,marque un temps d’hésitation: »Tu voudrais que nous arsènelupinassions ensemble? ».Telle est bien l’intention de l’aimable Lady.L’hommage rendu au héros de Maurice Leblanc n’a rien de gratuit.Henri Jeanson et son co-scénariste Charles Noti ont intoduit une forte dose d’humour dans l’intrigue plus feuilletonnesque de Gaston Leroux et le film s’inspire volontiers de l’univers d’Arsène Lupin.
Deux films sur le monde impitoyable de la presse,ses ramifications politiques et des milieux illégaux.Tout d’abord une curiosité dont le scénario est de Carlo Rim et mise en scène par Alexandre Esway en 1937: »Hercule »est un film méconnu dans la longue carrière de Fernandel.Il interprète un marin marseillais vivant avec son père adoptif(joué par le sublime Delmont)et est obligé de quitter son pays des cigales et de boissons anisés pour la capitale.Il se rend aux obsèques de son père qui dirigeait un journal populaire »L’irréductible ».Là il va se retrouver comme « un couillon »face à la réalité de gerer un journal qui imprime que des mauvaises nouvelles.Fernandel s’en donne à coeur joie dans une scène ou il joue une partie de pétanque avec le planton qui est marseillais et ancien copain d’école.Le second film est de Sydney Pollack »Absence de malice »avec Paul Newman et Sally Field.Ici c’est un tableau sombre que nous décrit pollack,ou le fils d’un ancien trafiquant de spiritueux est accusé d’avoir fait supprimer un délégué syndical.Une journaliste va enquéter,fouiller les archives du journal et découvrir certaines vérités qui dérangent dans le bureau d’un adjoint du procureur.Au fil de l’histoire on se rend conte que le fils verse régulièrement des chèques à une fondation dirigée par un politique,là Pollack nous démontre de façon remarquable que tout fini par s’acheter meme le silence et la vérité.
A Rouxel
Mon cher Rouxel vous avez des rapprochements inouïs, originaux auxquels personne n’avaient songé et qui stupéfieraient les auteurs des films. Cela dit Esway est plutôt un tâcheron
Sans lien, monsieur Tavernier, j’aimerais beaucoup connaître votre sentiment à propos de quelques « coquilles » de john Ford dans the searchers, notamment john Wayne qui boucle deux fois son ceinturon au début du film. Je vénère ce film et ces coquilles ajoutent pour moi à l’excellence de l’oeuvre, sans pour autant me les expliquer. Merci d’avance, pour votre oeuvre, votre action, et votre avis.
A Stag
Les américains, les monteurs américains se foutent de la double action. Celles ci abondent : dans le GRAND SOMMEIL Bogart allume deux fois une cigarette. En créditer les metteurs en scène est une erreur. Certains comme Hawks ne venaient pas au montage. Ford lui donnait peu de matériel et peut être que la meilleure manière de faire un bon raccord de mouvement et d’action consistait à redoubler une action
Je crois que cette histoire de tolérance typiquement américaine pour la double action vient de loin: déjà dans AMERICA de Griffith, j’avais été surpris par les deux acteurs principaux qui s’étreignaient d’une certaine façon filmés de tout près dans une taverne emplie de plein de figurants, tout de suite après un plan plus large embrasse la totalité de la taverne et on voit les deux acteurs rejouer exactement la même étreinte au loin. Là c’est vraiment faire de la double action une figure de mise en scène. Récemment j’ai revu l’excellent et original (et très beau visuellement) DESTINATION GOBI de Wise et je vois Widmark au début entrer dans un bureau où l’attendent deux personnes et fermer la porte. L’une des deux personnes s’avance vers lui lui prend le bras et referme la porte! Mais où est la script-girl qui doit dire « Non ça va pas la porte est déjà fermée! » peut-être le rôle de la script-girl était-il limité. Quant aux faux-raccords ils étaient aussi légion et le sont toujours et considérés comme négligeables je les trouve un peu gênants dans le cinéma classique américain, sans plus, c’est le rythme qui compte, et le fait qu’un acteur referme une porte déjà fermée lui donne une contenance, une figure de jeu, qqch qui appuie ses paroles etc. alors tant pis qu’il referme la porte fermée. Certaines « erreurs » deviennent des figures de style. Dans ANNIE HALL au début mais aussi en plein milieu du film, Woody s’adresse au spectateur (le regard-caméra est bien une faute) mais c’est une comédie alors… C’est dans THE OFFENCE de Lumet que JB Thoret remarquait dans le bonus que Connery au début était filmé sur son profil gauche, parlait, et continuait sa phrase tout d’un coup filmé sur son profil droit ce qui brise la règle des 180°, Thoret disait que Lumet qui est un réal classique connaisseur de toutes ces « règles » avait fait exprès pour donner un sentiment de malaise. C’était réussi!Donc la même raison qui a institué la règle (celà crée un sentiment de malaise chez le spectateur ss entendu: il faut donc éviter de le faire) fait qu’un cinéaste transgresse la même règle (pour susciter un malaise volontairement)! et le bouquin de Durand manuel de cinéma (j’oublie le titre) qui recense toutes ces règles devient une recension des figures de style!
Impossible de découvrir ALLEMAGNE ANNEE ZERO dans l’édition déplorable de Films sans frontières, heureusement c’est un emprunt à ma médiathèque! J’achèterai le br de la Bfi avec PAISA et ROME VILLE OUVERTE.
A MARTIN BRADY
Ah FILM SANS FRONTIERE, c’est croquignolet
à Bertrand si c’est eux qui ont les droits de POTEMKINE des Eisenstein et de tous ces films italiens de l’âge d’or ça veut dire qu’ils bloquent des éditions françaises sérieuses mais je ne connais pas les mystères des histoires de droits, ni les mystères des films « libres de droits ».
(POTEMKINE par FSF n’était pas catastrophique mais mérite un grand BR quand même! et IVAN etc.)
A M.B. : POTEMKINE est paru il y a quelques années chez MK2…
A Martin-Brady
Comme film d' »Allemagne en ruine autour de 1945″, sujet qui semble vous faire de l’œil ces temps-ci, il y en a un que j’aime vraiment beaucoup, et d’autant plus que même si c’est une comédie loufoque, on retrouve les ambiances que vous évoquez (le génie de l’auteur n’y est pas pour rien) : c’est ALLEZ COUCHER AILLEURS, d’Howard Hawks (I was a Male War Bride,1949), qui aurait droit à sa place au sein de ce corpus.
à A Angel: Aïe! vous êtes vachement indulgent! mais je n’aime pas les comédies de HH sauf HIS GIRL FRIDAY qui est touché par la grâce!
Si vous n’aimez pas I WAS A MALE BRIDE, vous allez vous faire des ennemis Brady (j’ai comme une sensation de déjà vu…)
D’accord avec Sullivan. C’est quand même un grand Hawks, Allez coucher ailleurs, pour moi plus important que Rio Bravo mais c’est très personnel. Hawks était un grand maître de la comédie comme Hitchcock était un grand maître du suspens, la comédie irrigue la plupart de ses œuvres. Regardez la toute dernière scène de Red River, la trogne dépeignée de Wayne… Sergeant York, on passe la motié du film à se poiler… Il faudrait recenser les films de Hawks vraiment graves, il ne doit pas y en avoir beaucoup… Seul les anges ont des ailes, oui, peut-être…
à JCF: vous avez une drôle de façon de défendre les comédies de HH, en défendant les moments de comédies dans ses drames donc on est d’accord. L’humour de SEULS LES ANGES est redoutable, ce traître et lâche qui vole le travail des autres des honnêtes des courageux qui bien sûr, eux, n’auraient jamais commis une faute pareille! (ah vous avez eu une exégèse de ça que vous avez jugée trop longue, moi je trouve pas mais peu importe…) Et n’oubliez pas par pitié LA comédie de HH vraiment convaincante qui est (bis) HIS GIRL FRIDAY dans laquelle Grant et R Russell tutoient le génie (comme dirait A Angel). Franchement, Hawks à part cette exception n’est jamais plus drôle que dans ses drames et là même mes nombreux ennemis seront d’accord avec moi!
Juste un truc: peu importe ce qu’on n’aime pas ce qui est important c’est ce qu’on aime! Cheers cher collègue (et néammoins ami).
à JCF: je vous ai mal lu: je joins LES ANGES parmi les drames de HH emplis d’humour et pas vous. Bien.
N’aimez vous pas Bringin up baby, l’une de mes comédies préférées toutes époques confondues??? Vous me faites de la peine!
Oui enfin, je dis quand même que HIS GIRL FRIDAY est un chef d’oeuvre et là personne ne réagit, BRINGING UP contient des moments de délire étonnants c’est vrai, j’ai sous entendu que ALLEZ COUCHER était un peu faible (ah le coup de la queue de cheval dont on fait une perruque…) et comment peut-on s’intéresser plus à ce que qqn n’aime pas qu’à ce qu’il aime. Dans HIS GIRL, on voit et entend Cary Grant éclater de rire en plein milieu d’une réplique sans que ça soit prévu et se permettre même de finir les répliques à la place des autres juste pour l’ambiance! Hawks n’a rien coupé de ces moments de délire improvisés et les a suscités même. Le personnage de Rosalind Russell est passionnant (j’ai lu (McBride) qu’elle avait payé un scénariste à ses frais pour lui écrire de meilleures lignes sans prévenir Hawks: ça n’a pas perturbé celui-ci! Cette liberté sur un plateau hollywoodien est exceptionnelle). Le vrai génie de Hawks est là, LES ANGES et RIO BRAVO c’est autre chose, c’est déjà moins moderne que HIS GIRL même si passionnants. Je ne divise pas les films de HH entre comédies et drames plutôt entre réussi et moins réussi. OK J’aime MOINS ses comédies que ses drames, ça ira comme ça? HIS GIRL est une exception, un bijou, un truc comme la comète de Haley, et par contre là bien plus culotté que RIO BRAVO par exemple.
A Martin Brady
Mais RIO BRAVO est moins audacieux que RED RIVER quant aux personnages et que LA CAPTIVE AUX YEUX CLAIRS sur la construction, l’ampleur et la liberté narrative
A Martin Brady
« Franchement, Hawks à part cette exception n’est jamais plus drôle que dans ses drames et là même mes nombreux ennemis seront d’accord avec moi! »
Ben non..en tant qu’ennemi assoiffé de haine (mais néanmoins parfaitement inoffensif), je ne vous suis pas : Hawks n’est jamais aussi drôle que quand il est drôle. Et il l’est souvent dans BRINGING UP BABY, BALL OF FIRE,I WAS A MALE, MONKEY BUSINESS ou MAN’S FAVORITE SPORT. Ceci posé, il est probable que le grand fil rouge qui traverse sa filmographie est la décontraction. Il en a été le maître absolu. Regardez HATARI!, c’est incroyable de coolitude (sauf pour les animaux, les pauvres!).
Sinon, on peut ne pas être sensible à tel ou tel type d’humour. De toute façon, en ce qui me concerne et en termes purement rigolométriques, aucun film, je dis bien aucun, ne me fera plus rire que LA PARTY, de Blake Edwards.
C’est comme ça et pas autrement et ce, jusqu’à la nuit des temps.
pas McBride mais McCarthy Todd (http://www.actes-sud.fr/catalogue/arts/hawks)
À MB : Ah mais je n’oublie pas His girl friday, que j’adore, mais que je ne mets pas à part dans les pures comédies de Hawks, ni même dans la filmographie globale de Hawks, tant j’y retrouve presque toujours ces mêmes ingrédients que j’apprécie beaucoup, qui ont fini par me faire penser que chez Hawks on est presque toujours dans la comédie. L’exemple de Red River, du western peut-être le plus sombre de Hawks, est pour moi très parlant : À la fin, je ne peux pas m’empêcher d’exploser de rire. Wayne vient de dégommer brutalement Ireland, de se battre presque jusqu’à la mort avec Clift et réalise, après le coup de gueule de Joanne Dru que oui, c’est de l’amour, ils s’aiment, Clift et lui… Ça plus la scène des pistolets au début du film qui fait plus que sourire… (J’peux le toucher?… Oui, si tu veux, mais fait gaffe il part vite, tiens ben alors t’as qu’à prendre le mien…) Hawks est un chenapan, voilà, et c’est pour ça que je l’aime bien, derrière ses airs de dur à cuire…
A Martin Brady
Il faut absolument que je revoie HIS GIRL FRIDAY du coup. Je ne l’ai pas en dvd et mon dernier contact avec ce film m’a laissé un peu débordé par le côté logorrhéique des dialogues, comme épuisé par cette ouverture de vannes (dans tous les sens de l’expression). Mais je suis sût que j’adorerais le retrouver..
Sur Hawks, ses traits d’humour ont, dans les westerns, la fonction un peu obligée de détendre un climat qui finirait sans cela par devenir un peu pénible. RIO BRAVO sans Stumpy serait peut-être barbant… Et puis les petits sourires servent toujours à mettre le gros drame en valeur.
Reste la qualité de ces sourires, sans doute à discuter…
J’adorais la manière dont Ford posait le drame sur fond de gaîté, en un même plan, décuplant la force de la scène.
Recette que tout le monde a piquée depuis.
A Minette Pascal
Il faut préciser qu’il n’était pas le seul à mêler comédie et drame. C’était même l’obsession de certains cinéastes qui étaient parfois moins heureux dans les mélanges comme Tay Garnett qui tirait tout vers la comédie ou George Marshall ce dont s’était amèrement plaint Raymond Chandler pour le DAHLIA BLEU
à A Angel: je vous propose au moins aussi drôle que THE PARTY avec SENOR DROOPY de Tex Avery + BIG BUSINESS avec Laurel & Hardy (quand ils vendent des sapins de Noël en plein été!). Et cochon qui s’en dédit? Deal?
à Bertrand: je ressens l’immense douleur de ne pas être d’accord avec vous à propos du rapport RIO BRAVO-RED RIVER sur les personnages car ils me paraissent plus singuliers dans RIO: Hawks propose dans RIO des choses impossibles à proposer dans RED: ainsi Angie Dickinson qui rit de Wayne en lui disant l’imaginer en guêpière sexy (Wayne! le symbole de la virilité), l’évolution du personnage de Martin, qui n’est pas une ascension linéaire, la subtilité de celui de Stumpy qui avoue sa douleur dans un seul moment grave, et mon moment préféré quand HH donne à un second rôle inconnu et même figurant (Tom Monroe) la possibilité de jouer toute une scène face à Wayne d’égal à égal (Monroe joue l’homme au léger strabisme convergent qui dirige le guet-apens final qui fait tomber Wayne dans l’escalier avec une corde tendue entre les marches): ce type de tentative était impossible dans le canevas traditionnel de RED RIVER entendons-nous bien: tout en donnant un très très bon film! La convention n’est pas ennemie de la qualité sinon on détesterait les films de de Mille. Par contre, je ressens l’immense plaisir d’être d’accord avec vous sur le rapport RIO-BIG SKY « sur la construction, l’ampleur et la liberté narrative » irremplaçables, et donc supérieure dans BIG. Dés le début et l’apparition des trappeurs français on sait qu’on a là une visée historique alliée à une vision légèrement comique irrésistibles. L’ampleur géographique est très bien sentie on sent vraiment qu’on se déplace sur des centaines de km! En général, HH a un problème avec les communautés d’ethnies ou de langage différents qu’il déteste mélanger sans doute par tiédeur de bon républicain conservateur (cf les couples qui se forment par ethnie dans LIGNE ROUGE…)? Là il donne la même impression de chaleur humaine que dans WIDE MISSOURI de Wellman.
