Cinéma asiatique et cinéma roumain
6 août 2009 par Bertrand Tavernier - DVD
Cinéma asiatique
Je découvre Hideo Gosha dont je connaissais mal les films : TOKYO BORDELLO est très stylisé. Couleurs et décors magnifiques. Film très esthète jusque dans les maquillages, les coiffures, un esthétisme qui n’édulcore jamais la cruauté du sujet.
FEMMES DE YAKUZA est tout aussi somptueux visuellement. Gosha évoque les rapports de classes, les luttes meurtrières qui opposent différents clans de yakuzas d’Osaka à travers leurs femmes qui dirigent les clans pendant que leurs maris sont en prison. En essayant de maintenir le clan Domoto, l’héroïne, Tamaki, va devoir s’opposer à sa sœur qui est tombée amoureuse d’un tueur qui a rejoint un groupe de félons. Photo magnifique. On voit l’influence d’un film comme celui-là sur Tarentino.
L’OMBRE DU LOUP, histoire d’une femme qui s’éprend peu à peu de son protecteur sur fond de rivalités de yakuzas, possède les mêmes qualités. Et si l’on veut être plus restrictif, suit les mêmes recettes. Il me reste à voir LE ROYAUME DES GEISHAS. Je salive d’avance.
Le Coffret Johnnie To comblera les amateurs de ce cinéaste prolifique et éclectique dont est sorti l’assez décevant VENGEANCE avec Johnny Hallyday. Le début est brillant, très élégamment filmé mais le scénario tourne court. Je préfère de beaucoup le très inventif et drôle SPARROW (MOINEAU) sur des pickpockets pieds nickelés manipulés par une belle fille.
HARAKIRI avait été un vrai choc quand je l’avais vu au Festival de Cannes en 1963 où il remporta le prix spécial du jury. Les séquences finales (le Hara-Kiri du titre décrit avec une minutie totale, exempte de voyeurisme) avait passablement secoué un public prompt à applaudir les couchers de soleil. Toutes ces séquences ont gardé la même force et la rigueur du film qui attaque le bushido, le code d’honneur des samouraïs, son dépouillement, sa force dramatique n’ont pas pris une ride. Kobayashi reste un metteur en scène un peu trop oublié. J’aimerais revoir KWAIDAN d’après Lafcadio Hearn et découvrir les mélodrames sociaux qu’il tourna avant sa grande fresque, LA CONDITION DE L’HOMME.
SECRET SUNSHINE de Lee Chang-Dong est un extraordinaire film, aux dérapages surprenants, aux brusques retournements. Un grand nombre de séquences sont admirables et dans l’audace et dans l’exécution et au passage Lee Chang-Dong, dont j’avais loué les précédents films, attaque violemment les excès, la dictature de ces églises protestantes qui connaissent un tel succès en Corée et qui aux USA, soutenaient le Président Bush. On passe de la satire au drame intimiste à la peinture sociale. Interprétation magnifique.
Je rappelle pour la bonne bouche LA TRILOGIE DE HONG SANG-SOO (Le Jour où le cochon est tombé dans le puits / Le Pouvoir de la province de Kangwon / La Vierge mise à nu par ses prétendants) et celui qui comprend LA FEMME EST L’AVENIR DE L’HOMME et surtout THE TURNING GATE.
Le Coffret Bong Joon-Ho : THE HOST & MEMORIES OF MURDER, deux films exceptionnels dont j’ai longuement parlés. Vous pouvez le commander au prix de 19,99€ sur amazon.
Rappelons aussi un des grands chefs-d’œuvre de Im Kwon-Taek : IVRE DE FEMMES ET DE PEINTURE.
Carlotta a sorti, en mars dernier, 7 films de Kiju Yoshida (l’auteur de EROS + MASSACRE) dont PROMESSE et surtout AVEUX, THEORIE, ACTRICES.
Cinéma roumain
En quelques années, le cinéma roumain a vu éclore une génération de cinéastes passionnants, incroyablement doués qui prolongent l’œuvre dure, âpre et caustique de leur aîné, Lucian Pintillié. On a vu en très peu de temps le splendide 4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS de Cristian Mungiu qui remporta la palme et le très acerbe et désopilant 12h08 A L’EST DE BUCAREST de Corneliu Porumboiu. La plus grande partie de ce film, qui retrouve le ton des meilleurs Forman, se déroule dans un studio de télé : l’animateur de l’émission veut savoir si la révolution dans leur petite ville a commencé avant ou après la chute de Ceausescu. La description de ce tournage est hilarante : le cadreur loupe la plupart de ses cadres, un des participants fait des cocottes en papier qu’une main vient lui arracher, pendant qu’un ancien de la Securitate reconverti dans la maffia vient faire cesser toute critique. Le ton est noir et désenchanté. Le héros, un professeur qui quand il boit insulte le chinois qui lui prête de l’argent, semble sorti de Gogol. Dans les bonus un court-métrage du même cinéaste.
Autre chef-d’œuvre, raconte la terrible odyssée nocturne. Un malade est promené d’hôpital en hôpital, de docteurs en docteurs sans jamais pouvoir être soigné. Le ton fort, âpre et caustique (la désinvolture de certains personnages fait dresser les cheveux sur la tête) évite la noirceur gratuite. On est bouleversé mais pas abattu.
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Comparer Tarantino à certains cinéastes du passé me paraît totalement stérile. C’est le cinéaste-cinéphile-cinéphage par excellence, il est plutôt doué, original et sincère dans sa manière de faire du cinéma, il possède une cinéphilie très impressionnante et surtout vivante et possède un enthousiasme et une énergie qui lui permettent d’oser des choses qui le rendent totalement unique… et de ce fait, incomparable. Par contre, c’est à peu près sûr, il ne sera jamais un « classique ». On aime ou on n’aime pas, voilà tout. Et c’est bon signe que ses films fassent couler autant d’encre… On pourrait sans trop se risquer, parier sur le fait que dans 50 ans on parlera encore du cinéma (dans tous les sens du termes) de QT… On peut aimer « Inglorious Basterds » et aimer « Man Hunt » (l’un des tous meilleurs films US de Lang), ce n’est absolument pas antinomique.
Aux côtés de « The Offence » et « Odds Against Tomorrow » (Melville aimait tellement ce « Coup de l’escalier » qu’il a piqué à Wise le bruitage de la porte de la banque que braquent Robert Ryan et Harry Belafonte dans ce film, pour en faire celui de la porte de la Gestapo où se rendent en ambulance Simone Signoret et Christian Barbier dans « L’Armée des ombres »…), qui sortent en DVD le 16 septembre prochain, l’éditeur Wild Side Video sortira également le western de Fleischer « Du sang dans la poussière » (The Spikes Gang, 1974, avec Lee Marvin notamment) et « Le Mercenaire » de Corbucci. Sinon, Swift sortira fin septembre « Un américain bien tranquille » de Mankiewicz qui existait déjà en zone 1 sous-titré français, mais ça ne fait pas de mal de le voir arriver en zone 2, on pourra comparer les copies… A quand « Le Limier » ?
D’autres belles choses à venir d’ici décembre : Chez Carlotta Films sortira un coffret réunissant les premiers mélodrames de Sirk (période allemande), chez Potemkine nous aurons droit à 2 coffrets regroupant les 10 ou 11 premiers films de Nikita Mikhalkov, chez Studio Canal « Senso » de Visconti, réalisateur dont manquent à l’appel des éditions sous-titrées français de « Ludwig », « Les Nuits blanches », « Violence et passion »…
Et puisque cette chronique se concentre sur les cinémas asiatiques et roumains : Carlotta vient de sortir un très beau coffret consacré à un grand cinéaste nippon, Kon Ichikawa. Ce coffret regroupe 3 films : « La Harpe de Birmanie », « Kokoro » et « Seul sur l’Océan pacifique ». De son côté l’éditeur Blaq Out s’apprête à sortir début octobre, le premier coffret d’une série de trois consacrés à Koji Wakamatsu. Ce premier coffret contiendra « Les Secrets derrière le mur (1965), « Quand l’embryon part braconner (1966), « Les Anges violés » (1967) et « Va va vierge pour la deuxième fois » (1969). Des films qui chatouillèrent les comités de censure lors de leur sortie, de part leur érotisme, leurs angles politiques, l’originalité formelle qu’ils proposaient. Un frère de Seijun Suzuki, bien que très différent dans le fond (et la forme).
