Decoin, Duvivier et des films américains pré-Code
7 janvier 2015 par Bertrand Tavernier - DVD
CHEFS D’ŒUVRE FRANÇAIS
VIOLETTE de Martin Provost est une biographie de Violette Leduc, très grand écrivain (dont le parcours fut des plus violents), que les deux actrices, Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain, rendent prenante car elles ne cherchent jamais à adoucir leur personnage.
FILMS DE DUVIVIER
Voici ce que m’envoie mon ami Jean Ollé-Laprune sur DAVID GOLDER, premier film parlant de Julien Duvivier, œuvre d’une rare audace mais qui demande – vu son sujet qui n’a pas les mêmes résonnances en 1930 que maintenant – une introduction historique, ne serait ce que pour préciser que Duvivier est l’un des cinéastes français qui, avec René Clair et des scénaristes comme Jeanson, Prévert, Aurenche, Bost, Spaak, n’émit jamais la moindre opinion antisémite. Le scénario de Duvivier (qui signe aussi les dialogues) adapte le roman d’Irène Némirovsky dont on connaît le destin tragique ; la France malgré ses succès littéraires ne lui accorda pas sa protection, ni même la nationalité française et elle périt dans les camps et nul doute que le cinéaste trouva que ce sujet présentait des ressemblances avec le Père Goriot : « Il faut toujours revoir les films ! Je me suis remis hier soir DAVID GOLDER dont je ne conservais pas un très bon souvenir, à cause d’Harry Baur, à cause du son un peu balbutiant, à cause de l’ambiance limite en matière d’antisémitisme du quotidien… J’avais tort, et je trouve le film très impressionnant, bien joué, sec, direct… La scène entre Harry Baur et sa femme dans l’hôpital est parfaite, elle s’arrête juste quand il faut. De même que le passage soviétique avec les oligarques dans le bureau est hallucinant. Même Lubitsch ne l’a pas suivi dans NINOTCHKA ! Mais je trouve que les scènes de mondanités à Biarritz sont assez bien vues (l’addition qui traîne sur la table vide) et même le dialogue sur les quais entre Golder et son vieux copain se révèle empreint d’humanité, si l’on fait abstraction des détails « pittoresques » qui comme tu le dis, n’avaient pas la même signification en 1930 qu’aujourd’hui, mais bon… Golder, c’est vraiment la description de la solitude et de l’isolement dans tous ses paradoxes, PANIQUE n’est pas très loin en fait.»
LE PAQUEBOT TENACITY, sorti récemment chez René Château (les éléments de départ étant médiocres, je pense que la qualité du transfert ne doit pas être maximale mais peu importe, le film est tellement rare, tellement important) est un des chefs d’œuvre méconnus de Duvivier, l’un de ses plus beaux films. C’était celui qu’il préférait. Sa narration témoigne d’une liberté tout à fait moderne (qui lui valut des critiques stupides lors de la sortie), d’une chaleur qui bat en brèche l’idée convenue qui veut que Duvivier fasse toujours preuve de noirceur. Très belle musique de Wiener et début surprenant avec ce film dans le film. Ne manquez cette œuvre sous aucun prétexte.
DECOIN (bis)
Revu au Festival Lumière, le splendide AU GRAND BALCON est un des meilleurs films de Decoin, un de ses plus personnels (on le sent présent dans de nombreuses scènes et répliques). Il avait été aviateur (11 victoires homologuées je crois) et l’hommage qu’il veut rendre aux pionniers, aux créateurs de l’Aéropostale, est bouleversant de sincérité. Pierre Fresnay est absolument génial et on sent que ce qu’il dit contient beaucoup de notations autobiographiques et que Decoin parle de lui, de sa conception de son travail, à travers ce personnage. Magnifique musique de Joseph Kosma et le meilleur rôle de Georges Marchal. Lisez le bel éloge de ce film qu’écrit Paul Vecchiali.
René Château a eu la bonne idée de sortir LE CAFÉ DU CADRAN signé Jean Gehret mais en fait tourné par Decoin qui était interdit de générique à cause de ses film pour la Continental. C’est une remarquable comédie dramatique et unanimiste qui décrit la vie d’un café tenu par le toujours excellent Bernard Blier et Blanchette Brunoy, entre l’Opéra et la Bourse. Le scénario vif, bien écrit, avec des dialogues très en mouvement est dû à Pierre Bénard, directeur du Canard Enchaîné qui, dans la clandestinité, travailla pour Combat et les Lettres Françaises. Signalons que la musique, un joli morceau de jazz, est écrite par l’immense Henri Dutilleux qui écrivit également la partition d’un autre film de Decoin (il dit beaucoup de bien de leur collaboration dans 1895 et se montre fier de ce qu’il écrivit pour lui). Voilà qui éclaire différemment Decoin, seul cinéaste avec Jean Gehret (LE CRIME DES JUSTES que Dutilleux revendique fortement alors qu’il veut oublier ses premières compositions), Grémillon (L’AMOUR D’UNE FEMME) et plus tard Pialat, qui prendra une œuvre déjà écrite, à avoir fait appel à ce compositeur de génie.
Je ne partage pas complètement l’enthousiasme de Paul Vecchiali sur LES ASSASSINS DE L’ORDRE. Le scénario m’a paru trop linéaire, trop clair (pensez à des portraits de flics violents chez Ray, Preminger ou de Toth) à l’image de la photo de Badal qui, dans ce DVD, parait plate, sans relief mais sans non plus une vérité documentaire que pouvait amener Coutard. Il y a des qualités réelles, un refus des compromis, une fin peu réconfortante avec cependant une magnifique scène finale entre Denner et Brel, le choix de la musique de Maurice Henry et parfois des bonheurs de distribution : plus que Lonsdale, excellent, mais dans un rôle d’une seule couleur, sans arrière-plan, on peut louer Pierre Maguelon ainsi que Catherine Rouvel, presque trop lumineuse, et même la charmante Paola Pitagora. Bien sur la palme revient à Brel, probe, fragile avec un sourire craquant, dont Vecchiali, prenant un bel angle de défense, vante l’humilité tant du jeu que la démarche du personnage, humilité qui coïncide avec celle du travail de Carné. Denner est aussi magistral et dans la dernière scène, très belle, qui résume la conviction citoyenne de l’œuvre qui est indiscutable. Carné retrouve le ton libertaire d’HÔTEL DU NORD, film à revoir absolument tant on l’a réduit à quelques répliques fastueuses de Jeanson. Le scénario d’Aurenche et Jeanson comprend des scènes formidables : le repas au début où l’on comprend que le gamin est un orphelin récupéré à Barcelone, la première séquence entre Jouvet et Arletty, l’interrogatoire de Jouvet (« du 6.35, j’ai l’oreille musicienne ») avec une intervention fracassante d’Arletty : « Il est peut être pas très observateur. » Vecchiali vante à juste titre la sublime musique de Jaubert et deux des plus belles scènes d’amour de l’histoire du cinéma. Et le décor de Trauner….
14 JUILLET de René Clair (totalement supplanté dans Wikipédia par la FILLE DU 14 JUILLET) fut une excellente surprise. Le film possède un charme qui tient le coup et se place dans les vraies réussites d’un cinéaste qu’on a trop méprisé comme le confirme la vision récente de BREAK THE NEWS avec Dick Powell, remarquable comédie. Là encore, la musique de Jaubert, géniale, galvanise littéralement plusieurs séquences, soulignant la beauté de certains travellings (cette arrivée dans un restaurant aux trois-quarts désert) sans parler des variations autour de « A Paris dans chaque Faubourg », d’abord orchestrales, puis fredonnées et enfin peu à peu chantées (parole de Clair). J’ai trouvé Annabella tout à fait excellente, moderne, très sexy, soldant les effets. Elle est aussi meilleure qu’on l’a dit dans HÔTEL DU NORD même si ses scènes avec Aumont sont plus pesantes. Elle possède une grâce, une vérité physique qui inspire Clair : tous les plans tournant autour de sa fenêtre ou de ce qu’elle voit par cette fenêtre. Certains personnages secondaires sont croqués avec quelque insistance mais Aimos et une partie de ce petit monde de concierges, boutiquiers, cafetiers sonnent justes. C’est ce monde populaire qui a disparu du cinéma actuel (et de l’angle de vision des politiques). Ce milliardaire qui distribue sa carte et devient le chauffeur de Raymond Cordy pourrait figurer dans un film de Blake Edwards.
PARADIS PERDU est un mélodrame et un des seuls Gance que le même Vecchiali critique avant les désastres de LA TOUR DE NESLES et d’AUSTERLITZ. Il faut dire que le scénario entasse les moments de chantage affectif et les décisions étranges. Fernand Gravey est remarquable et les deux premiers tiers sont touchants.
L’ENTRAINEUSE est une œuvre d’une rare originalité. Un mélodrame avec de nombreux rebondissements mais que le traitement retenu, sobre, sans débordements superflus dépouille de tout arbitraire. Le scénario de Charles Spaak fait preuve d’une rare liberté, introduisant des digressions, des personnages secondaires qui prennent au détour d’une séquence, une force considérable. La vision des personnages reste néanmoins tranchante, d’un pessimisme calme mais affirmé. Michèle Morgan est exemplaire de justesse et de dignité dans son jeu
DU CÔTÉ DE L’EUROPE
Revu SOURIRES D’UNE NUIT D’ÉTÉ de Bergman avec ravissement surtout durant les deux premiers tiers. Un vrai ravissement devant ces actrices éblouissantes de beauté et de talent. Mais je n’ai pas éprouvé le même choc que lors de la découverte, où je l’avais vu 3 fois en une semaine.
Je vais aussi enfin revoir FANNY ET ALEXANDRE très demandé sur ce blog.
Pathé a regroupé dans un excellent coffret plusieurs titres de Pedro Almodovar dont des œuvres majeures comme ÉTREINTES BRISÉES, cet hymne au cinéma et à son pouvoir rédempteur, VOLVER, le poignant TOUT SUR MA MÈRE, PARLE AVEC ELLE. Des heures de bonheur.
FILMS AMÉRICAINS PRÉ-CODE
BOMBSHELL est peut être le chef d’œuvre de Victor Fleming. Une comédie trépidante, extrêmement noire, superbement dialoguée par John Lee Mahin, le complice de Fleming et l’un des meilleurs scénaristes américains. La description de la famille de Jean Harlow – splendide – qui l’exploite, la vole, vit à ses crochets, est traitée avec une rapidité, une acuité étonnante. Mahin et Fleming transformèrent un scénario tragique en comédie et donnent à Lee Tracy un de ces personnages d’attaché de presse sans scrupule qu’il porta à la perfection. Il ment à la star qu’il est censé protéger, il l’espionne, piétine ses désirs de maternité (scènes très audacieuses) le tout à une vitesse stupéfiante.
RED DUST (Warner Archive) est une autre grande réussite de Fleming et l’un des titres majeurs de la période Pré-Code, pourtant si riche. En s’inspirant de quelques conseils donnés par Hawks, Fleming et le scénariste John Lee Mahin détruisent la pièce qu’ils étaient censés adapter qui n’osait même pas parler d’adultère, selon Michael Sragow dans « Victor Fleming an American Movie master », pour en faire une histoire de sexe, d’amour, de trahison et de respect. Ils ajoutent l’ouverture où l’on voit Gable se battre avec les éléments pour récolter son caoutchouc, bouleversent la construction et réécrivent le script sur le plateau. Le film, déborde de vitalité : les personnages n’arrêtent pas de marcher, de travailler, de s’affronter dans une jungle balayée par des pluies, des orages incessants (Fleming utilise à merveille les décors du TARZAN de Van Dyke et les rend oppressants). Ils sont trempés, couverts de boue (on ramène d’ailleurs la culotte de Mary Astor, touche hyper audacieuse, dans un piteux état), assaillis par les insectes : l’un d’eux atterrit même sur la lèvre de Gable. Il déborde aussi d’énergie sexuelle et cela dès la première et spectaculaire apparition de Harlow : on jette le corps d’un ivrogne dans une chambre plongée dans l’obscurité et on entend un cri. Il y avait une femme dans le lit : « Polyanna, fille de joie ». Une énergie sexuelle que dégagent tous les personnages, à commencer par celui de Gable qui fut repéré pour ce rôle par Mahin et remplaça John Gilbert, Mary Astor, qui traduit mieux que quiconque la naissance du désir, de l’érotisme et bien sûr Jean Harlow, « une merveille, dont le jeu repose très peu sur cette séduction aguicheuse que les déesses hollywoodiennes sont censées incarner ; sa sexualité est franche, directe, évidente ; elle bouge comme un athlète » (Gerald Weales). Elle ne l’empêche pas d’avoir un code et des sentiments qui lui permettent de faire comprendre à Gable qu’il se comporte comme un salaud. On peut penser que Fleming et Mahin s’inspirent pour la deuxième partie du film, d’un épisode biblique, celui où le roi David allait faire tuer son rival en amour, pour mieux le retourner. Ce chef d’œuvre de chorégraphie érotique, aux personnages relativement complexes (il y a des côtés noirs dans la brutalité virile de Gable qui traite Vantine de manière odieuse), est formidablement dialogué par Mahin : quand on suggère d’appeler un docteur pour soigner le mari de Mary Astor, Harlow répond : « Ces docteurs français, ils vont venir prendre le pouls, vous offrir du cognac, se plaindre du gouvernement, boire le cognac et s’endormir sous le lit. » Ou bien, elle lance au perroquet : « Qu’est-ce que tu as mangé ? Du ciment ? » Certains moments, la fin notamment (la dernière scène fut écrite par Donald Ogden Stewart) ne sont pas exempts de mélancolie. Et ce film tourné en studio paraît plus dense, plus concis, plus tendu et sonne plus juste que le remake, plutôt léger, que Ford filma en extérieurs.
THE MIND READER est l’un des 6 films que Roy Del Ruth tourna en 33, qui méritent tous d’être vus notamment BUREAU OF THE MISSING PERSONS, LADY KILLER, un des titres majeurs de James Cagney, THE LITTLE GIANT, comédie très amusante qui permet à E.G. Robinson de se moquer de son interprétation dans LE PETIT CÉSAR. On peut sans doute expliquer cette série de réussites (l’année d’avant il y avait eu TAXI, WINNER TAKE ALL) par la qualité des scénaristes travaillant à l’époque à la Warner, les exigences du studio en matière d’économie, de rapidité narrative, l’esprit subversif qui régnait durant la période Pré-Code, il n’en demeure pas moins que le travail de Roy Del Ruth est plus fluide, plus dégraissé, plus efficace que celui de nombreux autres réalisateurs maison comme Archie Mayo, William Keighley, voire Lloyd Bacon, sa direction d’acteur moins lourde. THE MIND READER (Warner archive), sans doute vendu aux partisans du Code Hays comme une histoire de rédemption, biaise avec ces prémisses et se révèle souvent caustique, incisif, voire cruel (les victimes d’un faux magicien, le Grand Chandra sont le plus souvent stupides). Warren Williams joue un des ces escrocs affables, mielleux, impitoyables qui étaient sa spécialité : faux docteur, faux dentiste, il devient un faux mage. Le scénario tendu de Robert Lord et Wilton Mizner (ils écrivirent ensemble ONE WAY PASSAGE, FRISCO JENNY et la carrière de Mizner s’arrêta en 1934) mêle la comédie cynique (« au tribunal, les filles ont toujours moins de 16 ans », déclare Allen Jenkins), la romance sentimentale, vite soldée, et des touches assez noires sur une Amérique déboussolée après la Dépression et Roy Del Ruth le filme avec sa concision, son sens du rythme habituel. Il utilise remarquablement bien chaque décor (avec une gare, il en crée cinq ou six), trouve ici et là des plans assez marrants (les verres d’alcool filmés au grand angle qui filent sur le comptoir). Mayo Mathot, qui fut la femme de Bogart et n’est connue que pour cela, est très touchante dans une des meilleures scènes où elle vient s’en prendre à Chandra qui a ruiné sa vie et la dernière réplique d’Allan Jenkins (dans un personnage plus complexe que d’habitude qui, sous ses allures bonasses, n’éprouve aucun scrupule, aucun doute, aucun remords quant aux délits qu’il commet) est anthologique : regardant Warren Williams partir en prison, il constate, « dur d’aller au trou au moment où la bière est en train de revenir ».
EMPLOYEES’ ENTRANCE, tourné la même année est le meilleur des 6 et doit figurer parmi les titres majeurs de la période. Il est extrêmement emblématique des qualités, de l’audace mais aussi de la complexité dont témoignent beaucoup d’œuvres durant cette brève période de liberté. Peut être que le fait de sentir justement que ce moment risquait d’être bref, qu’il était menacé, a dopé l’énergie, la vitalité des scénaristes et des metteurs en scène, a insufflé une urgence à certains de ces films. L’audace dans EMPLOYEES’ ENTRANCE évidemment concerne en premier lieu tout ce qui touche au sexe. Warren Williams, inoubliable en directeur d’un grand magasin qu’il gère avec une énergie, un cynisme impitoyable, rencontre la très jeune Loretta Young (sublime de beauté, inoubliable en innocente pervertie) qui recherche du travail. Il l’invite et le même soir couche avec elle : « Je vais réfléchir toute la journée à ce que vous m’avez dit », murmure-t-elle. – « Nous avons toute la nuit. » Fondu au noir. Le lendemain, elle est engagée. Plus tard, Williams qui a appris qu’elle a épousé son assistant (il lui avait interdit de se marier), va s’ingénier à détruire leur mariage. En la faisant boire, il couche de nouveau avec elle. Mais le film est tout aussi fort et tout aussi actuel dans sa description du contexte économique. Les méthodes de Williams, la manière de se comporter avec ses sous-traitants, évoquent avec une vérité criante les procédés de la grande distribution en France, de Wall Mart aux USA. La peinture des actionnaires, du patron qui ne s’occupe de rien, passe son temps sur son yacht et se fait appeler Commodore et des banquiers clairement désignés comme des parasites qui s’engraissent sur le dos des travailleurs a des échos rooseveltiens. Même si, dans un louable souci de complexité, on nous montre que Williams refuse de licencier, préférant diminuer les salaires, y compris le sien. On le voit aussi pousser un de ses anciens employés au suicide (filmé de manière très elliptique, ce qui en décuple la force).
Ce film figure dans un coffret Forbidden Hollywood 7 qui comprend aussi le passionnant SKYCRAPER SOULS, toujours avec Warren Williams dans un rôle quasi identique. Ses rapports avec sa femme très bien jouée par Hedda Hopper qui vient sans cesse lui réclamer de l’argent avec un détachement souverain comptent parmi les meilleures séquences du film. Ici, il séduit, entre autres, la délicieuse Maureen O’Sullivan (dont la scène d’ivresse est anthologique) qui accepte très facilement cet état de fait et semble heureuse d’être la maîtresse de Williams. Le moment où ce dernier la fait boire et est interrompu par le financier dont il a besoin et qui, littéralement, prend sa place auprès de la jeune fille, constitue l’un des sommets du film. Et bien sûr, il trahit les banquiers puis son nouvel associé pour faire monter artificiellement la Bourse, créer un krach, posséder son gratte-ciel au prix une fois encore d’un suicide. Contrairement au film précédent, il sera puni. Une de ses anciennes maîtresses lui tire dessus, ce qui le plonge dans un état de stupéfaction (Williams est formidable quand il réalise ce qu’il lui arrive). Le futur réalisateur Norman Foster joue le jeune premier qui fait une cour frénétique et maladroite à Maureen O’Sullivan : il passe son temps à trébucher, à se cogner dans les objets, les étalages, les gens, provoquant chutes et collisions et ce fut peut être une des sources d’inspiration pour le personnage de Fonda dans LADY EVE. Sa réconciliation avec sa fiancée ne convainc qu’à moitié. La mise en scène d’Edgar Selwyn, un scénariste qui réalisa aussi MEN MUST FIGHT qu’on dit polémique, est plus lourde, moins fluide que celle de Roy Del Ruth. Certains intermèdes comiques sont un peu insistants et l’espace est moins bien utilisé surtout dans la première partie et Selwyn parvient moins bien à mettre en valeur la multiplicité des couples qui se déchirent, se séparent même s’il réussit un beau plan quand Helen Coburn, ayant découvert que Wallace Ford est enfermé dans la chambre forte, l’abandonne et part avec un autre homme dans le lobby du gratte-ciel.
AUTRES FILMS AMÉRICAINS
SEE NO EVIL (TERREUR AVEUGLE) de Fleischer est une déception après un premier tiers plutôt bien mis en scène (quelques zooms insistants), assez tenu, avec des plans réellement impressionnants (la découverte des différents cadavres filmée avec élégance et style). Mais le scénario s’enlise et devient même carrément absurde. L’héroïne, en bonne protagoniste de films d’horreur, fait tout ce qu’elle ne devrait pas faire. Le coup de théâtre final est accablant et on se demande s’il n’est pas un peu dû à Fleischer qui, par souci démocratique, aurait voulu éviter qu’on charge les gitans.
Avec THE SHOOTIST (LE DERNIER DES GÉANTS), la déception est encore plus grande comme si le sujet dans son ambition autobiographie (Wayne joue un célèbre gunfighter atteint de cancer, comme la star) avait littéralement pétrifié Siegel et la plupart des acteurs, qui ressemblent tous à des figures de cire de James Stewart à Lauren Bacall (une mentions spéciale pour cette dernière qui est incroyablement raide, incapable de donner la moindre sincérité, le moindre frémissement à son personnage) et ne véhiculent aucune émotion. Il faut dire que le scénario aseptise totalement le beau roman de Glendon Swarthout, « Le Tireur », qui vient de paraître chez Gallmeister. Mais même quand il reprend presque mot pour mot une scène, la mise en scène de Siegel est tellement plate que rien ne passe. Et les scènes d’action sont d’une mollesse sidérante. La comparaison avec une autre adaptation d’un roman de Swarthout, THE HOMESMAN, fait apparaître de façon éclatante les qualités, l’invention de Tommy Lee Jones. Et son respect intelligent vis- à-vis du roman.