A Martin Brady
Les différences tiennent à la différence d’age de Wayne dont il est plus facile de se moquer dans RIO BRAVO, au fait que l’un est un itinéraire et que l’autre est un western urbain et immobile. Dean Martin n’a pas son équivalent dans RED mais il y a une galerie de personnages secondaires très riches. Joanne Dru anticipe nombre de réactions d’Angie Dickinson qu’il peut peaufiner, ayant deja mis au point le principe. Et Clift est légèrement supérieur à Ricky Nelson
oui oui pour Joanne Dru modèle de Feathers et Clift meilleur (haut la main) que Nelson vous avez raison. Pour Wayne il n’aurait jamais accepté ce gag de féminisation (relative bon dieu!) de son personnage à l’époque de RED. En 58, il s’en remet beaucoup plus à HH qu’il respecte (cf aussi l’anecdote du doigt coupé pour laquelle il refuse le rôle de BIG SKY, et voyant le résultat filmé avec Douglas dit à HH: « OK la prochaine fois, je ferai comme vous voulez »!).
A Martin Brady
Je crains que l’histoire du refus de Wayne pour le doigt coupé soit une des milliers d’histoires inventées par Hawks. Je n’ai pas relu todd mcCarthy mais je crois que Scott Eyman détruit cette histoire. Wayne n’était pas sous contrat à la RKO à cette époque et j’ai lu que Hawks ne lui avait pas proposé le film
à AA: oui stf obligatoire sauf si vous êtes un anglophone furieux. La scène dont je parle est à une heure 20 je la revois en tapant celà et à un moment Grant dit à Russell: « On en a vu des pires pas vrai, Hildy? » il est clair qu’à ce moment Russell doit répondre « Et comment! » or elle répond « Non! » Grant sursaute et se retourne vers elle… à 1h21’14 » (oui bon, à peu près, hein? soyons pas maniaques) un acteur dit à Grant: « dans quelques jours vous vous vous euh… » Grant joue au souffleur « Allons allons vous fabriquerez… » et l’autre « Vous fabriquerez des balais au pénitencier! » c’est tout juste s’il lui dit pas merci et Russell d’éclater de rire. Et pendant tout ce temps, un pauvre type est cloîtré dans un secrétaire ne sachant pas s’il va finalement être pendu ou non! et Hawks ne dit jamais « coupez » il s’en fout, il préfère une bonne ambiance sur le plateau je crois que c’est le film qu’il a toujours voulu faire revoyez-le par pitié! Je ne sais plus quel producteur a fait un memo « Mr Hawks je suis désolé de vous signaler qu’on rigole un peu trop sur vos tournages! » (McCarthy of course).
A Martin Brady
Plusieurs choses en vrac.
Je vais revoir le Laurel et Hardy que j’ai dans la super collection Universal aux copies impeccables. SENOR DROOPY, rien à redire, c’est un des Tex Avery les plus poilants. Quant à LA PARTY, je modulerais mon affirmation en précisant que l’intense concentré d’épreuves pour les zygomatiques se trouvent dans la première heure, après, de façon sans doute prévisible et pour reprendre une expression de notre hôte, il y a moins de vapeur dans la machine (en tous cas je rigole un peu moins).
C’est vrai, par ailleurs, que THE BIG SKY et ACROSS THE WIDE MISSOURI ont des points communs, notamment cette présence française, ou acadienne, très pittoresque et aux accents approximatifs. Le Wellman, que je viens de revoir, est vraiment magnifique (la course de ce cheval affolé flanqué d’un bébé qui hurle est prodigieuse).
Dernière chose, et pour en revenir aux comédies, je viens de découvrir SEX AND THE SINGLE GIRL (Une vierge sur canapé) de Richard Quine. La distribution, imposante (Tony Curtis, Nathalie Wood, Lauren Bacall, Henry Fonda, Mel Ferrer) communique une vraie bonne humeur et on peut se délecter du style particulier de Quine, d’une sophistication à la fois sucrée et acidulée, aussi cartoonesque que sensuelle, riche de détails délicieux qu’une seconde vision fait mieux ressortir encore. Tout cela servi par une musique de Neal Hefti omniprésente mais pas envahissante, qui amène à certaines séquences une remarquable tension érotique.
ceci dit, je me demande si cette anecdote n’est pas signée Hawks lui-même du coup est-elle fiable?
à Bertrand: oui l’histoire de Wayne et du doigt coupé est fausse, je me suis rappelé après que c’est HH qui la racontait. McCarthy dit simplement que Wayne n’était pas disponible. HH raconta qu’il avait refusé 14 HEURES sauf s’il pouvait le tourner en comédie avec Cary Grant et je voulais citer ça pour appuyer son sens de la comédie mais… a-t’il vraiment dit ça à Zanuck ou s’est-il juste défilé parce que le projet ne lui plaisait pas? Il racontait toutes ces histoires à des jeunes critiques béats d’admiration qui les avalaient avec plaisir, comment leur en vouloir?
A Martin Brady
Cela aussi, c’était faux. 14 HOURS avait été tout de suite proposé à Hathaway, le metteur en scène de prestige de la Fox avec King, parce que Zanuck savait qu’il aimait les défis. Et quand on lui parlait de la reflexion de Hawks, il haussait les épaules. HH a voulu s’attribuer les mérites de Fleming et John Lee Mahin le remet sérieusement en place en ajoutant 1° que Fleming était un meilleur pilote 2° que ce n’était pas le genre de réalisateur à écouter des conseils
à A Angel: pour SEX AND… 50 Ans est d’accord avec vous! et avez-vous vu MA SOEUR EST DU TONNERRE ou MY SISTER EILEEN? Formidable! c’est dommage le dvd z1 est un peu limite mais pas dramatique.
A MB
Je suis fan de MY SISTER EILEEN et aussi du sérieux LIAISONS SECRETES. TCM avait diffusé pas mal de Quine il y a 3-4 ans. J’avais découvert OPERATION MADBALL, L’INQUIETANTE DAME EN NOIR ou TRAINS,AMOUR ET CRUSTACES. A chaque fois les arguments sont intéressants, inhabituels. On peut avoir une impression de lourdeur, de longueur, de trop plein parfois mais de la finesse et toutes sortes d’élégances travaillent beaucoup de scènes de l’intérieur. Quine me semble généreux, il donne beaucoup au spectateur (la poursuite finale de SEX qui ne fait pas l’unanimité peut-être vue comme une sorte de cerise sur le gâteau). J’aimerais revoir L’ADORABLE VOISINE et il y en a plein que je ne connais pas. Je vais faire quelques pompes et aller chercher AMIS AMERICAINS sur son étagère.
A Sullivan
Si c’est pour CHANTONS, sa tête est toujours mise à prix..
A AA : Ah non. Chantons, je l’avais oublié ce chapitre… Allez, vous avez bien mérité la prime, je vous la laisse. Martin, restez du bon côté du Rio Grande, avec armes et chapeau… Non, je crois qu’on a déjà eu cette discussion sur ALLEZ COUCHER AILLEURS, ou bien je yoyotte…
à Bertrand: en fait, Hawks devait carrément avoir un sacré problème psychologique pour raconter des bobards à des femmes ou à des gens du cinéma dont il aurait dû savoir qu’ils pouvaient être facilement éventés! Quel drôle de mec.
A Martin-Brady
Il n’est pas le seul. Welles a souvent raconté n’importe quoi à des admirateurs qui gobaient tout (comment est né la DAME DE SHANGAI). Et Renoir pour plaire à ses fan leur a dit ce qu’ils voulaient entendre.Et quant à EG Ulmer, lui il s’inventait des films, des collaborations, des participations (l’incendie d’Atlanta dans AUTANT EN EMPORTE LE VENT alors qu’il était à la PRC avec des tournages de 5 ou 6 jours par film). Ce n’est pas le cas de Hawks qui appartient à cette catégorie de mythomane qui voudraient avoir vécu des choses encore plus extraordinaires et les inventent alors que la réalité est parfois encore plus intéressante. Il s’attribuait des trouvailles, des idées qui n’était pas de son fait mais pouvait aussi se montrer très modeste. Ford aussi a raconté des bobards
Le pire, chez Film sans frontière, ça a sans doute été le dvd de Nosferatu, où le patron, très créatif, sur son orgue bontempi, a improvisé la musique. Mais quand même de bons titres, Eureka par exemple d’Aoyama. Et à une époque j’ai bien été content de trouver les Rosselini pour 99 centimes chez le soldeur du coin, car ils n’existaient pas ailleurs, même si la qualité n’est pas optimale c’est quand même globalement plus satisfaisant que Bach films…
à JCF: des mauvaises langues disent que C’est pas le patron Mr Moravioff lui-même c’est son petit neveu d’à peine 9-10 ans (dont il avait la garde un dimanche) qui s’est chargé de la musique de NOSFERATU sur le mini machin électrique reçu cadeau à Noël, enfermé à clef dans un cagibi insonorisé paraît-il, et je le sais de source sûre!
À MB : Merci pour cette précision. Et j’imagine que l’infortuné neveu n’a jamais touché le moindre droit d’auteur…
A JCF et Martin Brady:
Mais moi je l’aime bien cette musique bontempi de Nosferatu sur le DVD FSF, en tous cas je la trouve efficace, plus en tous cas que celle de INTOLERANCE par le même. NOSFERATU a été édité en Blu-ray par Eureka avec la musique originale de Hans Erdmann. Le BFI va sortir aussi un Blu-ray de NOSFERATU avec cette fois un nouveau score composé par James Bernard, compositeur de musiques de films pour la Hammer et notamment pour HORROR OF DRACULA.
à Mathieu: oui mais moi je disais ça pour rigoler… bon je regrette Mr Moravioff (je regrette mais je l’ai quand même coupée au bout de 20′).
J’ai été épaté par une musique de muet récemment c’est celle de Carl Davis pour LA GRANDE PARADE le br est en vente pour rien, souvent je coupe le son car je trouve la musique de muet intrusive, ben là non.
à JCF: son poids en carambar.
A Martin Brady
LA GRANDE PARADE en zone i ou 2
Je parle du br de LA GRANDE PARADE paru en Fr chez Warner, Bertrand on le trouve ou trouvait dans les promotions, l’image est stupéfiante, dans les bonus ils disaient avoir retrouvé le négatif original ce qui est très rare, Mathieu en avait parlé ici, d’ailleurs.
A Martin Brady:
D’accord pour le musique de Carl Davis pour LA GRANDE PARADE, surtout pendant les scènes de bataille, un mélange d’atonalité et d’harmonies plus classiques très réussi.Par contre les plans de mitrailleuses en action ne sont pas accompagnés d’une illustration sonore genre caisse claire, ce silence étonne d’autant qu’il y a force timbales pour illustrer les explosions de bombes. Moi aussi ça m’arrive assez souvent de couper le son sur des films muets, par exemple les improvisations pianistiques de Neil Brand ou d’Eric Le Guen sur des films burlesques (Harold Lloyd, Stan Laurel, etc…)chez MK2 pour moi particulièrement pénibles (alors que pour Lloyd il existe des musiques orchestrées nettement préférables de Robert Israel).
à Mathieu: pour LA GRANDE PARADE, je trouve que Davis parfois contredit le film bon j’exagère mais en tout cas, ce que je veux dire, c’est qu’il est capable de créer une tension avec le film il n’est pas forcément dans la même note. Le problème des musiciens de muets c’est qu’ils sont trop souvent à ce point pétris d’émotion devant ce qu’ils doivent mettre en musique qu’ils servent le film, se mettent à genoux devant, en doublant ainsi l’impression voulue par les images ils se font redondants. Ce n’est pas que Davis n’admire pas le film, c’est que les images lui inspirent sans doute autre chose auquel le réalisateur n’a pas pensé. N’est-ce pas ce qu’il se passe quand un compositeur dans le ciné actuel, bien que travaillant avec le réal lui offre qqch de différent que ce qu’il attendait? (j’ai entendu un truc de ce genre dans l’émission de Jousse sur Friedkin (Cinéma song) mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus).
à Mathieu: ce silence étonne et réjouit! ah quand la musique de muet se fait bruitage, catastrophe. Il y a d’ailleurs dans certains sonores bien après, des effets musicaux douteux pour accompagner un coup: ah, l’intervention musclée à coup de bide de Andy Devine dans LES DEUX CAVALIERS! on se tortille sur son siège tout gêné…
William Friedkin, la fureur du cinéma :
http://www.francemusique.fr/emission/cinema-song/2014-2016/william-friedkin-la-fureur-du-cinema-07-02-2015-22-30
On à souvent cataloguer à tort Patrice Leconte de réalisateur de film comique.Pourtant son meilleur film à mon avis est sans doute »Tandem »avec le duo Rochefort,Jugnot qui forme deux personnages sympathique en apparence mais seuls dans leurs vies de saltimbanques.Au fil de l’histoire on comprend assez vite que Mortez et Rivetot sont deux etres inséparables qui parcourent les communes de France afin d’animer un jeu radiophonique populaire qui rassemble 3 millions d’auditeurs par jour(clin d’oeil au jeu des mille francs cher à Lucien Jeunesse mais aussi au Quitte ou double animé par Zappy Max sur Radio Luxembourg puis sur Rmc en 1974).Rivetot est beaucoup plus qu’un simple assistant technique,c’est un confident,un perdant qui dessinera plus tard le personnage de Berthier dans une époque formidable réalisé par Jugnot lui meme.Mortez est une ancienne vedette de la radio qui à connut Martine Carol et d’autres égéries du cinéma.Il fait semblant d’appeller sa femme à Paris mais en réalité il appelle l’horloge parlante pour savoir que son temps est conter au sein de la radio des années 80.La chanson de Cocciante donne un souffle de vie,d’espoir,de mélancolie dans ce road movie à la française.Je conseillerais à tous de revoir »L’homme du train »du meme réalisateur avec Rochefort toujours impérial au coté d’un Johnny qui incarne un ancien tueur fatigué de la vie.
A Rouxel
Il y a aussi RIDICULE, LA FILLE SUR LE PONT, LE MARI SZ LA COIFFEUSE et le film avec Luchini et Sandrine Bonnaire
Et surtout son Monsieur Hire qui n’a pas à rougir de la comparaison avec Panique de Duvivier d’après le même très beau roman de Simenon.
Photographie atmosphérique superbe, interprétation délicate de M blanc et S Bonnaire, partition de M Nyman souvent fondée sur des variations autour de Brahms et densité narrative.
Les scènes de voyeurisme ne sont pas sans évoquer la subtilité de Brève histoire d’amour de Kieslowski.
De Patrice Leconte n’oubliez pas son VOIR LA MER dont vous aviez parlé ici Bertrand
https://www.tavernier.blog.sacd.fr/documentaires-et-fictions/
C’est effectivement une heureuse surprise, n’évitant pas certains clichés à la « Jules et Jim » mais le propos est juste, les acteurs et les décors bien choisis (Pauline Lefèvre jouant avec naturel et fraîcheur). A (re)découvrir en cette période estivale.
