Cinéastes français en coffret et sélection d’ouvrages
5 avril 2013 par Bertrand Tavernier - DVD
FILMS FRANÇAIS
Je n’avais jamais vu BOARDING GATE d’Olivier Assayas que j’ai trouvé nerveux, incisif, tranchant surtout dans les deux premiers tiers… Un ton qui annonce déjà CARLOS. Et j’ai découvert que le film traitait déjà en fait du meurtre du banquier Stern, en changeant les noms. Lors de la sortie du film avec Laetitia Casta (qui est mille fois moins convaincante, originale, sexy qu’Asia Argento), je n’ai pas souvenir qu’on l’ait rappelé.
J’avais oublié de signaler la sortie en DVD normal et en Blu-ray, du coffret consacré à MAX LINDER. C’est de la part de Maud Linder une œuvre d’amour et de passion. Redécouvrons Max Linder.
Très beau coffret chez Gaumont consacré à Raymond Bernard et à ses films muets. A voir de préférence au MIRACLE DES LOUPS, le passionnant JOUEUR D’ÉCHECS. Ces deux films adaptent des livres de Henri Dupuy Mazuel et on peut y admirer Charles Dullin qui campera un Thénardier définitif dans LES MISÉRABLES.
Il faut découvrir quel grand metteur en scène était Raymond Bernard. Il suffit pour s’en convaincre de voir LE COUPABLE (éditions René Château) mélodrame adapté de François Coppée par Bernard Zimmer qui flirte avec les situations les plus convenues, les plus lacrymales. Et pourtant, pendant une bonne partie du film, Raymond Bernard évite, transcende, domine bien des pièges même si l’on peu regretter des notations un peu lourdes (l’arrivée en patin de feutre de Pierre Blanchar et son père chez Marguerite Moreno). Plusieurs notations assez âpres sur les agiotages, trafics financiers auxquels on se livrait à l’arrière. Interprétation émouvante et mesurée de Madeleine Ozeray (ses amies fleuristes sonnent aussi très moderne, notamment Palmyre Levasseur). Une scène à elle seule justifie la vision du film, celle où Marguerite Moreno, devenue aveugle, force sa domestiques qui cueille des fraises, à chanter « Je suis chrétien » pour être sûre qu’elle n’en mange pas durant la cueillette. Moment digne de Buñuel. Pierre Blanchar assez sobre et sincère dans la première partie retrouve, hélas, toute sa grandiloquence dans la séquence solennelle, guindée, du procès où il doit requérir contre son fils. Là Raymond Bernard est vaincu par le scénario, le dialogue, les situations impossibles et prévisibles. Mais avant, il avait réussi une étonnante séquence de meurtre d’un usurier, dans l’obscurité qui ne déparerait pas des classiques du film noir. Paul Vecchiali qui est trop sévère avec LE COUPABLE, délire sur ANNE MARIE (jamais vu) et FAUBOURG MONTMARTRE. J’adorerais revoir ce dernier film qui m’avait marqué et dont je n’ai qu’une VHS.
Je profite de l’occasion pour reparler d’un autre très grand cinéaste, Maurice Tourneur. Pathé a sorti un coffret qui comprend plusieurs films essentiels comme le remarquable et si moderne AU NOM DE LA LOI, JUSTIN DE MARSEILLE, LES GAITÉS DE L’ESCADRON avec les merveilleuses scènes en couleur. Copies très bien restaurées.
Continuons l’exploration du cinéma français avec LE CHEMIN DES ÉCOLIERS que j’ai vu sur la suggestion d’un des participants au blog, Bruno François Boucher. Je m’étais toujours refusé à voir cette œuvre, ayant en mémoire les éreintements qu’elle avait subies. On avait utilisé des adjectifs très forts (ignoble, abject). Eh bien, c’est Bruno François Boucher qui a raison. Il s’agit du meilleur film de Michel Boisrond (avec peut être LA LEÇON PARTICULIÈRE), très supérieur à CETTE SACRÉE GAMINE et C’EST ARRIVÉ À ADEN, défendus tous deux dans Arts par la jeune critique qui rangeait Boisrond dans les espoirs aux cotés de Claude Boissol. Eh bien le film vaut beaucoup mieux que sa réputation. Ce fut une vraie et plaisante surprise, après un début tâtonnant et un peu mou. Par la suite, le scénario, beaucoup moins âpre, cocasse, virulent que celui de la TRAVERSÉE DE PARIS est bien, sobrement, légèrement écrit par Jean Aurenche et Pierre Bost (on rêve en pensant aux adjectifs qu’on lui avait accolé), sachant s’effacer derrière les personnages, sans les juger à priori. Et la majorité de ces personnages sont des êtres qui ne pensent qu’à survivre et certains qu’à s’enrichir, avec une insouciance parfois criminelle. C’est leur maladresse qui les sauve. Delon et Brialy sont un poil trop âgés mais leur justesse, leur charisme compense ce handicap. Et surtout, Bourvil, qui tente de ne pas se compromettre et qui a des réflexes humains, est magnifique de légèreté, de subtilité. Le couple qu’il forme avec Paulette Dubost est traité avec une tendre ironie. Ses scènes au bureau, avec son chef assez dégueulasse, celles, remarquables, avec Lino Ventura (dans un personnage plutôt noir qui fait penser à celui des AMANTS DE MONTPARNASSE, sorti en Blu-ray) et Sandra Milo, offrent des nuances, des changements de ton, de registre qu’on devrait étudier au Conservatoire et qui font défaut à bien des comiques modernes. La mise en scène de Boisrond est classique mais assez fluide, plus hospitalière, moins rigide que certains Lara de la dernière période (pas LES PATATES) et cette souplesse semble donner une vraie liberté aux comédiens (Mondy, Paulette Dubost sont excellents dans des seconds rôles).
J’avais été séduit, toujours dans la collection rouge de Gaumont, par L’INÉVITABLE MONSIEUR DUBOIS de Pierre Billon. FLORENCE EST FOLLE tente d’appliquer les mêmes recettes et réussit pendant une bobine à décrire un couple bourgeois, avec une femme très coincée qui mène son mari magistrat à la baguette. Mais le scénario, auquel ont collaboré Jean Sacha (CET HOMME EST DANGEREUX, à rappeler) et Alex Joffé (LES ASSASSINS DU DIMANCHE), devient trop arbitraire et perd toute crédibilité quand Annie Ducaux après un accident de voiture, se prend pour une chanteuse espagnole.
DEUX MOLINARO
ARSÈNE LUPIN CONTRE ARSÈNE LUPIN témoigne de multiples recherches visuelles : ouvertures à l’iris, accélérés, cadrages insolites surtout en scope noir et blanc (deux personnage dont on ne voit que le chapeau devisent), rythme rapide. Les dialogues de George Neveux sont parfois savoureux (« N’appelez pas la police. Chez moi, j’en ai possédé une. Je sais ce que cela vaut », lance une princesse Mittel Europa), Michel Vitold et Henri Garcin sont de plaisants méchants (qui possèdent un peu trop facilement les deux Lupin) et Françoise Dorléac porte à ravir les chapeaux cloche. Mais Jean Le Poulain surjoue horriblement et le film trop technique, n’accroche pas. Ni Brialy, ni Cassel ne sont convaincants.
LE GANG DES OTAGES, écrit par Alphonse Boudard, photographié par Raoul Coutard, est plus ambitieux : cette chronique sèche, dépouillée, jamais sentimentale, raconte l’équipée de deux malfrats aidés par une ancienne prostituée. D’avoir choisi Bulle Ogier (que l’on voit plutôt déshabillée dans deux scènes) pour jouer ce personnage, qui devient de plus en plus dur au fur et à mesure de l’histoire, est une des bonnes idées dont on doit créditer Molinaro. De même que le choix de certains acteurs (Maurice Barrier, Daniel Cauchy, porteur du projet, Gilles Segal). D’autres sont plus convenus (Germaine Delbaz). La narration qui encadre une partie du film et joue sur un interrogatoire se déroulant dans le dernier tiers, est adroite bien que les échanges off paraissent un peu systématiques. Et surtout, j’ai eu du mal à m’intéresser à ces personnages, aux deux hommes surtout : ce malfrat qui attaque des femmes, cet autre qui dépouille des prostituées me semblent des petits truands misérables, que rien ne rachète (ce qui peut aussi être porté à l’actif du film, mais on voudrait alors plus d’engagement humain de la part du cinéaste qui reste un observateur détaché). Je ne sens aucun engrenage et, sans doute, ce n’était pas ce que recherchaient les auteurs, juste une chronique sèche mais dont les protagonistes me sont indifférents. Le dernier quart aurait pu être plus tendu, plus à vif mais Molinaro le traite avec une sécheresse elliptique. Musique assez bonne mais trop courte, trop peu élaborée de Michel Legrand.
LIVRES ET ADAPTATIONS
Saluons tout d’abord la parution du livre de Thomas Cullinan, LES PROIES (avec une préface de Jean-Baptiste Thoret), d’où est tiré le très beau film de Don Siegel (bonne occasion de citer à nouveau ce film). On va pouvoir juger sur pièces le travail d’adaptation d’Albert Maltz, lequel avait retiré son nom à cause d’une ou deux modifications que Siegel et Eastwood avaient fait subir à son scénario. Voilà une bonne nouvelle qui complète la parution du passionnant WARLOCK (d’où était tiré L’HOMME AUX COLTS D’OR) et de l’excellent TRUE GRIT de Charles Portis qui donna lieu à deux adaptations dont on a beaucoup parlé sur ce blog.
Et puis un peu d’autopromotion. Nous venons de republier dans notre collection Institut Lumière/Actes Sud, l’indispensable ouvrage d’Hervé Dumont sur Frank Borzage : FRANK BORZAGE, UN ROMANTIQUE À HOLLYWOOD. Étude très documentée, très chaleureuse qui éclaire de manière fraternelle les grands chefs d’œuvre de ce cinéaste si personnel. On a pu revoir ses films muets géniaux grâce à Carlotta mais Dumont analyse aussi certains des grands titres parlants, MAN’S CASTLE, THE MORTAL STORM, HISTORY IS MADE AT NIGHT, MOONRISE, souvent ignorés par les éditeurs DVD. Raison de plus pour lire ce livre.
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Cette chronique parle de Michel Boisrond et du CHEMIN DES ECOLIERS. Le décès de Marie Laforêt m’a fait découvrir LE PETIT POUCET, de ce même réalisateur, qui est une adaptation jolie et honnête (qui marche un peu sur les traces de PEAU D’ANE) du conte de Perrault, discrètement inventive, notamment en termes de bande son. Marie Laforêt et Jean-Luc Bideau forment un couple royal plutôt marrant. Et Jean-Pierre Marielle, en ogre, est impayable.
Je dirais que c’est aussi un bon Boisrond!
Michel BOISROND a aussi réussi L’HOMME QUI VALAIT DES MILLIARDS : film de gangsters à mise en scène enlevée, bien joué (dont Annie Duperey dans un de ses premiers rôles), scénario travaillé (à moins qu’il ne soit qu’une adaptation servile du livre dont il est tiré et que je n’ai pas lu), belle photo, cadrage souvent recherché, lieux de tournage originaux. Seule la scène de bagarre finale est caricaturale mais heureusement courte.
Si je ne possède pas encore (mais il risque de s’épuiser ou d’être vendu à prix d’or)le beau coffret Maurice Tourneur, je me suis vu sur le câble AU NOM DE LA LOI dans sa version restaurée. Malgré des imperfections au niveau du son (tout n’est pas audible encore que quand ça l’est, cela sonne avec beaucoup de clarté),la qualité de l’image compense et ce tout restauré est au diapason de ce qui fait le très grand intérêt de ce film de 1931 : sa modernité chorale. Portée non sans rapport avec ce que seront plus tard des films noirs américains où le fil rouge d’une intrigue criminelle particulière et le déploiement policier collectif y afférant finissaient par converger au sortir d’un montage parallèle (je ne sais pas moi, quelque chose comme THE FRENCH CONNECTION ou TRAFFIC). Toute proportion gardée, c’est un peu ce qui se passe avec le film de Tourneur dans lequel les policiers, menés par Charles Vanel, remontent à la source d’un crime dont un des leurs a été victime alors que parallèlement, nous faisons connaissance avec celle qui pourrait y être mêlée (Marcelle Chantal, qui a bien du sex-appeal)et qui, par ses attitudes mondaines (quoiqu’un peu canailles), dénote avec le climat sordide du début du film. Je pense que la modernité d’AU NOM DE LA LOI se situe quelque part par là, dans ce contraste entre le terrain policier, dur, documenté (la longue scène de l’interrogatoire du Bordelais qui se termine par un casse-croûte, détail excitant, ou l’assaut final, qui ressemble à celui de L’HOMME QUI EN SAVAIT TROP, version 34, mais qui, surtout, évoque l’assaut récent mené contre les terroristes à Saint-Denis)et le climat envoutant, exotique, sensuel de tout ce qui tourne autour de Marcelle Chantal.
A Alexandre Angel
Entièrement d’accors et mon ami Jean Marc berlière soulignait la justesse de nombreux détails, le soin apporté aux accessoires ou aux décors. Pour lui le meilleur film sur la police avant QUAI DES ORFÈVRES. Le reste du coffret contient des joyaux
Sur LE GANG DES OTAGES vous avez raison jusqu’à dire que le spectateur est lâché entre des personnages peu intéressants et un regard de cinéaste qui ne transcende pas, ne propose pas autre chose au-delà de ceux-ci. Pourtant j’ai pensé souvent à CLASSE TOUT RISQUE pour la sécheresse du ton et surtout le fatalisme tragique désespérant, ici ce serait la même chose quant au destin des trois fuyards avec moins de force que dans CLASSE. La musique simplissime de Legrand, cette mélodie douceâtre resassée dans les dernières minutes accompagne les fugitifs vers la reddition par fatigue: Cauchy renonçant à se servir de sa dernière otage (qui résiste!) car au bout du rouleau. Des détails sordides avec les chiottes dans la cellule(peu ou pas vu dans un film) ou le bistrot et le personnage de Ginette Garcin, ou la maison de la marraine à qui Cauchy offre une petite tv portative minable sous les yeux indifférents et méprisants du mari. Bulle Ogier arrive avec génie à faire passer dans ses yeux une espèce d’éclair de folie lasse comme dans d’autres de ses films, et s’en sort le mieux à porter cette folie comme une dynamique (plutôt à la fin avec la prise d’otages) qui porte le film et le fait avancer, folie qui mène à l’entreprise absurde de faire évader Cauchy et Ségal du palais de justice. Mais même si le film est un polar haletant il n’y a pas de hauteur de vue. N’empêche c’est tendu comme une corde de piano, et pas une seconde n’est perdue, en tant que film d’action avec poursuites et bagarres c’est une réussite totale! Et ça fait plaisir de voir Cauchy dans un rôle plus fourni. Les complices, Gilles Ségal et Gérard Darrieu sont excellents, comme le petit juge aux nerfs d’acier joué par Maurice Travail ou l’affreux truand joué par Maurice Barrier!
et j’oublie le dernier plan sur une figurante jouant une prostituée en cellule qui universalise le propos du film (eh oui! je maintiens, c’est le rôle des seconds rôles d’universaliser, les vedettes sont trop connues pour ça)
Effectivement, Vecchiali est severe sur LE COUPABLE (que j’avais deja entendu citer parmi les reussites de Bernard) comme sur beaucoup d’autres grands films (je viens de voir MERLUSSE et CIGALON dont le premier est un chef d’oeuvre siderant et l’autre une veritable delice…). Il faut prendre ses avis avec un certain recul; personnellement je m’amuse beaucoup a lire ses ereintages de Renoir et Clouzot (c’est marrant quand il degratine LE CARROSSE D’OR et il me fait mourir de rire quand raconte d’avoir eté expulsé de la salle pendant la vision du SALAIRE DE LA PEUR pour avoir oreillé un “Boum!” à sa voisine!) qui n’ont pas besoin d’etre defendus par exemple mais pour des films moins connus j’ai plus du mal. Et pourtant! Un jour me deciderai peut-etre a donner un avis plus approfondi sur cette ouvrage unique et magnifique que j’ai deja placé avec le Lourcelles, 50 ANS et SUR UN ART IGNORE parmi mes bibles cinephiliques en langue française (et mes bibles tout court avec les deux livres exceptionnels de Don Miller sur la serie B, certains Leonard Maltin –OF MICE AND MAGIC quand meme…– et en italien une histoire du cinema indispensable –la meilleure et la plus complete que j’ai jamais lu pour ma part– ecrite par Goffredo Fofi, Morando Morandini et Gianni Volpi pour Garzanti). Certes, il faut l’approcher parfois avec precaution. Mais pouvoir feuilleter une oeuvre si exhaustive, subjective, informée sur le cinema français des annees 30 a eté pour moi la realisation d’un de mes reves de cinephile. C’est quand meme bon de pouvoir l’integrer avec vos croniques et les fiches du dictionnaire lourcellien.
J’aimerais bien acheter cette merveille qu’est le coffret Maurice Tourneur dont j’ai adoré LA MAIN DU DIABLE et j’ai hate de decouvrir JUSTIN DE MARSEILLE, AU NOM DE LA LOI, LES GAITES DE L’ESCADRON avec ses scenes aux pochoires. Mais j’avais failli de me le regaler pour Noel et maintenant semble introuvable à un prix raisonnable (il est, parait-il, epuisé!), sinon chez la Boutique Pathé. J’ai essayé plusieures fois de les contacter pour combiner une expedition en Italie mais pas de succes. Donc, je sais bien que ce n’est pas le but de ce blog mais si vous pouvez leur trasmettre mon message je vous en remercie enormement davantage. (Si au contraire il s’agit d’attendre une reedition je le ferai patiemment…)
A Bertrand :
Puisqu’à présent vous êtes éditeur de Positif (Actes Sud / Institut Lumière), je me permets de vous entreprendre sur un détail qui prend de plus en plus d’importance dans ma relation à cette revue de cinéma que j’aime à lire : son odeur.
