Découvertes et classiques français
28 mai 2015 par Bertrand Tavernier - DVD
D’AUTRES FILMS DE JACQUELINE AUDRY
Si LE SECRET DU CHEVALIER D’ÉON se révèle négligeable, à peine plus intéressant que les Hunnebelle et d’une grande légèreté historique (déjà à l’époque ce secret était éventé). Audry est empotée avec l’écran large dont Henri Alekan ne parvient pas à se dépêtrer. Les décors de Trauner sont fonctionnels et ternes et le propos inspiré par Cecil Saint-Laurent avec la présence de Jacques Remy au scénario n’est guère convaincant. Et surtout totalement faux historiquement comme on le savait déjà à l’époque. Ce que Gilles Perrault a confirmé dans LE SECRET DU ROI, livre magnifique dont je recommande la lecture. Blier joue un espion prussien (sic). On est pourtant dans le travestissement, le changement de genre mais Audry n’en tire rien et Andrée Debar n’a aucun charisme…
MITSOU en revanche est une plaisante réussite qui décrit avec une certaine ironie anarchiste grâce à Pierre Laroche et à ses dialogues inventifs le monde de l’arrière durant la guerre de 14-18 et tout particulièrement le music hall, le café concert. De multiples petits moments nous font revivre les chansons patriotiques, pimentées par quelques filles déshabillées et une Danielle Delorme en collant chair vraiment sexy. Odette Laure détaille de manière succulente une chanson comme « le Machin de la chose » (la musique de Van Parys est très bonne), Fernand Gravey est impeccable de justesse et de classe et Claude Rich a un charme fou. La couleur est mieux traitée que dans des œuvres plus « ambitieuses » et la photo assez plaisante. GIGI est presque aussi réussi malgré un budget plus serré. Delorme minaude un peu plus mais comme souvent chez Audry, on croise des actrices qu’elle dirige fort bien, de Gaby Morlay, à Gabrielle Dorziat en passant par la géniale Yvonne de Bray, toujours remarquable. Laroche introduit des private jokes très marrantes où l’on voit Colette et Willy, en disant « c’est le grand écrivain, elle, c’est juste une petite provinciale ».
UNE DÉCOUVERTE
LA TERRE QUI MEURT est un film étonnant, peut-être le second long métrage français en couleurs (1936). Il y a un autre film de Jean Vallée juste avant. LA TERRE QUI MEURT est un très bon drame paysan sobre, dépouillé malgré quelques raccords frustes. Et un découpage parfois daté (dû peut-être aux éprouvantes contraintes du système FRANCITA). La couleur (très pâle), ce que l’on devine, y est assez belle dans le rendu de certains paysages (beaucoup d’extérieurs) avec des audaces étonnante dans les intérieurs (personnages dans l’ombre, visages ou pièces peu éclairées) malgré dans le DVD un manque de définition gênant dans les plans larges et des couleurs qui bavent qu’une vraie restauration pourrait corriger. Bien plus moderne que 90% des photos des années 40-50 où tout est sur-éclairé (voir les films de Lara, de Christian-Jaque, l’horrible LE ROUGE ET LE NOIR).
Et le travail de Charles Spaak (encore une révélation après L’ENTRAÎNEUSE), jamais cité, est de premier ordre. Là aussi dépouillé, précis. Avec de vrais bonheurs de dialogue qui sonnent juste (tirés du livre ?) : « Ma promesse, je la garde où je l’ai mise. » Il y a des répliques qui enchanteraient José Bové. Interprétation dans l’ensemble épatante de justesse même dans tous les personnages féminins avec une mention spéciale pour Alexandre Rignault, Line Nord et Pierre Larquey qui est génial. En tout cas la direction d’acteur est talentueuse. Faut-il (re)lire René Bazin ? Et surement voir deux autres films de Jean Vallée que Vecchiali porte aux nues et j’ai reçu ce courrier de Raymond Chirat : « On ne te remerciera jamais assez de tes recherches sur le cinéma français et de tes trouvailles, car qui aujourd’hui se souvient de Jean Vallée, qui au début des années trente patronnait à Paris une salle d’avant garde ? Un peu plus tard la fin crépusculaire des HOMMES SANS NOM avec Tania Fédor, voiles de deuil en auréole, murmurant l’éloge funèbre de son époux, le rigide Constant Rémy, s’ajoutait à la liste déjà longue des évocations de la Légion. En 1937 on aimait tisonner les cendres de l’Empire. J’avais alors 15 ans et l’idée de retrouver sur l’écran les héros de LA TERRE QUI MEURT suffisait à m’éloigner d’eux. Oubliés en bibliothèque, ils surgissaient sur l’écran et arrivaient mal à s’y installer en dépit de l’adaptation de Spaak, du rôle émouvant attribué à Larquey et des tentatives de la couleur qui peinait à s’imposer. Un peu plus tard, la mise en film de la pièce de Lucien Descaves, LE CŒUR ÉBLOUI, retraçait les derniers jours de la paix, en 1914, fixant une pièce solide et honorable, mélange astucieusement dosé de patriotisme et de sentimentalisme. Mais qui se souvient, là encore, du CŒUR ÉBLOUI ? »
Le DVD est disponible à cette adresse :
http://siterenebazin.wordpress.com/autour-de-rb/dans-les-medias/dvd-du-film-%C2%AB-la-terre-qui-meurt-%C2%BB/
ENCORE DECOIN
Une énième vision de RAZZIA SUR LA CHNOUF (Gaumont Blu-ray) met en lumière l’absence de romantisme du film, la sécheresse du ton. Les personnages sont regardés pour ce qu’ils sont : des frappes, des truands que rien ne rachète (et surtout pas l’amitié virile, la comparaison avec Becker semble un peu oiseuse) et Decoin est particulièrement sévère et dur (pour l’époque) quant aux effets de la drogue : le personnage de Lila Kedrova était unique dans le cinéma français de ces années. Belle photo de Montazel, avec sa passion pour les contre-jours que détaille Michel Deville dans les bonus, passionnants : on y voit des images tournées par Deville, alors assistant de Decoin.
On retrouve Pierre Montazel dans L’AFFAIRE DES POISONS, un film en couleurs bien mieux éclairé que la plupart des réalisations contemporaines. On y voit un grand nombre d’intérieurs peu ou mal éclairés, de scènes nocturnes dont une visite de chapelle par Pierre Mondy qui ne manque pas d’atmosphère et une étonnante ouverture où Decoin filme une exécution publique, celle de de la Brinvilliers et la fait commenter par un enfant qui décrit à un aveugle tout ce que fait le bourreau. Quand il met le feu au brasier, l’aveugle constate : « C’est du hêtre, ils auraient du prendre du chêne. » Certaines séquences à la cour sont plus plates mais toutes celles qui opposent Darrieux – excellente une fois de plus – et Viviane Romance, bien dirigée, brillent par la netteté du trait, la dureté du ton et l’absence de tout sentimentalisme. Paul Meurisse est surprenant en prêtre satanique. Magnifiques costumes. Une surprise.
ABUS DE CONFIANCE est un magnifique mélodrame, admirablement interprété par Darrieux et Vanel (chaque geste, chaque regard sont chargés d’émotion) sous le regard de Valentine Tessier. La manière dont Darrieux, confrontée à toutes sortes d’abus de confiance autour d’elle qui la renvoient à son mensonge, se purge dans une plaidoirie quasi autobiographique (pour le personnage) est un admirable moment de cinéma.
On peut oublier LE DOMINO VERT, réalisation allemande d’un cinéaste qui dirigera une version du TITANIC et qu’on trouvera pendu dans sa cellule. Suicide ou meurtre. Decoin aurait supervisé cette histoire sans grand intérêt malgré des dialogues de Marcel Aymé.
PIERRE BILLON
Pierre Billon est vraiment un cinéaste mystérieux. Je suis toujours resté de glace devant RUY BLAS et aussi VAUTRIN, malgré Michel Simon. En revanche L’INÉVITABLE MONSIEUR DUBOIS m’avait paru fort divertissant et je l’avais écrit dans ce blog.
COURRIER SUD est un film paradoxal sur un scénario de Saint-Exupéry. Ce qui est le moins bon, le moins bien filmé et écrit est tout ce qui touche à l’aviation, à la vie dans le désert (surtout quand on le compare avec AU GRAND BALCON). Et cela, bien que Saint-Exupéry ait piloté lui même son propre avion pour toutes les séquences aériennes qu’il a supervisées et qui sont très plates de même que l’attaque des « salopards ». En revanche, certaines scènes domestiques ou familiales sont vives, bien écrites (par Saint-Ex qui avait de l’humour nous dit le commissaire de la belle exposition lyonnaise sur Saint Exupéry et la Résistance) et très bien jouées (Pauline Carton a une réplique inoubliable sur les Polonais). Vanel, formidable, vole le film même si Jany Holt est parfois touchante et Marguerite Pierry épatante dans un personna sympathique et chaleureux. Pierre Richard Wilm est transparent.
CHÉRI est beaucoup plus satisfaisant, avec une interprétation féminine très forte : Marcelle Chantal, une classe folle, traduisant nombre d’émotions troubles, contradictoires, Jane Marken, Yvonne de Bray, Marcelle Derrien excellentes. Je ne comprends pas la haine de Vecchiali contre Desailly, qui est fort bon. Le ton est âpre, sans concession, filmé qualité française mais sans que cela anesthésie le propos qui respecte Colette. Pas de nom de scénariste sur le DVD René Château mais on attribue le scénario à Colette elle-même et les dialogues à Pierre Laroche. Ai-je inventé le fait que Billon appartenait à un cercle de spécialistes de Stendhal ?
AUTRES FILMS FRANÇAIS
Paul Vecchiali attige parfois. Je viens de me recoller DÉDÉ (René Château) pour vérifier ses 4 cœurs. C’est une adaptation pataude d’une opérette de Willemetz et Cristiné dont le sujet n’est pas terrible (le premier quiproquo arrive à la moitié du film.) Et l’adaptation à laquelle a collaboré Jean Boyer, guère plus brillante. Il doit manquer des chansons et dans les chansons, des couplets. Après la première qui est formidable (« Dans la vie faut pas s’en faire »), il faut attendre des plombes avant d’en avoir d’autres. Les scènes avec les Bluebell Girls sont pesantes et Darrieux, malicieuse et vive (alors que Préjean, Dauphin et Bergeron sont lourds et mal utilisés) ne chante que dans le dernier tiers. Sa chanson est exquise mais René Guissart (quelques travellings et un découpage étrange, avec des angles qui neutralisent l’espace : la contreplongée pendant la sortie du bal des petits lits blancs qui nous empêche de voir les gardes républicains passant derrière les acteurs, plan volé ?) se croit obligé de nous infliger de très nombreux plans de coupe sur Préjean d’une impardonnable lourdeur. On la voit rapidement (trop) « en chemise », c’est à dire en sous- vêtements et elle est sublime.
UNE FEMME PAR JOUR : le scénario de Serge Veber est totalement improbable et ne vole pas très haut. Robert Burnier joue Ali Bey, c’est dire le réalisme et le propos (jeter un séducteur dans un harem), et va titiller tout en restant prudent et finalement ultra conformiste. Il y a heureusement quelques bonnes chansons de Boyer et Van Parys, aux lyrics parfois polissons dont « Deux », bien chantée par Pills sans Tabet. Denise Grey en tante autoritaire qui répète « Taisez vous Léon » et Duvalles en ahuri sont parfaits dans le comique boulevardier.
Enfer et damnation. Je regarde le DVD de cet éprouvant nanar qu’est DOUBLE CRIME SUR LA LIGNE MAGINOT et voila t’y pas que vers la 29ème minute, quand le solennel (là il bat des records) Victor Francen grimpe dans « la cloche » et regarde le paysage, je guette une tirade que j’ai souvent citée. J’entends le début : « En regardant ce paysage je pense à ceux d’en face… » et là, horreur, une coupure visible me prive de la suite (je cite de mémoire : « ils doivent se dire, nous ne passerons jamais ») et passe à l’as toute une discussion car on raccorde en évoquant un sujet qu’on n’a pas entendu.
Ce master est précédé du label restauré par les archives du film. D’où vient la coupe ? D’une copie tronquée à la Libération où l’on a voulu oublier ces phrases idiotes ? J’ai posé la question aux ARCHIVES DU FILM qui ont fourni la copie à René Château. Pas de réponse.
L’AFFAIRE DU COLLIER DE LA REINE est tout à fait visible même si le travail de Lherbier reste superficiel et décoratif. Il ne tire rien des rendez-vous nocturnes dans les jardins à la française. Mais les personnages du cardinal de Rohan, un sommet de bêtise et de vanité bien rendu par Maurice Escande, ou de Cagliostro, sont plaisants et l’histoire de cette escroquerie, bien écrite par Charles Spaak, est assez formidable.
