Chronique n°24
3 mars 2009 par Bertrand Tavernier - DVD
DINO RISI a disparu. Je n’arrive pas à écrire Dino Risi est mort tellement je le trouve vivant lui et ses films voltairiens. J’avais revu AU NOM DU PEUPLE ITALIEN, satire prémonitoire de Berlusconi, voici peu de temps. Je vais me précipiter revoir PARFUM DE FEMME et surtout UNE VIE DIFFICILE, LE FANFARON.
Beaucoup d’œuvres majeures, de films importants ou rares sont de sortis. Je voudrais commencer par en citer deux qu’il est absolument INDISPENSABLE d’acheter :
MAKE WAY FOR TOMORROW (PLACE AUX JEUNES chez Bac Films), sans doute le chef-d’œuvre de Léo McCarey et l’un des 10 plus grands films hollywoodiens des années 30/40. C’était aussi l’avis de Lubitsch, de Jean Renoir et à la sortie du critique Frank Nugent, futur scénariste de John Ford : il louait la chaleur humaine, l’humanité, l’honnêteté de cette œuvre mais aussi son humour. Un humour qui n’est jamais utilisé pour atténuer l’intensité dramatique des situations ni déguiser leur sérieux mais au contraire pour les renforcer, pour les authentifier. L’expérience vécue ne se divise pas en moments dramatiques ou cocasses, mais mêle intimement les deux registres. Je pense à l’échange téléphonique entre la grand mère et le grand père, bouleversant et drôle, qui vient perturber la partie de bridge. McCarey aborde là un sujet grave, encore plus actuel (le rapport avec des personnes âgées) et réussit un bouleversant exercice de corde raide. Je défie quiconque de ne pas pleurer durant la dernière demi-heure. On consultera les bonus très intelligents de Bernard Eisenschitz en regrettant qu’on ne soit pas allé interroger Pierre Rissient qui acheta et fit découvrir MAKE WAY, et rencontra McCarey. Je travaillai avec lui à cette époque. A Acheter et à offrir.
Du coup j’en profite pour recommander un McCarey beaucoup plus connu, L’EXTRAVAGANT Mr RUGGLES, excellente comédie où triomphent Laughton en valet britannique que son maître perd au poker mais aussi Charles Ruggles, Mary Boland et Roland Young. McCarey y pratique comme toujours de brusques changements de ton dont le plus célèbre permet à Laughton de réciter le discours prononcé par Lincoln à Gettysburg aux Américains qui l’ignorent.
La seconde découverte est en zone 1 : il s’agit de la version restaurée de THE BIG TRAIL de Raoul Walsh et tirée d’après le négatif Grandeur, procédé qui s’apparente au 70 mm. On n’avait jamais vu le film dans ce format depuis sa sortie en 1930, son exploitation ayant été compromise par le krach de 29. Il fut redécouvert au festival de New York, il y a quelques années et salué en des termes superlatifs par mon ami Dave Kehr dans le N.Y. Times. Le dvd est donc en scope (sous-titres français) et le résultat est inouï : une profondeur de champ incroyable et l’utilisation extraordinairement fluide et moderne de l’écran large révèlent des dizaines d’actions qui se déroulent partout dans l’espace. Actions qui avaient disparu de la version « plate » (dans les bonus, on voit la différence : il manquait en gros 60% de l’image). Pendant qu’au premier plan, les protagonistes discutent ou échafaudent des plans, on voit au fond de l’image des gens dompter des chevaux, réparer un chariot… On peut distinguer tout ce qui se passe autour et dans les centaines de chariots (il y en avait 185 et il y a eu 20 000 cachets de figurants). Le film est truffé de notations documentaires, de moments non liés à l’intrigue qui sonnent justes, de détails Rosselliniens : des femmes se lavent les cheveux, des hommes réparent une roue. On a vraiment l’impression d’être contemporain de l’action. La camera de Walsh nous entraîne toujours au coeur des scènes et semble découvrir les événements historiques qu’elle décrit. C’est le meilleur western des années 20/30, supérieur même au CHEVAL DE FER et un des grands films de la décennie… On oublie les quelques défauts mineurs (des personnages de méchants assez stéréotypés et uni dimensionnels malgré un bon choix de physique et de voix, quelques dialogues statiques et datés) devant le ton épique de la plupart des scènes : le franchissement de la rivière, la descente le long de falaises abruptes.
