Chronique n°15
12 septembre 2007 par Bertrand Tavernier - DVD
Commençons ce nouveau blog par quelques repentirs. Sur des cinéastes que j’ai trop peu mentionnés (je n’avais pas acheté ou vu les dvds). Bergman, par exemple, dont il faut dire aussi que les films ressortaient souvent au Saint-André-des-Arts. J’avais été bouleversé par Saraband (2003), chef-d’œuvre qui conclut de manière éblouissante sa carrière. Ils ne sont pas légion les cinéastes dont les derniers films atteignent de telles hauteurs. Il y a le John Huston (Les gens de Dublin -1987), le Bresson (L’argent –1983), Ozu, Naruse ou Mizoguchi.
La mort de Bergman suscita quelques réactions vicieuses ou désagréables. Un article particulièrement creux et médiocre de Jonathan Rosenbaum dans le New York Times auquel répondirent Roger Ebert et Woody Allen. Dans le Times, le critique en chef publia la liste des 10 Bergman à ne pas voir, sans citer ceux qu’il fallait voir. Des journalistes de télévision anglaise, détenteurs de la sagesse populiste, traitèrent les amateurs de Bergman de snobs adorant s’ennuyer au cinéma, de crétins réactionnaires, ennemis de tout divertissement. Donc répétons qu’il faut voir Saraband, que c’est une oeuvre passionnante, déchirante et que dans la foulée il faut se ruer, je ne cite que les films que j’ai revus, sur une délicieuse comédie : Sourires d’une nuit d’été (1955), sur Fanny et Alexandre (1982 – revu dans l’édition Criterion), Persona (1966). En attendant de revoir L’attente des femmes (1952), Cris et chuchotements (1953), Monika (1953) et Jeux d’été (1953), La nuit des forains (1953), La honte (1968), Le visage (1958) ou La flûte enchantée (1974). Pastichant Jules Renard, j’ai envie de dire que les personnes qui disent du mal de Persona m’ennuient avant qu’elles aient ouvert la bouche.
Antonioni a eu droit à un bel éloge funèbre de Martin Scorsese. Signalons donc que L’avventura (1960), que je tiens pour une de ses réussites majeures avec La nuit (1961), est sorti aux Editions Montparnasse. Je ne peux m’empêcher, à propos de L’avventura, de citer l’initiative farfelue de Raymond Borde, directeur de la Cinémathèque de Toulouse (qui doit être respectueuse du droit d’auteur et du patrimoine) qui avait remonté le film, l’amputant des plans qu’il jugeait trop longs et inutiles, soit près de 30 minutes, ce qui donnait selon lui un chef-d’œuvre. On peut trouver Chronique d’un amour (1950) avec la si belle musique de Giovanni Fusco dans un coffret édité par Carlotta, Blow up (1966) et depuis peu, grâce à Jack Nicholson, Profession reporter (1975). Par contre, j’attends Le cri (1957) disponible uniquement aux USA chez Kino.
Repentirs, ce sont des films que j’ai tout simplement oubliés : ainsi Chien enragé (1949) de Kurosawa, policier noir, violent qui décrit avec puissance le Japon de l’après guerre et qui est une réussite totale. Toshirô Mifune joue un flic qui se fait voler son arme, acte qui le déshonore et qu’il va tenter de réparer. Bonne occasion de revenir sur l’autre film policier de Kurosawa, Entre le ciel et l’enfer (1963) d’après Ed McBain dont le début très claustrophobe (on a parlé de L’influence du Wise de La tour des ambitieux – 1954) est une sorte de tour de force tout comme l’époustouflante séquence du train et la conclusion dostoïevskienne.
Mes repentirs peuvent aussi comprendre des films dont j’ai parlé trop succinctement. Par exemple le coffret Pierre Perrault (éditions Montparnasse) dont on se dit hélas qu’il trouvera peu d’acheteurs, que la presse n’en parlera guère (il y a eu un bel article dans La Croix). J’ai revu Les voitures d’eau (1968) avec un bonheur incroyable. Passer à coté de telles merveilles, de personnage aussi savoureux, aussi drôles, aussi sensés et magnifiquement aventureux qu’Alexis Tremblay (Le règne du jour – 1967), que ces marins de l’île aux Coudres, de leur « parlure » si riche, si poétique me parait pire qu’un crime, une sottise. Perrault y aborde nombre de sujets essentiels : Le poids du temps qui passe, l’usure qu’il fait peser sur les coutumes et les traditions, le changement des mœurs et des habitudes, le rapport au métier, à la vie qu’on a toujours menée et qui parait s’évanouir devant vous. Il parle des racines, de ce qui vous retient, de ce qui vous inspire.