ANGEL HEART est peut être le chef d’œuvre d’Alan Parker. Une nouvelle vision prouve non seulement que le film tient remarquablement le coup (les affrontements entre Mickey Rourke, bluffant, et De Niro sont toujours aussi spectaculaires) mais qu’il se bonifie et que beaucoup de réalisateurs de films d’horreur pourraient en prendre de la graine. L’atmosphère de la Nouvelle Orléans, la présence vaudou, sont formidablement rendues : une poursuite à pied dans les ruelles se révèle beaucoup plus intéressante que la plupart des scènes similaires en automobile.
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Je suis tout à fait d’accord avec Dédé, les tribulations d’un chinois en Chine est une réussite. Nous sommes très loin de la plaisanterie de potache, il y a un rythme formidable,des situations originales et burlesques, des personnages, des premiers aux seconds rôles tous savoureux (Jean-Paul Belmondo,Ursula Andress, Jean Rochefort,Valérie Lagrange,Maria Pacôme Darry Cowl,Jess Hahn, Mario David,Paul Préboist,Valérie Inkijinoff)
Ah! Je vois que je ne suis pas le seul à avoir aimé ces tribulations… Je profite de ce blog pour exprimer toute mon admiration de (modeste) cinéphile à Bertrand Tavernier. J’ai vu tous ses films. Aucun n’est médiocre et trois sont formidables (selon moi, of course) : Coup de torchon, L627 et Capitaine Conan.
J’apprécie beaucoup B.T pour les collections de DVD qu’il a initiées, notamment les films de Michel Powell et les westerns. Il les présente remarquablement. Ceci dit, ses présentations sont parfois meilleures que les films qu’il présente, car je trouve généralement que les westerns vieillissent plutôt mal : jeu des acteurs, dialogues… Un jour j’avais croisé Raphaël Personnaz dans une rue de Paname (rien à voir avec « le chasseur de pipoles). Nous avons parlé brièvement ensemble du film « la princesse de Montpensier que j’avais vu et aimé peu de temps auparavant. En tout cas, ce film a été le déclencheur de la belle carrière de cet acteur, qui, me semble-t-il, marche dans les traces d’Alain Delon.
http://dede1949.blogspot.fr/2014/12/le-chasseur-de-pipoles.html
Damned ! J’avais oublié « Le juge et l’assassin ». Ça en fait 4 de « formidables ».
Bonjour
c’est avec une grande joie que j’ai lu votre recension de « PARADIS PERDU »de GANCE film que j’avais découvert il y a fort longtemps à la télévision et que j’avais trouvé fort émouvant ;je mes suis donc mis à la recherche d’icelui pensant qu’il était enfin sortie mais quelle déception;toujours introuvable !
puis je vous demander ,puisque vous l’avez chroniqué ,chez quel éditeur vous avez pu vous le procurer?
merci d’avance
C BOSSELUT
A Christophe Bosselut
Il va sortir prochainement chez Pathé tout comme LE DESORDRE ET LA NUIT et AU GRAND BALCON
J’ai vu hier soir »Plongée à l’aube »d’Anthony Asquith qui sera diffusé en mars sur la chaine TCM.Tout d’abord la version française est épouvantable,les voix ne correspondent pas du tout aux personnages.Mieux voir le film dans sa version d’origine.Revenons un peu sur l’aspect de la mise en scène qui est un peu fade et manque cruellement d’actions au sens propre.On se demande si Asquith n’a pas pioché dans les archives de la BBC ou du service de la marine anglaise.En bonus on trouve un documentaire fort instructif sur l’aspect militaire entre l’arrivée au pouvoir d’Hitler,Mussolini,Franco et la débacle française.
Je viens d’apprendre que Bertrand assure la présentation de CUTTER’S WAY, dans sa nouvelle édition chez Sidonis. Je possédais déjà le film chez MGM (paru en 2005 sous le titre LA BLESSURE): bon prétexte, donc, pour le revoir. D’autant que j’ai replongé il y a peu dans LES GUERRIERS DE L’ENFER (quel titre moche), qu’MGM avait également édité et que Bertrand chronique ici-même le 09 Novembre 2005.A ce propos, le dvd du Karel Reisz est infect pendant les 20 bonnes premières minutes (image glauquissime)puis, soudain, se rétablit. Suis-je tombé sur un funeste « collector » (je ne pense pas)ou bien d’autres dvdphiles s’en seraient-ils également plaint? J’ai souvent résisté, pour cette raison, à l’envie de le jeter mais comme ça s’améliore..
Toujours est-il que ces deux œuvres dialoguent entre elles de manière unique et à plus d’un titre : un cinéaste tchèque d’origine (Ivan Passer) et l’autre, Karel Reisz, anglais d’origine tchèque; deux films américains traitant de la déliquescence morale post Viêt-Nam sur le mode du film noir dépressif; deux films envoûtants, originaux et imprévisibles; deux créations farouchement étanches à toute mode, à toute directive de studio (avec les risques que l’on imagine). Le Reisz, grand-frère du Passer, est réalisé deux ans après la chute de Saigon, son atmosphère, violente, exhale l’odeur de pneus brûlés qu’ont bien connu les organisateurs du concert des Rolling Stones à Altamont qui dégénéra de la façon que l’on sait. LES GUERRIERS raconte l’agonie des idéaux hippies, dévoyés par la guerre, la corruption, le crime. CUTTER, tourné en 1980-81, est le grand film sur le passage des années 70 aux années 80. Ce n’est pas qu’une question de mode (des cheveux longs qui commencent à se raccourcir), c’est l’enregistrement bouleversant, du point de vue des laissés pour compte, de ce moment où une époque d’idéaux bascule dans une ère de cynisme à col blanc, libéral, anonyme (ce patron aux lunettes fumées)dans laquelle, 34 ans plus tard, nous pataugeons encore, et pour longtemps.
A Alexandre Angel
Excellent rapprochement
A Alexandre Agel, je me suis décidé à visionner à votre suite LES GUERRIERS DE L’ENFER de Karel Reisz que j’avais acheté également suite à la lecture de la chronique de novembre 2005. Le film est un véritable OVNI où toutes les valeurs américaines hippies explosent après le vietnam : à l’image des combats entre trafiquants des derniers plans se déroulant dans un haut lieu 10 ans plus tôt de la jeunesse hippie. Reisz brosse des portraits d’anti héros d’une grande noirceur : flics ripoux, anciens taulards devenus flics, anciens du vietnam devenus trafiquants, une jeune mère de famille devenant camée, d’anciens junkies devenus nababs de la drogue en californie… Une bonne surprise (quoique assez désespérant et rejoignant par là même une veine « hustonienne ») et malgré effectivement une copie dvd frôlant plusieurs fois l’exécrable… Je vais essayer de voir sous peu le dvd d’EVERYBODY WINS du même Reisz.
Au temps pour moi, EVERYBODY WINS de Reisz je l’ai vu et il est plus que dispensable ! Je pensais en réalité à BORN TO WIN d’Ivan Passer qui me reste à voir et qui est aussi sorti en dvd chez MGM (décidément les va et vient entre les deux réalisateurs m’ont fait défaut !)
A Damien D
Beaucoup moins bon à cause du scénario d’Henry Miller. Voyez plutôt son très beau film sur Patsy Cline avec Jessica Lange
A Damien D
Oui, il y a quelque chose d’anxiogène et de cafardeux dans LES GUERRIERS qui ne ressemble à rien de ce que l’on connait du genre. Les séquences de défonces chez le dealeur californien ne sont pas ce que je préfère car on peut avoir l’impression de les avoir vues ailleurs. Elles datent.. Mais tout le reste est étonnant, dur, sans concession. Le soleil californien, éclatant, ne fait qu’accentuer ce sentiment de terrible lendemain de cuite.
Les figures du genre, hommes de main en binôme, brutaux et pas futes futes, sonnent ici inédits. Ray Sharkey et Richard Masur (le chef de gare de HEAVEN’S GATE) sont inoubliables, surtout ce dernier, assez terrifiant de par son physique de grizzly barbu et hirsute, inhabituel dans le film noir. Le trio constitué de Nick Nolte, Michael Moriarty et Tuesday Weld s’enrichit d’interconnexions (y compris amoureuses) d’une belle densité au fur et à mesure que le film avance. Et Nick Nolte est superbe en chien de guerre à la fois déphasé et réactif, porté par un beau thème musical de Laurence Rosenthal, d’une solennité peu courante, là encore, dans le polar américain.
à Bertrand: c’est Arthur Miller pour EVERYBODY WINS…
A Martin Brady
Pardon, j’ai écrit cela trop tard
Découvert sur le fameux site Trop Bath l’annonce de la parution d’un livre français à paraître sur Ford et les Indiens:
http://tropbath.canalblog.com/archives/2015/02/25/31598586.html
Entre LA CHEVAUCHEE FANTASTIQUE et LES CHEYENNES, le regard de Ford sur les Navajos de Monument Valley a considérablement évolué.
Bien vue, déjà, la photo de la petite navajo derrière la caméra.
Bonjour M. Tavernier, je repensais, en lisant une interview de Patrick Brion sur internet, à une émission que je regardais sur ciné classics il y a une quinzaine d’années et qui s’appelait « Le Club ». Autour d’une table, plusieurs cinéphiles érudits et passionnés (de mémoire Jean-Jacques Bernard, Denis Parent, Jean-Ollé Laprune, Pierre Tchernia et d’autres) discutaient de leurs coups de cœur dans la programmation à venir sur la chaîne payante. Je crois que cette émission n’existe plus et aujourd’hui on doit se contenter de fades émissions-promotions animées par des présentateurs interchangeables qui ne connaissent de cinéma que ce qu’il y a d’écrit sur leur prompteur ou sur les fiches écrites par d’autres. Les livres ont leurs rares « passeurs » comme Bernard Pivot ou un François Busnel aujourd’hui (c’est mon avis), le cinéma en possède de rares aussi comme Patrick Brion ou vous Bertrand Tavernier. Pourquoi ne pas proposer un jour une émission hebdomadaire du genre du Club sur une chaîne gratuite, qui parlerait des sorties DVD/Blu Ray de films anciens et récents, avec la passion, l’érudition, l’exigence de vrais cinéphiles qui seraient présents pour échanger en plateau ? Il faudrait que les patrons de chaînes sont moins frileux et les cinéphiles de renom disponibles, mais on a le droit de rêver !
A MANU
Mais mon boulot, ma passion, c’est de faire des films pas d’animer des émissions de TV
Bertrand présentera dès le 6 mars prochain sur Arte un cycle consacré aux polars.On pourra revoir »L627″il me semble.
à Rouxel: c’est même sûr! et on en a déjà parlé de ce cycle, là:
https://www.tavernier.blog.sacd.fr/decoin-duvivier-et-des-films-americains-pre-code/comment-page-1/#comment-391674
« Sous le signe du scorpion »est le troisième films des frères Taviani,c’est une oeuvre forte fort méconnue à mon avis.L’action se déroule sur une ile volcanique,ou les habitants sont obligés de fuir et de réfugier sur une autre ile proche.Les habitants vont former deux clans qui va déchirer et se battre afin d’échapper à l’éruption du volcan.Gian maria Volonte à un petit role de patriarche taciturne et rebelle qui ne veut pas se plier à la majorité des habitants.Les frères Taviani utilisent souvent les fondus au noir afin de donner une respiration et une reflexion à l’image et au son.
On connait le cinéaste suisse Claude Goretta pour »La dentellière »qui est à revoir pour les tout débuts de la rousse Isabelle Hupert,mais il est aussi l’auteur avec Marcelle Padovani d’un documentaire fort bien traité sur la mafia siciliènne. »L’ennemie de la mafia »se découpe en trois segments:à savoir l’origine et l’historique de la pieuvre crée durant les années 30 qui à sut rebondir après guerre et s’installer dans les arcanes du pouvoir italien(politique,justice,police,médias ainsi que les syndicats)ensuite on retrouve un entretien avec le juge anti- mafia Falcone.Le seul point faible du film c’est qu’il n’évoque deux points essentiel à mon avis concernant Les brigades rouges qui étaient armées par la mafia puis la collaboration de l’état italien à l’affaiblissement du Parti Communiste qui était un des plus fort d’Europe(un député communiste fut assassiné près de son domicile quelques jours après la mort du général Della Chiesa et sa femme à Palerme).Goretta et Padovani nous explique le fonctionnement interne de la pieuvre avec ses ramifications et ses liens avec les services secrets étranger qui savait depuis longtemps la main mise de la mafia sur le parc immobilier ainsi que le trafic de la drogue(Revoir à ce propos »Main basse sur la ville »de Rosi qui est repassé hier soir chez Brion).Le dvd est sorti chez Bac films.
Le titre exact de ce film documentaire est »Les ennemies de la mafia ».Mille excuses à tous.
à Rouxel: ooohhh, c’est pas grave, allons, pour une fois, une petite erreur…
Ceci dit, au sujet de Rappeneau qui, si on l’évoque, ne mérite pas qu’on le fasse en des termes aussi étroits, et pour qui j’ai un grand respect, ne serait-ce que parce qu’il se colle encore à la tâche à 83 ans, je pense ne pas être le seul à confondre son univers avec celui de De Broca. Toutefois, Rappeneau m’a toujours paru être un De Broca mis en sourdine, et en revoyant ses films, il m’est souvent arrivé de réagir comme devant un match de foot où le joueur rate une opportunité. Alors que De Broca a conduit Belmondo vers les sommets de la déraison (sans jamais le laisser en roue libre pour autant) Rappeneau semble au contraire lui faire signe de derrière la caméra pour le faire redescendre d’un étage. Même constat pour Montand, proprement délirant et atteignant des sommets dans la comédie (même chez Sautet) Rappeneau lui fait garder la mesure. Je me demande si dans le fond, le cinéma de Rappeneau ne pâtit pas de sa timidité personnelle. A moins qu’il ait la tête trop bien vissée sur les épaules. Dans CYRANO, d’évidence il se laisse intimider par Rostand. Le gros Gégé, qui j’en suis sûr ne demandait qu’à bousculer le personnage, s’est mis à jouer patrimoine, parfois s’autorisant un pas de côté, mais de suite revenant dans un registre classique en s’excusant presque d’avoir osé un écart. C’est de la belle ouvrage, certes, mais comme le disent Millet et Dazat, il y a trop de prudence là-dedans, pas assez d’insolence, et à partir de là, l’académisme pointe le bout de son nez. A l’inverse de cette fin, qui réclame justement de la mesure, des murmures, et se dispense de mouvement. De ce fait elle parait moins encadrée que le reste, sans doute parce qu’elle est davantage en accord avec la nature profonde de son metteur en scène. Rappeneau a fait des comédies en n’ayant sans doute pas assez de tragédie personnelle pour tutoyer la folie, comme Audiard a pu le faire. Comme l’a dit si humblement Edouard Molinaro « je n’ai fait que des films de divertissement faute de ne pas avoir eu une enfance malheureuse ». Mais là je me mêle de ce qui ne me regarde pas.
A Guy Gadebois
Je crois aussi que de Broca par manque de rigueur laissait déraper beaucoup de ses films vers le n’importe quoi, la plaisanterie de potache comme les TRIBULATIONS D’UN CHINOIS. Il y a des exceptions : CARTOUCHE, LE BOSSU, LE DIABLE PAR LA QUEUE (restructuré par Sautet), LE FARCEUR et quelques autres. Mais ils n’ont pas la beauté visuelle des meilleurs Rappeneau (dans LES MARIÉS, c’est Marlène Jobert qui coupe les pattes au film et on ne sent pas d’alchimie avec Belmondo contraire à LA VIE DE CHATEAU)
A Bertrand:
Revu en HD, L’HOMME DE RIO m’avait paru assez beau visuellement (les extérieurs à Rio).
L’HOMME DE RIO, adaptation non officielle de TINTIN réussi à faire souffler le rythme de l’aventure avec des péripéties surréalistes menées tambour battant. C’est un tourbillon Belmondo et le film est pour moi bien supérieur aux TRIBULATIONS où De Broca semblait s’auto-parodier lui même.
Ah vous êtes dur avec « Les tribulations d’un chinois en Chine ». J’ai revu le film récemment, il m’a emballé : Tournage en extérieur avec des paysages magnifiques, courses poursuites spectaculaires, de l’humour, Bébel toujours aussi dynamique et Ursula Andress mignonne.
S’agissant de Rappeneau, je viens de revoir avec un plaisir muri, par rapport aux premières visions que j’en eu (pas en salle), BON VOYAGE, que le temps affirme comme une combinaison plutôt gonflée. On connaissait la comédie et le drame (allez hop ELLE ET LUI), le grave et le pétillant (tiens, TO BE OR NOT TO BE), le tragique et le sérial sarcastique (BLACK BOOK de Paul Verhoeven), Jean-Paul Rappeneau, en 2003, lui, croise le sombre et le primesautier.
C’est lui qui l’a fait!
à AA: ça fait envie, noté.
Deux ans avant »Les hommes du président »,Alan J.Pakula réalise un film « A cause d’un assassinat »qui traite de la paranoia d’un journaliste campée par Warren Beaty qui va essayer de prouver un complot suite à l’assassinat d’un sénateur candidat lors d’une reception.J’ai pensé au film de Verneuil »I comme Icare »qui transpose l’assassinat de Kennedy par Oswald(50 ans plus tard on n’en sait pas plus sur les véritables commanditaires de ce meurtre)!!!Il y a une scène assez forte vers la fin du film lors d’un plan large qui montre des tables rondes de couleur bleu,blanche et rouge:l’ensemble fait penser à un échiquier et les tables rondes aux pions(nous pauvres individus manipulés et conditionnés par la tv,internet ainsi que la presse).Ensuite une curiosité jamais diffusé à la tv et pas disponible en vhs ou dvd.Il s’agit du premier film réalisé par le journaliste,écrivain,homme de radio,Philippe Labro pro-américain dans l’ame. »Tout peut arriver »est un film auto-biographique sur l’histoire d’un journaliste revenant des Etats-unis en France et va croiser quelques personnages haut en couleur(un camionneur qui critique les étudiants,un cadre en plein burn-out ou une belle américaine.C’est un espèce de road-movie ou se mèlent des photos du Che,de JFK et des interviews de Catherine Deneuve ou du parolier de Dutronc Jacques Lanzman)Puis il y a deux curiosités avec la présence de Chantal Goya dans le role d’une employé d’un aéroport mais aussi notre cher Bertrand qui fait une apparition lors d’un quizz loufoque organisé dans un cinéma d’art et essai.Le film sera diffusé dimanche 22 à 23h45 sur la chaine Direct 8!!!!!Enfin je conseille à tous un ouvrage interessant sur la collaboration entre Hollywood et Hitler,il est signé par Ben Urward aux éditions Bayard.
A Rouxel
On peut même dire que I COMME ICARE est un plagiat intégral de ce film de Pakula, mais j’ai toutefois préféré le Verneuil, bien que Verneuil ait la main lourde à bien des égards, et c’est un peu sa marque de fabrique de nous en remettre sans cesse une couche au cas où on serait en train de chasser les mouches. Dans mon souvenir, le film de Pakula est totalement somnolent mais il se distinguait du Verneuil, entre autre, parce que Warren Beatty ne croyait pas à la théorie du complot. Il enquêtait pour faire la lumière sur la mort d’une journaliste, et c’est en cours d’enquête que le complot se révélait. A la différence de Montand, qui croit au complot depuis le départ. I comme Icare est malgré tout un film captivant, au scénario solide, et Verneuil a su installer une atmosphère qui conduit parfois le film aux frontières du fantastique. Je n’ai jamais rien compris à cette fin par laquelle Montand demande à sa femme ce qu’évoque pour elle le mythe d’Icare « en dehors de la légende connue de tous » et s’entendre raconter précisément la légende connue de tous. En revanche, la scène de la soumission à l’autorité est un de ces moments, souvent en digression, par lesquels Verneuil savait imprimer la mémoire du public. Même dans ses films les plus lamentables, on trouve ce genre de scène mémorable. Le jeu de la mouche dans LE MOUTON A CINQ PATTES, les billets dans la piscine de MELODIE EN SOUS-SOL, la statue sanglante de LA BATAILLE DE SAN-SEBASTIAN….
A les revoir, ses films d’action avec Belmondo, que, jeune cinéphile, je détestais, ont des qualités qui ne sont pas seulement dues au passage du temps et à la nostalgie du cinema du samedi soir. Verneuil avait un univers, il s’attachait aux personnages populaires, souvent arrivistes et déchus. Les difficultés subies par l’exil est aussi un sujet qui traverse plusieurs de ses films. Les immigrés africains que découvre Belmondo dans une cave de bistrot dans PEUR SUR LA VILLE, détail qui n’apporte strictement rien à l’histoire, mais détail quand même qui montre que Verneuil n’était pas qu’un Tâcheron, ou un Artisan, ou un Faiseur, bien que le mot nous démange en revoyant les Fernandel, pratiquement tous périmés… Dommage qu’aucun auteur ne se penche sur Verneuil ou d’autres réalisateurs de cinema populaire, autrement que pour écrire sur eux des choses anecdotiques.