Contrairement à la légende qui prétendait qu’il était mauvais, John Wayne dont c’est le premier rôle en vedette, possède une grâce, une légèreté, une présence assez phénoménale. Je pense aussi que son jeu est valorisé dans la version 70mm par la manière dont il s’inscrit dans l’espace, Walsh le filmant comme s’il était un des héros de Fenimore Cooper. Beaucoup de bonus passionnants. Attention il faut prendre l’édition 2008.
Opening vient de sortir des Walsh qui restent inédits aux USA : THE REVOLT OF MAMIE STOVER (BUNGALOW POUR FEMMES) que j’aime beaucoup même si le scénario de Sydney Boehm obéissant aux pressions du Studio édulcore le roman de William Bradford Huie. La prostitution y est camouflée, les filles devenant de respectables hôtesses. Il faut décrypter la moindre réplique. Cette édulcoration exaspéra Walsh qui tire pourtant brillamment son épingle du jeu. Son utilisation de la couleur – souvent stylisée -, des extérieurs, du Cinémascope sont magistrales. Déjouant la censure, il préserve de manière oblique l’amertume du récit, boucle les dernières scènes avec une rare élégance et infuse une mélancolie qui me touche beaucoup. Ce film est couplé avec O.H.M.S. que je n’ai pas vu.
Il convient aussi de saluer la sortie chez Gaumont du COFFRET GAUMONT, LE CINEMA PREMIER – VOLUME 1 – 1897/1913, consacré au cinéma des origines où l’on peut voir des Alice Guy, guère convaincants à mes yeux mais surtout des Léonce Perret et des Louis Feuillade.
Pour rester dans le muet, deux Duvivier l’intéressant AU BONHEUR DES DAMES dont le début est éblouissant avec une très belle utilisation des extérieurs qui fait défaut au remake de Cayatte. On y sent percer un vrai cinéaste, avec de vrais partis pris ce que confirme la version muette de POIL DE CAROTTE.
Et surtout dans ce qui est sans doute le chef d’œuvre de Marcel L’Herbier, L’ARGENT d’après Emile Zola avec ces extraordinaires mouvements d’appareil, parfois brefs et tranchants, ultra rapides, dans les séquences foule, notamment celles qui se déroulent à la Bourse. La caméra, suspendues à un filin, voltige au dessus des têtes. « la caméra (ou plutôt les caméras) enferme les personnages dans une frénésie dont ils ne sont pas les maîtres. Cette frénésie exprime la toute puissance de l’argent sur les lieux, la société, les individus » (Jacques Lourcelles).
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Mr tavernier, Sur John Wayne comédien, c’est vrai qu’il a l’art de crever l’écran avant même de dire quelque chose. Pourtant, je me souviens être tombé de haut quand je l’ai entendu en VO pour la première fois. Comparé à sa voix française, celle d’un sacré bon comédien, John Wayne donne souvent l’impression de réciter, voire de se tromper d’intonation. Et pourtant, il reste bel et bien un symbole universel du cinéma américain… Le charisme est chose bien mystérieuse.
Suis-je un mytho ?
Je suis un nouvel auteur et mes bouquins, mes manuscrits sont adaptables au cinéma.
Puis-je avoir un rendez-vous ?
Auteur de :
-Jozef et les ouvriers du ring…
-Les enquêtes de l’inspecteur Buster Johnson…
Manuscrits en attente :
-Vindicte
-L’ autre monde
-Prison atomique
-Les enquêtes de l’inspecteur Buster Johnson II
Ce n’est pas du tout le but de cette rubrique
Pouvez-vous effacer mon commentaire et je m’excuse d’avoir été hors sujet…
Erratum messsage précédent. Il s’agit bien évidemment de THE DEAD de Huston et non DEAD END (qui n’est pas du tout du même niveau !!)