Il y a des revues, des livres, qui ne sentent rien à proprement parler. D’autres ont des odeurs qu’on aime sentir, voir qu’on aime « sniffer ». Le problème avec l’odeur d’imprimerie de la revue Positif, c’est qu’elle est entêtante. Par exemple quand je suis en voiture, et que la revue est posée sur le siège passager, je suis obligé d’ouvrir la fenêtre pour aérer. C’est une odeur qui m’est tellement désagréable, que je lis moins mon Positif qu’avant.
J’ai mené ma petite enquête dans mon entourage cinéphile ou non-cinéphile, juste pour savoir si ce n’était qu’une impression subjective. Et bien non : toutes les personnes à qui j’ai posé la question, me réponde la même chose que moi : que l’encre utilisée pour l’impression de la revue Positif dégage une odeur « désagréable », « rebutante », « repoussante », « décourageante » (!).
Partant de ce constat partagé, je souhaitais savoir si d’autres lecteurs parmi les blogueurs ici présents, nous rejoignent sur cet avis. Et bien-sûr, je souhaiterais, Bertrand, que vous fassiez suivre ce post à qui de droit, Michel Ciment pourquoi pas, car il me semble que ce détail est un détail d’importance, qui nuit au confort de lecture.
Merci d’avance pour ce que vous pourrez faire.
A Sullivan
Je transmets illico
C’est essentiellement l’odeur de l’encre d’impression. C’est la même pour tous les ouvrages avec illustrations publiés par Actes Sud. C’est amusant, récemment, quelqu’un me faisait remarquer qu’il aimait cette même odeur de livre imprimé. Mais il est peut-être vrai qu’on n’inhale pas de la même manière un mensuel et un album!
Comme quoi des goûts et des odeurs…
Bises à tous,
B
N. T. Binh
Quant à moi, c’est avec délectation que je découvre ctte odeur nouvelle annonciatrice de ma revue préférée: si ce parfum (supportable, n’exagérons pas!)est la contrepartie nécessaire de la couleur ds Positif, surtout ne changez rien!!!
Re bonjour de Dordogne à N T Binh et encore merci (de l’avis général) pour son intervention riche et éclairante!
Merci Bertrand d’avoir été aussi réactif, et merci à N. T. Binh pour sa réponse.
Je vais être franc, j’ai refais le test avec une énième personne, qui m’a dit d’emblée qu’elle « adorait » cette odeur… Disons que mon premier « groupe-test » et moi-même réunissions nos subjectivités dans l’autre sens.
Je serais néanmoins curieux de savoir quel serait le pourcentage de pour et de contre sur un panel de 1000 lecteurs de la revue… Binh nous parle des goûts et des couleurs… n’y aurait-il pas derrière ce nouveau parfum (dû au changement d’éditeur ? Au passage du N&B à la couleur ?) une histoire des coûts et des odeurs ?
C’est vrai que l’odeur de la revue ne semble pas la même depuis le passage à la couleur (je préférais aussi celle d »avant » pour ma part). Cette question de l’odeur d’une revue ou d’un livre est très liée à la bibliophilie : l’odeur du vieux papier par exemple fait partie intégrante de l’intérêt porté à un livre ou une bande dessinée ancienne par exemple…
L’Art ou les cinq sens en éveil !
drôle d’interrogation. ne le prenez pas mal sullivan, j’aime ce genre de questionnement qui sorte des sentiers battus.
pour répondre à votre question, rien ne m’a interpellé au sujet de l’odeur de Positif mais peut être ai je un odorat moins sensible que le votre. quant aux autres publications chez actes sud j’ai toujours été ravi de la qualité des livres de cette maison d’édition aussi bien chez babel (le poche) que sur la ligne courante. tout ça me fait penser à ce merveilleux livre sur Hitch bien connu ici 😉
ceci étant dit et pour rebondir sur le sujet qu’avez vous penser de l’adaptation ciné du livre de Suskind, le parfum 😉
A Bertrand Tavernier
Dans un message en bas de page on lit que Claude Autant-Lara giflait Gabin ? J’ai du mal à imaginer que Gabin se soit laissé gifler sur un plateau de cinéma, ou si tel avait été le cas le tournage se serait arrêté net. Je ne doute pas que l’anecdote soit exacte, mais je ne l’ai jamais lue rapportée nulle part, ni dans la biographie de Gabin par A Brunelin, ni dans la bouche des deux réalisateurs qui ont travaillé avec Gabin et avec qui je me suis entretenu. Ils m’ont même rapporté que Gabin leur flanquait une trouille bleue quand il entrait sur le plateau.
A emile Couzinet,
Cela se passa au doublage et est évoqué par Aurenche dans son livre, par Lara dans les interminables entretiens avec Buache (et quelque part dans un de ces opuscules) et cela fut confirmé par Max Douy. Lara était féroce sur un plateau, un monstre de travail mais aussi un directeur d’acteur rigide, ce qui n’était pas important avec les acteurs suffisamment fort pour ne pas être bloqué (mais les jeunes premiers sont souvent médiocres dans les films de la seconde partie de sa carrière)Gabin détestait Lara dont il disait qu’il n’était rien sans Aurenche, Bost et Douy. J’avais voulu connaître les raisons de cette haine. De même, ce qui est plus surprenant, il renaclait sur Becker, le traitant de cinéaste indécis, qui ne sait pas ce qui veut.
Les bandits de Carlos Saura sortie dans la collection « les films du collectionneur »n’est pas du tout à la hauteur du casting international(Ventura,Massari,Rabal…).Plus on avance dans l’histoire plus le film s’enlise dans les méandres de la médiocrité et l’ensemble est baclé malgré une belle photographie du sud espagnol et une musique alléchante.Dommage pour la prestation de Ventura qui disparait au bout de quelques minutes.
Je viens de voir le merveilleux film de copains de Maurice Dugowson LILY, AIME-MOI. Un bijou de tendresse parsemé de mille et une idées de mise en scène, de dialogues, de numéros d’acteurs, dont plusieurs sont des morceaux de vie, captés par la caméra in vivo sur le lieu du tournage. Un film sur des mecs paumés, faisant se rencontrer LES VALSEUSES et LA CLASSE OUVRIÈRE VA AU PARADIS…
Dewaere est boxeur, Rufus ouvrier P3 et Jean-Michel Folon, l’artiste belge dans un de ses 6 rôles au cinéma, journaliste. Depardieu de passage sur le tournage de LILY lui avait dit : « Jean-Michel, arrête le cinéma, tu n’es pas un type fait pour être sur la palette d’un autre, tu es un type qui veut tenir sa propre palette ! ».
Le journaliste doit faire un papier sur un ouvrier P3, il choisit Rufus, mais ce dernier vient de se faire quitter par sa femme Lily, jouée par Zouzou. Alors ensemble ils vont chercher Dewaere à la fin d’un match qu’il a (évidemment) perdu, et tous trois vont s’intaller dans un hôtel à la campagne, non loin de la maison des parents de Lily, chez qui elle s’est repliée. Et ils refont le monde, avec une philosophie qui tient très bien la route la plupart du temps. Que du bonheur !
Une scène me fait éclater de rire à en avoir les larmes aux yeux. Dewaere et Rufus sont dans un bistrot entrain de consommer et de disserter. A la table voisine, Miou-Miou discute avec une copine. Dewaere qui jouait de la guimbarde se retourne et les aborde d’un ton jovial :
Dewaere : Rrrhôôô… « La révolution sexuelle » !!! (en parlant du livre posé sur la table des jeunes femmes) Vous êtes bien jolies mesdemoiselles !!
Miou-Miou, d’un ton agacé et méprisant : Vous êtes bien jolies mesdemoiselles, oh oui c’est ça, c’est original… T’as des problèmes ? C’est le printemps ? Ça te démange un p’tit peu ? T’as la bite en fleur ? Ben va voire les putes. T’as pas d’fric c’est ça ?
Dewaere : Te fâche-pas…
Miou-Miou, encore plus frénétique : Tu veux baiser, tu veux baiser ? Vas-y allez viens on y va. Allez ! Tu veux pas ? Minable, taré, tu vois pas qu’tu nous emmerdes ? Tu nous lâches oui !? Espèce de face de cul, face de con !
Et Dewaere d’un ton précieux donne la touche finale : Mais qu’est-ce que c’est que cet établissement ?
!!!!
Voici le lien pour visionner cette scène géniale qui vaut bien la tirade de Marielle dans LES GALETTES DE PONT-AVEN « Oh ce cul, on dirait un Courbet dis-dont ! » ou celle de Depardieu dans LES VALSEUSES « On est pas bien, là ? Paisible à la fraîche, décontractés du gland, et on bandera quand on aura envie de bander … » :
http://www.youtube.com/watch?v=fXwuHxQwGlE
A voir, tout aussi réjouissant, du même réalisateur, avec Dewaere et Miou-Miou : F… COMME FAIRBANKS. Les deux films avaient été édités par Gaumont dans un même coffret.
Sullivan,
il y a tout plein de gros mots dans votre post.
Mais où es-tu, modérateur, où es-tu?
Tout-à-fait Alexandre Angel… je suis dépité…
Mais qu’est-ce que c’est que cet établissement… ?
Bonsoir monsieur Tavernier, je viens de voir deux films sans lien entre eux : la dernière corvée de Hal Ashby (avec l’immense Nicholson) et Chacal de Zinnemann sur la tentative d’asassinat de De Gaulle en 63 : que pensez vous de ces films et de leurs réalisateurs et avez vous quelques pistes à explorer les concernant ?
Merci une nouvelle fois pour l’envie que vous nous donnez de voir des films et de lire.
En revoyant LA DERNIERE CORVEE l’année dernière, j’ai été saisi par cette ambiance cafardeuse, c’est triste, terriblement triste et cafardeux, et pas de happy-end. Mais J’adore Randy Quaid dans ce film qui reste, par ailleurs distrayant grâce à Nicholson. Dans 50 Ans, le film est jugé complaisant par le langage grossier mais ça ne m’a pas frappé, il est possible que pas mal de « fuck » aient étés coupés pour le dvd! Qu’en penserait Mr Rawls?…
Oh! Et il y a l’adorable Carol Kane en petite prostituée désespérée…
To Martin-Brady, I’ve gone up and down the internet looking for evidence of extant alternate verbally sanitized versions of THE LAST DETAIL but I can find no evidence of such. I think after years of Quentin Tarantino movies and cable/satellite television miniseries in which various F-ing variations are used, sometimes gratuitously, we may all have been somewhat immured to offense. Having said that, it seems to me that my VHS copy of John Flynn’s great noir THE OUTFIT and my DVD of the last great New York movie, Lamont Johnson and Peter Stone’s THE TAKING OF PELHAM 1-2-3 seem a bit milder in the language department than the copies I videotaped off the indispensable Turner Classic Movies.But I’ve never sat down and done an intensive comparison. When THE LAST DETAIL was first shown on American network TV, the obscenities were replaced with LOUD HORN HONKING which must have made the folks at home feel like they were in the presence of William Castle’s CHAMBER OF HORRORS, the movie with the Fear Flasher and the Horror Horn to warn more sensitive viewers, it there were such, of the atrocities upcoming.
Merci beaucoup pour vos recherches, Mr Rawls. Et pour l’humour qui va avec! J’avais un souvenir très fort d’un chapelet de f*g égrené par Nicholson annonçant qu’il n’était pas question qu’il se tape la moindre corvée, et à la revision rien du tout! C’est pourquoi j’ai pensé à une censure dvd peut-être reprenant les versions tv « clean » mais j’ai pas entendu non plus de « car honking ». Ca me rappele je crois Bazin qui racontait comment il avait transformé dans sa mémoire une scène de LA VIPERE (LITTLE FOXES) ou Sadoul qui retrouvait des critiques signées de lui pour des films qu’il croyait n’avoir jamais vu!
Euhh… PELHAM 1-2-3… Lamont Johnson vous êtes sûr? ou plutôt Joseph Sargent avec Peter Stone? Désolé! Lamont Johnson reste l’auteur d’un film que je dois voir depuis un lustre: LAST AMERICAN HERO. Best regards, stick with us!
To Martin-Brady, You’re absolutely right, it was Sargent and not Johnson who directed Pelham. But I was not crediting Peter Stone as co-director but as writer of that terrific screenplay. Stone also wrote the scripts for MIRAGE,CHARADE,and,alas,FATHER GOOSE,a film which I am sure is in permanent rotation in the repertory of Hell’s Cinematheque.
I haven’t seen THE LAST AMERICAN HERO.The best Johnson film I’ve seen is THE MCKENZIE BREAK,dealing with German prisoners trying to escape from a POW camp in Scotland. Very good performances by Brian Keith and Helmut Griem. Amazing that Keith could do this film and then go back to lucratively somnambulating through that eye glazing abomination that was the TV series FAMILY AFFAIR.
à Michael Rawls: le mélange extrêmement fin et précieux d’humour et d’érudition dont vous nous faites l’honneur ici excuse largement la vénielle confusion entre Sargent et Johnson, qui en plus n’ont ni l’un ni l’autre bouleversé l’histoire du cinéma!
(j’avais bien perçu que vous ne décerniez pas à Peter Stone le rôle de cinéaste, mais bien de scénariste!).
Programmeur de la Cinémathèque de l’Enfer, ça me conviendrait, comme boulot, ça: ça me rappele le dessin de Gary Larson où Satan enferme un chef d’orchestre niveau Karajan dans la même cellule qu’un orchestre de banjoïstes adolescents boutonneux, énervés et pas très fins d’esprit?
Best…
To Martin-Brady, I somehow missed the Larson cartoon of Karajan getting his deserts. Karajan himself might have devised the punishment meted out in 5000 FINGERS OF DR T to an unfortunate percussionist who missed that fourth long beat at the opening of Beethoven’s 5th: this dunnnnnnn dropper must spend all eternity inside a bass drum on which the aforesaid symphony is repeatly and correctly rendered.
to Michael Rawls: right here!
http://1.bp.blogspot.com/_206TETOgLd0/SVGU7UaIE5I/AAAAAAAABbs/mnHYSr8nOeg/s400/Your+room+is+right+here+maestro-1.jpg
!!!
A Maxou37
On parle du premier dans 50 ANS. Je n’ai guère de souvenir de CHACAL qui m’avait paru correct, terne et oubliable.
Le film du collectionneur nous vend toute sorte de films, des bons et des mauvais, souvent rares, souvent disparus. Il en est un intitulé GWENDALINA, rareté signée Lattuada sur les amours estivaux d’une adolescente pendant les vacances d’été. A qui ne connaîtrait pas Lattuada, il faut signaler qu’il n’est pas du tout le précurseur de Michel Lang ni de Fabien Onteniente, non, non. Les adolescents amoureux sont malheureux on le sait, mais dans le cinéma italien ils connaissent des douleurs autrement tragiques et quand tout semble aller vers un dénouement heureux, la fin s’avère encore plus cruelle qu’on ne l’imaginait. Les italiens n’ont jamais versé dans le larmoyant ni dans l’eau de rose. C’est ce qui fait la grandeur de leur cinéma.
L’avantage des promos (deux DVD pour le prix d’un) a pour vertu de nous amener aussi vers des films qu’il ne nous viendrait pas à l’idée d’acheter à l’unité. C’est ainsi qu’une opération discount m’a permis de voir TRIPLE CROSS, réalisé par un nom qui fait frémir le cinéphile, et la surprise est excellente. L’histoire « vraie » d’Eddie Chapman perceur de coffre devenu agent double est tout à fait passionnante, bien dialoguée et surtout très bien jouée par Christopher Plummer entouré d’une ribambelle de vedettes dont on pourrait craindre qu’elles soient sous employées, mais pas du tout. Chaque personnage est bien incarné, et même ceux qui font des passages très brefs laissent leur empreinte dans l’histoire. Le film dure 2h10, elles passent très vite sans qu’on ne s’ennuie un seul instant. Le genre de film qui donnerait presque envie de réhabiliter Terence Young.
La plupart des Films de cette édition ne sont proposés qu’en VF. Pour le Lattuada, Jacqueline Sassart est doublée par Martine Sarcey et ça lui va très bien.
Juste un petit mot afin de souhaiter un bon anniversaire à Mr Tavernier,en attendant de voir »Quai d’Orsay’à la rentrée prochaine.J’attends avec impatience la sortie de « La guerre des gangs »de Lucio Fulci en dvd puis « L’ultimatum »en salles le 1er mai prochain.En esperant que plusieurs copies soient visibles en province.
Deux hors sujets si Bertrand me le permet:
-enfin vu The naked prey de Cornel Wilde effectivment très réussi, âpre dans son traitement simple d’une histoire de survie.Le rapport au décor et au monde animal rappelle (de loin tt de même: Wilde a la main plus lourde!!!) Malick tt comme dans Beach red.Un petit maître tout à fait stimulant dans sa liberté absolue et son ambition mais une oeuvre marquante.