A Guy Gadebois
Nous lui avons consacré une mini rétrospective au Festival Lumiere et nous l’avons invité pour un hommage à l’Institut, l’une de ses dernières apparitions en public. Moi je séparerai ses films en noirs et blanc dont plusieurs sont remarquables : DES GENS SANS IMPORTANCES, LE PRESIDENT, UN SINGE EN HIVER des oeuvres en couleurs, sur éclairées, souvent beaucoup plus lourdes, où apparaissaient ses tics (camera dans le placard, derrière les flammes) et une volonté qu’on voie tout dans les décors qui avaient du couter chers. Il pouvait alors être lourd, démonstratif (il lui faut 5 plans pour montrer que Montand met une cassette dans un lecteur, qu’elle tourne et qu’il écoute). Mais il lui est resté quelque chose, durant toute sa carrière, de son passé marseillais, de sa collaboration à la Marseillaise, quotidien communiste : il y a des touches sociales fortes dans tous ses films, y compris dans PEUR SUR LA VILLE, par ailleurs peu regardable. Celui que je trouve étonnant quant au sujet est MILLE MILLIARDS DE DOLLARS, film tout à fait dans la ligne d’Attac. Quand je leur avais suggéré de programmer ce film qu’ils ne connaissaient pas, j’ai vu leur ricanement et leurs mines sceptiques. Le propos du film est unique. Même dans les Fernandel, la TABLE AUX CREVÉS contient des scènes surprenantes et le FRUIT DEFENDU, pour peu qu’on oublie le génial roman de Simenon, est très visible
A Bertrand:
Il me semble que la caméra dans le placard, il y en avait déjà dans les films noir et blanc…
A Mathieu
Oui c’était un tic, une figure de style signalant les films qui comptaient pour lui. Les assistants anticipaient toujours ce genre de plan hyper datés et lourds mais qui sont plus voyants dans les oeuvres en couleur. Dans le blog j’ai analysé beaucoup de Verneuil, les déceptions (UNE MANCHE ET LA BELLE sinistre histoire d’escroquerie à l’assurance, L’AFFAIRE D’UNE NUIT assez en deca de ses possibilités), les réussites (MAXIME, DES GENS SANS IMPORTANCE, LE PRESIDENT). Je n’ai jamais pu parlé de son bon sketch dans BRELAN D’AS malgré des cadrages obliques. Michel Simon est royal en Maigret. Verneuil dit que les deux autres épisodes sont nuls.
Vous oubliez »La fete à Henriette »qui est un bon film dans l’esprit des années 50 puis aussi »Le clan des siciliens »qui est à revoir mais qui est influençé par le cinéma américain.
A Rouxel :
LA FETE A HENRIETTE ? De Verneuil ???
Que des bons films qui rappelle de bons souvenir.
Merci pour cet article
Quel blog passionnant mr Tavernier, j’apprécie grandement vos bonus sur nombre de dvd western que j’ai le plaisir de posséder. Sur louis Jourdan j’aime particulièrement l’excellent flibustière des antilles de jacques Tourneur avec la délicieuse jean Peters… Bons films à tous !
Comme vous, j’apprécie beaucoup les bonus des westerns commentés par Bertrand Tavernier. Il a une faconde, une pédagogie et une culture cinématographiques impressionnantes. Je vais vous faire un aveu, ses commentaires sont parfois bien meilleurs que certains films qu’il présente. Car hélas, en général, les westerns vieillissent plus vite que les films d’un autre genre, comme la plupart de ceux de Billy Wilder, par exemple.
J’ai enfin vu »Ce sacré grand-père »de Jacques Poitrenaud qui est un film plein de legereté et assez étrange sur le plan de la mise en scène.Il me semble que Poitrenaud à tourner dans « Un dimanche à la campagne »de Bertrand après avoir commencé sa carrière de réalisateur en pleine nouvelle vague.Comme le souligne justement Christophe Bourseiller dans le bonus,c’est un véritable régal de retrouver l’immense Michel Simon dans ce film au climat aéré puis la belle Marie Dubois qui était déjà atteinte de la sclérose en plaque et qui s’est battu en créant une fondation afin de lutter pour cette afreuse maladie.Yves Lefebvre qui n’a beaucoup tourné pour le cinéma à un role en demi teinte,mais la particularité de ce film c’est la présence de Serge Gainsbourg qui joue un musicien poète et chasseur de papillons et qui signe la bande originale de cette curiosité.Un détail également en rapport avec la personnalité de Michel Simon qui collectionner les revues érotiques et pornographiques(Son fils à a retrouver plus de 100.0000 dans sa maison en Suisse).C’est vrai que dans sa vie d’homme il a fréquenté énormément de prostitués puis il à vécut un temps avec sa guenon « Zaza »qu’il chérissait beaucoup.
à Rouxel: je crois que la guenon Zaza n’a rien à voir avec la collectionnite pornographique de Simon?
Sinon, vous savez que plus que les revues c’est surtout les objets et bibelots qu’il collectionnait.
Maintenant je n’ai pas compris celà: « Il me semble que Poitrenaud à tourner dans « Un dimanche à la campagne »de Bertrand après avoir commencé sa carrière de réalisateur en pleine nouvelle vague. »
Rouxel: Poitrenaud a tourné dans UN DIMANCHE… c’est un passé-composé! pas « à tourner »!!! Il a tenu un petit rôle ok c’est bon j’ai pigé! damned!
A BT : Erreur, ce n’est pas Olivier Dazat qui traite Rappeneau de tâcheron, c’est Richard Millet, lors d’un débat auquel participe Dazat. Il emploi le mot au sujet de CYRANO DE BERGERAC (à 46mn) et je suis bien obligé d’être d’accord devant la pesanteur et l’académisme d’un pareil film, cependant rattrapé par une belle fin, il est vrai. Vraiment surévalué mais ça a failli être pire quand on annonçait Belmondo dans le rôle. Pour les autres films de Rappeneau, le mot n’est pas très bien placé. Vidéo dans laquelle on traite aussi José Dayan de bulldozer, sans rapport avec sa silhouette, ces messieurs ont quand même un minimum d’éducation. En tout cas Dazat et Millet ont des opinions, c’est le moins qu’on puisse dire. Bien des fois j’ai imploré les cieux pour la renaissance de la revue Cinématographe. Enfin bref.
Voici le lien de la vidéo, mais il me semble que quelqu’un l’avait déjà proposé sur ce blog.
https://www.youtube.com/watch?v=M6_HNSSfPc0
A Guy Gadebois
On peut, ce n’est pas mon cas, trouver CYRANO académique (mot qu’on utilise comme le faisait remarquer Chabrol dès qu’il y a des costumes, des torches, des bougies) contrepartie méprisante du soin apporté aux décors, aux costumes, aux coupes dans la pièce. Et Anne Brochet était une Roxanne miraculeuse, à l’aide dans les vers, leur donnant une délicatesse rare. Et Depardieu était étonnant de légèreté…J’ai vu d’autres très grand Cyrano, Daniel Sorano et surtout michel Vuillermoz mais lui se situe dans le peloton de tête…C’est la pièce qui ne vous touche pas sauf à la fin. Les traitement de ces dernières scènes est trop proche du reste. Il y a une unité de ton. C’est sans doute une des meilleures adaptations de l’Acte 2
Dire de l’académisme qu’il est un classicisme dénué d’invention est-elle une bonne définition ?
1)la confusion académisme/classicisme fait tjs autant de ravages ( une victime parmi d’autres: le très beau et très juste Queen and country de J Boorman qui renoue à mon avis et avec les beautés évanescentes de Hope and glory et avec un certain esprit britannique fait d’humour farcesque et de pudeur)
2)R Millet malgré un vrai grand roman ( le très faulknérien La gloire des Pythres) est un personnage aux vues souvent douteuses à commencer par son éloge provocateur du tueur de masse sudéois des attentats de 2011 et par ses positions ignobles que m’avaient racontées D Daeninckx lors d’une rencontre concernant les massacres au Liban ( Millet parlait de massacres nécessaires et de manière cryptofasciste vantait les exactions de Sabra et Chatila).Difficile pour moi de l’écouter comme un oracle…d’autant plus que ses argumentss ont faibles voire inexistants concernant Rappeneau et son Cyrano.
L’acteur français Louis Jourdan vient de nous quitter à 93 ans. Une longue vie et une carrière qui démarra il y a si longtemps, en 1939, que peu de gens hélas aujourd’hui savent qui il est ou le croyaient déjà mort depuis longtemps. On l’évoque peu à la télé française aujourd’hui. Certes il était très beau et n’aurait sans doute pas fait cette belle carrière sans cela, mais pas seulement. Une carrière démarrée comme jeune premier au tout début de la guerre où il côtoyait Raimu, Gaby Morlay, Danielle Darrieux, Micheline Presle (sa fiancée de l’époque), Odette Joyeux, et puis ensuite le départ pour Hollywood, les rôles de « French Lover », la vie à Beverly Hills, et quelques retours nostalgiques en France de temps en temps pour finalement toujours être happé vers la Californie, sa terre d’exil où il s’est éteint samedi dernier. Il se faisait remarquer dans « Le procès Paradine » d’Hitchcock même s’il n’était qu’un second rôle entre la vedette Gregory Peck et le « monstre » Charles Laughton. Louis Jourdan a tourné des films d’aventure oubliés aujourd’hui, une comédie sympathique de Becker en France (« Rue de l’estrapade » avec Anne Vernon où il éclipsait Daniel Gélin), des comédies musicales comme « Gigi », des films plus ambitieux aussi tels « Lettre d’une inconnue » et « Madame Bovary ». Et il restera un honorable Edmond Dantès dans l’adaptation d’Autant-Lara. Une belle carrière en somme pour un bel acteur qui avait aussi le talent, qui a continué ensuite plus discrètement sa carrière, devenant quand même le comte Dracula à la télé ou quelques personnages de méchants élégants dans un James Bond, un bon épisode de « Columbo » ou le film d’épouvante « The Swamp Thing ». Il s’est retiré élégamment à 70 ans après un divertissement honorable qui n’est même pas sorti en France (« Year of the Comet » de Peter Yates), ne sortant de sa discrétion que pour accepter un hommage tardif de la France qui lui décernait la Légion d’honneur en 2010. Les cinéphiles ne l’oublieront pas.
A Manu
Il était parfois raide à force de jouer les charmeurs. Pas dans le sublime LETTRE D’UNE INCONNUE où il est magnifique, ni même dans GIGI qui édulcore Colette plus que Jacqueline Audry. Vous oubliez le très beau OISEAU DE PARADIS de Delmer Daves. Il était marrant dans LES VIERGES DE ROMES où il regardait Mucius Scaevola en train de mettre sa main dans les flammes et commentait sobrement : « absurde mais rare ».
A B. Tavernier,
Merci de votre réponse. Je n’ai pas vu les deux derniers films que vous mentionnez, ils ne semblent d’ailleurs pas disponibles en DVD en France. Louis Jourdan avait tourné aussi dans un premier film très sombre, « Leviathan » de Leonard Keigel d’après un roman de Julien Green. Il comptait sans doute sur ce film pour changer d’emploi mais il n’a pas tellement marché je crois. A cette époque où Jourdan était encore une vedette, en 1961, il évoquait dans une longue interview ses débuts, sa carrière américaine et la Nouvelle Vague avec lucidité et franchise : http://www.monsieur.louisjourdan.net/cinerevue61.htm
Il avait beaucoup de classe et d’élégance, c’est dommage qu’il n’ait pas davantage tourné en France, lui qui semblait conserver dans son cœur ses racines provençales.
Le film « Lettre d’une inconnue » est passé sur Arte le 12 janvier dernier. C’est la première fois que je le voyais. Il est très émouvant et visuellement magnifique. Louis Jourdan est excellent.
Si TF1 lui rend hommage,il pourrait re-diffuser un excellent épisode de la série « Colombo »qui date des années 70 ou Louis Jourdan excelle dans la prestance et l’élégance.
Louis Jourdan jouait dans deux comédies musicales « Gigi » de Vincente Minnelli et « Cancan » de Walter Lang. Je préfère « Cancan » pour trois raisons : il y a davantage de chorégraphies, la musique de Cole Porter est meilleure, et puis Frank Sinatra, « The Voice » pousse la goualante. Chapeau bien sûr à Louis Jourdan, car c’est sa voix à lui qu’on entend quand il chante.
http://dede1949.blogspot.fr/2014/12/cest-la-comedie-musicale.html
http://dede1949.blogspot.fr/2015/02/il-etait-une-voix.html
Comme là souligner Bertrand récemment »Le café du cadran »est remarquable dans la mise en scène et la description fine des personnages.Bernard Blier était un trés bon acteur plein d’empathie dans le jeu,il dégage une émotion intense dans cette histoire qui est une forme de huis-clos.Peu de plans en exterieur,en revanche il y a une séquence amusante au début du film quand les deux personnages principaux(Julien et sa femme)déjeunent dans la cuisine.Au début de la scène j’ai remarqué sur la table que la bouteille de vin était pleine alors quand Victor le barman vient débarassez elle est presque vide.Quelle descente ce patron de bar!!!Toujours chez René Chateau »Le signal rouge » réalisé par Ernest Neubach m’a un peu déçu pour le coté statique de Von stroheim mais surtout la qualité de la copie qui n’est pas bonne du tout.
A Rouxel
Oui la copie est médiocre et le film est complètement zozo.
Pour B.T. Vous qui avez écrit sur John Ford et bien d’autres cinéastes prestigieux, j’espère que le premier couplet de ma petite chansonnette vous amusera un peu.
http://dede1949.blogspot.fr/2015/02/son-imagination.html
« Son imagination » sur Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=jmHJYrsdJ-4
C’est pas demain la veille que je serai embauché comme monteur !
Quelqu’un à t-il vu »Noose » de Gréville puis »Ce sacré grand-père »réalisé par Jacques Poitrenaud avec Michel Simon dans un de ses dernier role au cinéma?
A ROUXEL
J’en ai parlé dans 3 chroniques. S’il vous plait vérifiez avant de poser une question comme celle là:
NOOSE est typique du talent si personnel de Gréville et on a pu comparer sa description de Soho avec celle des FORBANS DE LA NUIT qu’il précède de deux ans : mêmes trafics, mêmes escroqueries qui débouchent sur la violence et le crime. Joseph Calleia pourrait être un cousin italien (il était maltais) de Herbert Lom et le monde du catch renvoie aux boxeurs de NOOSE. La comparaison s’arrête, car Gréville choisit parfois un ton curieusement léger (Carole Landis, extrêmement bien photographiée, perd sans cesse ses chaussures) qui désamorce la continuité de la tension, avec des gags plus ou moins bienvenus, un style de jeu parfois spectaculairement théâtral (Calleia, qui en fait des tonnes, est épatant et Nigel Patrick, extraordinaire, vole le film) ; il y a aussi des plans de violence admirablement cadrés (le meurtre d’une jeune femme dans une salle de boxe), des idées visuelles surprenantes, des ellipses fulgurantes, des cadrages audacieux (Calleia parlant au terrible barbier qui lui sert de bourreau dans un escalier ; Annie réalisant qu’elle est en danger de mort : elle est filmée en contre plongée et au dessus d’elle, on voit des carreaux polis, cadrage qui évoque le Powell de THE SMALL BACK ROOM). Mais ce qui me touche, ce sont ces plans, ces scènes sur des jeunes femmes comme ce moment en apparence inutile où la belle Ruth Nixon entre dans le night club pendant qu’Olive Lucius chante une chanson en français : une jeune fille se maquille, des serveurs se reposent, une femme de ménage frotte le sol et un meurtre va avoir lieu que Gréville traduit par une étole qui glisse sur le sol.
Découvert hier soir un film de 1938 réalisé par Anthony Asquith »Pygmalion »qui m’a franchement déçu sur le plan de la mise en scène.Pourtant l’adaptation est signée Bernard Shaw mais Asquith traine les pieds puis le film est à mon humble avis trop bavard.Certaines séquences sont un peu pompeuses est inutiles .Je déconseille également à tous »SOS Narahnia »de Georges Rouquier.Là c’est la médiocrité totale à l’état pur avec un casting hallucinant(Jean Marais torse nue qui montre ses pectoraux et son teint halé,Daniel Ivernel qui cabotine comme un vieux cheval puis des acteurs espagnol ou argentin mal doublés). »Farrebique »et »Biquefarre »sont surement les seuls bons films que l’on peut garder de cet artisan du cinéma.
A ROUXEL
Artisan du cinéma ? Rouquier ? Quel mot impropre à un cinéaste aussi inclassable que lui ! FARREBIQUE est certainement ce qui a été fait de plus beau, de plus poétique et de plus humain sur la vie paysanne d’après guerre. Unique en son genre du fait qu’il se soit démarqué du néo-réalisme et qu’il ait poétisé, parfois de manière surnaturelle, des images par essence naturalistes. Becker considérait ce film comme une avant garde absolue, devant Citizen Kane, et Prévert a déclaré qu’il s’agissait du plus beau film qu’il lui ait été donné de voir. Cette poésie est absente de BIQUEFARRE, mais le film mesurait la distance entre deux époques, où la nature était soudain devenue dangereuse, notamment avec cette scène où le jeune agriculteur manquait de s’intoxiquer en se renversant un sac de pesticide sur la tête. FARREBIQUE nous montrait des hommes et des femmes pour qui la nature et la religion étaient vécues selon la foi, tandis que dans BIQUEFARRE tout devenait loi, contrainte et obligation. Avec en arrière plan la menace pour les jeunes de devoir quitter la terre pour la ville.
Les fictions de Rouquier jouées par des comédiens sont des tentatives de privilégier le documentaire à l’intérieur de la fiction, et je me rappelle avoir lu qu’au sujet de SOS NORONHA (et pas Narahnia) Truffaut écrivait que Rouquier s’intéressait davantage à la matière et à l’authenticité des gestes qu’à ses personnages, ce qui est vrai. Le film est raté, autant que l’était SANG ET LUMIERE avec Daniel Gelin. Mais ces deux faux pas dans la fiction commerciale ne vous permettent pas d’employer à l’égard d’un cinéaste de cette envergure un terme qu’on appliquerait à Norbert Carbonnaux. Allons quoi ! Revoyez les films, et lisez le livre très documenté que lui a consacré Dominique Auzel. Ainsi que GEORGES ROUQUIER OU LA BELLE OUVRAGE, excellent documentaire dans lequel Jacques Demy exprime toute l’admiration qu’il a pour ce cinéaste.
A Guy Gadebois
Et vous oubliez l’étrange LOURDES dont j’ai parlé ici
Pourquoi cette férocité voire cette forme d’agréssivité dans vos lignes.Je reconnais les qualités visuelles et le contenu riche de »Farrebique »et de « Biquefarre ».J’affirmais que le film avec Marais et Ivernel était médiocre.Je sens à travers vos propos que vous etes constamment sur la défensive par peur d’etre en manque d’argument afin de vouloir etre un maitre à pensée de l’objectivité et de la connaissance infuse sur le cinéma.Je ne lis pas souvent sur ce blog des commentaires sur le ciméma asiatique,africain ou des pays d’Amérique latine.Vous mettez trop en avant le cinéma venu des Etats-unis,d’Europe(France,Angleterre,….).Ensuite je reconnais que je devrais faire des retours en arrière concernant certains films que je vois et qui ont été chroniqués par Bertrand.
A rouxel : Fraternel élan d’enthousiasme, aucune méprise.
à Rouxel: je ne décèle pas vraiment de l’agressivité dans la réaction de GG, quand on attaque un cinéaste que vous aimez on bondit c’est normal… je regrette juste l’appel à Becker, Prévert et Demy au lieu de se démerder tout seul. Quant au côté « attention y’a un nouveau sheriff en ville » on me l’a reproché à moi aussi alors (qqn qui a disparu de ce blog… a priori)… Attention on a parlé du cinéma asiatique, le cinéma coréen (du sud, au nord ils ont autre chose à foutre les pauvres) et japonais et chinois ont étés souvent débattus dans les pages de Bertrand ET dans les commentaires (utilisez la barre de recherche qui malheureusement ne va pas vous trouver les résultats dans les commentaires des bloggeurs, étant donné le succès de ce blog il me semble que la technique ne suit pas), oui c’est vrai ça, le webmaster ne pourrait-il faire rentrer aussi les résultats des commentaires? Ce qu’il faudrait c’est un index tableur de tous les titres et noms cités partout, bonjour le boulot, y’a-t’il un retraité qui a rien à foutre qui m’entend? STOP.
Rouquier est certes atypique mais c’est un nom important dans le cinéma français d’après guerre et pour le sujet traité et pour la manière dont il le traite.
Le monde paysan est un sujet important et sa transformation non un épiphénomène mais bien une révolution copernicienne qui risque-a déjà!- fort d’avoir de lourdes conséquences et sur la campagne et sur ceux qu’elle nourrit.
Rouquier accomplit un travail exemplaire dans Farrebique car il dépasse le simple constat pour atteindre aussi l’inconscient de ce monde en train de disparaître.
Seuls l’exemplaire trilogie de Depardon et le méconnu film italien de Michelangelo Frammartino Le quattro volte (avec sa métempsychose drôlatique qui montre comment tout se transforme ) me semblent approcher la richesse des films paysans de Rouquier.
Je n’ai toujours pu revoir son Lourdes mais en garde un beau souvenir: un regard oblique-ni apologue ni brûlot- sur un « monde en soi » avec ses règles étranges.
Rouquier-dans ses oeuvres personnelles, oublions le reste-fait peut-être partie de la catégorie des francs tireurs du cinéma français, des inclassables travaillés par une vision poétique difficile à transmettre auprès d’autres créateurs.
Franju, Marker à leur manière sont d’autres poètes énigmatiques et précieux.
A ballantrae, sur le monde paysan, outre ceux que vous venez de citer, n’oublions pas non plus l’admirable L’ARBRE AUX SABOTS d’Olmi…
J’ai bien pensé à l’admirable film d’Olmi (mais aussi Comrades de Bill Douglas, Days of heaven de Malick et son modèle City girl de Murnau,Grapes of wrath de Ford et sûrement d’autres grands films) mais ils n’entrent pas dans la même perspective de reconstitution ou idéalisation, chez Rouquier,Depardon,Frammartino sont des films qui enregistrent hic et nunc la transformation d’un monde.