JOHN BOORMAN
L’un des plus grands films de la période, THE GENERAL, reste trop méconnu. A travers le portrait de Martin Cahill, voleur, criminel, chef de bande, génialement interprété par Brendan Gleeson qui passe la moitié du film à marcher courbé, dissimulant son visage derrière ses mains, ce qui nous vaut des gros plans formidables, avec ses yeux entre les doigts, ou sous une capuche. Par jeu, par provocation davantage que pour ne pas être identifié. Il veut se faire passer pour un Robin des Bois moderne (un Robin des Bois qui vole les riches et garde l’argent dans sa poche), un défenseur du peuple, des opprimés, joue les persécutés, se pose en défenseur de la liberté individuelle. La réalité est beaucoup plus complexe et noire et Cahill profite du système, des failles du système. Il cambriola un jour Boorman, lui volant le disque d’or « du duel des banjos ». Il le brise en disant : « Voyez tout est faux, ça n’est pas de l’or. » Il assaisonne ses cambriolages d’un discours populiste, démagogique, dénonce pour se blanchir les contradictions de la loi et certaines violences policières tout à fait réelles (on insulte les membres de sa famille, on empoisonne ses pigeons) mais ces attaques sont intéressées. Son combat est avant tout un acte de revanche personnelle qu’il déguise derrière une gouaille frondeuse, souvent cocasse. Il vise à stopper un procès, à casser un jugement. Il refuse avec entêtement en campant dans une caravane miteuse où il se pavane, d’être relogé dans un quartier décent en lieu et place d’Hollyfield, série de taudis qu’on détruit et où il a recruté ses hommes de main, mais c’est moins pour dénoncer une politique que pour grappiller quelques avantages supplémentaires. Boorman ne fait pas de cadeau à son héros : son attitude pseudo-libertaire dissimule un cynisme à toute épreuve. C’est un tableau sans fard de l’Irlande que dresse Boorman, une Irlande ravagée par une série de maux endémiques du chômage à la délinquance, la fraude fiscale sans oublier les luttes fratricides, la violence religieuse. Les plans larges qu’affectionne Boorman nous donnent le contexte physique et moral de chaque action, évoquant au passage les crimes pédophiles commis par l’Église, les rapports ambigus de Cahill avec l’IRA et les milices protestantes financées par l’Afrique du Sud.
Continuez votre lecture avec
- Article suivant : Des lectures, Jafar Panahi et des classiques français
- Article précédent : Cinéma américain : Barry Levinson, David Gordon Green, Edward L. Cahn…
Articles similaires
Commentaires (154)
Laisser un commentaire
(Seuls les messages ayant attrait aux DVD - thème de ce blog - seront publiés.)
Merci, merci, Bertrand, pour nous mettre les yeux sur de vrais petits classiques méconnus tels que MITSOU, de Jacqueline Audry, qui est en effet extrêmement charmant.
Ce film de 1956 paraît par moment plus ancien qu’il n’est (ce n’est pas un reproche) malgré Delorme et Rich (ou Gaby Morlay, qui a vieilli) qui viennent nous rappeler de quand tout cela date.
C’est sans doute la musique de Van Parys, les accents parigots à l’ancienne et le décorum 14-18 qui contribuent à l’effet ressenti.
Personnellement, je découvre en Danièle Delorme une actrice réellement frémissante, spontanée, parvenant à remporter la mise sur des terrains glissants (caprices, pleurs et enfantillages) sans que l’on en conçoive de crispation.
Aubry agite ce petit monde joliment coloré, celui des café concerts parisiens, des plaisirs bourgeois et des permissions galantes, de soubresauts primesautiers et de notations très précises sur l’époque évoquée, ses mœurs, sa langue.
Fernand Gravey apporte à l’ambiance générale une touche de mélancolie digne et très légèrement masochiste qui leste le film d’une gravité assez goûteuse.
Dommage que le son ne soit pas très bon et que pas mal d’échanges se perdent dans la cacophonie (d’autant que j’ai eu, à un moment, la mauvaise idée de croquer dans une pomme).
Une bonne restauration serait souhaitable.
A Alexandre Angel
Tout à fait d’accord. Le film parait contemporain de l’époque qu’il décrit et c’est une de ses qualités
Pourquoi tant de haine à l’encontre du Domino vert ? C’est bien joué, bien dialogué et l’intrigue tient jusqu’au bout (on ne sait qui – nombreux sont ceux qui ont une raison d’agir – a fait quoi – vol du tableau, chantage – pour amener au meurtre – de qui-). Bref, serait-ce finalement la personnalité du metteur en scène – que je ne connais pas – ou les circonstances du tournage à l’UFA qui fondent votre critique (acerbe) ?
A Edward
Non c’est la banalité du traitement quand on voit d’autres films de Henri Decoin. Vous trouverez beaucoup de ses films cités dans ce blog
Quand je parle du « réalisateur que je ne connais pas », je parle (évidemment !) de Selpin. Vous dites vous-même que Decoin n’aurait que superviser.
A Edward
C’est ce que tout le monde dit
A Edward
Herb selpin est un réalisateur allemand (4 films) qui aurait tenu des propos très critiques sur le régime durant le tournage de TITANIC. Il fut arrêté et on le retrouva pendu dans sa cellule
Suivant IMBd, il en aurait fait plus d’une vingtaine et n’aurait pas fait d’autres films en français. Il est plus vraisemblable, comme l’affirme le fils de Decoin dans la bio de son père (pages 232 et 233) qu’il a écrite, que celui-ci a bien dirigé la version française du Domino vert (et l’a jugé … raté) …
CHERI pour CHERI, que pensez-vous, Bertrand, de la version Stephen Frears ? Cette adaptation de Colette m’a bizarrement fait penser à Proust (certaines silhouettes, quelque chose de sardonique dans la narration..)J’ai été plutôt séduit et Michelle Pfeiffer y est très belle (serait-ce son plus beau rôle?).
A Alexandre Angel
Le film m’avait séduit et aussi Michelle Pfeiffer mais en fin de compte je n’en ai pas gardé de vrai souvenir
A Mr Tavernier : pourriez-vous nous en dire plus sur cette Histoire de la guerre de Secession ? En quoi est-ce une « juste » vision ?
Les historiens disent que la première guerre mondiale aurait pu être évitée, que les nations concernées (la France en particulier) ont surjoué les belliqueuses et les susceptibles de manière puérile, jusqu’ à la fatale boucherie.
C’est l’idée que donne de prime abord cette guerre américaine.
Abraham Lincoln jouit plutôt d’une aura positive. Peut-être a-t-il tout fait pour ne pas en arriver là. Mais comment a-t-il pu dormir une minute pendant ces années de boucherie ?
A Minette Pascal
C’est un livre très documenté bien qu’écrit à chaud, sans le recul ni les archives, par cette personnalité étonnante : géographe, anarchiste, il démonte les arguments pro esclavagistes tout en rendant hommage à certains généraux sudistes, ajoute des zones d’ombre, des questionnements et nous fait comprendre l’horreur et en même temps le courage qu’on peut déceler dans la traversée sanglante de la Géorgie par Sherman, publiant des lettres que je ne connaissais pas. Juste veut dire qu’on ne sent jamais les préjugés de l’auteur, qu’il essaie de donner tous les points de vue
Incroyablement juste et prémonitoire, Reclus l’est aussi dans sa description et son analyse de la situation ottomane au tournant du XX° siècle et en particulier de la question arménienne, dans le dernier tome de son ouvrage « L’Homme et la Terre » dont des extraits ont été publiés par les éditions de la Découverte (l’original est en 6 volumes).
Ce lien pour en savoir plus:
http://libelalettredorion.blogs.liberation.fr/2015/04/26/elisee-reclus-et-le-genocide-armenien/
Merci.
C’est allèchant, une nouvelle vision, car tant a été dit sur le sujet !
Que peut écrire sur « 14 juillet »réalisé par René Clair en dehors de la musique populaire composée par Maurice Jaubert et les décors splendides.Coté acteurs il n’y a rien à dire sur le mutisme des personnages(on croirait qui sortent d’un film expressioniste,tellement ils sont gestuels et maladroits).En revanche « La corde raide »de Jean charles Dudrumet est une bonne surprise de la part de cet ancien monteur.Adapté du livre »La veuve »ce drame vaut pour la prestation d’Annie Girardot et François Périer sans oublier Gérard Buhr et Georges descrières.La suite de la carrière de ce réalisateur à été plus faible avec deux films qui l’a tourner avec Jean Marais.Je ne sais pas si Bertrand nous citera Dudrumet dans son documentaire sur le cinéma français,j’en doute!!!
Rouxel
Vous allez fort sur 14 JUILLET qui dégage un charme incroyable. Et la gestuelle des acteurs est souvent impressionnante. Annabella est très sexy et gracieuse
Parmi les nouveautés chez René Chateau vidéo,citons deux films tirés de roman de Georges Simenon et du personnage de Jules Maigret.Le premier est réalisé par Jean Tarride »Le chien jaune avec Abel Tarride qui était le père du réalisateur,le second on le doit à Jean Renoir »La nuit des carrefours »qui se déroule en Bretagne.C’est la première fois que c’est deux films sortent en format dvd.En revanche,évitez d’acheter »Loterie »film avec Raymond Bussières de 1953.
A Rouxel:
C’est LE CHIEN JAUNE et pas LA NUIT DU CARREFOUR qui se passe en Bretagne, à Concarneau exactement, où les extérieurs du film ont effectivement été tournés. C’est d’ailleurs l’attrait principal du film, avec la présence de Le Vigan, dont c’est je crois le premier film.
il me semblait bien que LA NUIT se passe et a été tourné en Ile de France pas très loin de Paname.
Réalisateur touche à tout,Ray Rowland m’a une fois de plus surpris en revoyant »La trace du crime »excellent film policier avec un Robert Taylor qui campe un flic corrompu,aider par une indicatrice qui tient un kiosque à journaux.La mise en scène est nerveuse,il n’y a aucun point mort dans l’écriture de ce scénario assez habile.Quels autres films de Rowland vous me conseilleriez mon cher Bertrand?
A Eouxel
Fort peu car je trouve que c’est un tâcheron et je l’ai au moins cent fois sur ce blog même quand j’ai loué un de ses derniers films avec Mickey Spillane, THE GIRL HUNTERS, dans la post face à DES CLAIRONS DANS L’APRÈS MIDIE et dans 50 ANS je crois
Il s’agit de ROy Rowland pas RAy et de SUR LA TRACE DU CRIME/ROGUE COP pas la Marque… l’un de ses rares bons films sûrement avec un autre avec Van Johnson LA SCENE DU CRIME ou SCENE OF THE… Ces films bénéficient autant du professionnalisme de la machine hollywoodienne que du talent de Rowland. Et je crois que LES 5000 DOIGTS DU DR T est bien surestimé hélas.
et ce n’est pas non plus « La Marque »! damned de moi!
A Martin-Brady
Il y a aussi TEMOIN DE CE MEURTRE qui a une bonne réputation ainsi que OUR VINES HAVE TENDER GRAPES
à Bertrand: got it! thanks.
étoffons un peu: les 5000 DOIGTS m’avaient paru bien au-dessous de sa réputation de « délire onirique et visuel surréaliste etc. », un peu comme dans un autre genre PANDORA. Pour les 5000 je ne me souviens que d’un festival de couleurs mais vide. Les 2 autres films que vous citez sont introuvables a priori.
Juste un truc: dans 50, vous citez Silver et Ward (Film Noir) pour la scène de bagarre de SCENE OF THE CRIME avec Van Johnson, je me souviens d’avoir vu le film avec une amie monteuse et avoir sifflé « sans blague tout en un seul plan! » elle m’avait dit « mais si! il y a trois coupures mais tu les as pas vues tellement c’est bien monté! » ofkours elle avait raison (rembobinage de la k7) ah! ces monteuses on peut pas les contrer!
A Martin-Brady : Vous n’aimez pas PANDORA ?
A Martin Brady:
PANDORA est peut-être surévalué par certains, je ne le mettrais pas dans la même catégorie que LES 5000 DOIGTS…pour autant.
à MP: la surprise-partie sur la plage est inoubliable, pour le reste le film promet beaucoup mais.
à Mathieu: dans la même catégorie qu’entendez-vous? Dans sa réception critique comme 5000 le film a une sorte de réputation « surréaliste » (dans son sens familier galvaudé) ou onirique c’est tout ce que j’entendais et oui sur la réussite artistique peut-être PANDORA est-il supérieur.
