Chronique n°19
24 avril 2008 par Bertrand Tavernier - DVD
Criterion (www.criterion.com) vient de sortir, en plus du coffret Samuel Fuller consacré à ses 3 premiers films – il va être très excitant de comparer I shot Jesse James (1949) au très intéressant The assassination of Jesse James (2007) avec Brad Pitt et Casey Affleck et de revoir le très bon Steel Helmet (1951) – un double disque sur L’opéra de 4 sous (1931) de Pabst que Gary Giddins salue, dans le New York Sun, en des termes enthousiastes : « Une des sorties les plus éblouissantes de l’année est le coffret consacré au Dreigroschenoper. Quand il s’attaqua au projet, Pabst adaptait ce qui avait été l’événement théâtral de 1928, une parodie brillante, tranchante de la parodie de John Gay, L’opéra des gueux, écrite par Bertold Brecht (et son assistante, non créditée, Elizabeth Haupfman) avec une musique de Kurt Weill. Le film remporta un succès modeste malgré le soutien de la critique. Et depuis son interdiction par Hitler, voici trois quarts de siècle, il ne fut plus distribué que dans des copies affreuses, rayées, mutilées avec un son déplorable et sa réputation s’évanouit. Au contraire des autres œuvres de Pabst comme Loulou, redécouvertes avec succès, L’opéra de 4 sous gisait dans les limbes des curiosités historiques que l’on saluait uniquement pour avoir préservé l’interprétation célèbre de Jenny des Corsaires par Lotte Lenya. Le film était souvent décrié pour son image ténébreuse et brouillardeuse dont on disait qu’elle diluait le propos de Brecht, voire le trahissait à cause de la Censure ou des exigences du réalisateur.
Le nouveau DVD, issu d’une restauration allemande de 2006 nous force à réviser ces jugements. Cela discrédite immédiatement l’idée que Pabst cherchait à recréer le réalisme victorien avec une brume décorative : il n’y a pas trace de brouillard, pas même l’amorce. L’extraordinaire clarté, netteté de l’image nous permet enfin de comprendre pourquoi les cinéphiles de 1931 acclamèrent le travail cinématographique de Fritz Arno Wagner, la mobilité expressive de la caméra. On peut maintenant savourer le travail de décoration, inventif, cocasse (extérieurs ouvertement artificiels, filmés en studio et les intérieurs surchargés d’Andrej Andrejew. qui rappellent Ms Havisham) ».
Tout en déplorant l’élimination de la moitié des chansons de Brecht et Weill et la disparition de Lucy, Giddins récuse l’opinion ressassée qui veut que Pabst ait édulcoré la pièce. Il montre fort bien comment il a réintroduit musicalement certaines chansons et surtout comment les changements de structure, notamment la place des 4 airs les plus connus, renforce, voire améliore la pièce de Brecht. Il parle bien sûr de la version allemande, la Française n’a pas été restaurée. Il la juge très inférieure, sauvant néanmoins Florelle et Margo Lion.
Les Editions Montparnasse (www.editionsmontparnasse.fr) présentent un coffret 5 films avec Cary Grant dont un des chefs-d’œuvre de Hawks, L’impossible Mr Bébé (1938), Soupçons d’Hitchcock (1941), l’étrange Lune de miel mouvementée (1942) qui oscille entre la comédie et le drame, selon un principe cher à son auteur Léo McCarey, Mon épouse favorite (1940) de Garson Kanin d’après un sujet de McCarey que je rêve de revoir, ayant été sans doute injuste à son égard et une comédie plutôt réussie de HC Potter, Un million clés en mains (1948) qui doit beaucoup au scénario de Melvin Frank et Norman Panama, lequel s’en prend de manière parfois acerbe au rêve américain. Le film contient d’excellentes séquences comme celle où Myrna Loy essaie d’imposer la couleur des murs de la maison. C’est une des réussites de HC Potter, cinéaste pourtant singulièrement dépourvu de style (qui enregistra Hellzapoppin’ – 1941), avec Mr Lucky (1943) mélange étrange de comédie et de film d’espionnage, toujours avec Cary Grant… Le message patriotique est daté, mais le ton du film reste original. Tous ces films sont très bien présentés par Serge Bromberg.