J’ai découvert il y a peu le film de Walsh LE MONDE LUI APPARTIENT dans le DVD sorti chez Wildside. J’y suis allé les yeux fermés, aimant beaucoup ce réalisateur. Je dois avouer que j’ai été assez déçu. La première 1/2 heure du film me semble la plus réussie. La vitalité qui se dégage des personnages et des actions, l’apparition d’Anthony Quinn, l’histoire d’amour naissante entre les personnages interprétés par Gregory Peck et Anne Blyth emporte le spectateur dans cet hôtel de San Francisco.
Par contre la longue séquence de course entre les bateaux est interminable et assez platement filmée : l’utilisation des transparences est lassante et le dynamisme des scènes en prend un coup. La dernière partie où Peck et ses hommes empêchent le mariage de la jolie russe est sympathique mais assez convenue car déjà vue (et de façon plus convaincante) dans les meilleurs films d’aventures des années 30 ou 40. Walsh ne semble plus trop en phase avec ce genre de cinéma ni même parfois avec le western (Dans THE TALL MEN, les scènes que j’ai trouvé meilleures étaient celles entre Jane Russel et Clark Gable, dans un western que j’ai trouvé au final assez lent et manquant de dynamisme). Il est vrai que pour moi, la madeleine de proust ne fonctionne pas et je comprends parfaitement que leur découverte enfant à marqué certains spectateurs (vous y compris). Dans ses films de fin de carrière, BUNGALOW POUR FEMMES m’avait par exemple plus convaincu (avec une approche presque « sirkienne »). Mais je trouve que nous sommes loin du Walsh de L’ENFER EST A LUI, GENTLEMAN JIM, LA CHARGE FANTASTIQUE ou OBJECTIVE BURMA pour n’en citer que quelques-uns.
Vu que vous connaissez très bien ce sujet, ne trouvez-vous pas que l’on est parfois assez (voire trop) indulgents pour les films de fin de carrière des grands réalisateurs ?
Tout le monde ne garde pas la jeunesse d’un John Huston et de ses admirables PRIZZI’S HONOR ou DEAD END… Par exemple, j’ai été déçu à la vision du dernier film d’Eastwood AU-DELA. Malgré plusieurs scènes réussies (celles avec Matt Damon principalement), la critique m’a semblé assez indulgente : la revue « Positif » en tête, qui ne parlait au final que des références aux films précédents d’Eastwood sans pousser réellement l’analyse du film en lui-même : comme si le film était par avance sauvé par la réputation de son auteur! L’évidence n’est pas automatique. Même Sidney Lumet, très inconstant durant plusieurs années, a réalisé un magnifique film à l’âge de 83 ans !(7h58 CE SAMEDI-LA).
Je vous souhaite en tout cas de garder cette jeunesse et ce dynamisme dont vous avez fait preuve dernièrement avec LA PRINCESSE DE MONTPENSIER.
A Damien
Merci mille fois. Le MONDE LUI APPARTIENT est un film mineur avec, comme vous le soulignez 40 très bonnes minutes au début ou Walsh est en forme. La course m’a en effet un peu déçu et Ann Blyth bien que joliement filmée n’est pas une actrice transcendante. CAPITAINE SANS PEU est mieux
Je suis assez d’accord avec vous sur les films de fin de carrière. Il y a ce dogme un peu abussif, s’appuyant sur le Titien, qui veut que les derniers films d’un créateur soient ses meilleurs. Il s’agissait à l’époque de défendre coute que coute Renoir, Hitchcock, Hawks. Or FAMILY PLOT, LE DEJEUNER SUR L’HERBE, RIO LOBO, EL DORADO sont loin d’être des réussites (et je serai tout aussi réservé sur ELENA ET LES HOMMES, TOPAZ – malgré quelques séquences magnifiques – les derniers Preminger (ROSEBUD, SKIDDOO), Wilder, Risi, Comencini, Autant Lara, sauf LES PATATES. Je dirai que c’est le contraire qui est vrai : rares sont les carrières qui se terminent en apothéose. Il y a Huston avec FAT CITY, P^RIZZI’S HONOR, ROY BEAN, THE DEAD. Ford lui termine avec ovni assez sidérant qui rattrappe le décevant CHEYENNE AUTUMN et l’un de ses derniers opus est sublime : L’HOMME QUI TUA LIBERY VALANCE. Il y a Becker mais il meurt trop jeune et le TROU n’aurait pas du être son dernier.