-j’ai acquis et commence à dévorer La fabrique du cinéma d’A Mac Kendrick (29 euros chez L’arche)qui est une retranscription des cours que donna le grand cinéaste au California Institute of the Arts durant 25 ans après avoir cessé de tourner vers 1969.Le cours n’a rien d’ennuyeux, il est vivant et illustré par des dessins et schémas tt à fait admirables.Je pense y puiser nombre d’idées tant cette « pensée » du cinéma est pragmatique , fine et stimulante.Je ne donne que trois citations extraites du chp « Slogans à afficher ds le bureau d’un scénariste »:
« Les films d’étudiants existent en 3 tailles: trop long, bcp trop long, vraiment bcp trop long »
« Si vous avez un début et pas de fin, alors vous êtes ds l’erreur.Vous n’avez pas le bon début »
« Ce que vous coupez est aussi important que ce que vous gardez »
A Ballantrae
Rien n’est hors sujet et les cours de Mackendrick sont à déguster. Quant à NAKED PREY, c’est avant Malick mais c’est moins à ce cinéaste qu’il faut se réfeer (même si BEACH RED montre des japonais en les traitant sur le même pied que les américains bien avant thin red line), c’est aux films de jungle hollywoodien que Wilde remet en cause. La vision des trafiquant d’esclaves arabes est quasi unique (en dehors des films à la Ali Baba) d’autant qu’ils s’en prennet aux noirs
Il est évident que cette scène d’attaque est admirable ds un contexte post colonial.
De manière plus stylisée,C Wilde va ds le même sens que Cy Endfield ds Zulu.
Naked prey préfigure aussi dans la confrontation homme/nature les réussites du convoi sauvage et de Jeremiah Johnson.
Il est sûr que Terre brûlée est en deça de cet opus et de Beach red mais il en est un prolongement logique: capacité de survie ds l’adversité,sauvagerie de l’homme,place de la nature.
Qd j’ai parlé de « petit maître » ce n’était pas péjoratif mais ds le sens d’un indéniable savaoir faire qui peut déboucher occasionnellement sur une grande réussite: Naked prey en l’occurrence est passionnant.
J’ai pensé en voyant l’attaque des trafiquants d’esclaves à la scène similaire de The constant gardener, petite fille comprise: il est clair que C Wilde a conçu un film impressionnant de sécheresse,de brutalité qui a sûrement été vu par plus de cinéastes qu’on ne croit.
avez-vous revu Beach red depuis l’écriture de l’article de 50 ans…? Je pense qu’à la lumière de La ligne rouge ou du diptyque d’Eastwood ce film prend un relief particulier malgré qqs maladresses bénignes comparativement à ses vertus.
A BALLANTRAE
Voila ce que j’écrivais dans ce blog sur le film de Wilde revu en dvd :Ajoutons un quatrième film plus mineur, mais qui ne manque pas de qualité Beach Red (1967 – Le Sable était Rouge) au message très pacifiste, joué et réalisé par Cornel Wilde (on espère voir un jour The Naked Prey – 1966 – La Proie Nue) une vraie réussite et un remake inavoué des Chasses du Comte Zaroff (1932 – The Most Dangerous Game). Beach Red est une œuvre extrêmement sincère jusqu’à l’ingénuité, qui nous montre, ce qui est rare, l’autre camps (les Japonais comme des êtres humains qui ont des enfants, qui souffrent, qui se souviennent de leur femme). Wilde utilise une multitude de petites voix of (« est-ce qu’il y aurait toujours des guerres si on n’avait pas inventé les montres ? »), des flash-backs, des flash forwards traités en photos fixes, des plans d’insectes et de fleurs. La chanson du générique est chantée par sa femme, l’actrice Jean Wallace (qui n’a joué que dans ses films) et que l’on voit dans un bref retour en arrière. Le premier affrontement entre deux personnes n’intervient qu’après quarante minutes de film consacrées uniquement à la progression des troupes américaines qui ont débarqué sur la plage sans qu’il n’y ait aucun autre conflit ou aucune autre intrigue parallèle.
Dans le livre Feux Croisés (Institut Lumière / Actes Sud), Oliver Stone écrivait : « Tôt ou tard, on reconnaîtra Cornel Wilde comme le cinéaste original et personnel qu’il était . The Naked Prey est un regard sans complaisance sur la réalité de la nature, humaine et non humaine…Beach Red est un film de guerre sans concessions qui m’a secoué par sa sauvagerie et ses scènes de batailles brutales…
Je voulais revenir sur un réalisateur italien mésestimé à mon avis.Giulano Montaldo connu pour sa fresque sociale « Sacco et Vanzett »ou »A l’aube du 5ème jour »mais on oublie un bon polar »Les intouchables ».Dans ce polar nerveux et sanguin ,on retrouve John Cassavetes et son copain à la ville comme à l’écran Peter Falk ainsi que Gabriele Ferzetti habitué des films engagés ou à connotation politique des années de plomb en Italie.L’histoire est assez basique au niveau du scénario ou une bande de malfrats vont se faire prendre à leurs propres piège. »Les intouchables »est sortie récemment dans la collection des classiques italiens à prix modique.
Fier et rebelle est le 165ème film réalisé par Michael Curtiz et prouve une fois de plus qui l’était un virtuose au niveau de la mise en scène et de la direction des acteurs.Cette oeuvre dégage une véritable émotion dans les scènes entre un veuf accompagné de son petit garçon qui a perdu l’usage de la parole et est obligé de quitter son sud afin de faire soigner son fils.On sent ce climat malsain après guerre entre nordistes et sudistes,une forme de racisme ambiant.La curiosité du film se trouve dans le fait qu’Alan Ladd a dut prendre un grand plaisir de faire tourner son petit garçon de 8 ans.Il y a une réelle complicité entre le père et le fils.Curtiz n’appuit en aucune mesure sur la dualité,cette morale judéo-chrétienne entre le bien d’un coté et le mal de l’autre incarné par l’excellent Dean Jaegger dans le role d’un éleveur de moutons affublé de deux fils idiots.Je rajouterais que l’éditeur Artus films propose en bonus la présentation du film et la carrière de Curtiz par Eddy Moine fils d’Eddy Mitchell qui a fait les beaux jours de FR3 avec la dernière séance.Il y a effectivement une filiation entre les pères d’un coté et les fils de l’autre.A recommander à tous.
J’ai aussi été surpris en bien avec ce western familial de Michael Curtiz. Même si l’utilisation de la couleur n’est pas exceptionnelle, le scénario tient bien le coup, l’interprétation et il y a de très beaux plans sur Olivia de Haviland, notamment ceux avec le miroir.
Au-delà de son côté familial, c’est un excellent western à conseiller tout autour de nous. Alan Ladd campe à merveille cet ancien propriétaire sudiste très fortuné, qui parcourt les états du nord après la guerre, afin de trouver un médecin qui pourrait guérir son fils de son mutisme.
Dans une ville où règne un éleveur de moutons (On pense à THE SHEEPMAN de Marschall sorti la même année en 58), il est pris à parti par un des fils de l’éleveur en question, incarné par un jeune Harry Dean Stanton. S’ensuit une bagarre superbement troussée. Je crois l’avoir déjà écrit dans ces pages, mais cette peignée me fait penser aux meilleures de Lang, par exemple celles que l’on voit dans CLOAK AND DAGGER et MOONFLEET, rapides, sèches, brutales, efficaces.
Bagarre suite à laquelle, Ladd se doit de choisir entre la prison ou un mois de travail dans la ferme d’Olivia De Havilland.
SHANE n’est jamais loin, bien-sûr, mais le film a sa propre identité.
A Alexandre Angel
THE DON IS DEAD existe en zone 1 avec une lecture en français. Fleischer confie à Stephane Bourgoin ne pas du tout aimer le film et il a bien raison. C’est une des dernières production Hal Wallis qui essayait encore de rester dans le métier en se mettant à la remorque du Parrain. L’histoire ne manque pas d’intérêt mais le manque évident de moyens a obligé Fleischer à rester tout le temps en intérieur, et on finit par y étouffer. Les rares scènes d’extérieurs sont tournées derrière les hangars du studio et ça se voit. En revanche Anthony Quinn est excellent et il y a une très bonne BO de Jerry Goldsmith.
CHE est un film totalement disparu. Selon Fleischer, le producteur fou à lier, était venu le menacer avec un révolver pour qu’il respecte le scénario écrit.
Son dernier grand film est MANDINGO. Il n’existe pas non plus en DVD mais si vous trouvez la VHS, elle est de très bonne qualité.
Merci à Manux et Sullivan pour les infos et éclairages. Je rêve de voir MANDINGO que le succès de DJANGO pourrait très bien faire réapparaître. Pour rester sur les années 70, mes trois préférés sont RILLINGTON PLACE, THE LAST RUN (plus encore que THE NEW CENTURIONS) et bien entendu SOLEIL VERT, qu’il faut absolument voir en salle dans une copie un peu passée juste ce qu’il faut : cela lui va à ravir!
A Alexandre Angel
J’ajouterai NARROW MARGIN, CHILD OF DIVORCE, THE VIKINGS, VIOLENT SATURDAY, ARMORED CAR ROBBERY, THE NEW CENTURIONS plus que SOLEIL VERT. Et BARRABAS ?
A Bertrand Tavernier
Bien sûr, tous ceux-là (VIOLENT SATURDAY marque le début de cet échange)mais je me focalisais sur les années 70.
Je n’ai toujours pas vu CHILD OF DIVORCE, ni ARMORED mais la façon dont vous en parlez devrait accélérer le processus.
J’ai vu THE NEW CENTURIONS dans des conditions peu flatteuses (VF et souffle sur la bande son), donc y retourner mais ça m’avait beaucoup plu!. Je trouve THE NARROW MARGIN un tantinet surestimé : c’est très bien, inventif, astucieux, mais est-ce vraiment un chef d’œuvre ? 20000 LIEUES SOUS LES MERS est moins bien en dvd qu’en salle (la scène de la pieuvre perd en lisibilité).LES VIKINGS sont sensationnels (c’est rigolo, je viens de voir De Caunes et Garcia sur Youtube déguisés en vikings faisant pleurer de rire Kirk Douglas). BARABBAS est représentatif du ton fleischerien : un péplum spectaculaire mais qui a quelque chose de cérébral, de presque plus kubrickien que SPARTACUS. Et puis vraiment, j’aime toujours un peu plus SOLEIL VERT, rien que l’ouverture, mise en musique par Fred Myrow (qui signait la même année le score de L’EPOUVANTAIL), véritable symphonie d’un monde malade qu’il m’est arrivé de me repasser en boucle, comme un tube. Là en core, Richard Fleischer exploite de manière saisissante les possibilités d’un genre (le film d’anticipation)non pas pour le transcender, mais pour en offrir une interprétation nouvelle, impliquée et puissamment graphique : le vert du titre se retrouvant dans la texture de l’image surtout dans les saisissantes scènes d’émeute.
Et puis il y a aussi BANDIDO CABALLERO, et LE TEMPS DE LA COLERE et ses deux incroyables (pour l’époque) soldats gitons collant aux basques de Broderick Crawford.
Et aussi « Le temps de la colère », « duel dans la boue » et « terreur aveugle ». J’ai par contre beaucoup plus de mal avec ses derniers films notamment Amityville 3 (???), Conan le destructeur et Kalidor dont les effets spéciaux (serpents en caoutchouc et autres) sont indignes d’une production américaine de cette époque et dont le jeu catastrophique de Brigitte Nielsen entraîne le film vers le navet. On est loin des chefs d’oeuvre que sont les Vikings (pour les fans, si vous allez en Bretagne, rendez vous au Fort de la Latte qui se visite et où a été tourné le film), 20 000 lieues sous les mers et Les inconnus dans la ville (que j’ai moi aussi découvert chez feu la dernière séance)
Barrabas revu récemment sur le petit écran est effectivement un film passionnant, étrange ds son approche des codes du peplum biblique car tout y est biaisé,indirect à l’image du personnage éponyme.Le film semble à la fois revenir sur les peplums hollywoodiens ( sorte de contrefaçon de Ben Hur avec les apparitions quasi hors champ du Christ) et préfigurer les audaces de Fellini et Pasolini.Je pense bcp à Satyricon notamment pour tt ce qui touche à la construction de l’espace: piranésien comme vous le dites bien pour le passage des mines (à comparer avec le quartier interlope imaginé par Fellini et D Donati au début de son film) mais aussi morcelé par un périple qui confronte des lieux très hétérogènes.
Sans être un génie absolu, Fleischer sait se montrer très grand cinéaste qui sait penser en termes formels, organiques son oeuvre: un sujet appelle un traitement spécifique que le cinéaste trouve avec intelligence sans ce côté systématique que peuvent avoir de gds formalistes.
J’en veux pour preuve le brio des variations opérées en matière de split screen par R F ds The boston strangler qui sont plus riches,surprenantes que celles de De Palma car elles sont fondues dans le corps du film, elles lui sont consubstantielles (et pourtant j’aime De Palma mais on est ds une sorte de morceau de bravoure ostentatoire même si signifiant…exception pour Blow out qui parvient à intégrer de manière plus organique le split screen au sujet).
Je rêve de voir Mandingo!
Il existe en DVD zone 1, Ballantrae… et même en zone 2 espagnole.
A Ballantrae
D’accord sur ce qui laisse préfigurer Fellini dans BARABBAS, d’autant que RED SONJA sera photographié par Giuseppe Rotunno et décoré par Danilo Donati.
J’ai un problème avec le split-screen, du coup quelque chose ne passe pas avec THE BOSTON STRANGLER. Des deux étrangleurs, je préfère celui de RILLINGTON PLACE qui me semble bien mieux vieillir.
Vous donnez la bonne définition synthétique du talent particulier de Fleischer qui consiste à trouver « le traitement spécifique » appelé par le sujet. Le cinéma de Fleischer agit sur la rétine (et ce qu’il y a derrière) sans que l’on en soit forcémment conscient un peu à la manière des superbes génériques de Saul Bass, qu’il faudra bien un jour compiler en DVD, cela dit en passant.
Vous pouvez trouver une bonne version DVD US de Mandingo chez amazon.co.uk par Legend Films (petit exploitant reprenant certains films contestés du catalogue Paramount), NTSC, zone 1 à 6.36 Pounds, mais contrepartie de ce petit prix, uniquement en version anglaise et sans sous-titres. La version est « intégrale » (celle projetée en salles en France). Ne pas prendre les autres versions, Espagnole (qualité nulle) ou Dutch Import (lourdement censurée, avec des cadrages différents pour les scènes de nudité, les termes grossiers éliminés, même si la qualité technique est bonne). Le film malgré quelques complaisances (la « scène d’amour » entre Susan George et Ken Norton), le film donne une image sans concession (ou sans trop de) de la réalité de l’esclavage dans le Sud des USA. En plus, il a été en grande partie tourné en décors naturels : plantation Ashland-Belle Hélène à Geismar, Ascension Parish, Louisiana (que l’on ne visite malheureusement pas, l’extérieur seul ayant été restauré par la Cie pétrolière qui en est propriétaire), New Orleans (en particulier le Andrew Jackson Hotel à Royal Street, la Beauregard House à Chartres Street, au cas où vous passeriez par là !). le film a d’ailleurs été projeté plusieurs fois par notre télé (en particulier M6 dans les années 1980 et en version non censurée !). Le film vaut le coup d’oeil. Personnellement j’aime beaucoup, même si ce n’est pas le cas de nombreux critiques aussi bien Français qu’Américains qui le jugent politiquement incorrect (ça c’est sûr) et mal joué (ça c’est moins sûr).
Cordialement
Ballantrae: BOSTON STRANGLER: et le culot avec lequel RF fait se dérouler l’interrogatoire de Curtis par Fonda dans les décors mêmes du flash-back que cet interrogatoire évoque! Le split-screen est parfaitement fondé par ailleurs.
Bonjour à tous,
Suis furax!
Je m’étais fendu de deux posts dont un assez fourni sur LES INCONNUS DANS LA VILLE, de Richard Fleischer. En attente de modération depuis hier soir 20h et quelques, ils ont tout bonnement été désintégrés (et je ne disais rien de mal!).
C’est embêtant ! Faut-il les enregistrer systématiquement et faire un copié-collé au cas où ? Pour le moment, j’ai la flemme de tout recommencer.
A Alexandre Angel,
je viens de les lire
En fait ils sont réapparus : le post est facétieux.
Oui gros problème pour envoyer les posts en ce moment, mais quand on parle de Fleischer, je suis toujours au clavier, même si j’ai plus urgent à faire. Je crois bien que VIOLENT SATURDAY est resté invisible en France depuis sa programmation à la dernière séance d’Eddy Mitchell. C’est un sujet que la Fox a gonflé avec des moyens qui dépassent son sujet de série B mais c’est surtout un exemple de thriller rural, de ceux qui émaillaient le cinéma américain d’après guerre et qui se sont concentrés dans la première moitié des années soixante dix. Fleischer se trempe d’ailleurs dans la même atmosphère en 1974 avec le sous-estimé MISTER MAJESTYK où à l’instar de Victor Mature, Bronson jouait aussi un paisible citoyen à qui une bande de malfrats menait la vie dure, dans un contexte identique d’Amérique profonde. Majestyk est une des références du sosie américain de Philippe Val et pour une fois on ne critiquera pas ses goûts.
Un blogueur avait écrit ici qu’il n’était pas sûr qu’un film soit tiré vers le haut quand il passe des mains de Huston à celles de Fleischer. Je lui réponds que Fleischer n’est pas un cinéaste inférieur à Huston. Ils sont départagés par le fait que l’un fut à l’initiative de tous ces films, et l’autre n’a répondu qu’à des commandes. Mais si on les compare sur des périodes données, il y autant de réussites et autant de ratages chez l’un comme chez l’autre. Le problème de Fleischer est qu’après 1975 il a dû se coltiner des sujets très ingrats pour rester dans le circuits, et même si ces derniers films sont indignes d’un cinéaste de cette envergure, ils restent visuellement très réussis. Je serais tout de même curieux de voir son tout dernier film, un sujet de science fiction avec James Coburn photographié par Jack Cardiff…
A Manux
En fait, Patrick Brion avait fait un cycle Fleischer en Mars-Avril 2011 sur la 3 et il y avait VIOLENT SATURDAY, qui passait incroyablement moins bien que la copie dvd. Il y avait aussi, et pour moi c’était l’évènement, LA FILLE SUR LA BALANÇOIRE malheureusement recadrée.