A Martin Bray
J’ai toujours eu un peu de mal avec l’esthétique de Pandora que je trouve, avis subjectif, un poil guindée, pas avec les deux acteurs. Mais il y a une grosse différence entre les deux films. PANDORA est l’oeuvre d’un auteur qui l’a pensé et conçu intégralement. Les 5000 doigts est filmé par un mercenaire et son esthétique a été définie par le producteur ou le superviseur artistique. Les deux cinéastes ne boxent pas dans la même catégorie
à BT: Je comprends il y a un film de studio et un film d’auteur oui, je n’ai plus qu’à dire qu’ils relèvent tous deux du genre fantastique, avec une catégorie aussi large (qui englobe aussi bien BLANCHE NEIGE que SHINING) je prends aucun risque!
J’ai vu que Lourcelles apprécie beaucoup le Lewin, pour moi je n’arrive pas à avaler cette histoire de yachtman maudit en référence au Hollandais Volant, ai-je lu que Mason était en bataille constante avec Lewin et pas à son aise? Je crois que l’histoire aurait dû être écrite que d’un seul point de vue très subjectif comme celui de Geoffrey qui fait le pont entre le mythe et ce yachtman mystérieux (J Mason) auprès de Pandora. Là on avait le point de vue convaincant de l’érudit qui relate une légende ET se met à y adhérer réellement ou du moins voit son rationalisme ébréché gravement. Il n’y a que visuellement que le film convainc et là on a envie de dire oui mais Jack Cardiff. les plans de nuit sont magnifiques (car je m’en souviens très bien).
J’avoue aimer PANDORA, même si Ava Garner ne me fascine pas autant qu’il aurait fallu.
Il n’y a que sur le bateau du Hollandais que je lui trouve un peu de magie, peut-être à cause de ses cheveux mouillés qui rendent sa beauté plus naturelle, moins étudiée…
Oui, je sais, il y a aussi qu’on la sait toute nue, petits fripons.
Sinon, j’adore la longue incise racontant la vie du Hollandais, filmée comme une pièce de Shakespeare.
Au fait Bertrand, pourquoi n’intervenez-vous pas sur les 3 Dwan édités par Sidonis (SUEZ, FRONTIER MARSHAL et THE RIVER’S EDGE) ainsi que sur le Fuller et le Siodmak (40 GUNS et CUSTER OF THE WEST) ? Par manque de temps lié au bouclage de « 100 ans » + votre documentaire ? Ou bien le divorce est-il consommé avec l’éditeur ?
A Sullivan
Manque de temps. J’avais déjà parlé ailleurs des DWAN.Et je n’avais pas le temps de revoir SUEZ qui était agréable mais impersonnel. frontière marshall m’avait semblé faible et CUSTER OF THE WEST est très inégal
A Bertrand : Tant mieux, car si nous devions nous passer de vos présentations, même s’ils sont sympas et ont parfois des choses intéressantes à nous apprendre, Brion, Boisset et Guérif ne sont pas du même niveau. Assez d’accord pour SUEZ, quoique très impressionné par les effets spéciaux du film. En 1938, ça devait être carrément la grosse claque. Et puis un film où, à une soirée donnée par Louis-Napoléon Bonaparte, on reçoit Franz Liszt… moi j’adore ! Comme d’habitude Tyrone est parfait. Pour FRONTIER MARSHAL, vous êtes peut-être un peu dur. Très grosse prod, cela se voit à l’écran : dans les arrière-plans fourmillant de détails notamment (j’ai songé aux arrière-plans de THE BIG TRAIL ou à ceux de LA PORTE DU PARADIS) mais aussi dans les décors somptueux, les costumes et le nombre hallucinant de figurants (même chose dans SUEZ). Le duel mythique final à O.K. Corral est le plus ramassé, le plus efficace que j’ai pu voir. Allez, à égalité avec celui du début de HOUR OF THE GUN, mais je le préfère quand-même. Quant à THE RIVER’S EDGE, il faut le voir, c’est un bon film noir, efficace, bien ficelé. Production Bogeaus-Dwan à placer néanmoins un cran en-dessous de TENNESSEE’S PARTNER ou SILVER LODE…
A Sullivan
Je vais revoir FRONTIER MARSHALL vu à la Cinemathèque dans une copie libanaise avec double sous titrage. Et quand Wyatt Earp se présentait, le sous titre disait : « mon nom est Randolph Scott ». J’aime bien RIVER’S EDGE
A Sullivan
Contrairement à Erick Maurel de Dvdclassik, je trouve l’attaque de diligence de FRONTIER MARSHALL quelconque et même bousillée par de grossières transparences. Je suis par contre entièrement de votre avis sur le règlement de comptes. Toute la fin m’a parue réussie (et c’est vrai qu’en écrivant cela, je me mets déjà à réévaluer le film) et pas indigne, dans sa mélancolie (travelling sur la tombe de Doc Holliday) de la fin de TENNESSEE’S PARTNER. Et puisque vous parlez du côté « ramassé » du règlement de compte corralien, connaissez-vous celui du DOC HOLLIDAY, de Frank Perry? C’est le plus fulgurant de tous.. Film intéressant du reste qui donne à Faye Dunaway, je trouve, l’un de ses meilleurs rôles et qui présente l’originalité de nous montrer Wyatt Earp (ici Harris Yulin) sous un jour parfaitement antipathique.
A Alexandre Angel
Personne ne cite jamais LAW AND ORDER d’Edward L Cahn, premier film sur OK Corral, montré par Brion, tiré du premier roman sur ce sujet qui vient de paraitre en France : SAINT JOHNSON de WR Burnett. Les noms sans changer (trop proche de la mort de Earp ? mais nous vantions le règlement de compte ramassé, dépouillé, très original pour l’époque. Film et livre à découvrir
A AA : Oui je connais le Perry mais ne l’ai vu qu’une seule fois. Lors de ce visionnage la fin ne m’a pas tant marqué que cela. Je vais le revoir.
A Bertrand et Sullivan
FRONTIER MARSHALL n’est pas terrible mais regardable. Evidemment, notre Patou national, en bonus, pousse Mémé dans les orties en en faisant presque l’égal de MY DARLING CLEMENTINE (il est incorrigible!!). SUEZ n’est pas immense non plus (lire la très juste notule de Jacques Lourcelles à son sujet). Mais ces deux films, pas indispensables, peuvent néanmoins donner des satisfactions éparses aux chineurs (dont je suis) d’éclats dont peuvent être capables des gens tels que Allan Dwan ou Henry King, pour ne citer qu’eux. Avec ces gars-là, on est jamais à l’abri de bouffées de génie classique au détour d’un beau plan, d’un mouvement d’appareil inspiré ou d’une mise en place (le foisonnement de Tombstone qui fourmille dans bons nombres d’arrière-plans de FRONTIER MARSHALL est tranquillement spectaculaire). J’ai acheté également THE RIVER’S EDGE, que je n’ai pas encore visionné. J’en attends quelque chose..
A Alexandre Angel : là, on ne va pas être d’accord. Je ne parle pas de votre opinion sur ces deux productions Fox, mais de votre jugement condescendant sur les qualités de Dwan et surtout King. Avez-vous bien écrit « Mais ces deux films, pas indispensables, peuvent néanmoins donner des satisfactions éparses aux chineurs (dont je suis) d’éclats dont peuvent être capables des gens tels que Allan Dwan ou Henry King, pour ne citer qu’eux » ? Donc, si je vous suis bien Dwan et King ne seraient capables que d' »éclats » ?? Je ne peux que vous conseiller de revoir THE GUNFIGHTER, JESSE JAMES, CAPITAINE DE CASTILLE, PRINCE OF FOXES, LE CYGNE NOIR ou TWELVE O’CLOCK HIGH. Sur une décennie, je connais peu de réalisateurs à la tête d’autant de chefs-d’oeuvre. Auxquels je rajouterais LOVE IS A MANY-SPLENDORED THING, LES BRAVADOS et j’en passe… King est un TRES GRAND CINEASTE, mis sur la touche par des journalistes qui n’ont pas su le défendre comme il se devait à une époque où on canonisait les uns et où on envoyait les autres ad patres. Et revoyez les Bogeaus pour Dwan.
A Sullivan
Et surtout ses films muets et certaines comédies
A Bertrand : Et pourquoi « Et surtout » les films muets ? Je sais bien qu’on ne parlera jamais assez des films muets mais ce n’est pas une raison pour les ériger nécessairement au-dessus de la production parlante de leurs auteurs. Pour DeMille je veux bien, pour King, ses chefs-d’oeuvre du parlant sont tellement éloquents que je ne vois pas en quoi ses films muets leur seraient supérieurs. Leurs qualités respectives ne cohabitent pas selon vous ? Ce serait la même chose que si vous disiez les films muets de Ford sont supérieurs à ses films parlants… Je ne suis pas du tout convaincu par ce discours.
A Sullivan
Je ne parlais jamais de King mais de Dwan
Mais non Sullivan! Un malentendu un peu semblable avait fait réagir Martin Brady récemment et je m’étais empressé de déclarer ma flamme aux merveilleux TENNESSEE’S PARTNER, SILVERLODE et SLIGHTLY SCARLET. Alors rebelote: je ne crois pas qu’il y ait de la condescendance dans mes propos (pas mon genre je crois), mais nous parlions de SUEZ et de FRONTIER MARSHALL uniquement, qui faisaient l’objet de votre intervention. C’est au contraire, chez moi, le signe d’un très haut intérêt pour Allan Dwan et Henry King que de dire que même dans bons nombres de films mineurs qu’ils ont réalisé ( et je pense surtout à Dwan qui est beaucoup plus inégal que Henry King, plus cohérent plastiquement et thématiquement), on trouve toutes sortes de petits sortilèges susceptibles de ravir les amateurs. Je parle de bouffées de génie dans des films moyens. Mais c’est pour mieux suggérer que j’adore tous les chefs d’œuvre que vous citez (un peu moins CAPITAINE DE CASTILLE). Quant au cycle Dwan-Bogeaus, je m’en repais régulièrement. Et je trouve même du charme à LA PERLE DU PACIFIQUE SUD, qui est grotesque. Mais c’est qu’il y a John Alton à la photo, Van Nest Polglase aux décors et Louis Forbes à la musique, et certains plans peuvent évoquer Melville (tout un imaginaire circule alors que c’est un navet, il faut le faire!). Et si, presque d’instinct, j’ai tendance à mettre Dwan et King côte à côte, c’est bien parce qu’ils ont eu quasiment le même temps filmographique, qu’ils ont contribué , avec la même densité, au prestige du muet , et qu’ils ont tous deux, avec douceur et fluidité, donner le La de l’épure classique façon Hollywood.
Je m’exprimerai mieux la prochaine fois mais une bonne fois pour toutes (et je repense à Martin)……ON EST D’ACCORD!!!
A Bertrand : désolé, je pensais effectivement que vous parliez de King. Et pour la copie libanaise doublement sous-titrée pour MARSHAL FRONTIER, ça devait être coton !
A Alexandre Angel : OK ! ON EST D’ACCORD ! Vous faites bien de citer la musique de Louis Forbes (ça tombe bien, on en a un très bon exemple dans THE RIVER’S EDGE).
Oui, Dwan, King… et le petit jeunot, Ford (pour le muet, et les bases jetées du made in Hollywood), mais on peut rajouter DeMille et leur aîné à tous, Griffith.
En ce qui me concerne Henry King était l’égal des plus grands de son époque , meme si il y a beaucoup de déchets ce qui est normal dans une oeuvre aussi pléthorique . Arriver à émouvoir un athée comme moi avec un film sur Bernadette Soubirous est un exploit ,il est vrai que le film doit beaucoup à la bouleversante partition d’Alfred Newman . J’ai aussi une affection toute particulière pour » Wait till the sun shines , Nellie » , dans un genre , l’ Americana , qui compte pourtant peu de vraies réussites ! Le film m’avait véritablement ému et Jean Peters y est magnifique
I haven’t been able to bring up, so to speak, the French affiche of MADAME BOVARY, un film de Sophie Barthes. but I can’t find the name « Gustave Flaubert » anywhere on the American poster for this latest MB adaptation. Does this mean that in future, once a novel or play falls out of copyright, the adapting auteur may d’accaperer all the credit? Du cote de chez Swann, un film de Jean-Pierre SouslecieldeParisHumHum or ENDERBY, A VESTA BAINBRIDGE FILM? IL GATTOPARDO, UNA PELLICULA DI ALBERTO SPERMICELLI? This is auteurism taken beyond the dreams of Alexander or Stalin.
à Michael: pour quelque raison que ce soit c’est scandaleux!
Pour info, quatre films de Paul Vecchiali sont édités ce mois-ci sous forme de livres-DVD (co-éditions avec La Traverse) :
LES RUSES DU DIABLE (103 minutes – 1965)
CHANGE PAS DE MAIN (86 minutes – 1975)
LA MACHINE (96 minutes – 1977)
C’EST LA VIE ! (87 minutes – 1981)
Oups… L’éditeur pour les 4 DVD Vecchiali : Les Editions de l’Oeil. Voilà, c’est dit.