Dans les derniers Walsh, certains offrent de réelles beautés : L’ESCLAVE LIBRE (malgré Yvonne de Carlo et certaines options du scénario), et j’avais un bon souvenir d’ESTHER ET LE ROI. Pas de MARINES LET’S GO. Mais Walsh n’est pas seulement un cinéaste d’action, de péripéties trépidantes. Il peut aimer prendre son temps, s’égarer et accorder une grande place aux sentiments comme dans BUNGALOW POUR FEMMES, les scènes avec les femmes de THE NAKED AND THE DEAD ou de BATTLE CRY. Et voyez absolument certains films muets : le sublime REGENERATION (bonne copie chez Kino) ME AND MY GAL, SAILOR’S LUCK qu’on trouve sur certains sites comme Loving the classics.
Cela dit sa grande période comprend les films que vous avez cité.
De Walsh, j’ai toujours sur mes étagères à visionner les dvd de REGENERATION, BATTLE CRY, L’ESCLAVE LIBRE et UNE FEMME DANGEREUSE. Je vais essayer de trouver les autres films que vous citez…
Robert Altman a lui aussi terminé sa vie avec une très belle oeuvre (THE LAST SHOW). Il est vrai aussi que certains ont eu la sagesse de s’arrêter à temps en laissant de bons derniers films comme Frank Capra (A POCKETFUL OF MIRACLES) ou encore André De Toth (PLAY DIRTY). Concernant Hawks, voilà un réalisateur pour lequel je n’ai que peu d’affinité et ce, bien avant sa fin de carrière (j’aime certains de ses films comme L’IMPOSSIBLE M. BEBE ou SEULS LES ANGES ONT DES AILES). Je ne partage pas la passion de Tarantino pour ce réalisateur même s’il réussit à attiser ma curiosité pour RED LINE 7000… Quand à Hitchcock (que célèbre actuellement le livre de McGilligan), j’ai beaucoup de mal à partie de MARNIE malgré quelques scènes ou plans inoubliables dans ses 5 derniers films. J’en profite d’ailleurs pour vous signaler le rachat indispensable de PSYCHO en blu-ray, sorti chez Universal dans une restauration absolument splendide (cette nouvelle édition est actuellement assez peu chère sur le portail britannique d’Amazon, avec sous-titres français).
Tout à fait d’accord sur le film de M Lherbier qui est impressionnant de bout en bout.Les parlants du cinéaste souvent statiques ont fait oublier le génial auteur du muet qu’il fut.
Comment se fait-il que les grands films muets français ne fassent l’objet que de très rares éditions dans l’hexagone? J’attends toujours des sorties dignes de ce nom pour les chefs d’oeuvre de Gance (surtout La roue-honteusement oublié-, Napoléon, J’accuse…) et d’Epstein (je détacherai avant tout, parmi ceux que je connais, la plus belle adaptation jamais réalisée d’une nouvelle d’Edgar Poe La chute de la maison Usher).
Question à l’Institut lumière: ne pourrait-ce être une bonne idée éditoriale que d’initier une collection « patrimoine muet du domaine français »? Il y a un public à conquérir quand on mesure le succès des cinéconcerts!
Cher Bertrand,
Peut-être me courge d’endroit, mais comme je n’ai jamais eu l’occasion de te dire combien j’ai et apprécie ton adaptation « d’un mille et quelques âmes… » je te le dit. C’était 27 ou 37 ? En tous cas ça sentait torridement la connerie et le petit. Le huis clos dans des grands espaces est intéressant. Très grand .
C’est tout.
Amitié.