Par ailleurs, mon expérience du cinéma roumain est toute jeune : j’ai découvert les différents films de la nouvelle vague dont parle Bertrand Tavernier lors de leurs sorties en DVD l’année dernière, et ça m’a donné envie de me procurer les 7 longs métrages de Lucian Pintilie proposés par mk2, c’est-à-dire la quasi intégrale de l’œuvre de ce père de la cinématographie roumaine. J’ai reçu les DVD, « y’a plus qu’à » !
Ah et oui, petit rappel, à ne pas rater chez les Editions Montparnasse dans la collection bleue RKO dès demain : 2 films noirs de Richard Fleischer, « Le Pigeon d’argile » que je n’ai pas encore vu et « Bodyguard », film honnête qui nous fait retrouver avec plaisir Lawrence Tierney dans une enquête aux thèmes hitchcockiens, ainsi que « Desperate » d’Anthony Mann, dont le récit est bien mené et dont on se souvient de quelques plans fulgurants à l’image de cette bagarre qui se déroule dans une pièce exiguë éclairée par un simple abat-jour relié au plafond. Ce dernier va et vient, percuté par les deux hommes qui se battent et en fonction de son balancement fait apparaître ou disparaître le visage de Raymond Burr. Une scène qui peut évoquer celle du hangar plongé dans le noir à la fin de « The Big Combo » de Joseph H. Lewis, où Brian Donlevy découvre qu’il n’est pas seul, lorsque l’un des deux bandits qui l’attendent, allume sa cigarette…
A GOOSENS, FATALITAS ET BERTRAND TAVERNIER
Merci pour les renseignements et les réponses fournis.
Pour ALLAN DWAN, une bonne nouvelle de Carlotta :
Un coffret de 7 films est annoncé pour le 18/11/09, à un prix attractif; il contient notamment
« Quatre étranges cavaliers »(SILVER LODE) enfin en zone 2 et
« Deux Rouquines dans la bagarre ».
D’autre part sur son blog O. EYQUEM a indiqué que le superbe film de Richard Quine « Du plomb pour l’inspecteur » devrait sortir dans un nouveau volume de film noir.
Par contre, il est annoncé un remake de « L’invraisemblable vérité », réalisé par Peter Hyams et Michaël Douglas: le pire est à craindre; on attend toujours la sortie de ce film essentiel de Lang en DVD, en vain pour le moment.
Amicales salutations.
A Catherine
Avec « The offence » (sortie confirmée pour le 15 ou 16/09/09) ne pas rater « Le coup de l’escalier »(l’un des films préférés de Jean-Pierre Melville) qui sort le même jour.
Merci à Christian B pour le renseignement!
comme je n’ai pas l’impression qu’ils ont été chroniqués ici, je me permets de conseiller quelques DVD qui devraient aisément permettre de remiser Tarantino à la place qui lui est due (je sais, c’est un peu compulsif: il me met en rogne!).
D’une part, signalons 3 indispensables collectors des S Leone dont deux chez MGM (Le bon , la brute… et … la révolution) et un chez Paramount (… dans l’ouest). Tout y est : restitution parfaite de l’image, son très précis, boni variés et très documentés (de bonnes interventions de C Frayling, séquences supprimées, documents historiques).
D’autre part, WB a effectué un travail admirable sur La horde sauvage et Pat Garrett… tandis que Columbia restitue autant que faire se peut la puissance nihiliste du Major dundee voulu par Peckinpah. J’avais trouvé un peu dur le jugement porté sur ces trois films dans 50 ans de cinéma américain… Le visionnage en DVD de ces oeuvres émouvantes, stylistiquement puissantes et fondatrices ( au sens mythologique du terme) vous a t’il permis, B Tavernier, de revenir sur votre impression d’alors?
Leone et Peckinpah n’ont pas tant célébré la mort du western que réactivé ses codes à l’aune de leur époque… j’ai du mal à croire à la thèse de la mort de quelque genre que ce soit quand on voit l’histoire de l’art dans son ensemble!
PS: à quand une version DVD digne de ce nom de Il était une fois en Amérique, ce chef d’oeuvre déchirant, mûr, proustien (et je n’emploie pas cet adjectif si souvent!)? Leone a réalisé là l’un des 2 ou 3 plus beaux films des années 80… pensons plus souvent à ce grand artiste dont on aurait aimé voir le Stalingrad (l’un des films impossibles qui m’auront fait le plus fantasmé avec le Napoléon de Kubrick et le Conquering horse de Cimino entièrement parlé en indien).
Je n’irais certainement pas voir « Unglorious Basterds », pour les raisons éthiques brillament énoncées ci-dessus par H. Lime et J.J Manzanera.
Et puis il parait que le commando Juif/Américain ne cause même pas le Yiddish.
Sur la 2e guerre mondiale, mes classiques avec de vrais morceaux de méchants Nazis dedans:
To Be Or Not To Be, Man hunt (où Walter Pidgeon aurait pu….tuer Hitler), Les Bourreaux Meurent Aussi, Night Train to Munich, Mortal Storm…
Merci à monsieur Tavernier et aux autres blogers de m’aider dans mes vaines recherches de titres introuvables.
Pour ce qui est des propositions d’ouvrages j’ai pu trouver le livre de Pierre Billard (seulement en emprunt à la bibliothèque car il est épuisé et on ne le trouve sur le net qu’à un prix très déraisonnable!) je me délecte à lire cet ouvrage qui est fort bien écrit et très bien documenté. J’en apprend chaque jour d’avantage
Du coup je suis repris d’une cinéphagite aigue! :
J’ai pu lire que Jules Berry avait tourné 31 films entre 1936 et 1938
Hormis le Renoir et le Berthomieu, est-ce que parmi tout ces titres, quelques-uns seraient disponibles en dvd?
Je cherche également « le père Lampion » de Christian Jaque (et oui je l’aime bien celui-ci) et « Mister Flow » avec Louis Jouvet dont je viens de lire « témoignage sur le théâtre » A lire! Cela ressemble à un traité de philosophie à l’usage du comédien!
Merci à vous
Pour Jean Jacques Manzanera :
Gun Crazy est disponible en zone 1 avec des sous-titres français.
Plus j’y pense, plus Inglorious basterds me semble vain et stylistiquement boiteux (trop de réferences tuent la référence!).
Je crois que je ne suis pas un « tarantinien » au moins autant pour des raisons plastiques que morales comme Harry lime et par conséquent le rejoins dans le camp des vieux ronchons (même si je n’ai pas atteint encore la quarantaine).
J’aime de nombreux films américains ayant pour cadre la seconde guerre mondiale (de To be or not to be au dyptique d’Eastwood en passant par Fuller, Aldrich, Walsh, de Toth, Lang, etc…) et Tarantino débarque avec cette caricature de grand film!
En plus , il imite assez maladroitement le grand Sergio Leone qui, lui , sut réinventer des genres de fond en comble et imposa une vraie mythologie post moderne (comme Peckinpah) et personne ne parle de vulgaire plagiat mais on entend ici et là parler d’hommage.