Franchement, les films de Vechialli ne sont pas terribles. Paradoxalement, il en parle très quand il vient les présenter mais son cinéma est un peu laborieux…
« Il en parle très bien », pardon j’ai oublié le « bien »
Acteur chez Bresson dans »Un comdamné à mort s’est échappé »puis assistant de Louis Malle,François Leterrier se tourne vers la mise en scène au début des années 60. »Un roi sans divertissement »est une oeuvre forte ,écrite et dialoguée par Jean Giono(tiré de son roman paru en 1946).Le film est remarquable pour la qualité de la photographie et le contraste de la couleur,alors qu’on croit qu’il s’agit d’un film tourné en noir et blanc.Puis la prouesse vient de l’écriture de Giono qui nous conte l’histoire de ce capitaine de gendarmerie campé par Claude Giraud qui est dilengenté par un vieux procureur du roi incarné par l’immense Charles Vanel.Il doit enqueter sur la disparition et le crime commis sur une jeune fille disparu dans un petit village de l’Aubrac.C’est Giono lui meme avec Leterrier qui choisit ce paysage abrupt et désert du nord de l’Aveyron.La force du récit est dans le questionnement de l’homme face au sang et à la mort.Il y a un plan séquence dans la neige ou le capitaine vient de couper le cou d’une oie et le sang tapisse comme sur un tableau la neige fraichement tombée.L’ennui de l’espèce humaine est traité de façon énigmatique et étrange et donne à ce film un coté mysterieux.Le dvd est disponible et facile à trouver dans le commerce.
A Rouxel
Je crois avoir loué ce film étonnant avec un très belle complainte de Brel. Il faut souligner l’incroyable liberté avec laquelle Giono traite son roman, inventant des personnages, changeant la construction, donnant des leçons au passage à plein de scénariste. Il réécrit son livre (le procureur est quasi absent du roman)
Ou Bertrand vous en aviez parlé dans la chronique n°3. J’avais d’ailleurs également fait part de mon enthousiasme pour ce film il y a 5 ans. Voir ici : https://www.tavernier.blog.sacd.fr/chronique-n%C2%B03-130605-stuart-heisler-robert-parrish-andre-de-toth-otto-preminger-cornel-wilde-ted-post-delmer-daves-john-milius-samuel-fuller-akira-kurosawa-joon-ho-bong-hong-sang-soo-keren-yedaya/
Oui, nous en avions parlé ailleurs et pour ne pas me répéter aimerais louer comme vous la liberté absolue de Giono vis à vis de son propre roman.
A commencer par la dimension polyphonique et la déconstruction qu’il n’hésite pas à détourner vers une plus grande linéarité apparente.en revanche, la scansion de la chanson de Brel « Pourquoi faut il que les hommes s’ennuient? »remplace idéalement le choeur si probant dans le roman des « témoins » de la vie de Langlois.
Giono a participé de près, de très près à cette adaptation exemplaire et il est à noter que ce romancier parmi les plus tranquillement novateurs de la littérature française du XXème siècle a été plutôt bien servi par le cinéma même si pas toujours totalement compris:j’aime beaucoup Regain de Pagnol qui est sûrement l’un des plus beaux films de ce cinéaste et trouve des fulgurances dans Le hussard…de Rappeneau (même si le volontarisme westernien pensé par Carrière et Rappeneau a ses limites ainsi que certains seconds rôles qui semblent trop faire un caméo /tour de piste cf le colporteur joué par J Yanne).
En revanche Les âmes fortes de Ruiz ne compte pas parmi les grands films de son auteur et me semble « à côté » de l’essence d’un texte exigeant et poétique.
Sur UN ROI tous les contributeurs ont raison, j’ai été séduit par ce film que n’avais pas revu depuis des lustres et dont je ne me souvenais que de la neige et du sang de l’oie! Je regrette juste l’édition d’un master un peu flou, ce film mérite un grand BR étant donné la photo de Badal, rendu fou par Giono qui trouvait qu’il y avait trop de couleurs il a failli quitter le film (bonus). En plus j’ai appris que ce film a été tourné aux Hermaux en Lozère où j’ai passé qqs jours cet été, que ne l’ai-je vu avant j’aurais interrogé la patronne de l’hôtel qui avait l’âge d’avoir vu le tournage!
Dans le genre « Vecchiali abuse un peu .. beaucoup … », il y a Ménilmontant de René Guissart (1936). Plus lénifiant et sirupeux , difficile ! Même Pierre Larquey est insupportable !
Cela tombe bien, » lénifiant et sirupeux », c’est le registre de prédilection de Vechialli, ce sont ses goûts…
le goût de Vecchiali pour le « lénifiant et le sirupeux » se vérifie particulièment dans sa défense des comédies à l’eau de rose signées Duvivier ou Grémillon avec leur refus du social et leur optimisme béat bien connus.
A Martin Brady
Des comédies de Grémillon ? C’est un scoop. Et même de Duvivier dont la tendance serait plutôt à la noirceur. Et Grémillon a toujours privilégié des sujets sociaux. Non Vecchiali soutient des comédies avec Fernandel, des adaptations d’opérettes désastreuses
à Bertrand: j’espère que personne ne va me tomber dessus car j’ironisais, je brodais… je trouvais que dire que le goût de Vecchiali allait vers le lénifiant et le sirupeux était exagéré, lui qui défendait Grémillon et Duvivier bon c’est un goût double, disons, un pôle vers le noir un autre vers le douceâtre!
La plus forte personnalité du cinéma italien est sans nul doute Pier Paolo Pasolini.A la fois acteur,auteur,scénariste,écrivain,journaliste,essayiste et cinéaste engagé et enragé dans ses convictions. »Porcherie »fait partie d’une carrière prolifique et d’un contenu marxiste sur la société de consommation.Je vous rappelle que le film sort en 1969,un an après les évenements en France. »Porcherie »est une étude psychologique sur la nature humaine avec tous ces excés que nous vivons aujourd’hui.Pasolini était un etre tourmenté depuis son enfance,son adolescence à été marquer par son attirance vers les hommes,pourtant il admirait les femmes.Pour revenir au film,il nous brosse un portrait sombre de la bourgeoisie,de la religion et de la difficulté de l’existence humaine.Les cochons vivent ensemble,copulent,engendrent des « enfants »qui deviendrons égoistes et individualistes comme leurs parents.Oeuvre moraliste ou le jeune bourgeois incarné par Jean pierre Léaud se fait manger par des porcs!!!!Ugo tognazzi apporte sa folie décalé dans ce monde iréel ou l’homme ne croit plus à rien,il finit par lacher prise face à la société qui lui impose de s’affirmer et de réussir.Deux courts entretiens dans les bonus ou l’on entends Pasolini dire qu’il à toujours fait des films pour le public et non afin de se faire plaisir.PASOLINI était un génie dans toute sa splendeur.Revoyez ses pamphlets qui vous réveillerons les consciences.
Deux films sur lesquels Bertrand reviendra dans un prochain post. »Bugsy »qui j’avais vu lors de sa sorti en salles est une bonne évoquation de cet américain idéaliste qui à imaginer et créer »Le Flamingo »à Las Végas en plein désert.Warren Beaty qui à co-produit le film tient de main de maitre le role de »Bugsy »cet homme à la fois dandy mais surtout criminel et mafieux.Levinson à sut s’entourer d’un casting impécable:Ben Kingsley dans le role du petit copain d’enfance,Harvey Keitel la brute de service,Joe Montegna incarne une vedette qui cotoit Cary Grant,Gary Cooper ou Errol Flynn mais il y a l’exquise Annette Benning femme fatale dont je me demande si il à pas réellement exister. Le second film est réalisé par Laurent Heyneman qui à un peu disparu de la circulation.Son premier film »La question »adapté du livre d’Alleg fut produit par Bertrand en 1976.Ici dans ce polar qui se situe entre la France et la RFA des années 70,on retrouve un Philippe Noiret qui campe un agent de l’ex SDEC qui à pour mission de tuer Birgitt Haas,une activiste d’extreme gauche allemande.Ils vont trouver un pigeon en la personne de Jean Rochefort qui sort d’une séparation,sans travail et au bout du rouleau de sa vie.Il y a des plans assez forts et une intrigue fort interessante.Parmi les autres personnages citons Bernard Lecoq qui joue un agent arriviste et ambitieux,le regrétté Michel Beaune en mission en Allemagne avec une femme en phase terminale de cancer puis Victor Garrivier agent ambigue dont on découvre dans une scène son homosexualité.Dans un prochain je vous citerais quelques bonnes sorties chez Gaumont ainsi chez LCJ éditions qui sortent enfin »Porcherie »de Pasolini film quasiment invisible en vhs!!!Bons films à tous.
A Rouxel
Pour BUGSY, ,je tique un peu sur le terme idéaliste accolé au personnage central. Mais le film tient la route. Il est extrêmement bien écrit par James Toback qui s’entendit admirablement avec Levinson qu’il jugeait intelligent, rapide, proche des acteurs. Je n’ai que co produit LA QUESTION qui fut produit par Jean Serge Breton. Et vous avez raison pour BIRGIIT HAAS. Laurent Heynneman détestait le transfert dvd de LCJ je crois
et voici ce que je reçois de mon ami Berlière Cher Bertrand,
Dans l’affaire Seznec/Quéméneur il n’y a pas de corps (comme pour Landru et d’autres affaires plus récentes) : ce qui a permis de défendre l’hypothèse d’un départ vers les Amériques…
En revanche de nombreux indices (le faux certificat de vente, la machine à écrire, etc…) pèsent lourdement à charge…
Je vous renvoie aux différents livres cités
Bien amicalement
Jmb
Merci Bertrand pour toutes ces précisions concernant l’affaire Seznec.Ainsi que votre avis sur »Bugsy ».En revanche »Avalon »du meme Levinson est rare à voir en dvd!!
Bonjour Mr Tavernier, savez-vous si l’on peut espérer une édition prochaine d’un autre film de Laurent Heyneman (auquel vous collaborâtes), LES MOIS D’AVRIL SONT MEURTRIERS ??
à Rouxel: puisque vous parlez souvent de films oubliés ou qui pourraient passer inaperçus, je voudrais vider mon sac et balancer qqs titres de films français obscurs aujourd’hui pourtant loués souvent à leur sortie, je désespère d’en voir ou revoir un avant de passer l’arme à gauche! à savoir:
LA LOI DU SURVIVANT de José Giovanni de 67 avec Michel Constantin jamais vu et OU EST PASSE TOM? de Giovanni 1971
UN CHOIX D ASSASSINS de Ph Fourastié 67 aussi (d’après WP McGivern) avec Bernard Noël jamais vu
MISE A SAC de Alain Cavalier (d’après Donald Westlake) avec encore Constantin (ah! cette idylle au standard!)encore de 67 ça c’est du polar
ANTHRACITE de Edouard Niermans avec Jean-Pol Dubois et Cremer un grand souvenir 1980
L ADOPTION de Marc Grunebaum avec Jacques Perrin et Geraldine Chaplin 79
SERVANTE ET MAITRESSE de Bruno Gantillon avec Andrea Ferréol et Victor Lanoux 77 (peut-être surestimé)
L OEIL DU MAITRE de Stéphane Kurc avec Marina Vlady sulfureuse et a révélé Patrick Chesnais 1980, ça parle du monde de la tv et pas en bien!
AUCUN de ces films n’a été édité en dvd mais en plus à ma connaissance (prudent, le mec) jamais diffusé à la TV.
Fourastié et Grunebaum sont morts très jeunes, Kurc, Niermans et Gantillon ont poursuivi leur carrière à la tv après.