Marc-Antoine
En réponse à BT et à Goossens, je signale que Le Trésor du Pendu sortira en aout 09 dans la collection les introuvables de la fnac, en compagnie notamment de L’Esclave Libre de Walsh. (voir site fnac)Généralement, la restauration des films de cette collection petit prix n’est pas excellente. Sur un précédent message, à propos du Signe du Paien de Douglas Sirk, il est passé il y a quelques mois à plusieurs reprises sur TCM. Ce péplum n’est pas un chef d’oeuvre, je confirme le bien-fondé des souvenirs de M.Tavernier. J’ai vu aussi récemment Billy Two Hats de Kotcheff avec Gregory Peck. Sans vouloir à tout prix défendre le film, je trouve tout de même que la présence involontairement insolite de Warden va de pair avec certaines images volontairement insolites du film, notamment celle avec les indiens (le chef indien se trimballe à cheval avec une ombrelle par exple). Cet aspect insolite fait la qualité du film ainsi que sans doute son traitement des relations interraciales. Mais, il est vrai qu’on reste sur sa fin et qu’on a l’impression que le film aurait pu être bien meilleur. Par ailleurs, ayant vu Hell’s Heroes de Wyler, la version 1930 de Three Godfathers (Ford), j’en confirme l’excellence. On m’a dit beaucoup de bien de la version de Boleslawsky sur le même scénario (1936), mais je ne l’ai pas vu.
Au demeurant, j’ai vu un autre western, sorti récemment en DVD, La Brigade du Texas / Posse, de et avec Kirk Douglas. Marrant de voir combien ce film qui date du milieu des années 70 nous parle des années Bush ! Ce n’est pas un chef d’oeuvre, mais je l’ai préféré de loin à Dialogue de Feu, avec le même acteur accompagné de Cash, sorti récemment et qui pêche par une mise en scène disons aléatoire…
Enfin, j’appends que le cinéma de minuit de FR3 diffusera le 5 et le 12 juillet 2009 les courts-métrages réalisé aux USA vers 1938 par Jacques Tourneur (sauf erreur pour la Warner). A ne manquer sous aucun prétexte…si mes souvenirs ne me trahissent pas !
A Bertrand Tavernier
Pour le numéro de music-hall freelance de Bourvil, peut-être se trouve-t-il sur une des éditions DVD du « Cercle rouge », qui sait ? Je crois que Claude Ventura et Michel Boujut l’avaient diffusé lors d’un numéro de « Cinéma, Cinémas » mais hélas ne l’ont pas inclus dans le coffret édité par l’INA. Je l’aime bien, ce film de Melville et encore plus depuis que j’ai appris récemment que le rôle tenu par Gian Maria Volonte avait d’abord été proposé à…Johnny Halliday (au secours !) Même si je mets au-dessus comme vous « Le 2ème souffle » et aussi « Deux hommes dans Manhattan » (avec sa magnifique séquence d’enregistrement d’une chanteuse jazzy).
A Pierre
Je n’ai pas vu ce bonus si prometteur étant assez réservé sur le film de Melville que je trouve plus inspiré dans LE DOULOS, LÉON MORIN, L’ARMÉE DES OMBRES, LE DEUXIÈME SOUFFLE
A féfé
Tout à fait d’accord avec vous.
A goosens
Quand les tambours s’arrêteront de Hugo Fregonèse : Très original. Excellent. Hélas indisponible en vidéo et en dvd
Les Aventures du capitaine Wyatt de Raoul Walsh : Très beau film d’aventures, somptueusement filmé avec un Gary Cooper royal. Existe en DVD zone 1
Rio Conchos de Gordon Douglas : J’en ai un très bon souvenir. Belle musique de Jerry Golsmith
Chuka le redoutable de Gordon Douglas : western nerveux, bien mis en scène malgré des moyens réduits. Disponible en dvd zone 1
Le trésor du pendu de John Sturges : un des bons Sturges disponible en dvd zone 1
Le Sorcier du Rio Grande de C. M. Warren : Passionnant et discutable. Très violent. Heston et Palance formidables
La porte du diable de Anthony Mann : Un des meilleurs Mann et des plus méconnus
A Alain S
Et aussi , parmi les autres Losey à ne pas manquer, je l’espère, THE PROWLER (qui vient d’être restauré) et the LAWLESS deux de ses meilleurs films.