A Ballantrae
Et il y a des films de fiction passionnants : GOUPI mais aussi LA FERME DU PENDU et l’oublié LA TERRE QUI MEUR (sur le site des amis de René Bazin)
Et parfois la frontière fiction-documentaire semble mince à l’écran : les dialogues par exemple me paraissent beaucoup plus naturels chez Olmi ou même le GOUPI de Becker (fictions) ainsi que chez Depardon (film documentaire) que chez Rouquier où les « acteurs » semblent vraiment réciter un texte (dans FARREBIQUE et surtout BIQUEFARRE) ce qui m’a quelque peu dérangé lors de la vision de ces films. Même si Rouquier enregistre effectivement la transformation d’un monde, on dirait qu’il n’a pas su vraiment choisir entre fiction et documentaire, ce qui pour moi constitue une petite limite à son propos…
Bien sûr Goupi mains rouges est absolument formidable et porte déjà toute l’ampleur du cinéma de Becker sur un sujet assez casse figure surtout si on tient compte de sa date de sortie-1943- où il n’était pas forcément de bon ton de casser l’idylle d’un retour à la terre et ses valeurs avec cette férocité.
Tout aussi admirable pour ses audaces que Le corbeau à mon sens.
A Balantrae:
A propos du cinéma documentaire chroniquant une vie rurale en train de disparaitre, il y a aussi un film que j’aimerais bien voir, et dont je n’ai appris l’existence que récemment, en lisant une chronique sur le site canadien DVD Beaver: il s’agit du COUSIN JULES, sorti en 1972 et réalisé par Dominique Benicheti, et qui relate sur plusieurs années (le tournage a duré cinq ans) l’existence d’un vieux forgeron bourguignon et de son épouse (qui décédera en cours de tournage). Le film est tourné en Scope et la photo et de Pierre-William Glenn, il est sorti en Blu-Ray aux USA par l’éditeur Cinema Guild à partir d’une copie restaurée. La Cinémathèque l’a projeté en 2013, et Carlotta va le sortir en salles en avril.
s’il faut donner un coup de neuf aux termes inusités, disons alors que ce Dazat est un fat.
Mais c’est quoi ces préjugés de brahmane vis à vis des artisans? Je n’aime pas la connotation péjorative que l’on colle souvent au mot « artisan » en parlant d’art (le plus méprisant étant ironiquement « honnête artisan », notre monde manque pourtant si cruellement d’honnêteté, y compris dans le domaine de l’art…) Rouquier je crois aurait apprecié d’être nommé artisan, lui qui les a filmés avec attention et amour (par exemple dans son premier court métrage LE TONNELIER). Et d’accord avec Damien D. au sujet de L’ARBRE AUX SABOTS, pour moi un des plus beaux films qui soient.
A Mathieu
L’honneté fait défaut et aussi les artisans à commencer par les artisans honnêtes. Le fait que ce mot magnifique, dans lequel il y a ART, soit connoté négativement donne la mesure d’une époque ou le jetable prime sur le durable, la mode sur la durée
Mais qui a critiqué Olmi?Ou les honnêtes artisans?
Pas moi en tout cas car j’adore bon nombre de ses films y compris le très mal distribué Le métier des armes sur l’avènement de la guerre moderne dans l’Italie renaissante ou encore La légende du saint buveur, A la poursuite de l’étoile ou encore Longue vie à la signora (très fellinien) sans oublier des films plus anciens comme Le temps s’est arrêté et Il posto.
Cinéma apparemment humble mais dans l’essentiel et d’une rare variété.
Un cousin des Tavianis issu de Bergame.
Personne ne méprise les tonneliers ni les techniciens chauffagistes, et rendons grâce au cinéma d’avoir élargi la définition de certains mots. Personnellement j’aime bien le mot « tâcheron », tombé en désuétude, mais qu’Olivier Dazat emploi encore à l’égard de Jean-Paul Rappeneau. Alors que fait-on ? On garde les mots ou il faut réécrire tous les dictionnaires en novlangue au cas ou quelque admirateur de Guy Lefranc nous manifeste son courroux ?
A Guy Gadebois
Rappeneau ? Tacheron ? Il me semble que là, le mot est employé n’importe comment, ce qui fait douter de la lucidité de sa vision
Quoi? JP Rappeneau un tâcheron, on ange dans le n’importe quoi!
L’auteur rare, perfectionniste de La vie de Château, Les mariés de l’an 2, Le sauvage ou Cyrano est plutôt un orfèvre…
Qui le qualifie ainsi?
Est ce encore la signature des cahiekuptibles????N’importe quoi…
Quoi? JP Rappeneau un tâcheron, on nage dans le n’importe quoi!
L’auteur rare, perfectionniste de La vie de Château, Les mariés de l’an 2, Le sauvage ou Cyrano est plutôt un orfèvre…
Qui le qualifie ainsi?
Est ce encore la signature des cahiekuptibles????N’importe quoi…
Le mot « tâcheron » est détestable, je n’aime pas le voir employer péjorativement (surtout par ces cinéphiles qui adorent détester films et cinéastes au lieu de s’attacher à ce qu’ils aiment). Son glissement péjoratif est inexplicable, il s’agit par exemple d’un ouvrier qui vient couper les feuilles des vignes qui cachent le soleil aux raisins, travail délicat et précis. On est passé dans le glissement, d’une « personne travaillant avec application à « personne effectuant des besognes de commande sans grande intelligence » (1904), le mépris bourgeois, le complexe de supériorité propre à la classe bourgeoise au début du 20ème semble être à la source du glissement. D’ailleurs, tous les termes péjoratifs sont fortement douteux quant à la qualité de ceux qui les emploient, sauf « con », bien sûr! qui n’a QUE un sens péjoratif…
A propos de Duvivier (et de bien d’autres…) je souligne pour celles et ceux qui ne le connaissent pas le très beau blog ANN HARDING’S TREASURES où des centaines de films muets parfois introuvables sont commentés avec soin de Albert Capellani à William S. Hart en passant par Jean Grémillon et Jack Conway…
http://annhardingstreasures.blogspot.fr/
En ce qui concerne Duvivier on trouvera notamment des articles sur LE MYSTÈRE DE LA TOUR EIFFEL, LE REFLET DE CLAUDE MERCOEUR, LA DIVINE CROISIÈRE, L’HOMME À L’HISPANO, LE TOURBILLON DE PARIS et MAMAN COLIBRI…
Bien avant »Exodus », »Gladiator », »Spartacus »ou »Ben Hur »le cinéma hollywoodien s’est toujours interessez à la mythologie grèque ou romaine.Melvin Leroy réalise en 1951″Quo Vadis »qui est à mon avis un monument parmi les péplums.Outre la distribution irréprochable surtout le personnage de Peter Ustinov dans le role de Néron,Robert Taylor s’en tire pas mal du tout ainsi que Déborah Keer.La mise en scène est flamboyante de début à la fin avec une photographie soignée et une musique sans défaut signée par Miklos Rosza.
à Bertrand: vous vous trouviez sans doute un peu désoeuvré que vous avez décidé de présenter 6 des polars du cycle Arte qui démarre le 9 mars!
http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere/2015/02/08/printemps-du-polar-sur-arte/
A Martin Brady
C’est parce qu’ils ont acheté L 627 et m’ont demandé de le présenter. Du coup, pour ne pas faire perso, j’ai présenté les autres. J’en profite pour recommander chaudement plusieurs documentaires : LA COUR DE BABEL, perçant, chaleureux, OF MEN AND WAR, puissant, remuant, incontournable,, un témoignage capital et quel respect dans la façon de filmer. Comme chez Julie Bertucelli, LES CHÈVRES DE MA MÈRE, magnifique, poignant, disant des choses essentielles. Et je dois voir PRO PATRIA et le Colline Serreau
Je comprends Bertrand, vous étiez bien forcé, quoi!!! et bravo! je crois que je n’ai jamais vu POUR TOI J AI TUE/CRISS CROSS cité 6 ou 7 fois dans 50, et ma dernière vision de L627 est lointaine il est temps de rafraîchir, CLASSE TOUS RISQUES est exemplaire comme chacun sait(film que le guide Maltin juge « trop lent », seigneur! était-il à jeun en écrivant ça le rédacteur?) et content de revoir encore QUAI DES ORFEVRES… Mais qui connaît la série anglaise PEAKY BLINDERS elle a dû m’échapper, et surtout MOUSSON ROUGE (et pas « moisson »!) un thriller indien? ça m’intrigue… merci de vos avis.
A Martin Brady. Je ne connais pas le film indien, mais CRISS CROSS, outre le fait d’être un grand Siodmak, c’est quand-même le film dans lequel Yvonne De Carlo est la plus belle.
à Sullivan: merci je vais pas le louper, sinon je viens de revoir LA FEMME A ABATTRE de Walsh, Ted DeCorsia en gros dur de caïd est formidable, je ne résiste pas au plaisir anglophone de vous citer ses quelques lignes quand il prend un rv avec Bogart au téléphone, en conclusion:
« And listen: no cops no guns no tricks!
If you’re smart, you can be a hero…
If you’re dumb… you can be dead! »
ça c’est du polar!
Tiens! polar encore: le dvd de BAS LES MASQUES va enfin sortir en mai (merci Dvdclassik pour l’info), avec Martin Gabel en truand, Gabel dont le dvd de son film comme réalisateur est en train de sortir: THE LOST MOMENT, sur lequel on peut lire trente lignes dans 50 qui donnent drôlement envie. Le dvd annonce « Gable » sur la pochette, les malappris!). Bon, j’arrête.
Oui, très chouette film La femme à abattre ! La scène d’évasion par la fenêtre a été copiée des dizaines de fois depuis …
A Martin Brady et Sullivan
..et ce pauvre Bretaigne continue d’errer dans les limbes de la non-postérité.
C’est par je ne sais quel mystérieux blocage que je viens tardivement à aimer le cinéma d’Almodovar. Les premiers contacts m’avaient fait une impression si mauvaise qu’elle a perduré alors même que je reconnaissais, au fil des films, la maturation progressive de son œuvre. Il n’y a guère que PARLE AVEC ELLE que j’ai aimé de suite. Du coup, je remarquai chez moi le phénomène suivant : bien que j’ai vu à leur sortie (et même apprécié) EN CHAIR ET EN OS, VOLVER et ETREINTES BRISEES, il m’était impossible, avant de les redécouvrir récemment, de mémoriser ce qui s’y passait! Comme si quelque chose en moi avait décidé une bonne fois pour toutes qu’Almodovar était le faiseur surestimé, colleur de « patchwork » bariolés et post-moderne que je voulais voir en lui. Mea culpa.. D’abord, il est un coloriste absolument éblouissant, nous conviant à une orgie invraisemblable et super-inventive de couleurs qui passent leur temps à se télescoper: bariolage audacieux qui cohabite avec le mélodrame aux confins parfois du sordide dans un esprit de fête, qu’elle que soit la gravité des sujets traités. Ensuite, son œuvre est l’avènement du cinéma populaire qu’il manquait à notre époque : généreux, jamais cynique,frémissant, naïf et sarcastique.
Chez Almodovar, un humour salvateur désamorce continuellement ce qui pourrait accabler le spectateur, la farce contrebalance les larmes, Eros nargue Thanatos. Almodovar, c’est l’anti-solennité par excellence..
Sans rapport avec l’actualité mais d’une actualité permanente, INVASION OF THE BODY SNATCHERS, version Philip Kaufman, reste et restera parmi les cinq films de SF les plus impressionnants jamais réalisés. Bien entendu la version de Siegel s’inclue dans les cinq autres.
D’une permanente actualité parce que le sujet est un miroir constant de la société postmoderne dans le sens le plus nihiliste qu’on puisse lui accorder. Ensuite parce que d’un point de vue générationnel le film est un rappel à l’ordre, glissé en plein milieu d’une décennie où le cinéma de science fiction, allié au film catastrophe, détourne le public des préoccupations sociales qui marquent la fin d’un âge d’or. (CF l’état des lieux qu’en fait J.B Thoret.)
Le Body Snatchers version Kaufman rappelle que l’homme a causé bien plus de problème à l’homme que les catastrophes naturelles ou les monstres marins, lesquels sont rendus coupables de tous les maux par le cinéma américain de ces années-là. Contrairement au film de Siegel qui collait davantage à la SF d’après guerre, laquelle décrivait une Amérique incapable d’exister sans ennemis. Ici, l’homme déshumanisé, plongé dans la nuit qui occupe la moitié du métrage, est réduit à lutter contre le sommeil pour rester humain. La métaphore serait puérile si le film trouvait une résolution, mais le sujet, de par sa nature, s’interdit toute porte de sortie.
Des lueurs d’espoir apparaissent ça et là, comme dans un film plus traditionnel où les héros gardent tout de même le contrôle de leur destin, mais chacune de ces lueurs s’éteint l’une après l’autre. C’est en ce sens que le film est si singulier, précisément parce qu’il retourne au désavantage des personnages tout ce qui habituellement vient à leur secours.
Dans une scène, les personnages se cachent pour échapper à leurs poursuivants lorsqu’une lumière clignote quelque part dehors. Le spectateur imagine alors la venue d’une aide extérieure lorsque l’héroïne pousse un crie de terreur, comprenant que la lumière est le signe qu’on les a repérés. Par cette succession d’évènements détournés de leur sens premier, le film nous contraint à voir le danger à travers les signaux qui habituellement nous rassurent et nous plonge dans la même angoisse que les héros.
L’exemple le plus terrifiant où l’espoir est retourné en cauchemar étant certainement la possibilité d’embarquer sur un navire duquel on entend un son de cornemuse, et qui s’avère transporter des cosses végétales pour contaminer le reste du monde. Je ne sais pas si on verse dans la sur-interprétation en imaginant que la cornemuse puisse symboliser l’Irlande, autrement dit le pays des migrants vers lequel revenir pour fuir une Amérique désespérée, mais c’est ce même instrument, dont le son est cette fois-ci voilé, qui accompagne l’épilogue, lorsque Donald Sutherland déambule sans qu’on ne sache encore s’il est ou n’est plus un être humain. Cette condamnation sans appel du genre humain se matérialise par une construction en entonnoir, d’espaces ouverts vers des espaces fermés, du jour vers la nuit, et d’une nuit vers un nouveau jour où le cauchemar est accompli. Quand à la psychiatrie, son sens est tout aussi dévoyé que le reste. Elle est bien plus aliénante que curative, précisément détournée vers le déni de réalité.
Il s’agit par ailleurs d’un des films les plus travaillés d’un point de vue sonore, dans le sens dramatique du terme, et non pour chercher les effets qui intimident l’oreille, comme on le fait un peu trop aujourd’hui. La musique de Danny Zleitin est dans ce sens un exemple de ce qu’une bande originale peut installer comme climat, tout en créant un modèle unique, inimitable. Aussi fondamental que le travail d’Hermann pour PSYCHO. Tous les « clin d’oeil » au film de Siegel sont incorporées sans qu’on ait l’air d’ouvrir et de fermer des parenthèses. Exemple, Kevin McCarthy interpelle les passagers d’une voiture en criant, « ils sont là ! Ils sont là ! » ceci vers le début du film, scène par laquelle se concluait la version de 1956.
Je ne cite pas ce film pour vous raconter ce que je fais de mes soirées télé, mais parce que j’ai le sentiment que le temps ne lui a pas rendu justice, alors qu’il marque une date dans l’histoire de la SF au même titre que 2001. Et il n’est pas si habituel qu’un remake ait autant de valeur que son original. Le deuxième film vient même compléter le premier.
Le DVD MGM/UA tend à devenir rare. Une réédition enrichie de suppléments ne serait pas superflue.
A Guy Gadebois
Vous donnez envie. Bravo
Oui, vous donnez carrément envie de revoir le film. Pour info, il existe une bonne édition Blu Ray parue chez 20th Century Fox en 2011…
en dehors du blu ray il me semble que le dvd zone européenne n’existe pas.
Je m’excuse le dvd existe et j’ai réussit à le trouver sur un site en ligne.Effectivement le cinéma de Kaufman est assez étrange voire climatique.Il y a beaucoup de noirceur et de pessimisme dans ce « Body snatchers ».
5 – 1 = 5 ?????
et ben oui, c’est comme ça : 5-1 = 5 !!! Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes !
A Guy Gadebois
Je reconnais moi-même avoir toujours eu un rapport ambigu à ce film qui m’a souvent paru affecté, pour ne pas dire coquet. Il n’empêche que je me surprends à le revoir à chaque fois qu’il est diffusé, preuve de son pouvoir de fascination. Je l’ai vu pour la première fois il y a une trentaine d’année, non pas en salle, mais dans l’émission « L’Avenir du Futur », précieuse manne cinéphilique, qui faisait suivre la diffusion du film d’un débat plus scientifique que cinématographique comme il était de coutume à l’époque.
On ne peut oublier évidemment la tentative ratée de « profanation » de Donald Sutherland par les saloperies venues d’ailleurs alors qu’il dort sur sa terrasse. Le son, en effet, y fait merveille et les trucages, épatants, confèrent à la scène une impressionnante matérialité. Avant même une nouvelle revision à la lueur de vos stimulants propos, je suis d’ores et déjà d’accord sur un point : voilà un film (mais il y en a tellement d’autres) qui mériterait une édition plus impliquée que le dvd MGM existant, qui fait déjà son âge avec son traitement non anamorphique, plaie de bons nombre de dvd d’il y a dix ans.
Philip Kaufman est un cinéaste souvent passionnant surtout à ses débuts (son western The great Northfield Minnesota raid retourne le mythe des frères James comme un gant bien avant et plus radicalement que L’assassinat de J James par le lâche R Ford/ White dawn est une réflexion complexe sur nature et culture/ Body snatchers un film de SF vraiment terrifiant et bien plus fort que l’original ou les resucées suivantes de A Ferrara, R Rodriguez, etc…/Right stuff une date difficilement dépassable sur le sujet de la conquête spatiale/ L’insoutenable…une belle adaptation d’un roman complexe au charme ineffable).
Henry et June n’était pas pleinement réussi de même que son film sur Sade mais le récent TVfilm sur Hemingway et Gillhorn, avec N Kidman et COwen, était dense, riche et fin.L’un des films les plus intéressants sur le personnage de l’intellectuel américain avec Reds de Beatty et Mrs Parker and the vicious circle de A Rudolph.
Correctif: la journaliste interprétée par N Kidman se nomme Gellhorn.Excusez l’erreur!
A Ballantrae
Tout à fait d’accord sauf que parfois la mise en scène n’était pas à la hauteur du script et des intentions (son western qui manquait de tout sens de l’espace). RIGHT STUFF échappait à ce défaut grace au chef opérateur . Je vais voir le film sur Hemingway
Le roman de Jack Finney à la source des Siegel et Kaufmann est un chef d’oeuvre, j’avais entendu un imbécile de conférencier le taxer de « roman de sf minable ayant inspiré le chef d’oeuvre de Siegel », je trouve plutôt que le Siegel est un bon film d’action avec parfois un sentiment fantastique vraiment réussi qui surgit (l’oncle Ira qui ressemble tant à l’oncle Ira mais n’est pas vraiment l’oncle Ira… la transformation de Dawn Addams, très bonne actrice) pas un chef d’oeuvre mais peu importe. Dans le roman, une scène géniale est soigneusement évitée par toutes les adaptations, dans laquelle le héros surprend une conversation entre les Envahisseurs dont le faux oncle Ira qui font le bilan de leur journée en ricanant…
Ce qui lui rappele un souvenir d’enfance dans laquelle, égaré dans le quartier noir de la ville, il avait surpris une conversation entre un vieux Noir cireur de chaussures, Billy, qui travaillait la journée dans le quartier blanc et donnait à tous du « Salut, colonel, un p’tit coup de cirage? Ah, ça c’est du bon cuir!… », les Blancs du quartier blanc qui se faisaient cirer leurs chaussures par Billy appréciaient cette humilité et cette gaieté et le pourboire était plus gros. Eh bien, figurez-vous que perdu dans le quartier noir, le héros entend de derrière une palissade la voix du vieux Billy parler à un copain: « et je leur balance du « Ah mais ça c’est du bon cuir, M’sieur! » et les deux de ricaner méchamment, c’est exactement le timbre de la voix de Billy mais avec une petite différence comme si ce n’était pas « ce bon vieux Billy ». ça glace le sang, toute l’originalité du chef d’oeuvre de Finney est à aller chercher là, le double de vous c’est vous-même avec une petite différence lourde de conséquences, et encore l’exégèse de ça mène beaucoup plus loin mais ce n’est pas vraiment l’endroit… Les envahisseurs nos doubles ne sont qu’une illustration d’une réflexion sur nous-mêmes, aller nous dire après ça, que le roman de Finney et ses interprétations vertigineuses sont du vil plomb heureusement transformé par le génie d’une adaptation cinéma, c’est se foutre du monde! D’ailleurs, j’ai giflé le conférencier après la projection. Une autre interprétation me semble du pipeau total c’est par rapport au Siegel toujours, la soi-disant parabole que proposerait son film, du danger communiste lié à la guerre froide, d’ailleurs Siegel lui-même niait tout ça.
Je vais revoir le Kaufmann grâce à GG, mais ne reverrai pas je crois le Ferrara, quant au dernier opus INVASION de O Hierschbiegel je l’ai loupé et pas trop tenté étant donné ce que j’en ai entendu! mais lisez ce roman si ce n’est déjà fait! (R Rodriguez? que vient-il faire là).
A Martin-Brady
Vous avez giflé le conférencier ? Vous auriez du lui mettre la tête dans sa cosse..
à AA: content que vous ayez saisi le coeur de mon message, et non c’est moi qui suis sorti de ma cosse
c’est Dana Wynter et pas Dawn Addams dans le Siegel, désolé.
TCM annonce pour Mars le copieux cycle Anthony Asquith que voici :
Carrington V.C
Cottage to let
Evasion
Il importe d’être constant
L’Etranger
L’Homme fatal
L’Ombre d’un homme
La Femme en question
La Rolls-Royce jaune
Le Chemin des étoiles
Lucky Number
M7 ne répond plus
Ordre de tuer
Plongée à l’aube
Pygmalion
Radio libre
Winslow contre le roi
Enfin un cycle excitant même si je connais rien du tout (en tous cas pas de près).