Si un éditeur fou lit ces lignes (je me doute aussi des problèmes de droits…)
A Martin Brady
J’ai été lié à certains de ces films : LA LOI DU SURVIVANT qui était une oeuvre personnelle et atypique, UN CHOIX D’ASSASSION. J’aimais beaucoup Philippe Fourastié qui est mort d’une tumeur au cerveau, seul en Bretagne ou il était parti pour ne pas embêter le monde. Je ne comprend pas ce qui bloque MISE A SAC montré au FESTIVAL DE LYON
voilà! ça m’apprendra à ne pas aller au festival de Lyon… merci pour les précisions.
pour MISE A SAC la célèbrité de Cavalier devrait aider!ça aurait du succès, éditer UN CHOIX D ASSASSINS ce serait gonflé sur ce plan! et en pensant à l’acteur Patrick Norbert qui était étonnant dans L ADOPTION je pensais au REBELLE de Gérard Blain et à tous les films de Blain, parfois un peu austères, dont très peu sont dispos en dvd (seulement LES AMIS, UN ENFANT DANS LA FOULE). Norbert a disparu des écrans… on avait salué sa magnifique performance dans qqs journaux.
triste, la fin de Fourastié…
De Giovanni j’ai revu DERNIER DOMICILE CONNU qui reste selon moi le sommet de sa carrière. Parvenir à garder notre attention sur un argument aussi mince est un pari audacieux, cependant en regard des films suivants de Giovanni on se demande si on n’a pas frisé la catastrophe. Est-il l’auteur du découpage ? Je ne me souviens plus de ce qu’il écrit dans ses mémoires où il y avait pas mal de bêtises. En tout cas il aura rarement donné autant de profondeur à ces personnages sans les surcharger. La relation entre Ventura et Marlène Jobert fonctionne parfaitement et il y a plusieurs scènes saisissantes, comme le tabassage de Ventura par Michel Constantin qui se termine par le passage d’un rat, où l’épluchage des registres d’un pharmacien pour retrouver le nom du témoin, scène tendue du fait qu’on ait de l’empathie pour un personnage qu’on ne voit jamais. On éprouve autant la fragilité ingénue de Marlène Jobert que la solidité de Ventura personnage cependant plein de failles. La scène avec Paul Crauchet est aussi sobre que riche d’émotion. Le tout filmé dans un Paris blafard post soixante huitard. De Roubaix contribue grandement à la qualité de l’ensemble. Pour moi c’est à peu près tout ce qu’il y a voir chez Giovanni. Le Ruffian ou Les loups entre eux sont vraiment des films irrécupérables. Les égouts du paradis est un grand film comique involontaire. Au passage je trouve que la notule Wikipédia le concernant est absolument lamentable.
A Alexandre Angel, J’ai suivi tout le tournage de DERNIER DOMICILE. José qui n’était pas un vrai metteur en scène, suivait fidèlement son scénario, faisant confiance au chef opérateur (le talentueux Etienne Becker), sauf pour la séquence de la bagarre qu’il a réglée plan par plan. Au montage, il acceptait des solutions conventionnelles (la mort d’Aimé de March formidable aux rushes si on gardait un seul plan, celui qui suit Constantin avec peut être une coupe au début). Il était en revanche très malin avec Ventura qui était super craintif et à qui il a réussi à imposer bien des idées (Ventura ne voulait pas être violent, avait peu qu’une phrase discrédite les prestidigitateurs). En revanche pour Marlène, qui était chiante, c’était dur avec ces machos.
Pour Giovanni vous oubliez le très personnel LA LOI DU SURVIVANT, LE RAPACE, certaines scènes d’UN ALLER SIMPLE brillamment photographiées par Pierre William Glenn et parfois tournées par Alain Corneau. Et aussi MON PERE pour l’interprétation de Cremer
A Bertrand
Vous vous trompâtes
UN ALLER SIMPLE est mémorable et assez personnel pour montrer une prostituée enfin pas au grand coeur mais vraiment antipathique, et Nicoletta y est très bien. JC Bouillon aussi d’ailleurs. Ca m’étonne que vous disiez que Ventura était un peu craintif (raison pour laquelle Melville l’a un peu bizuthé!). On parlait à propos des ASSASSINS de Duvivier de la ville filmée: dans DERNIER DOMICILE le quartier du 13ème parisien dans les 70 est très bien filmé et comme on arrive à lire les plaques de rue mais surtout que la topographie est claire et bien retransmise on perçoit toute la transformation du quartier Glacière ça devient un docu. Ceci dit, le film est vraiment réussi et la fin est sans concession. Giovanni réussit un plan irrésistible qui pourrait sortir d’une comédie dans lequel Jobert est confrontée physiquement à une armoire à glace que je n’ai pas identifiée si qqn connaît cet acteur pour mes archives de seconds rôles:
http://jlsitenet.free.fr/Dernier_Domicile_Connu_X_Jobert.jpg
Puique nous évoquons les polars à la française,j’ai eu franchement du mal avec deux films des années 80.Tout d’abord »Légitime violence »de Serge Leroy ,scénario et réalisation qui ne tienne vraiment pas la route surtout la bande originale,en revanche »La baston »de Jean claude Missien vaut quand meme le détour malgré des évidences dans le cheminement des personnages qui sont un peu caricaturer(Pinon,Belvaux,dans les roles de méchants de service,Constantin un ancien voyou qui s’est rangé des affaires en tenant un bar puis Robin Renucci qui incarne un repenti qui souhaite tenter un dernier coup afin de sauver son fils malade).Il est dommage que Messien n’est pas continuer dans le genre car c’est une pointure en tant qu’auteur ou consultant sur des bonus de plusieurs films.
A Martin-Brady
Il s’agit de Richard Kiel, alias « Requin » dans deux James Bond avec Roger Moore, L’ESPION QUI M’AIMAIT et MOONRAKER.
Il a travaillé en France au début des années 70. C’est assez méconnu…
Salut Martin.Ce n’est pas feu Richard Kiel mais Jean Abeillé acteur de troisième plan et fidèle compagnon de Jean pierre Mocky.Il me semble qu’il est mort il y a pas si longtemps.
Ah ! Merci Rouxel. Je me disais bien aussi : j’ai passé au-moins un quart-d’heure à comparer la photo mise en lien par Brady avec tout un tas de photos de Kiel, et bien qu’ils aient des traits de visages communs, ce n’est pas le même nez !… Ni le même regard… Mais je n’avais pas la réponse que vous me donnez, donc merci. Jean Abeillé.
Mouaip… je me suis un peu précipité. Abeillé ? Vous êtes sûr Rouxel ? Il paraît immense sur la photo (je sais, Jobert n’est pas très grande, et lui est peut-être sur un escabeau, mais vus la corpulence, on dirait quand-même qu’il dépasse le double-mètre. Et Abeillé n’est pas mort. Kiel lui, est bien décédé récemment, le 10 septembre dernier. Alors ? Kiel ? Abeillé ? Un autre ? Qui dit mieux ? Jean-Pierre Mocky, tu tranches ?
merci beaucoup Rouxel, je mets ma base à jour!
à tous: moi aussi je me suis précipité, ce n’est pas Abeillé sur ma capture, Abeillé n’a pas joué dans le Giovanni!
mais ce n’est pas non plus Kiel!
http://www.unifrance.org/annuaires/personne/121079/jean-abeille#
A Martin-Brady
Kiel, c’était une p’tite blaque pour vous faire rigoler. Ah là là, s’il faut tout expliquer!
à A ANGEL: non non c’était perçu no problemo j’aime bien faire du 1er degré face au 2ème.
(mais j’avoue que j’avais quand même vérifié sur IMDB on sait jamais après tout Laurie Zimmer a bien joué chez Carpenter ET chez Eustache alors…)
un copain me dit qu’il ne s’agit pas de Luc Bartholomé mais d’un catcheur peut-être italien doublé par Claude Bertrand dans le film, déjà je sais que ce n’est pas Bartholomé ni Abeillé on progresse. Comme Abeillé, ce type était souvent chez Mocky.
J’ai gardé un bon souvenir d’Anthracite que je n’ai jamais revu (cela remonte donc à la fin des 80′ car je le vis à la TV), un univers sûrement proche de romanciers des années 30 tels Mauriac ou Bernanos.
Je me rappelle plus précisément les qualités de Poussière d’ange du même réalisateur, modèle de polar atmosphérique où l’étrangeté des personnages ( notamment Fanny Bastien actrice aussi gracieuse et singulière que Julie Delpy mais aussi Giraudeau qui cassait son image dans une composition borderline ou encore le toujours parfait Jean Pierre Sentier dans un second rôle), l’expressionnisme en couleurs des décors empruntés à différentes villes, le récit aux allures de conte insomniaque.
Jacques Audiard était aux manettes pour le scénario et la photo subtile,onirique était je crois de Bernard Lutic.
Ensuite Niermans a peu à peu disparu du circuit: son Retour de Casanova avec Delon et Lucchini pour intrigant qu’il était restait bien en deça de ses deux premiers films, pas désagréable mais assez oubliable ( du moins je l’ai oublié!).
Il n’en demeure pas moins qu’il a été un cinéaste plus que prometteur!
ANTHRACITE est le film le plus anticlérical que j’ai vu avec certains Bunuel, violent et intelligent, à chaque fois que je revois Jean-Pol Dubois dans un second rôle (LA VIE ET RIEN D AUTRE) je le revois dans ce film. Rappelons que « Anthracite » est le surnom terrible donné par les pensionnaires de cette institution jésuite au personnage perdu et instable joué par Dubois.
quand même préciser que c’est un prêtre jésuite, et surveillant, ça dévoile pas trop.
Je me rappelle vaguement le propos avec un bouc émissaire facile.
J’évoquais Mauriac pour la cruauté et Bernanos pour les problématiques spirituelles de haute volée (mais ici sans la fameuse grâce qui clôt Le journal d’un curé de campagne de Bernanos comme de Bresson…on est du côté de romans plus inquiétants comme monsieur Ouine ou du diptyque L’imposture/la joie).
La photo -mais c’est très vague- m’avait frappé l’oeil à l’époque par sa sécheresse, sa sobriété.
Puisqu’il est question de films de Laurent Heynemann, j’ai pu découvrir il y a quelques jours Les mois d’avril sont meurtriers qui m’a semblé absolument remarquable, avec sa banlieue parisienne filmée comme rarement dans le cinéma français, certains décors frappants (le commissariat) et surtout un ton assez unique. Le film est porté par un Marielle formidable (comme d’habitude), confronté à l’excellent Jean-Pierre Bisson. Un film réussi et qui me semble un peu atypique dans le paysage du polar français. Cela va sans dire, l’accompagnement de Philippe Sarde est très réussi.
M. Tavernier, j’ai vu que vous aviez coécrit le film, qui est par ailleurs coproduit par Little Bear, savez vous s’il est question de la voir édité en DVD, voire mieux en Blu-Ray ? Il me semble très dommage que cette œuvre ne soit pas plus exposée.
à Ph Paul: oui c’est un très grand film, JP Bisson est très impressionnant en tueur glaçant (malheureusement disparu très jeune en 95).
Might the unavailability of LES MOIS D’AVRIL… be due to some sort of literary copyright morass or estate litigation? From interviews that I read with him over the years, the raffish, occasional indulger in petty criminality,five times married, survived by son and daughter, Mr. Robin Cook/Derek Raymond does not seem the detailed estate planning type. Deray’s ON NE MEURT… has been barely visible over here and I’m not aware of any American showings of LES MOIS D’AVRIL… . Neither film has had an American video release. The Deray film did have a British cinema release, under the novel’s title HE DIED WITH HIS EYES OPEN but no British video. The French DVD of ON NE MEURT…(sadly lacking French or English subtitles) appears to be out of print). (A lack of care in the matter of literary remains may also be found in the spotty availability of the film adaptations of Cornell Woolrich.) Serrault is terrific in ON NE MEURT… and I would love to see the formidable as usual M Marielle in LES MOIS… . And speaking of estate planning: there are several Orson Welles films coming out in Europe over the next few months that still have no announced American release.
Merci d’avoir signalé ABUS DE CONFIANCE. Juste un mot pour dire que le personnage de Valentine Tessier est traité de façon très subtile: elle devrait apparaître comme l’épouse soupçonneuse d’une liaison de son mari du coup très critique envers Darrieux et avide de tout révéler plus par vengeance ou rancoeur que par prétexte moral mais même si c’est un peu le cas, alors qu’elle apprend la vérité lors de la rencontre avec l’amie de DD qu’elle cuisine, une ellipse (ce n’est pas la seule) nous apprend qu’elle n’a rien dit, et préfère se taire car elle a confiance en la fidélité de Vanel. Ceci n’est souligné que par sa réponse à l’amie: « Qu’allez-vous faire? » et elle « ça me regarde… ». Elle ne fait rien et garde le secret. Il y a un saut dans le temps aussi qui montre DD tout de suite avocate. Ces gains de temps (pour rester en-dessous de 90′?) donnent de la légèreté au film.
Le dernier plan serré sur Tessier et Darrieux est magnifique.
Voir Vanel en bourgeois précieux et se rappeler du fermier de la FERME DU PENDU!…
L’avidité sexuelle des hommes comme prédateurs est rappelée tout le long du film et dés le début.
En février 2014,dispairaissait Philip Seymour-Hoffman:acteur protéiforme,une espèce d’acteur caméléon capable de surjouer de son physique ingrat,sa petite taille et ses cheveux roux graisseux.Il incarna de façon crédible l’écrivain Truman Capote mais aussi l’animateur d’une radio pirate anglaise dans »Goodmorning England »ou il est génial dans le role d’un bouffon des ondes.Une de ses dernières apparitions est dans un film policier sorti l’an dernier »Un homme très recherché »ou il campe un agent des services de renseignements sur le fil du rasoir du début à la fin.L’intrigue et la qualité du scénario vaut largement le détour.Je conseillerais enfin »Boogie night »de Paul Thomas Anderson ou il joue un etre « border line »décalé au coté de Mark Walhberg qui débutait au cinéma.