Wild Side (www.wildsideproject.com) a sorti un Kurosawa majeur, La forteresse cachée (1958) dont on dit qu’il inspira le George Lucas pour Star Wars. Que cela ne vous abuse pas. Le propos de Kurosawa est épique et aussi picaresque, celui de Lucas lorgne du côté de la bande dessinée et de Hopalong Cassidy.
Chez Carlotta (www.carlottafilms.com), j’ai revu Phantom Lady (1944) un film noir magistralement dirigé par Robert Siodmak. On peut trouver l’argument léger ou discutable même s’il améliore le médiocre roman de William Irish, mais le travail de Siodmak, son découpage, l’art d’utiliser la lumière, les zones d’ombres, le son aussi est totalement captivant. Très bonne analyse du film par Hervé Dumont. L’autre bonus, une interview de Siodmak pour la Télévision Suisse est un document qui pourrait devenir un sketch pour Jean-Paul Farré. Le journaliste parle souvent plus que Siodmak, lui pose une infinitude, comme dirait Ségolène, de questions sur son mobilier, son bureau, lui coupe la parole, ne rebondit pas quand Siodmak dit qu’il connaît une bonne histoire sur Laughton. Au milieu il nous assène un extrait de plusieurs minutes de Custer of the west, qui n’est pas une œuvre marquante, en 1.33, noir et blanc alors que l’original est en Cinérama et en couleurs. Siodmak paraît jovial et amusant, désireux de se protéger, comme Billy Wilder. Sa femme très laide ressemble un peu à François Mitterrand.
Bach Films (www.bachfilms.com) vient de distribuer une série de films dont certains étaient dans le domaine public. Parmi eux un deuxième remake de The lodger, Jack l’éventreur (1953) de Hugo Fregonese avec Jack Palance, deux Ulmer majeurs que je n’ai pas revus et dont j’ignore l’état des transferts, Bluebeard (1944) et Le démon de la chair (1946) que Truffaut jugeait mauriacien. J’ai revu Le salaire du Diable (1957) de Jack Arnold qui devient assez conventionnel, après une brillante séquence d’ouverture (qui paraît wellesienne bien que ce dernier ne s’en soit pas mêlé). François Guérif nous dit que Welles a réécrit tous ses dialogues et s’est occupé de ses costumes et de son maquillage. Puis-je dire que le résultat n’est pas très concluant et que c’est même le point faible du film, avec le retournement final des notables. Beaucoup plus excitant The Kennel murder case (1933 – qui bénéficie de deux titres français : Le mystère de la chambre close sur la pochette et Qui a tué Archer Coe sur la copie) est un Michael Curtiz survolté. Sa mise en scène qui allie panoramiques filés à des travellings à la grue sur des maquettes et à des raccords en mouvement, dynamite les clichés de ce « whodunit » inspiré de Van Dine. William Powell est un Philo Vance définitif et Eugène Pallette est comme toujours extrêmement savoureux (Stéphane Bourgoin nous apprend qu’il était d’extrême droite et qu’il se fabriqua un abri anti-atomique où il festoyait avec les autres acteurs). La copie est bien meilleure que les VHS que j’ai vues.
Je tiens à signaler la sortie en DVD d’une comédie française originale et personnelle : Je me fais rare (2006) de Dante Desarthe.
Ainsi que le très beau coffret consacré aux films autobiographiques d’Alain Cavalier, ce cinéaste si rare, si étonnant à qui nous avons rendu hommage à l’Institut Lumière.
Autre coffret indispensable, celui consacré aux films ludiques, poignants, fragiles de Pierre Zucca qui avaient tristement disparu du paysage audiovisuel.
Lors des fêtes, nous sommes d’ailleurs submergé sous les coffrets et je n’ai pas eu le temps de les ouvrir tous. Mais je me dois de signaler le Douglas Sirk qui va me permettre de confronter Le temps d’aimer et le temps de mourir (1958), seul titre que je n’ai pas revu au beau souvenir que j’en ai gardé (avec Lise Ote ton pull-over comme disait Godard en parlant de Liselotte Pulver) et d’essayer de revoir Le secret magnifique (1954). Mais là, j’ai plus de mal.
Il y a aussi celui qui regroupe les derniers films de l’inclassable anarchiste que reste Jean Marboeuf.