A Alexandre Angel
Ne pas manquer L’OMBRE D’UN HOMME, PYGMALION (pour les acteurs), PLONGEE A L’AUBE (qu’aimait Foprde) et je voudrais voir L’HOMME FATAL, ORDRE DE TUER, EVASION. La femme en question est un peu surfait
A Bertrand
..et vous avez chroniqué ici même THE BROWNING VERSION (L’Ombre d’un homme, donc), PYGMALION, tous deux chez Carlotta, ainsi que LA FEMME EN QUESTION, que vous complimentiez (une petite révision à la baisse ?).
*A Alexandre
Non, c’est juste que ce film est plus cité dans certains livres que L’OMBRE D’UN HOMME
Mais aussi IL IMPORTE D’ETRE CONSTANT, a ne surtout pas comparer avec la lamentable adaptation de 2002, à voir en complément de programme de THE TRIALS OF OSCAR WILDE (TCM ou Paramount Chanel, je ne sais plus) platement réalisé pr Ken Hughes mais somptueusement décoré par Ken Adam, et surtout brillamment dialogué, et génialement interprété par Peter Finch.
L OMBRE D UN HOMME OU THE BROWNING VERSION, c’est pour moi le seul exemple d’un grand film qui a donné un grand remake, j’ai adoré Albert Finney dans la version de Mike Figgis, mais Michael Redgrave est sublime of course, dear. Il me semble que dans le Figgis l’élan de sympathie de l’amant (Matthew Modine) pour le cocu est plus touchant et que je finirais même par trouver l’épouse volage sympathique, un peu sacrifiée comme salope ou superficielle dans le Asquith (ou est-ce le contraire?). Le triangle amoureux est très subtil, ils ont tous leurs raisons: l’infidèlité de l’épouse est basée sur sa déception quant à ce qu’elle avait espéré de son mari, le mari on a vraiment envie de le secouer par les épaules, il n’est pas une victime innocente. Le gamin qui admire ce professeur n’a aucune raison d’aimer ce prof chiant comme la mort, il l’aime parce que c’est comme ça, les enfants fournissent des amitiés incompréhensibles et passionnées par besoin d’amitié sans doute. C’est un quatuor amoureux du coup au lieu d’un triangle. Cette histoire est riche et peut fournir d’autres variations, j’en vois neuf en ajoutant les tv films, dont une signée Frankenheimer (avec John Gielgud as Crocker-Harris!). et comme c’est une pièce au départ (Terence Rattigan), il y a dû y en avoir pas mal aussi des adaptations. C’est le seul mélodrame adulte que je connaisse (non l’un des rares faut pas pousser!), ce genre donne souvent le bras à la puérilité.
A Martin Brady
Plus une très bonne mise en scène de Didier Bezace au théatre de la Commune
le problème c’est que les pièces de théâtre disparaissent pour la plupart, il n’en reste rien parfois une version filmée très austère à regarder… et c’est triste.
J’ai vu mon premier Asquith, IL IMPORTE D’ETRE CONSTANT. On croirait un cauchemar de François Truffaut : « insularisme » british à un point tel qu’on penserait avoir affaire à un pastiche. Tout ici se meut dans un pré carré de distinction surannée et d’attitudes tellement corsetées qu’on craindrait presque qu’un majordome nous demande poliment de prendre la porte faute d’avoir reçu une invitation. Cela dit, j’y ai pris du plaisir. Les couleurs délicieuses de Desmond Dickinson (ainsi que les costumes et les éléments de décor) concourent au charme ainsi que le jeu millimétré des comédiens dont une Joan Greenwood, dans le rôle de Gwendoline, aussi ridiculement précieuse que discrètement sexy, assez fendarde en fait. Le tout, non dénué d’ironie sur ces conventions, fait l’effet d’un sorbet raffiné :froid mais imprégné de parfums exquis.
à Bertrand: pour LA FEMME EN QUESTION vous avez dû évoluer car vous m’aviez donné envie pour ce film en avril 2011 (https://www.tavernier.blog.sacd.fr/documentaires-et-westerns/) toujours paqs vu, d’ailleurs!
à AA: ah tiens! j’ai vu PLONGEE A L AUBE/WE DIVE AT DAWN (dvd anglais avec sta) eh ben c’était pas mal du tout mais pas de la classe de films comme IN WHICH WE SERVE/CEUX QUI SERVENT EN MER ou L HEROIQUE PARADE, deux chefs d’oeuvre absolus que je revoie de tmps en tmps… Mais il ne faut pas le sousestimer et vous pourriez le juger mieux que moi.
A Martin Brady
J’ai écrit cela trop hativement89
« En attendant le bonheur »d’Abdéramahne Sissako est une ode à la liberté,un dépaysement visuel et intense ou l’on suit le chemin d’un père électricien accompagné de son jeune fils.Les points forts du cinéma de Sissako reposent sur trois thèmes:la foi en l’homme face à la nature et aux éléments,l’espérance de vie malgré la déchéance des etres mais surtout l’amour qui habitent tous les personnages de ces films.Il y a une véritable entraide entre personnes faibles et une forme de générosité naturelle et vrai.Ici,pas de postes radio,ni d’écrans de tv et encore moins de téléphones portables qui sonnent mais le sifflement du vent,le bruit des vagues sur les rochers,le sable et la terre rouge qui enluminent les boubous colorés des femmes noires,les danses lascives et les youyous de joie et de bonheur.Sissako est un cinéaste plein d’humilité dans ses images en filmant de façon simple les éléments les plus complexes qui nous entourent et dont on se détourne négligemment.Je conseille à tous de découvrir ses oeuvres qui sont des empreintes du continent Africain.
Il y a un coté prémonitoire puisque »Tumbuktu »à recut un prix aux derniers césars du cinéma français.Plusieurs scènes sont impressionnantes de verité et rejoigne l’actualité de ce fameux « Etat-Islamique »que je n’arrive pas à trouver sur ma vieille carte.Dans une séquence deux islamistes armés de kalachnikov s’approchent d’une marchande de poissons sur un marché de la ville et l’oblige à porter des gants afin de vendre ses produits.Elle refuse catégoriquement et déclame de façon naturelle: »On plus de nous obliger à porter le voile maintenant c’est les gants et demain se sera quoi? ».Le film est toujours en salle et j’invite tous ceux qu’ils l’on pas vu d’aller le découvrir.
et n’a rien reçu à Cannes, par trouille? Jane Campion, cinéaste bien complaisante (je pense à ANGEL AT MY TABLE qui caresse le spectateur un peu trop dans le sens du poil…) a-t’elle failli par tiédeur, ça se dit mais franchement, j’en sais rien.
Malgré son échec commercial puis injustement descendu par une clique de journalistes qui pensent que le cinéma est né durant les années 70″Le sicilien »de Cimino est un film honorable avec de bonnes scènes de bravoure et un contenu assez fort dans le scénario.Evidemment Christophe Lambert et son regard étrange n’était pas le candidat idéal afin d’endosser le personnage de Salvatore Giulanno.Je n’avais pas vu ce film depuis 20 ans mais je pense qu’il à été mal compris par les fans de Cimino qui reste à mon avis un des grands cinéastes des années 70.Le second film est de Jeff Lieberman et sortie en 78″Blue sunshine »est une pure merveille scénaristique.C’est un pamphlet contre la société de consommation et en particulier la musique Disco très en vogue dans ces années là.La scène dans la discothèque est assez hallucinante à citez puis le fond de l’histoire sur ces anciens étudiants d’Harford qui ont pris des acides,dix ans auparavant et sont devenus des monstres à la force décuplées.Je pense que Lieberman continue d’écrire pour la tv ou le cinéma’L’histoire sans fin 3 c’était lui).Je conseille à tous malgré le coté artisanal de découvrir »L’attaque des vers géants »son précedent film mais d’éviter »Survivance »qui est une pale copie de »Délivrance »de Boorman.
A Rouxel
Lorsqu’en Octobre 1987, alors que j’étais encore sous le choc de HEAVEN’S GATE (dont je ne connaissais à l’époque que la version courte)et de YEAR OF THE DRAGON, je tannais mes copains pour qu’ils célèbrent avec moi la sortie du SICILIEN. J’en emmenais un dès le mercredi soir. Et il y eu ce moment terrible, alors qu’un zoom intempestif sur le regard problématique de Cricri, suivi d’un plan de rapace en train de planer, déclenchait l’hilarité de mon camarade : j’ai immédiatement compris ce que cruelle déception voulait dire. Je ne pouvais lui en vouloir. Son rire était justifié.. Comprendre au bout de 20 minutes qu’un film est foiré est cruel pour un jeune passionné de 21 ans encore plein d’illusions sur la notion d’auteur.
Il y a quelques bonnes séquences, sincères (grande qualité de Cimino)et inspirées mais aussi trop de moments ridicules comme les amours de Lambert et Barbara Sukowa et surtout le salut final sur fond de clair de lune genre « Un Cavalier…qui surgit hors de la Nuit » : caramba!!!
Lambert flingue automatiquement un plan dès qu’il y entre dedans, mais pour LE SICILIEN, il faut rappeler qu’il a été imposé à Cimino, lequel souhaitait John Turturo, inconnu à l’époque. Revoir le film qui par ailleurs n’est pas exempt de qualité nous laisse imaginer ce qu’il aurait pu être sans lui.
A Guy Gadebois
Il avait le pouvoir de le refuser. Et le film présente aussi une vision effarante de la Sicile avec ces affiches en anglais dans les plus minuscules bourgades. Plusieurs grands films antérieurs PATTON, THE YAKUZA, évitent ce genre de conneries Et quand on lit dans le livre de Thoret les critiques que Cimino fait à Rosi, notamment sur une Sicile qui ne serait pas rocailleuse, sur la manière dont il a représenté de manière fausse Giuliano (qu’on ne voit jamais vraiment, qu’on devine sans pouvoir lire son age), on se demande si derrière ces propos arrogants, il a vu le film, l’a compris, s’il a la moindre connaissance du pays et de l’époque
J’essaie toujours de défendre Cimino mais il est vrai que ses propos sur le Rosi masquent mal un aveu indirect d’échec: le Salvatore Giuliano de Rosi est amplement supérieur au sien qui voulait aller vers l’opéra via Visconti et réussit au final à sombrer dans la grandiloquence.
Mais l’enchaînement entre ses quatre premiers films est un sans faute artistique de haut vol, je n’en démords sans verser dans l’idolatrie de JB Thoret car les trois derniers ne possèdent que des beautés disons très éparses.
Pas entièrement d’accord avec vous Bertrand au sujet de votre appréciation de Joseph Cotten et Shelley Winters dans le bonus de UNTAMED FRONTIER. Ils sont bien plus que des « acteurs d’appoint », qui grimpaient parfois en haut de l’affiche dans des séries B aux budgets serrés. Je trouve au contraire que Cotten à souvent été sous employé, et pire encore en Europe dans les années 60-70, mais lorsque on l’a mis en vedette ou co-vedette dans SHADOW OF A DOUBT, UNDER CAPRICORN, NIAGARA, THE BOTTOM OF THE BOTTLE… je n’ai jamais eu le sentiment qu’il occupait une place indue. Son charisme dépasse celui d’un Ray Milland ou d’un John Payne et j’ai plus d’une fois été surpris de le voir disparaitre aussi vite dans certains films, me disant « si c’est Cotten, on le reverra sans doute plus tard » comme dans SOYLENT GREEN. Au passage je recommande de voir ou revoir I CRUDELI, remarquable western de Corbucci où Cotten est absolument grandiose.
Quant à Shelley Winters, elle m’a justement paru être le choix idéal dans ce western de Fregonese. Son physique d’anti vamp a toujours fait d’elle la parfaite incarnation de la fille de province en proie à l’étonnement quand un homme s’intéresse à elle, et selon les canons de beauté hollywoodien, il aurait été peu vraisemblable que Scott Brady l’épouse autrement que par intérêt. C’est de Shelley Winters que vient d’ailleurs toute l’ambiguité du personnage, quand elle préfère épouser Brady, on se doute bien que sa position sociale ne la laisse pas indifférente, donnant ainsi le change au personnage qu’elle incarnait dans A PLACE IN THE SUN. Winters est toujours un choix de casting audacieux, ses personnages prennent tout de suite une autre dimension, précisément dans le western où il était bien plus conventionnel d’employer Felicia Farr ou Jean Peters.
J’aime autant la Shelley Winters des dernières années, notamment dans BLOODY MAMA, chef de gang impitoyable, mère abusive, qui défend à coups de mitraillette camembert ses quatre ou cinq fils tous à moitié cinglés. Je ne vois d’ailleurs pas d’équivalent à Shelley Winters aujourd’hui, qui pour moi fut la Anna Magnani d’Hollywood.
Quand à Hugo Fregonese je recommande aussi SEVEN THUNDERS, film sur la résistance, tourné à Marseille. J’ignore en revanche ce que vaut son JACK L’EVENTREUR avec Jack Palance.
… et je rajouterai, incarnant la mère d’Elvis Presley dans ELVIS, probablement le chef d’oeuvre de John Carpenter. Que ceux qui ne l’ont pas vu se le procurent sans tarder.
J’ai acheté récemment le Blu-ray du dernier film de Tommy Lee Jones The Homesman et suis sorti de sa vision complètement bouleversé. Quelle âpre description de l’Amérique !on est loin du coup,des tableaux idylliques dépeints par John Ford,celle des femmes fortes et fidèles,socles de la famille,travailleuses et dévouées,qui regardent partir leurs cowboy de maris sur fond de ciel pommelé,femmes admirables de dignité. Rien de tout cela dans le dernier western de Tommy Lee Jones.
Ici les femmes de pionniers sont sacrifiées aux dures lois de la conquête des terres.Les hommes ne les respectent guère,les traitant souvent comme des domestiques,et l’amour qu’elles seraient en droit d’attendre,y est inexistant. Du coup,abandonnées à elles mêmes,elles sombrent dans la folie,n’attendant plus rien de la vie.
Tommy Lee Jones filment le destin tragique de trois femmes ayant perdu la raison,et confiées à Mary Bee Cuddy,une pionnière forte et indépendante.magnifique interprétation de Hilary Swank qui irradie de sa présence tout le film . Scénario incroyable encore jamais traité avec autant de justesse dans un western.
Et que dire de la photographie. Sublime à tout point de vue. La nature y est magnifiée à travers les grandes étendues du Nebraska.
Grand moment de cinéma.
AEscudié Philippe
Je suis entièrement d’accord mais ne réduisez pas les femmes de Ford à ce cliché. Il y en a qu’on sent frustrée, essayant de faire bonne figure (dans la PRISONNIÈRE DU DÉSERT) ou quiu accomplissent coute que coute leur devoir
Il y a aussi Chihuahua de MY DARLING qui est le contraire de tout ça.
à Escudié Philippe: « des tableaux idylliques dépeints par John Ford,celle des femmes fortes et fidèles,socles de la famille,travailleuses et dévouées,qui regardent partir leurs cowboy de maris sur fond de ciel pommelé,femmes admirables de dignité. » cette description des femmes fordiennes est juste sauf pour le « idyllique », dans la réalité les femmes de l’Ouest ont fait preuve d’un courage extraordinaire, ce n’est pas que chez Ford. Mais pourquoi Ford doit-il toujours servir de repoussoir, ne peut-on défendre un film avec les qualités du même film, plutôt qu’avec les défauts prétendus d’autres films?
je suis en plein milieu de la lecture du bouquin conseillé par Bertrand de Glenn Frankel sur le cadre historique et romanesque de SEARCHERS ben j’aime mieux vous dire qu’il en ressort que votre citation n’est pas que celle d’un cetain romanesque idyllique, les femmes de l’Ouest moi je suis d’accord pour les qualités de force et de dignité ci-dessus! Quand on lit les histoires de Rachel Plummer ou de Cynthia Ann Parker, on sent que Ford aurait pu les glorifier encore plus, les femmes! Au fait, merci Bertrand d’avoir conseillé ce bouquin magistral, j’y ai appris plein de trucs, à part le sujet principal qui est comment s’est formé la mythologie de la captivité, lié au puritanisme blanc entre autres. et l’histoire de Quanah Parker… incroyable et pleine de surprise, ça aurait dû faire un film pour Altman! et comment les Comanches exploitent le corps du bison tué, pas de gaspillage! c’était là dedans: https://www.tavernier.blog.sacd.fr/lectures/
J’ai revu sur grand écran »Duel dans le Pacifique »de John Boorman,c’est un film de haute tension nerveuse entre un soldat « américain »et un japonais.Tout d’abord il faut signaler que Boorman à toujours filmer de façon concise des paysages,la végétation,les éléments qui se déchainent puis des etres humains pris dans la tourmente avec leurs points faibles(violences,vengeances,avoir le dessus sur la nature…).La force du film vient de l’affrontement entre deux acteurs hors-normes(Lee Marvin et Toshiro Mifune)qui veulent prendre le dessus sur l’un en ayant un comportement vicieux envers l’autre.La musique de Lalo Schifrin apporte une tension supplémentaire à l’oeuvre et donne à l’ensemble un film à revoir.
Sur une page précédente je me suis fait mordre les mollets en exprimant la relative déception que m’inspirait l’oeuvre de J. Frankenheimer, en particulier SECONDS, qui trouve de vifs défenseurs sur le très recommandable blog DVDClassik, autant que sur celui-ci. Je m’étais exprimé depuis un vieux souvenir, mais il est rare d’éprouver un sentiment identique en revoyant un film à dix ou quinze ans de distance. Une lecture plus fraiche m’a permis de comprendre ce qui cloche dans ce film. Tout vient du scénario de L. J. Carlino, à moins que le film ait souffert au montage, ce dont je doute, vu que le même Carlino fut responsable des faiblesses du BROTHERHOOD de Martin Ritt, et de THE MECHANIC, un des films les plus intéressant de Michael Winner. Scénariste qui n’a d’ailleurs pas plus brillé quand il est passé à la mise en scène. Après une demi-heure intrigante, le film ne tient plus ses promesses du fait que la double vie de Rock Hudson soit insuffisamment exploitée. Son histoire avec la fille ne débouche sur rien et la résolution du conflit intérieur du personnage arrive beaucoup trop rapidement. Sans être complètement inutile l’orgie est un moment trop long qui ne semble se justifier que par une incapacité à donner de la chair au sujet passé le cap de la transformation physique, de cette vie d’emprunt à propos de laquelle on espérait d’autres péripéties ou d’autres conflits. Comme si on ne savait plus quoi faire du personnage désormais glissé dans la peau d’un autre. Hudson m’a paru moins mou que dans mon souvenir mais Charlton Heston aurait donné plus de nerf au personnage, sans imaginer Kirk Douglas auquel Frankenheimer avait d’abord pensé. Cette vacuité, cette sensation qu’on tourne tout le temps autour du puits sans ne jamais en tirer de l’eau ne fait qu’attirer davantage l’attention sur une mise en scène à effets.
J’ai aussi été intrigué par la symbolique maçonnique du film, l’oeil du générique, le damier de la scène de meurtre, symbolique qu’on retrouve de manière aussi explicite dans d’autres films surnaturels de la même période, EYE OF THE DEVIL, THE HAUNTTING, THE INNOCENT, que rien ne relie pourtant, pas même leur nationalité. La musique de Godsmith combinée au générique de Maurice Binder est en revanche un moment saisissant.
J’ai relu les appréciations respectives de Frankenheimer et de Lumet dans 50 ans de cinema, et nous sommes d’accord. Passé 1970 vous ne trouvez plus grand chose qui vaille dans la filmographie du premier. Le fond du fond étant sûrement atteint avec Prophecy ! Quoi que vous pensiez ici, Lumet n’a jamais dégringolé aussi bas. Pardonnez mon obstination à les mettre en contraste l’un avec l’autre.
J’ai aussi voulu revoir THE HORSEMEN, qui m’avait paru peu consistant, malgré un scénario, cette fois-ci, signé Dalton Trumbo. Mais à quoi pensait donc Trumbo dans ces années-là en écrivant ce film ou PAPILLON ? Vendait-il désormais comme un label qualité un nom qu’il avait dû si longtemps biffer ?
Cette histoire de tournoi équestre me passionne autant que les courses automobile de Grand prix, malgré une très bonne interprétation d’un Jack Palance d’une inhabituelle sobriété et un Omar Sharif dont je n’ai jamais compris pourquoi vous Bertrand, et Eddy Mitchell le considérez avec autant de mépris. Est ce parce qu’il dut tourner n’importe quoi pour payer ses dettes de jeux qu’il fut discrédité ? En tout cas il n’a pas attendu Les fleurs du Coran pour montrer qu’il est un grand acteur, et je pèse mes mots. Je crois savoir que Philippe Noiret l’estimait.
a Guy Gadebois
D’accord sur l’orgie trop longue et compromise entre fausse audace et censure. Et aussi sur les manques du scénario de Carlino, manques qui sont, il faut le dire, le revers d’une idée passionnante. A partie du moment où vous devez décrire une vie idéale dont un des protagonistes est celui qu’un pourcentage énorme de femmes considèrent comme l’homme idéal (et là le choix se défend : c’est une idole qui va se révéler en vérité une apparence), il est difficile de maintenir un intérêt surtout quand le cinéaste donne son meilleur dans les moments de tension. Mais je continue à trouver la fin du film d’une grande force et d’une audace folle. C’est la destruction absolue du mythe de la Seconde Chance. Frankenheimer a terminé sa carrière sur un chef d’oeuvre, PATH TO WAR, je le repete et ses films de télévisions sont remarquables. Il n’est que de comparer son Wallace avec le pieux et honorable SELMA.