J’avais été trop court sur le coffret Criterion consacré à Monsieur Arkadin (1955) d’Orson Welles qui nous donne à voir deux versions du film : celle baptisée Corinth du nom de son distributeur, qui est légèrement différente des copies sorties en France et une version remontée qui intègre des scènes trouvées dans la version dite française, dans des internégatifs espagnols (certaines séquences avaient été refaites avec des comédiens différents) avec un remontage qui s’appuie sur des notes de Welles et fait éclater la structure du film. Cette version s’ouvre vraiment avec la séquence d’Akim Tamiroff et déplace des plans et des scènes. Un documentaire explique toutes les étapes de cette restauration et les raisons de certains choix. Un léger point de désaccord : les auteurs impliquent que Welles n’était pas satisfait de la version sortie en France par le co producteur Louis Dolivet avec qui il s’était brouillé. Or nous avions, Pierre Rissient et moi, rencontré Monsieur Silvera bras droit de Dolivet qui nous affirma que la brouille avec Welles est très postérieure à la sortie. Il n’en faut pour preuve que Dolivet finança son film suivant, Moby Dick rehearsed et c’est le fait qu’il quitta subitement ce tournage, après avoir filmé 52 minutes que Silvéra (et donc Dolivet et aussi Maurice Bessy) aimait beaucoup, qui provoqua la rupture. Le texte du commentaire prend là trop en compte des assertions de Welles.
A propos de Criterion, signalons qu’ils viennent de sortir Avant la France, un coffret consacré à Raymond Bernard, auteur à redécouvrir, avec Les croix de bois (1932 – The wooden crosses), oeuvre oh combien puissante et émouvante et Les misérables (1934), la meilleure adaptation du roman de Hugo avec une distribution idéale. Milestone avait déjà sorti Le joueur d’échecs (1927 – The chess player). En France les Documents Cinématographiques ont sorti Les otages (1938) dont j’ai beaucoup parlé dans la chronique n° 11.
Je voudrais revenir sur deux westerns, La colline des potences (1959) de Delmer Daves qui fait partie de mon panthéon pour interpeller Warner France qui fait d’habitude du bon travail, pour leur demander pourquoi ils ont sorti le film dans un mauvais format. A cette époque Daves ne tournait pas en 1/33, sans doute en 1/85 ou 1/66. Chez Warner on est d’habitude très méticuleux et cette erreur étonne d’autant. Elle n’empêche pas que toutes les personnes à qui j’ai conseillé le dvd de me faire part de leur enthousiasme.
L’autre western, c’est l’étrange Little big horn (1951), écrit et réalisé par Charles Marquis Warren (chez VCI www.vcientertainment.com, sans sous-titres, et peu de bonus), qui fut l’agent de Scott Fitzgerald, lequel soutint ses premiers écrits. Cette oeuvre sombre s’ouvre de manière surprenante et originale sur un dialogue d’amour, en fait une scène d’adultère entre John Ireland qui est magnifique de retenue et Marie Windsor. Le ton du dialogue, l’amertume contenue qui émane des personnages, dégage une impression de mélancolie que l’on retrouvera tout au long de cette expédition funèbre, que l’on sait condamnée à l’échec. Personne n’a prévenu Custer du piège qui l’attendait et qu’il avait provoqué. La mort de Lloyd Bridges atteint par trois flèches en même temps, la lente déambulation du scout autour du point d’eau, constituent de beaux moments de cinéma. Le film se conclut sur un carton totalement énigmatique. On nous dit qu’on retrouva sept corps qui devaient être ceux des soldats servant sous les ordres du Capitaine Donlin et du lieutenant Haywood dont les vrais noms sont… Pourquoi cette subite révélation qui pose plus de questions qu’elle ne donne de réponses ? Si ces personnages ont existé pourquoi avoir changé leur nom ? L’histoire d’amour ? Mais alors pourquoi les révéler à la fin ?
Avant de repartir en Louisiane, j’ai enfin revu Anastasia (1956) d’Anatole Litvak sur la recommandation de mon ami Jean-Pierre Coursodon qui m’écrivit ceci : « Dans 50 ans de cinéma américain nous disons que nous n’avons pas revu Anastasia (en fait pour ma part je ne l’avais jamais vu) et c’est à peu près tout. Je viens de le voir et c’est un film excellent. L’adaptation de la pièce par Arthur Laurents est très habile et ne fait pas du tout théâtre, et la mise en scène de Litvak est d’une élégance et efficacité qui font penser à Cukor – et pas seulement parce que l’argument a de curieux points communs avec My Fair Lady (le personnage de Brynner est un Pygmalion cynique à la Henry Higgins) – le thème, remarquablement traité, de l’incertitude sur l’identité est aussi cukorien après tout… Ingrid Bergman sait qu’elle n’est pas Anastasia mais en prétendant l’être finit par se demander si par hasard elle ne serait pas authentique, et finalement semble le croire. Oscar mérité pour une fois, et Brynner est excellent, ainsi qu’Helen Hayes (superbe scène avec Bergman vers la fin). Litvak utilise très bien l’espace de ses vastes intérieurs royaux au Danemark. C’est certainement le meilleur Litvak de la dernière période. » Je suis entièrement d’accord avec cette analyse.
Dans la même collection on peut trouver L’impasse tragique (1946), l’un des meilleurs films noirs de Henry Hathaway avec Appelez Nord 777 (1948), le splendide L’Aventure de Mme Muir (1947 –The ghost and Mrs. Muir) de Mankiewicz et Anna et le Roi de Siam (1946) de Cromwell que je n’ai jamais vu.