Et bien sûr, tous les coffrets Sacha Guitry. Celui de Studio Canal : quelle joie de pouvoir déguster le sublime Ceux de chez nous (1915). Cet homme dont on disait qu’il méprisait le cinéma avait quand même eu l’idée inouïe, révolutionnaire de cinématographier les amis qu’il admirait et l’on peut ainsi voir Rodin, Anatole France, un Degas bougon, Mirbeau, Rostand. Et Auguste Renoir, plan bouleversant, peignant avec ses mains abîmées tandis que son fils Jean – que Guitry tente d’écarter mais qui revient à la charge – appuie sur les tubes et mélange les couleurs. Je regarderai plus tard De Jeanne d’Arc à Philippe Pétain, la motivation est moindre.
Puis, celui sorti par Gaumont qui couvre une grande partie de l’avant guerre avec des perles comme Desiré (1937), Quadrille (1938), Faisons un rêve (1937) et le génial Roman d’un tricheur (1936) avec son éblouissant générique.
Je me suis aussi procuré l’indispensable Vie d’un honnête homme (1953) qu’adore Alain Resnais et Les trois font la paire (1957 – des jumeaux ont un sosie) ne serait-ce que pour revoir l’éblouissante prestation de Darry Cowl en metteur en scène.
Dans un registre totalement différent, je me suis enfin décidé à voir Le feu aux poudres (1957) qui est une relativement bonne surprise. Certes, le scénario est d’une prévisibilité décourageante, les dialogues d’Albert Simonin sonnent faux et la distribution est peu exaltante. En dehors de Françoise Fabian, qui se coltine un personnage impossible et Lino Ventura. Mais le travail d’Henri Decoin est très supérieur au matériau. Il utilise remarquablement bien le Scope noir et blanc, déniche de fort beaux extérieurs rocailleux, sauve certaines scènes en les éclairant de manière dramatique, à l’américaine. Vers la fin, plusieurs plans de Françoise Fabian, attendant sans réagir dans le noir, sont d’une surprenante densité. Il parvient à insinuer une certaine dureté qui nous rappelle les meilleures scènes de Retour à l’aube (1938), Razzia sur la chnouff (1955) et conclut cette histoire avec une image inattendue de brebis envahissant l’espace.
Cela dit, il suffit de revoir le début, sublime, de Classe tous risques (1960) pour sentir ce que pouvait être une approche moderne du film policier. Sautet s’y révèle incroyablement novateur quand on pense aux œuvres contemporaines. Personnellement je préfère de loin ce film au Cercle rouge (1970).
Enfin, je viens de revoir Le cave se rebiffe (1961) de Gilles Grangier et me suis délecté des dialogues formidablement inventifs, du langage imagé, poétique, cocasse de Michel Audiard dont c’est une des grandes réussites. On pourrait en citer 20 exemples du « Pas de Borgia à la cuisine », lancé par Un Gabin exaspéré devant le café qu’on lui fait boire au « Ne pas reconnaître son talent, c’est faciliter la réussite des médiocres ». Grangier filme toute cela avec une bonhomie amicale, distribue à merveille les rôles : Frank Villard épatant en « grand con brun qui, si la connerie avait un mètre étalon, mériterait d’être à Sèvres » et qui lance, péremptoire, en se tapant l’épaule : « Quand elles ont posé leurs têtes là ». Martine Carol est bonne dans un rôle de comédie tout comme Ginette Leclerc. Blier lui est exceptionnel, grandiose. Il débite inlassablement un flot de récriminations revanchardes, fielleuses, de plaintes soupçonneuses, hargneuses, passéistes avec une intensité digne du monologue d’Hamlet. C’est le chantre désenchanté du lupanar, l’apôtre du coup tordu, le faux derche en ébullition. On peut regretter que la production ait cédé aux exigences pantouflardes de Gabin qui demanda qu’on reconstitue l’Amérique du Sud en Normandie. On peut aussi trouver que ce plan de route avec la pancarte « aréoporto » lorgne vers la distanciation brechtienne.