Le jour du 14 Juillet je reste dans mon lit douillet. Pour le coup à regarder LE P’TIT QUINQUIN d’où je suis ressorti épuisé. De rire bien entendu, et j’avoue que de mémoire de spectateur il m’est rarement arrivé de rire autrement que par intermittence devant un film. Bruno Dumont (entre nous un des 4 ou 5 cinéastes français qui mérite qu’on lui donne de l’argent pour tourner) avance sur un terrain où on ne l’attendait pas, et c’est un véritable coup de génie que d’avoir réussi à atteindre un tel degré de comédie avec des acteurs amateurs. Son travail avec les non-acteurs m’a toujours sidéré et ici plus que dans aucun autre film. Il agit parfois par simple effet Koulechov, les plans de coupe sur le collègue Carpentier sont à mourir de rire, et sait capter comme aucun autre cinéaste l’expression visuelle d’un personnage. Au delà du comique son histoire à la Jean-Christophe Grangé transplantée chez les Deschiens, avec un flic aussi étrange que celui de L’HUMANITE, est un film aussi roboratif qu’insolant, parce qu’il désacralise tout un tas de sujets devenus tabous. Ceci à une époque où tout devient sacré alors qu’on ne respecte plus rien. L’immigration par exemple, avec cette réplique hilarante du flic quand le jeune noir flingue à tout va à travers une fenêtre. Le handicap, avec ce débile mental qui ne cesse de tourner sur lui-même. La religion, avec la scène de l’église, un tantinet trop longue mais digne de Jean Yanne ou de Jean-Pierre Mocky dans ses bonnes heures. Il arrive même à nous faire marrer avec un gag à la Claude Zidi (la voiture sur deux roues) alors que chez Zidi c’est lamentable. Il se moque aussi de ces polars surnaturels très à la mode, plus grotesques qu’effrayants, et d’ailleurs son tandem de flics ne cherche même pas à résoudre une énigme trop invraisemblable pour qu’elle relève de l’enquête policière. Qui plus est visuellement le film est très beau. Une série télé hors de tous les courants, la plus étonnante qu’il m’ait été donné de voir. Merci Bruno Dumont.
Je suis d’accord j’ai un copain qui faisait la fine bouche devant ça je lui ai foutu mon poing dans la figure. D’accord d’ailleurs y compris à propos des longueurs de la messe. A part ça on dirait un film de Mocky tourné par un double de Mocky qui aurait décidé de se retrousser les manches à vraiment faire un film pour une fois hardi petit. Maintenant c’est quand même pas à hurler de rire comme dit le type qui a rédigé le texte du dos du dvd et qui doit pas être payé cher pour ça. C’est vraiment, souvent, drôle et pas que ça, ça joue sur plusieurs plans. Pas près d’oublier la gamine qui se tient sur les oreillettes du vélo de son copain vêtue de son uniforme avec son tuba (euh… un tuba?). Vous parlez de l’handicapé je me dis comme pour la messe que la séquence avec celui du restaurant est un peu longuette aussi. En effet, il ne respecte rien, je me demande s’il y a pas eu des échos du type « il prend les gens du nord pour des cons c’est pas bien ». Et bien moi je suis content d’avoir un anti-Chtis avec ce film.
Je me demande ce que vont devenir les deux acteurs qui jouent les flics.
et je veux revoir le grand-père dresser la table!!!
Dois-je préciser anti-Chtis le film?
BETHSABEE de Moguy va passer chez Brion le 13 sept. Je crois que vous n’en avez pas parlé.
A Martin Brady
je ne connais pas
Si Birdman, film formellement brillant mais sûrement un peu narcissique et étiré, pouvait susciter quelques réserves le nouveau projet d’ Inarritu donne envie de croire à un retour à la force d’expression des débuts du cinéaste dans Amours chiennes et 21 grammes.
Il s’agit de the revenant fondé sur le même récit que le fabuleux Man the wilderness de R Sarafian qui pourrait constituer avec le nouveau Taratino un étrange duo de westerns hivernaux.
Le trio mexicain Cuaron/del Toro/Inarritu en tout cas semble conquérir Hollywood!
A Ballantrae
Comme vous avez raison
Notons que ce film semble raconter de manière plus complète que le film de Sarafian l’épopée de Hugh Glass survivant « in the wilderness » blessé et sans armes.
La bande annonce est assez intrigante pour donner envie de fantasmer sur un western authentique et sauvage.
Il est assez incroyable q’après des décennies westerniennes telles que les 40′, les 50′, les 60′ voire les 70′ on ait l’impression d’un regain du genre en attendant deux-trois titres.
Au fait, votre ami Tommy Lee Jones a t’il eu l’heur de rencontrer un producteur éventuellement intéressé par une adaptation de Méridien de sang?
Il semblerait que R Scott soit occupé par un sûrement calamiteux Prométheus 2 ce qui laisse place à un projet de qualité.
Le fait que C Mac Carthy écrive pour lui Cartel m’a fait frémir un temps et j’espère bien qu’il ne massacrera pas ce grand roman pour laisser place à d’autres réalisateurs.
A Ballantrae
Aucune info sur le projet qui me parait rester à l’état d’hypothèse
J’ai vu la BA de THE REVENANT et c’est vrai que ça allèche drôlement mais je n’ai pu m’empêcher de me demander ce qu’ils avaient fait du bateau ?
BA que voilà
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19555170&cfilm=182266.html
Enfin si, il y a quand même un p’tit bateau..
C’est bien dommage car ce roman est une mine d’or pour un cinéaste visionnaire!
Tiré d’un roman de Sébastien Japrizot publié en 1966″La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil »est le dernier film réalisé par Litvak.Je ne connais pas ce film mais le remake signé Joan Sfar,désinateur du chat du rabbin puis d’un premier film biographique sur la vie et les turpitudes de Serge Gainsbourg.Par contre évitez d’aller voir ce thriller baclé et qui manque totalement de maitrise dans l’intrigue du personnage de cette secretaire à qui son patron lui confit pour un week end sa voiture et se retrouve dans le sud de La France durant les années 70.Que d’incohérences dans ce film(les marquages au sol et les flèches de rabattements n’existait pas à cette période puis la scène dans la station service est d’un bling bling digne d’un mauvais clip).
Je ne sais pas si qqn a vu GAINSBOURG VIE HEROIQUE de Sfar mais je dispose d’une méfiance infinie pour ce film, je ne sais pas si c’est parce que Gainsbourg (qui a eu du génie dans les 60) ne me paraît pas mériter un film ou si c’est les interviews de Sfar, je me méfie de mes méfiances alors le film est peut-être bien.
Gainsbourg pouvait mériter un film- c’est un grand de la chanson,soucieux d’invention musicale autant que textuelle jusque plus tard que les 60′, j’en veux pour preuve ces deux albums superbes que sont Melody Nelson et L’homme à tête de choux- mais sûrement pas celui-là avec ses vignettes dignes du musée Grévin ou ses métaphores plus curieuses qu’abouties ( la marionnette de Gainsbarre).
Sfarr est un grand de la BD qui commet l’erreur- à mon sens-de vouloir à tout prix se penser comme un créateur polyvalent et du coup de moins s’investir dans son domaine de prédilection!
C’est d’ailleurs une mode chez les auteurs de BD que penser comme « naturel » le passage au cinéma: pour le pire Lauzier, pour le meilleur Winschluss orchestrateur véritable de Persépolis, Poulet aux prunes et qqs cm des plus réjouissants.
Des cinéastes ont pu aussi tomber dans ce qui me semble un travers à commencer par Lynch que j’admire profondément…comme CINEASTE! A l’inverse, un Greenaway me semble mieux gérer le passage d’un mode d’expression à l’autre.
Au premier le projet avait l’air « casse gueule »à savoir le phénomène mode d’adapter au cinéma l’oeuvre ou la carrière d’un écrivain,d’un chanteur ou d’un sportif.Comme je le soulignais précedemment c’est la prestation d’Eric Elmonino dans la peau de l’homme à la tète de chou qui sauve le film car il y a des scènes inutiles qui ne serve en rien la complexité interieure de cet auteur,compositeur,interprète,poète,peintre mais aussi acteur au cinéma et à la tv qui à été un grand provocateur qui à inventer un personnage dont il s’est servit pendant 30 ans.
à Ballantrae et Rouxel: désolé je n’avais pas vu vos réponses sur le film de Sfar, donc merci beaucoup. On dirait que certaines personnalités se lancent dans la mise en scène comme ça, sur un coup de tête, sans qu’elles ne donnent l’impression de voir qqch de spécifique dans le cinéma. La grosse erreur c’est le film de de Caunes sur Coluche, le visage originel est trop connu comme disait Truffaut comment le spectateur peut-il adhérer? (j’en avais mal de voir Dumaison pathétique s’exténuer à produire une imitation parfaite en comportement et tics comme si ça devait suffire). Ce que je me demande c’est ce qui se passe dans la tête de de Caunes ou de Sfar quand il décide de se lancer dans un film. Et est-ce que c’est la production qui le pousse dés le départ pour avoir son nom, ou lui qui doit séduire la production car le projet lui tient à coeur oui bon pour moi c’est la 1ère option: ce sont des films de producteur qui veut un générique alléchant comme point de départ plus que des films de cinéaste avec un point de vue personnel sur le sujet, et zou la mode du « biopic » entraîne tout ça!!!
pour poursuivre sur Litvak que nous ne devons pas abandonner trop vite ici me semble-t’il étant donné la pénombre dans laquelle il est confiné malgré les efforts de Coursodon-Tavernier (entre autres) je confirme après sa revision que LE TRAITRE est l’un des films les plus bouleversants que j’ai pu voir. Si vous êtes ok avec les st anglais ou espagnols, achetez le dvd américain. la richesse de l’oeuvre supporte plusieurs visions. Cette maturité cette hauteur de vue cette dignité de la part de Litvak n’est pas tout à fait surprenante mais seulement rare en 1951 mais jugez plutôt: le spectateur voit là à la fin de la 2 g mondiale alors que les armées US envahissent l’Allemagne (on y découvre un immense bordel de réorganisation de la part des Allemands qui savent quand même malgré la gloriole de façade qu’ils ont perdu, tout ce bordel se déroulant sur le champ dévasté d’un pays ravagé bombardé, sacrifié (obligé de penser à l’autre grand film de l’après-2ème guerre le sublime BERLIN EXPRESS) un pays « envahi » non seulement si on peut dire par les Alliés mais aussi par les forces et services allemands eux-mêmes avec la montée des contrôles agressifs et répétés des Allemands sur leur propre peuple: paranoïa et suspicion sans doute dopées par le refus d’admettre la défaite, un peuple avili par les bombes ennemies ET par le soupçon de son propre gouvernement) or, dans ce champ dévasté et mouvant (pour le moins) est largué un espion (Oskar Werner, « le traître » du titre français) recruté volontaire parce que critique du régime hitlerien et désirant renseigner les Américains pour précipiter la défaite d’une guerre qu’il juge une erreur de son pays. Il sera utilisé avec cynisme car dés le début le général des services secrets (Gary Merrill n’a jamais été aussi imposant) l’a déclaré: « Ils sont là parce qu’ils sont utiles mais leur sort ne nous importe pas » citation à peu près). Werner génial peut-être parce que ce rôle est puisé dans sa propre vie: enrôlé dans la Wehrmacht il joua l’incompétence pour rester dans un rôle passif et pour aggraver son cas épousa une Juive il resta sous la surveillance de la Gestapo. Son titre de gloirE fut JULES ET JIM, la bluette gnangnan de Truffaut qui le servit mieux dans l’excellent FAHRENHEIT 451. Je ne peux pas illustrer par manque de courage la foison visuelle étourdissante des décors réels utilisés par Litvak: le théâtre à demi détruit où tentent de fuir les fugitifs dénoncés par un gamin rancunier qui ne digère pas que son père à lui ne rentre pas de la guerre -je ne peux qu’imaginer à peu près les énormes difficultés pour balader une équipe de tournage là-dedans- j’essaie de caser ce rendez-vous dans l’appartement d’un immeuble en ruines qui fait penser à un film d’espionnage extravagant type Dimitrios ou Arkadin, l’excellence aussi de Richard Basehart chef espion qui au départ ne veut pas que Werner soit choisi pour la mission en prétextant de l’hypocrisie de la part de l’Allemand alors que c’est seulement parce qu’il sait que c’est un boulot dégueulasse et qu’il ne veut pas qu’il s’y fourvoie, de Dominique Blanchar drôlement séduisante qui de même donne comme argument contre qu’il risque d’arriver malheur à Werner ce que Merril, vieux renard sans coeur balaie de la main comme irrecevable (Blanchar sera mutée, trop émotionnelle). Werner nom d’espion « Happy », doit se sacrifier à la fin et un soldat émet une 1ère oraison funèbre: « C’est dommage mais bon, je suppose qu’il faut se dire que ce n’était qu’un boche parmi d’autres! » quand Basehart qui n’a rien livré de sa tristesse d’avoir vu partir Werner dit pour le spectateur un douloureux « So long, Happy », hommage à ceux qui meurent dans l’oubli. Je devrais dire un mot de Peter Viertel scénariste crucial pour la réussite du film mais peut-être dans un 2ème message?
A Martin Brady
Bravo. N’oubliez pas ALLEMAGNE ANNÉE ZERO
nom de dieu vous avez raison! le Rossellini! merci.
autre chose juste un détail: dans une taverne interdite par le couvre-feu, des prostituées (dont Hildegard Knef lumineuse) font un petit numéro de music-hall pour distraire les clients: l’une d’elle a perdu une jambe dans un bombardement: ça ne l’empêche pas de danser et chanter avec les autres mais OU a-t’on vu un truc pareil ailleurs?
pour Peter Viertel (scénariste du film d’après le roman La « légion des damnés » de George Howe paru chez Marabout mais complètement épuisé je crois), je crois que je l’ai confondu avec un autre, il n’a pas été dramaturge. Il était Allemand réfugié avec sa famille aux USA suite à l’arrivée de Hitler, il a écrit le roman adapté par Eastwood en 90 Chasseur Blanc… et d’autres films connus mais pas toujours très bons. Par contre il a épousé Deborah Kerr (et est mort 20 jours après elle). Gloire lui soit rendue pour celà!
je voulais ajouter que Oskar Werner promène tout le long du film un personnage désespéré, fait de souffrance et de conviction, parfaitement déchirant: comment bouleverser le spectateur par le regard, lui faire toucher le fond de son âme sans un mot un geste un accessoire? Werner a résolu celà.
je suppose que pour y arriver il faut avoir été surveillé par la gestapo (comme Happy dans le film avec l’épouvantable personnage du chauffeur de side car) et épousé une Juive, au moins.
Comme vous évoquez la carrière riche et dense de Litvak,j’ai enfin vu »L’équipage »un film fort sur une escadrille française durant la première guerre mondiale.Vanel excelle une fois de plus avec sa bonhomie et son regard renfrogné,il à jouer pratiquement que des roles puissants et plein d’épaisseur.J’aurais une question à poser à Bertrand concernant la supervision en 2002 de la sonorisation du premier film réalisé par Vanel »Dans la nuit »qui date de 1929 juste avant l’avénement du cinéma parlant.Comment avez vous été choisit afin de réaliser cette prouesse puisque le film(que j’ai jamais vu)était sorti en version muette?D’autre part,je m’interroge sur deux films sorti pendant la seconde guerre: »La nuit merveilleuse »avec Fernandel et réalisé par Paulin dont le scénario serait signé du maréchal Pétain puis « Le ciel est à nous »de Grémillon qui avait été catalogué comme une oeuvre pétainiste!Qu’en est-il exactement et évoquerez vous les films sortis à La Continental entre 1940-45?