Le plus agaçant demeure l’exercice de miroir du cinéma qu’il propose. Sans vouloir faire ce qui ressemblerait à de la basse flatterie, je crois qu’un dénommé B Tavernier réalisa il y a quelques années un superbe Laissez passer documenté, humain, traversé d’inventions scénaristiques ou esthétiques ambitieuses. Blogueurs, voyez le film d’un cinéphile après avoir vu ce que pouvait offrir un cinéphage!
Question à BT concernant La Renarde, de M.Powell: je possède une VHS en vost de ce film. Mais la qualité de l’image était douteuse, à cela s’est ajouté le poids des ans. En outre, je ne suis pas certain que le film proposé dans cette vhs soit complet (81 min. sur ma VHS alors que le site IMDB mentionne un film de 110 min., ca fait une « légère » différence). Une sortie DVD de ce film en collaboration avec l’institut Lumière est-elle prévue ? Et si oui, est-ce pour bientôt ? Merci pour votre réponse.
Nous songeons en effet à sortir un de ces jours un dvd de la RENARDE dans le montage de Powell et Pressburger (version Alexandre Korda) On a parfois exploité la version remontée par Selznick avec de grosses coupes et des scènes tournées par Mamoulian. Il y a un dvd en Angleterre mais sans aucun sous titre.
La question des « contrebandiers » (pour reprendre une heureuse métaphore de Scorsese dans son documentaire sur le cinéma américain) pose un problème conséquent dans un contexte où la « cinéphilie » institutionnelle fait feu de tout bois.
Soyons plus explicite: si un Fuller ou un Joseph H Lewis (le magnifique Gun crazy existe t’il en DVD?) faisaient passer « en contrebande » dans des films apparemment modestes les idées stylistiques et éthiques les plus hallucinantes , en est-il encore de même à l’heure où la cinémathèque s’amuse à célébrer Lucio fulci (je n’ai pas dit Mario bava car là il s’y passe de belles chosses), Duccio tessari ou le pitoyable Jess Franco?
Je suis frappé par l’unanimité dont bénéficie le « phénomène » Tarantino dont je reparlerai plus tard… une chose est sûre: maintenant « il a la carte », pour reprendre une expression de JP Marielle, je crois. Son Inglorious basterds n’est pas en soi pénible… il serait même plutôt amusant et parfois efficace. De là à prendre ce nouvel opus au sérieux, il y a une marge que je ne franchirai pas. Il y a dans la petite entreprise « tarantinienne » une fâcheuse tendance à s’approprier la mode post moderne pour faire passer l’art du collage pour un travail personnel: les geeks tiennent leur Andy Warhol!
Le point que je ne comprends pas dans le concert de louanges actuel, c’est le génie dialogique, verbal de QT (qui m’échappe depuis ses débuts y compris dans le puissant Reservoir dogs dont j’ai plutôt admiré la structure, le montage abrupt, les choix plastiques). Même dans l’interminable début, je n’y vois que narcissisme animé par le désir de SE faire plaisir, encouragé par une critique qui devrait plus souvent revoir des Lubitsch, des Mankiewicz, des Wilder ou des Welles avant de parler de sens du dialogue!
Et pendant ce temps, un geek bien plus honnête tel que Guillermo del Toro est encore , malgré Le labyrinthe de Pan (superbe édition chez Wild side!!!) ou l’échine du diable, considéré comme un petit faiseur!!!
Et pendant ce temps, Nacho cerda n’arrive pas à enchaîner ses projets!!!
Et pendant ce temps, Cimino (un vrai fou , lui!!!) semble voué au silence!!!
La subversion n’est jamais là où on l’attend…
Que de questions dont certaines très importantes demandent une longue réponse que faute de temps je ne peux rédiger.
a)L’expression contrebandier est excellente et convient bien à de nombreux cinéastes de Fuller à De Toth en passant par JH Lewis. Entre parenthèses, il existe un bonne edition de GUN CRAZY en dvd en zone 1
b) ces cinéastes s’exprimaient en marge et parfois contre le mainstream. Alors que Tarantino avec tout son talent EST LE MAINSTREAM et qu’il bénéficie de bugets, de soutiens qu’on rarement eu les cinéastes cités ci dessus. D’autre part il s’inspire le plus souvent (pas toujours)de films de série Z alors que Ford, Hawks se nourrissaient de Murnau, Huston des néo réalistes italiens, Wellman du cinema russe.
d) les derniers Cimino sont catastrophiques et cela depuis pas mal de temps.
Merci pour vos réponses et réactions qu’il s’agisse du rebond sur la métaphore des « contrebandiers »( au passage, je ne peux que recommander aux cinéphiles qui arpentent le site le documentaire dense que consacra Scorsese au cinéma américain -A journey into american cinema si je ne m’abuse- vu sur arte il y quelques années), de la mise en évidence d’un Tarantino faux auteur de série B et vrai cinéaste installé dans le mainstream.
Quant à Cimino, je suis hélas conscient que The sicilian, Desperate hours ou le tout dernier dont le nom m’échappe étaient indignes de la trilogie Deer hunter/Heaven’s gate/ Year of the dragon mias ces trois là m’ont durablement ébloui d’où ma frustration!
Comme la Cinémathèque Française rend en ce moment hommage à Robert Aldrich (jusqu’au 5 octobre), je voulais demander à Bertrand Tavernier si l’on peut espérer voir un jour une édition DVD de « En quatrième vitesse » digne de son extraordinaire contenu. Car j’ai cru comprendre que la seule disponible actuellement serait décevante. Le film étant ressorti assez récemment en copie neuve, ce serait formidable d’en voir une édition du même calibre que le magnifique coffret Richard Fleischer chez Montparnasse. Comme bonus envisageable, on pourrait y glisser des entretiens avec des cinéastes aussi influencés par ce diamant du polar que Tarantino, Lynch et probablement bien d’autres. L’idéal étant de trouver un document où Aldrich parlerait de son chef d’oeuvre…
Dans le même ordre d’idée-souhait : une édition DVD du « Crimson Kimono » réalisé par Samuel Fuller en 1959. Je ne l’ai vu qu’une fois et il y a longtemps mais avec le souvenir de situations et dialogues extrêmement originaux. Une histoire d’amitié-rivalité entre un Américain et un Japonais sur fond de polar. Thème qui sera ré-utilisé plus tard avec le « Yakuza » de Pollack et des « séquelles » comme « Black Rain » de Ridley Scott voire en poussant le bouchon très loin avec le genre buddy-movie mâtiné de confrontation culturelle tel que « Double détente » de Walter Hill (où ce n’est plus un Japonais mais un Soviétique).
Je souscris aux demandes de Pierre.
bjour tout le monde. pour rebondir sur Hideo Gosha dont le superbe Hitoriki avec le génialissime Shintaro Katsu (Mr Zaitochi) reste du sergio Leone à la mode Tarantino/Scorcese.
Il existe aussi chez Wild side une trilogie magnifique composée
Dans l’ombre du loup / Yokhiro le royaume des geishas / La proie de l’homme assez extraordinaire.