Lumet aussi a fait des film horribles (j’ai un souvenir du RENDEZ VOUS calamiteux et ses premiers films tâtonnaient – HIS KIND OF WOMAN) certains des films qu’il a tourné en Anglketerre sont décevants ou relèvent de ce théatre de boulevard chic comme l’horrible EQUUUS. Frankenheimer lui filme avec une certaine mastria l’obscur texte, parfois splendide de O’Neill. Mais ce jeux me semble tellement vain. Tous deux ont réussi des oeuvres exceptionnelles dans une carrière rendue érratique par diverses pressions (chez Lumet le désir de tourner à tout prix et d’enchainer ainsi le sublime RUNNING ON EMPTY avec DANIEL beaucoup plus inégal et discutable)
A Guy Gadebois
Oui, on a été parfois injuste avec Omar Scharif qui tournait n’importe quoi et le plus souvent des films nuls (le nadir étant, m’a t il confié, LES PYRAMIDES BLEUES, la seule fois ou il a voulu racheter son contrat). Il est très bon dans LAWRENCE, dans LA NUIT DES GENERAUX
LES PYRAMIDES BLEUES… d’Arielle Dombasle. A quand une édition couplée avec LE JOUR ET LA NUIT pour garnir une pochette Farces et Attrapes ?
Les deux films précités sortirons en meme temps que le prochain « pseudo »recueil de poésie de BHL(écrits par des copains du 16ème en mal d’existence).Surveillez les bacs car le pack va s’arracher dans tous Paris.
Complètement d’accord avec vous Bertrand sur ANGEL HEART d’Alan Parker, qui est en plus très supérieur au roman qui l’inspire ( FALLING ANGEL de William Hjorstberg ). Parker réussit là un film très polanskien ( sorte de croisement de ROSEMARY’S BABY et de CHINATOWN ) avec des thèmes véritablement dérangeants. J’aime beaucoup aussi LA NEUVIÈME PORTE, deuxième incursion de Polanski dans le fantastique satanique, mais il faut bien reconnaître que Parker prend son sujet très au sérieux quand Polanski traite le sien à la manière d’Hergé, avec je trouve moins de bonheur. Peu de films fantastiques aujourd’hui s’aventureraient sur un terrain aussi miné. On n’est en plus pas loin de Tourneur.
à Laurent Vachaud: bon c’est un détail mais j’avais adoré le roman de Hjortsberg à l’époque défendu par JP Manchette, l’un des meilleurs noirs des années 80 (le roman!), Parker n’a pas repris le titre génial: « Falling Angel », c’est sur un autre ton plus sobre que le film, le lecteur est sensé délirer à partir du texte, quand Parker montre directement le délire, disons. Manchette disait en effet du roman « écriture banale mais l’intrigue est ahurissante », mais aussi plus rigolo, par rapport au titre, que ça en ferait « une paraphrase du « Fallen Angel » de Fast (…) une parabole démonologique sur le maccarthysme; mais c’est sans doute jeter loin le bouchon. », bien qu’écriture banale (à mon avis mise en sourdine pour mieux faire resortir l’extravagance de l’histoire), j’avais adoré le bouquin, il faut que je revoie le film, amicalement.
le titre français du roman était « Le sabbat dans Central Park ». et FALLEN ANGEL film de Preminger n’a rien à voir avec le roman homonyme de Howard Fast qui a donné le film MIRAGE de Dmytryk! terminé!
Curieux de revérifier cet Angel Heart, je me suis décidé à me le procurer et dois avouer que ma première impression ( mitigée) est amplement confirmée: Parker est un cinéaste à la fois habile mais assez peu maître de ses effets.
Le récit est passionnant en soi comme l’était celui du roman originel (pas spécialement bien écrit mais ayant le mérite de l’originalité, rangé quelque part aux côtés de La forteresse noire dans mon imaginaire adolescent des 80′)mais ce qui m’avait gêné était le traitement de Parker qui ne prenait que trop rarement le temps d’installer l’atmosphère poisseuse dans laquelle il visait à nous enfermer.
Polanski auquel vous l’associez ne m’a jamais semblé craindre l’absence de mouvement dans ses grandes fictions claustrophobes (Répulsion,Cul de sac,Rosemary’s baby, Le locataire) : au contraire, il n’a pas hésité à rendre terrifiante la lenteur, l’immobilité, le côté trop ostentatoirement rassurant des apparences.
Tout le contraire de Parker qui très vite sursignifie ses effets à venir, distille des signes menaçants à coups de flashs(l’immeuble du drame originel, les pales de ventilateur, etc…).
C’est dommage car la photo est très belle, la reconstitution de très belle facture, Rourke excellent (de même que la très affriolante L Boney), Ch Rampling et De Niro jouent avec classe les guest stars.
La faute de goût la plus gênante c’est les SFX où De Niro devient diabolique et cela me rappelle le final assez grotesque de La neuvième porte où Polanski , film assez décourageant où polanski parodiait ses plus belles réussites.
A Ballantrae
Mais il y a plusieurs façons d’aborder le fantastique. Parker a choisi une optique flamboyante et dans ce registre, impose une vraie logique, cree une atmosphère, filme très bien la Nouvelle orléans et tire le maximum de tous ses acteurs. Ce qui n’est déjà pas si mal. On peut et c’est aussi mon cas préférer une approche plus insidieuse. Mais il suffit de comparer ANGEL HEART avec toute la masse de films sataniques pour s’apercevoir de sa force et de son originalité. La musique est aussi excellente
Sur la manière de raconter le fantastique, il est dommage que soit si rare la manière première de ce genre, que l’on doit à la littérature et qui laissait planer un doute sur la réalité du surnaturel, qui laissait une petite porte de sortie au réel, à l’explicable. Le fantastique d’aujourd’hui au cinéma n’est pas souvent aussi subtil et flirte plutôt avec l’Horreur. Mais je ne connais pas tous les films, loin s’en faut…
On dit du bien de MISTER BABADOOK : quelqu’un l’a-t-il vu?
Je n’ai rien contre une forme de baroque flamboyant pour le genre fantastique d’où on admiration envers, par exemple, le renouveau hispanique en la matière (de L’échine du diable de Del Toro-cinéaste mexicain pour un film espagnol- à L’orphelinat de Bayona en passant par abandonnée de N Cerda, Darkness ou Fragile de J Balaguero) ou certains films italiens de Bava, Argento.
Ce n’est pas l’optique flamboyante en soi qui me pose pble mais les choix propres à Parker pour certains effets visuels, certains choix de montage.
Dans ce postulat, je ne saurais trop vous recommander Jusqu’en enfer de Sam Raimi remake brillant, à l’heure du capitalisme sauvage et de la crise des subprimes, de Rendez vous avec la peur de Tourneur.Sens du cadre, du hors champ, de l’invisible qui attestent un amour sincère envers le maître.
Je repense à ce film car j’ai entendu parler de Tourneur fréquemment (donc, je suis en alerte!) à propos de It follows de D C Mitchell auteur du déjà très réussi Myth of the american sleepover à mon avis au moins aussi réussi que Virgin suicides de S Coppola.
Je conseille vivement It follows qui sans être un chef d’oeuvre absolu procède d’un inéluctable assez terrifiant avec un regard sur la banlieue américaine qui démontre une maîtrise de l’espace admirable.La manière de rendre le malaise adolescent face à la sexualité m’a beaucoup fait penser à la géniale BD de Ch Burns Black hole.
Beaucoup d’amour envers Carpenter et Tourneur qui sont des cinéastes au final peu cités par d’autres cinéastes.
Il est trop rare qu’un auteur américain aborde avec succès un genre épuisé outre atlantique pour ne pas le signaler haut et fort.
It follows se situe à Détroit d’ailleurs et capte admirablement une ville fantômatique et inquiétante.
Cher Bertrand,Alain Soral n’est pas tendre avec vous dans son abécédaire des gens bètes publiés en poche récemment.En effet il vous critique concernant les prises de position concernant « les sans papiers »qui résident sur le sol français.Il accuse la fameuse gauche »bobo »soixante huitarde de vouloir donner des leçons à la droite et propose à tous les nantis qui ont le pouvoir et l’argent d’accueillir à leurs domiciles tous les sans logis et sans papiers qui vivent dans des conditions misérables.Que répondez vous à cet iconoclaste mal pensant qui déverse lui aussi sa haine vers les immigrés et n’hésite pas d’avoir comme »amis »des personnages ambigues tel Dieudonné ou la famille Le Pen!!!!!
A Rouxel
Je ne réponds rien. Je ne le lis pas et l’ignore. Ce que vous dites de ces propos laisse entendre qu’il n’a pas vu les film (HISTOIRE de VIES BRISÉES qui parle de problème de justice pas de conditions de vie et DE L’AUTRE COTÉ DU PERIPH ou dans la cité il n’y avait pas un seul sans papier. J’ai déjà eu Raoult qui me donnait l’ode de vivre dans une cité, je ne vais pas écouter Soral
L’ignorance est la plus grande des armes ainsi que le mépris.
Soral ne vaut pas la peine d’être lu ou même cité, il est de ceux qui comme certains politiques n’existent que par la place qu’on leur octroie.
Son avis sur quoi que ce soir relève non seulement de la saloperie au goût moisi de l’Occupation mais aussi de la bêtise crasse.
Ce n’est pas un iconoclaste mais un raté qui a trouvé là un vieux fond de commerce pour faire parler de lui en compagnie d’un comique qui n’a jamais été vraiment drôle et est devenu carrément sinistre.
C’est sa sœur qui doit avoir honte, je la plains sincèrement!!!
J’imagine mal BT accorder le moindre crédit et la moindre attention à un pareil abruti (qui fait la honte de sa sœur et lui a piqué en plus son nom de scène…). On ne va quand même pas aller patauger dans la merde à la moindre occasion…
Ne soyez pas si ingrats avec Soral. Nos politiciens et « intellectuels » rencontrent les polémistes qu’ils méritent. L’époque est si déballonnée qu’on ne sait plus distinguer les coléreux des vils sodomites.
Ingrats? Parce qu’il faudrait avoir de la gratitude? Moi, personnellement, Soral, je m’en fous, même si je suis un peu allé voir ce qu’il racontait, tout comme Faurisson et quelques autres. Juste pour ma culture, qui n’a pas tellement besoin d’être approfondie à leurs sujets, donc brièvement, car il y a quand même des choses plus intéressantes à lire ou à entendre. Pour ma part, ni haine, ni intérêt, pour ces personnages, rien. Je me demande d’ailleurs bien pourquoi le sujet est venu jusqu’ici. Il aurait insulté Bertrand Tavernier dans son « livre »? Le pire, je crois, aurait été qu’il en dise du bien.
dossier clos je suppose!
A Bertrand T. : trois films de L’Herbier sont sortis récemment en dvd chez Les Documents Cinématographiques (éditeur dont on avait parlé ici pour Calef ou Raymond Bernard notamment) : à savoir VEILLE D’ARME (1935), LA ROUTE IMPERIALE (1935) et ENTENTE CORDIALE (1939). Vu le prix de vente assez élevé pratiqué par l’éditeur, si vous avez un avis sur un ou plusieurs de ces films de Marcel L’Herbier ?
découvert en feuilletant la rubrique dvd de Positif à ma médiathèque LA PISTE FATALE/INFERNO est une pépite dissimulée dans les sables mouvants des films perdus et qui que… enfin c’est vachement bath. Un couple d’amants veut se débarrasser d’un mari millionnaire en l’abandonnant dans le désert, pour pouvoir roucouler en paix. Le mari s’avère par les témoignages des proches, antipathique, vulgaire, incompétent dans ses affaires (« il foutait rien et me laissait tout le boulot », énonce son associé fataliste), alcoolique, arrogant, bref un sale con. Les amants sont incroyablement imprudents: ils se montrent en public, leur plan est hasardeux en fait complètement maladroit et risqué, l’épouse (Rhonda Fleming) se soumet niaisement avec plein de soupirs coupables à l’amant cerveau faible du crime joué par William Lundigan particulièrement raide et antipathique ce qui les oppose à ce millionnaire détestable a priori (Robert Ryan, formidable) qui par cette épreuve va se révéler à lui-même: cet homme qui sait qu’il est un raté avec ses millions hérités, qui ne s’estime pas, va arriver à se sortir du piège, trouvant des solutions concrètes à sa situation difficile en plein désert, retrouvant grâce à ses propres yeux. La machination anti-mari est aussi invraisemblable que dans ASSURANCE SUR LA MORT mais comme l’accent est mis sur la victime, ça ne gêne pas enfin moins (oui oui le Wilder est un grand film). On voit même Ryan commettre une bourde énorme d’accrocher le bout d’une corde grâce à une pierre attachée et coincée pour descendre une ravine et une fois en bas, s’apercevoir qu’il ne peut récupérer la corde qui reste bloquée en haut bien sûr (moi-même je me souviens que perdu en plein désert…) Formidable, comme film, autre curiosité: il y a un entracte en plein milieu et pourtant il dure 80′! Très très bon film de Roy Ward Baker dans sa période américaine dont j’avais jamais entendu parler dans mes bouquins. Ce commentaire insouciant et puéril ne doit pas laisser croire que le film est sur le même ton: c’est noir, crasseux, brutal, sauvage, dur je dis ça j’ai rien dit. Me donne envie de voir enfin LE CAVALIER NOIR et peut-être son JEKYLL.
A Martin Brady
J’allais du film qu’il faut voir parait il en 3D. J’avais revu dans une horrible copie le CAVALIER NOIR qui m’avait paru tarte et horriblement mal joué. Dirk Bogarde se fout ouvertement du film. Il détestait John Mills
à Bertrand Tavernier: « John Mills has stated in interviews that Dirk Bogarde was one of the very few actors he disliked working with. »(IMDB)!!! remarquez, ça a dû servir le film!
L’entracte intervenant dans un film très court ne venait-il pas de ce que les spectateurs devaient se reposer les yeux et déposer les lunettes?
Le début du film qui se fait bien après l’abandon du mari dans le désert, sans scène d’exposition qui permet d’établir le triangle amoureux, évite les clichés et raccourcit la durée du film, et je ne veux pas révéler la fin mais elle tranche sauvagement avec l’ambiance générale.
L’idée est intéressante aussi qui fait que le projet des amants de détruire le mari crée le début de sa régénération! Il y a une bagarre dans une cabane qui me rappele celle du CAVALIER DE LA MORT de de Toth dans laquelle les combattants détruisent carrément la cabane dans laquelle ils s’activent, elle s’écroule sur eux!
sinon dommage pour LE CAVALIER NOIR, sinon l’idée de changement de sexe (à la HIS GIRL FRIDAY?) de DR JEKYLL ET SISTER HYDE est géniale mais je crois que le film ne suit pas.
D’accord pour « La Piste fatale », bien original.
J’aime beaucoup « Dr. Jekyll et Sister Hyde ». Le changement de sexe est renforcé par des trouvailles très malignes : le Dr. Jekyll a un visage doux et des cheveux longs, Sister Hyde a un visage masculin et dur ; un couple de frère et soeur tombent chacun amoureux d’une des personnalités et détestent l’autre. C’est bien troublant, finalement Jekyll semble se chercher une identité sexuelle et expériemente la transsexualité. Comme dans « The Vampire Lovers », le cinéma fantastique parle de sexualité et de marginalité.
à Christophe Faux: très bien, je vais voir ce film.
Relevé dans la revue »Arts » en 1957. »Les dialogues de Michel Audiard dépassent en vulgarité ce que l’on peut écrire de plus bas dans le genre.Ce n’est pas un dialogue naîf ou faussement littéraire,mais cynique et roublard.Il prouve,de la part de Michel Audiard,un triple mépris du cinéma,des personnages,du film et du public en genéral.Ces quelques lignes ont été écritent par François Truffaut.SANS COMMENTAIRES!!!!
A ROUXEL
Sur quel film. Il est arrivé à Audiard de bâcler des dialogues (pas tellement en 1957). Il était haï par ce clan y compris pour ses beaux films
En effet l’article ne mentionne pas le ou les films qui ont été signées par Michel Audiard.Truffaut était quand meme il faut le reconnaitre un fameux trublion et avait une dent contre l’ancienne génération de cinéastes français.Est ce de la jalousie ou la verve de la jeunesse?
J’ai retrouvé un article du quotidien « L’aurore »exhumé par Henri Jeanson alors que Jean Renoir venait de se faire naturaliser américain.Il répondait à un journaliste portugais alors qu’il attendait à Lisbonne le bateau qui devait l’exiler aux Etats-unis. »Alors M.Renoir,vous quittez l’Europe?…Vous quittez la France?…Hélas,oui…Et ce n’est pas sans regrets.Mais je suis un homme d’humeur,souvent irréfléchit,et j’ai commis quelques imprudences.Je me suis spudidement compromis avec le Parti Communiste et les gens de gauche.Mais le temps travaille pour moi.Je reviendrai en France.Hitler est un homme à ma main,je suis sur que nous nous entendrons très bien tous les deux,car comme tous mes confrères,j’ai été victime des Juifs qui nous empéchaient de travailler et qui nous exploitaient.Quand je reviendrai,je serai dans une France désenjuivée,ou l’homme aura retrouvé sa noblesse et sa raison de vivre.Je n’arrive pas à croire ce genre de propos d’un homme à travers son cinéma et ses films à su nous montrer des personnages positifs et sans rancoeurs aucunes.Peut-on lui pardonnez cette incartade publiée le 5 novembre 1968.
A Rouxel
Pardonner à qui ? Jeanson retraduit une interview mythique que m’ont évoqué Gilles Perrault et Aurenche. Merigeau n’a pas réussi à la retrouver. On la cherche. Et peut être que jeanson qui avait une dent (avec de justes raisons) contre « les reniements de Renoir » qu’il avait beaucoup soutenu, a peut être enjolivé les propos. Cela dit Renoir a écrit des lettres assez honteuses à l’époque.
Un précieux document. Anthony Mann en interview sur un plateau de la BBC quelques semaines avant sa mort, précédé d’un petit making off de son tout dernier film.
https://www.youtube.com/watch?v=ZzJy9hGD2aQ
Hors sujet mais lien avec l’actualité pour les veinards qui peuvent aller à la cinémathèque découvrir ou revoir une intégrale Ford: je tenais à insister sur l’excellence absolue du texte de R tailleur dans Viv(r)e le cinéma sur le grand cinéaste intitulé « Sur trois films de J Ford ».en réalité, Tailleur va bien au delà de ces trois films que sont Iron horse, Young Mr Lincoln et Wagonmaster puiqu’il revisite la poétique fordienne avec précision, clarté et sensibilité.
Tailleur est un immense critique et maintenant que j’ai enfin mon exemplaire de l’essai publié chez Actes Sud, je ne cesse de le feuilleter en étant épaté par ses qualités d’analyse et d’écriture.
Un modèle critique qui sent particulièrement bien le western ( à l’exception peut-être de son incompréhension face à la singularité de Day of the outlaw).
Je crois avoir une clé de la sous estimation de Day of the outlaw par R Tailleur: le côté dreyerien (bressonien?) du film puisqu’apparemment le fameux critique ne goûtait que fort peu ce type d’écriture.
A BALLANTRAE
Peut être mais tout le monde peut se tromper. Et le film était inhabituel.
Bien évidemment,en tout cas R Tailleur a des qualités d’écriture rares car il manie élégance de la langue non dénuée d’humour, précision dans la restitution écrite du film, érudition discrète (sur des textes, musiques dont il ne fait pas étalage) berf un prince de la critique;
Lire les pages de R Tailleur m’amène à un constat: à une époque où nous pouvons aisément avoir accès aux films via le BR, la TV avec chaines thématiques voire le téléchargement (mais ce n’est pas mon truc)nous oublions ce que’était une cinéphilie nécessairement tendue vers la rareté de la projection en salle et après placée dans la nécessité de mémoriser (quitte parfois à fantasmer)ce qui avait été vu.Je suis épaté par la précision de ses descriptifs analytiques:il est toujours très concret pour ses exemples, utilise plus de données techniques spécifiquement cinématographiques que bien des plumes d’aujourd’hui, il semble familier du film.Combien de fois voyait-il un film avant d’écrire???
Il doit en aller comme de la littérature aujourd’hui: nous sommes des enfants gâtés qui pourrions plus facilement lire mais nous ne savons plus , pour bcp ( je m’inclue dans le lot), apprendre par coeur un corpus de poèmes, de citations suffisant pour nous accompagner au quotidien.Dire qu’un Borges connaissait par coeur des romans de Flaubert, James, Cervantès…
Bref lire R Tailleur ce n’est que du bonheur!!!
Ceux qui sont réticents face au cinéma d’Antonioni seront quasi obligés de rendre les armes en parcourant les déclarations d’amour non dénuées de sages contrepoints réservés.
En lisant à la fin la liste des nombreux textes écrits par R Tailleur, je n’ai qu’une question: à quand l’intégrale??? ou au moins un tome II de viv(r)e le cinéma?
A Ballantrae
Hélas le livre n’a pas marché. Si vous pouviez contribuer à en faire vendre. Il nous plombe toujours les comptes
Comment s’y prendre sinon en en vantant les mérites?
Je ferai ce que je peux mais je signale que mon libraire, à titre d’exemple, se l’était vu signaler comme indisponible par son fournisseur.J’avais essayé un autre, idem.
Du coup,j’ai opté pour une commande directe à l’Institut Lumière et l’ai enfin à ma disposition!!!
Combien d’exemplaires en reste t’il? Est-il correctement distribué partout?
Avez vous songé à une anthologie Benayoun?Lui aussi avait une plume assez remarquable.