A Rouxel
Ce n’est pas une sonorisation. C’est une partition musicale que nous avons commandée à Louis Sclavis qui avait fait la musique de CA COMENCE AUJOURD’HUI et c’est l’INSTITUT LUMIERE qui s’est chargé de cette opération car le film est tourné dans notre région
Rouxel
S’il vous plait cher Rouxel, lisez les quelques ouvrages consacrés au cinéma sous l’Occupation, celui de Jacques Siclier, ceux de Bertin Maghit. On y parle longuement du CIEL EST A NOUS qui fut rangé parmi les films de résistance et aussi par certains parmi les film vantant les vertus petainistes : le courage, l’abnegation. Gremillon était proche du PC ainsi que nombre de ses collaborateurs à commencer par Max Douy et Spaak était tout sauf petainiste. Le film fait preuve d’un féminisme peu prisé par Vichy (qui guillotina une femme). Et les vertus prônées par le film seraient les mêmes sous la Republique. Il y a en revanche une atmosphère de défiance haineuse (pierre dans les vitres, coup de fil anonymes) qui renvoient à l’horreur de l’époque. Quant à Jean Paul Paulin, je crois que c’était le gendre de Petain mais sa conduite a été correcte et je ne crois pas que Petain qui avait trois heures de lucidité ait pu travailler à un scénario. En revanche, Philippe d’Hughes et Claude Beylie vantent LES FILLES DU RHONE de PAULIN et j’ai parlé ici de L’ESCLAVE BLANC qui met en scène un scénario de Dreyer.
A Martin-Brady : Votre histoire de danseuses et de couvre-feu me rappelle « le bal défendu », cette si belle et peu connue chanson de Vincent Scotto. Trois couplets seulement et l’impression de voir un film entier sur la résistance, la mémoire et l’amour…
A Martin-Brady:
Votre commentaire donne terriblement envie de voir LE TRAITRE. Pour l’utilisation des décors de l’Allemagne en ruines il y a aussi THE SEARCH de Zinnemann assez émouvant, qui raconte l’amitié d’un soldat américain (Montgomery Clift) et d’un petit garçon tchèque traumatisé par la guerre et la déportation, et aussi A FOREIGN AFFAIR de Billy Wilder, très bon aussi. Etonnant de penser que ces deux films, ainsi que le Tourneur et le Rossellini ont été tournés au même endroit (Berlin) et à peu près au même moment (1947-48).
à Mathieu: oui merci pour les précisions, j’avais oublié le Rossellini tout simplement parce que j’ai jamais été foutu de le voir! (pour moi LE GENERAL DELLA ROVERE masque un peu les autres ). C’est dans FOREIGN AFFAIR que Dietrich dit « j’habite deux ruines plus loin ». Je ne connais pas THE SEARCH (récemment remaké par Hazanavicius) mais je dois revoir les Zinnemann dont Bertrand intime de ne pas les sousestimer! (THE MEN…), dans 50 Ans, je lis que Viertel (LE TRAITRE) retira son nom du générique à cause de la censure de la production, le film est cinq ou six fois cité et loué dans le bouquin. J’ai emprunté ALLEMAGNE pour réparer l’oubli inadmissible!
A Martin Brady
Viertel, grand ami de Huston, est à l’origine de COEUR BLANC CHASSEUR NOIR
Et voyez aussi SORRY WRONG NUMBER et THE SISTERS de Litvak ainsi que le magnifique COEUR DE LILAS (CHATEAU), le film qui changea notre opinion sur lui et qui était un de ses préférés
à Bertrand: pour Viertel j’ai rappelé le roman Chasseur Blanc… qui a inspiré Eastwood mais mon message est resté en attente (8 août 8h54!) sais pas pourquoi y’a que moi qui le vois?!, pour les trois autres Litvak que vous citez je les note car je veux redécouvrir ce monsieur! SORRY WRONG NUMBER m’intrigue drôlement et depuis longtemps il est dispo dvd comme COEUR DE LILAS, je ne trouve pas THE SISTERS (à ne pas confondre avec le De Palma!)
THE SISTERS vient de sortir chez Warner Archive. On en disait du bien dans 50 ANS et une nouvelle vision confirme les qualités, le jeu vif et dégraissé de Bette Davis, le choix inhabituel de Flynn dans un personnage de velléitaire alcoolique (ses gros plans sont magnifiques de charme, d’indécision, de fragilité) et la mise en scène de Litvak est fluide, élégante avec ses plans longs. Dans les 15 dernières minutes, il y a un surcroit d’intrigue et la tension baisse mais la séquence du tremblement de terre de San Francisco est formidable dans l’économie de sa dramaturgie centrée essentiellement autour de deux femmes. ANASTASIA mérite d’être vu et comme le signale Jean Pierre Coursodon, il y a beaucoup de résonances cukoriennes. Du coup, j’ai acheté THE JOURNEY que je n’ai jamais vu. Je rappelle aussi que Litvak joua un rôle prépondérant dans POURQUOI NOUS COMBATTONS. Il en dirige au moins deux episodes dont THE BATTLE OF RUSSIA et supervise le reste. Stuart Heisler disait que Capra s’était attribué tout le mérite alors qu’une grande partie en revenait à Litvak, ce qui est confirmé par Carl Foreman, Budd Schulberg
White hunter, black heart par ailleurs fort beau film d’Eastwood à réhabiliter à l’heure où Clint nous assène son American sniper tellement aveuglé par son patriotisme qu’il ne s’aperçoit pas qu’il berce un bébé en plastique.
A Martin-Brady et tous les Litvakiens
Merci de me faire envie mais c’est pas le tout : va falloir que je me mette au boulot, moi!
à Bertrand: Notez que la magnanimité de Rouxel lui a interdit de vous reprendre lorsque vous avez écrit Chasseur noir Coeur blanc!
salut Rouxel: euh c’est pas méchant là-dessus, hein?
A Martin Brady:
J’ai commandé DECISION BEFORE DAWN en zone 1 et juste après j’apprends qu’il va sortir en France chez ESC dans la collection « Hollywood Legends » qui propose des films Fox et UA inédits ici en dvd, en VOSTF. Bon les ST anglais c’est bien aussi si le film n’est pas trop bavard. Par contre voir des films de Rossellini en s’aidant des sous-titres anglais… Autant s’aider de sous-titres italiens (c’est ce que j’ai fait avec l’édition intégrale de PINOCCHIO de Comencini indisponible en France mais le film n’est pas très bavard surtout dans sa version longue (série télé). Mais ALLEMAGNE ANEE ZERO est en allemand. THE SEARCH de Zinnemann existait en dvd Warner collection « Légendes du cinéma » mais il est épuisé et se vend à des prix prohibitifs. Parmi les premiers Zinnemann, j’aimerais bien voir THE MEN (C’ETAIENT DES HOMMES) qui lui a été édité récemment par…Films sans frontières… Enfin soyons justes et reconnaissons que leurs sorties récentes sont de bien meilleure qualité (ex: PANDORA, THE ENFORCER).
Moi aussi je peste contre FSF, je ne connais pas grand chose à la gestion des droits dans l’édition vidéo, mais j’ai comme l’impression que cet éditeur, qui édite les films de certains de mes cinéastes préférés (Mizoguchi, Satyajit Ray, De Sica) empêche d’autres de le faire dans de meilleures conditions (en Blu-ray par exemple). FSF s’est mis lui aussi au Blu-ray avec l’édition de M de Fritz Lang, mais j’attends des retours pour l’acheter (chat échaudé…)
A Mathieu, je sais par beaucoup d’éditeurs qu’il s’arroge des droits qu’il n’a pas et il a eu pas mal de procès mais il lâche chaque fois juste avant
à Mathieu: c’est une très bonne chose, il faut juste espérer qu’ils fassent mieux que le master du dvd z1 qui n’est pas exécrable mais… (vous avez dû voir le test dvdbeaver). Les sta sont un peu difficiles à suivre dans la 1ère partie dans le camp américain dans laquelle les dialogues sont fournis. Si le master est meilleur je le rachèterai.
A Martin Brady:
Je parierais que le transfert Hollywood Legends sera identique au DVD Fox region 1. Dans la prochaine fournée de cette collection on trouve aussi JOHNNY APOLLO de Hathaway, dont 50 ans dit du bien, et plusieurs films Fox précédemment édités par Carlotta et épuisés, dont FIVE FINGERS de Mankiewicz, le pire transfert que j’ai vu chez cet éditeur (Carlotta), mais là encore je crains un transfert identique. Fox en vidéo est capable du pire comme du meilleur, le meilleur c’est par exemple le blu-ray de NIAGARA, étincelant de finesse et de brillance des couleurs.
To Martin-Brady re that TCM Bug
bespattering OUT OF THE FOG: over here in ‘Murca’, FCC regulations require stations to periodically identify themselves. Years ago this meant that between programs the viewer would be presented a station identification card and a voiceover (« You’re watching Channel 1275 in Zenobia! »). Nowadays, the rule is to periodically display a station ID bug in the corner of the screen, so that the channel may have more time to advertise patent medicine and ambulance chasing members of the legal profession (« Have you been injured?!? »). It should be noted that TCM does not interrupt films for commercials, like the AMERICAN MOVIE CHANNEL or the oh so faux hip INDEPENDENT FILM CHANNEL. Also, if there’s an ID Bug, various bootleggers won’t be able to burgle films of murky copyright. And if you want a copy of an unbugged OUT OF THE FOG. you’ll have to purchase one from the WB Archive at TCM. An all-region copy with, alas, no subtitles. Nobody’s perfect. Joe E. Brown
à Michael: ici en Fr comprends pas, certaines chaînes s’identifient d’autres non, Arte met son logo à la rediffusion du film curieux, je ne comprends pas le point de vue des big bosses des chaînes là-dessus. Il existe une touche style « Info » sur chaque télécommande qui permet au spectateur poussé à la panique de ne pas savoir sur quelle chaîne est diffusé OUT OF THE PAST ou LE CUIRASSE POTEMKINE d’en interrompre la vision pour se renseigner et soupirant soulagé, de la reprendre quelques secondes plus tard. J’ai renoncé à découvrir RIEN NE VA PLUS (THE SWINDLE) lundi dernier sur celui-ci j’avais l’info permanente en + du nom de chaîne en haut à droite que c’était interdit aux – de 10 ans en bas à droite. Je pense qu’un petit coin avec la météo en bas à gauche serait par contre tout à fait justifié? et le cac40 en haut à gauche? Vive les dvds. Cheers!
J’ai donné mon poste de télévisions,il y a bien longtemps.Tout le long de l’année il n’y a que des rediffusions de films déjà vus,alors ne parlons pas des mois de juillet et aout.C’est le grand désert meme Patrick Brion nous sert des vieilleries qui n’ont rien de curiosités et encore moins de raretés.
A l’exception de L’INDESIRABLE de M. Curtiz (1915) diffusé récemment au cinéma de minuit !
à Rouxel: Hein? et le muet hongrois de Michael Curtiz (d’acc je l’ai pas vu mais quand même)Brion reste la seule case encore intéressante à la tv, et Arte est la vraie chaîne du cinéma, récupérez vôtre poste!
To Martin-Brady: I’m sorry that you forewent an opportunity to acquaint yourself with Chabrol’s THE SWINDLE. Wonderful performances by Serrault and Huppert. And I love the ambiguity of their relationship. What are they? Friends? Lovers? Father/Daughter? Con artists who work better together than they could with anyone else? None of the above options necessarily exclude the others.
Worse than a « station ID bug » is to impose your own bug. Like,say, when you’re taping a TCM showing of Burt Kennedy’s THE MONEY TRAP, last of the classic Film Noir line (after, it’s NEO), and a member of your family is making crepes and asks you what time it is and you’re too lazy to look at the clock so you hit the INFO button on the remote and you have 9:28 P.M. and the day of the week and time of day and the year and the station ID imprinted on your beautiful B&W ‘Scope copy of THE MONEY TRAP forever. FOREVER! And it’s your fault. Salute! Michel
c’est ce que je disais Michael: vive les dvds. Avec un dvd vous auriez fait pause tranquillement pour répondre « What do I care what time it is? Buy a watch! ». A ce propos je crois que je vais me payer RIEN NE VA PLUS car cette frustration occasionnée ne peut durer. à+…
Quantité de films ont évoqué le milieu interlope de la boxe avec ses ramifications dirigés par la mafia et les politiques.Je reviendrai pas ici sur »La rage au ventre »d’Antoine Fuqua avec Jake Gillenhal sorti récemment qui est un film lourd et plein de pathos.En revanche »Body and soul »de Robert Rossen est sans doute l’oeuvre de référence avec »Marqué par la haine »ou »Raging bull »de Scorsese. »Sang et or »nous raconte le cheminement d’un pauvre américain venu d’un milieu populaire et qui va accéder à la gloire grace à ses poings.Il est interessant de voir que sa mère ne voudra jamais quitter son vieil appartement pour une villa luxueuse alors que son fils gagne combats sur combats.John Garfield endosse ce personnage pris dans la tourmente mais qui s’interroge sur vie,sur sa liaison amoureuse et son avenir après la boxe.Lourcelles n’est pas tendre avec Rossen en dehors du film »L’arnaqueur »qui défend bec et ongle.Rien sur »Body and soul »ni sur »Alexandre le grand ».Si il lit ces quelques lignes il devrait revoir sa copie car il manque cruellement d’indulgence sur Rossen qui fut un scénariste et un réalisateur brillant.
On retrouve plusieurs points commun de tournage concernant trois films forts réalisés par des cinéastes au caractère bien trempé.Il s’agit d »Apocalypse now »de Coppola, »Fitzcarraldo »d »Herzog et du mésestimé »The sorcerer »de Friedkin.En effet ces trois tournages ont été de veritables épreuves de vies pour les techniciens comme les acteurs(paludisme,malaria,crises de folie et d’angoisse,violences physiques ou morales).Revenons sur le remake de Clouzot »Le salaire de la peur »traduit en français par »Le convoi de la peur ».Le film est d’une teneur incroyable,l’atmosphère est étouffante,on sent la moiteur sur le visage des personnages qui ont les traits fatigués par les conditions de tournage.Cette oeuvre puissante de Friedkin avait été proposé à Steve mac queen,alors au sommet de sa carrière mais l’acteur et son agent déclina l’offre car il voulait tourner sur le sol des Etats-Unis avec sa compagne Ali mac graw.Finalement c’est Rod Steiger qui endossera son role d’ancien malfrat recherché par des hommes de main embauché par l’église afin de se venger d’un braquage qui à mal tourner.Il se retrouve au Nicaragua avec un palestinien recherché par la police israélienne,un français ancien homme d’affaires véreux incarné par l’excellent Bruno cremer puis d’un mexicain tueur à gages .Il y a une scène d’une force incroyable quand ils franchissent un pont en bois pourri jusqu’à l’os,on ressent le soubresaut du pont,la rivière folle qui charrit des troncs d’arbres,le palestinien tombe à l’eau et l’on pense qui meurt noyé mais resurgit de l’antre de cet enfer.Evidemment,j’ai repensé à »Délivrance »de Boorman ou la nature reprend ses droits face à la cupidité de l’homme qui veut toujours avoir le dernier mot,la végétation intense et sourde,les racines des arbres qui emprisonnent ces etres fragiles qui ne sont que des pantins désarticulés et désarmés.On peu comparer avec le film de Clouzot qui est aussi malade et désespéré que celui de Friedkin sur le plan de l’intrigue,du suspense et du dénouement final qui reste un grand moment de cinéma.Vivement que la version de Friedkin resorte en dvd en version restaurée.