« cheveux roux graisseux »? ou blonds fins et soyeux ça devait dépendre des rôles!
Bon bref, en tout cas il avait une autorité à lui faire jouer les héros comme les fripouilles, je l’ai adoré aussi dans MAGNOLIA, merci de le faire revivre!
tiens: j’ajoute que dans le remake planplan de PLEIN SOLEIL (qui n’apporte rien après le Clément) PSH réveillait soudain le spectateur somnolant en apparaissant comme l’ami méfiant qui tout de suite se doutait que Mr Ripley n’était pas franc du collier (rôle de Billy Kearns dans l’original) et inoubliable avec Ethan Hawke dans le dernier Lumet.
Comme chacun sait (je le dis que pour le plaisir) Billy Kearns comme aussi Jesse Hahn étaient deux Américains expatriés n’ayant jamais joué dans un film américain (sauf PATTON pour Billy), dans un film français des 50 60 dés qu’il y a un agent du FBI en ballade qui surgit ça y est: c’est soit Billy ou Jesse! mais Jesse était dans LE SIGNE DU LION à ses débuts, bon film de Rohmer (ça mérite d’être signalé il y a trop de méchants qui disent qu’il n’en a jamais fait un bon)
hum
« L’affaire Seznec »film de télévision produit par TF1 et réalisé par Yves Boisset est d’une grande teneur scénaristique(Le scénario est co-signé par Boisset et Alain Scoff trop tot disparu).Christophe Malavoy compose un Seznec droit,qui à toujours clamer son innocence pendant les 25 ans qu’il à passer en Guyane.Les autres personnages dont Madeleine Robinson qui joue la mère de Seznec dégage une force incroyable mais aussi Nathalie Roussel qui est la femme de Seznec.Près de 90 ans après la disparition de ce conseiller général breton incarné par Jean Yanne,on n’en sait pas plus sur cette affaire étrange et jamais élucidée.J’avais lu que les petits-enfants avaient demandés une révision de ce procès.En effet plusieurs éléments enregistrés par les services de police n’apparaissent pas dans le réloulé du procés.Notamment le témoignage du garagiste ou Seznec et le conseiller se sont arrétés à 50 kilomètres de Paris ainsi que le témoignage du personnel du restaurant à Houdan,ville proche de Dreux.Je n’ai pas encore vue le bonus avec un entretien d’Yves Boisset et uns des petits-fils de Guillaume Seznec.
A Rouxel
Mon ami JM Berliere vient de publier une mise au point récente sur quelques « erreurs judiciaires » :
L’affaire Seznec a vu un combat mené des décennies durant par un petit fils, Denis Le Her. En dépit de « shows » très rodés et d’un lobbying effréné qui a même touché une garde des Sceaux d’origine bretonne, en dépit d’un livre peu rigoureux vendu à deux millions d’exemplaires, ce dernier n’a pas obtenu une révision dont la 14e demande, fondée sur des arguments parfois surprenants6, démontrait surtout une méconnaissance des documents judiciaires, des enquêtes de police et des faits. Longtemps aidé dans son combat par des avocats de renom (J.-D. Bredin, D. Langlois) qui croyaient sans doute revivre l’affaire Dreyfus, Denis Seznec a récemment fait un coming out aux côtés de Me Collard et affiché son soutien à Marine Le Pen et au FN7…
On imagine la gêne et l’embarras chez les admirateurs et soutiens du combattant pour la justice ! C’est le cas notamment d’un de ses compagnons de lutte des années 1970 et 1980, Denis Langlois, très proche de la LDH, grand pourfendeur des abus de la police et des dérapages de la justice dans divers Livres noirs qui, avec son Guide du militant, furent les livres de chevet d’une génération.
Notre homme vient de publier un ouvrage — Pour en finir avec l’affaire Seznec (Paris, La Différence, janvier 2015) — très intéressant par l’évolution qu’il traduit par rapport à un précédent paru en 1988 (L’Affaire Seznec, Plon)8 récompensé en son temps par le Prix des Droits de l’Homme.
L’avocat honoraire qui admet la culpabilité de Guillaume Seznec quant à la fausse promesse de vente, mais rejette au bénéfice du doute celle pour meurtre, y fait état du témoignage inédit de l’un des fils de Guillaume Seznec selon lequel Pierre Quéméneur serait mort le dimanche 27 mai 1923 au domicile des Seznec, tué par Marie-Jeanne Seznec qu’il poursuivait de ses assiduités. Les faits se seraient passés pendant l’absence de Guillaume Seznec (faut-il préciser que cela rend encore plus obscur le calendrier des déplacements de ce dernier ?). Il conclut que cette révélation devrait conduire à la « révision « au bénéfice du doute » » de la condamnation de Guillaume Seznec pour meurtre.
Outre l’amour déçu qui s’y lit et le sentiment de trahison qu’il exhale, l’ouvrage de Denis Langlois présente les faits de façon plus nuancée et s’oppose à la thèse de
6 Notamment l’argument téléologique par excellence qui a consisté à souligner la présence parmi la vingtaine de policiers amenés à enquêter sur commission rogatoire au moment des faits, de l’inspecteur Bonny qui allait appartenir 15 ans plus tard à la « gestapo » de la rue Lauriston. Bonny, jeune inspecteur, n’a joué qu’un rôle tout à fait marginal dans l’enquête, contrairement à ce qu’il affirmera à Fresnes à la veille de son exécution. La Chambre criminelle de la cour de cassation fait justice de la thèse de la « machination policière » dans son arrêt de décembre 2006.
7 Cf par exemple : http://rolandagret.blog.lemonde.fr/2012/04/15/monsieur-le-her-alias-denis- seznec-fondateur-de-france-justice-rejoint-linscrit-au-barreau-gilbert-collard-pour-soutenir-lesprit- democratique-du-front-national/
Et http://blogs.mediapart.fr/blog/nightingale/121213/affaire-seznec-quand-denis-le-her-se-sert- du-nom-de-seznec-pour-ses-actions-au-fn
8 Dont Yves Boisset a tiré un téléfilm L’Affaire Seznec (1993), avec Christophe Malavoy dont le portrait orne la couverture des éditions ultérieures du livre de Langlois. Ajoutons qu’un autre
« spécialiste » de la justice et de ses erreurs, Robert Hossein, a tiré une pièce du procès de Seznec à partir des papiers de Me Baudelot, Seznec – Un procès impitoyable, présentée au Théâtre de Paris, du 26 janvier au 4 avril 2010.
5

Denis Seznec qui vend depuis toujours l’innocence totale de son grand-père pure victime d’une machination.9
Les journalistes du Monde l’avaient bien dit : l’histoire est un point de vue et l’engagement politique postérieur d’un descendant peut éclairer de façon différente une analyse qui se dévoile avant tout militante.
Merci Bertrand pour toutes ces précisions sur cette étrange affaire.Le rapprochement du petit-fils de Seznec avec la famille Le Pen me désole énormément.Quand on l’entend converser au coté d’Yves Boisset lors de la sorti du dvd en 2004,il me paraissait assez honnète et crédible dans ses propos.En revanche comment se fait-il comme il affirme durant l’entretien que le dossier de son grand-père ainsi que la réalité de condition de vie des prisonniers au bagne en Guyane sont scéllés pendant 120 ans?Vous évoquez également la disparition et la mort du conseiller régional breton au domicile des Seznec en Bretagne,pourtant Guillaume Seznec et cet élu verreux se rendait sur Paris en voiture.Est ce que des ossements ou des affaires ayant appartenu à Quémeneur ont été retrouvés au domicile des Seznec?Puis une autre question que l’on peut soulever:est ce que Marie-jeanne était la maitresse de Quémeneur et que Seznec les as surpris et à abbatu Quémeneur?La garde des sceaux bretonne est Marylise Lebranchu qui à reçu à deux reprises Denis au ministère afin de rouvrir l’enquete et faire enfin la lumière sur cette histoire mysterieuse.sur quelles bases solides à été écrit le scénario par Yves Boisset et Alain Scoff,et quels sont leurs sources?Comment se fait-il 80 ans après les faits reprochés à Seznec que nous en savons pas plus?
A Rouxel
Je crois que Boisset était d’accord avec le petit fils qui à ce moment là flirtait plutôt avec l’extrême gauche dont Denis Langlois. Pour le reste je vous renvoie au nouveau livre de Denis Langlois où il semble revenir sur ses assertion,s
Le lien de la page Médiapart à été supprimé récemment,,,MYSTERE!!!
à Rouxel, si si:
http://blogs.mediapart.fr/blog/nightingale/121213/affaire-seznec-quand-denis-le-her-se-sert-du-nom-de-seznec-pour-ses-actions-au-fn
Cher Bertrand Tavernier,
J’ai lu avec le plus grand intérêt l’analyse de mon livre « Pour en finir avec l’affaire Seznec » que vous avez publiée en réponse à Rouxel qui vous parlait de l’excellent téléfilm d’Yves Boisset. Faute de guillemets, j’ai cru dans un premier temps que c’était votre avis personnel, puis me suis rendu compte que c’était l’opinion de votre ami Jean-Marc Berlière. Il y a là beaucoup de choses exactes, mais j’aimerais connaître votre propre avis. Si vous n’avez pas mon livre, je peux vous l’envoyer à l’adresse que vous m’indiquerez.
Fraternellement.
J’imagine à quel point un réalisateur doit être convaincu d’une thèse pour tenter une démonstration à l’écran.
Pourtant, dans cette affaire et d’autres, être convaincu paraît bien hasardeux.
Je me disais ça en voyant le DOMINICI avec Michel Serrault.
Quand vous lisez tout ce qui existe sur le sujet, il est vraiment impossible de choisir son camp.
Sur Wikipédia je lis que M Cahill « le Général » sortait d’un video club où il venait de restituer la vhs de IL ETAIT UNE FOIS LE BRONX et s’arrêtait à un carrefour pour finir par se faire tuer par un porte-flingue armé d’un 357 Magnum! En-dehors de souligner en quoi il était singulier de voir ENFIN ce bandit restituer le bien d’autrui au lieu de le barboter, je me demande aussi pourquoi Boorman a ignoré la réalité (si Wikepedia a raison) et évité ces deux références cinéma (le DeNiro et les Dirty Harry): il montre le truand se faire tuer en sortant de chez lui un matin. En plus il n’y a pas plus opposé que les films de DeNiro et Boorman dans la vision du banditisme, un mélodrame qui resasse un vieux thème américain simplet contre une évocation qui tout en décollant de la réalité (il n’y a pas que la mort de Cahill à ce sujet) livre un éclairage politique et social sur l’Irlande des 90 très éclairante, voilà le genre de film qui vous pousse à chercher dans les sources historiques!
Par ailleurs, j’étais stupéfait de voir comment Jon Voight a été capable de se fondre en flic irlandais! (avec cet accent génial!)
En fait, Boorman a préféré violer la réalité sur les circonstances de lieu de la mort de Cahill juste pour montrer que la police était complice passive, en effet le film la montre exceptionnellement absente ce matin-là, alors qu’habituellement campant 24 h sur 24 à côté de chez lui et le pistant en voiture depuis je crois des années. Le meurtre pourrait avoir été commandé par l’IRA qui ne voulait pas de l’héroïne à Dublin.
A Martin Brady
ou qui voulait sa part des rackets
à BT: oui et Boorman ne fait que faire dire à des personnages que l’IRA est moralement opposée à l’héroïne il n’indique pas ça formellement, mais une certaine position morale conseillée par le « service communication » de l’IRA qui ne détestait pas non plus passer pour humaine et sociale, ne me paraît pas invraisemblable non plus! D’ailleurs, il peut y avoir le jeu sur les deux tableaux!
Le jeu de Brendan Gleeson, qui se dissimule le visage de façon roublarde (comme de la frime à rebrousse-poil) , est la belle idée d’un John Boorman cinéphile qui, pour le coup, nous renvoie à tout un cinéma des années 30 mettant en scène des gangsters qui se révèlent pleutres tels Paul Muni, à la fin de SCARFACE. Cela confère à Cahill une inquiétante étrangeté dans cette manière de mélanger le sournois à la victimisation. Le film en acquiert un expressionnisme (dont le noir et blanc ne peut qu’être le support) convoquant également le souvenir de Charles Laughton, que j’imaginerais tout à fait se cacher le visage comme le fait Gleeson.
Là, René Chateau tient une preuve irréfutable de l’absolue nécessité de vous accorder des droits de diffusion d’extraits des films qu’il édite.Qui d’autre a aussi souvent recours à un catalogue que je n’arpente que rapidement ne connaissant pas la moitié des titres proposés de près ou de loin.
Si René Chateau savait combien vous êtes le promoteur de ses éditions DVD rares, non seulement il vous accorderait aisément le droit de prélever les extraits nécessaires à votre somme sur le cinéma français mais il vous accorderait des fonds pour en faciliter la production!