Voilà encore un réalisateur dont il faut revoir son oeuvre entière.Il s’agit de Sam Peckinpah qui à été traiter à maintes reprises de réactionnaire et de faire l’apologie de la violence dans ses films.Son champ du cygne comme le rappelle justement Jean baptiste Thoret est »Osterman week-end »film qu’il à réalisé tout en étant épuisé et malade.Il n’a pas le final cut et il est dommage que certaines scènes comme la poursuite en voiture entre Rutger Hauer et le kidnapeur de sa femme et son fils ne servent à rien sur le contenu politique,d’espionnage et de manipulation des masses à travers l’écran de la télévision qui nous imposent en permanence des images de violence,d’agression et de sang tout au long de la journée.Le dernier plan est une pure merveille:on voit un fauteuil vide dans un studio de tv avec en premier plan des tables de consoles son et image.Peckinpah quitte le monde du cinéma,lui qui avait connu l’age d’or d’un genre aujourd’hui disparu à jamais.Ce n’est pas le seul notemment Cimino qui en paiera les frais avec son chef d’oeuvre »La porte du paradis »ou Coppola après »Le parrain »ou l’excellent »Conversations secrètes »film avec Gene Hackman.
A Rouxel
Peckimpah perdait aussi le contrôle de ses films car il était souvent ivre mort (sans parler en effet de la maladie à la fin). Moi je n’ai rien compris à OSTERMAN WEEK END. Et le cas de Cimino est totalement différent. C’est parce qu’il a dépassé de manière extravagante qu’il a perdu le contrôle de la plupart des films suivants (lui et tous les autres réalisateurs car, n’en déplaise à JB Thoret, les PORTES DU PARADIS sonnent le glas de la director’s cut. A partir de ce film, les Studios reprennent le pouvoir comme le montre le livre de Bach. Et je ne pense pas que Michael Rawls me contredise). Il est l’artisan de sa chute, ce qui le différencie de Coppola qui était plus malin sur le plan financier. Peckimpah aussi a été sa propre victime, son pire ennemi autant que de l’arrogance des studios et des producteurs
D’accord avec Bertrand : l’intrigue d’OSTERMAN WEEK END est totalement obscure ! Le film est vraiment bâclé (et/ou charcuté par les studios) malgré le casting. Pour parler de Peckinpah, mieux vaut oublier totalement ce dernier film.
Totalement peut-être pas ( il y a pire: je pense à Convoi)mais en tout cas on n’y retrouve pas le meilleur de son auteur.
En parlant de film maudit, j’ai enfin découvert via la diffusion d’Arte Sorcerer de Friedkin et y vois un authentique chef d’oeuvre qui n’a pas usurpé l’aura élogieuse qui l’entoure désormais.
J’y pense car j’y vois moult connivences avec le meilleur de Peckinpah.
Je pense plus que jamais qu’une diagonale Aldrich-Fuller-Peckinpah-Friedkin se dessine dans le cinéma américain même si le nombre des réussites de ce dernier ne joue pas à égalité avec les autres (o tempora o mores, un cinéaste aujourd’hui n’a plus le temps de faire une longue carrière, de se refaire l’année d’après sur le film suivant en dehors de W Allen ou le regretté Cl Chabrol).
Je vois tout ce qui a pu gêner la réception à l’époque de la sortie ( prologue assez long, écoulement du temps poisseux,personnages assez hieratiques, soudaines percées hallucinatoires qui tranchent avec le parti pris réaliste) comme des qualités rares qui en font une oeuvre aussi démesurée dans son genre que Apocalypse now .Mais la démesure démiurgique et mégalo de Coppola a débouché sur un succès (en attendant One from the heart )alors que celle de Friedkin a marqué le premier échec lourd du nouvel Hollywood sauf erreur de ma part.
Je comprends fort bien que le public et la critique américaines ne pouvaient à la fois encenser Star wars et ce film malpoli, rugueux sortis à une semaine d’écart.
Oui, la situation est assurément complexe: on ne peut enlever toute responsabilité à Cimino,Peckinpah, Coppola et qqs autres dans la fin du director’s cut.Tout comme Von Strohiem ilya bien longtemps!!!
Cependant, je pense qu’ils ont été dépassés par leur victoire historique sur les studios.
Et quand cela débouche sur Iron cross, Heaven’s gate, Apocalypse now,Raging bull ou Sorcerer (pour ne prendre que de grands films dont se sont désolidarisés tôt ou tard les studios) on se dit que le cinéaste savait finalement où il allait.Ou du moins que les difficultés n’étaient pas vaines.
On parle moins de films déficitaires plus anodins voire inintéressants comme Pearl harbor de M Bay,Jack Carter,Lone ranger, etc…chaque année des films de studios aux budgets pharaoniques se plantent gravement et on ne leur reproche pas le quart de ce qu’ont pu se voir reproché les auteurs susdits car c’est une autre époque: l’inflation des budgets crée aux USA un phénomène de surenchère bizarre qui semble en bout de course.
Revenons + sérieusement vers un auteur tel que R Scott qui par exemple a essuyé moins de reproches sur ses films post Gladiator les moins glorieux qui pourtant ne sont pas à l’équilibre financièrement parlant( Robin des bois, Promethéus qui réussit tout de même l’exploit de flinguer Alien, Cartel qui réussit l’autre exploit de décrédibiser l’écriture de C Mac Carthy) que les auteurs susdits et pourtant il cumule les gros budgets sans trop de problèmes.
C’est aussi une forme d’arrogance -effective je le concède- qu’il fallait amenuiser.
A Ballantrae
Il ne faut pas mélanger les auteurs, les films à succès et les échecs
APOCALYPSE fut un succès; HEAVEN’S GATE un vide gigantesque et aussi un échec critique avec des papiers meurtriers de Pauline Kael mais qui touche juste quand elle dit que les immigrants ont l’air parfois de sortir d’une opérette de Sigmund Romberg; IRON CROSS a été un échec je crois. Mais il y a des échecs qu’on ne remarque pas (CONVERSATION SECRETE n’a pas fait un triomphe mais a été soutenu par la critique et a obtenu des prix avec une carrière honorable à l’étranger). Ce n’était pas le cas du Cimino, c’est en cela que tout s’est polarisé sur lui et non sur Peckimpah considéré comme un alcoolique, violent mais qui ne dépassait pas énormément. Et dans les films que vous citez, il y en a qui ont été soutenus par les studios (RAGING BULL) en tout cas à la fin. Et IRON CROSS était un co production étrange mais pas un film de studio. Puis, vous touchez à ce qu’il y a d’irrationnel dans l’économie du cinéma. Cela dit Ridley Scoot a c remporté de gros succès de THELMA ET LOUISE à AMERICAN GANGSTER. Certains de ses films se sont rattrapés sur l’étranger ou sur les exploitations secondaires. Le vrai succès commercial de BLADE RUNNER est arrivé 10 ans plus tard et les producteurs peuvent toujours espérer ce genre de miracle. En plus il tourne vite par rapport à l’ampleur des projets. Mais il y a plein d’autres metteurs en scène qui ont connu ce genre de destin. Mais attention, il faut être très fort et être au courant pour démêler le faux du vrai dans les chiffres. Oui, des Blockbusters ont perdu des milliards mais comment étaient ils financés, où va l’argent et pourquoi est ce que les studio ont tous abandonnés la politique de petits films, sauf Focus et parfois Sony
Désolé pour les mélanges hors de propos.
En tout cas, je crois que Sorcerer est un grand film tout court malgré ses aspérités qui sont tout aussi organiques que celles de Aguirre ou Apocalypse now, le propre de ces films-trips étant qu’ils supposent un matériau abrupt, tour à tour fulgurants et hésitants.
A Ballantrae
J’aurais adoré vous suivre sur SORCERER mais ça coince (je viens de le voir aussi sur Arte).Je crois que Friedkin, qui me fascine pourtant, reste un brillant technicien de surface, sans doute au sens noble car tout « superficiel » qu’il est, FRENCH CONNECTION à titre de parangon, sera toujours supérieur à…BULLITT, que décidément je ne puis gober : film authentiquement superficiel. Friedkin, lui, inocule quelque chose de sulfureux à la dite surface, lui creusant toutes sortes de scarifications à la manière de celles qui viennent zébrer la tronche de Linda Blair. Mais je trouve que cela ressort du superficiel: un superficiel certes vénéneux, poisseux et sans doute « fullerien » comme vous le suggérez, mais un superficiel quand même. Et ce SORCERER, évidemment soigné, y échappe d’autant moins que le souvenir récent (un jour plus tôt sur Arte) de la version Clouzot non seulement accuse nettement la fidélité du Friedkin aux péripéties du SALAIRE mais fait de plus ressortir une densité psychologique qui fait défaut au remake. Cela dit, si sort un bon dvd de SORCERER, je réessaierai avec plaisir. Et j’aimerais revoir CRUISING..
Dommage! Pour ma part, ce fut un choc esthétique.
Sur son blog , Olivier Père a mis en ligne un entretien avec Friedkin qui me semble très éclairant notamment en ce qui concerne l’apport du réalisme magique de G Garcia Marquez ( le cinéaste a eu du mal à se remettre de la lecture de Cent ans de solitude…ce qu’on peut aisément comprendre).
En parlant de Marquez, je repense au jeu de mot assez foireux de Lefort sur l’adaptation-certes inégale- par Rosi de Chronique d’une mort annoncée.Ledit Lefort raconte ici et là les circonstances de cette provoc et on se dit que Rosi est bien au dessus de tout cela.
Vivement un dossier de Positif pour rétablir l’importance du cinéma de Rosi qui affirmait: « la pensée est la démocratie.Penser,raisonner, tenter de comprendre, constituent les grands actes d’affirmation de la démocratie. »
Juste un p’tit coup d’enthousiasme pour le dernier John Boorman, QUEEN AND COUNTRY, que je viens de découvrir. Et avant tout, je ne cesserai jamais (j’en ai peur) de m’agacer contre les critiques, dont faire la critique est le métier, qui se plantent de jugement au delà des goûts et des couleurs : chez moi, cela devient une marotte. Dans le cas du Boorman, comment peut-on écrire que c’est académique et désuet ? (je sais plus où je l’ai lu mais je l’ai lu). QUEEN AND COUNTRY est un film personnel (avant même d’être autobiographique), original et surprenant. Ceux qui penseraient retrouver l’attirail fantasmagorique de HOPE AND GLORY risquent d’être décontenancés. Voilà un film qui échappe à toute prévisibilité, qui trouve le moyen de se surprendre lui-même, grâce à un mélange prenant de douceur, de sensualité et d’incandescence écorchée vive qui coupent la chique au spectre de la nostalgie confortable et ouatée. Le récit est vif et virevolte d’embardées formelles d’autant plus percutantes qu’elles sont rares. Et quels acteurs !!! (David Thewlis, fabuleux !)On en reparlera mais encore une fois, marre des critiques qui font mal leur boulot!!
A Alexandre Angel
Vous avez raison Il y a quand même me précise Michel Ciment, le numéro de POSITIF
Je tiens à rajouter que les deux précédents films de Boorman n’ont pas trouver de distributeurs en France et ne sont pas sortis en dvd.Pour moi il y a un lien entre »Hope and glory »et » Queen and country »sauf que ce dernier revient sur les années d’armée de Boorman sans académisme mais avec des paysages splendides et une photographie d’une grande qualité visuelle.Il y a aussi un clin d’oeil amical à Kubrick avec le sergent instructeur qui rappelle forcement Lee Hermey dans »Full métal jacket ».
à Rouxel: je vous suis pas très bien, QUEEN est sorti en France mais pas encore en dvd parce que bien trop tôt, TIGER’S TAIL n’est sorti ni en salles ni en dvd exact, et COUNTRY OF MY SKULL ou ici IN MY COUNTRY (titre français!!!) a priori n’est pas sorti en salles françaises mais sur la tv payante et en dvd oui, et vous me faites vérifier tout ça sur IMDB scrogneugneu! c’est vrai que j’ai que ça à foutre mais quand même!
à Rouxel: si IN MY COUNTRY n’était pas sorti dans les salles, malgré SL Jackson et J Binoche c’est que le sujet n’était pas trop attrayant ni spectaculaire: à savoir les « Commissions Vérité et Réconciliation » en Afrique du sud initiées par Mandela en 1995… des criminels et auteurs d’exactions devaient publiquement avouer leurs crimes face à leurs victimes pour obtenir le pardon, et celles-ci raconter leur calvaire pour arriver à l’oublier, et ceci en remontant sur des dizaines d’années d’apartheid! un film très retenu sans le bruit et la fureur qu’on trouve souvent chez Boorman, il n’y avait même pas d’histoire d’amour je crois… Ce film me fait penser au documentaire MON VOISIN MON TUEUR d’Anne Aghion que j’ai pas vu, qui relate le processus similaire qui eut lieu en 2001 au Rwanda par rapport au génocide.
A Bertrand Tavernier
Attention, je ne pointe pas l’injustice de la majorité de la critique vis-à-vis d’un film (le Boorman a la côte, dans l’ensemble), je me focalise plutôt sur une « certaine tendance » qui consisterait à casser un film pour des raisons fallacieuses, véritable plaie contemporaine. J’ai trouvé QUAY D’ORSAY absolument réjouissant mais je ne m’offusque pas que le Monde, que Libé ou que Les Inrocks aient exprimé leur tiédeur. Connaissant leur ligne rédactionnelle (surtout les deux derniers), cela ne m’a pas surpris : vous n’êtes pas leur truc. Mais je n’ai pas trouvé leurs lignes, quoique guère agréables plus assassines que cela. Par contre Joachim Lepastier, des Cahiers du Cinéma, parle lui de « mauvaise peinture de cour »: c’est déjà différent. Il y a l’adjectif « mauvais » qui est brutal et aussi la notion de « peinture de cour », qui est une ânerie car votre film n’en est pas une : il est le croquis documenté d’un milieu professionnel.
Donc Lepastier débloque et ne rend pas compte de la réalité de votre film.
J’évoque là l’esprit « Cahieruptibles » nommé ainsi par Ballantrae (« Cahieration » serait plus juste car Les Inrocks font quand même des efforts d’extirpation quand ils parlent ciné) mais attention à ce que ceux que je cite n’aient pas trop bon dos (je suis abonné aux Cahiers quand même!). Ce que je constate est sous-jacent dans l’ensemble du corps critique et sans doute même en chacun de nous : la subjectivité envahissante, dont nous subissons le diktat alors que l’approche critique devrait célébrer les noces du subjectif et de la bonne distance, surtout lorsqu’il y a une responsabilité professionnelle, journalistique.
à AA: oui à votre analyse détaillée de la critique, et le critique ne devrait pas se focaliser à surprendre le lecteur et prouver sa propre indépendance d’esprit AVANT de se concentrer sur le film lui-même, et il devrait aussi réagir plus en proportion avec le plaisir éprouvé: plus ça me plaît plus je détaille pourquoi, le reste est boniment.
Je voulais savoir si quelqu’un avait vu ce fameux inédit en France TIGERS’TAIL de Boorman?
à AA: le papier de Olivier de Bruyn dans Positif va complètement dans votre sens, quant à la critique de la presse hebdo ou des quotidiens d’accord: c’est à prendre avec des pincettes… Je vais voir QUEEN et du coup, j’ai envie de revoir RANGOON (la traversée du pont à la fin, inoubliable…).
A Martin Brady
Sauf qu’à Positif, quand ils s’y mettent, ils ne sont pas en reste. Ils nous ont fait un drôle de coup il y a un an qui, à ma connaissance, n’a pas été commenté, n’y constaté : c’est le lynchage collectif du LOUP DE WALL STREET, de l’article de Jean Philippe Domecq à la pauvre petite étoile que Michel Ciment accorde au film dans le tableau traditionnel des Cahiers, en passant par Laurent Vachaud, qui, sur ce blog, qualifiait le dernier Scorsese d' »immonde » (immonde, vous avez dit immonde ??). Le type qui voudrait se faire un avis sur LE LOUP en ne lisant que celui des rédacteurs de Positif serait en droit de craindre LE premier vrai navet du cinéaste new yorkais, ou pire, une oeuvre moralement dégueulasse comme pouvait l’être en son temps PORTIER DE NUIT. J’ai rarement constaté un tel aveuglement rédactionnel devant les qualités d’un film même si je conçois qu’on puisse être réservé. L’article de JF Domecq s’intitule « Un échec intéressant » (Janvier 2014): je l’ai relu tout à l’heure et n’ai toujours pas pigé le rapport entre le contenu de l’article et cet intitulé, pas plus que la motivation du rédacteur à écrire sur une page que si LE LOUP n’avait pas été LE LOUP, c’eût été un autre film. Comme vous diriez,…bref.
Merci pour ce blog passionnant !
D’accord avec A. Angel, le film de Boorman n’est ni académique ni désuet.
Cependant, c’est son seul film qui m’ait vraiment déçu (sûrement parce que je n’ai pas vu le deuxième Exorciste…). A côté de tous ses récits énergiques, intenses et pleins de sensibilité (comme les deux avant-derniers, « In My Country » et « The Tiger’s Tail »), j’ai trouvé celui de « Queen and Country » sans grand intérêt.
L’histoire d’amour ne me touche jamais, l’aristocrate est opaque mais sans mystère. Je trouve en fait les interprètes très quelconques, très lisses, à la limite de la gravure de mode (pour l’aristocrate). Le dialogue m’a paru très bien, quoique les scènes ne creusent pas les caractères.
Par ailleurs, la vie de la caserne ne me fait pas rire : toute cette interminable histoire d’horloge… ce n’est même pas l’occasion de brosser des portraits de militaires hauts en couleurs, ils sont bien ternes. Si le problème de l’armée et de la guerre, c’est les obsessions de certains pour des horloges et le règlement, le monde peut dormir sur ses deux oreilles. (Le héros et son ami veulent se planquer mais quand on pense à l’apologie de la lâcheté des « Jeux de l’amour et de la guerre »…)
Pas sûr que tous les souvenirs de jeunesse méritent d’être racontés !!
En plus ils discutent de « Rashômon » : ou bien c’est moi qui ne me souvient plus très bien, ou bien c’est Boorman dont la mémoire flanche, mais je crois que son héros se trompe dans son enthousiasme à l’idée qu’on a trois versions différentes sans pouvoir trancher… le moine qui a écouté le récit était dans la forêt et a assisté à la scène ; c’est certes sa parole mais il est un témoin nettement plus objectif que les trois autres. Et c’est ce qui donne son sens au film : dans sa version, tous les trois se montrent pitoyables et lamentables ; le moine ne reprendra confiance dans l’humanité que parce que le vieil homme adopte le bébé…
Bref, au plaisir de lire tous les messages et les commentaires !
A Christophe Faux
Mais c’est justement les obsessions médiocres, tatillonnes de ces petits chefs qui finissent par trouver que le Times est subversif qui donne le sel, l’originalité du film, le meilleur depuis un certain temps. Et en ce qui concerne Rashomon, c’est le point de vue du personnage qui peut se tromper, tout comme nous
Il y a deux Boorman qui sont croquignolets par leur psychédélisme:
L’hérétique et Zardoz.
Malgré mon admiration envers l’éclectisme du cinéaste, il me semble difficile de s’adonner à une exégèse absolument sérieuse face à un Sean Connery en guerrier vêtu d’une couche rouge et de bottes de mousquetaire (entre autres visions suggérées par l’absorption de substances étranges) ou à un démon nommé Pazuzu…mais ils recèlent tous deux pour être juste quelques « visions » étonnantes.
Je préfère de loin Point blank, Léo the last, Delivrance, Excalibur,Duel dans le Pacifique -(celui-là , j’aimerais le revoir dans une belle copie, mon DVD est hideux) ou Hope and glory.
A Ballantrae
Oui, Pazuzu, c’est dur
ZARDOZ est en effet totalement kitch quand on le revoit aujourd’hui ! Avec L’HERETIQUE, ce sont surement ses films qui ont le plus vieilli. J’avais apprécié le message de LA FORET D’EMERAUDE mais je dois avouer avoir eu beaucoup de mal avec le casting du film (Powers Booth !)
Mes films de Boorman préférés restent en l’état de mes visionnages POINT BLANK, DELIVRANCE et EXCALIBUR. Il me faudrait revoir RANGOON que je n’ai jamais revu depuis sa sortie il y a 20 ans.
Nous avions eu droit à la visite de Boorman au festival Premiers Plans d’Angers il y a deux ans : l’homme est très abordable et simple. Il nous avait dédicacé ses livres avec Michel Ciment. Je n’avais malheureusement pu y voir LEO THE LAST avec regret : on attend d’ailleurs toujours le dvd en France…
Christophe Gans adore Zardoz et le défend fichtrement bien. Je ne l’ai personnellement pas encore vu (en ne me dites-pas que je n’ai rien raté, je vous vois venir)
A Damien D. : Allez, Powers boothe est bien dans quelques films quand-même… (SOUTHERN COMFORT, U-TURN, TOMBSTONE…)
A Sullivan
Si vous tenez vraiment à voir Sean Connery en couches. (pardon, ça été plus fort que moi!!)
J’ai 15 ans et je suis en train de lire votre passionnante bible cinématographique : 50 ans de cinéma américain.
J’ai remarqué que dans la filmographie ainsi que l’article qui concernent Martin Scorcese, vous avez orthographié son premier long métrage » Who’that Knocking at My Door » avec un point d’interrogation. Or le titre officiel de ce film n’en possède pas.
La présence de cette marque de ponctuation porterait malheur, selon les croyances de l’industrie du cinéma hollywoodien.
Malheureusement, je n’ai pu trouver de source officielle en expliquant les raisons.
Toutefois, beaucoup de réalisateurs appliquent cette règle, tel Robert Zemeckis dans son film « Who framed roger Rabbit »
Vous préparez actuellement, on le sait, une nouvelle version de ce dictionnaire cinématographique et j’ai cru bon de vous le signaler.
J’ai déjà entendu parler de cette « superstition », très certainement dûe à une suite de titres en forme de questions malchanceux au box-office. Ceci étant dit, à la même époque, on trouve le « fameux » Who Is Harry Kellerman and Why Is He Saying Those Terrible Things About Me?avec Dustin Hoffman et le point d’interrogation…..
Quand à la mise à jour des 50 ans de cinéma américain, est-elle toujours d’actualité?