Et pour terminer, Au nom du peuple italien (1971) de Dino Risi est sans doute la meilleure antidote qu’on puisse imaginer à l’élection de Berlusconi. Tout Berlusconi, ses magouilles, la manière dont il corrompt l’Etat, détruit le pays, gangrène ses institutions, pourrit les rapports humains, est évoqué de manière prémonitoire dans ce film tranchant et hilarant. Berlusconi semble avoir modelé son comportement, ses attitudes sur Vittorio Gassman qui est aussi ébouriffant que dans Le fanfaron (1962). Sauf que le vocabulaire du personnage que joue Gassman semble plus étendu même si c’est dans le registre de la sottise la plus prétentieuse (il affecte avoir une préférence pour un vocabulaire transfonctionnel). La fin du film, constat pessimiste et glaçant, oppose un Tognazzi qui vient de découvrir la vérité (lui aussi génial dans le film qui est un concerto pour ces deux acteurs) à une foule de supporters de foot vociférant, xénophobes, stupides, laisse un goût d’amertume lucide. C’est la marque de Risi et de ses scénaristes Age et Scarpelli. N.K.M. et Nicolas Hulot adoreront le moment où Tognazzi rejette un minuscule poisson dans une mer atrocement polluée, le voit gobé par une mouette qui tombe morte, empoisonnée.
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Sur Michael Curtiz, signalons la sortie récente en dvd de DOCTOR X en Espagne (éditions l’atelier 13). Il s’agit de la très rare copie en technicolor bi chrome de 1932. Le dvd est inclus dans un coffret hommage à Lionel Atwill (dont le détail est disponible à cette adresse http://latelier13.es/2011/12/pack-lionel-atwill-el-doctor-x-un-sadico-en-hollywood/ et qui peut être acheté sur le site DVDGO.com). L’occasion de découvrir quelques rares petits films de série B comme notamment THE MAD DOCTOR OF MARKET STREET de Joseph H. Lewis.
Tous les films ont des sous-titres français !
A Damien
J’ai acheté la zone et c’est vrai que le rendu visuel de DOCTOR X est étonnant mais le script….
qgkqeh With the bases laoedd you struck us out with that answer!
Ai-je eu la berlue ?
J’ai gardé longtemps dans un recoin de ma tête, le souvenir d’un plan de « Un dimanche à la campagne » qui m’avait bluffé au point de le raconter autour de moi à maintes reprises, sans rencontrer de contradicteurs :
Sabine Azéma dans la pénombre de sa chambre, à gauche de la fenêtre ; dehors, ses parents, en costume contemporains, traversent lentement la pelouse de gauche à droite puis disparaissent ; avant de réapparaître quelques instants plus tard dans l’autre sens, la moitié d’une vie plus tôt car leurs vêtements sont maintenant Second Empire… le tout bien sûr en plan-séquence. Un flash-back en plan-séquence !
Récemment j’ai acheté un DVD de ce film (Studio Canal, Collection Tavernier) et je n’ai pas retrouvé ce plan. J’y ai découvert la preuve que ma mémoire m’avait trahi puisqu’au jour de la visite du personnage qu’incarne Sabine Azéma, la mère est morte. Mais on pourrait la remplacer par la gouvernante…
Bref, il me semble que je n’ai pas pu inventer complètement ce plan. Est-ce qu’il y a eu des coupes dans la version originale pour alléger le DVD et, si oui, qui en a décidé ?
J’ai eu l’occasion de voir Roman d’un tricheur de Guitry à l’institut.Quelle merveille! En ce qui concerne Sirk, Imitation of life s’apprécie au premier regard mais, c’est vrai, perd de son enchantement dès la seconde projection.Mais Tout ce que le ciel permet est, à mon sens, un pur chef d’œuvre mélodramatique.Merci pour ces chroniques pleine de bon sens.
Vu et revu recemment l’intégrale du coffret Douglas Sirk.
Je suis de votre avis au sujet du « Secret magnifique » dont l’histoire « abracadabrantesque » (dixit un ancien président) traitée sans humour et recul ne parvient pas à nous cueillir. J’ai découvert la version de Stahl qui est supérieure dans le genre mélodramatique avec un jeu d’acteurs plus nuancé.
J’ai été également très déçu par « Mirage de la vie » qui m’avait laissé un meilleur souvenir lorsque je l’avais vu il y a quelques années à la télévision. Lana Turner et John Gavin sont transparents et même Juanita Moore n’est guère convaincante dans le rôle de cette femme sans ambition (comme vous l’avez d’ailleurs écrit dans « 50 ans… ») ne rêvant que d’un superbe enterrement. Dans les bonus, le réalisateur Christophe Honoré semble lui aussi assez dubitatif… Finalement on ne retient que la bonne interprétation de Susan Kohner et le final : sans doute trop peu pour en faire un chef d’oeuvre. (je n’ai pu voir encore la version Stahl : peut-être est-elle moins datée par rapport au sujet et à l’époque du tournage : 1934).