Fleischer me rend curieux de tout ce qu’il a fait y compris celui dont vous parlez. On trouvera toujours, chez lui, d’éparses petites élégances. J’aimerais bien voir CHE, sans en attendre des miracles, mais quand même, j’aimerais bien le voir. Et THE DON IS DEAD, et L’INCROYABLE SARAH. TERREUR AVEUGLE m’a bien diverti et j’aime bien THE PRINCE AND THE PAUPER. Par ailleurs, je trouve les « Schwartzies » amusants (certains décors de RED SONJA sont assez dingues!. J’en ai découvert un, de la période RKO, qui ne paie pas de mine : une histoire de gamine et de son toutou qui s’appelle BANJO. Et bien ce n’est pas nul du tout : la petite fille joue bien, le chien aussi et il y a des plans poétiques.
Bref, c’est sans fin..
A Akexandre Angel :
THE DON IS DEAD existe en DVD Zone 1 VOSTF –>
http://www.amazon.fr/Don-Dead-USA-Zone-1/dp/B0026BTRRI/ref=sr_1_2?s=dvd&ie=UTF8&qid=1366427844&sr=1-2&keywords=the+don+is+dead
Mais c’est un film mineur chez Fleischer.
désolé (et c’est un parti pris) : Huston est largement au-dessus de Fleischer et j’ai du mal à trouver des films qui sont indignes chez Huston (cela ne veut pas dire qu’ils sont tous bons, loin de là) mais si on regarde leurs fins de carrière respective, on trouve « Au-dessous du volcan » et « Gens de Dublin » chez l’un, Conan et Kalidor chez l’autre : je sais c’est facile !!!
A Maxou37
J’adore Huston mais VICTORY, le film d’horreur tourné au Canada, PHOEBIA, DAVEY DES GRANDS CHEMINS, LA BIBLE sont plutot médiocres et loin de FAT CITY, THE DEAD, L’HOMME QUI VOULAIT ÊTRE ROI. Mais Huston est un auteur plus affirmé que Fleischer, qui écrivait une bonne partie de ses films. Fleischer qui collaborait à l’écriture (surtout dans la première partie de sa carrières) devient auteur par la manière dont il s’empare d’un sujet quand il le met en scène. Contrairement à Huston, il n’a pas initié beaucoup de ses projets mais il impose néanmoins une vision personnelle
de Fleischer, je viens de voir les deux films avec l’excellent GC Scott !! : the last run et the new centurions : ces deux films sont vraiment à redécouvrir surtout le second qui est une imprégnation assez réaliste (et triste) sur le quotidien de policiers en tenue qui patrouillent la nuit et dont l’existence est marquée par une très grande solitude ; à noter le jeu assez sobre de Scott et l’excellente musique de Quincy Jones
Oui THE NEW CENTURIONS est une vraie merveille dont quelques polars peuvent se vanter d’être les héritiers, et notamment le très impressionnant END OF WATCH de David Ayer, avec Jake Gyllenhaal et Michael Peña. Je trouve que c’est le film qui lui rend le mieux hommage depuis 40 ans.
à Manux: La sortie du blogueur qui estimait « qu’il n’était pas sûr que Huston n’aurait pas tiré LAST RUN vers le haut », et que, s’il n’en était pas sûr, c’est qu’a priori dans le monde normal à deux dimensions où nous vivons, Huston n’avait jamais tourné THE LAST RUN (ce qui s’appele faire la critique d’un film qui n’existe pas: comme si y’avait pas assez de films qui existent réellement pour contenter notre sens critique!!!) m’avait déjà fait sauter au plafond mais j’étais retombé pantelant, incapable de répliquer!!!
je voulais dire quatre dimensions, bien sûr
Je voulais exprimer mon enthousiasme à propos de l’édition Carlotta des INCONNUS DANS LA VILLE , de Richard Fleischer. Que de beautés révélées par une copie opalescente, quelles retrouvailles avec une œuvre dont j’avais un bon souvenir certes, mais pas à la hauteur de cette redécouverte. Les bonus-boni sont à l’avenant : intervention robuste de William Friedkin, commentaires hautement fréquentables de Nicolas Saada, à ranger au côté du dossier Positif consacré au cinéaste en Juin 2006, des notules de Jacques Lourcelles et de la présentation de DUEL DANS LA BOUE (que j’ai déjà envie de revoir) par notre hôte dans la collection Sidonis. Le film est un exemple parfait d’une forme moderne et élégante affirmant sa souveraineté sur un fond somme toute conventionnel. Aucun élément de l’intrigue, aucun personnage pris isolément n’est absolument convaincant en tant que tel : c’est pris dans la construction, dans l’agencement formel général qu’il trouve sa place. Et c’est formidable ce que cela fonctionne bien.
Plus généralement, j’ai, depuis pas mal de temps déjà, rejoint le fan-club de Fleischer. Il y a une ferveur, pour ceux que cela concerne, particulière à l’endroit du cinéaste. Mais que nous a-t-il donc fait? Qu’a-t-il de plus que son voisin de chambrée Robert Wise, par exemple ?
C’est mystérieux et explicable à la fois: déjà Richard Fleischer porte un superbe nom de cinéaste, un peu comme Raoul Walsh, un nom qui fuse et qui s’inscrit dans la mémoire de l’enfant, porté par LES VIKINGS et 20000 LIEUES SOUS LES MERS. Et puis, plus tard, alors qu’on le prenait pour un « bon technicien », on réalise que tout son cinéma est emmené par une technique effectivement éblouissante mais discrète, comme fondue dans le sujet traité et surtout par une sorte de hauteur de vue à la fois froide et bariolée, pessimiste sans être hautaine, passionnée bien que laconique, spectaculaire et dépouillée, parfois même cérébrale. Un côté germanique, presque « kammerspiel » (la scène avec Tommy Noonan qui mate l’infirmière dans LES INCONNUS). Pour ma part, je « dégaine » peu le terme de chef d’œuvre dans mon appréciation du cinéma de Fleischer. Ce n’est pas contradictoire car cela me rend plus attentif à son élégance fonctionnelle très particulière présente dans tous les films de lui que j’ai vus, y compris les ratés, y compris les mauvais, y compris ASHANTI, y compris le surestimé VOYAGE FANTASTIQUE que j’ai toujours trouvé toc car j’admire chez ce réalisateur sa façon unique de penser avec un certain intellect l’imaginaire qu’il doit mettre en image, même quand celui-là est dicté par l’industrie.
Bien à tous.
A Alexandre Angel, je ne peux qu’être absolument d’accord avec vous. Il y a une dizaine de cherf d’oeuvres chez Fleischer, dès son premier film, des oeuvres passionnantes et aussi des ratages surtou vers la fin, des films surestimés
à Alexandre Angel: tiens, c’est vrai ce que vous dites, RF fait partie de ces cinéastes que même ses admirateurs ne portent pas au plus haut, sans s’arrêter de revoir ses films. Le faux cinéaste mineur? Un type profondément honnête au minimum. Qui lit même un peu l’anglais (avec un dico à portée de main…) doit s’offrir son autobio Just Tell me When to Cry, il ne parle pas des grands films comme BOSTON ou RILLINGTON, ni de LAST RUN, NARROW MARGIN, ARMOURED CAR ni ou à peine de CHILD OF DIVORCE mais c’est passionnant. Une séquence désopilante quand il va voir Howard Hugues avec Frank Fenton (pour remplacer John Farrow).
Il est plus prudent de taper son comm sur traitement de texte avant de le coller ici (ce que bien entendu, je ne suis pas en train de faire!).
A Martin Brady
Sans parler de ses démélés avec Wayne et Samuel Bronston. Il est fier de CHILD OF DIVORCE. Le problème c’est que quand ils écrivent, il n’y a personne dans les maisons d’éditions qui soit cinéphile et le pousse à parler de tel ou tel film
à Bertrand: j’avais pas pensé au manque de dialogue auteur-éditeur, ou alors c’est très français pour un éditeur de travailler le manuscrit avec l’auteur? En tout cas, je me suis trompé sur CHILD OF DIVORCE, RF y consacre une bonne page. L’adresse finale qui conclut brutalement le film sans aucun espoir est dévolu à Ann Carter, personnage secondaire camarade de chambre de l’héroïne, qui tout d’un coup prend de l’ampleur avec un émotion violente et brève, le temps d’un monologue désespéré! On retrouve Ann Carter dans une scène fantasmée du GARCON AUX CHEVEUX VERTS (l’un des enfants victimes des guerres). Elle a joué la fille de Veronica Lake à laquelle elle ressemblait beaucoup dit-on, moi je trouve que c’est une Lauren Bacall jeune. Elle n’a pas joué dans trop de grands films, hélas. La fin de CHILD me fait penser à la fin de OUT OF THE PAST avec un personnage secondaire qui clôt le film, j’ai toujours été touché par ce genre de conclusion, il faudrait les recenser!
A Martin Brady
Bonne idée. CHILD est un film magnifique, isolé comme RILLINGTON PLACE. C’est un des paradoxes de ce cinéaste de studio que d’arriver à faire, parfois, des filmls si originaux et en même temps sans que cette originalité soit auto publicisée et mise en avant. C’est ce qui rend son oeuvre parfois si fluide (comme celle de Tourneur) et comme celle de Hathaway, si riche en découvertes qui furent totalement sous estimées. La nouveauté se cachait derrière la tradition
Le VOYAGE FANTASTIQUE reste un bon exemple de science-fiction dans ce que ce genre a de plus intéressant. Et il y a finalement peu de films qui parlent du futur pour dénoncer le présent ou poser des questions pertinentes sur le monde d’aujourd’hui. Bref, c’est personnel, mais je préfère de loin le Voyage Fantastique à toute la saga de la Guerre des Etoiles.
A Minette Pascal :
C’est archi-faux !! Il n’y a pas un genre qui parle autant des problèmes de société que la Science-Fiction. On pourrait même dire qu’il a été inventé pour cela. De METROPOLIS à GATTACA, en passant par LE JOUR OU LA TERRE S’ARRETA, LA GUERRE DES MONDES, SOYLENT GREEN ou BLADE RUNNER… sans oublier I ROBOT, TERMINATOR ou MINORITY REPORT (et tellement d’autres !) les récits de science-fiction ont toujours reflété nos peurs (la peur du Communisme ou de la fin du monde dans les années 50 et 60), posé des questions sur les technologies en évolution et leur impact sur notre vie, notre société (Voir à ce titre l’excellente série TV suédoise REAL HUMANS, diffusée sur ARTE)…
A Sullivan : j’ai vraiment dû m’expliquer comme un pied car je disais justement que le SF a comme premier intérêt de dénoncer ou d’interroger le présent. Simplement, tous les films dits de science-fiction ne le font pas et je trouve ça un peu dommage. Le VOYAGE FANTASTIQUE propose une réflexion et c’est en ça que je le préfère à d’autres dont le seul projet est d’en mettre plein la vue.
à Sullivan: vous en avez de bonnes avec votre conseil pour PROMETHEUS, vous! » Le film, même s’il est décevant, propose de très bons moments » c’est pour le moins mitigé! bon ben oui, je vais voir je vais voir si je glisse ça dans le lecteur… merci!
(tiens, je vois que PROMETHEUS a été tourné en 1:66, je croyais que ce format était complètement démodé, IRINA PALM, excellent par ailleurs, est aussi dans ce format mais c’est pas une grande machine hollywoodienne… Bertrand aurait-il un avis là-dessus par hasard?)
A B.TAVERNIER :
Avant même l’incompréhensible personnage des PIRATES DES CARAIBES , il y avait eu LA CHOCOLATERIE dont j’avais aimé la première partie, touchante comme un conte de Dickens. Mais le personnage de Willy Wonka pose problème : doit-il faire rire ou simplement inquiéter, mettre mal à l’aise , comme une sorte de fou ? En tout cas, ça ne fonctionne pas. Cet essai aurait dû faire comprendre à Johnny Depp qu’il n’était pas un acteur comique.
A Minette Pascal
Les millards de dollars des PIRATES contredisent vaguement cette assertion, du moins pour lui et son agent.
A Mr Tavernier :
A propos des PIRATES et de Depp : en fait, JE dois être le problème car beaucoup de films comiques rentables ne m’ont pas arraché un sourire, comme les Ch’tis, les Visiteurs ou le Diner de cons .
D’autant que contrairement aux PIRATES, on ne peut attribuer leur succès aux seuls enfants et ados.
Ce n’est toujours qu’un avis à moi, mais Jack Sparrow pourrait être drôle si on le trouvait vraisemblable.
On ressent trop le contrepied systématique d’un pirate conventionnel. Une sorte de recette inversée, d’originalité forcée, de » on va faire le contraire de Long John Silver » .
J’imagine assez facilement qu’on ne peut faire rire sans un peu de crédibilité, donc un peu de profondeur ?
Pardon d’être aussi long et merci encore d’avoir réagi à mon commentaire.
A Minette Pascal
Il y a eu des précédents dont Burt lancaster et son CRIMSON PIRATE
A B Tavernier: il y a eu plusieurs précédents, mais Lancaster jouait avec incroyablement de souplesse, et son apostrophe au public avec regard-caméra dés le début du film signalait un clin d’oeil immédiat au spectateur. Depp est un peu raide, non? OK je triche j’ai pas vu le 1er PIRATES et il y a peut-être l’équivalent dedans, du regard-caméra, je parle de Depp en général… CRIMSON PIRATE est un chef d’oeuvre et il y avait Nick Cravat son vieux copain des jours du cirque avec Burt! et Siodmak bien sûr!
A Martin-Brady : Je ne dirais pas que J.Depp est « raide », plutôt qu’il prend des poses anti-naturelles. On ne voit pas de personnage mais un acteur essayant quelque chose d’original. Le but est quand même de faire croire à un personnage pour pouvoir faire croire à une histoire. Qui peut croire que le capitaine Jack Sparrow peut commander l’équipage d’ un navire par exemple ?
Les mimiques clownesques ? ça pourrait être une manière de désorienter les autres, de tromper sur sa véritable nature, d’éloigner les soupçons… mais il les a aussi quand il est seul.
Il faut être très doué en grimaces pour faire rire. D’ailleurs, beaucoup de grands comiques ne grimacent pas et préfèrent au contraire jouer sérieusement des situations qui, elles, sont comiques. Louis de Funès, Oliver Hardy font-ils tant de grimaces que ça?
à Minette Pascal: d’accord, mais Louis de Funès? C’est quand même le roi de la grimace, quand même?
A Martin-Brady :
Sur Louis de Funès : A y regarder de près, même s’il a des scènes uniquement basées sur des enchaînements de grimaces, le reste n’est pas si grimaçant que ça. D’ailleurs, le visage de cet acteur n’est même pas drôle en lui-même. Et c’est même sûrement ça ce qui fait le plus rire chez lui, c’est le contraste entre cette mine sévère et les situations qu’elle doit affronter. C’est un peu comme les bons clowns : il font tant rire qu’on croit que toute leur technique est basée sur des exagérations. Ce n’est pas vrai, à y regarder de près, il y a beaucoup de finesse dans leur jeu. Les Barios, par exemple (pardon pour l’ancienneté de mon exemple mais c’étaient quasiment les seuls qui me faisaient rire), si vous les observez bien, ne forcent jamais sur la grimace, ils ont juste un personnage fabriqué de l’intérieur à exprimer sans avoir besoin d’en rajouter. Je ne suis pas sûr qu’un clown ou un acteur qui n’a que des mimiques à proposer est drôle. Comparez Louis de Funès et le Jacouille de Christan Clavier, par exemple ; le second passe deux heures à faire les mêmes lassantes grimaces. De Funès est comparativement beaucoup plus sobre et beaucoup plus drôle, non ?
@minette pascal
mais si c’est le cas !! Sullivan t’as listé une série non exhaustive de films de SF qui traitent des problèmes sociétales contemporains de la sortie de ces films. la planète des singes me vient à l’esprit sur la peur de la menace nucléaire très probante durant les 60s qui n’existe pas dans le livre de Pierre Boulle.d’ailleurs la version (ratée) de tim burton ne parle pas du tout de menace nucléaire. donc ce n’est pas simplement un but avoué c’est bien la réalité de la plupart des films de SF.
Je n’ai pas dit que la vraie SF n’existait pas du tout. Tu cites La PLANETE DES SINGES version Charlton Heston; c’est pour moi un modèle du genre car tout jusqu’aux effets spéciaux contribue à alimenter la teneur critique.
Y a-t-il beaucoup d’autres films qui « filent » ainsi une réflexion critique sur toute leur durée ?
Je ne connais pas tous les films cités par Sullivan mais dans TERMINATOR et BLADE RUNNER (que j’aime bien), l’angle critique n’est vraiment que le prétexte à une bonne histoire. On ne cherche pas vraiment à convaincre de quelque chose. Et puis, ce thème de la machine incontrôlable du futur, les écrivains des années cinquante nous le servaient quand même bien mieux, non ?
« la réalité de la plupart des films de sf » c’est exagéré, comme l’avis de Sullivan qui estime qu' »il n’y a pas un genre qui traite autant des problèmes de société que la Science-Fiction » mais si, le film noir, bien sûr, et pas autant mais plus, ou carrément le film politique s’il s’agit là d’un genre! Bien entendu, il y a un paquet de films de sf qui ne visent qu’au dépaysement et encore heureux, d’ailleurs! Il ne suffit pas de parler de bombe atomique pour refléter la peur du nucléaire, c’est un prétexte, je ne vois pas l’interrogation politique ou sociale dans STAR WARS ou PLANETE INTERDITE et ça ne me gêne pas! Dans PLANETE DES SINGES le 1, il y a juste une vision pacifiste pour assurer la surprise finale mais pas de réflexion pacifiste profonde.