Trois films adapté des romans de Tomiko Miyao (mais avec des histoires et des personnages diffèrents) que j’ai eu le bonheur comparable à Medvedkine, de chroniquer dans Brazil numéro 7 page 88 (un peu d auto pub désolé).
bonne journée et bon films à tous
Votre montage de « Dans la brume électrique » sort en octobre en DVD. Aura-t-on la chance de pouvoir trouver à ce moment-là, la bande originale de Marco Beltrami pour ce film en CD ? (Jusqu’à aujourd’hui le seul moyen de se procurer cette très bonne B.O. étant le téléchargement légal, à partir de divers sites le proposant)
J’ai vu Inglorious Basterds et je vous fais part de quelques éléments de réflexions moralo-cinéphiliques de vieux ronchon. Je précise d’emblée que je ne suis pas un thuriféraire du cinéma de Tarantino. Passons d’abord sur le fait que la moitié des moins de 20 ans qui iront voir ce film penseront que Hitler et ses sbires sont morts dans un cinéma parisien. Je trouve délicat de prendre trop de liberté avec une histoire récente, encore assez problématique. Je sais que le film de QT est une série Z (de luxe), mais demeure sceptique sur ce genre de changement. Je sais qu’on m’objectera que bon nombre de films use de cettte liberté par rapport à l’histoire, mais les sujets sont moins récents et le changement fait sens (par exemple, La Chute de l’Empire Romain, de A.Mann). Ici, il me semble que le changement ne fait pas sens, à moins de considérer naïvement que si les juifs s’étaient révoltés plus tôt, la guerre aurait été finie plus vite (en fait, ils se sont révoltés à Varsovie notamment et la guerre a néanmoins continué !). Plus gênant encore est le fait que l’on ne voit guère de différence entre les commandos alliés et les soldats allemands assimiliés en bloc à des nazis. Il y a une sorte d’équivalence entre les deux groupes qui conduit un retrécissement moral très nette. Cela est particulièrement sensible dans les scènes au cinéma où est diffusé le pseudo-film « La Fierté de la Nation ». Ce film est bien entendu un film de QT (les images sont parlantes à ce sujet) et il semble faire la joie des dignitaires nazis, Hitler en tête. De la même manière que Inglorious Basterds est censé faire la joie du spectateur actuel, forcement antinazi, dans son massacre final. Fierté de la Nation et Inglorious Basterds apparaissent comme des films trop similaires, comme si un film pro-nazi et un film anti-nazi n’avait pas de forme et de fond spécifique. C’est cette perte de sens moral sur un sujet qui en demanderait encore plus qu’un autre qui m’a dérangé à la vision de ce film.
à propos du cinéma roumain récent, le cinema Nova lui a consacré une programmation en 2005, avant la consécration cannoise. On y retrouve le premier long de Mungiu et les courts et moyens de Porumboiu.
Dans le genre docu-fiction, Thomas Ciulei est un cinéaste incontournable, notamment « Asta e » tourné dans le delta du Danube
http://www.nova-cinema.org/main.php/pre/main.php?page=archives/2005/81/00cover.fr.htm
Vu « Inglorious basterds » hier soir et effectivement c’est très bon malgré un métrage un peu long : quelques creux notamment lors des scènes de rencontre entre Mélanie Laurent et le jeune soldat allemand ou à la table de Goebbels (mais pourtant scènes nécessaires). La fin est jubilatoire à souhait.
Quand Tarantino brasse à la fois les références aux westerns spaghetti, aux films de commando (références aux « 12 salopards d’Aldrich » ou à « Quand les aigles attaquent » de Brian G. Hutton) en passant (pour les scènes finales) par « To be or not to be » de Lubitsch; cela donne un film déjanté, maîtrisé d’un bout à l’autre (excellente interprétation de tous les acteurs).
En ce qui concerne le cinéma coréen, à signaler l’original et noir « the president’s last bang » d’Im Sang-soo sorti en 2005 et qui avait fait scandale dans son pays et « the chaser » (polar néo noir dont l’ambiance est proche de « Memories of murder ») de Na Hong-Jin sorti cette année et dont je vous avais conseillé la vision dans une précédente chronique.
entièrement d’accord sur « the chaser » et « the president’s last bang ».
Je viens de visionner « The Chaser » en Blu Ray. C’est un bijou noir, reposant sur un scénario d’une belle virtuosité, restituant un suspense de folie, et reposant sur une paire d’acteurs absolument bluffants. C’est l’un des plus grands thrillers de ces dix dernières années, que tous les amoureux du genre se doivent absolument d’avoir vu, sous peine de rater un film peut-être aussi fort que « Seven » en son temps… Quelle maestria pour un premier film ! Décidément la Corée n’a pas fini de nous étonner. Commentaire à chaud.
Si vous aussi, B Tavernier, avez su prendre plaisir à Inglorious basterds alors, plus rien ne me retient!!!
Je trouve qu’Harry Lime se fait un peu provocateur quand il préfère nettement Dillinger à Public ennemies. J’ai découvert le premier en DVD grâce à un pote (je n’allais pas acheter un Milius en DVD tout de même!): il est sympathique, découpé comme nombre de films de genre des seventies postérieurs à Bonnie and Clyde ou wild bunch et bénéficie d’une réjouissante prestation de W Oates… mais cela demeure une petite chose! Quant à Public ennemies, quelle claque stylistique! Entre précision documentaire, cadres et lumières magnifiés par la DV (avec Ceylan et Sokourov, Mann est le troisième utilisateur virtuose du support numérique), annotations curieuses, sens de l’atmosphère (l’attaque nocturne est sublime) il me semble difficile de ne pas y trouver son compte! et en plus Depp redevient le bon acteur qu’il fut dans Dead man, Ed Wood, Las vegas Parano ou Arizona dream.
Mann croit aux genres auxquels il se coltine que ce soit le western, le polar, le film de serial killer. Différemment de james gray, des Coen ou du grand Clint, il nous sort un peu des sentiers battus sans pour autant que le paysage nous soit totalement étranger (contrairement à l’atterrissage en catastrophe sur Mars que fut Boulevard de la mort…)
A Abe : pas à ma connaissance, hélas.
A Karim 68 : merci pour ces renseignements
A Olivier et Jacques Manzanera : j’ai beaucoup aimé INGLORIOUS BASTERDS mais ce n’est pas le premier film americain où les étrangers parlent leur langue. AU DELA DU MISSOURI de Wellman dont je parlerai ouvrait cette voie avant DANCE AVEC LES LOUPS et parmi les films de guerre dans PATTON, les allemands parlaient allemands. Et il y aurait une bonne dizaine d’autres titres qui viendraient battre en brèche cette facheuse habitude qu’ont les americains de faire parler tout le monde en anglais.
Cela dit, Tarentino tire de cette habitude et de ces clichés quelques effets hilarants (Brad Pitt en italien)
Cher Monsieur Tavernier (qui m’ayez tant de bonheur à découvrir vos films et l’envie de m’engager passionnément pour le cinéma, que j’aime) et autres mesdames et messieurs, qui interviennent sur ce fabuleux blog avec tant d’humilité et de sagesse,
Je me permets un tout petit coup de pub – ou plutôt de découverte – puisqu’il s’agit d’un lien non-commercial vers notre webzine: ecrans-asie.com.
Il s’agit d’un trimestriel gratuit, qui parle exclusivement de cinéma asiatique à travers des comptes-rendus de festivals, critiques analytiques, dossiers thématiques et autres interviews.
Tous ces articles sont rédigés par des personnes passionnées, qui investissent énormément de temps et d’efforts pour tenter de partager leur passion en cherchant à rendre un travail de qualité – au risque de se voir dilué dans l’affreux flux d’informations, blogs et autres sites en tous genres et n’ayant les moyens pour communiquer à grande échelle sur notre magazine.
J’espère, que vous m’excuserez cette « intrusion », mais que je pense tout de même coller au sujet du présent article et dans le profond respect de l’auteur de ce blog, qui est finalement le seul coupable de cette intervention ; p
Le magazine se trouve sous le lien: ecrans-asie.com et nous vous saurins gé, si vous vous arrêtiez pour quelques minutes ou – mieux encore – nous faisiez part de vos commentaires et réflexions…
Monsieur Tavernier – ou autres webmasters – si vous ressentiez mon intervention comme une « intrusion », n’hésitez pas à faire disparaître ces quelques lignes; sinon je vous suis gré de nous permettre cet espace de communication de passionnés à passionnés…
Chaleureusement,
Bastian HAPPY Meiresonne
Cela dit vous posez de bonnes questions à propos de QT. Que j’ai
essayé de lui poser dans AMIS AMERICAINS
Merci pour ce message précis et argumenté qui me décide à aller vérifier l’évolution de QT.