Revu aussi avec un vrai plaisir Adieu ma jolie (1944 – Murder my sweet aux Editions Montparnasse, très bien présenté par Serge Bromberg) dont la première partie m’a paru bien meilleure que dans mon souvenir. Le choix de Dick Powell, qui passe directement du crooner chez Busby Berkeley à Philip Marlowe, est formidable. Il donne à Marlowe une désinvolture flirtant continuellement avec la noirceur, l’amertume, le cynisme. On sent qu’il a dû, dans le passé, accepter n’importe quel boulot, qu’il s’est trouvé coincé dans des combines minables. Raymond Chandler le considérait comme le meilleur Marlowe. Les autres acteurs sont très bien choisis, notamment Mike Mazurki qui jouait déjà ce rôle dans la première version mais qui là est formidable. Magnifique photo. Les visions expressionnistes m’ont semblé moins lourdes, moins pénibles à la révision et deux ou trois plans sont même curieux et efficaces mais le film devient plus terne, plus banal, le scénario moins cinglant, la construction à présent totalement chronologique recèle moins de surprises. Cela reste visible mais en deçà de la première partie. Est-ce la faute du scénariste John Paxton, du producteur Adrian Scott qu’on ne peut dissocier du projet, du roman de Chandler ?
Dans un genre très différent je voudrais signaler le coffret Luc Moullet, l’un des auteurs les plus libres et les plus indépendants, qui recèle des pépites. Les amateurs de pataphysiques devraient se régaler et se ruer sur Genèse d’un repas (1978) et Anatomie d’un rapport (1975).
A l’occasion du beau film de Catherine Breillat, Une vieille maîtresse, rappelons d’autres oeuvres aussi personnelles et fortes comme 36 fillette (1988) qui reste un de mes préférés et Sex is comedy (2002) avec Anne Parillaud.
Nous avons décerné à l’Institut Lumière le prix Jacques Deray à Ne le dis à personne (2006) que nous aimions énormément. Le travail de Guillaume Canet me parait exemplaire. Le scénario évite tous les écueils que l’on trouve dans les adaptations, transpositions de romans américains. Je trouve même qu’il améliore le livre de Coben, notamment quant à la fin, plus romantique, moins esclave de l’intrigue. Cluzet est sensationnel tout comme Nathalie Baye et Kristin Scott Thomas et rappelons que l’on peut trouver La piscine (1968) et Le gang (1977) de notre ami Jacques.
Et comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi même, signalons la sortie de dvds auxquels j’ai participés : le nouveau coffret Michael Powell qui comprend 3 chefs-d’œuvre dont le très méconnu A Canterbury tale (1944) passionnante méditation, truffée d’éclairs poétiques ou humoristiques, sur l’identité nationale, sur les racines (on n’est pas si loin de Pierre Perrault) à travers la recherche d’un mystérieux individu qui déverse de la glu sur les cheveux des jeunes anglaises qui, en 1943, sortent avec des américains. Plus je revois ce film plus il me touche tout comme Je sais où je vais (1945) merveilleuse comédie romantique sur fond d’Écosse, que Powell aimait tant.
Citons aussi quelques westerns essentiels qui viennent enfin de sortir (en France mais pas aux USA) comme L’homme qui n’a pas d’étoile (1955) de King Vidor, Le passage du canyon (1946), l’un des grands films de Jacques Tourneur et Willie Boy (1969) écrit et réalisé par Abraham Polonsky 20 ans après le magnifique Enfer de la corruption (1948 – Force of evil) sorti en Pocket chez Wild Side tout comme Côte 465 (1957) de Mann, Associations criminelles (1955) de Joseph H Lewis et Caught (1949) de Max Ophüls.
Carlotta vient de distribuer deux titres majeurs : La grande horloge (1948), splendide adaptation par Jonathan Latimer (dont les dialogues sont une merveille) et John Farrow du Grand horloger de Kenneth Fearing que Boris Vian avait traduit. On retrouve le goût de Farrow pour les plans très longs, souvent sophistiqués (l’ouverture surprend à chaque vision) qui mettent en valeur le décor, libèrent certains comédiens. Milland toujours bon chez Farrow et Laughton est ici assez inoubliable tout comme une pléiade de seconds rôles.
Et Espions sur la tamise (1944) un Lang considéré à tort comme mineur et qui est une éblouissante démonstration stylistique analysée par Jean Douchet.
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J’ai mis le temps mais je me suis enfin décidé à visionner WILLIE BOY, dans cette très belle copie que nous propose Sidonis. J’ai admiré la photo de Conrad Hall, le jeu autoritaire de Robert Redford, apprécié l’intéressante présence de Susan Clark, le look hypermoderne de Katharine Ross et laissé saisir par le stupéfiant décor naturel des « 29 Palms » cher à Bruno Dumont. WILLIE BOY fait décidemment partie de ces œuvres qui défient toute classification : j’ai même pensé à JOHNNY GOT HIS GUN, de Dalton Trumbo, pour la fusion minérale des écritures scénaristiques et cinématographiques. Une question à Bertrand Tavernier : vous dîtes en bonus que Polonsky n’a réalisé que deux films mais « qui sont deux quasi chefs d’œuvre ». Mais vous ne mentionnez pas LE ROMAN D’UN VOLEUR DE CHEVAUX : est-ce une occultation lourde de signification (j’ai vu ce film il y a longtemps et le revoir m’amuserait non sans quelque appréhension)?
J’ai découvert avec un grand plaisir aussi MURDER MY SWEET ou ADIEU MA JOLIE, je trouve que Anne Shirley est l’un des grands charmes du film en bonne fille, et Claire Trevor un autre en méchante, elle est même à des lieues de son personnage de STAGECOACH, grand pouvoir de conviction: bref, une vraie s****e!