Le remake de Burton, raté? Très bonne chute qui a l’intelligence d’éviter de reprendre celle de la 1ère version que tt le monde a vu, très distrayant, comme film.
Par contre, au contraire de Minette Pascal, je ne trouve pas un peu dommage que les films de sf n’aient pas tous cette dimension politico-sociale, STAR WARS par exemple reste un divertissement et on en veut aussi, ça vole pas loin mais on aime, c’est l’anti THX.
non Blade Runner ce n’est pas qu’une bonne histoire. certes la thématique n’est pas spécifique à l’epoque des années 70/80 mais mieux elle est plus universelle. Blade Runner aborde le questionnement sur la valeur de notre humanité sur notre capacité empathique. personnellement et c’est pourquoi le film est certainement devenu culte, il anticipe la deshumanisation de nos sociétés. il est donc encore mieux car précurseur.
sinon d’un point de vue de la mise en scène, et c’est pas Monsieur Tavernier qui va me démentir il était à l’époque très novateur.
A Martin-Brady… Oui le film noir a fait suite au film de gangster pour ne plus parler noir ou blanc mais parler gris, donner des frontières moins évidentes. Les personnages de films noirs sont complexes et ont tous des zones d’ombre. Toutes les histoires, certaines plus que d’autres, parlent de problèmes de société en profondeur (NEW YORK CONFIDENTIAL pour la présence du syndicat, la mafia au sein-même de la société américaine et FORCE OF EVIL, qui va encore plus loin, T-MEN pour la réalité des hommes de terrain, leur courage, THE SET UP pour la corruption dans le monde du sport et ses conséquences sur les gens qui la subissent, THIEVES HIGHWAY pour le racket dans le milieu des marchands de fruits et légumes, ON DANGEROUS GROUND nous décrit ce que les horreus vécus par un flic au quotidien, peuvent avoir comme impact sur sa psychologie, IN A LONELY PLACE nous parle de violence masculine, BRUTE FORCE évoque l’enfer de la vie du monde carcéral… et puisqu’on évoque le péril nucléaire, KISS ME DEADLY vient à l’esprit… et on pourrait continuer longtemps, la liste est longue.
Mais le film de SF n’est pas un genre mort contrairement au Film Noir. Et très régulièrement, sort un opus qui fait mouche. Qui fait mouche tout en étant un bon divertissement. Je pense par exemple au récent IN TIME de Andrew Niccol, moins abouti que son chef-d’oeuvre GATTACA, mais très intéressant tout-de-même, je pense aussi au deuxième long du fils de David Bowie, Duncan Jones un cinéaste à suivre de près : SOURCE CODE.
Et je ne suis pas d’accord avec vous : énormément de films visant au dépaysement sont aussi des films qui nous parlent de nous, des problèmes de société. Et je ne suis pas d’accord non plus sur votre minimisation de la fin de PLANET OF THE APES. En un seul plan, le plan final bien-sûr, Franklin J. Schaffner nous parle plus et mieux de la folie nucléaire que bien des discours.
A Martin-Brady : Sur LA PLANETE DES SINGE 1, le propos me semble plus riche que ça. Chaque scène dénonce quelque chose : l’outrecuidance et l’hypocrisie de notre science, de notre système judiciaire, de la religion ; Ah ! les « rouleaux sacrés » des singes. Combien notre monde en traîne-t-il depuis toujours ? Le propos pacifiste, bien sûr, mais au-delà, un tableau sans concession, voire cynique, de l’être humain et de son indestructible orgueil, non ?
Moi aussi, j’aime certains films de SF qui n’ont d’autres prétentions qu’une bonne histoire bien racontée et la poésie d’un futur imaginé. Il faut simplement reconnaître le mérite d’une dimension de plus. Comme dans les autres genres, d’ailleurs…
à Minette Pascal: je n’avais pas ou mal lu ça: « Je ne connais pas tous les films cités par Sullivan mais dans TERMINATOR et BLADE RUNNER (que j’aime bien), l’angle critique n’est vraiment que le prétexte à une bonne histoire. On ne cherche pas vraiment à convaincre de quelque chose. »
ben je suis d’accord, on exagère souvent les implications profondes de certains films de sf. C’est ce que je dis à propos de l’angle anti-guerre de PLANETE DES SINGES 1 qui n’est qu’une sorte de « hareng rouge ». La mini-liste fournie par Sullivan peut être aisément contre-balancée par une autre et certains de ses éléments contestés quant à leurs réelles convictions quant à parler des problèmes de société! Assez de généralisations! mais je ne suis toujours pas d’accord avec vous sur le bien-fondé de regretter moralement que justement, les films de sf ne dénoncent pas ou n’interrogent pas assez le présent! Moi, ça m’est bien égal, j’aime autant TERMINATOR que ORANGE MECANIQUE.
A MARTIN-BRADY :
Je dis bien que c’est un goût personnel.
J’ai toujours envie de revoir la planète des singes et non ET, par exemple, malgré la présence de Spielberg aux commandes. Sur quoi ET interroge-t-il ? Sur le racisme, sur le rejet de l’autre différent, c’est sûr, mais le projet principal reste un spectacle de premier degré. Un bon spectacle d’ailleurs qu’il faut recommander à nos enfants. J’ai moi-même beaucoup aimé, mais je n’ai pas envie de revoir.
à Sullivan et Minette Pascal: OK, je me rends avec plaisir, je vois biens la subtilisation (!) que vous apportez à vos analyses. De même, ça fait longtemps que j’ai pas revu PLANETE 1, alors… Reconnaissons que nous sommes des gentlemen, ayant réussi à ne pas dévoiler la fin du Schaffner par égard pour les minos qui l’ont pas encore vu!
D’autre part, je dois être insensible aux approfondissements moraux ou politiques opérés par les cinéastes dans les films de SF, car j’ai relu le texte admiratif de nos « maîtres à penser » dans « 50 Ans » sur BLADE RUNNER et je dois dire que je n’avais pas vu toutes les implications morales relevées par le le Duo mythique. Je me souviens juste que j’avais pris mon pied avec les mouvements d’appareil! (notamment la fuite de Joanna Cassidy la femme-serpent).
@martin brady
la planète des singes de burton n’est pas un remake de la planète des singes de schaffner ! il faut lire entre les lignes mon ami. burton a essayé d’adapter le livre de boulle dont le thème principal est tiré de la théorie de l’évolution de Darwin.désolé mais pour moi dans ce cas c’est râté ! je suis désolé de te dire que la fin du film de burton n’a rien d’original puisqu’elle reproduit le final du livre de boulle lieux et détails mise à part !
sinon evidemment qu’il y a des films de SF de pur entertainment comme dans tous les genres. personne ne généralise. il est bon d’évoquer les points positifs d’un genre. après avoir dis ça je trouve un peu vain de jouer aux épiciers. on est pas là pour faire des listes et des pourcentages…
à Nemo, vous chercherez d’autres cibles que moi à votre hargne et votre goût d’en découdre, pas de discussion contradictoire sur ce ton-là pour moi: je viens pour l’amour des films.
A Martin brady
Arrêtez vous avez tous les deux raisons
A Nemo :
Le Tim Burton, une adaptation de Pierre Boulle ?
Est-ce Tim Burton qui a dit ça ?
Parce que j’imagine que Pierre Boulle en aurait une bonne crise de rire nerveux.
Soit dit en passant, même si j’aime bien ce roman, je préfère quand même le scénario de la version 1.
je n’ai aucune hargne et aucune envie d’en découdre et moi aussi je viens en tant qu’amateur amoureux de cinema, pour apprendre mais aussi accessoirement pour avoir des discussions contradictoires. ceci étant dit je ne me souviens jamais qui est qui sur ce blog donc il faut arrêter la paranoia et l’excès de suceptibilité, je n’ai aucunes cibles.
Eh bien! j’avais manqué cette monteé en puissance du débat sur la SF…Bertrand a raison: je ne vois même pas en quoi vos positions sont si antinomiques.
J’aime la SF aussi bien celle qui invite à réfléchir (de Metropolis à Avalon en passant par 2001,Solaris,Stalker,Blade runner,Gattaca, etc…) que celle qui fonctionne de manière disons plus immédiate (NY 1997,les 2 Riddick, les Alien-Prométheus à part, c’est un honteux furoncle!-,les Matrix que certains ranegent dans la catégorie précédente de la SF cérébrale et qui m’apparaissent comme avant tout iconiques…).
La SF est un genre honorable tout comme le polar, le western, la fantastique,la comédie musicale, le film de guerre: dès lors qu’un cinéaste de talent est aux manettes, aucune raison de décréter que c’est un genre inintéressant.
à Ballantrae: mais bien sûr que Bertrand a raison: nous n’avons d’ailleurs jamais estimé que nos positions étaient antinomiques, sauf sur des détails secondaires à la rigueur, vous avez dû lire trop vite! PROMETHEUS est si mauvais que ça? j’ai l’occasion de l’emprunter à ma médiathèque, dois-je réserver ce droit de réservation à autre chose, la liste est longue! A L ORIGINE de Giannoli peut-être… Hier j’ai vu QUAND J ETAIS CHANTEUR que j’avais toujours loupé: magnifique, je ne savais pas que Cecile de France était aussi talentueuse. On en oublie les « scies » de grands succès français aïe « Pour un flirt… » au-secours!
A Ballantrae :
La SF est plus qu’un genre honorable. Elle est un genre majeur pour ce qu’elle est capable de dire sur notre monde et en même temps sur ce qu’elle peut développer comme matière poétique. Bref, elle allie rêve et réflexion, satire et délires, à condition bien-sûr d’être entre de bonnes mains.
Sinon, quoi d’étonnant à ce que certains ne soient pas d’accord, ici ? Est-on supposé dire tous la même chose ?
Pour en revenir à La planète des singes façon Burton, je dois avouer que ce fut une amère déception face à un cinéaste admiré, la première d’une- hélas!- longue série (La planète…lanterne rouge avec Charlie et Alice à mon avis): scénario mal structuré, ellipses rapides, problèmes de rythme, effets gratuits, jeu approximatif.
Quant à Prometheus, il s’agissait là aussi d’une attente importante en tant que fan de la sériie des Alien et d’une déception tout aussi importante.Premier problème: le
SCENARIO.Inepte, même pas digne d’une bande anonyme des 60’avec des retournements aussi gratuits que peu lisibles.On peut avoir envie de se marrer auquel cas louez le…mais vous risquez fort d’être énervé.comme un abruti, je l’ai vu au cinéma et qui plus est en 3D: la soirée nanar fut un tantinet coûteuse et peu ds mes habitudes!
Il paraît que R Scott veut un prequel/un sequel ou je ne sais trop quoi pour Blade runner.Pitié!!! Qu’il ne soit pas financé et laisse son chef d’oeuvre tranquille!
Par ailleurs, je sais bien que nous sommes là pour exprimer des avis personels parfois divergents et ne m’offusque pas des points de vue opposés,bien au contraire, j’aime bien rencontrer des avis différents des miens, là est le sel de la discusion cinéphilique car cela permet d’y voir plus clair pour soi…mais à la relecture je ne comprenais pas vraiment comment le ton avait pu monter, rien de plus!
J’évite donc d’emprunter PROMETHEUS. Bizarre, qu’est-il arrivé à Ridley Scott, je ne vois que BLADE RUNNER et un peu ALIEN pour m’épater dans sa filmo. Après THELMA, GI JANE, AMERICAN GANGSTER, BLACK RAIN (à la rigueur…) tout m’a déçu. Toujours mieux que son frangin, c’est sûr…
A MARTIN BRADY
THE DUELLISTS était intéressant et GLADIATOR a de très beaux moments et donne souvent une vision opriginale du monde romain : c’est le seul film qui évoque la religion, les dieux lares, sans condescendance ni ironie, de manière respectueuse. L’analyse d’Hervé Dumont est remarquable et ouvre les yeux sur certaines des qualités du film.AMERICAN GANGSTER ne m’avait pas déplus (c’était mieux que le Dillinger de Michael Mann) et je me souviens d’un film noir SOMEONE TO WATCH OVER ME. Il y a aussi comme souvent chez Scott des plans magnifiques, des moments réussis dans KIGDOM OF HEAVEN mais l’ensemble ne prend pas. Le film est desservi par des acteurs transparents dans les deux roles principaux. Eva Green est beaucoup moins bonne que dans CASINO ROYALE.
Pour répondre aussi à Ballantrae, tous les derniers Burton m’ont décu voire même catastrophé. Notamment ALICE et le dernier où il se parodie lui même. On l’a célébré alors que son oeuvre tourne en rond et devient de l’auto pastiche après SLEEPY HOLLOW. Mais déjà, MARS ATTACK tournait en rond dans la deuxième partie après un début fracassant mais qui s’épuise et BIG FISH m’avait paru vraiment terne.
A Martin-Brady, je serais vous, je glisserais tout-de-même PROMETHEUS dans mon lecteur. Le film, même s’il est décevant, propose de très bons moments et surtout est annonciateur de deux autres longs, dont Scott pose les bases ici. Ce qui m’a personnellement déçu, et plus que le scénario (l’imagerie elle, est splendide, Scott restant un véritable esthète), c’est le casting. Seuls Michael Fassbender en androïde et Idris Elba (la superbe série TV THE WIRE) le capitaine du Prometheus, sont bons. Les autres, Charlize Theron, diaphane, est trop dans la caricature, Guy Pearce ridiculement grimé, Noomi Rapace, actrice surestimée est loin d’avoir le charisme de Sigourney Weaver… sont de mauvais choix. Car on ne peut pas dire que Scott soit un mauvais directeur d’acteurs ! GLADIATOR a complètement relancé le peplum en 2000. C’est un film passionnant, il faut voir la version longue qui n’étant pas indispensable, apporte encore quelques détails intelligents…
Quant au reste de sa filmographie, n’ont pas été cités MENSONGES D’ETAT et ROBIN DES BOIS, qui ne sont pas de mauvais films du tout. Dans Robin, Scott comme toujours propose des batailles exceptionnelles, amples, épiques. Il a l’oeil pour cela. Et LA CHUTE DU FAUCON NOIR, est bien rythmé, bien dialogué. C’est un de ses films les plus beaux esthétiquement parlant (la beauté d’un film de guerre, je sais ça peut faire débat… ça se discute), mais certes, il ne prend que le point de vue américain. Le fiasco de Mogadisco aurait peut-être mérité un second film, comme l’a fait Eastwood, avec le point de vue somalien.
A SULLIVAN
MENSONSGES D’ETAT , N’est ce pas de Tony. LA CHUTE DU FAUCON NOIR prend un point de vue unique, ce qui se conçoit et est respectable. Tous les films ne sont pas les dossiers de l’Ecran. Cela dit, on pouvait même à l’intérieur de ce point de vue faire entendre des voies discordantes mais le film a de réelles qualités de mise en scène (en fait l’autre point de vue nous vaut KINGDOM OF HEAVEN mais qui souscrit à une tolérance un peu trop consensuelle et diplomatique parfois)
A BERTRAND,
En tout cas, on ne peut pas reprocher à Scott de ne pas avoir un point de vue. Il sait où il va.
Sinon… MENSONGES D’ETAT est bien un film de Ridley, sorti en 2008, avec DiCaprio et Russell Crowe, son acteur fétiche. Le film est adapté du roman « Body of Lies » de David Ignatius, journaliste au Washington Post.
Un film à classer aux côtés de DANS LA VALLEE D’ELAH, LE ROYAUME, GREEN ZONE, JARHEAD… dans lequel un agent de terrain (Caprio), oeuvrant en Jordanie à la recherche d’un chef d’Al-Qaida, reçoit des ordres de son supérieur (Crowe) au téléphone, se trouvant lui confortablement installé dans sa résidence aux Etats-Unis, un peu comme s’il dirigeait un personnage de jeu vidéo. Caprio s’alliera avec le chef des services secrets jordaniens, campé par l’excellent Mark Strong. Le film montre avec beaucoup de brio et d’intelligence, que la technologie high-tech est bien désuète face au savoir-faire des locaux. Je pense à cette scène magnifique, où les services secrets américains observent par satellite un échange qui doit être fait dans une zone désertique. Plusieurs SUV de couleur noire arrivent, et commencent à tourner rapidement, formant un cercle d’un diamètre d’environ 30 mètres (un peu comme les imigrants à la fin de HEAVEN’S GATE), créant un nuage de poussière rendant aveugles les observateurs du ciel. Les voitures partent toutes dans des directions différentes, et les américains ne savent pas dans laquelle se trouve leur agent. Brillant.
Le film de Tony Scott auquel vous pensez, c’est ENNEMI D’ETAT, avec Will Smith et John Voight, une belle réussite, qui nous dévoivait à quel point on pouvait être observé d’en haut, à notre insu. C’était en 1998, aux débuts de cette quinzaine d’années qui a vu la technologie exploser de manière exponentielle, et dépassant la pensée qui doit accompagner tout changement sérieux de civilisation. Celle-ci viendra sans-doute plus tard…
Je serais moins dur que vous, Bertrand, pour ce qui est de Tim Burton car:
– j’aime bcp Big fish pour des raisons cinéphiliques et disons plus intimes: récit très bien structuré, échappées oniriques consubtantielles aux récits du père, jeu merveilleux d’Albert Finney, visions vraiment surprenantes proches d’un kusturica…et ce récit de passation qui passe par l’épreuve du deuil m’a semblé très juste
– les noces funèbres et Frankenweenie ne surprennent pas autant que M Jack (d’ailleurs d’abord oeuvre de H Selick)et sont des bijoux d’animation qui imposent des univers magiques avec talent
-on peut sauver qqs moments de Sweeney Todd même si le tout n’est pas totalement convaincant il l’est plus que le tout venant de la transposition récente de spectacles de Broadway sur gd écran style Chicago ou le film qui se veut + ou – remake de 8 1/2 avec D D Lewis et dont le titre m’échappe
Pour le reste,Alice, Charlie, La planète des singes sont des catastrophes.