Si Reservoir dogs me bluffa (et continue à me bluffer: c’est le seul QT que je possède en DVD), je ne peux en dire autant des suivants: la structure de Pulp fiction ne m’a pas emballé (de même que ses scènes-clés qui l’apparentent à une collection de pseudo « moments d’anthologie »), Jackie brown m’a semblé agréable sans pour autant me bouleverser, Kill bill 1 m’a d’abord épaté par sa virtuosité puis ms’est apparenté de plus en plus à un pur exercice de style dans ma perception et KB 2 m’a semblé un peu asthmatique malgré quelques « clous » dans la lignée de PF… et enfin Boulevard de la mort m’apparait comme une vraie daube traversée d’une ou deux fulgurances.
J’aime bien qu’un cinéaste ait foi dans le genre auquel il s’attaque, qu’il croit en son récit et ses personnages tout en jouant avec les codes: QT fait oeuvre de cinéphage fou certes mais il semblait se soucier de moins en moins de cette nécessaire immersion contrairement aux Coen qui savent doser adrénaline et annotations sarcastiques (dernier en date: le magistral No country for old men).
Et puis le bis élevé au rang des beaux arts, recyclé pour faire peau neuve demeure pour moi du pur bis (et j’en ai vu quelques uns : contrairement à QT, je comprends pourquoi on n’a retenu que sergio leone pour le western italien… sauvons à la limite Le grand silence) à savoir non de la série B, non les quota quickies anglais mais de la production au mètre d’où émerge ça et là une idée, un beau plan mais rien de plus!
Mais, sur la foi, de votre passionnante intervention, j’irai tout de même voir Inglorious basterds.
J’ai vu dans les derniers jours plusieurs films qui ont été commentés sur ce blog récemment. Tout d’abord, « Le Diable dans la Peau » de George Sherman qui est une excellente surprise. C’est un western âpre et rugueux, très bien ficelé (sur le fond comme sur la forme). C’est le meilleur Sherman que j’ai vu avec The Battle at Apache Pass. Visuellement, j’ai même trouvé le film très réussi, notamment dans le choix de ces décors: la petite ville de Paradise, les rochers où a lieu la lutte finale,etc…Une très agréable surprise qui fait de ce film un film proche de ceux de Boetticher (allez, je prends des risques, là). Malheureusement, je suis plus sceptique sur « Une Arme pour un Lâche », d’A.Biberman; il s’agit d’un western à problèmatiques familiales, peu inspirée visuellement. Le thême est intéressant, mais il est traité de manière trop paresseuse. The Host, film de monstre sud-coréen, est intéressant et réussi visuellement (la scène de la 1ère attaque par exemple), même si je suis sceptique sur l’emploi des ralentis pour les scènes finales. Une bonne âme pourrait-elle me convaincre de la nécessité de surdramatiser par l’emploi de ralentis une scène qui est en elle-même dramatique (se faire courser par un monstre hideux est en soi me semble-t-il suffisamment dramatique pour ne pas devoir en rajouter une couche). Mais, à part ce bémol, le film est très bien. Un mot enfin sur un film qu’égratine « 50 ans de cinéma américain » et qui a été pour moi une « divine surprise »: Dillinger, de John Milius (bon d’acccord L’Aube Rouge et Conan le Barbare c’est pas des chef d’oeuvres), avec Warren Oates et Ben Johnson, sur une musique et des images fordiennes. Tout admirateur de John Ford devrait voir ce film, rien que pour cette raison. J’ai en tout cas trouvé la version de Milius bien supérieur à celle de Michael Mann, sorti récemment au cinéma, que j’ai trouvé un trop romantique gnan-gnan dans le but certainement de respecter un peu trop le statut de star de Depp. Celle de Milius est beaucoup plus âpre, sans concession. Et puis les gueules de Warren Oates, de Ben Johnson, de Geoffrey Lewis ont peut-être moins d’attrait chez les jeunes filles de moins de 18 ans que celle de Depp ou celle, inexpressive, de C.Bale, mais je les trouve quand même plus à leur place dans un film de gangster.
Je me permets de donner mon avis à J.J. Manzanera sur « Inglourious Basterds », que je trouve hautement recommandable à plus d’un titre et qui consacre son auteur comme l’un des plus inventifs et imprévisibles du cinéma mondial d’aujourd’hui.
Tarantino a affiné son écriture, les dialogues sont du travail d’orfèvre (je cite Jacques Morice dans Télérama : « Aujourd’hui, dans la foulée de Boulevard de la mort, festival au féminin de la bagnole et de la tchatche, qui le consacre comme un véritable musicien du dialogue argotique, il choisit un niveau de langue autrement plus soutenu. Qui n’aurait pas déplu à Goethe et Guitry réunis. »)
Effectivement, nouveauté dans un film américain, les allemands parlent allemand, les anglais, anglais, les français, français, les américains, américain. Au final, je crois bien qu’on entend plus parler la langue de Molière qu’autre chose…
QT est un immense directeur d’acteurs, chaque scène se boit comme du petit lait. Christoph Waltz, inconnu jusqu’alors, a bien mérité son prix à Cannes. C’est un acteur prodigieux, extraordinaire de suavité machiavélique dans un rôle de SS cultivé qu’on est pas prêt d’oublier. Mais les autres ne sont pas en reste : Brad Pitt qui singe le Brando du Parrain, Elie Roth en irrésistible tueur de Nazi, Mélanie Laurent en charmante propriétaire de salle de cinéma au passé secret et douloureux, Diane Kruger, actrice allemande travaillant pour les alliés, Daniel Brühl, exceptionnel en officier SS trouble-fête …
Beaucoup de scènes très drôles, décalées. Un peu de gore (les nazis scalpés par les « batards »). Un suspense contenu la plupart du temps au cœur même du dialogue. Le soucis du détail encore et toujours (La scène du Strudel est un magnifique exercice de style qui s’incorpore parfaitement au récit). Clou du spectacle, Tarantino réussit à réunir dans une petite salle de cinéma parisienne, Hitler, Goebbels, Bormann et Goering, ainsi qu’un Emil Jannings, dont on connaît les fréquentations à la ville… Tout ce petit monde va assister à une séance mémorable… Occasion pour le cinéaste de nous offrir un film dans le film ébouriffant, puisqu’il transpose le destin de l’acteur Audie Murphy, faisant d’un soldat allemand héroïque qui tue 300 américains du haut d’un clocher, un élément essentiel de la propagande de Goebbels.
La B.O. réserve bien des surprises comme dans tout Tarantino qui se respecte, et fonctionne plutôt bien, à l’instar du générique de fin : la belle tarentelle de Morricone pour « Allonsanfan » des frères Taviani.
QT rend hommage à la cinéphile française en passant, faisant dire en substance à Mélanie Laurent : « Monsieur, ici nous respectons les films et toutes les cinéphilies, nous pouvons être antinazi mais aimer le cinéma allemand » (Tarantino cite Riefenstahl, Pabst…)
Au final, un film certes imparfait, mais tellement jubilatoire, original, inventif, généreux. Un film qui donne envie de le mesurer aux autres œuvres du cinéaste, toutes disponibles en DVD, et plus précisément « Reservoir Dogs » et « Jackie Brown », ses deux meilleurs films à ce jour avec ce dernier opus.
Un court message pour vous remercier pour cette nouvelle chronique , B Tavernier. Je ne connais pas du tout Hideo Gosha et entends bien réparer ce manque au vu de vos remarques.