Roy Scheider.
Salut MB,merci pour le rectificatif.
My pleasure, partner!
J’étais sûr que vous réagiriez, c’était une question de secondes !!
Cela dit, même si les deux comédiens n’ont que peu de rapports, la confusion entre leurs noms est un petit classique. Je l’ai souvent entendue. Et quand j’étais petiot, je n’y manquais pas lorsque je voulais évoquer Monsieur Jaws, avant qu’il ne devienne Monsieur Jazz.
Je vais tenter de le revoir sur grand écran sous peu après la découverte sur Arte en janvier.
Mille fois oui, c’est un chef d’œuvre à redécouvrir dans les conditions optimales que nous offre cette restauration numérique supervisée par Friedkin.
Venant de relire Cent ans de solitude et ayant appris que Friedkin avait eu une révélation en le découvrant , il me semble évident que Sorcerer à sa manière participe d’une forme de réalisme magique ( avec peu d’humour certes mais toute la tragique dérision de Garcia Marquez) dans une version différente de la transposition de Kusturica dans ses films foisonnants notamment Le temps des gitans.
A guetter aussi parmi les reprises estivales Touch of zen de King Hu.
Bonjour Monsieur Tavernier : je viens de découvrir votre blog et prends le risque de vous dire ceci : votre blog est précieux ! Il est en effet intéressant, d’une grAnde qualité, diversifié, curieux, attachant, et votre enthousiasme communicatif me mène dans des chemins que je n’aurai probablement jamais pris ! Merci ! Evidemment tout ça à un prix : le temps !…pas grave, je vais devoir vivre au moins jusqu’à 100 ans comme bientôt Madame Suzy Delair que nous pouvons revoir dans l’édition blue-ray de Lady Paname que vous avez signalé !…Pour avoir visionné le blue-ray de « la main du diable » dernièrement et son supplément concernant le cinéma de la période 40/44, j’aurais voulu savoir svp si les films allemands projetés en France pendant cette époque l’étaient en VO sous-titrée ou en Français ? Merci, cordialement
A Yves Memel
Les deux puisque des acteurs français ont été accusés d’avoir doublé le juif Suss
A Yves Memel:
Je viens de revoir LE CHAGRIN ET LA PITIE de Marcel Ophuls et on peut y voir deux extraits du film LE JUIF SÜSS doublé en français, le générique, avec les noms des voix françaises, ainsi que la scène finale. Dans LE CHAGRIN… Pierre Mendès-France, qui a vécu dans la clandestinité avant de rejoindre Londres et passait alors beaucoup de temps dans les salles obscures, insiste sur le fait que LE JUIF SÜSS était doublé en français, peut-être parce que les autres films allemands et en particulier ceux qui n’étaient pas des films de propagande ne l’étaient pas ?
« Le chien jaune »est à mon avis la première adaptation d’un roman de Simenon pour le cinéma parlant.L’éditeur René chateau vidéo avertit les cinéphiles qu’il existe des imperfections au niveau sonore par rapport aux voix des comédiens qui ne sont pas synchrones avec les images.Oeuvre curieuse de Jean Tarride ou son frère Abel tient le role de Maigret avec beaucoup de bonhomie dans le jeu.Sinon Le vigan est toujours époustouflant dans le role du docteur.Il me reste à voir »La nuit du carrefour »de Renoir qui date aussi de 1932.
Sorti récemment chez Wild side,accompagné d’un très bel ouvrage écrit par Philippe Garnier »Rolling Thunder »de John Flynn fait parti des films préférés de Tarantino(surtout pour la scène finale qui est une tuerie incroyable).Scénarisé par Paul Schrader à qui l’on doit »Taxi driver »de Scorsese »Légitime violence »est un film ovni réalisé en 25 jours avec un budget dérisoire et qui n’a rien rapporter à l’arrivée.C’était un veritable pari pour le producteur Lawrence Gordon d’engager un acteur de théatre de gauche en la personne de William Devane qui fera une carrière à la télévision dans les années 80 puis reviendra au cinéma(il joue le role du président US dans le film de Nolan »Darknight,le 3ème volet de Batman).Signalons également Tommy Lee Jones qui incarne un capitaine qui viendra préter main forte au commandant Rane.Dans la foulée,j’ai revu avec un peu de recul »Haute sécurité »toujours de Flynn sur le mileu carcéral des QHS aux Etats-Unis.Bien sur Stallone écrase de sa musculature tous les plans du film tandis de Donald Sutherland est un directeur de prison pervers et carrément fou.Il y a plusieurs points commun entre le personnage de Rane qui revient du Vietnam après sept années d’emprisonnements et de tortures physiques et mentales puis le vétéran John Rambo qui lui aussi qui à servit la bannière étoilée et qui est rejeter comme un paria dans son propre pays.Je pense que Stallone à dut voir »rolling Thunder »en 77 afin de construire le personnage de Rambo.Dans la filmographie de Flynn,je n’ai jamais vu »The sergeant »avec Rod Steiger qui selon Garnier cabotine un peu sur un scénario lourd.Si un habitué du blog à vu ce film,qu’il n’hésite pas à donner son commentaire.
A Rouxel
J’ai chroniqué ce film que je n’aime guère. Vérifiez s’il vous plait
Film quasiment oublié de la critique dans la carrière de René Clair(c’est le dernier film qu’il tournera en France,avant de partir en Angleterre puis aux Etats-Unis) »Le dernier milliardaire »est un véritable pamphlet sur la capitalisme et ses dérives.Cinq ans après le fameux jeudi noir,il fallait oser nous décrire un petit royaume imaginaire appelé »Casinario »proche de l’océan et qui rappelle étrangement La principauté de Monaco(meme le drapeau représente les losanges chers à la famille Grimaldi).Bien sur le scénario autant que la mise en scène est assez décousu mais le point fort c’est la scène ou deux consommateurs payent avec une poule,et le barman leurs rends la monnaie avec deux poussins et un oeuf frais pondu.Mr Banco,le milliardaire affairiste qui va aider son pays de naissance aura beaucoup de surprises avec la reine,le roi et ses ministres.L’ensemble manque de contenu mais reste burlesque dans certaines situations.Ce film n’est jamais sorti en dvd.
Que penser du film de Jean Giono »Crésus »qui est en effet un film assez étrange malgré la présence de Fernandel qui en fait toujours trop à mon avis.Dès le départ on ne sait pourquoi cette bombe est tombée par hasard de cet éleveur de chèvres en pleine campagne.On saura grace aux hommes en noir venues récupérés le magot qu’il s’agit de l’argent qui doit servir à la résistance pendant la seconde guerre.A la fin du générique j’en suis rester tout perplexe.
A Rouxel : Sur Fernandel, dire qu’il en fait trop ne me semble pas juste. Je trouve qu’il a au contraire de la finesse à revendre. Il ne pourrait pas toucher, comme il le fait, sans un poil de mesure.
Ceci dit, nombre d’acteurs se sont bâti une renommée sans avoir tellement de talent. Parfois, avoir une gueule (d’amour ou autre) semble suffire.
Alors que la chaine Arte diffusera la semaine deux films du cinéaste Ingmar Bergman,je voulais revenir sur « Sonate d’automne »récompensé à Cannes en 1978.La mise en scène sobre et austère,voire lourde est à l’image d’un scénario fort bien écrit.Victor la soixantaine sonnante vit avec Eva plus jeune qu »elle.La fracture est consommé dans le couple,il évoque la complexité d’etre aimer par sa femme qui s’est éloigner de lui,depuis le décés de leur fils Eric,la veille de son anniversaire.Puis surgit la mère d’Eva concertiste reconnu dans le monde entier.Elle aussi vit de perdre son mari Léonardo allité et malade.Là les langues vont se délier et les coeurs s’ouvrir au fil des minutes de cette longue nuit.En effet,Eva reproche à sa mère ses absences répétées,son manque d’amour et d’affection en pleine adolescence.Séquence prenante ou l’on se rend compte que le cinéma à une puissance grace aux images et l’expressivité des visages qui se contractent et laissent parler les regards et les yeux rougis.J’ai omis de vous parler d’Héléna qui vit avec le couple .elle est handicapée et reste constamment couchée.Il plane un vrai mystère sur cette jeune adulte et le père d’Eva.Liv Ulman revient dans le bonus sur le tournage de ce film en nous narrant une scène entre Ingrid Bergman et elle.Le cinéaste l’a pris à part dans un couloir afin de lui signifier de s’en tenir aux dialogues écrits alos que l’actrice souhaitait mettre un peu de distance et de recul par rapport à son personnage.Le génie qu’était Bergman refusa de pied ferme et l’actrice repris la scène dite.En revoyant « Sonate d’automne »j’ai repensé une fois de plus au premier film de Redford »Des gens comme les autres »puisque le gamin meurt également par noyade.
Bertrand Tavernier , pour ma part j’avais bien aimé Chair de Poule , le meilleur film de la fin de carrière de Duvivier à mon avis . J’aime aussi beaucoup Au Royaume des Cieux dont on parle rarement
A henri alcane
Je voudrais revoir ces deux films. Je viens de découvrir l’HOMME DU JOUR qui n’est pas totalement abouti (la séquence de MA POMME est invraisemblable et parait rajoutée et le dernier tiers est parfois prévisible) mais l’ensemble est audacieux : le caractère allégorique du propos, le mélange des tons, le pirandellisme amusé de la fin, tout cela est d’une grande inventivité (Gaumont collection rouge)
Ce blog m’a ramené vers Jean Boyer que j’avais banni de mon petit écran à cause de ses nanars avec Fernandel dont pas un ne s’est amélioré avec le temps.
CENT FRANCS PAR SECONDE, réalisé en 1953, est une perle. Inspiré d’une émission radiophonique de l’époque, combinaison du quitte ou double pour le côté « répondre à des questions de culture générale » et Interville, pour le côté, « je tombe à plat cul dans une bassine d’eau quand je me trompe de réponse ».
Le personnage principal joué par le fantaisiste Henri Genès, candidat malchanceux du jeu en question, s’assure la complicité d’un mage pour répondre juste à toutes les questions posées par l’animateur. Un malentendu fait que le mage n’en est pas un du tout et qu’il n’arrive même pas à répondre aux questions les plus élémentaires, mais suite à coup qu’il va recevoir sur la tête, il va se retrouver doté d’un don de double vue, et ainsi pouvoir lire les réponses dans la tête de l’animateur. Les premières séquences du film nous laissent craindre d’avoir mis les pieds dans un nanar quatre étoiles mais les intentions s’avèrent beaucoup moins puériles qu’en apparence. C’est surtout que le film nous fait le portrait assez frais de cette France d’immédiate après guerre, se jetant à corps perdu dans le divertissement de masse pour oublier ses années de privation, où, à travers le jeu radiophonique, déjà on laissait croire à chacun qu’il pouvait changer de vie en l’espace de quelques secondes limitées par un chrono. Comment se ridiculiser en se faisant enfariner, taper dessus à coups de polochons, ou renverser un seau d’eau sur la tête, obéir à un animateur stupide et être la risée du public, en gros jusqu’où accepter de descendre pour gagner une machine à laver ou un téléviseur. Le film fait de tout ça un diagnostic d’avant garde. Par ailleurs, le sujet rappelle que l’occupation n’avait pas endormie la lutte ouvrière, bien au contraire, puisque le mécène de l’émission en question est un industriel arrogant, pour qui ce programme radiodiffusé à forte audience est un support publicitaire qui accélère ses profits, au détriment de la dignité humaine des candidats. Mais face à un candidat qui répond juste à toutes les questions, au risque de le ruiner, cet arrogant industriel tentera d’agir en employant les ruses les plus viles, les manigances les plus honteuses, les menaces les plus directes pour préserver son empire. Cette fantaisie destinée à faire rire rappelle tout de même que la domination de l’argent ne repose que sur quelques principes qui peuvent être mis à mal par le candidat d’un jeu idiot, lequel, conçu pour aliéner les masses, aliène le capital quand on en retourne les sens. Par une justification scénaristique liée à la règle du jeu, la performance hors norme de ce dangereux candidat qui ruine l’industriel est entrelacée avec une grève des cheminots qui ne font que fragiliser davantage la suprématie du grand patron. Le film ne s’attache pourtant à aucun idéal puisqu’un retournement de situation rappelle que la nature humaine a raison de tous les combats. C’est pas toujours léger, les comédiens en font des caisses, mais la critique sociale est là en plus de prophétiser l’aliénation du public par l’industrie du divertissement bas de gamme, ce que Guy Bedos appellerait « La France de Guy Lux » et cette France-là est éternelle. Le film est visité par Bourvil, Ray Ventura, et quelques autres personnalités dans leur propre rôle. On croise aussi Jacques Deray dans le rôle d’une petit gangster. J’aurai voulu lire ce que Vecchiali pense de Jean Boyer. La note le concernant a disparu de son dictionnaire. Zut alors.
A Guy Gadebois
Est ce que vous avez la totalité du Vecchiali. A savoir un petit opuscule sur les B recensant ce qui avait sauté dans le premier volume et tout Boyer y était. On peut ce procurer l’opuscule manquant. Cela dit, ces années là ne sont pas les meilleures pour Boyer qu’on reléguait dans des films de série. Dans les années 30 et parfois quarante, les films qu’il a écrit (avec des chansons aussi écrites par lui. C’était un parolier de grand talent salué par Van Parys et Brassens) sont bien meilleurs : PRENDS LA ROUTE, UN MAUVAIS GARÇON, NOUS IRONS A PARIS
A B. Tavernier
Très bonne nouvelle. Vecchiali a fait un travail fantastique, même si on peut trouver déplacées certaines de ses digressions. Personnellement elles ne me gênent pas. Mais quitte à digresser j’aimerais savoir pourquoi il déteste Kubrick et Leone, alors qu’il s’explique sur Raoul Walsh. Son encinéclopédie permet en tout cas de gagner du temps, surtout quand on a atteint un certain âge. Je lui fais une entière confiance au sujet de MARIE-ANTOINETTE qui vient de sortir chez Gaumont. Je n’y toucherai pas. En revanche je trouve sa défense d’autres Delannoy plutôt insolite, NOTRE DAME DE PARIS, où la richesse des décors servait de cache misère à un sujet rendu complètement exsangue par les frères Hakim. Film que Verneuil avait refusé. Autant que le film très sulpicien sur Bernadette Soubirou aux dialogues affligeants, joué avec mièvrerie, qui semblait destiné à un public infantile. Il démonte MAIGRET TEND UN PIEGE que ce blog a défendu avec raison. Je crois en revanche avoir lu pour la première fois sous sa plume un avis positif sur LA NUIT DES GENERAUX, film que j’ai prêté à des tas de gens qui m’ont tous dit « bof ». J’admets que l’utilisation du scope est très conventionnelle, que Decaë curieusement ne s’y sent pas à l’aise, mais les qualités du film sont ailleurs. Dans l’interprétation de O’Toole et d’Omar Sharif, qui n’ont jamais été meilleurs que dans ce film. Le sujet a sans doute fait grincer des dents, mais c’est quand même pas Portier de nuit. En tout cas la subjectivité de Vechialli me plait assez, même si ce genre d’ouvrage doit viser l’inverse. Je peux désormais brandir son dictionnaire pour détester tranquillement LA GRANDE ILLUSION, titre adéquat pour coiffer toute la filmographie de Clouzot.