Je ne suis pas du tout d’accord sur la supériorité du poussif American gangster (svt pompé sur L’année du dragon) comparativement à la mise en scène inventive de public ennemies.
Scott me semble plus convaincant sur kingdom of heaven (version longue) même si des scories (notamment tt ce qui évoque trop nettement Le seigneur des anneaux) l’empêchent d’atteindre le chef d’oeuvre visionnaire qui semblait à portée de main.Scott imite svt d’autres créateurs: La chute du faucon noir tt efficace qu’il est lorgne vers le Ryan de Spielberg.
Prometheus fait partie de sa tendance nanardesque déjà illustrée par 1492 ou GIJane.
@minette pascal
je n’ai pas souvenir que Tim Burton ait dit ça mais le final reprend le final du livre de Pierre Boulle.mais je suis bien d’accord moi aussi « j’imagine que Pierre Boulle en aurait eu une bonne crise de rire nerveux. »
après tous les goûts sont dans la nature 😉
@ballantrae
il me semble que matrix vaut plus que du divertissement illustratif.toutes une série de théories philosophiques sont abordées qui vont de platon (allégorie de la caverne), à descartes (la méthode), kant (questionnement de la perception) et nietzsche (l’übermensch). j’ai vu un excellent docu à ce sujet.par contre je ne souviens plus du titre du documentaire.
@ M. Tavernier
si si Mensonges d’état est bien de Ridley. 😉
là s’arrête mon aparté
plus globalement je vous trouve très sévère avec Ridley Scott.je trouve que c’est plus qu’un bon faiseur même si néanmoins la critique du manque de point de vue d’auteur chez lui est justifiée.
concernant Tim Burton, là je suis plutôt d’accord il me semble que ce cinéaste est devenu plus qu’un bel enlumineur.je sauverais tout de même les films d’animation.
les noces funêbres est un film magique et frankenweenie (que je n’ai pas vu) semble également un très beau film.
A Nemo
Attention à ne pas juger un film que vous n’avez pas vu. Il me semblait que j’étais plutot un défenseur de Ridley Scott (je me suis rué voir PROMETHEUS car j’avais beaucoup aimé ALIEN) et Scott me semblait autre chose qu’un bon suiveut (ce qu’il peut être aussdi). Il y a chez lui une esthétiques, des recherches qui décalent parfois ses films, changent la perception des sujets et leur donnent un éclairage innatendu, parfois d’une vraie froideur (qui peut contredire le propos). Mais là, le scénario et l’interprétation renvoyaient aux pires nanars de SF (les mecs qui s’égarent dans la galerie)
Au sujet de Tim Burton, je me suis toujours demandé pourquoi il s’obstinait à prendre Johnny Depp comme acteur principal. On a bien compris qu’il y avait là-dessous un pacte d’amitié, mais quand même. Les mimiques de cet acteur ou ses efforts pour ne pas en faire me laissent toujours pantois et je souffre en pensant à tous les inconnus qui feraient mieux que lui et qui pointeront toute leur vie au chômage.
Mais il n’est pas le seul et j’enfonce sans doute des portes ouvertes…
A MINETTE PASCAL
Il y a non seulement de l’amitié mais de la reconnaissance et Johnny Depp est excellents dans les premiers films qu’il fait avec Burton. Mais depuis le succès planétaire du PIRATE DES CARAÏBES (qui lui est beaucoup redevable, c’est lui qui impose la couleur de son personnage et le ton du film), Depp devient plus formaté. Prisonnier de son personnage , il le conjugue avec de toutes les manières possibles sans se renouveller. Et sans s’en rendre compte, il abime des sujets à force de les tirer vers une dérision facile, pimentée d’effets spéciaux, pour séduire un public d’ados
Merci à tous sur les observations sur R Scott, je vais me faire une réévaluation, en additionnant vos avis: FAUCON NOIR, ROBIN HOOD, MENSONGES D ETAT et GLADIATOR pour ceux que j’ai loupé. Je lui reproche (il s’en remet pas, d’ailleurs) d’avoir gaspillé THELMA ET LOUISE dans lequel il y avait l’idée magnifique de l’espèce d’idylle téléphonique entre S Sarandon et Keitel, ils commencent à s’échanger des mamours au téléphone (par calcul professionnel de la part de Keitel peut-être), puis ils ont l’occasion de s’entrevoir juste avant la fin tragique (et encore, je me demande si c’est pas ce que j’aurais préféré qu’ils s’entrevoient, et que j’imagine ça). C’aurait dû être plus exploité mais l’amour c’est pas son truc à Ridley Scott…
ALIEN est abouti mais la tendance cracraïste m’a rebuté, sans doute ai-je exagéré dans ma mémoire les gros intestins qui jaillissent en Super35! Un ça va, au bout de dix-huit, ça fait lourd mais je suis très sensible. Il faut reconnaître par ailleurs que les personnages ne sont jamais très attachants, chez Scott, non? C’est un froid dés qu’il touche à l’humain.
A Martin brady
Exact quat à sa difficulté de décrire des rapports émotionnels (qu’il transcende parfois par ses choix esthétiques). ROBIN DES BOIS n’est pas fameux. Ils ont gaspillé des fortunes sur un scénario qui a été modifié du tout au tout. Au départ on ne devait traiter cette histoire rebattue qu’à travers le sherif de Notthingham. Superbe idée qui renouvelle l’éclairage. Après qu’un scénario ait été écrit à grand frais, soudainement Ruseel Crowe qui avait accepté l’idée, déclare qu’il veut jouer Robin. Panique. On doit tout refaire en hate. Plus rien ne tient. Crowe est trop vieux, trop gros. 8 à 9 scénaristes se succèdent dont l’inévitable Tom Stoppard pour un résultat médiocre (tout le monde se rencontre à tout bout de cham comme si l’Angleterre, même à l’époque, c’était le bois de Boulogne), délirant historiquement (le débarquement des français concocté par Philippe Auguste). Lea Seydoux est gâchée. Seule Kata Winslett sauve son personnage. Quand aux batailles, on voit les 12 caméras + les effets spéciaux et les nombreuses semaines de tournage. J’ai tourné celle de la PRINCESSE en réaction absolue contre cette manière de filmer qui ne marche que grace au pognon, pas à des choix de metteur en scène (il n’y a aucun des les batailles, contrairement à Gladiator)
Sur Matrix, je connais l’abondante littérature produite autour du film notamment après la sortie du Reloaded mais je pense que ce n’est pas servir le film que lui faire sécréter trop de « pensée » même s’il n’en est pas dénué: il vaut surtout à mon sens pour la création d’un univers cohérent, complexe et par son recyclage intelligent du cinéma asiatique de J Woo à M Oshii en passant par la shaw brothers.
Malgré d’évidentes qualités graphiques (décors, SFX) Prometheus aurait pu être une production Golan Globus des 80′: voyez les analogies multiples entre un sous Alien tel que Lifeforce et ce film ci qui semble un sous lifeforce soit un sous sous Alien!!!Bertrand a raison de rappeler le moment où les 2 crétins s’égarent: c’est de la bêtise à l’état pur qui correspond à une fainéantise scénaristique crasse!!! Et en plus si vous voyiez comment est rentabilisé cet égarement par la suite , vous n’en croirez pas vos yeux devant tant d’indigence.Ne parlons pas des ellipses hallucinantes, du maquillage de Guy Pearce emprunté à J Edgar (vrai concurrent pour l’oscar du plus hideux maquillage de la décennie!!!), de la grandiloquence disons métaphysique des « explications » de la genèse d’Alien…UNE CATA!!!!
A Ballantrae
Tout à fait d’accord. Je n’ai jamais rien compris à MATRIX, malgré un brio visuel qui ne m’interesse guère après 30 minutes, que j’ai trouvé hyper fumeux, infiniment moins intelligent, analytique que les bouquins d’Asimov, Van Vogt ou Clarke. C’est faire prendre le Reader’s Digest pour de la littérature
Pour répondre à Ballantrae et B. Tavernier sur Burton : je vous rejoins sur la déception de ses derniers films. J’ai un reu réévalué BIG FISH en le revoyant à la télévision (après sa vision au cinéma, il ne m’en restait pas grand chose). SWEENEY TODD m’a laissé un goût très désagréable à sa vision : le pessimisme et le morbide de Burton virait à l’écoeurement en y ajoutant à celà le genre de la comédie musicale… Le tout aboutissant a une bouillie peu ragoutante…
Son biopic sur Ed Wood vaut tout de même le détour et le chef d’oeuvre de Burton reste à ce jour, je trouve, « SLEEPY HOLLOW »…
@ M.Tavernier
j’ai dû mal m’exprimé car mon commentaire sur Ridley Scott ne s’adressait pas vous en particulier mais à l’ensemble des commentaires. je m’adressais à vous uniquement sur la remarque pour mensonges d’état.
au sujet de johnny depp et de son jeu, il dit s’être beaucoup inspiré du jeu des acteurs du muet notamment buster keaton et lon chaney d’où il me semble un jeu qui peut paraître trop souligné ou cabotin. c’est pas la première fois que j’entend ce genre de critiques et c’est pourquoi je réagis. moi je suis plutôt fan. cette singularité ne me déplait pas. c’est la marque des grands. que devrait-on dire de brando alors ? si les derniers films de tim burton sont mauvais c’est à cause de tim burton lui même plutôt que johnny depp.
A Nemo
Mais je trouve que ce qu’imposer Depp dans le premier PIRATE est très amusant. Et que cela donne un style au film, un style dont Depp est l’artisan principal. Malheureusement cela s’est figé et a tourné vite à la formule franchisée
oui c’est vrai je le reconnais il y a de ça aussi, une certaine facilité dans la répétition.
A tous
Vous venez de poster des choses vraiment intéressantes sur Ridley Scott, qui résument avec précision mon rapport à un cinéaste que je surveille toujours du coin de l’œil depuis ALIEN, sans que cela ne génère une quelconque passion. Un mélange d’intérêt et de circonspection en quelque sorte. Intérêt relancé par la discussion qui vient me rappeler que Scott possède un savoir-faire qui peut souvent impressionner.
Sans revenir sur tous les titres cités, je trouve LA CHUTE DU FAUCON NOIR symptomatique du sentiment mélangé que j’essaie de décrire. Voilà un film que j’ai toujours eu un peu honte d’aimer (c’est con mais c’est comme ça)car on a beaucoup mis en avant son americano-centrisme, ses manières de jeu vidéo où les noirs se font dessouder par centaines. Or, si ce n’est pas totalement infondé, Bertrand, vous faîtes bien de rappeler ses qualités de mise en scène, qui en font un film bien plus réussi, sur la durée, que LE SOLDAT RYAN. En 2001, à sa sortie, je me souviens avoir trouvé le film généreux en spectacle. Plus prosaïquement, j’avais le sentiment d’en avoir pour mon argent, au sens où je l’entends, c’est à dire au sens où ZULU DAWN, de Douglas Hickox, par exemple, m’en donnait, en 1979, pour mon argent. LE FAUCON NOIR est pour moi un grand spectacle tendu (2h30 sans temps morts)et adulte comme j’aimerais en voir plus souvent. J’en aime la musique qui, par moment, prend une tonalité médiévaliste du plus bel effet comme pour souligner l’atemporalité de la guerre.
Donc merci de m’avoir décomplexé!
Je n’ai pas non plus un mauvais souvenir d’HANNIBAL.
Je voulais revenir sur un cinéaste qui a très longtemps méprisé et boudé par la critique.Abel Ferrara dont j’ai revu « New-York 2 heures du matin »avec Tom Berenger,Mélanie Griffith(belle et sensuelle)ainsi que Billy Dee Williams dans le role du flic.Le film et la bande originale est daté des années 80 mais il y a une veritable ambiance du milieu de la nuit avec toutes les enseignes qui clignotent,les sex-shops,les clubs de streep-teases et ses machos qui fréquentent ces endroits.On renre vite dans le personnage de cet ancien boxeur qui gère une agence de mannequins et qui se retrouve confronté à un psychopate marginal.Il est dommage de ne pas en savoir plus sur cet homme qui est peut etre un ancien soldat ou un individu mis sur la touche de la société de consommation.On pense évidemment à l’excellent de Fleisher resortie en blu-ray, »L’étrangleur de Boston »avec un Tony Curtis à contre emploi de son jeu habituel de comédies.
To Rouxel: Of the four Abel Ferrara films I’ve seen (MS. 45, THE KING OF NEW YORK, BAD LIEUTENANT, NEW ROSE HOTEL), much the best is MS. 45, listed on amazon.fr DVD as ANGE DE LA VENGEANCE L’. The American DVD is slightly cut, I don’t know if the French version follows this dismal lead. Zoe Tamerlis, who plays the psychosomatic mute who is twice raped in one evening in MS. 45, was also the co-screenwriter of Ferrara’s not quite as good BAD LIEUTENANT and also played Harvey Keitel’s heroin supplier in same. THE KING OF NEW YORK is worth watching only for Christopher Walken’s wonderful showboating performance as far as I’m concerned and NEW ROSE HOTEL has Asia Argento which is reason enough for just about anything (Walken not so good here, better in Fatboy Slim’s WEAPON OF CHOICE). And I might as well mention that the line toward the end of MS. 45 (« My Sister ») is an homage to the Tourneur/Lewton CAT PEOPLE (the scene in the Greenwich Village cafe where the fashion model addresses Simone Simon as « Moja sestra. » and then, more desperately, as « Moja Sestra? » That is , the Serbian for « My sister. My sister? »)
à MrRawls: MS 45/L ANGE DE LA VENGEANCE a été un choc, je trouve qu’après, Ferrara s’est perdu… Vous savez ce qui a été coupé dans la version US?
To Martin-Brady, The American MS. 45 DVD has cuts in both rape scenes and in the climactic shootout (details on enwikipedia)I don’t, by the way, find this film exploitive in any way. My uncut USA label VHS copy, released in 1983 and picked up by me for four bucks at a flea market in the early 90s, now starts at 99.99 on amazon. Warners accidently released the uncut version in the UK, withdrew it after one week, replacing it with the censored version. I don’t know if there have been any other uncut DVD versions besides the French one. Actually I’ve seen 5 Ferrara films. I had blotted from my consciousness the awful to the point of insolence THE FUNERAL, one long wallow in self-lacerating Catholic guilt.
à M Rawls: merci pour les précisions. Trouvé sur la page Wikipédia.en, ce lien sur les coupures des éditeurs:
http://www.dvdfile.com/software/cut_list/index_2.html
je ne pensais pas trouver Goofy et SALUDOS AMIGOS dans la liste, aux côtés de HALLOWEEN, SHINING et les NIGHTMARE ON ELM STRET! Dvdfile en favori!
to M Rawls: j’oubliais, c’est bien l’édition Aquarelle 2008 qu’on trouve en dvd z2 FR, qui est signalée par Wikipédia.en comme étant 100% « uncut »:
http://www.amazon.fr/Lange-vengeance-Zoë-Lund/dp/B0012OSLJU/
il y a deux autres éditions qui devraient être aussi « uncut » (une « Mep » de 2010, éditeur non répertorié dans ma liste des éditeurs dvd, moins chère que celle ci-dessus).
Je ne porte pas au plus haut la précision des descriptions de produit de cette chère vieille Melle Amazon, Fr ou autre!…
Salutations.
c’est marrant je n’ai pas le même ressenti je trouve que Ferrara au contraire a été encensé notamment durant les années 90 par la critique. c’était vraiment le cinéaste très branché. et personnellement moi je le trouve très surestimé.The King of NY vaut surtout par l’interprétation de C. Walken.ne parlons même pas de Bad Lieutenant et son préchi précha de rédemption catholique d’un ridicule à toutes épreuves. la scène avec Harvey Keitel à genoux dans l’église est franchement d’une bêtise crasse. regardez le film de Paddy Considine (avec le génial Peter Mullan) Tyrannosaur sur la violence et la redemption, la vraie pas celles des abrutis religieux qui nous empoisonnent la vie depuis quelques mois, et vous verrez la différence entre un grand film et un film de petit frimeur.
Le film que je cherche toujours de Borzage c’est Moonrise.
Sinon je faisais un tour à Lyon et j’y ai vu, à l’institut Lumière, Three Comrades qui est vraiment intéressant malgré tous le côté un peu mièvre. Chez Borzage je pense qu’il faut savoir apprécier le mélo extrémiste mais il faut aussi avouer que parfois, par exemple la fin de ce film en question avec les deux fantômes, il se trompe.Mais bon, comme dit Scorsese dans la préface au livre que j’ai feuilleté c’est un cinéaste vers lequel il faut faire l’effort d’aller parce qu’il ne viendra pas forcément vers vous. Au delà de ces réserves le film a des moments incroyables et, loin de la réputation de cinéaste daté de Borzage, au moins une scène visionnaire. Quand l’assassin du militant politique se fait lui même exécuter par l’ami de ce dernier au Browning après une course dans la rue superbement mise en scène à la manière expressionniste, sont mixé là-dessus les chants d’une messe, Et bam! Ca anticipe carrément Coppola dans le Parrain et la scène des exécutions de la pègre sur les sons du baptême du petit Corleone. Qui a déjà relevé cela (si c’est dans le livre ça me fait une belle jambe)?