J’ai lu votre entretien avec Tarantino dans la magnifique réédition des amis américains: le bonhomme est toujours aussi amusant, passionné et « geek » (la rencontre entre vos deux cinéphilies fait des étincelles). Néanmoins, j’hésite vraiment à aller voir Unglorious basterds au vu des éléments qui me parviennent peu à peu et qui confirmeraient les défauts de boulevard de la mort, film assez creux et dénué de la virtuosité certes un peu gratuite de kill bill vol 1 (mais au moins , il y avait plaisir formel).
Alors, B tavernier, Quentin est-il un cinéaste passionnant en devenir ou un recycleur parfois formidable parfois nonchalant au vu de ce dernier opus? Votre avis s’il est positif m’aidera à aller en salle pour le découvrir…
Je n’arrive pas à apprécier Hong San soo mais suis prêt à recevoir tout argument susceptible de m’ouvrir à un univers dont la baeuté m’échappe totalement.
Merci pour vos réponses.
A Larry Dewaele
Entièrement d’accord avec votre éloge du cinéma de Im Kwon taek dont je n’ai vu que les cinq films distribués en france (et La pègre uniquement en DVD) mais je ne peux vous suivre quand vous assimilez Souvenir à une simple revisitation de La chanteuse de Pansori. Il me semble qu’il y a là un frémissement singulier inhérent à la construction fragmentée du récit qui pourrait sur le papier s’apparenter à un pur mélodrame (deux destinées qui ne feront jamais que se réunir fugitivement au présent, prises entre un passé compris comme un paradis perdu et un avenir que le héros veut idéalement construit autour de l’aimée) mais qui n’est pas sans évoquer le frémissement du mizoguchi de l’intendant Sansho tant par la beauté des rapports humains que par l’invention plastique parfois à couper le souffle (la chute des pétales de cerisiers, la résurgence du paysage d’antan près de l’auberge).
Souvenir fut pour moi un éblouissement en salles l’an passé et même si l’édition DVD n’offre pas de boni, la qualité du film et de sa restitution suffisent à le rendre indispensable. et cela n’enlève rien à mon admiration pour chunyang ou pour Ivre de femmes et de peinture. J’aime beaucoup le cinéma coréen , notamment Memories of murder, The host (j’attends the mother avec impatience), Old boy ou Printemps, été… mais le cinéma d’Im Kwon Taek surplombe le tout avec superbe!
PS 1: un mot sur Kwaidan, DVD indispensable aux couleurs incroyables et en version intégrale (si mes lointains souvenirs sont bons , il amnqiat un segment en salles)… à tous les amoureux du fantastique nippon (ceux qui ont frissonné à juste titre devant Cure ou Kairo de K Kurosawa, devant Ring ou dark water de H Nakata): voyez cette oeuvre fondatrice qui fait le lien entre Kurosawa, mizoguchi et le succès des oeuvres susdites. Le fantastique japonais, à mon sens est actuellement le plus passionnant, le plus authentique avec celui que savent concocter les Espagnols (en tête Abandonnée de Nacho Cerda disponible en DVD chez Wild side dans une édition somptueuse)
PS2: je me permets d’attirer aussi l’attention sur deux chefs d’oeuvre japonais édités dans de très belles copies : Onibaba de Kaneto Shindo et La femme des sables de H Teshigahara. Même si des liens semblent réunir les deux oeuvres (femmes pièges,atmosphère de cauchemar éveillé, esthétique noir et blanc éblouissante, expérimentations sonores passionnantes) , elles sont très différentes: la première affirme un sens aigu de la sauvagerie la plus brusque, un primat accordé aux sensations tandis que la seconde confine à l’abstraction dans un dispositif qui n’a rien à envier au Bergman de l’heure du loup ou de Une passion.
« Léo the last » est disponible en Espagne sur le site
Culturalia.net et en italie chez ibs.it.
« Miracle à milan » peut être acheté chez amazon.co.uk à un bon prix.
« Pain et chocolat » est disponible aux EU, mais dans une version piratée (éditeur ayant déjà distribué une contrefaçon en noir et blanc du formidable film de Deville « l’ours et la poupée »). Une honte pour ce chef d’oeuvre de la comédie italienne.
En espérant vous avoir aidé
Bonjour, une sortie DVD de « la fille du désert » de Walsh est-elle prévue sous nos latitudes (zone 2) ? Cordialement.
A sonatine :
Pour ces derniers, écrivez aux Films Marcel Pagnol qui en ont fait
sortir certains
Exact. My mistake. Je liais d’office Powell et Criterion
Il est vrai que Leo The Last manque. Mais ce n’est pas le seul. Je comprends mal pourquoi certains grands films français sont indisponibles en dvd, ne serait-ce que les Marcel Pagnol (grande question !)
A Corman et à Bertrand Tavernier, Miracle à Milan de De Sica existe en Italie. Vous le trouverez notamment sur le site italo-suisse dvd-italia.ch au prix de 19,90 francs suisse, soit env. 12 euros, mais d’après les indications obtenus sur le site il n’existe pas de vost français. Ce site propose d’ailleurs quelques films italiens intéressant (comme ceux de Monicelli, y compris le dernier pas sorti en France à ma connaissance et intitulé de mémoire La Rose du Désert), mais il semble que les Italiens n’imaginent pas que d’autres individus, ne parlant pas leur langue, puissent s’intéresser à leur cinéma, car les films sont souvent proposer en version italienne uniquement. Par exemple, les 2 films Brancaleone, de Monicelli, sont en vente mais uniquement en version italienne et une version pour malentendants. Cette décision de ne pas offrir au moins une seconde langue semble commercialement assez stupide. A moins que le salaire d’un traducteur soit bien plus élevé que je l’imaginais ! lol
Il me semble que c’est Sony Columbia qui a sorti « Age of Consent » et non Criterion. Cet editeur devient tres interessant avec ses sorties dvd 2009 : ils ont sorti un coffret Jack Lemmon, « Husbands » dans une version de 2h21, des screwball comedies, et d’auitres coffrets vont arriver les prochaines semaines dont un consacré à Samuel Fuller avec un titre que j’attends depuis l’avenement du dvd, « Les Bas-Fonds New-Yorkais », et deux autres consacrés à des films noirs avec entre autres, « Pushover » de Richard Quine, ou encore « Nightfall » de Jacques Tourneur.
Au passage, monsieur Tavernier, je vous dit merci pour votre blog, vos avis sont toujours interessants à lire et votre eclectisme fait plaisir, vu qu’on aurait tendance à croire que vous n’etes fan que de cinema americain, ce qui n’est evidemment pas le cas.
Phantom Light n’est pas mal du tout et le film australien dans sa
première moitié est très intéressant. CRITERION a aussi sorti une
version d’AGE OF CONSENT avec la musique que voulait Powell.
Augelmann : pour patienter avec Powell, sachez que 5 titres sont prevus ces prochaines semaines. L’un chez Studio Canal, Les Contes d’Hoffmann, sortie le 1er septembre, il me semble, les quatre autres chez Opening, en octobre : They’re a weird mob, The Fire raisers, The Phantom light et Red ensign, soit trois de ses « quota-quickies ».
A corman :
François 1er de Christian-jaque (JAMAIS TROUVÉ)
Léo the last de Boorman (IDEM)
Pain et chocolat de Brusati (IDEM)
miracle à milan de De Sica (IL EST PEUT ÊTRE SORTI EN ITALIE OU AUX USA)
IL Y A LE LIVRE DE PIERRE BILLARD: L’AGE CLASSIQUE DU CINEMA FRANCAIS, CELUI DE SICLIER SUR LA FRANCE DE PETAIN ET SON CINEMA . Celui de Geneviève Sellier : DROLE DE GUERRE DES SEXES . Et divers ouvrages sur Renoir, Gremillon, Pagnol. Il y a LE POING DANS LA VITRE sur les scénaristes dialoguistes et MOTS D’AUTEURS, JEUX D’ACTEURS, sans parler des souvenirs de Jean Aurenche (ACTES SUD, INSTITUUT LUMIERE)
A goossens :
Je suis d’accord avec vous. Je comptais en parler à propos du coffret western sorti en zone 1
Bonjour,
Je suis, depuis quelques temps, à la recherche de plusieurs titres que je ne vois toujours pas sortir en dvd
Pourriez-vous éclairer ma lanterne?