A Guy Gadebois
Toute ?
La NUIT DES GENERAUX est aussi intéressant par son sujet insolite même s’il veut traiter trop de sujet et s’égare avec l’attentat contre Hitler. Il a raison de le défendre et raison de défendre Litvak. Mais je regarderai quand même MARIE ANTOINETTE. Vecchiali est trop indulgent pour certains Delannoy rasoirs et trop critiques de la MINUTE DE VÉRITÉ que j’avais découvert grace à Jean Claude Brisseau
La Nuit des généraux est un trés bon film, entre film de guerre et polar (?)qui surprend au départ (on s’attend à une superproduction un peu lourdingue) et qui s’avère, au final, trés prenant et convaincant malgré quelques longueurs. Le film doit beaucoup, en effet,,à la qualité de ses interprètes, ceux déjà cités,mais citons aussi Tom Courtenay et Donald Pleasence)et au soin apporté à la reconstitution. Un film que l’on regarde d’abord distraitement et qui provoque peu à peu un réel intérêt.
A Bertrand:
A propos de défendre Litvak, je viens de voir il y a quelques jours deux de ses films, un petit: THE AMAZING DOCTOR CLITTERHOUSE et un grand: ALL THIS AND HEAVEN TOO, et je préfère le petit (comédie policière assez légère mais très bien écrite – par John Huston) au grand (long mélo à grand budget, très bien joué et très bien réalisé mais assez conventionnel), serait bien malin qui verrait dans ces deux films la marque d’un auteur, mais au moins on peut y voir un style, notamment le goût de Litvak pour les longs travellings et son utilisation des fenêtres et des miroirs (qu’on retrouve je crois dans ANASTASIA mais là mes souvenirs sont plus lointains)
A Mathieu
Litvak adorait les plans longs, les mouvements d’appareil lyriques et compliqués, appréhendant et l’espace et les émotions.Regardez COEUR DE LILAS ou RACCROCHEZ, C’EST UNE ERREUR Kazan dans ses mémoires dit que c’est le seul metteur en scène de la Warner avec qui il a travaillé qui choisissait lui même toutes les positions de caméra, tous les angles alors que d’autres abandonnaient cela aux chefs opérateurs
en vacances peux pas vérifier si Litvak a bien dirigé un film de guerre génial avec Oskar Werner et Gary Merrill LE TRAITRE? si suis sûr c’est lui, c’est un très grand film avec une vision adulte et rare pour l’époque et pour le ciné US ambiant le dvd existant est moche mérite mieux.
et un film avec Garfield et Lupino et Thomas Mitchell où Garfield est formidable en bandit voyou par milieu social est-il expliqué sais plus le titre!!!
A Martin-Brady
Oui c’est lui qui a réalisé le TRAITRE (DECISION BEFORE DAWN). Vous parlez du DVD américain : Fox restaure peu ses films
Encore un cinéaste à redécouvrir.
Que penser de Aimez vous Brahms?En jetant un oeil au roman de Sagan, j’ai revu bonjour tristesse de Preminger et ne pense pas qu’il s’agit d’un film majeur dans sa carrière.En va t’il de même pour Litvak?
Toujours dans le registre roman/film, je vais jeter un oeil curieux à Gigi de J Auzy dont j’ignore tout. Minelli me semblait avoir rendu justice à Colette qui est une romancière de premier plan (contrairement à Sagan qui me semble trop poseuse) et je me demande ce qu’une cinéaste a pu proposer.
A Ballantrae
AIMEZ BRAHMS ne mérite pas tous les opprobres dont on l’a accablé mais le film est pesant, lourd, médiocre. En comparaison LA NUIT DES GENERAUX est plus excitant au moins dans toute une série de scènes. Les bons Litvak, les meilleurs sont ceux des années 30 et 40. Je veux revoir THE SISTERS qui m’avait bien plu.
GIGI d’Audrey n’est pas mal et le scénario de Minelli reprend certains moments qui n’existaient pas dans le livre. Mais le film a été produit à l’économie par Dolbert et les décors sont un peu étriqués. Je préfère MINNE et OLIVIA
A Bertrand:
Avec qui Kazan a travaillé à la Warner? Je n’imagine pas Walsh ou Curtiz laisser le choix de la position de la caméra au chef op.
A Mathieu
Regardez sa filmographie et surtout il allait sur les plateaux et regardait. Il fait référence aux Lloyd Bacon, Keighley et des tas d’autres. Il ne fait pas de généralité, il parles des réalisateurs qu’il a côtoyé Et sur Curtiz comme nous l’écrivons les opinions des opérateurs divergent
A Martin Brady :
« et un film avec Garfield et Lupino et Thomas Mitchell où Garfield est formidable en bandit voyou par milieu social est-il expliqué sais plus le titre!!! » = OUT OF THE FOG (avec l’immense James Wong Howe derrière la caméra)
à Marc S: merci je me souvenais que de OUT OF ce qui est peu. à Bertrand: merci c’est bien Litvak, je voudrais revoir ce DECISION BEFORE DAWN exceptionnel (ville en ruines dans lesquelles des rendez-vous secrets ont lieu, décors réels ou studio?) très impressionné, il faut guetter ce film qui fait le boomerang sur une chaîne payante (comme OUT OF chez TCM qui persiste à coller son logo dans l’image ce qui est nul même pour les scopes).
à Bertrand: finalement j’ai commandé ce dvd américain de DECISION BEFORE DAWN/LE TRAITRE de Litvak. L’image est bien meilleure que ce qu’en disait Dvdbeaver le test est trop sévère. J’ai hâte de le dévorer ce soir (le film). SStitres anglais et espagnols seulement.
Il ne me semble pas que ce type de sujet peu glorieux et le cadre de l’Allemagne juste à la fin de la 2ème guerre aient tellement étés abordés par le cinéma dans les années 50: les Américains passent quand même pour des salauds (Gary Merrill) je me souvenais pas du tout que Richard Basehart ait joué dans ce film pourtant j’adore cet acteur qui a eu une carrière extraordinaire: examiner la filmo de Basehart amène à tomber sur une flopée de très grands films de IL MARCHAIT DANS LA NUIT à LA STRADA ou IL BIDONE… et FIXED BAYONETS!
Avec le sourire, rarement cité. En effet. On se demande pourquoi car le film est non seulement brillant et savoureux mais Patrick Brion l‘a programmé si souvent au Cinéma de Minuit qu’on se demande comment a-t-on pu l’avoir raté ? Le cycle Maurice Tourneur était un incontournable, un rendez-vous fréquent et Avec le sourire, comme Justin de Marseille ou la main du Diable figuraient parmi les nombreuses perles de ces cycles récurrents. Sans oublier le Val d’enfer ou Cécile est morte.
Tout comme les cycles Duvivier dont Brion a été un des premiers défenseurs, passant et repassant la plupart de ses films importants, connus ou méconnus. Je n’oublie pas non plus les cycles consacrés à Pierre Chenal, Guitry ou L’herbier, Abel Gance (je me souviens de son Cyrano de Bergerac), à Jean Renoir (quand on ne connaissait pas Toni ou le crime de Mr Lange) et Jean Grémillon (l’étrange Mr Victor, entre autres). Le cinéma de Minuit nous a permis de voir des curiosités comme Derrière la façade (George Lacombe), Ces messieurs de la Santé (Pierre Colombier), Marie-Martine (Albert Valentin), la fiancée des ténèbres (Serge de Poligny) et bien d’autres(un ou deux films de Edmond T.Gréville) qui ont nourri, pour ma part, mon intérêt et ma connaissance, encore bien modeste, du Cinéma français des années 1930 à 1950.
Duvivier est un immense cinéaste qui a longtemps été sous-estimé. L’AFFAIRE MAURIZIUS est un film intéressant, mais qui n’est pas à la hauteur de ce qu’on pouvait en espérer, le sujet semblant fait pour le pessimisme noir de Duvivier. La direction d’acteurs est souvent approximative, certains comédiens se révélant même parfois pénibles (Denis d’Inès notamment, mais aussi Jacques Chabassol dans une scène face à Vanel où il cabotine insupportablement. D’accord avec Bertrand Tavernier sur NOUS SOMMES TOUS DES ASSASSINS, véritable joyau des années 50, qui bat Clouzot sur son propre terrain. POT-BOUILLE et MARIE-OCTOBRE sont aussi très réussis, mais l’autre perle de ces années-là est MARIANNE DE MA JEUNESSE, film fantasmagorique empreint de poésie, qui montrait le goût de Duvivier pour l’irréel.
Quant à Tourneur, c’est, pour ne parler que de sa seconde carrière française, un cinéaste extrêmement attachant, qui a touché à tous les genres, et a pratiquement tout réussi. Son chef-d’oeuvre est bien sûr LA MAIN DU DIABLE, qui passionne autant la dixième fois que la première, mais LE VAL D’ENFER est un extraordinaire film réaliste évoquant le TONI de Renoir, VOLPONE une savoureuse farce brillamment interprétée, avec Jouvet et Baur à leur meilleur, et LES DEUX ORPHELINES un mélodrame soigné, avec de riches décors, dont Tourneur a réussi à gommer l’aspect désuet. Et il faut revoir aussi ACCUSEE LEVEZ-VOUS, PARTIR, JUSTIN DE MARSEILLE ou le fabuleux SAMSON, superbe adaptation d’une pièce non moins superbe de Henry Bernstein (très sous-estimé lui aussi).
A Julia Nicole
Plus que SAMSON ou ACCUSÉE LEVEZ VOUS, les perles de Tourneur sont AU NOM DE LA LOI, JUSTIN DE MARSEILLE et AVEC LE SOURIRE jamais cité
Vous avez raison pour JUSTIN et AVEC LE SOURIRE, dont l’amoralité est tout à fait étonnante, d’autant plus que le personnage est interprété par Maurice Chevalier. AU NOM DE LA LOI est, c’est vrai, traité de façon très originale, mais je persiste pourtant à lui préférer SAMSON, film d’une grande cruauté (qui pourrait être de Duvivier), et dans lequel Baur est magistral.
Les 2 seuls films parlants de Tourneur qui soient réellement décevants sont MAM’ZELLE BONAPARTE, assommant, et IMPASSE DES DEUX ANGES, son dernier film. Tout le reste est à découvrir, sans réserve.
Pour Duvivier, je voulais bien sûr parler de VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS, et non du film de Cayatte NOUS SOMMES TOUS DES ASSASSINS, qui a des qualités, mais ne saurait rivaliser avec le chef-d’oeuvre de Duvivier. Vous aurez sans doute rectifié de vous-même.
A tous:
A propos de Maurice Tourneur, quelqu’un parmi vous connait-il le coffret « Hommage à Maurice Tourneur » publié par Bach Films et qui comprend quatre DVD et huit films muets (dont LAST OF THE MOHICANS)? (ma question porte sur la qualité des transferts et pas sur les films eux-mêmes.)
A Mathieu
Il y a des films interessants. D’autres non et enfin certaines copies sont horribles mais l’ont toujours été selon Brownlow. J’ai critiqué ce coffret et certains films. Le Mary Pickford est très bon
Je viens de revoir JUSTIN DE MARSEILLE qui confirme mon enthousiasme de la première vision. Presqu’un chef-d’œuvre avais je pensé la première fois. Pourquoi presque ? Tout m’enchante dans ce film et rien ne me gêne contrairement à beaucoup de chefs-d’œuvre du cinéma français des années trente, y compris de Renoir, Duvivier, Carné ou Grémillon. Visuellement c’est un enchantement, les décors et la photo sont remarquables, la mise en scène pleine d’audace, d’imagination et de suggestion (ellipses audacieuses, cadrages parfois serrés qui laissent imaginer le hors-champ ), mélange hardi mais réussi de scènes de studio et de décors naturels, de drame et de comédie, plein de détails cocasses et de dialogues savoureux, un scénario brillant et beaucoup mieux construit qu’il n’y parait à la première vision. On entend beaucoup parler de Justin avant de le voir et quand enfin on le voit on ne sait pas que c’est lui.
Un détail entre mille : un maquereau séduit une jeune ingénue et la pousse vers son hôtel (auparavant il se sont embrassés sous une enseigne indiquant : poisson frais !) : plan sur les jambes de la jeune fille qui doit traverser péniblement des ordures jonchant le sol pour entrer dans l’hôtel.
Un film à conseiller à tous ceux qui ne le connaitraient pas encore, on ne peut pas aimer le cinéma et ne pas aimer JUSTIN DE MARSEILLE.
Après avoir lu ce blog et le compte rendu du livre de Bruno Fuligni, TOUR DU MONDE DES TERRES OUBLIEES (que je n’ai pas lu), je tombe sur un article du Télégramme de Brest qui, à l’occasion de l’émission d’un timbre, évoque l’histoire incroyable des « Oubliés de l’île Saint-Paul », sept personnes-dont une femme-, gardiens d’une pêcherie de langoustes sur une île des Terres australes et antarctiques françaises, oubliées sur cet îlot désert par leur compagnie, « attendant de février à décembre 1930 un ravitaillement qui n’arrivera jamais ». Sur les sept, trois décéderont du scorbut et un quatrième périra en mer.
Ce lien vers un article de Wikipédia qui résume l’affaire :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Oubli%C3%A9s_de_l'%C3%AEle_Saint-Paul
Puisque personne n’a parlé de Maurice Tourneur dont LA MAIN DU DIABLE (rare film fantastique français et modèle du genre empreint d’une poésie que n’aurait pas reniée Tod Browning) est l’un des fleurons, je confirme qu’il faut acquérir absolument JUSTIN DE MARSEILLE, film de Tourneur que j’adore. C’est drôle, truculent, plein d’acteurs époustouflants, et je considère comme un chef d’oeuvre cette sorte de Parrain Marseillais. Quant à Jean Boyer dont je ne connais qu’une partie de la filmographie, il a donné des films fort drôles que je revois souvent, LE PASSE-MURAILLE et LE COUTURIER DE CES DAMES en tête. Alors voyons les films que Bertrand nous conseille ici. Je rappelle qu’il est l’un des rares connaisseurs du cinéma français de cette époque (peut-être avec Jean-Pierre Jeunet) et je suis toujours sidéré par son érudition dans ce domaine. Il m’a fait découvrir un jour LE CHIEN JAUNE avec Abel Tarride, l’un des premiers Maigret, film qui m’a donné sans doute le virus pour transmettre à mon tour les pépites méconnues de notre cinéma.
Petite réserve sur TAXI TÉHÉRAN de Jafar Panahi : il est étonnant de constater que personne dans la presse n’a relevé qu’il s’agissait ni plus ni moins d’une copie de TEN de Abbas Kiarostami dont Panahi fut l’assistant, film totalement passé inaperçu à l’époque. Même sujet, même principe. Malgré mon intérêt pour Panahi, force est de constater que TEN possède une authenticité dotée de réflexions et d’émotion que son démarquage, nettement plus superficiel, n’arrive pas à susciter.
A François-Boucher
L’absence de mémoire, même à court terme, est un des maux de notre temps, jusque dans les colonnes critiques. Pour TEN, cela a quand même été dit ici ou là, mais pas assez effectivement. Je rappelle néanmoins que les Cahiers avait fait de TEN leur film de l’année en 2002.