J’y ai retrouvé l’humour irremplaçable de Chandler: 3 flics cuisinent Marlowe: « On t’aime pas mais c’est pas personnel, tu sais Marlowe, c’est juste qu’on doit suivre la procédure policière », les rapports d’amour-haine entre flics et Marlowe sont hilarants, ces mecs qui se balancent des vannes méchantes, avec un tout petit bout de sourire en coin! Mais je dois vous contredire, Bertrand, sur le meilleur Marlowe selon Chandler: il eût préféré Cary Grant (Lettres 2 chez Bourgois, p 322) mais il dit que Bogart était le meilleur parmi ceux qui l’ont joué. Il charrie Powell « à côté de lui (Bogart) les Ladd et les Powell ont l’air de pauvres cloches » (p95). Ceci dit, il se trompe sur Powell qui est très bon en Marlowe (même si Grant était excellent en hard boiled hero dans SEULS LES ANGES!).
A MARTIN BRADY
C handler se fout le doigt dans l’oeil. Il était encore abusé par l’aura de Powell crooner. Powell est formidable dans pleins de films noirs de JOHNNY O’CLOCK à PITFALL en passant par le remarquable CRY DANGER jamais commenté ici et le début de la CITÉ DE LA PEUR. Il était excellent dans les ENSORCELÉS. Je suis pas sur pour Cary Grant qui a du mal à dissimuler son élégance (il y arrive parfois mais c’est rare et le contre emploi aurait été voyant. Moins à l’époque)
à Bertrand: c’est pourquoi je cherchais la date de la lettre pour voir si c’était avant ou après MURDER, mais elle n’est pas datée et Chandler n’est pas parole d’évangile! Il avait la dent dure. Je me rends compte que LES ANGES est le seul rôle hard-boiled de Grant (ou alors SUSPICION?), mais vous êtes du même avis que JC Freycon et je trouve moi par contre Grant formidable disons au moins, hors de la comédie sinon hard boiled! Voyez NOTORIOUS en + de SUSPICION, dans NOTORIOUS, c’est un vrai dur! Je suis d’accord sur Powell et aimerais revoir CRY DANGER, très rare, je crois (dvd espagnols très chers).
A Martin Brady
Pour CRY DANGER, DVD américain correct
à Bertrand: oui et même un BR, j’avais mal vu, par contre pas de st.
À MB : Euh… Qu’est-ce que je viens faire là moi?…
à JCF: c’est pour nous donner votre avis sur CHANTONS SOUS LA PLUIE! Debbie Reynolds est-elle acceptable, ou pas?
À MB : Je n’avais pas vu, dans ce fouillis, votre réponse. Pour vous répondre : Oui, très acceptable, je trouve. De toutes façons, on ne peut plus rien changer, c’est à prendre ou à laisser, non?
Je viens de découvrir ADIEU MA JOLIE (1944) et j’ai été assez déçu.
Je souscris avec vous sur la réussite de la première partie (la surprise de l’irruption du « géant » Mike Mazurki dans le bureau du détective est admirablement rendu). Reste malheureusement les 3/4 du film et là quel ennui : l’intrigue devient difficile à suivre certes mais la mise en scène devient très statique. Il ne nous reste que la scène onirique où Powell est en proie à des visions mais c’est trop peu pour en faire au final un film important. La copie proposée par les éditions Montparnasse est de plus très faible (dommage pour les scènes où Powell est perdu avec sa voiture dans la nuit et le brouillard : tout celà devenant une bouillie grisâtre).
Dans les adaptations de Chandler, j’avais préféré THE BIG SLEEP (et pourtant je ne suis pas un grand fan de Hawks).
Je tombe sur cette chronique en cherchant des éléments sur Kurosawa. Dans la chronique n°3 ainsi que dans celle-ci, vous tenez « Chien enragé » comme un très grand film noir et vous avez grandement raison. J’avais découvert ce film il y a quelques années. Les scènes finales, dont Kurosawa a voulu faire un corps à corps guerrier entre le tueur et le policier, sont admirables.
Vous avez fait sur ce film un virage à presque 180° car je suis tombé il y a quelques jours sur votre critique très détaillée dans la revue « Cinéma » en 1961 où vous considériez ce film comme un des plus mineurs Kurosawa, boursouflé de symbolismes dans chaque scène. Comme vous le dites souvent, il faut voir et revoir un film avant d’en avoir un avis définitif. Dommage que les lecteurs de « Cinéma » d’alors (et donc les ciné-clubs nombreux à cette époque) n’aient pu lire votre critique après une re-vision de votre part plus tardive qui aurait été plus juste. Mais tout vient à point à qui sait attendre…
A Damien
A cette époque, je partageais les préjugés contre Kurosawa et j’étais encore influencé par les théories des mac mahonniens sur la fascination, la fluidité de la mise en scène comme axiomes définitis
Je ne connaissais pas ces préjugés des macmahoniens sur Kurosawa et vous serais reconnaissant de m’éclairer sur plusieurs points:
-en quoi la mise en scène de AK manquerait (ou vous semblait-elle manquer) de fluidité?
-que signifie exactement ce précepte de la fascination?
-était-ce par réaction à l’intérêt qu’accordait Bazin à AK?