Par contre, le message de « Tout ce que le ciel permet » est toujours porteur : très bon film de Sirk porté par un travail sur la couleur très original.
La vraie découverte pour moi (et vous en parlez dans cette chronique) est tout de même « le temps d’aimer et le temps de mourir » que je n’avais pas vu : curieusement John Gavin est très convaincant dans le rôle de ce soldat allemand (certains voyaient au contraire une erreur de casting dans le choix d’un acteur américain). Avec Liselotte Pulver ils forment un couple inoubliable. Godard avait sans doute raison quand il disait que c’était un des « meilleurs films américain sur l’allemagne en guerre ». Moi qui ai étudié la seconde guerre mondiale : aucun détails (uniformes, situations militaires et des civils…) ne sonne faux. Certes parfois le propos et certaines situations (le SS décrivant les massacres de juifs) peuvent paraître un peu caricaturales mais le réalisme associé au lyrisme de l’ensemble avec en prime l’apparition de Remarque en « guest star », emportent tout. J’espère que vous reverrez ce film avec plaisir.
« Le démon de la chair » est une sorte de film noir sinon gothique, du moins « en costumes », qui ne situe pas dans la jungle de l’asphalte, mais en milieu rural. Il fait un peu penser sur cet aspect à « House by the river » de Lang , qui lui est postérieur.
Lamarr y décline encore une fois une femme fatale, comme chez Thorpe ou De Mille.
Et dans la série anecdotes, paraît-il que la belle Hedy avait non seulement un tête bien faite mais aussi bien percutante puisqu’on lui doit des travaux sur le sonar et les ondes plus généralement, qui lui valurent (tardivement) des prix scientifiques.
Au plaisir de vous relire.
quelle cruauté, Bertrand Tavernier que de nous faire rêver avec les D V D criterion inaccessibles aux pauvres cinéphiles français moyens (zone 1) ! à propos du » Cave se rebiffe » Ne pas oublier l’ouverture où, en voix off, Bernard Blier dresse un portrait grandiose de Frank Villard. Du meilleur audiard dit par un grand acteur. quand sort » dans la brume électrique…?
Je suis entièrement d’accord avec vous en ce qui concerne le livre de Philippe Garnier qui est tout à fait excellent. Je profite de votre
réponse pour le recommander à nouveau dans le blog. En ce qui
concerne Bertrand Blier, no voyez dans ses propos nulle muflerie. Je crois que le tournage de EN PLEIN CIRAGE – une rareté – a été un cauchemar et que Martine Carol était constamment ivre morte. Lautner est plutôt tendre pour ses actrices….
Bravo pour les anecdotes à mourir de rire, sur la femme de Siodmak (la pauvre !) ou l’abri nucléaire de Eugene Pallette. Il est vrai que derrière plus d’un comédien se cache souvent un excentrique voire parfois de sacrés frapadingues. Je suis sûr que vous avez du apprécier (ou apprécierez) avec délectation l’hilarant bouquin de Philippe Garnier, « Caractères : Moindres lumières à Holywood », publié chez Grasset. Un chapître est entièrement consacré à celui qu’il appelle « La mappemonde humaine » ou « l’amphore ambulante » et gagne un double-menton à chaque page. Garnier cite effectivement l’histoire de l’abri qu’il joint d’une fine allusion au personnage du général Jack D. Ripper de « Dr Folamour ».
Le coup de la « distanciation brechtienne » à propos du « Cave se rebiffe », fallait le faire ! Inclue-t-elle la « bévue ancillaire » ? (ah ah !) C’est un des plus gouleyants Audiard avec « La métamorphose des cloportes ». Il y a aussi un grand numéro de Françoise Rosay en vieille carne qui marchande le bout de gras avec Gabin en évoquant d’anciennes gloires du mitant. Blier, comme d’hab’ est hors-catégorie. J’ai trouvé nettement moins classieux la remarque de son fils au sujet de Martine Carol lors d’un récent plateau-télé, émission où un autre cinéaste que j’apprécie (Georges Lautner) s’est lâché de façon assez déplacée (le troisième cinéaste invité, Olivier Marchal, pourtant un « vrai dur » n’a pas cru nécessaire de jouer autant au macho de comptoir).
Pour Guitry, je n’ai jamais cru non plus qu’il méprisait le cinéma, sinon comment aurait-il pu inventer autant de trouvailles dont certaines annoncent Welles et même la Nouvelle Vague ?