Je vais de ce pas commander FATHER BROWN qui appartient à une période troublée pour Robert Hamer. Mais THE LONG MEMORY, tourné à la même époque a été une excellente surprise.
Quant à Borzage, précipitez vous sur le coffret Fox.
A miedfry :
Belle citation d’Audiberti. Oui, l’interview avait été fait avant la
parution de Film Noir numéro 4.
A Alain Caron
Il est possible de rire en voyant Bourvil dans « Le cercle rouge ». Pas dans le film (splendide) où il est remarquable de bout en bout sans prêter un seul instant à moquerie mais dans un document dévoilant la scène finale telle qu’elle fut filmée à l’insu du plein gré de Melville. Car Bourvil, pourtant très atteint par la maladie ne put s’empêcher de partir en roue libre et d’entonner à la stupéfaction générale « La tac-tac-tique du gendarme » ! La mine ahurie de son partenaire, les mains engoncées dans son imper de flic melvillien et qui ne sait plus si c’est du lard ou du cochon en retenant un début de rictus est un grand moment ! Melville coupa la scène (et donc le film) juste avant ce joyeux dérapage. Bourvil était coutumier du fait et Robert Enrico dut même lui permettre de jouer une version comique de certaines scènes dramatiques des « Grandes gueules » en préambule du tournage « sérieux ». Par contre, j’ignore si ce merveilleux comédien fit de même lors de l’éxécrable « Sapin de Noël » de Terence Young parce que William Holden ne passait pas pour un partenaire particulièrement plaisantin.
A Pierre et aux autres cinéphiles
Petite réaction au sujet du DVD « The big trail , 2-Disc spécial edition » version 70 mm que Bertrand nous propose dans sa chronique n°24 .Comme nous le signale notre bien-aimé réalisateur (que je vénère depuis toujours) cette version possède effectivement des sous-titres en Français .Seul le dvd 2 « version full frame » contient uniquement des sous-titres espagnol et Anglais.. L’image proposée au format ratio 2.10 est vraiment grandiose.
Bonjour Monsieur Tavernier,
En expert avisé que vous êtes pourriez-vous me donner votre point de vue sur les westerns suivants (en quelques mots bien sûr…):
Quand les tambours s’arrêteront de Hugo Fregonèse.
Les Aventures du capitaine Wyatt de Raoul Walsh
Rio Conchos de Gordon Douglas
Chuka le redoutable de Gordon Douglas
Le trésor du pendu de John Sturges
Le Sorcier du Rio Grande de C. M. Warren
La porte du diable de Anthony Mann
J’espère ne pas vous emmener en amnésie avec ses titres, votre avis me sera précieux. Merci d’avance.
A Tjiposa
Bravo pour votre plaidoyer pour Naruse, mon cinéaste favori depuis la découverte du coffret français. Depuis, j’ai écumé les boutiques en ligne et j’ai pu découvrir une vingtaine de films de ce réalisateur. Merci aussi à CinéClassic pour son cycle Naruse qui a encore enrichi ma connaissance de cet auteur unique. Bravo aussi de signaler le coffret Fernandez, un cinéaste que je connais bien avec ses nombreux DVD édités aux USA. A ces deux réalisateurs, j’ajoute dans mes préférés de fraîche date : Robert Hamer (Father Brown est sorti en DVD Outre Manche) et, surtout, Frank Borzage, qui je place désormais aussi haut que Kazan ou Mankiewicz.
Dernière chose : le festival de cinéma de La Rochelle (fin juin/début juillet) propose cette année une rétrospective Losey qui comporte quelques films rares comme son remake de M (toutes la programmation est sur le site du festival).
Vivement une prochaine chronique de Bertrand qui se fait désirer…
Dans votre excellent entretien avec Quentin Tarantino paru dans Brazil du mois dernier, vous regrettez qu’Act Of Violence ne soit pas disponible en DVD. Il l’est (peut être paru après l’entretien?) dans le coffret film noir Vol 4 de Warner Z1(10 films dont d’excellents comme Tension de John Berry, Crime Wave de de Toth….)