La ligne actuelle de positif me plait beaucoup mais je ne suis pas sûr que certaines de leurs grilles (notamment en ce qui concerne l’influence surréaliste via Kyrou ) m’auraient convaincu. Y at’il une affiliation entre ceci et la grille des macmahoniens.
PS: par ailleurs j’aime beaucoup le Surréalisme via Aragon, Soupault, Delteil…mais goûte peu Breton!
A Ballantrae
Je me trompais totalement, achoppement sur des effets stylistiques qui ressortent davantage de la dissonance moderne
André Breton n’est pas un artiste surréaliste, je trouve son style très référentiel, impersonnel mais aucunement passionel (le comble !), je le vois plutôt comme « le meneur »/rassembleur qu’il fallait à ce moment là…
Les « vrais de vrais »: Robert Desnos, Jacques Prévert, Yves Tanguy, Benjamin Péret, Raymond Queneau, René Char, Leonora Carrington, Joyce Mansour …
Quelle belle chronique!
Pour ce qui est de Bergman, je ne peux que vous suivre et reste sidéré par le souvenir lointain laissé par quelques papiers dans la presse nationale (j’étais alors en Espagne et c’est stupéfait que j’appris coup sur coup son décéès puis celui d’Antonioni) au moment de sa disparition qui m’avait beaucoup ému tant son cinéma m’accompagne depuis des années:
– je me rappellerai toujours comment je découvris Le silence (en cachette, en mettant mon réveil sur 23h après m’être sagement couché)avec le son très bas lorsque j’étais ado, découverte à l’issue de laquelle j’obtins le droit « légal » d’opérer systématiquement ainsi pour le DVd de Cl J Philippe à condition que cela n’affecte pas es études… j’avais 14 ou 15 ans et me rappelle ces veillées devant Les communiants, les fraises sauvages ou cris et chuchotements
-je me rappellerai aussi les sièges rudes de la cinémathèque de toulouse pour découvrir l’intégrale où brillèrent L’heure du loup, La nuit des forains,une passion ou encore le méconnu De la vie des marionnettes tous des titres que je ne connaissais pas encore
-je me rappelle l’impossibilité pour IB de rompre avec le cinéma qu’il s’agisse des bienheureux, de En présence du clown puis cet ultime et sublime Sarabande tous vus sur arte, donnant l’impression d’une sorte d’immortalité
Je ne comprends pas les « professionnels » de la critique qui veulent afficher qu’ils ne sont pas « dupes » face au génie de certains cinéastes: de pareilles imbécilités sont apparues récemment ici ou là sur Fellini (avec notamment un égratignage peu argumenté de La strada voire de 8 1/2!!!!!!!). L’exercice d’admiration est bien agréable ma foi et quand même mes goûts rencontrent ceux d’autres générations( j’ai une passion par exemple pour Bergman, Fellini, Dreyer ou le Gance muet-toujours pas déité en DVD!!!), voire parfois ceux du grand public ( je pense par exemple à shutter island récemment), cela m’agrée tout autant que quand j’aime un cinéma de happy few (celui-là, j’aimerais autant que faire se peut le faire sortir du cercle trop restreint auquel il est confiné)
Bonjour Mr Tavernier,
Je ne comprends pas pourquoi on ne trouve toujours pas le DVD de « Fanny et Alexandre » de Bergman en France. En VO sous-titré en français. J’ai envoyé un email au Ministère de la Culture à Stockholm à ce sujet. Ils m’ont répondu en me donnant les coordonnées de la sociéte suédoise qui détient les droits de ce film. Je leur ai téléphoné et ai reçu un accueil charmant. Ils ne peuvent rien faire car c’est Gaumont-France qui détient les droits pour notre pays. Ayant écrit à Gaumont, ils ne m’ont même pas répondu. Sans commentaire, mais nous sommes toujours sans DVD de cet admirable film.
Qu’eb pensez-vous ? Pourquoi cette situation alors que l’on trouve plein de DVD d’autres films de Bergman bien plus « difficiles » que Fanny et Alexandre ?
Bien à vous.
A Kremser
Je ferai suivre votre demande à Gaumont
A voir MONIKA de Bergman, j’ai envie de confronter la beauté visuelle du film à la morgue populaire et pleine d’auto-satisfaction des quelques critiques trop pressés d’affirmer leur amour du divertissement (qui bien sûr ne saurait être que léger et surtout « pas prise de tête ») dont vous parlez: dans ce cas je serai un snob et fier de l’être! Bien sûr il faut citer le nom de Gunnar Fischer (photo) dans la réussite plastique des films de Bergman, j’avais déjà sursauté devant certain plan des FRAISES SAUVAGES dans lequel on voit les parents de V Sjoström dans son souvenir, au bord de l’eau, on dirait une aquarelle en noir et blanc! MONIKA montre d’ailleurs aussi des plans de ville aussi beaux que ceux de la plus longue période consacrée aux vacances dans l’île. Je crois que c’est le film dont parle soit W Allen soit M Scorsese comme les ayant chauffés dans leurs « émois » adolescents ou qqch comme ça! Le film était sorti aux USA je crois, avec un accent publicitaire sur le côté sexy: on aurait pu croire que Harriett Andersson s’y balladait toute nue d’un bout à l’autre du film! J’imagine les files d’attente de spectateurs mâles de 20 à 40 ans sifflotant distraitement l’air de rien, furieusement motivés par la découverte d’un cinéma européen singulier et lucide, devant le (les?) cinéma new-yorkais!