Parmi les titres français qui m’intriguent le plus ci-dessus, je crois que je retiendrai surtout La terre qui meurt ne serait ce que pour le recours à la couleur et pour le sujet.En revanche, je ne comprends pas si le lien signifie que le film EST sorti ou DEVRAIT sortir après souscription.
A Ballantrae
Le film est sorti et est disponible sur le lien que j’ai donné. C’est une étonnante surprise que ce film tourné en extérieurs 1 an avant le Hathaway (et 12 avant le film cité par les historiens). Larquey est génial et le scénario de Spaak (il faudrait reconsidérer ce scénariste) absolument magnifique. Chez Chateau, il faut acheter en priorité LE CAFÉ DU CADRAN, RETOUR A L’AUBE, VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS, LE PAQUEBOT TENACITY, POLICE JUDICIAIRE, PRENDS LA ROUTE, UN MAUVAIS GARÇON
A Bertrand Tavernier
A propos de LA TERRE QUI MEURT, vous dîtes « Et un découpage parfois daté (dû peut-être aux éprouvantes contraintes du système FRANCITA). »
Pourriez-vous, s’il vous plaît, renseigner sur le dit système votre serviteur qui est céans complètement à la rue?
A Alexandre Angel
Le procédé Francita fut utilisé dans quelques films, deux de Jean Vallée. Il était je crois, lourd et complexe, avec des miroirs. L’une de ses adaptations fut le Rouxcolor. Mon chef opérateur alain choquart m’écrivait : c’est un système pour lequel on utilise de la pellicule noir et blanc, en filmant à travers des filtres de couleurs puis on reprojette dans le procédé inverse pour que les 3 images R,V,B créent une image couleur (parfois une 4è pellicule sert à ajouter du contraste). Procédé très lourd: 3 ou 4 films qui se superposent à la projection (et à la prise de vue!), selon le même principe que la quadrichromie bien connue en imprimerie…
un de mes profs à Louis Lumière (M. Guinot)
Merci!
Difficile d’expliquer clairement le procédé Francita sans croquis !
Disons d’abord qu’il s’agit d’un des nombreux procédés dits « trichromes additifs » depuis le Chronochrome Gaumont jusqu’auTechnicolor tripack…
Dans le Francita, une pellicule n&b 35mm défile derrière un dispositif optique constitué de deux objectifs et de miroirs. Trois images vont être impressionnées sur la surface d’un photogramme 35mm, chacune aura donc la taille d’une image 16mm.
Dans un premier temps, deux images sont impressionnées cote à cote à travers des filtres bleu et vert montés sur un disque rotatif. Dans un deuxième temps, après déplacement d’une demi-image dans le couloir de la caméra et rotation du disque filtrant, une troisième image filtrée en rouge est impressionnée en dessous des deux premières.
A la projection, ces trois photogrammes n&b sont projetés à travers objectifs filtrés dans les mêmes couleurs (principe de la trichromie additive connue en photographie depuis Louis Ducos du Hauron).
Ce genre de procédé souffrait de deux défauts majeurs : faible résolution due à la taille des images (équivalent 16mm) et ce que l’on appelle un défaut de parallaxe de temps puisque l’image « rouge » a été impressionnée une fraction de seconde après les deux autres.
Dans le cas du Rouxcolor, procédé dit tetrachrome, ce sont quatre images n&b filtrées en rouge-bleu-vert-jaune qui seront impressionnées simultanément à travers quatre optiques secondaires. Précisons que le dispositif optique du Rouxcolor est conservé à l’Ecole Louis Lumière.
Marc Salomon, vous êtes le Michel Chevalet du cinématographe!!
Je rajouterais »Le signal rouge »avec Von Stroheim dans un role dramatique puis « Abus de confiance »chroniqué ici meme.Il faut bien sur éviter les films avec Eddy Constantine,les premiers Bourvil ou Louis De Funès!!
A Rouxel
Pas CET HOMME EST DANGEREUX ou CA VA BARDER qui sont excellents
et JE SUIS UN SENTIMENTAL?
« éviter les films avec Eddy Constantine »… Rouxel vous poussez un peu quand même…
Ce ne sont pas des grands commerciaux! il faut fouiller un peu le lien de vente du dvd est exactement là:
https://siterenebazin.wordpress.com/les-oeuvres/1359-2/
Il est possible que quand RC l’éditera on ne pourra plus l’acheter chez eux, il a les droits disent-ils.
A Martin Brady
René Chateau a perdu les droits d’auteurs et la propriété du film qu’il n’a jamais commercialisé. La seule manière de le voir c’est sur ce site
à Bertrand: message reçu, j’ai lu sur leur site que RC avait les droits mais s’il les a laissé mourir… Je dois absolument commander ce film.
Après A Angel j’ai deux autres questions, j’ai cherché dans la filmo de Hathaway pour voir ce que vous vouliez dire par:
« ce film tourné en extérieurs 1 an avant le Hathaway (et 12 avant le film cité par les historiens). » ? merci
A Martin Brady
THE TRAIL OF THE LONESOME PINE (LA FILLE DU BOIS MAUDIT), premier technicolor trichrome tourné en extérieurs. On écrit partout que le premier film français en couleur est LE MARIAGE DE RAMUNTCHO de 1947 soit 12 ans après la TERRE QUI MEURT mais qu’on voyait en Noir et Blanc à la cinémathèque (cf Vecchiali)
ah ok merci beaucoup, et en même temps j’avais tiqué sur le fait que LA TERRE était le 1er couleurs car je pensais au PIRATE NOIR de 26, dont j’avais retenu que c’était lui le premier bon mais c’est du technicolor bichrome.
Ceci dit Dvdbeaver et les copies d’écran donnent envie:
http://www.dvdbeaver.com/film3/blu-ray_reviews53/black_pirate_blu-ray.htm
A Martin Brady
J’ai dit dans le cinéma français
à BT: de toute façon c’était du bichrome LE PIRATE c’est pas le même historique du film en couleurs, c’est pour ça que j’en parlais mon souci n’était pas de vous contredire sur ce point. ça fait un effet qui ressemble à ce qu’on a quand on expose la pellicule avant le tournage comme dans Lumet M15 DEMANDE PROTECTION, M Salomon en parlait ici (pour me répondre d’ailleurs) y’a un bail.
Je rougis encore de honte en repensant au qualificatif de « chouette » que j’utilisai à brûle pourpoint, en en parlant avec vous, à propos de The general car il s’agit bel et bien d’un « grand » film sur un personnage d’une complexité hallucinante porté par l’interprétation de B Gleeson.
Boorman ,revenu en grâce cette année avec le très beau Queen and country digne suite de Hope and glory, est décidément un cinéaste attachant et imprévisible, guidé par la singularité de chacun de ses projets. Eclectisme que la critique la plus bête a du mal à concevoir comme une qualité: pourquoi ne pas aimer des cinéastes éclectiques ET d’autres qui suivent une veine similaire et identifiable d’un film à l’autre???
Rien ou peu en commun entre Point blank, Delivrance, Leo the last, Duel dans le Pacifique, Excalibur,Hope ad glory et ce General…et c’est très bien ainsi car chaque film a sa singularité,sa cohésion propre, sa propre perfection.Mais si l’exégète n’est pas trop flemmard il remarquera que Boorman a un postulat éthique identifiable,un style identifiable lié notamment au montage ou à l’intime lien entre point de vue et cadrages, à la construction des personnages, à l’obsession pour la question du mythe, pour les rapports nature/culture, etc…
J’ignorais que the general pouvait aussi être vu en couleurs mais n’ai aucune envie de le découvrir sous cette forme car le N et B (qui donne à ce film a priori réaliste les allures d’un apologue ironique)sied particulièrement au cadre décrit comme au côté cinégénique de ce personnage étrange.
Le formidable The man who wasn’t there des Coen avait aussi eu droit à cette double version mais le verdict est sans appel:pensé en Net B, le film perd bcp en couleurs!
« Les inconnus dans la maison »d’Henri Decoin à déjà été évoquer ici mais je voulais revenir sur cette oeuvre étrange sorti durant la seconde guerre.La présentation du village sous la pluie avec en voix-off Pierre Fresnay qui nous conte quelques détails afin de planter le décor est déjà mysterieuse.Il cite pèle mèle la tete de cheval dorée de la boucherie chevaline,le chapeau « rouge »du chapelier(alors que le film est tourné en noir et blanc)ou la grosse montre de l’horloger ou ruisselent des gouttes d’eau.Je me demande si cette sequence n’a pas été tourné en interieur car certains édifices comme l’église font penser que ce sont des maquettes!Je me trompe peut etre.Le point fort est bien sur Raimu qui prouve qu’il était un immense acteur(Pierre Brasseur en vieillissant à beaucoup emprunté à Raimu dans les roles dramatiques).Ensuite tous les seconds roles jouent de façon juste et sobre(Noel Roquevert était lui aussi un comédien emplit de verve et de répartie dans son jeu).Je pense que c’est peut etre une des meilleures adaptations au cinéma d’un roman de Simenon.
Razzia sur la chnouf reste un des meilleurs polars français des années cinquante et mérite d’être vu au moins pour cette réplique définitive de Gabin : « Un ingénieur-chimiste ça se trouve pas comme un coup de pompe dans cul ! ». Cela ne m’étonnerait pas que cette tournure de phrase toute gabinesque ne soit pas de Gabin lui-même qui avait coutume de « s’arranger » les dialogues qu’ont lui confiait.
bonjour : je confirme que ce film est en NB.
Bonjour à Bertrand Tavernier ainsi qu’aux blogueurs
Merci, Bertrand , pour ces conseils fouillés mais un peu moins merci pour nos portes-monnaie (en tous cas le mien) Que de cruauté!
Votre paragraphe sur LE GENERAL m’est très opportun pour poser une question à laquelle je n’ai jamais eu de réponse suite à un courriel que j’avais envoyé, sans doute naïvement, à Arte il y a une bien bonne dizaine d’années, alors que la chaîne avait diffusé ce film. Je précise que n’ayant pas vu LE GENERAL en salle en 1998, alors qu’un numéro de Positif en avait fait sa couverture, je m’étais précipité sur cette diffusion télé. Vous ne le mentionnez pas, je crois, dans votre chronique mais sauf erreur, LE GENERAL est en noir et blanc (si je me trompe, ma question n’a pas de sens). Or Arte l’avait diffusé en couleurs!!
Plus de 10 ans que j’attends que ce mystère s’éclaircisse.
A Alexandre Angel
Je crois que Boorman avait tourné sur une pemmicule tourneur et tiré en Noir et blanc, sans être certain. Etes vous sur de votre souvenir. Arte est tenu de respecter le film sorti en salle
A Bertrand
Oui, je suis absolument sûr de ce souvenir. Cela m’avait fait un choc d’attendre un film en noir et blanc et de tomber sur un film couleur.
Sur Wikipédia, au hasard, LE GENERAL est présenté comme un film noir et blanc ET en couleur; ce qui va dans le sens de votre réponse. Arte, de toute évidence, avait fait une connerie. Ce qui m’interroge, c’est le fait que la copie couleur ait pu circuler..
A Alexandre Angel, la réponse d’Olivier Père qui montre que le droit d’auteur n’est pas respecté de la même façon en europe :
En effet le film a été diffusé en couleur le 10 mai 2004 sur ARTE.
Le film a été tourné sur pellicule couleur et tiré en noir et blanc pour son exploitation salle. Sony Pictures Classics l’a vendu à la télévision dans une version couleur qui a aussi été diffusée sur le câble aux Etats-Unis.
Quant à la diffusion sur ARTE le film était un apport 100% allemand de nos partenaires de l’ARD, ce sont eux qui ont préféré diffuser le film en couleur, avec des arguments de plus grande audience potentielle, choix que bien naturellement je réprouve et qui n’aurait certainement pas été fait par ARTE France. Cela va à l’encontre de notre respect des oeuvres cinématographiques et de notre ligne éditoriale.
bien à vous,
Olivier Père
Merci à tous : ça m’enlève ce vieux poids !
A ballantrae, d’accord sur votre critique de LA FORET D’EMERAUDE qui est malheureusement un des Boorman ayant en effet assez mal vieilli. J’avais écrit dans un post à ce sujet que j’avais en outre eu du mal avec l’acteur Powers Boothe qui est pour moi une erreur de casting : à aucun moment cet acteur (avec son visage dur et au jeu limité) ne dégage une quelconque empathie ou intérêt du spectateur : mais pour le coup c’est peut-être subjectif.
Je vais essayer de voir rapidement LE GENERAL que j’avais en attente dans mes dvd.