Comme disait Audiberti « tout film mérite d’avoir Robert Ryan »
Et pour finir, puisque c’est de circonstances, notons c’est la première fois dans l’histoire du festival de Cannes que les prix d’interprétation masculin et féminin étaient donnés à un même film, à savoir The Collector, en 1965, les lauréats étant Terence Stamp et Samantha Eggar. Et on conseille à tous les admirateurs de Wyler l’excellente biographie de Jan Herman, parue en 1997 chez Da Capo Press, A talent for trouble (dans laquelle les propos rapportés du metteur en scène envers la Nouvelle Vague ne sont pas tendres!)
Cher Bertrand,
D’accord avec vous sur Ted Kotcheff, j’avais peut-être été un peu rapide, il n’est pas inintéressant en dépit d’une fin de carrière tragique. Et à propos de Split image, pour l’anecdote, Peter Fonda raconte dans ses mémoires que c’est la soeur du président Jimmy Carter, Ruth Maurren Stapleton, qui l’a aidé à construire son personnage de grand maître de secte. Celle-ci a en effet eu quelques « visions » après une longue dépression, qui l’on conduite à créer une sorte de culte très américain, mélange de foi et de psychothérapie – on lui doit notamment la conversion de Larry Flynt, mais peut-être sort-on là un peu du sujet….Il faudrait aussi revoir JOSHUA THEN AND NOW, l’adaptation de l’autobiographie de Richler par Kotcheff, hélas pas disponible en DVD.
A Sonatine :
Le Daniel Mann est une catastrophe. Je n’ai jamais pu ou voulu voir BILLY TWO HATS malgré le scénario d’Alan Sharp…Ce type de production me semble condamnée à l’avance et la présence de Jack Warden, acteur new yorkais par essence renforce la suspicion. Mais Kotcheff a signé deux ou trois films ambitieux : moins TWO GENTLEMEN SHARING aux intentions louables que OUTBACKS, DUDDY KRAVITZ, NOTH DALLAS FORTY qui n’étaient pas dépourvus de qualités sans oublier l’étrange SPLIT IMAGE sur les sectes. C’était de plus un homme très sympathique.
A Olivier :
Je n’aime pas du tout DEAD END, faux classique guindé, pétrifié, aux décors envahissants. En revanche THE COLLECTOR est, dans mon souvenir, un des meilleurs Wyler…
A Pierre :
Merci pour votre avis mais en ce qui concerne le retour de soldats je dois dire que les films que vous citez ne traitent pas tous en profondeur du problème. Effectivement bon nombre de films noirs de l’époque ont parfois un héros revenant de la guerre (le film noir en lui-même en tant que genre est même étroitement lié aux répercussions de la guerre). Je parlais du thème en lui-même et non pas de films illustrant ou mentionnant ce thème sans lien avec le reste du film.
Malgré les titres que vous citez (notamment « un crime dans la tête » et « trois camarades », films effectivement tous intéressants en rapport au sujet), vous serez d’accord pour dire que ce thème ne fut pas légion dans le cinema américain.
Quelques lignes pour signaler la parution chez Capricci, maison d’édition nantaise, de The Magic Hour, recueil de textes formidables du grand critique américain Jim Hoberman – on y trouve des analyses passionnantes relatives au Western, à Kazan, à Spielberg, etc….de la critique de très haut vol!