Bonsoir Monsieur Tavernier,
Je n’ai eu connaissance de votre blog que récemment,et j’ai parcouru vos chroniques,avant de les reprendre une à une.
Toutefois je vous écris dès maintenant ,Bergman me touche trop,pour attendre plus longtemps.!
Bergman,pour moi,est, en effet, le cinéaste qui me touche le plus car il « parle « de lui,et lui,c’est l’homme,c’est nous…il y a dans ses films des moments si forts qu’ils s’impriment pour toujours,et peuvent changer notre façon d’être : dans Cris et Chuchotements par exemple,la scène où la servante,Anna, se dénude la poitrine et prend Agnès dans ses bras ,…j’ai appris l’importance de cette proximité dans nos relations avec ceux qui souffrent,oser le toucher.Saraband est rempli de telles scènes…
Et Bergman,lui même,touche ses collaborateurs ( Cf.les bonus ) dans son travail.
Et en « bonus » de Bergman,il y a Sven Nykvist !…Persona est un festival « Nykvist » !
Merci de prendre de votre temps pour nous faire participer à vos coups de coeur DVDs.
Thunder in the sun est extrêmement drôle à sa façon et Susan Hayward est (et ça me fait mal de le dire) franchement grotesque. Ce que vous aviez écrit de The Conqueror m’a toujours dissuadé de voir le film !
Très curieusement j’ai vu pour la première fois Une femme en enfer ce WE (il vient de sortir en Zone 1, il est donc arrivé par la poste) : je ne sais pas si ça vient de fait d’aimer l’opéra, mais dans « l’émotion » totalement artificielle (je ne sais si vous voyez le rapport) du jeu de l’actrice il y a quelque chose que je trouve assez fascinant. Il faut dire que Van Fleet est à peu près dans le même registre, ça rend tout ça assez cohérent). Les réfractaires ont toutes ma sympathie, cela dit.
Je m’éloigne du sujet et je vous laisse en souhaitant une critique du coffret Carlotta consacré à Sirk (même si c’est dommage qu’ils n’aient pas republié There’s always tomorow dont tout le monde dit le plus grand bien, Sirk le premier d’ailleurs)
Francesco
Je peux vous révéler sous le sceau du secret que c’est Jean-Pierre Coursodon mais elle s’applique à des films où Susan Hayward se pastichait elle même : THUNDER IN THE SUN, I’LL CRY TOMORROW, THE CONQUEROR pas à TULSA, AMONG THE LIVING où RAWHIDE.
Et je vais acheter de ce pas ANNA ET LE ROI DE SIAM.
Monsieur Tavernier
Tout d’abord, comme tout le monde vous l’a dit, non seulement de publier vos critiques mais en plus de nous permettre (c’est merveilleux internet !) de les commenter !
Etant donné que 70 ans de cinéma américain m’accompagne dans tous mes déplacements (sait-on jamais) et ne quitte pour ainsi dire jamais ma table de chevet (ce qui ne veut pas dire non plus que je suis systématiquement en accord parfait avec vous, bien entendu) j’en profite pour demander si une nouvelle édition est envisagée (80 ans du cinéma américain ?).
J’interviens en fait pour conseiller la vision d’Anna et le roi de Cromwell, lequel vaut particulièrement, et quoi qu’on pense du thème du film, pour l’interprétation encore une fois admirable de Rex Harrison et surtout d’Irene Dunne, laquelle est en vol plané au dessus des mièvreries qu’on pourrait attendre dans un tel rôle. Les rapports entre les protagonistes sont traités avec plus d’originalité que dans la version musicale puisque le trouble sensuel qui affleure entre les protagonistes chez Lang semble effacé au profit d’un rapport de force intelligent concernant deux adultes et cela quelque soit leur sexe. Anna pourrait parfaitement être un précepteur, le résulat serait le même. C’est finalement d’un étonnant féminisme et je crois que pour cette raison le film ne mérite le qualificatif de poussiéreux dont on l’accable parfois.
Bonne journée
Francesco
PS : lequel, entre vous et monsieur Coursodon, voue une haine féroce à Susan Hayward ? Je me suis toujours posé la question !
LE GRAND SOMMEIL, C’est quand même pas mal même si on est plus loin de Chandler et que le film est plus hawksien que chandlerien, et LA DAME DU LAC mérite d’être redécouvert. Mon ami Gary Giddins dit un bien fous de l’adaptation scénaristique de THE HIGH WINDOW desservi par le choix étrange de Georges Montgomery, terne Philip Marlowe.
A propos d’Adieu ma jolie:je viens de relire le roman,et il souffre d’un énorme « ventre mou »,aprés une première partie éblouissante.Il n’y avait pas grand-chose à faire pour le scénariste,car dès que l’on découvre Moose Malloy(Mike Mazurki)dans la clinique ou le pauvre Marlowe subit à son corps défendant un cure de désintoxication,on détient la clé de l’histoire.Il suffit ensuite de donner au lecteur/spectateur les explications nécessaires,mais il ne peut plus se passer grand-chose.L’auteur s’est enfermé tout seul dans un coin du ring.C’est pour cela que Chandler retarde artificiellement la progression narrative(les divagations de Marlowe drogué,sa « romance »avec Anne Riordan,ses considérations interminables sur la corruption policière,etc…).Ce qui dès lors peut se justfier sur un plan littéraire devient totalement inutile pour l’adaptation,et…il faut bien faire environ 90 minutes de film!