Merci
Dans le coffret Almodovar ci dessus La piel que habito m’apparaît également comme un titre important par sa rigueur, le malaise incroyable qu’il suscite sans avoir recours à des images horrifiques.
Le roman Mygale qui me semblait difficilement adaptable est transposé avec maestria et presque douceur alors que le récit est vraiment terrifiant.Comme un souvenir de Franju flotte sur le film entre réalisme clinique et envolées poétiques.
Almodovar me frappe par son sens de la couleur et de la composition ainsi que par son sens du raccord notamment dans ses films des années 2000.
La triste actualité- qui débouchera sur on ne sait quelle direction après l’élan rassurant de dimanche- a éclipsé le décès d’un cinéaste majeur dans sa réflexion politique: Francesco Rosi.
Brocardé parfois de manière imbécile ( je me rappelle le titre « chronique d’une merde annoncée » pour une chronique de G Lefort concernant son adaptation du roman de G Garcia Marquez), il incarnait l’une des possibles voies de l’après NéoRéalisme aux côtés de Pasolini, visconti et Fellini.
Lui avait choisi la rigueur dans une approche argumentée, dialectique, complexe le tout sous tendu par la volonté de montrer les mécanismes du système de manière précise, sans côté spectaculaire.Ce qui n’empêchait pas un côté haletant qui n’était pas sans évoquer les codes du film noir.
Salvatore Giuliano, Main basse sur la ville, Lucky luciano, Les hommes contre,L’affaire Mattei,Cadavres exquis entre autres sont des chefs d’oeuvre qui méritent d’être découverts ou revus pour leur acuité toujours contemporaine.
Rosi pouvait à l’occasion aller vers d’autres directions comme le film opéra ( Carmen) ou le conte ( La belle et le cavalier) mais il était alors moins convaincant même si ces films ne sont pas honteux.
Celui qui dans mon souvenir pourrait éclairer nos temps pour le moins troublés serait peut-être Trois frères avec sa manière de montrer comment des personnages proches affrontent la question du choix, de l’engagement. Ph Noiret (dont il ne faut pas négliger la carrière « italienne » avec Ferreri ou Moniccelli) y était magnifique.
En tout cas, il nous rappelle un élément fondamental en matière d’appréhension du monde et du politique: la réflexion, l’analyse, l’argumentation, le recul doivent relayer le simple affect si on veut transformer le constat en action concrète.
A Ballantrae
Oui sa mort a été occultée tristement. Et LES HOMMES CONTRES devrait être montré partout pour évoquer la guerre de 14
Oui, d’autant plus qu’il aborde un front moins connu.G M Volonté y est inoubliable tout comme A Cuny.
Les éditions DVD notables pour le cinéma de Rosi sont le collector de Main basse sur la ville chez Montparnasse et celui de Lucky Luciano chez Wild side.
J’ai remarqué que nombre d' »hommages » (est-ce le terme du coup?) reproduisent encore la vulgate selon laquelle son cinéma serait didactique, un peu lourd or ce qui me frappe chez Rosi c’est son aptitude à laisser penser justement le spectateur à partir de matériaux fouillés, denses, dialectiques.
Je suis très surpris par votre réhabilitation de Angel heart et d’Alan Parker mais peut-être avez-vous raison??? A l’époque, le film m’avait semblé un peu frimeur dans ses effets voyants et un peu aseptisé dans son rapport au malaise de sorte que je lui vais préféré , sur un sujet voisin, Les envoûtés de J Schlesinger avec M Sheen.
Une descente aux enfers plus crue et plus éprouvante mais je n’ai eu l’occasion de révérifier de près ni l’un ni l’autre de ces deux films, à peine qqs scènes revues lors d’une rediff tv un soir où j’avais du boulot donc pas de temps pour les revoir intégralement.
L’enfant de la pub Parker , comme je vous l’avais déjà dit, adulé par ma génération qui adorait Fame, birdy, midnight express me semblait annoncer l’esthétique clip de Beineix,Besson,Mulcahy qui allait polluer nos écrans fin des 80′ début des 90′.
Plus tard, des artistes venus de ce format ont su faire oublier cette origine et réellement la dépasser: Jonze (Her est un vrai bijou que je vous conseille de découvrir), Gondry ou Glazer (auteur cette année du génial Under the skin).
Parker sait souvent utiliser la lumière, le montage, le cadre mais l’effet me semble déconnecté de la dramaturgie comme s’il se suffisait à lui-même et ne constituait pas un tout vraiment nécessaire.
A Ballantrae
Mais ce n’est pas le cas dans ce film, le style fait parfaitement corps avec le sujet et le sert merveilleusement bien, autant que la direction d’acteur, exigeante et maîtrisée alors qu’on aurait pu craindre un face à face où chacun cherche à se tailler la meilleure part. De Niro dans le rôle de Satan, bien que son personnage reste en retrait, était encore dans sa période où il cherchait à progresser en essayant des choses différentes pratiquement à chaque nouveau film, et Rourke n’a rien à lui envier. J’ai revu ce film en me forçant un peu, la révision d’autres Parker que j’avais aimés en leur temps m’ayant plus que déçu. Celui-ci est pratiquement irréprochable, tant au niveau de sa construction, de la richesse de son sujet et de son inventivité visuelle qui ne sert jamais à illustrer, ce qu’on pouvait reprocher à THE WALL ou même à BIRDY. Ici la mise en scène nourrit littéralement le sujet. On peut même dire que le film est à l’avant garde du thriller métaphysique très à la mode aujourd’hui, et souvent risible. Un modèle en quelque sorte.
Je ne connais pas encore ANGEL HEART. J’ai découvert Parker sur le tard et n’est vu que quelques-uns de ses films. Je rejoins assez ballantrae sur son diagnostic : MIDNIGHT EXPRESS ne m’avait pas emballé plus que celà de même que LES CENDRES d’ANGELA (peut-être suis-je passé un peu à côté ?). Par contre MISSISSIPI BURNING m’avait plu : un scénario solide et Gene Hackman convaincant dans une réalisation peut-être plus solide.
Son premier film au cinéma BUGSY MALONE avec Jodie Foster (que je n’ai pas vu) vient également de sortir en blu ray chez elephant film. Si quelqu’un a un avis à sa (re)vision ?
A Damien D
Les réalisations de Parker sont toujours solides ou brillantes. N’empeche que parfois il passe totalement à coté de la plaque : excès de sentimentalisme, d’esthétisme, découpage clinquant, compromis scènaristiques qui gâchent de belles audaces (la description des hommes dans ANGELA’S ASHES est forte et sans recours mais le style trop léché adoucit de nombreuses séquences) et dans MISSISSIPI BURNING, il sur valorise le rôle du FBI
bonjour,
le meilleur film d’Alan Parker, celui dénué d’effet visuel et dont la -grande- force dramatique provient essentiellement de la qualité de l’interprétation, ne serait-ce pas Shoot the moon?
Quant au paquebot Tenacity, ne trouvez pas un hiatus entre « la liberté de la narration » et le caractère hyper-apprêté de la mise en scène de Duvivier (déplacements d’acteurs et mouvements de caméra)?
Même si le film est bon, ça m’avait gêné et m’avait encore une fois conforté dans ma préférence pour Renoir.
https://filmsnonutc.wordpress.com/2013/12/09/lusure-du-temps-shoot-the-moon-alan-parker-1982/
A Christophe
Mais pourquoi les opposer systématiquement : il y a plein de plans « improvisés », volés, dans PAQUEBOT TENACITY, une utilisation très audacieuse des décors réels, des extérieurs que Renoir n’affrontera vraiment que dans TONI (et soius l’influence de Pagnol : il voulait tourner le film en studio avec Fernandel comme le montre Merigeau)
A Bertrand:
Mais il y a déjà dans dans BOUDU beaucoup de décors réels, de lumière réelle, de sons réels, et aussi de plans volés (au téléobjectif). Tout çà on peut le redécouvrir grâce au merveilleux Blu-ray édité l’année dernière par Pathé.
A Mathieu
Exact mais le livre de Merigeau montre que Renoir, chaque fois qu’il le pouvait, choisissait le Studio.Et sans se livrer à des comparaisons oiseuses, il y a plein d’extérieurs dans les muets de Duvivier, dans POIL DE CAROTTE et son fils m’a confirmé qu’il se battait pour les imposer
je ne me souviens pas de tels plans justement, plutôt de mouvements d’appareil millimétrés tel celui de la fête
https://filmsnonutc.wordpress.com/2014/01/15/le-paquebot-tenacity-julien-duvivier-1934/
Quant aux décors naturels, je trouve que leur filmage, très esthétisant, anticipe le réalisme poétique.
A Christophe
Esthétisant ? je trouve difficile d’utiliser ce mot vu l’état de la copie. Et je vois pas en quoi, la rigueur formelle empêche la convivialité (Ford est un exemple frappant). Et dans le Paquebot, la liberté commence déjà dans la narration qui ne suit aucune règles (toutes les critiques à l’époque se plaignirent qu’il n’y avait aucun scénario, aucune construction et que tout semblait filmé au hasard). Duvivier nous fait partager la chaleur et Préjean notamment trouve un de ses meilleurs, où on ne le sent pas bridé par la mise en scène. Duvivier n’avait seulement une maitrise technique, il connaissait les acteurs (ce que confirme Jeanson qui l’oppose à Carné) savait s’adapter à eux (voir le témoignage de Danielle delorme, sur son intelligence). Et Duvivier se moque, avec le film dans le film (début sidérant), des plans super cadrés qui ne racontent que des sottises
Justement, c’était le génie de Ford que d’allier les deux, rigueur et convivialité. Ce qui, pour moi, en fait le plus grand d’entre les grands. Chez Ford, d’ailleurs, ce style se traduit par la composition du plan, harmonieuse et ne semblant -dans ses bons films- jamais « forcée », plus que par les travellings, rares. Comme si la caméra se contentait d’être au bon endroit au bon moment. La présence de l’outil est largement moins visible que chez Duvivier!
Pour la liberté de la narration, je suis d’accord, c’est justement ce que je pointe dans mon petit texte: le relatif hiatus entre cette narration et le filmage de Duvivier.
Je n’employais pas « esthétisant » dans un sens péjoratif mais parce que la façon dont ces grandes armatures de fer traversent le cadre me semble procéder d’une esthétisation du port du Havre plus que d’un simple enregistrement documentaire (ce qui en soi ne me pose pas de souci mais différencie Duvivier de Renoir dans son appréhension des décors réels).
Quant à la direction d’acteurs de Duvivier, ce ne sont pas les témoignages contraires à celui de Danièle Delorme qui manquent (cf livre de Hubert Niogret). Il est de toute façon délicat de juger un résultat final à partir de témoignages de collaborateurs.
Une pensée pour René Vautier, dont je viens d’apprendre la mort le 4 janvier dernier, un cinéaste vraiment engagé, auteur entre autres de AVOIR VINGT ANS DANS LES AURES.
Oui,René Vautier était un cinéaste engagé mais surtout dérengeant dans le contenu de ses films militants. »Avoir 20 ans dans les Aurès »est avec « La bataille d’Alger »deux films fort et réaliste sur la guerre d’Algerie.
Sur LE DERNIER DES GEANT, il y a comme un refus systématique de s’apitoyer, à quelques exceptions près. Personne ne semble vraiment compatir au sort du héros, qui voit la solitude s’ajouter à la maladie. La vie continue dans ce patelin et on devine le courage qu’il faut au « tireur » pour affronter ses dernières heures. Mais ce n’est que suggéré. Est-ce une froideur maladroite ou volontaire ? J’avoue avoir plutôt pensé à la seconde.
Mr Tavernier doit savoir ça, mais il me semble que Siegel avait un mauvais souvenir de ce tournage, et de Wayne en particulier, qui aurait en permanence cherché à s’imposer dans les choix de mise en scène.
A Minette Pascal
Exact. Siegel ne s’était pas du tout entendu avec Wayne mais le scénario déjà était beaucoup plus faible que le roman. Je trouve le film assoupi comme si c’était Siegel qui avait bu le laudanum
Il me faut revoir ce film qui m’avait surpris gamin par la place accordée à J Wayne.Je ne me suis pas encore résolu à le revoir malgré l’acquisition du DVD à vil prix.
Je trouve étrange cette propension de Wayne à jouer les vieux héros en fin de parcours dans plusieurs de ses derniers westerns: Les cowboys, 100 dollars pour un shériff, une bible et un fusil et cet opus là.
j’ai en tête la surprise face à un monde westernien finissant ( autos, etc…) mais je ne connaissais pas alors le puissant Ride the high country de Peckinpah.
L’archetype du film dont on n’a pas forcément de vérifier la valeur réelle, préférant conserver un souvenir diffus…
Etrange ? ça me semble plutôt aller de soi. En tout cas, je les aime bien, ces rôles (les Cowboys, les Rooster Cogburn, le dernier des géants) et surtout quand ils cherchent à montrer Wayne autrement qu’on attendrait. Mais c’est purement personnel.
Quand je disais « étrange » c’est que le cinéma devient pour Wayne un terrain quasi autobiographique alors qu’il avait joué dans She wore a yellow ribbon un militaire retraité alors qu’il avait 42 ans.ce qui me frappe en fait, c’est l’aptitude de Wayne à jouer sur l’usure, la nostalgie alors qu’il fut un jeune premier.
A Ballantrae
Mais Wayne était un acteur très intelligent qui comprenait souvent où était le coeur du film (regardez le dans LE REVEIL DE LA SORCIERE ROUGE ou dans RED RIVER). Il est inégalable dans la dureté. Et la première moitié de HONDO
J’ai revu HOTEL DU NORD il n’y a pas longtemps, et malheureusement le jeu d’Annabella ne m’a pas du tout convaincu, et pas seulement dans ses scènes avec J.P. Aumont qui sont pour moi vraiment pénibles mais même dans celles avec Jouvet. Ceci dit sans préjuger de ses rôles dans les films de Clair ou de Fejos (entre parenthèses un cinéaste bien oublié des éditeurs de DVD) que je n’ai pas revus depuis longtemps.
FANNY ET ALEXANDRE vu dans sa version cinéma est magistral : Bergman signe-là un chef d’oeuvre où se récapitule tous ses thèmes. Tout celà de manière très abordable. La première partie du film avec la réunion de famille à Noël est d’une telle inventivité, légère, nostalgique.
On retrouvera cette brillance (et peut-être cette influence bergmanienne ?) sur le thème de la grande réunion de famille dans des films postérieurs d’autres réalisateurs : le THE DEAD de John Huston par exemple ou plus près de nous MELANCHOLIA de Lars Von Trier…
Précipitez-vous , Bertrand ,sur Fanny et Alexandre d’autant plus que cette superbe édition propose la version longue TV tout comme chez studio canal on accède à Scènes de la vie conjugale version ciné et TV (+ le superbe et dernier film de Bergman qui lui fait suite Sarabande).A noter un bonus passionnant sur Bergman au travail.
Le rapport de Bergman à la TV pose question que ce soit pour les versions longues de ces deux chefs d’oeuvre ou pour des formats plus courts et moins connus ( mais passionnants) tels que En présence d’un clown, Le rite, Après la répétition ou Les innocents: pas de différence qualitative mais la capacité à faire aller le moyen d’expression vers le meilleur de ses possibilités!!!
C’était un génie.
J’étais un train de lire cette nouvelle chronique lorsqu’une collègue de travail m’annonce la nouvelle pour Charlie Hebdo. Impossible de continuer à lire..
Bon sang mais quelle époque!!!Dégoût et colère, tristesse…Cabu,tignous, wolinski et Charb entre autres étaient donc si dangereux pour les tarés?
« le fanatisme est à al superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. »Voltaire
Ce qui m’horrifie le plus dans cette nouvelle tragédie c’est le comportement de la masse en invoquant »Je suis Charlie »à tout bout de champ,alors que cet hebdomadaire ainsi que la plupard des quotidiens nationaux vont mal,face à internet et à cette sacrée invention qu’est la télévision.Dans mon quartier à Toulouse,j’ai entendu des gens qui voulait reserver jusqu’à 10 numeros de »Charlie Hebdo »alors que quelques jours avant il crachait sur la pressse dite satirique.PAUVRE PAYS,PAUVRE FRANCE!!!!
A Rouxel,
Sans qu’il faille trop s’étendre sur le sujet car ce n’est pas vraiment le lieu (mais on peut se permettre des apartés), je ne crois pas, je ne pense pas du tout en fait, que le comportement dont vous parlez soit horrifiant. Nous venons d’assister ce 11 Janvier à quelque chose de rare, d’assez unique dont les implications ne sont pas encore mesurables. Pour l’heure, je n’y ai rien vu de malsain. Il semble qu’il n’y ait eu aucun débordement, nulle part, et on a assisté ici ou là à de jolies scènes de fraternisation. Quelqu’un a parlé de « grâce collective » : l’expression me convient. Ne nous endormons pas mais ne nous plaignons pas non plus que la mariée soit trop belle.
To Alexander Angel, The attack on CHARLIE HEBDO was enabled by all those western newspapers and magazines (in France, the U.S., and other countries) not publishing the cartoons that got CHARLIE HEBDO in such trouble years ago. And also by Yale University Press publishing a book on the furor aroused by those cartoons but refraining from printing images of the cartoons. Nothing is sacred, not Buddhism, not Christianity, not Environmentalism, not Hinduism, not Islam, not Judaism, not Obamism, nothing. All of the above are fair game and should not bring down cries of ethnocentrism, racism, heresy, and on and bloody on. When Christians objected to Terence McNally’s play CORPUS CHRISTI, in which Jesus Christ and his apostles were portrayed as homosexuals living in contemporary Texas, there were demonstrations and the playwright did receive death threats but no heads were cut off, no artists were shot dead, no buildings were blown up (it is true that performances were cancelled in benighted places like Texas universities and Greece). Demonstrations took place outside of the New York Metropolitan Opera’s performances of Adams’s opera THE DEATH OF KLINGHOFFER, which has been branded antisemitic, but no heads rolled, no bodies vaporized and the show went on. Self satisfied twitterers registering indignation (remember « SAVE OUR GIRLS ») and vaporous condemnations of E-VIL mean nothing. We are living in a Vichysoissie world where the motto is KEEP QUIET AND CARRY ON. If the American media had something behind their belts other than their pants (to borrow a phrase from PETE KELLY’S BLUES), they would publish an English translation of the mortally offending issue of CHARLIE HEBDO. But they won’t. Have, as we say over here, a nice day.
Oui, Mr Rawls, mais les médias français ici-même commencent à s’accuser réotractivement de la même comment dire… « pudeur » lors du même évènement hélas.
je m’excuse Michael j’avais mal lu j’avais pas vu que vous incluiez les médias de TOUS les pays dans votre accusation.
Two corrections:
I should have written « Alexandre », not « Alexander ».
And having invented, as far as I know, the term « Vichysoissie », for that group of people which goes along quietly with one sort of ideological or theological fascism or another in hopes that their heads won’t be cut off or their bodies multiply perforated or, worst of all, that the people next door might find them insufficiently enthusiastic in the celebration of diversity department,I would like to make a spelling change. « Vichysoisie », which would suggest some relation to « bourgeoisie », the class, rather than « Vichysoisse », the soup. Bog forbid that the neighbors should think that I’m so pig ignorant that I can’t spell « Vichysoisse ».
A Michael Rawls
No problem du tout !! (sic) et merci pour votre vigilance.
Vichysoisie addendum: I note that the number of PEN authors objecting to honoring the largely dead creative staff of CHARLIE HEBDO for standing up for freedom of expression has grown from six to thirty. Expect the numbers to increase over the next several weeks and for the award to ultimately be withdrawn or else bespattered by one of the offended objectors being permitted to make a statement of rebuttal. Have any of the signatories of the petition contesting the award, defenders of « the marginalized, embattled, and victimized », had anything to say about Christians decapitated or set afire or marooned on top of mountains or schoolgirls sold into sexual slavery or Jews in France being denied education in public schools or homosexuals thrown from roofs or beheaded in public squares ? Are only certain groups of marginalized,etc worthy of concern? Are some victimizers exempt from condemnation? And doesn’t giving in to blackmail (the threat of violence) encourage that blackmail going on and on forever, with larger and larger payments? Just asking.
à Michael: oui, les réponses faites aux petits futés anticharlie sont bien molles, on condamne oui mais on condamne bien mollement. et je ne suis pas charlie moi-même dans le sens où je déteste les mouvements de masse n’empêche…
Connoisseurs of the commercialization of everything might find it of interest that here in ‘Murca, Jeanne Moreau’s rendition of Rezvani’s « Le Tourbillon » from JULES AND JIM is being used in advertisements for the Turbo Tax computer program, software designed for IRS payment facilitation. Why not something more appropriate like George Harrison’s « Taxman » (« Now my advice for those who die/Declare the pennies on your eyes »?). What effect might Turbo’s repurposing have on future viewere of J&J? It seems to me I’ve heard that song before…
But then, circa 1975, doing something unpleasant upon the grave of Cole Porter, the Scrubbing Bubbles Toilet Cleanser people gave the world the immortal
« I’ve got you, under my rim… » (somewhat different from the BORN TO DANCE version of 1936).
It’s All True.
Belle livraison de B Tavernier en père noel!!!
sur 14 juillet, je suis entièrement d’accord avec vous: s’il est un cinéaste français à réhabiliter à tout prix, c’est bien lui y compris sur ses films d’après guerre bien moins académiques qu’on a voulu le dire.
Le silence est d’or, La beauté du diable ou Belles de nuit ne retrouvent certainement pas la folle invention de A nous la liberté,Le million, Entracte, 14 juillet ou Un chapeau de paille d’Italie (vraiment génial).Cependant, j’y vois une qualité d’écriture, une fantaisie, une élégance qui montrent que Clair a fait de belles comédies aux USA.
Honteux que La fille du 14 juillet supplante ce 14 juillet là!!!