à F Boucher: TEN n’est pas passé totalement inaperçu j’en avais beaucoup entendu parler par la presse tv ou papier le film a été remarqué à Cannes et même eu une édition dvd US (ici MK2), la similitude entre les deux films est évidente c’est vrai mais je crois que Panahi filme tellement dans l’urgence qu’il n’était pas dans la quête d’un sujet original quel courage ce type. Je crois avoir vu TEN et l’avoir complètement oublié déçu de la direction prise par Kiarostami, je n’aime pas trop le film avec Binoche COPIE CONFORME non plus mais je donne tous l’or du monde pour ses débuts CLOSE UP et le chef d’oeuvre OU EST LA MAISON. Maintenant si vous voyez passer un doc de AK appelé LES ENFANTS DU COURS PREPARATOIRE/AVAHILA c’est un chef d’oeuvre du film scolaire (produit d’ailleurs par le ministère iranien de l’Education je crois) qui sait s’il peut réapparaître dans un programme de docs comme la 5 ou Arte ou LCP peut en présenter IL NE FAUT PAS LOUPER CA! (j’ai numérisé ma vieille vhs pêchée sur la chaîne Planète et j’y tiens): dans ce film vous verrez un cours de gym donné par un prof aux lunettes noires à l’école entière, exercice: on fait bouger ses oreilles au sifflet un-deux! à mourir de rire (j’ai déjà dû en parler ici auquel cas pardon). Ce film est à joindre à MERLUSSE et L ECOLE BUISSONNIERE comme les grands films d’école voués à parier avec espoir sur l’avenir. Ce sont des films revivifiants comme un grand verre d’eau fraîche (ou un shot de gin bien glacé comme on veut).
mais je voulais parler de Panahi et c’est un peu loupé, LE CERCLE était déjà par sa structure « sketch » un avant-goût du dernier film? Dans LE CERCLE finalement très pessimiste malgré les personnalités des personnages de femme souvent héroïques on avait le sentiment d’enfermement et d’oppression de la société iranienne qui englobe toutes les actions individuelles courageuses, c’était à la fois encourageant et pessimiste, on comprenait bien le titre pour Panahi les Iraniens tournent un peu en rond quand ils veulent s’en sortir.
le bon titre c’est LES ELEVES DU COURS… ou LES PREMIERS qui est un titre attribué au pif qui n’était pas sur la copie de la chaîne tv Planète. Ce film était produit par le « Centre de l’éveil Intellectuel des Enfants et des Adolescents » iranien. 85′ parfait pour un bonus de dvd à côté d’un film plus connu de AK.
et bon dieu qu’ils arrêtent ce blocus honteux lamentable vers l’Iran!
Le Panahi est effectivement une sorte de surgeon de Ten avec ses qualités (structure, aspect révélateur de la société iranienne, galerie de personnages bien caractérisés en peu de temps)et ses défauts ( dimension répétitive, aspect artificiel du dispositif qui confine au sketch) mais la rage de filmer du cinéaste comme dans Ceci n’est pas un film est elle admirable et incroyable, pas si éloignée du geste libre et choisi des derniers Cavalier qui s’affranchissent du diktat financier pour incarner la caméra stylo conceptualisée par Astruc.
Pour ce qui est d’AK, j’avais moi aussi adoré tout ce qu’il avait fait avant Ten notamment la trilogie où est la maison/ et al vie continue/ Au travers mais aussi Close up, Le goût de la cerise, Le vent nous emportera sans oublier Devoirs du soir ou le pain et la ruelle beau cm très simple mais aussi émouvant que le mariage entre le Rossellini et le Truffaut de l’enfance.
A l’évidence , un immense cinéaste qui en ce moment se cherche, se perd un peu ( copie conforme), se retrouve un peu ( son opus japonais, pas mal).
Ne pas oublier d’autres Iraniens tels M et S Mahkmalbaf, Ghobadi ou encore Farhadi.
Effectivement l’embargo sur l’Iran est une honte car on enferme les plus progressistes en se donnant bonne conscience et ce à partir d’élucubrations unilatérales sur la sécurité: pourquoi ne pas créer un embargo sur toutes les puissance nucléaires de la planète? Il y aurait du boulot!
à Ballantrae: Bah je ne suis pas éditorialiste politique et j’oublie peut-être un point ou deux, mais c’est sans doute le moment de faire jouer à fond la diplomatie pour se réconcilier intelligemment avec ce grand pays, je dirais cyniquement: et même, par intérêt (EI)! et les films de AK et Farhadi me font aimer les gens de ce pays (mais je n’oublie pas la répression ignoble de juin 2009, est-ce qu’elle n’a pas coupé le pays en deux trop radicalement? c’est ça la répression d’état son paradoxe, ça ne resserre pas les liens de la nation!). Il y a le besoin d’une réconciliation nationale je crois.
A Martin Brady:
De Panahi il y a aussi SANG ET OR, sur un scénario de Kiarostami, un film dur et sans concession, une plongée dans l’Iran réel. Je suis d’accord avec vous sur Kiarostami, dont j’aime énormément le cinéma jusqu’à disons LE VENT NOUS EMPORTERA, et surtout OU EST LA MAISON… et CLOSE-UP, et beaucoup moins après. j’aimerais beaucoup voir AVAHILA. Parmi ses films plus anciens il y a aussi le moyen métrage LE COSTUME DE MARIAGE, excellent micro suspense dans la veine de LA MAISON DE MON AMI et du BALLON BLANC.
à Mathieu: voir AVAHILA? je vais voir s’il y a un moyen de préférence légal… mais je crois pas, juste espérer qu’un distributeur s’y intéresse.
à Martin Brady:
Pas de trace de AVAHILA en DVD. Dommage, son sujet en fait un film idéal pour la collection jeunesse des Films du Paradoxe qui ont déjà consacré quatre DVD à Kiarostami.
à Mathieu: je pars en vacances mais je reviendrai sur ce film, surprise! à bientôt.
A François-Boucher:
J’aime beaucoup LA MAIN DU DIABLE ,un des rares films fantastiques français où réalisateur et scénariste (Jean-Paul Le Chanois) n’ont pas l’air étrangers au genre. C’est brillant, osé (le mélange des genres et des styles, du réalisme le plus quotidien à l’expressionisme et à la pantomime -le défilé des anciens possesseurs de la main enchantée-), parfaitement maitrisé en particulier l’accélération du rythme correspondant à la panique de Fresnay , à sa chute cauchemardesque (il faut dire que Fresnay a rarement été aussi bon).
A Mathieu
On a sous estimé Fresnay qui a souvent été remarquable : dans le CORBEAU, AU GRAND BALCON,L’ASSASSIN HABITE AU 21, LA GRANDE ILLUSION, L’HOMME QUI EN SAVAIT TROP et le sous estimé MONSIEUR FABRE
Je le trouve formidable dans les Clouzot, mais décevant dans Marius, où son jeu, comme son accent méridional, manque un peu de naturel.
A Minette Pascal
Mais MARIUS était une erreur de distribution de Pagnol. Je me souviens que Bernard lecoq, acteur magnifique, était un grand admirateur de Fresnay (auquel il rend hommage dans CONAN) et me demandait des videos de ses films comme L’ESCALIER SANS FIN, LE JOURNAL TOMBE A CINQ HEURES qu’il voulait le voir. Il me pointait ses idées, ses fulgurances. Surtout dans LA FILLE DU DIABLE de Decoin (musique de Henri Dutilleux)
A Bertrand:
Lourcelles dit du bien de MONSIEUR VINCENT (de Maurice Cloche) à la fois pour l’interprétation de Fresnay et pour le film en lui même, le connaissez vous?
A Mathieu
Bien sur, le film a des qualités : le scénario d’Anouilh et l’interprétation mais je ne suis pas aussi enthousiaste
Sur Freynay, je ne sais pas s’il existe beaucoup de documents sur sa carrière théâtrale mais je l’imagine bien dans des Feydeau, des Labiche ou des Courteline. Dans KNOCK, on l’imagine facilement faire un malheur.
A Minette Pascal
Je l’ai vu à la Michodi§re dans la pièce tirée de Paul Valery, Mon Faust (selon Lara, il aurait piqué l’adaptation de son père qui l’avait créé dans le théatre qu’il avait fondé rue Lepic)
Gardez-vous un bon souvenir de sa performance ?
PS: je ne comprends pas comment vous retenez tous ces détails.
à lire les commentaires de certains internautes imdbiens sur L HERITAGE DE LA COLERE/MONEY WOMEN AND GUNS je me dis qu’il y’en a qui ont des problèmes de vision. J’ai lu 20 fois le mot « routine » ou « routinier » à propos du film de Richard Bartlett. SPOILERS SUIVENT: Incroyable pourtant de ne pas remarquer qu’un héros de western à la recherche d’un homme, qui tombe sur 4 Indiens en rase campagne, et ne va pas avoir à les combattre mais au contraire ces Indiens vont le conduire vers l’homme recherché, et en plus vont se révéler être les anges gardiens discrets de celui-ci, et voyant tout celà ces cinéphiles abrutis parlent de routine on croit rêver! L’homme en question habite par ailleurs dans un fort militaire délabré du nom de Fort Grandee que les Indiens ont dû attaquer par le passé, ils ont tué tout le monde et reste le seul survivant: ce vieil homme qui continue à habiter là et qui est devenu leur protégé (peut-on imaginer)
Ailleurs, un bandit attaque une diligence pour voler un butin et découvre dans le sac postal une lettre à son nom qui contient un chèque dont le montant lui aurait permis de ne plus avoir besoin d’attaquer la diligence! Ce gag de comédie et d’autres notations curieuses sont amenées avec une discrètion que j’hésite à louer car Bartlett eût peut-être gagné à les souligner un peu mais on va me dire que ne pas insister sur un effet est préférable? Il y a même un gamin qui aimerait que sa mère épouse le héros et qui n’est jamais horripilant! Un western-conte de Noël! Aussi réussi que Joe Dakota, le film fait regretter que Bartlett ait peu tourné (Ses autres films, seul Bertrand Tavernier les a vus!)
à A ANGEL: hep l’ami, Erik Maurel a écrit une très bonne critique sur le film! c’est parce que c’est un film qui rend les hommes bons (sauf les internautes de IMDB qui sont des abrutis).
suite: franchement, Carradore attige un peu! Quand on s’adjoint les concours d’historiens aussi précis que Brion et Tavernier on essaie d’orthographier correctement les noms sur la pochette: c’est « BarTlett » pas « Barlett » (et il y a eu d’autres forfaits du même tonneau chez Sidonis, j’ai les preuves!).
par contre, très belle image bravo (je rattrape le coup)
Ah, mais c’est qu’il n’y a pas toujours quelque chose à reprocher à E.Maurel!
Une fois n’est pas coutume, sur L’AFFAIRE MAURIZIUS et pour vous Bertrand qui êtes en plein historique du cinéma français de l’époque, je vous livre une petite anecdote familiale : mon père avait assisté au tournage d’une scène de l’AFFAIRE MAURIZIUS où Vanel « descendait un escalier » (je le cite !) dans une scène d’intérieur tournée en studios et sous la caméra de Duvivier. Mon père alors âgé de 18 ans et ma tante avaient été invités par Lucien Massé qui travaillait à l’époque à la direction de la Franco London Film. Auriez-vous de votre côté plus d’information sur Lucien Massé ? Sur internet il est mentionné comme co-producteur de films de Cayatte dans les années 1969-1970. Mes grands-parents agriculteurs l’avaient accueilli en Anjou pendant la guerre afin de venir passer les vacances d’été en même temps que d’autres étudiants parisiens qui crevaient souvent la dalle dans la capitale…
Je n’ai pas encore acheté le blu Ray du film mais je serais ravi de découvrir et refaire découvrir à mon père la scène à laquelle il avait assisté à l’époque et qu’il avait ensuite repérée brièvement dans le film vu en salle !
Bonjour,
Je vous cite (aimablement) dans cette chansonnette « Les connectés ».
https://www.youtube.com/watch?v=MrPUPSlZ9h0
A André Dede
Comme disait Monsieur Jourdain : « Je trouve cela bien troussé, et il y a là-dedans de petits dictons assez jolis. »
mais vous auriez quelque chose contre les portables que cela ne m’étonnerait pas…
Personne pour rendre compte de JUSTIN DE MARSEILLE ou de AU NOM DE LA LOI ? J’aime beaucoup ces films (surtout JUSTIN) et je chéris le coffret Pathé superbement réalisé (qualité des transferts, respect des ratios d’image 1 :1.19 et 1 :1.37, bonus passionnants-sans flatterie…).
Ces premiers films parlants de Maurice Tourneur ont un charme assez indéfinissable auquel la qualité des transferts rend justice. Il y a un mélange à la fois de réalisme, de souci du détail, et de stylisation, notamment par la composition, qui fait que dans AU NOM DE LA LOI les plans tournés en décors de studio et ceux tournés en décors naturels se mélangent harmonieusement et insensiblement. Ce n’est pas tant que les décors de studio soient criants de réalisme que les décors naturels qu’il arrive à styliser par la composition (et parfois par l’emploi de certaines optiques). On pense même parfois à Ozu pour la géométrie de certains plans et la transfiguration poétique des objets quotidiens (plans de signaux ferroviaires, natures mortes de bouteilles, etc…)
On pense à plein de films, à M de Fritz Lang (tourné à la même époque) pour le mélange de réalisme documentaire et de stylisation visuelle et dramatique (la formidable séquence finale de l’assaut), pour l’utilisation parcimonieuse mais expressive des bruits (klaxons, aboiements de chien) aussi. J’ai pensé aussi à THE ENFORCER de Walsh quand le chef des bandits tente de s’échapper par la fenêtre et tombe.
Ce que dit Jean-Marc Berlière dans le bonus du dvd, à savoir qu’un flic qui fait de l’infiltration dans une organisation criminelle, c’est hautement improbable, beaucoup trop dangereux alors qu’on peut collecter les mêmes informations à moindres frais grâce à des informateurs volontaires issus de ces organisations (criminelles ou politiques, d’où la parano bouillonnant dans beaucoup d’organisations d’extrême gauche) me parait être valable aussi pour RAZZIA SUR LA CHNOUF que je viens de revoir. A quoi bon tout ce jeu dangereux si Gabin connait déjà la tête du trafic de drogue qu’il veut démanteler, si ce n’est un prétexte dramatique à une descente quasi documentaire dans les bas-fonds de la drogue. Comme dans AU NOM DE LA LOI la drogue se pare encore parfois d’une couleur exotique (extrême orientale chez Tourneur, antillaise chez Decoin), mais l’époque a changé et Decoin montre un monde violent et implacable, l’influence américaine (le Hathaway des policiers pseudo-documentaires de la fin des années quarante) est présente mais parfaitement digérée et ancrée dans un terreau français. Comme on n’est pas sensé savoir que Gabin est en réalité un flic, Decoin ne peut pas vraiment jouer sur le suspense du flic infiltré qui risque à tout moment d’être démasqué (comme Mann dans l’excellent T-MEN), mais le film a d’autres qualités. J’aime beaucoup à la fin du film le plan sur les jambes de Lila Kedrova que les flics trainent pour lui donner une dose de drogue et qui croisent celles (les jambes) de tous ceux qui ont arrétés à la suite de l’enquête. Il y a dans la compassion de Gabin pour Kedrova beaucoup de Maigret et de Simenon je trouve (mais j’avoue n’avoir lu aucun roman de Le Breton).