A part ça,Adieu ma jolie est évidemment la meilleure adaptation de Chandler,et Dick Powell,de loin le Marlowe le plus conforme au personnage.
Vous avez raison, la provocation est de mauvais goût. Mais c’est aussi que je m’interroge parfois sur les restaurations et les séquences rajoutées.C’est simplement que dans ma tête iil y a des films que je décompose et recompose…
A l’Avventura et la Nuit d’Antonioni, j’ajouterai également l’Eclipse revu cet été en retrospective et sorti également en DVD chez « Studio Canal ». Ce film parait peut-être le plus accessible des trois pour le grand public avec une Monica Vitti qui semble incarner l’évolution ultime de l’héroïne née dans l’Avventura : des joies et doutes d’une femme « adolescente » jusqu’au résignations et désillusions de l’amour adulte. Ado Kyrou a qualifié assez justement les films d’Antonioni de surréalistes; ce qui me semble assez juste (je ne sais ce que vous en pensez), à la fois dans la forme mais aussi dans le fond.
Je trouve cette idée extrêmement discutable. Elle témoigne d’une
ignorance voire d’un mépris pour le droit d’auteur que l’on peut
nier, piétiner pour son petit amusement personnel. Le droit d’auteur n’est pas un gadget que chaque « petit apprenti sorcier monteur » (à commencer par les fabricants de dvd) peut modifier à sa guise. Et la comparaison avec la peinture me semble problématique. Un tableau est par essence unique ce qui crée une frontière très précise entre l’œuvre et ses reproductions contrairement au film dont la vie repose sur la multiplication de copies en principe fidèles à l’original. Un dvd n’est pas un puzzle ou une carte postale. Et si l’on accorde ce droit, cette autorisation, qu’est ce qui empêcherait les fabricants de dvd, les opérateurs audiovisuels de couper les films, de réécrire le dialogue, d’ajouter des séquences pour le pimenter contre l’avis des auteurs.
Bien sûr chacun peut s’amuser à démembrer Antonioni chez soi mais de là à l’autoriser comme un gadget. Mieux vaut créer de vraies oeuvres interactives.
Bravo à votre blog qui m’a offert l’occasion de découvrir bon nombre de films (ceux de Michael Powell notamment) ou conforter mes opinions vis à vis de certains titres . Vous êtes devenu une de mes références critiques.
Je vous signale en passant le très bon western d’Andrew Dominik, sorti hier 10 octobre : « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » qui revisite de manière élégiaque et crépusculaire la dernière année du « Brigand Bien Aimé » adapté précédemment de manière personnelle au cinéma (Henry King, Sam Fuller ou Nicholas Ray). Peut-être aurez-vous l’occasion de voir ce dernier film ou plus tard en DVD ?
Bonjour,
Le remontage de L’avventura par Raymond Borde pourrait donner des idées aux fabricants de DVD : comme on trouve dans les boutiques des musées des puzzles des tableaux des grands maîtres, on pourrait proposer des DVD interactifs sur le thème « le petit apprenti sorcier monteur » …
Cinéphiliquement vôtre
Cher ami,
Une opinion n’est pas un fait. Je trouve l’adjectif poussif très peu adapté au film lyrique, énergique, passionné qu’est The Hanging Tree. Mais j’ai entendu une fois quelqu’un dire que Le Rouge et le Noir de Stendhal était de la daube. Une femme a dit un jour à Darius Milhaud : « Maître, je n’éprouve aucun intérêt pour Beethoven » et Milhaud a répondu : « rassurez-vous madame, cela n’a strictement aucune importance ».
Cela nous est arrivé d’être un peu injuste pour Dmytryk. Nobody is perfect.
Murder my sweet enfin réévalué ! Il faudra réviser les 50 ans du cinéma américain dont l’appréciation était assez fraîche.
Inversement, je ne comprends toujours pas cette admiration pour Hanging tree, qui m’a toujours semblé poussif, poussif, poussif …
Entièrement d’accord avec vous sauf sur Saraband. Revoyez le. Les grands films ne se livrent pas toujours à la première vision.
Jean Wallace était la femme de Cornel Wilde (auparavant elle avait été celle de Franchot Tone et elle figure dans L’HOMME DE LA TOUR EIFFEL). Elle et n’a pratiquement tourné que dans les films qu’il a dirigés ou produits. Elle aurait joué dans le NATIVE SON que Pierre Chenal tourna en Argentine. Jean Wallace chante la chanson du générique de l’attachant BEACH RED, film de guerre humaniste, ingénu et anti militariste dont j’ai parlé précédemment.
Je ne dois pas être un bergmanophile normal. J’adore « Persona », « Sourires d’une nuit d’été », « L’heure du loup », « Les communiants »… et je ne suis pas arrivé à aimer « Saraband » dont je ne garde que le très beau visage de Julia Dufvenius.