François 1er de Christian-jaque
Léo the last de Boorman
Pain et chocolat de Brusati
miracle à milan de De Sica
Si quelqu’un à des infos sur la sortie éventuelle de ces quelques titres (ou bien s’ils existent déjà !) je vous en serai fort reconnaissant.
Je recherche également un ouvrage sur l’histoire du cinéma français qui soit de la même ampleur qu’un « 50 ans de cinéma… » (sans vouloir jouer les flagorneur!) car j’ai épuisé les ressources de mon « Lourcelles » et les éditions 128 sont un peu minces sur ce sujet.
Merci
Excellent western que ce « trésor du pendu » de John Sturges. Sorti dans la collection fnac cinéma, la copie DVD est de fort belle qualité restituant les somptueux paysages de Sierra enneigés. Le duo Widmark-Taylor fonctionne formidablement bien sur fond de règlement de comptes teinté d’ambiguïté quant aux liens qui les amènent à s’affronter.
A Bertrand Tavernier. « Une arme pour un lâche » traite des relations dans une fraterie (les frères sont joués par McMurray, Stockwell et Hunter). Tout l’enjeu repose sur le parcours psychologique du frère cadet campé par un Hunter très inspiré. Il est l’enfant préféré de sa mère, l’aîné dirigeant le ranch et la fraterie depuis la mort du père et le plus jeune étant tout feu tout flamme. Le cadet est donc le protégé, il est lâche, a un peu peur de tout. Il devra passer par certains rites inhérents à l’époque pour gagner le droit d’être un homme dans une société d’hommes, et être enfin respecté. McMurray de part sa retenue, est d’une dignité très touchante et fait passer à la fois deux caractéristiques de son personnage, la force et la grandeur d’âme. Très belle scène de débandade du troupeau familial. Abner Biberman est un réalisateur qui utilise très bien l’espace, cette mise en scène en est une preuve irréfutable.
A Olivier :
D’accord sur le Sirk et la réhabilitation de Fred McMurray. Je n’ai
pas revu le Sherman et n’ai jamais vu l’Abner Biberman
A Larry DEWAELE
Merci. J’espère que nos efforts porteront leurs fruits.
A goossens :
La réalité est plus complexe. J’avais refusé la plupart des derniers
titres. J’en avais proposé d’autres que Sidonis s’est laissé souffler
parce qu’ils n’ont rien fait. (LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS). J’avais
fait une liste de films qui ne figuraient pas sur les listes des
majors, qui étaient parfois sortis dans d’autres pays. Visiblement,
aucune de mes idées n’a été retenues. Les Dwan de la RKO proposés il y a plus de deux ans viennent d’être achetés par quelqu’un d’autre.
Pour les Westerns de Légendes, je crois savoir que SGGC a fait un enfant dans le dos à Sidonis en éditant via l’éditeur MEP (Mes films préférés) les trois derniers titres prévus, à savoir deux films avec Audie Murphy « Le Diable dans la peau » de George Sherman et « L’Etoile brisée » de Jesse Hibbs, ainsi que le très sympathique « Une arme pour un lâche » de Abner Biberman, film au casting réjouissant : Jeffrey Hunter, qui sortait auréolé de « The Searchers », un très bon Dean Stockwell en début de carrière et surtout, mais là c’est un avis très personnel, un superbe Fred McMurray, acteur que j’ai toujours très fortement apprécié, qui possède l’une des plus belle voix masculines du cinéma américain (sa voix-off dans ‘Double Indemnity » de Wilder m’a longtemps hanté), et dont le jeu tout en retenue (le fameux « Underplay » dont parle très bien Jean-Pierre Melville dans ses entretiens avec Rui Nogueira), style immité par Humphrey Bogart entre autre, fait merveille. Ses prestations face à Barbara Stanwyck sont mémorables, « Assurance sur la mort » bien-sûr, mais aussi dix ans plus tard pour Douglas Sirk « Demain est un autre jour », l’un des rares films de cette époque, pour ne pas dire le seul, à traiter du délaissement de l’homme dans le couple. Les deux acteurs y sont prodigieux.
Pour qui veut connaître Hideo Gosha, il faut surtout visionner deux de ses plus grands films disponibles en DVD chez Wild Side Video : « Goyokin » et « Hitokiri » (connu aussi sous le titre « Tenchu »), des longs-métrages défendus depuis toujours par ce grand connaisseur du cinéma d’Hideo Gosha qu’est le réalisateur-cinéphile Christophe Gans. Ce dernier a d’ailleurs édité dans la collection HK Video (collection qu’il dirige), 12 films de Gosha tous plus passionnant que les autres. Ce sont des films de Samouraï et de Yakusa, disponibles dans 3 coffrets intitulés « Ronins et Yakusa ». Toute la filmo de Gosha est presque dispo en DVD en zone 2 française grâce à ces coffrets et aux sept films proposés par Wild Side. C’est un réalisateur à découvrir absolument, très doué dans le traitement de l’action, possédant des talents surprenants pour le mélodrame. A ce titre, « Tokyo Bordello » est effectivement un film magnifique qui reprend des thèmes chers à Mizoguchi (« Cinq Femmes autour d’Utamaro », « Les Soeurs de Gion », « La Rue de la honte »…) mais aussi Tomu Uchida (Il faut absolument voir ce chef-d’oeuvre absolu qu’est « Meurtre à Yoshiwara », avec un acteur de très haute stature, Chiezo Kataoka, un film de 1960. Les films de Uchida avaient commencé à être édités par Wild Side mais devant le peut de ventes, on doit se contenter des trois titres proposés par l’éditeur. C’est déjà ça, mais c’est bien dommage…). Dans « Tokyo Bordello » d’Hideo Gosha, la reproduction à la fin du film, de l’incendie qui ravaga Yoshiwara (le quartier des plaisirs de la ville de Tokyo) en 1913, est époustoufflant. Il est aussi marquant que le splendide incendie de « Johnny Guitar ».
A AUGELMANN :
A KING AND 4 QUEENS est sorti en zone 1 dans une superbe copie.
Concernant la collection Institut Lumière : Bien sûr mais ces derniers mois, on a préféré sortir des livres dont AMIS AMERICAINS
A propos de Mann : et RAILROADED chez Bach Films
BLAST OF SILENCE : je l’ai vu au cinéma
Un petit mot supplémentaire sur:
– Yoshida: les deux coffrets sortis par Carlotta et couvrant le début et le milieu de la carrière de Yoshida valent tous les deux le coup, surtout le premier, pour ses films nourris à Godard et au film noir (y compris au film noir revu par Kurosawa) et surtout pour ce merveilleux mélodrame qu’est La Source thermale d’Akitsu, qui n’a que l’apparence du classicisme. Presque aussi beau que le Nuages flottants de Naruse. Dans les films plus récents de Yoshida, sortis en édition séparée un peu plus tard, il y a effectivement Promesse et le très cérébral mais très beau Femmes en miroir, qui étudie les effets d’Hiroshima sur plusieurs personnages de femmes.