Pour revenir a AU NOM DE LA LOI que notre hôte présente dans le bonus comme sans descendance, j’ai vu PIEGES de Siodmak juste après AU NOM DE LA LOI et il serait amusant de comparer ces deux films où enquêtent des policiers de la P.J. du quai des Orfèvres. Le générique de PIEGES ressemble d’ailleurs beaucoup à celui de AU NOM DE LA LOI: les titres sont éclairés par le faisceau mouvant d’une lampe. Ce qui frappe c’est l’évolution en quelques années (de 1931 à 1939) de la police scientifique ou du moins sa représentation au cinéma : dans PIEGES on relève des empreintes sur du papier à lettre, on analyse les caractères d’une machine à écrire… Mais l’obtention des aveux est plus importante que la recherche de preuves et dans les deux films il y a une longue scène d’interrogatoire. On se demande si la situation a vraiment changé au vu des erreurs judiciaires de ces dernières années: Patrick Dils, Outreau…
Cher Bertrand,
Tout d’abord merci pour votre sélection toute fraîche qui va nous permettre de créer une petite programmation estivale même s’il convient de ne pas rester exclusivement devant un écran.
Pas de réaction devant La terre qui meurt qu’il me faut d’abord acquérir mais en revanche , vous avez su me faire revenir sur le cas Duvivier , cinéaste que j’ai trop longtemps négligé pour le même genre de raisons bêtes que durant mes jeunes années estudiantines, j’écoutais trop servilement mes profs de fac ou de prépa qui se payaient la tête d’écrivains aussi immenses que Hugo, Zola ou Martin du Gard:à tout âge , il faut se garder de tout panurgisme!!!
Duvivier est un grand cinéaste et l’affaire Maurizius même si pas totalement abouti est un révélateur des qualités et défauts éventuels de son oeuvre:
-formalisme impressionnant dans la composition ( influencé comme d’autres Français par l’Expressionnisme, il a su le dépasser et se l’approprier): le tribunal est un lieu magnifiquement exploité effectivement
-écriture sophistiquée (parfois trop) que ce soit pour la structure ou la caractérisation
– vision lucide de l’humanité et non unilatéralement « méchante »: la proverbiale méchanceté de Duvivier (et de Clouzot) permettait simplement aux exégètes de mettre en valeur l »‘humanisme » de Renoir ou Ophuls or on peut trouver une ironie incroyable chez ceux-ci (cf Nana, Le crime de M Lange, Le plaisir, Lola Montès) et de l’humanisme chez celui-là ( Le paquebot Tenacity mais aussi La belle équipe ou Panique: pas de caricature, des personnages complexes et jamais jugés et même des traits inattendus qui font dévier le programme de sa trajectoire)
Bref, j’ai eu tort et vous aviez raison, mille fois!!!
Je vais revoir Untel père et fils et La chambre ardente histoire de poursuivre ma redécouverte.
Je reviendrai longuement sur l’immense et méconnu K Yoshida dans un prochain message , sur le courage incroyable de Panahi qui trouve des échos contemporains avec la force d’un Paradjanov (il faut absolument voir le très beau film que lui a consacré S Avedikian en début d’année Le scandale Paradjanov).
sinon, la revoyure de films de S Brizé ( Mademoiselle Chambon et Je ne suis pas là…) m’a confirmé qu’il n’a aps attendu La loi du marché pour se montrer précis, pudique,discrètement inventif ( les ellipses puissantes de La loi…, son rapport à la durée trouve des échos formels dans Mademoiselle avec ces derniers plans où se creuse l’isolement de V Lindon, dans Je ne suis pas là…avec la capacité de s’attarder sur un acte de personnage secondaire pour mieux révéler ensuite quels échos il établit avec le duo central: DU TRAVAIL D’ORFEVRE!!!).Brizé est un héritier ( je n’ai pas dit qu’il refaisait mais qu’il provenait éventuellement) du cinéma vivant mais millimétré de manière invisible de Claude Sautet si longtemps conspué.
Les propos tenus dans le dernier numéro des Cahiers à son endroit me semblent suffisants et lamentables: tirons la chasse, c’est le mieux!
Merci Ballantrae
Pour Duvivier p)lutât que LA CHAMBRE ARDENTE dont les qualités sont éparses mieux vaut acquérir VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS et LE RETOUR DE DON CAMILLO, film vraiment sous estimé. Il y a deux bons sketches dans LE DIABLE ET LES 10 COMMANDEMENTS + un pas mal (et d’autres sans intérêt), POT BOUILLE bien que trop édulcoré n’est pas dépourvu de savoir faire et les séquences Gérard Philippe Darrieux sont succulentes
Je tiens à vous saluer et à vous remercier pour vos nouvelles rafraichissants.Pour revenir sur Sacha Guitry,effectivement c’était un visionnaire et un créateur unique dans son genre.J’ai revu pour la ènième fois »La vie d’un honnète homme »avec Michel Simon dans un double role,c’est jubilatoire la construction du scénario,de la mise en scène puis surtout quelle prouesse la présentation du générique avec le maitre Guitry à son bureau qui nous présente tous ceux qui ont contribués à cette réussite qu’est ce film.Guitry à souvent fait appel à Pauline Carton,Aimos et bien sur l’immense Michel Simon ou Gabrielle Dorziat,des gens qui venait des planches et qui ne faisait pas qu’endosser un role pour un film mais qui faisait vivre ses personnages avec leurs bons et mauvais cotés.Guitry restera unique dans son art,revoyez ses oeuvres et bon été à tous.
Je les ai déjà dans le coffret rouge Gaumont car des amis savent que j’essaie de combler mes lacunes sur le cinéma français des 30′-60’et me l’ont offert…tant pis si c’est mineur!
Le bouquin sur Poutine m’a particulièrement intrigué de même que le Reclus sur La guerre de Sécession dont j’ignorais l’existence.Dans la même sphère de pensée (du moins je crois) il faut absolument lire Mes cahiers rouges (souvenirs de la Commune) de Maxime Vuillaume chez La découverte.
A Ballantrae
Vous avez raison, c’est un livre magnifique
J’avais adoré LA SOURCE THERMALE D’AKITSU, un peu moins les autres films du coffret et d’ailleurs de tout ce qu’a édité Carlotta de Kiju Yoshida et dont je m’étais fait une ventrée à leur sortie en dvd et que j’avais trouvés souvent très formels, très beaux certes, mais un peu vides, un peu vains peut-être, et maintenant Yoshida, dans ma mémoire, est un genre d’Antonioni japonais. (Il faudrait que je les revois. Je n’avais pas trop aimé ses films politiques…) Je précise que je ne déteste pas Antonioni, bien au contraire et que même souvent j’ai adoré m’ennuyer et rêvasser en regardant ses films. (Son impitoyable ami Tarkovski le trouvait un peu vain…) Bref. Ce qui m’avait frappé, dans la source thermale d’Akitsu, c’est que c’est un pur mélodrame, contrairement à ses autres films. C’est peut-être pourquoi j’ai oublié tous les autres, mais pas celui-ci. C’est quelque part un film dans la grande tradition japonaise du mélodrame, alors que ses autres films sont plus inscrits dans la nouvelle vague qui a eu lieu aussi là-bas. Dans les bonus, on apprend que c’est la sublime Mariko Okada, qui deviendra bientôt son épouse et son actrice fétiche, qui a apporté le sujet de la source thermale d’Akitsu. Quelque part c’est peut-être alors tout autant (voire plus) un film de Mariko Okada que de Kiju Yoshida. C’est peut-être pour ça que je l’aime autant, ce film de Mariko Okada qui se démarque tant des autres films de Yoshida. Et si j’aime bien les autres films de Yoshida, c’est je crois bien parce qu’il y a très souvent Mariko Okada. Sublime actrice. Ah… j’ai adoré aussi FEMMES EN MIROIR, de Yoshida, beaucoup plus récent, 2002, Mariko Okada y est… sublime, et peut-être que Yoshida, en vieillissant, s’est adouci…
Plus qu’à Antonioni, c’est à des compatriotes de la même génération que je pense: Oshima et Imamura.Même sens de l’audace, même souci plastique que je ne trouve pas purement formaliste mais toujours juste et approprié.
J’aime beaucoup aussi Eros + massacre aussi fort que les plus beaux brûlots d’Oshima ou Promesse qui me semble pensé comme en écho à Voyage à Tokyo ou à Rhapsody in august de Kurosawa, sur la place de la personne âgée au Japon (attention, c’est sensible, déchirant et pas prétexte à un débat type dossiers de l’écran).
Il faut que je les revoie… BON À RIEN, aussi, j’avais bien aimé, ça avait la fraîcheur des premiers films et c’est vrai que la proximité avec notamment les premiers films d’Oshima sur la jeunesse désœuvrée est évidente, question d’époque… Imamura, je l’ai toujours placé plus haut, à part en tout cas, insubmersible dans les vagues, fussent-elles nouvelles… Ce parallèle avec Antonioni, je l’avais fait en voyant un de ses films, où cette influence m’avait parue évidente, peut-être était-ce ADIEU CLARTÉ D’ÉTÉ… Je regarde les dates de parution sur les jaquettes, 2008, ça fait donc sept ans que je les ai vus, c’est loin, et je n’ai revu que la source thermale d’Akitsu et femmes en miroir… Quant à ÉROS + MASSACRE, j’avais été déçu, tant le film avait été présenté comme extraordinaire, j’avais trouvé ça très très long et maniéré… Purgatoire eroica et coup d’état, qui sont un peu dans le prolongement, si je me souviens bien, formant comme une trilogie, idem, déception… On est dans les années 70, on sent l’engagement politique, le bouillonnement de l’époque… Ça date, pour moi, cette gravité théorique… alors qu’un Wakamatsu, par exemple, véritable enragé, à la même époque ne date jamais… Ce qui fait la force de la source thermale, c’est qu’on est dans l’émotion, pas dans les idées, il n’y a aucun message véhiculé, aucune révolte, seulement le constat que la vie est tragique, comme chez Ozu par exemple, à propos duquel il me semble Yoshida a écrit un petit opuscule… Mais c’est quand même un cinéaste intéressant et d’ailleurs je vais les revoir, tous ces films, pour me rafraichir la mémoire, qui en a bien besoin par cette bouillante canicule…
A Jean-Charles Freycon:
Je n’ai pas beaucoup aimé LA SOURCE THERMALE D’AKITSU, et je n’avais pas du tout aimé FEMMES EN MIROIR et j’y retrouve les mêmes défauts apparemment paradoxaux: un mélange de formalisme froid et de sensiblerie. C’est l’histoire classique de la femme passionnée et de l’homme velléitaire mais cette fois ci l’homme est vraiment trop falot et insignifiant pour qu’on s’intéresse à lui et comme dit Bertrand la musique est vraiment envahissante. Il y a deux thèmes (musicaux) qui reviennent avec la constance de l’apparition de la créature dans CREATURE FROM THE BLACK LAGOON. C’est aussi le cas si je me souviens bien dans FEMMES EN MIROIR et pour moi c’est un signe d’impuissance créative. Il faut dire que je n’aime pas non plus Antonioni. Restent les paysages, le passage des saisons, et surtout Mariko Okada qui est merveilleuse. Lourcelles écrivait je crois qu’on pouvait voir EAST OF EDEN comme un portrait de James Dean. Je crois qu’on peut dire la même chose de LA SOURCE THERMALE D’AKITSU et Mariko Okada.
À Mathieu : On est plus ou moins d’accord. Ce qui m’avait plu je crois dans ces deux films (la source thermale et femmes en miroir) c’est peut-être qu’ils semblaient échapper au cinéaste et être tout entier dans la célébration d’une actrice qui déjà me fascinait chez Ozu et naruse, je ne saurais dire pourquoi, une créature de cinéma, un genre de déesse quoi… et alors les « défauts » je ne les ai sans doute pas notés, tant j’étais absorbé, anéanti, dans la contemplation…
à Bertrand: je vois que vous regrettez de ne pas avoir plus de commentaires sur les films que vous louez. Mais je pense que les enthousiasmes des bloggeurs se sont manifestés dans leurs commentaires ok peut-être pas à propos de tous les films mais il y a eu des considérations étoffées sur Duvivier ou Tourneur qui viennent de leurs visions des films, et on a pas toujours qqch d’utile à dire sur un film même si on l’a adoré! considérez la richesse des commentaires 133 pour la page sur Audry 255 pour celle d’avant c’est quand même énorme.
par exemple j’ai commandé et vu LA TERRE QUI MEURT, couleurs magnifiques même si le master ou la copie est ce qu’il est, je ne trouve rien à dire de plus, malgré le talent évident je ne suis pas critique professionnel, je ne peux que recommander le film sans pouvoir faire plus et je mets un commentaire « c’est vachement bien faut voir ça! » est-ce utile?
et c’est vrai qu’il est plus facile de commenter certains films moyens pas géniaux que certaines perles absolues certains classiques: je viens de revoir VAMPYR de Dreyer et le CONDAMNE A MORT de Bresson et POINT BLANK de Boorman devant ces classiques épatants je ne sais pas par quel bout attraper la pelote de fil pour en dire un mot ou deux. et je ne compte pas le nombre de films que j’ai découverts grâce à vous sur ce blog sans blague! Cheers!
A Martin Brady
Enfin une réaction sur la TERRE QUI MEURT. On peut parler de l’interprétation (magistrale de Larquey mais aussi des femmes), de la justesse des dialogues de Spaak. On a beaucoup médit sur Charles Spaak et j’ai découvert outre les classiques incontournables mais plus vus depuis longtemps (LA FIN DU JOUR, LA BELLE EQUIPE, les Gremillon) des films peu connus : L’ENTRAINEUSE, étonnant scénario féministe
à Bertrand: il y en a un qui fait ma joie, souvent dans les rôles de rustaud: Alexandre Rignault, il joue ce rôle à fond dans VOLPONE mais dans LA TERRE il l’affine en le teintant de dépit et rancoeur après son accident. Son oisiveté forcée et la culpabilité de celle-ci le mène à cette méchanceté qui le pousse à nuire et se retourner contre son père, le côté rustaud se fait subtil. Cet acteur peut ouvrir la bouche pour dire n’importe quoi il donne toujours l’impression de l’éléphant saoul égaré dans une pension de jeunes filles, mais ne confondons pas le personnage et l’acteur!
J’ai beaucoup aimé l’Affaire Maurizius mais j’ai regretté que Madeleine Robinson y soit si peu employée alors qu’elle est tête d’affiche. J’aimais beaucoup cette actrice immense, délicate et subtile, tendre et dure à la fois.
Cher Bertrand Tavernier,
Il me faudrait mille vies pour lire et voir tout ce que vous nous conseillez! Merci de ces analyses fines et personnelles qui m’aident dans mes choix.
Une question: dans de nombreux films où elle joue, vous saluez souvent le jeu et le talent de Renée Devillers, la moins connues des trois grandes Renée (Faure et Saint-Cyr)me semble-t-il. Pourriez-vous m’en apprendre davantage ?
Je vous remercie.
Alain
« Vous oubliez votre porte-plume. »
Il faudrait que quelqu’un répertorie ces « Vous oubliez… » qu’on retrouve régulièrement.
J’adore le « Vous oubliez votre drapeau » de Marlon Brando virant Trevor Howard du Bounty en lui remettant le chat à neuf queues.
Et puis celle citée comme authentique de Gambetta au tout petit bonhomme qu’était Thiers. Celui-ci oubliait son crayon sur le pupitre où il venait de faire un discours : »Monsieur Thiers, vous oubliez votre canne ! »