* tout
Rien à voir avec les films abordés jusqu’alors:
-Le grand retournement de G Mordillat sans être un grand film (ce qu’il ne prétend pas être, il cherche juste à être utile) permet une approche intelligente et drôle du mécanisme de al crise financière avec une singularité succulente: un texte de l’économiste F Lordon entièrement en alexandrins.Notons la pérsence d’une belle brochette d’acteurs dont le formidable F Morel.
-Camille Claudel 1915 de B Dumont est un chef d’oeuvre rare et le don de j Binoche à son rôle et au cinéaste est exceptionnel, prouvant qu’elle demeure une très grande actrice après qqs errances + ou – convaincantes.Dumont confirme qu’il est un visionnaire exigeant, loin de tout pathos et maître du cadre comme de la lumière avec un sens très aigu (bressonien) du rapport aux acteurs ou aux modèles pour être plus juste.Récit métonymique d’une vie brisée, d’une condition féminine bridée par les représentations masculines qui n’a rien à voir avec un film dossier: Dumont nous plonge avant dans une expérience physique, dans un rapport au temps particulier puisque moment « blanc » entièrement tendu vers la venue du frère bourreau Paul qui permet illusoirement de s’accomoder de la présence des « fous », de l’enfermement.
A Bertrand Tavernier:
D’un « formaliste » à un autre, de Dario Argento à Michael Mann…je vois que vous citez Michael Mann comme exemple de cinéaste réputé tyrannique sur les plateaux, je ne sais pas si vous avez déjà évoqué ce réalisateur sur votre blog mais quel est votre avis sur sa filmographie?
Plusieurs acteurs et techniciens ont évoqué son perfectionnisme et son côté tyrannique sur les tournages:
William Petersen, Johnny Depp, James Belushi, Alex Thomson, Jürgen Prochnow…on attend toujours une parution Blu Ray/Dvd de son film « maudit », le très étrange « The Keep » (« La forteresse noire »).
concernant ce film dont j’ai lu le livre (roman de Francis Paul Wilson) que j’avais adoré, je le trouve très mal fait quant aux effets spéciaux et pas assez noir comme l’était le roman : il me semble que ce film a été massacré par les producteurs mais même malgré cela, je pense que c’est le plus mauvais film de Mann.
Je reste un inconditionnel du cinéma d’Argento même si son « âge d’or » restera pour beaucoup comme pour moi les années 70 et 80 je trouve encore des éléments intéressants dans ses productions ultérieures, malgré leurs inégalités et leur aspect bancal.
Je vous rejoins néanmoins sur sa direction d’acteurs erratique, ça passe quand il a des têtes d’affiches comme David Hemmings, Karl Malden, Jessica Harper, Jennifer Connelly, Max Von Sydow, Liam Cunningham, Stefania Rocca, sinon c’est plus aléatoire, en effet.
Ce « dédain » d’Argento pour les acteurs semble remonter à une expérience calamiteuse avec Tony Musante survenue lors du tournage de son premier film « L’oiseau au plumage de cristal ».
En ce qui concerne la peinture des femmes évoquée par Monsieur Tavernier cet aspect-là de son oeuvre a souvent été discuté mais on trouve également dans sa filmographie quelques très beux personnages féminins ( Jennifer Connelly dans « Phenomena », Asia Argento dans « Le syndrome de Stendhal » et « Trauma », Stefania Rocca dans « The Card Player »…) et plus généralement une vraie empathie pour les marginaux.
Je n’ai pas encore vu le « Boarding gate » que vous évoquez mais j’avais déjà beaucoup aimé Asia Argento dans de jolis films comme « Compagne de voyage » de Peter Del Monte », « Les amies de coeur » de Michele Placido, « Perdiamoci di vista » de Carlo Verdone et « Transylvania » de Tony Gatlif; la présence charismatique de cette actrice est également l’un des centres d’intérêt des films qu’elle a tourné pour son père.
je suis d’accord avec vous : rien ne vaut ses films des années 70 qui avaient du style et racontaient quand même une histoire ; par la suite, Argento semble se parodier et se répêter (son dernier film Giallo est une catastrophe) avec succession de crimes violents et sans lien entre eux. Mais les frissons de l’angoisse, suspiria et inferno forment une trilogie cohérente et très significative de son style
J’ai enfin vu avec une grande curiosité »un témoin dans la ville »réalisé par Edouard Molinaro.C’est un polar de série b qui n’est pas dénué d’interet sur le plan de la mise en scène nerveuse et un montage bien rythmé.On pense bien sur à Melville ou a quantités de polars americains des années 50,agrémentée d’une musique intriguante et intense dans les scènes de poursuites en voitures.Concernant les dialogues ils sont à mon gout en dessous du filmage puis les personnages sont un peu carucaturaux(surtout les coupes de cheveux des femmes)par contre il y a une véritable solidarité des chauffeurs de taxi qui abandonnent leurs postes et meme leurs clients en route.
Il y a quelques jours Arte a diffusé LA MER A L’AUBE, un téléfilm de Schlöndorff qu’on avait perdu de vue ces dernières années. Le film nous raconte l’attente d’une exécution ordonnée par Hitler en représailles d’un attentat commis contre un officier allemand. Parmi les condamnés se trouve Guy Moquet, mais l’histoire ne se concentre pas sur cet unique personnage. Schlöndorff s’intéresse au drame humain que provoque cet ordre de mise à mort, en veillant à ne pas cloisonner les bourreaux d’un côté et les victimes de l’autre. Il exploite son sujet en profondeur en tenant compte de l’humanité de chacun. Pour une fois les allemands ne sont pas des bêtes sauvages, ce sont des hommes confrontés à un dilemme, notamment ce général qui voudra réduire le nombre de condamnés et qui nous rappelle l’officier allemand qui sauvera le pianiste dans le film de Polanski. Il y a aussi ce préfet joué avec beaucoup d’humanité, contraint à collaborer malgré lui, exemple de personnage que l’histoire a condamné plus tard pour excès de zèle. La préparation de l’exécution est également un moment très fort quand un officier explique aux soldats où se trouve le coeur pour tuer les condamnés d’une seule balle, et la crise de panique d’un membre du peloton au moment de tirer. Un film qui aborde en profondeur les questions de la collaboration, de l’obéissance et de la culpabilité, qui plus est très bien photographié par Lubomir Bakchev, chef opérateur franco-bulgare promis à un bel avenir.
oui je l’ai vu moi aussi : ce film est semble-t-il adapté des écrits de Heinrich Boll (c’est lui le soldat qui refuse de fusiller les communistes français et qui en devient malade)et d’Ernst Junger (joue par l’excellent Ulrich Mattes, déjà vu chez Schlondorff en pretre dans le 9ème jour et en Goebbels dans La chute)
A Maxou37
Oui le film est excellent, poignant (le 8ème Jour était très réussi aussi) et j’y ai repéré un acteur que j’ai pris pour QUAI D’ORSAY : Jean Marc Roulot qui joue le gendarme
J’ai beaucoup aimé ces films de Schlöndorff également. Tous deux, LA MER À L’AUBE et LE 8ÈME JOUR sont dispos en DVD chez Arte Éditions, à l’instar de cet autre film magnifique de Schlöndorff, LE FAUSSAIRE, avec Ganz et une sublime musique de Maurice Jarre, notamment à la fin, où l’acteur déambule dans la ville en ruines et en feu. Une vision d’apocalypse assez inoubliable.
Bonjour Bertrand,il s’agit du 9ème jour et non du 8ème jour qui est un film belge réalisé par Jaco van dormael avec Pascal Duquesne.
A Rouxel
Pardon
suivant depuis peu ce blog, je suis heureux d’apprendre qu’il y a eu discussion autour des deux films true grit et du roman éponyme.je vais donc faire ma petite recherche.
sinon au registre infos, je viens de lire que carlotta allait sortir en édition blu-ray cet automne Heaven’s Gate qui a également beaucoup alimenté les conversations sur ce même blog.
Là c’est une nouvelle d’une importance exceptionnelle!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
HEAVEN’S GATE sortira chez Carlotta Films le 20 novembre 2013 en 3 déclinaisons : 1 édition double-DVD, 1 édition double Blu Ray et 1 coffret prestige limité et numéroté.
Coffret prestige, hum…hum… Comme pour La nuit du chasseur ou autre formule???
A Ballantrae,
Je n’ai pas plus d’infos pour le moment…
Alleluia! Je viens enfin de voir le HEAVEN’S GATE 2013 à la Filmothèque du Quartier Latin, étant sur Paris à ce moment-là. J’aurais préféré au Max Linder, mais faute de grives..
Bon bah c’est toujours bien, le ravalement spectaculaire de la copie produit une impression de resserrement, de rapidité comme si le film gagnait en trépidation (ça se dit, j’ai pas de dico?). Un des grands mérites de l’œuvre est que l’on ne s’y ennuie pas ou plus exactement, on ne voit pas le temps passer (je ne m’ennuie pas à DR ZHIVAGO mais je vois le temps passer). Ensuite, de nouveaux détails se révèlent notamment chez les figurants, aux physionomies remarquablement choisies (surtout dans la séquence de Harvard). J’ai également apprécié que le bal aux patins à roulettes retrouve ses couleurs d’origine et non plus ce traitement sépia un peu redondant. Pour le reste, mes réserves restent insignifiantes au regard de la passion que m’inspire ce grand film : une propension à théâtraliser la mise en scène façon Visconti ou Kurosawa alors que le vrai moi du film n’est pas là. Un méchant (Sam Waterston) un peu loupé car trop vite désigné comme tel : on a envie de le huer et de lui jeter des tomates comme au Caf Conc’ et son comportement scénaristique est assez expédié.
Mais bon, il n’y a pas : HEAVEN’S GATE c’est HEAVEN’S GATE !
j’avais vu Boarding gate d’Olivier Assayas très bon film au demeurant qui annonçait en effet son magnifique travail avec Carlos.Olivier Assayas est actuellement un nos réalisateurs contemporains parmi les plus interessants
Oui, « Arsène Lupin Contre Arsène Lupin » n’est pas fascinant. Chez Gaumont, par contre, les 2 Arsène Lupin avec Robert Lamoureux sont très bons, l’énergie, le charisme et l’humour de Lamoureux sont un cocktail très satisfaisant ! Le premier, « Les aventures d’Arsène Lupin », de Becker, et en couleurs, a de superbes décors, très vrais, lors des 3 premières aventures, alors que la 4e aventure, la plus longue, est moins convaincante, et se déroule dans des décors un peu bâclés. Le 2e, « Signé Arsène Lupin », d’Yves Robert, est en noir et blanc, mais il s’agit d’une affaire unique, plus compliquée, et qui est mieux tendue, dans laquelle Lamoureux est un Lupin plus sombre, blessé de guerre, et affrontant un ennemi (Yves Robert) dangereux qui fait passer ses crimes pour ceux de Lupin.
bonjour monsieur Tavernier,
Savez vous pourquoi le sous-titre du livre de Dumont a été modifié pour cette réédition?
Est-ce que cela signifie que monsieur Dumont parle moins de la franc-maçonnerie dans sa nouvelle édition? sa grille d’analyse m’avait m’avait étonné je dois dire.
A Christophe
Cher Bertrand,
voilà de quoi répondre à la question de ce lecteur:
Le sous-titre a été modifié sur suggestion de l’éditeur, et avec l’accord complet de l’auteur: l’adjectif « romantique » (dans le sens de Novalis, non de Hugo, de Lamartine ou de E. T. A. Hoffmann) se justifie pleinement dans le cas de Borzage, et permet peut-être de mieux le cerner d’emblée. De surcroît, le nom mozartien de Sarastro qui figurait sur la première édition n’est ni très connu ni très porteur; il y a vingt ans, cela correspondait à une volonté d’intriguer le lecteur, de le confronter à une approche peu courante d’un cinéaste alors presque inconnu, même des cinéphiles (ce qui n’est plus tout à fait le cas). Enfin, le nouveau sous-titre indique clairement qu’il s’agit d’un texte partiellement modifié, comprenant quelques 20% de rajouts disséminés à travers le livre, bref, d’une refonte générale.
Quant à la grille d’analyse, elle n’a pas été modifiée (il n’y avait aucune raison pour cela, car aucun nouvel élément n’a infirmé cette tentative d’interprétation maçonnique), peut-être juste un peu nuancée et, ça et là, enrichie, c’est tout.
Amicalement,
Hervé
Bonjour Bertrand,
J’aurais souhaité savoir si une éventuelle réédition de l’ouvrage d’Hervé Dumont WILLIAM DIETERLE, UN HUMANISTE AU PAYS DU CINÉMA est envisageable…
Je viens de revoir THE DEVIL AND DANIEL WEBSTER… Quel film original et inclassable ! Le seul autre long-métrage auprès duquel j’arrive à le ranger est THE NIGHT OF THE HUNTER.
A Sullivan
Je transmets à hervé Dumont mais nous ne pouvons pas faire des rééditions. Il faudrait qu’il y ait des collections de poche
Vous faites pourtant bien une réédition de son FRANK BORZAGE, co-édité la première fois en 93 par Mazzotta et la Cinémathèque française…
Et j’estime que son WILLIAM DIETERLE est de la même importance (tout comme son ROBERT SIODMAK d’ailleurs…).
Une « trilogie » Dumont de ces trois réalisateurs aux éditions Institut Lumière/Actes Sud, franchement… ça aurait de la gueule non ? Merci pour votre réponse.
A Sullivan
Mais cela veut dire qu’on ne publie aucun nouveau livre pendant pas mal de temps
Mais avouez que ce serait là une belle thésaurisation ! Des écrits d’une telle érudition et d’une telle limpidité à la fois ne doivent pas rester dans l’ombre. D’autant plus que sur Dieterle et Siodmak, ce sont les uniques travaux d’importance si je ne me trompe pas ?
Personnellement je possède la première édition de ROBERT SIODMAK, LE MAÎTRE DU FILM NOIR chez L’ÂGE D’HOMME. Introuvable ou presque, tout comme la réédition de 99 chez Ramsay Poche Cinéma. Même chose pour WILLIAM DIETERLE, UN HUMANISTE AU PAYS DU CINÉMA chez CNRS / Cinémathèque française, 2002, tout aussi introuvable.
De plus, il n’y a pas de chantier de traduction à lancer. Qu’en pense Hervé Dumont lui-même ? Et Actes Sud ? Et Thierry Frémaux ? Je sais que vous êtes vous-même un admirateur de la plume de Dumont, notamment pour son livre sur l’Antiquité au cinéma que vous avez défendu.
Faire en sorte que Dieterle (né comme Borzage en 1893) et Siomak leur petit frère, rejoignent De Toth, Hawks, Ford, Powell et Hitchcock… et autres amis américains dans votre collection, serait une vraie bonne idée d’éditeur.
A Sullivan. On trouve encore les deux livres dont vous souhaitez la réédition sur le site priceminister autour de 25-30 euros l’unité, ce qui n’est pas encore hors de prix pour des ouvrages épuisés. J’adore le travail d’Hervé Dumont et j’avais réussi à trouver son livre sur Borzage sorti en 1993. Même s’il y a quelques compléments rédactionnels dans cette réédition Actes Sud, je garderai ma première édition rien que pour les magnifiques photographies qui y sont reproduites (et qui malheureusement sont forts réduites dans cette réédition).
J’attends en outre avec impatience son deuxième tome d’encyclopédie historique, suite du magnifique « L’antiquité au cinéma » qui, lui, est épuisé, hors de prix et ne sera jamais réédité (sic Hervé Dumont lui-même, sur son site) !
A Damien Doussin
Oui, L’ANTIQUITÉ AU CINÉMA est un sacré ouvrage, pour ne pas dire un ouvrage sacré. Complet, brassant tous les genres, toutes les époques, le grand comme le petit écran. Un livre très bien iconographié et écrit avec ce même enthousiasme immaculé de Dumont, cette même érudition… On sent qu’il a été directeur d’une cinémathèque.
Vivement la suite, oui.
Bonjour monsieur Tavernier,
Je vous remercie grandement vous et monsieur Dumont de la diligence avec laquelle avez pris la peine de répondre à mes questions.
C’est parfaitement clair maintenant.
Cordialement
Christophe
A propos de Raymond Bernard : le coffret Gaumont rend enfin facilement accessibles ses trois derniers films muets. LE JOUEUR D’ECHECS est certainement le meilleur des trois – un des grands films du cinéma français des années 20 – mais LE MIRACLE DES LOUPS reste très important. La copie restaurée proposée dans le coffret est très belle, le seul petit bémol est l’accompagnement musical, réduction pour piano de la partition originale de Henri Rabaud, qui donne une touche monotone à un film pourtant lyrique et inspiré. Les stupéfiantes scènes de bataille m’ont même semblé un peu amoindries par cet accompagnement (elles sont finalement plus frappantes sans aucune musique). Dommage en tout cas que la musique n’ait pas été enregistrée par un orchestre (comme c’est le cas pour LE JOUEUR D’ECHECS grâce à Kevin Brownlow et Carl Davis). TARAKANOVA, lui, est accompagné de la bande musicale d’époque (le film, muet, était sorti au moment du passage au parlant, avec quelques effets sonorisés). C’est un film splendide visuellement, mais qui abuse peut-être de la belle image (de Jules Kruger) au détriment de la force et de l’émotion. On y retrouve Edith Jehanne, l’héroïne du JOUEUR D’ECHECS, actrice très prometteuse mais dont la carrière fut brève.