A Martin Brady, Ballantrae et Damien Doussin
Peut-être LA FORET D’EMERAUDE gagnerait-il à bénéficier d’un nouveau transfert, d’une belle restauration. C’est un film qui a toujours eu des qualités de vérité (voire de richesse) ethnologique dont on sent que c’est ce qui passionne Boorman et la nature y a quand même beaucoup de présence. Cela dit, Boorman, cinéaste esthète, adepte de l’allégorie, poète à ses heures et maître de sa technique a parfois tendance à flirter avec le ringard (L’HERETIQUE et ce cher Pazuzu, ZARDOZ, certains moments d’EXCALIBUR..)comme si l’idée comptait plus que le résultat (ce qui le distingue un peu négativement de Stanley Kubrick, auquel je pense de par les deux ouvrages très semblables qu’a consacré Michel Ciment, dans les années 80, aux deux cinéastes).
Mais QUEEN AND COUNTRY a fait plaisir et m’a donné aussi des envies de rétrospective.
A Alexandre Angel, vous m’ôtez les mots que j’avais hésité à écrire sur les films de Boorman que sont ZARDOZ, l’HERETIQUE où le mot ringard ou « kitch » me vient naturellement et qui en fait des films également durs à revoir. Il faut que je revois EXCALIBUR qui reste au dessus dans mes souvenirs. Dans son début de carrière je préfère et de loin les très bons DELIVRANCE, LE POINT DE NON RETOUR…
A Damien D.
J’ai un vague bon souvenir de WHERE THE HEART IS (Tout pour réussir, 1990)avec Uma Thurman, qui m’avait semblé enlevé et inventif. Les avis sont les bienvenus. Je voudrais bien voir les deux avant-derniers. Et que vaut vraiment LE TAILLEUR DE PANAMA (je l’ai vu à la tv mais distraitement)?
A Alexandre Angel
J’en ai parlé ici même
A Bertrand
Si vous parlez du TAILLEUR DE PANAMA (vraisemblablement), je ne l’ai pas trouvé dans vos chroniques avec le moteur de recherche (il est juste cité quand vous évoquez NOTRE AGENT A LA HAVANE).
Si vous l’avez commenté en cours de forum, c’est l’aiguille dans la meule de posts.
à BT: si je ne me trompe, vous l’avez juste cité comme ayant été influencé par NOTRE HOMME A LA HAVANE de Carol Reed:
https://www.tavernier.blog.sacd.fr/quelques-films-francais-et-des-repentirs/
le Reed est vraiment je crois, un peu meilleur que ce que vous dites, je l’ai trouvé excellent!
A MARTIN BRADY
Je répare :
the Tailor of Panama n’est pas aussi égal, ni réussi que The General. En l’écrivant, John le Carré s’inspira de Our Man in Havana de Graham Greene et le film de Boorman possède les mêmes qualités que la première demi heure cocasse, brillante de l’adaptation de Carol Reed qui hélas s’enlisait par la suite malgré Ernie Kovacs. La satire ratait ses cibles à force d’exagération et d’invraisemblance. Ce qui menace parfois, de manière plus insidieuse, le Boorman, dans le dernier quart, où certaines péripéties frôlent l’abstraction. La fin notamment n’est pas pleinement satisfaisante (pas plus d’ailleurs que la conclusion alternative qu’on peut voir sur le dvd américain. Il faut dire qu’il était difficile de conclure cette comédie de dupes, fondée uniquement sur le mensonge, la dissimulation, la tromperie. Il n’y a pas de héros ni de « méchants » dans the Tailor of Panama, seulement des exploiteurs et des victimes. Toute une chaine d’exploiteur du héros, un sociopathe manipulateur qu’incarne avec un vrai panache Pierce Brosnan à Harry Pendel, le tailleur de Saville Row qui est en fait un condamné de droit commun en passant par le banquier qui exploite le malheureux tailleur en faisant couper l’eau qui irrigue la ferme qu’il lui a fait acheter avec un prêt, le ruinant avec la complicité du métayer afin de la racheter à vil prix. Cerise sur le gâteau, il ne paie jamais le costume qu’il se fait faire, imité en cela par tous les dignitaires panaméens. Et Harry pour payer ses dettes va inventer des révolutionnaires imaginaires, comblant les désirs secrets des Américains et des Britanniques qui leur sont totalement asservi (ce que Le Carré démontre de livres en livres). Il ne faut pas oublier les services secrets ni les dirigeants d’un pays archi corrompus, plongés dans le trafic de drogue. Le dialogue est cinglant, avec de terribles raccourcis : « vous savez comment les pauvres appellent ces tours : les tours de la Cocaïne. Et les 85 banques ? Des laveries automatiques ». Ou bien : » C’est le Dr Frankenstein, Georges Bush qui a créé ce monstre ( Noriega) quand il était à la tête de la CIA puis quand ses exactions sont devenues trop visibles et gênantes même pour la CIA, Georges, maintenant Président a décidé de le virer. Et pour s’en assurer, ils ont bombardé une bonne portion de la vieille ville. Malheureusement, c’était là qu’il y avait les opposants à Noriega. Donc plus d’opposition, silencieuse ou pas. Brulée, envolée, éparpillée ». Le dialogue est souvent remarquable brillant sans esbroufe, caustique sans aigreur : « le travail d’espion est sombre et solitaire comme un cunnilingus » Et ces personnages égoïstes, menteurs, sans parole restent intéressants. Il faut dire que Geoffrey Rush, acteur considérable, donne une épaisseur, une vulnérabilité anxieuse qui nous touche. On le sent capable de basculer à tout moment. Sa première scène d’amour avec sa femme (Jamie Lee Curtis) est filmée avec un naturel, une absence d’effet. Elle ne fait pas du tout cinéma. Face à sa famille, il essaie désespérément de se raccrocher à la respectabilité, fouaillé par les avertissements incisifs de son ancien associé mort. Harold Pinter en fait une sorte d’anti Jiminy Cricket qui passe son temps à contredire son disciple, à vouloir bloquer ses plans. Ce carrousel de mensonges, de tromperie se déroule dans une ville qui ne semble composée que de bars, de night clubs climatisés avec des filles qui ont l’air de sortir d’une série B sur la Maffia. Les plans d’extérieurs sont très payants. Beaucoup de films d’espionnage cherchent à vous procurer un choc toutes les cinq minutes. Boorman a préféré privilégier l’atmosphère, les personnages avec leur cynisme et leur faiblesse. Il est seulement dommage comme dans le film de Reed qu’il n’ait pas mieux dosé dans les dernières scènes les rapports entre la farce et le réalisme (la vérité étant souvent plus terriblement cocasse que la bouffonnerie). Le personnage de l’ancien rebelle devenu alcoolique reste trop conventionnel malgré le talent de Brendan Gleeson. Et les militaires américain sont traités trop rapidement et sommairement (il suffit de penser à Dr Strangelove) pour qu’on profite pleinement des dernières péripéties. Réserve mineure pour un film qui gagne à être revu.
Il en sera peut être de même
Diable! ça valait le coup de patienter!!
Une petite primeur sur 100 ANS DE CINEMA AMERICAIN ?
A Alexandre Angel
Exact
à Bertrand: merci je viens de le commander!
Merci pour cette belle chronique du « Tailleur de Panama » Mr Tavernier !! LA comédie noire de J.Boorman à mon humble avis, que je préfère personnellement au « Général » (plus ‘sérieusement’ politisé) parce que c’est une bonne farce d’espionnage que je mettrais au niveau de « La Lettre du Kremlin » ne serait-ce que pour la ribambelle de manipulations qui s’enchainent, Geoffrey Rush est comme à son habitude: impeccable.
Je viens de LE commander…Le DVD du tailleur de Panama ou 100 de cinéma américain????Hélas je crains que ce ne soit le film de Boorman car la seconde option serait un scoop!!!
Merci en tout cas pour le texte, Bertrand, qui donne envie d’aller le revoir.Le décor y est bien plus probant et organique que pour Rangoon.Et les acteurs sont plutôt incroyables de subtilité.
à Alex et Bertrand: j’ai vu ce film en N&B sur une chaîne câblée. Suite à l’article de BT j’ai voulu le commander et trouvé 3 éditions différentes avec mention « couleurs » mais les commentaires des internautes disaient que ces dvd fournissaient la seule version N&B! DVDFR donne « couleurs » pour toutes les versions si mon dvd est en couleurs je le retournerai et ne ferai plus confiance à ce site. Je crois que le film a été tourné sur de la pellicule couleurs traitée comme dit Bertrand (j’ai pas compris mais ça doit être ça!):
« Sachez que le film a parfois été diffusé sur les chaînes cinéma en couleur, mais qu’il est bien sorti en N&B. En fait, comme souvent aujourd’hui (ex. The Barber des Coen), le film est tourné sur une pellicule couleur (désaturée) avant d’être transféré en N&B. Le dvd ne comporte que la version N&B, ce qui me semble mieux, car le film est conçu pour lui. »(signé LD sur le site de A….n). La F..c annonce un film en N&B. Est-ce que la pellicule argentique N&B est toujours disponible? Il doit falloir la commander spécialement.
Oui la pellicule argentique n&b est toujours disponible, mais il y a moins de choix et peu de labos capables de la traiter correctement…
Philippe Garrel tourne en 35mm n&b par exemple : sur son dernier film, L’OMBRE DES FEMMES projeté à Cannes, Renato Berta a utilisé de la Double X Kodak et, avant lui, Willy Kurant avait aussi utilisé de la négative n&b pour LA JALOUSIE
Je viens de recevoir le dvd du GENERAL et il est bien en N&b! (ed BAC films 2010) et comme ça j’aurai tapé « N&B » au moins 45 fois!
Je crois que je vais reprendre tout Boorman, sûr que j’ai laissé passer des films. J’ai toujours négligé LA FORET D EMERAUDE et sans doute surestimé RANGOON que j’ai revu avec plaisir mais qui souffre UN PEU du hollywoodisme mainstream (oups) de Patricia Arquette qui sourit une fois de trop, mais les mouvements de foule, le périple de Arquette et du docteur-guide, la fin avec le passage du pont tout ça est magistral. J’attends le br du POINT DE NON RETOUR en tirant la langue… youhou gentil facteur ne m’oublie pas (pardon je perds la tête).
à M Salomon: merci.
Merci Marc pour vos précisions concernant l’argentique N et B.
Le film de Garrel est très intrigant et le rendu de la photo n’a rien à voir avec d’autres N et B récents: je pense à the artist, Blancanieves et surtout M Gomes.Pourtant il me semble que celui-ci aviat tourné en argentique mais sûrement pas en 35 mm.En savez-vous plus sur les choix opérés sur Tabou et qu’en pensez-vous?
Cependant le film N et B récent le plus impressionnant demeure à mon sens Il est difficile d’être un dieu d’A Guerman, trop peu vu et commenté.On croirait voir apparaître un surgeon contemporain de Tarkovski , de W Has, de Kawalerowicz tant ce film échappe aux canons du cinéma de 2015.
C’est une SF radicale qui réinvente un univers barbare noyé dans dans le fanatisme médieval le plus obscurantiste:boue omniprésente, rituels étranges, parades guerrières, pénitents, procès peut-être pour sorcellerie…un observateur semble capturer des images pour les diffuser vers une civilisation censée étudier ces moeurs.Le travail sur la cadre, sur les gammes de Net B et de GRIS est admirable et produit sur le spectateur le même type d’hallucination que devaient procurer les toiles de Brueghel à son premier public.Un très grand film.
D’autres films russes m’avient fait un effet semblable: Bouge pas, meurs, ressucite de V Kanevski (qu’est devenu cette révélation de Cannes 1990?) et Khroustaliov ma voiture! du même Guerman en 1999 ( NB: un coffret DVD regroupant et Il est difficile et Khroustaliov est pérvu pour septembre chez Capricci par ailleurs éditeur d’excellents livres de cinéma mais aussi de qqs DVD précieux dont ceux de Wang Bing )
A Martin Brady: j’ai été un grand fan de La forêt d’émeraude (vers 15-18 ans) et l’avais alors vu et revu.Force est de constater qu’ à la revoyure, le film n’a pas très bien vieilli pour diverses raisons:
-les SFX des visions animales
-le jeu de Ch Boorman est parfois un peu approximatif alors qu’il doit porter le film sur ses épaules
-certaines péripéties sont plutôt maladroites ( la poursuite du père et ses retrouvailles, le sauvetage des femmes, l’explosion du barrage)
Dommage car ce film était alors à l’avant garde d’un combat environnemental indispensable.
Il lui manque la folie des meilleurs Herzog ou d’Apocalypse now pour faire de la jungle un personnage à part entière et pourtant le film semble avoir été une sacrée aventure.
Un film que je n’aime vraiment pas pour diverses raisons ( vision de l’Histoire, complaisance dans la violence,sensationnalisme des péripéties) -Apocalypto de M Gibson pour ne pas le nommer- réussi tbien mieux à faire vivre cette nature dangereuse et magnifique.
à Ballantrae: je vais tenter de me lancer dans la forêt, quand même…