Parmi la foultitude d’infos passionnantes et passionnées que vous nous donnez (parfois, je me demande comment vous faites, les journées n’ont que 24h !) je retiens deux très grandes nouvelles avec la sortie DVD de deux specimens à part et trop rares du western et du polar, deux chef d’oeuvres qui ont traité un sujet classique en le renouvelant :
– « Willie Boy » (Tell them Willie Boy is here) d’Abraham Polonsky, un western sur le thème de la chasse à l’homme avec un affrontement magistral entre le sheriff Robert Redford et l’Indien Robert Blake, acteur assez spécial qui aura surtout fait de la télévision et contribué à quelques joyaux du cinoche (il venait d’être l’un des meurtriers de « De sang froid » de Richard Brooks et finit sa carrière avec « Lost Highway » de David Lynch dans le rôle hallucinant du « Mystery Man », ça force le respect).
– « Association criminelle » (The big combo) de Joseph Lewis, rien moins qu’un joyau du film noir. Un flic enquêtant sur un membre du Syndicat du Crime. Un film au cordeau et au couteau, avec des « gueules de l’emploi » dorées sur tranche (l’indispensable Ted de Corsia et un très étrange couple d’hommes de main formé par Lee Van Cleef et Earl Hollimann qui a du faire s’étrangler la censure de l’époque !) et des scènes d’anthologie comme l’incroyable séance de torture au Sonotone qui aurait pu figurer chez Fuller ou dans « En 4ème vitesse » d’Aldrich. Je crois que c’est un des rares films où j’ai trouvé bon Cornell Wilde. Il est même carrément formidable, tout comme celui qu’il poursuit, le par contre toujours parfait Richard Conte. Plus une actrice aussi superbe qu’inconnue, Jean Wallace, qui joue la petite amie du boss mafieux avec une classe et un naturel renversants. Ajoutez la photo signée John Alton (maître du noir et blanc hyper-contrasté, cf « Incident de fontière » d’Anthony Mann) et la musique David Raksin et il n’y a plus qu’à s’incliner très bas…
Je viens moi aussi de voir The Big Combo et je trouve ce film vraiment excellent (j’avais aussi noté la scène de torture lorsque Richard Conte emprunte son sonotone à Brian Donlevy pour torturer Cornel Wilde). Et comme dans tous les films noirs, il y a une foule de personnages secondaires mais remarquables comme la chanteuse Rita jouée par Helene Stanton, le détective Hill joué par Jay Adler et cet ancien marin devenu antiquaire. A noter aussi la présence des immenses Ted de Corsia et Robert Middleton.
Quant à Jean Wallace, elle était la femme de Cornel Wilde avec qui elle a fait plusieurs films.
Pour Lionel : le film sur la pêche à l’Ile aux Coudres est « Pour la suite du monde », coréalisé par Pierre Perrault et Michel Brault. Il s’agit du premier volet d’une trilogie qui comprend en outre « Le Règne du jour » et « Les Voitures d’eau ». Ce sont ces trois films qui sont repris dans le coffret Montparnasse.
Sinon, chronique toujours aussi intéressante. J’hésitais justement à acquérir « Anastasia » et mon premier geste avait été d’ouvrir « 50 ans de cinéma américain »… Merci donc pour le complément d’information.
Bonsoir
Pour la 3ème fois, je lis un commentaire sur les films de M. Perrault sur l’île aux coudres.
La première fois que j’ai entendu parler de cette île, c’est à travers le documentaire absolument splendide de Michel Brault (et non Perrault) – coffret ONF/NBF 5 DVD (15 films) – La collection mémoire, les films de ma vie.
J’aimerais savoir s’il s’agit du même thème (une pèche bien spécifique qu’un habitant de l’île aux coudres souhaite remettre à l’ordre du jour).
Bref, j’aimerais savoir si deux cinéastes ont traité le même sujet, si les deux sont du même calibre etc…
Amicalement
Lionel.
Je ne peux qu’être d’accord avec vous et esperer une version dvd du COUPABLE, du MIRACLE DES LOUPS et de plein d’autres films.
Et pourquoi pas un dvd français des CROIX DE BOIS aussi beau que le Criterion.
Je viens de voir les deux films du coffret Raymond Bernard; incroyable que cet auteur a ete oublie par l’histoire cinematographique. Les deux films sont tout a fait merveilleux, et la version Criterion des Croix de bois est d’une beaute eblouissante.
J’ai du mal a ne pas depenser des centaines de dollars apres avoir lu chacune de vos chroniques!
Gareth
Mais il est maintenant disponible en France, ainsi que L’HOMME QUI N’A PAS D’ETOILE, WILLIE BOY, SEULS SONT LES INDOMPTÉS d’ Abraham Polonsky dans une collection de westerns où je présente et commente ces titres.
Bonjour M. Tavernier,
Comme à l’habitude c’est un plaisir de vous lire.
Je tenais simplement à vous signaler que Le passage du canyon [Grand Canyon](1946) de Jacques Tourneur est disponible aux États-Unis dans le coffret Classic Western Round-Up, Vol. 1(The Texas Rangers, Canyon Passage, Kansas Raiders, The Lawless Breed) distribué en mai dernier par Universal. Le volume 2 contenant The Texans(1938), California(1946), Cimarron Kid(1952) and The Man From the Alamo(1953) était également disponible au même moment.
Votre chronique s’avère toujours très intéressante, je vous en remercie.
bonjour Mr Tavernier,
tout d’abord, un grand merci pour vos chroniques toujours passionnantes à lire
je voulais vous signaler que Le Cri d’Antonioni sera prochainement edité par M6/SNC, au mois d’octobre ou novembre, parmi d’autres films italiens de Dino Risi ou Ettor Scola.