On peut signaler aussi pour les parisiens que la Filmothèque du quartier latin passe encore à quelques séances la magnifique version restaurée des MISERABLES de Raymond Bernard. La force qui s’en dégage est encore accrue sur grand écran. Il me semble qu’il est question de l’éditer en dvd ?
ANNE-MARIE (1936) est un très joli film, rarement diffusé, écrit par Saint-Exupéry (et, sans doute, l’aide de Roland Tual) avec Annabella dans l’un de ses meilleurs rôles, jeune femme ingénieur qui apprend à piloter avec une équipe de cinq copains (désignés seulement par des surnoms : Le Penseur, le Boxeur, l’Amoureux…). Tourné à la veille du Front Populaire, le film capte quelque chose de certains espoirs de solidarité, de féminisme et l’on y retrouve la délicatesse avec laquelle Raymond Bernard est capable de traiter les sentiments. Parmi ses bons films de cette époque, outre LE COUPABLE que vous citez justement, il y a la délicieuse comédie à l’américaine J’ETAIS UNE AVENTURIERE (1938)avec Edwige Feuillère (édité aussi en dvd chez Gaumont).
A Bertrand Tavernier & Blogueurs
Bien le bonjour!
Concernant le coffret Max Linder, y en aura-t-il un autre, car il me semble qu’Arte avait jadis diffusé bien plus de courts?
Il existe en Zone 1 chez Grapevine deux dvd consacrés à Linder, dont un consacré à ces courts métrages. Il existe peut-être d’autres éditions.
Au fait, merci! J’ai tardé à vous répondre et m’en excuse..
Cher monsieur,
Je vous trouve bien sévère avec le film de G. Lacombe. Vous ne dites rien de l’abattage d’Annie Ducaux, ni de Luguet, toujours merveilleux, de Marcelle Praince ou de Palau qui sont d’excellents seconds rôles, pas plus que du contexte qui poussait au rire et à l’évasion fut-ce au prix d’une totale vraisemblance. N’y a-t-il pas dans ce film un parfum de comédie à ‘américaine ?
Bien à vous
Un jeune admirateur d’Annie Ducaux!
A Alain 31, j’avais dit du bien d’Annie Ducaux et de Luguet dans l’INEVITABLE MONSIEUR DUBOIS qui avait été une bonne surprise. Là, les acteurs sont bloqués par un scénario basé sur une seule idée, ce qui ne permet pas de nuances, juste de jouer en force
Dans le même genre que L’INEVITABLE M.DUBOIS et FLORENCE EST FOLLE, mais à mon goût moins réussi que le premier, il existe L’HONORABLE CATHERINE (pas en dvd) de L’Herbier, avec Luguet, Rouleau et Edwige Feuillère. Ces trois films sont les seuls représentants à ma connaissance de la screwball comedy à la française, courant qui se developpa sous l’occupation. Bizarremment, c’est le film du metteur en scène le moins coté (Pierre Billon) qui est le meilleur !
J’adore Edouard Molinaro pour quelques films, Mon Oncle Benjamin, L’emmerdeur, La Cage aux Folles I, Le Souper (super casting aussi), j’ai vu sur IMDb qu’il a aussi réalisé quelques épisodes de la série tv H, où l’on peut voir le toujours excellent Jean-Luc Bideau, que l’on voit malheureusement trop peu au cinéma…
Il y a deux films français que j’aimerai beaucoup revoir, ce sont Les Mois d’Avril sont Meurtriers de Laurent Heynemann (co-scénario B.Tavernier) et une coprod, Mademoiselle de Maupin de Mauro Bolognini, une charmante et dynamique comédie d’aventure avec une Catherine Spaak rayonante.
LES MOIS D’AVRIL, chef d’oeuvre du film noir, avec un terrifiant Jean-Pierre Bisson, malheureusement disparu à 51 ans! Introuvable en dvd, ce film.
Vos conseils de lecture vont être suivis car il me tarde de voir de quelle matière littéraire est sorti l’admirable film de Siegel (sûrement son chef d’oeuvre). Il est bien que sortent en traduction ces romans qui ont été oubliés au profit des films qui en ont été tirés: cela pourrait peut-être permettre aux producteurs de comprendre que c’est là qu’on peut trouver les plus belles idées, ce qui ne signifie pas que le scénario est instantané , bien au contraire!!!
Pour un Audiard qui écrit ses propres scenarii (et encore De rouille et d’os est un travail de recomposition de nouvelles préexistantes qui apparente le projet au travail de P Haggis pour le scénario de Million dollar baby), combien d’autofictions besogneuses qui pensent qu’il est intéressant de filmer des expériences à peine transposées (des médecins parlent du « syndrôme Maiwen »).
Scénariste est un métier, l’écriture cosntitue un cheminement complexe: je comprends que vous accordiez, Bertrand , autant d’importance au compagnonnage avec les scénaristes.
Quant au bouquin sur Borzage bien sûr que nous allons nous le procurer: vous prêchez devant des convaincus tant ce cinéaste est magique.Parmi les films que vous citez je n’ai vu que le magnifique Mortal storm qui siège en bonne place ds mon imaginaire aux côtés de Manhunt ou Hangmen also die de Lang voire le moins abouti mais parfois sidérant Hitler’s madman de Sirk.Il faut qu’un second coffret Borzage sorte chez Carlotta!!!
Cher monsieur Tavernier a mon sens le grand film de Molinaro est un témoin dans la ville avec Lino ventura qui me ravi à chaque vision notamment la scène du métro que je trouve superbe . Je déplore que ce film soit rarement cite .De plus je viens de me procurer la biographie de borzage qui doit être passionnante ( Celle sur siodmak du meme dumont devrait elle aussi être rééditée , car elle est superbe) the mortalité storm est une splendeur. Merci pour ce blog . Bien à vous
Dans le genre que UN TEMOIN DANS LA VILLE, un autre Molinaro de la même époque est également excellent, c’est DES FEMMES DISPARAISSENT. J’aime bien Philippe Clay dans le rôle du tueur.
Mais Bertrand, aucune femme au monde n’est plus sexy que Asia Argento, d’ailleurs aucune n’est seulement aussi sexy que Asia, arriver à ce niveau de sexy est rigoureusement impossible (ça a été prouvé scientifiquement).
Pour rester dans la cinéphilie pure, j’avais apprécié LE GANG DES OTAGES à cause de Daniel Cauchy car c’était son seul (je crois) premier rôle, on l’a beaucoup vu dans des petits rôles assez frappants dans des polars des années 50 ou 60 (BOB LE FLAMBEUR ou TOUCHEZ PAS AU GRISBI). Il y a un gros trou dans sa filmo de 77 à 99. LE GANG, c’est l’un des rares films dramatiques de Molinaro, qui s’est surtout distingué pour des comédies douceâtres, il me semble… Je ne connais pas bien ce cinéaste.
Merci à vous pour la nouvelle chronique!
A Martin Brady
Cauchy était devenu producteur notamment de films publicitaires, ce qui lui a permis de co produire LE GANG DES OTAGES qu’il s’est offert. Pour Molinaro, il faut voir LA MORT DE BELLE, beau scénario d’Anouilh et (sur des souvenirs lointains) MON ONCLE BENJAMIN pour Brel
à Bertrand Tavernier: ah ben, voilà, comme quoi on n’est jamais si bien servi que par soi-même! Je note LA MORT DE BELLE, apparemment introuvable en dvd. D’après Simenon, encore!merci
To Messrs. Tavernier and Martin-Brady: I checked to see if LA MORT DE BELLE was available on DVD in these parts. But all that is out there is some American recut dubbed thing called THE PASSION OF SLOW FIRE (how’s that for a handle?). At amazon.com it’s available as watch instantly or as an open region Sinister Cinema DVD. The dubbed trailer posted by creepster on youtube certainly sounds sinister (they lost me at Desailly shouting « Hey! Hurry up! »).
to Michael: incredibly out of line british title: THE END OF BELLE, but still no dvd.
Je rejoins bien évidemment le fan club « Asia Argento » dont Bertrand Tavernier et Martin-Brady sont membres !
J’en profite ici pour rebondir sur le travail de son père qui a, je crois, rarement (ou pas) été mentionné sur ce blog. Je ne parlerai pas des 25 dernières années assez calamiteuses sur le plan qualitatif (et ce, malgré la beauté de sa chère Asia…). Reste que ses premiers films comme LE CHAT A NEUF QUEUES, L’OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL, LES FRISSONS DE L’ANGOISSE, SUSPIRIA… contiennent de grandes beautés oniriques et plastiques (à défaut il est vrai de scénarios toujours crédibles : mais après tout, quelle crédibilité si on part du principe que les films d’Argento ne sont finalement que des rêves/cauchemars filmés ?…) Je signale que wildside a sorti ces titres dans de beaux bluray et dvd.
A l’image d’un Sergio Leone, il a été souvent honteusement copié par la suite. Le plus triste c’est que lui-même s’est finalement parodié, y perdant son inspiration (à l’image de sa collaboration avec Romero qui a accouché d’une souris…)
A Damien Doussin, il y a des recherches visuelles, une formalismes, des idées dans les premiers films, surtout ceux qui composent une sorte de trilogie autour des demeures, avec des scènes impressionnantes. Mais aussi souvent une direction d’acteur erratique, voire médiocre dès que jouent les jeunes premiers, une peinture des femmes souvent désagréable. Et en effet ces qualités indéniables, ce sens de l’angoisse, du décor disparaissent dans des oeuvres de plus en plus calamiteuses (du moins celles que j’ai vues).
Je crois que le rapport avec les acteurs trace une ligne entre les metteurs en scène qui vieillissent bien, résistent au temps et les autres. J’ai été témoin de la conduite nullissime de Freda qui explique la capitulation dans les derniers films
« Je crois que le rapport avec les acteurs trace une ligne entre les metteurs en scène qui vieillissent bien, résistent au temps et les autres. », ciel, Bertrand! Très intéressant! Comme dans la vie de tous les jours, on vieillit mieux quand on garde des rapports agréables avec des gens de plus en plus jeunes? A méditer.
(il est vrai que les films sauf exception, se font toujours avec des personnages principaux de moins de 40 ans, sensés représenter « tout le monde », films traitant de tous les sujets possibles. Quand les personnages sont plus âgés, c’est parce que le sujet est axé sur le vieillissement ou ses conséquences?…
A Martin brady
Je parlais juste de la direction d’acteurs. Les réalisateurs qui se passionnent pour les comédiens (de Huston à Altman) gardent une jeunesse d’esprit une vivacité. Alors que ceux qui ne s’interessent pas aux acteurs perdent pied plus vite. Truffaut l’avait dit qui parlait de la sincérité des rapports entre acteurs et metteurs en scène
Vous avez raison de tracer cette ligne… L’exemple de Freda est effectivement frappant et vous en avez eu la preuve concrète sur LA FILLE DE D’ARTAGNAN…
J’ai lu en effet qu’Argento était assez négligent dans ce domaine (limitant même au minimum les indications données à ces acteurs) pour ne finalement privilégier que son inspiration plastique, les décors, les cadrages, l’utilisation des couleurs, la musique… Le problème c’est que lorsque l’inspiration créatrice n’est même plus présente, ses films perdent tout leur intérêt et on serait bien à même de trouver sa patte (pourtant si caractéristique dans les années 70) dans certains de ses films des années 90 ou 2000…
Après il faut sans doute bien dégager ce qui tient purement de la direction d’acteurs de la relation plus « personnelle » qu’un réalisateur entretient avec eux. Jean-Pierre Melville et Henry Hathaway par exemple ont réussi malgré tout de bons films malgré des ambiances de plateaux insupportables mais c’est vrai qu’ils ne sont pas si nombreux !
A Damien Doussin
Le rapport avec les acteurs ne dépend absolument pas du caractère du metteur en scène, de son coté tyrannique. Hathaway était un tyran sur le plateau, hurleur, parfois odieux mais il avait un sens incroyablement aigu, moderne de la distribution. J’ai eu une illumination quand il me dit que dans NIAGARA, il s’était battu pour avoir James Mason face à Monroe. Grandisoe idée de casting, hyper moderne. Ajoutons qu’il s’entendi très bien avec Monroe (il n’y a pas un seul jour de sinistre sur le film) et qu’il proposa à Zanuck de la prendre avec Montgomery Clift pour un remake de OF HUMAN BONDAGE : Clift et Monroe. Et cent exemples sont venus etayer ce que j’avais senti : il se débarasse de Henry Wilcoxon dans les 3 LANCIERS et le remplace, coup de génie, par Franchot Tone. Il découvre Widmark (le scénario décrivait un personnage de brute colossale) dans LE CARREFOUR DE LA MORT, le dirige de manière sobre dans LES MARINS DE L’ORGUEILLEUX ou Barrymore ne cabotine pas. Hathaway savait tenir les acteurs, effacer leurs manièrismes (il supprimes tous ceux de Stewart dans APPELEZ NORD 777, les begaiements) et dans TRUE GRIT, il voulait, c’aurait été son premier film, Sally Field. Voila des exemples parlants. Melville aussi était dur parfois, méprisant mais il tenait la plupart des acteurs dans un registre relativement simple de sobriété faussement americaine (Il rate avec Montand for mauvais dans ses crises mais réussit quelque chose de fort avec Belmondo et Riva dans LEON MORIN)
Ce commentaire est écrit trop hativement après une jopurnée de mixage. Quand je parle du comportement sur le plateau c’est pour tracer une ligne entre certains de ces comportements. Hathaway était un tyran (comme Michael Mann dit on) tout comme Carné et Autant pour ne prendre que ces deux là qui criaient et piétinaient leur casquette. Et je ne considère pas que la direction d’acteur soit leur qualité majeure : la distribution chez Carné était ENTIÈREMENT LE FAIT de Prévert et ils se sont brouillés quan d Prévert a voulu Simone Signoret pour les PORTES DE LA NUIT, Carné s’entêtant avec l’actrice désastreuse qu’il avait choisi. Autant Lara voulait Montand et Blier pour la TRAVERSÉE DE PARIS et Aurenche a du se battre pour imposer Gabin et Bourvil. Leur découpage très rigide bloquait les acteurs fragiles (contrairement à Hathaway qui selon Widmark savait « créer une espace confortable pour que les acteurs bougent dans son découpage ». Et Carné après Prévert, c’est Lesaffre. Sautet hurlait beaucoup sur le plateau et il était très colérique mais quelle direction d’acteur. La force de Carné et Lara, c’était de faire passer les idées une fois qu’il les avait digérées quel que soit les oppositions des producteurs, voire des comédiens (Lara giflant Gabin et imposant un huissier vérifiant qu’il disait bien le texte)
Bonjour M.Tavernier,
je ne savais pas que la distribution des Carné/Prévert étaient entièrement le fait de Prévert. Quelles sont vos sources?
Et savez vous ce qu’il en a été de la distribution de Hôtel du Nord?
le syndrome de stendhal est tout de même à sauver dans ses derniers films non ?
Un grand formaliste étonnant de raffinement plastqiue jusqu’à Suspiria…après ça se gâte depuis les beaux moments ravaudés à la diable dans inferno ou Phenomena jusqu’au grand n’importe quoi du Fantôme de l’opéra.Seul film à sauver dans le naufrage des 30 dernières années: un singulier Syndrôme de Stendhal avec Asia justement!!!
J’aime bien Boarding gate qui me semble le corollaire de Demonlover dans une veine cyberpolicière cosmopolite et quasi fantastique.tout n’est pas abouti mais il ya une ambition que je n’aurais pas imaginée à l’époque de L’enfant de l’hiver ou Paris s’éveille.En revanche,L’eau froide avait de ces fulgurances indubitablement liées à la passion d’O A pour le meilleur du rock.
Le cinéma d’Argento me parait plus incarné depuis « Phenomena », plus proche de ses personnages et mélancolique, en ce qui me concerne je considèrerais même « le syndrome de Stendhal » comme un de ses meilleurs films malgré ses quelques longueurs.
« Le fantôme de l’opéra » est très bancal et hétérogène, il y a quelques fulgurances plastiques mais le scénario (co-écrit avec Gérard Brach) part un peu dans tous les sens, l’alliance entre sublime et grotesque y est malaisée je ne suis pas sûr que le cinéaste soit vraiment à l’aise dans le registre de l’illustration et du film en costumes.
Dans sa dernière période j’aime bien « The Card Player », petit thriller assez épuré et dans une moindre mesure l’énergie du chaotique « Mother of Tears », sa première contribution pour les Masters of Horror « Jenifer » était également réussie même si relativement impersonnelle.
d’accord avec Guillaume, the master of card n’est pas à jeter même si esthétiquement on est très loin de la qualité des débuts, on dirait presque un téléfilm.
Bonjour M.Tavernier,
je ne savais pas que la distribution des Carné/Prévert étaient entièrement le fait de Prévert. Quelles sont vos sources?
Et savez vous ce qu’il en a été de la distribution de Hôtel du Nord?
A CHRISTOPHE
les témoignages, d’Aurenche, de Prévert, de Trauner, de Jeanson qui dut se battre pour imposer Arletty dans HOTEL DU NORD. Et il suffit de regarder la liste des acteurs dont 80% viennent du groupe Octobre
En revanche passez votre chemin pour New rose hotel de Ferrara, énorme arnaque prétentieuse où Asia fait ce qu’on lui dire de faire, à savoir pas grand chose et en plus le film devient long métrage par un procédé digne d’Ed Wood: le personnage joué par Dafoe revoit les scènes antérieures intégralement en flash back pour mieux les comprendre.Un supplice!!!
La rencontre est un petit peu plus probante pour Gogo tales même si ce film n’est qu’un démarquage un peu poussif de l’immense Meurtre d’un bookmaker chinois de Cassavetes (déjà matrice du plus convaincant Tournée d’Amalric)