A Damien Doussin :
Votre commentaire sur le film de Wyler est excellent mais je suis un peu moins d’accord lorsque vous écrivez que le thème du retour à la vie civile a été trop rarement abordé au cinéma. Il est omniprésent dans le cinéma américain d’après-guerre(s) et aussi bien dans les comédies, les comédies musicales que les oeuvres plus dramatiques, notamment les polars où il n’était pas rare de débuter par une scène montrant le héros fraichement démobilisé descendant de son bus en uniforme pour aller boire sa dernière solde dans un snack-bar avant de tenter de se trouver un job. Si il y a bien sûr « Les plus belles années de notre vie » et plus tard le chef d’oeuvre de Cimino, il y eut entre les deux des merveilles comme « Beau fixe sur New York » de Stanley Donen, « Comme un torrent » de Minnelli ou le diabolique « Un crime dans la tête » de John Frankenheimer (et son remake récent adapté à son époque et plutôt réussi) plus tous les films mettant en scène des vétérans du Vietnam. Et comment oublier, avant tous ceux-ci, le sublime « Trois camarades » de Frank Borzage…
Très très bonne nouvelle, « Parfum de femme » du regretté Risi vient tout juste de sortir chez TF1 Video. La copie n’est pas transcendante mais tout-à-fait acceptable. Le film était indisponible en DVD depuis pas mal d’années et vendu à prix d’or via les sites marketplace. Quel film ! Vive Gassman ! Et vive Risi !!
Curiosité en juin chez Universal, Un colt pour une corde, (Billy Two Hats) de Ted Kotcheff. Un des rares western américain me semble-t-il à avoir été tourné en Israel, dans le désert du Neguev (d’ou le titre donné au film, pour plaisanter, pendant le tournage, « Shalom on the range »). Une compagnie de Chicago (la Sacro Western Inc) avait en effet eu l’idée saugrenue d’y construire un mini studio (Sacroville). Sur un scénario d’Alan Sharpe (The hired hand, Ulzana’s raid, le splendide Night Moves) , dont on ne dira jamais assez de bien (et dont on regrette qu’il ne figure pas au passage dans les Backstory de McGilligan – soufflons à Brazil l’idée d’aller l‘interviewer), ce projet, qui passa d’abord dans les mains de Robert Aldrich, pour finir dans celle de Norman Jewison, qui le produisit via Algonquin, sa structure de l’époque. C’est Jewison qui, en préparant Jesus Christ Superstar, qu’il allait tourner au même moment en Israel, eut vent de Sacroville, et le choisit comme lieu de tournage. Ted Kotcheff, dont on voudrait toujours spontanément dire du bien, et qui vaut certainement mieux que sa filmographie, y fait donc tourner un Gregory Peck barbu, dans le rôle d’un bandit écossais (l’effort du comédien est louable, mais l’accent n’est qu’à moitié convaincant). Censée se passer en Arizona, l’histoire est celle d’un shérif impitoyable (on a franchement un peu de mal à croire à Jack Warden dans le rôle, l’acteur n’y est pas mauvais, mais la distribution étrange) qui capture puis convoie trois fugitifs (dont Peck, et Billy Two Hats, un jeune métis – l’explication de son surnom donne par ailleurs lieu à une séquence assez touchante) à travers le territoire indien. Pour l’anecdote, Peck avait joué le Roi David dans David and Bathsheba d’Henry King, dont l’action se situait dans le désert du Neguev, tourné à Nogales, en Arizona, et c’est dans le désert du Neguev qu’il interprète là un bandit de l’Arizona. Disons le tout de suite, le film est loin d’être une réussite, néanmoins, les amateurs de Sharpe y retrouveront ses personnages fatigués, crépusculaires,à la recherche d’une seconde chance illusoire qui, sans être d’une complexité inouïe, sont tout de même bien plus riches que dans la plupart des westerns ordinaires. La philosophie du scénariste est là aussi, sous un symbolisme biblique, parfois un peu trop appuyé, et que Kotcheff peine un peu à maitriser (Kotcheff évoque le film et ses rapports avec Peck de façon assez drôle dans Film Directors on directing de Andrew Gallagher (Praeger Trade) aux côtés d’entretiens avec John G Avildsen, Tony Bill, Dennis Hopper, Michael Cimino, François Truffaut, etc..). Pour finir une curiosité pas inintéressante donc (au même chapitre, l’intérêt en moins, sort à la même date La Poursuite Sauvage (Revengers) de l’inénarrable Daniel Mann, la présence au générique d’Ernest Borgnine et de Roger Hanin devrait ravir les amateurs de série Z !)