– Johnnie To: j’ai également été déçu par Vengeance et préfère Sparrow, mais aussi le très léonien Exilé, qui contrairement à Vengeance ne s’embarrasse pas de psychologie et fonctionne sur une économie de mots qui fonctionne beaucoup mieux que dans Vengeance. Election 1 et 2, sortis en même temps par ARP, sont quant à eux passionnants, To réussissant son passage du jeu plus ou moins inconséquent (toujours bien présent dans Election 1) à son Parrain 2ème partie, se nourrissant d’une lecture politique sous-jacente sur les relations de Hong-Kong avec la Chine.
Merci à Bertrand Tavernier de sa sélection de films asiatiques. Cela fait un bout de temps que je me demande pour Hideo Gosha, il faudra finir par aller y voir.
Pour les films que je connais, je ne peux que souscrire et en remettre une couche sur Secret Sunshine, pour moi un des films les plus surprenants de ces dernières années, les détours du scénario étant inattendus ou bien, si attendus, traités d’une manière toujours étonnante. Il faut pour se laisser étonner ne pas chercher à connaître l’histoire au préalable et se laisser porter par un mélodrame puissant mais qui ne cherche pas à immerger le spectateur à tout prix, qui met parfois de la distance avec lui. Le personnage masculin, d’une certaine façon à la place du spectateur, patient et empathique mais n’ayant pas toujours accès à cette femme qui souffre, est assurément une des grandes idées du film. Cela fait plusieurs années que je suis Lee Chang-Dong (grâce à Positif), Peppermint Candy et Oasis étant des films passionnants, mais il a atteint là un premier sommet qui m’a laissé pantois.
Ce personnage masculin est interprété par l’acteur fétiche de Bong Joon-Ho (at à l’occasion de Hong Sang Soo), et là aussi je ne peux que souscrire sur ces deux films formidables, deux des plus grands films de genre de ces dernières années, que sont Memories of Murder et The Host. Là aussi, le mélange des genres à la coréenne fait merveille: l’injection de certains traits de la comédie à l’italienne dans ce film de monstre qu’est The Host achève de rendre le film délectable. Pour Hong Sang-Soo, j’ai moi aussi une préférence pour Turning Gate, sans doute son film le plus achevé, même si j’aime plus Conte de cinéma que beaucoup de spectateurs (qui l’ont boudé, d’ailleurs) et que j’aime beaucoup La Vierge mise à nu par ses prétendants.
J’aimerais finir sur Im Kwon-Taek, ce maître absolu du cinéma coréen, qui en est à son 100ème film, qui en est en France à son cinquième film distribué, et dont la mode, éphémère, semble avoir vécu. Rappelons à toutes fins utiles que si Ivre de femmes et de peinture et est un film admirable et un de ses plus grands, il en est un autre qui l’a précédé et l’a fait connaître en France: son deuxième film sur le pansori après La Chanteuse de pansori (premier de ses films distribué en France, indisponible en dvd), Le Chant de la fidèle Chunhyang. Pour sa beauté plastique, pour son adaptation exemplaire de ce grand conte national qu’est le pansori autour de l’histoire de Chunhyang, pour la vivacité avec laquelle Im Kwon-Taek échappe aux pièges du film en costumes – comme dans Ivre de femmes et de peinture – ce film est un chef-d’oeuvre absolu. Il reste que d’aucuns ont du mal à supporter sur les deux heures de film ce chant rauque et peu mélodieux qu’est le pansori. Ce n’est pas mon cas, et je ne peux quoi qu’il en soit qu’engager le plus grand nombre à découvrir ce qui là aussi me semble être l’un des plus grands films de ces dernières années (dvd Arte).
Son dernier film à ce jour, Souvenir, est sorti à la sauvette l’année dernière. Il faut dire qu’il n’atteint pas les sommets des films précités, mais même s’il est moins inspiré, il n’en reste pas moins bien à la manière d’Im Kwon-Taek, tout en ellipses (voir aussi La Pègre) et se penchant avec obstination sur la condition des artistes à des périodes différentes tout en revisitant son propre cinéma – le film revisite La Chanteuse de pansori. Résumons-nous: il faut à mon sens à tout prix se gorger de la beauté jumelle du Chant de la fidèle Chunhyang et de Ivre de femmes et de peinture, mais ne pas se priver de Souvenir et de La Pègre, ses deux autres films disponibles pour l’instant en dvd. Espérons qu’un jour la Chanteuse de pansori et son autre grand film (parmi ceux que j’ai vus, s’entend), La Mère porteuse, auront aussi droit aux honneurs du dvd.
A Augelmann,
Je ne suis pas Mr Tavernier, mais je peux partiellement répondre à votre préoccupation qui est aussi la mienne concernant les Westerns de Légende. Au prime abord, cette collection qui, formellement, était extrêmement bien lancée, contenait des perles du western avec en prime les commentaires très techniques et très psycho- sociologiques des contextes décrits par Mr Tavernier puis rejoints par ceux plus documentalistes et empiriques de Mr Brion. Cette alchimie de deux experts de cinéma est brillante et complémentaire.
Malheureusement, et pour des raisons que j’ignore, les choix artistiques des westerns sélectionnés s’est franchement dégradé au fil du temps. Je sais que Paramount France a purement et simplement décidé de ne plus éditer de westerns sous son label. La M.G.M. qui avait lancée une fort belle collection de westerns s’est aussi mise brusquemment à l’interrompre il y a 2 ou 3 ans. Il n’y a que Warner ( qui au passage édite sous son label certains films et quelques westerns de la M.G.M.) et Universal qui continuent d’en exploiter. Il y a fort à parier que l’éditeur Sidonis et Calysta n’aient plus eu grand chose à se mettre sous la dent pour satisfaire les fans de westerns, en tout cas dans la série des grands classiques et des oeuvres intéressantes. Toujours est-il et pour répondre à votre question sur ce volet, les retards (ou peut-être l’annulation) des dernières sorties des « westerns de légende » sont dues au fait (et pour des raisons certainement économiques ) que Sidonis et Calysta ne sont plus en mesure de les distribuer et sont à la recherche d’un autre éditeur. Pas étonnant en même temps vu la médiocrité (selon moi), à part 1 film sur 4, des dernières sorties qui ont forcément émaillées la qualité de cette collection pourtant bien prometteuse dans ses débuts.
Génial que « The Offence » soit édité !!
Un film très noir, situé dans une banlieue Anglaise poisseuse, avec un Sean Connery grandiose (son seul « very bad character » ??) dans le rôle d’un policier ambigu (et plus que perturbé par son enquête sur le meurtre d’une petite fille…), avec aussi Trevor Howard.
Catherine.
Mr TAVERNIER,
Bonjour,
C’est grâce à Olivier Eyquem que j’ai découvert votre blog;c’est un plaisir sans bornes de découvrir des films rares et d’apprendre que certains autres invisibles depuis des lustres sortent enfin même si c’est souvent en Zone 1.
Je me permets de vous questionner au sujet d’une collection que vous avez lancé et qui est acccompagné de vos commentaires (j’ai beaucoup aimé ceux sur 7 SECONDES EN ENFER): celle des Westerns de Légende.
Un roi et 4 reines de Walsh, annoncé pour le 6 mai n’est toujours pas sorti;avez-vous des nouvelles sur une nouvelle date et est-ce que d’autres sorties sont attendues?
Vous aviez sorti dans la Collection Institut Lumière 2 superbes coffrets sur POWELL et PRESSBURGER?
Avez-vous d’autres coffrets sur d’autres cinéastes en prévision?
J’attends vos prochains articles avec impatience.
Merci de nous communiquer et transmettre votre passion
Amicales salutations. AUGELMANN
A propos de Mann, MONTPARNASSE sort le 8/09/09 DESPERATE sorti chez RKO.
Enfin ODDS AGAINST TOMORROW de WISE sort chez WILD SIDE en même temps que THE OFFENCE DE LUMET.
Une découverte que j’ose vous conseiller :
BLAST OF SILENCE de ALLEN BARON paru chez MK2.