Additifs films noirs
31 août 2011 par Bertrand Tavernier - DVD
SUSPENSE (Warner Archive)
Voilà le deuxième Tuttle intéressant que je vois en quelques semaines. Après HOSTAGES, oeuvre qui symbolise tout un cinéma, celui pensé, écrit par des auteurs qui seront blacklistés (résistance et collaboration en Tchécoslovaquie, photo de Victor Milner, indiscernable sur ma copie), voici SUSPENSE. On se demande pourquoi Tuttle passe brusquement de la Paramount où son statut était assez fort après THIS GUN FOR HIRE, de la Fox, de la première production de Bing Crosby (THE GREAT JOHN L) à Monogram. Est-il menacé politiquement ? Ce qu’on pourrait imaginer, vu que le film est produit par les King Brothers qui engagèrent des dizaines de black listés. SUSPENSE est considérée comme la première production A de la Monogram, ce qui veut juste dire que les moyens sont un peu moins misérables que d’habitude, les décors un peu moins fauchés. C’est l’équivalent d’une série B de Studio et le film est relativement impressionnant quant aux décors (le penthouse dont un internaute dit qu’il a dix ans d’avance sur les décors de PLANETE INTERDITE, le night Club (le même que celui de XANADU ?) le chalet dans la montagne, les décors de montagne). Tuttle demande à son opérateur Karl Struss de nombreux effets visuels, une utilisation des clair obscur, des personnages éclairés à contre jour dont certains disent qu’il anticipe sur le Mann de Desperate. Discutable, d’autres films s’aventuraient dans la même direction (citons AFRAID TO TALK, le chef d’œuvre d’Edward L Cahn qui date de 32). Même certaines des séquences de patinages sont décorées et photographiées avec soin (elles sont dirigées par Nick Castle). Le scénario de Philip Yordan accumule les ellipses, les fausses pistes, évite toute explication un tant soit peu rationnelle : Albert Dekker engage Barry Sullivan après sans doute le plus court entretien d’embauche de l’Histoire du cinéma : « C’est machin qui m’envoie » – » Que pouvez vous faire ? » – » Tout ce que vous voulez » – » Je crois qu’on va trouver quelque chose pour vous ». Il est ensuite promu sans aucune raison. Plus tard, on mentionne une lettre qui contiendrait des informations préjudiciables à Sullivan, lettre qu’on ne verra pas et informations qu’on n’aura pas. Les deux disparitions d’Albert Dekker restent ultra énigmatiques, principalement ce bureau qu’on fait bruler dans la chaudière, mais cela finit par donner un vrai côté onirique au film, comme si le scénariste semblait avoir oublié ce qui s’était passé avant et qu’il collait des bouts de scène typiques du genre, dont plusieurs décalquent GILDA. Dekker et surtout Eugène Palette méritent une mention spéciale, Belita est plus qu’acceptable et Sullivan ne ressemble vraiment à aucun acteur de l’époque. Il accepte un personnage épouvantablement antipathique qui ne songe qu’à se venger de son bienfaiteur, traite avec une terrible muflerie son ancienne petite amie « tu peux me servir ma bière ? » – « Pourquoi, tu as le bras cassé ? ». C’est sans doute l’un des héros les plus déplaisants de l’histoire du genre qui en compte pas mal.
Revu enfin dans une belle copie HE WALKED BY NIGHT (WILD SIDE) qui m’a paru meilleur que dans mon souvenir. En grande partie à cause de la photo très inventive d’Alton et de l’interprétation de Richard Basehart qui arrive à préserver l’opacité de son personnage tout en le rendant intéressant. On ne sait pas très bien ce qu’il cherche, sinon de l’argent ni ce qui le motive vraiment. Le scénario ne se préoccupe guère de psychologie ni pour lui ni pour les flics. Aucun effort n’est fait pour approfondir le personnage de Scott Brady et le film y gagne car on nous épargne les habituelles séquences de vie domestiques. Il n’y a guère plus de progression dramatique, le récit procède par brusque à coups que relie un commentaire pléonastique et solennel, asséné plutôt que lu par Reed Hadley. Les scènes nocturnes sont très réussies. On a beaucoup glosé sur les séquences se déroulant dans les égouts où Alton exécute une série de variations sur des lampes torche sans doute très renforcées qui s’éloignent ou se rapprochent dans les conduits très obscurs créant de spectaculaires effets, notamment dans les plans très larges (dont il se servira à nouveau avec Florey) : on voit la lumière cascader puis décroitre sur les murs. Mais j’ai été encore plus impressionné par toute la scène où Basehart arrive en avance au rendez vous fixé par Mr Reeves, déjouant le piège tendu par les policiers. Là, plus que dans la scène célèbre où il s’opère lui même, je me suis dit que le découpage, les angles, les rapports des personnages dans l’espace portaient la trace (l’influence ?) d’Anthony Mann. Mais John Alton nous avait dit que la part de Mann avait été minime contrairement à ce qui a été dit. C’est un des points sur lesquels il n’est jamais revenu (l’autre étant sa détestation d’Allan Dwan) La séquence est néanmoins la plus réussie du film qui reste quand même en dessous de T MEN ou de RAW DEAL.
Par ailleurs, Scott Brady était le frère de Lawrence Tierney.
Vu aussi à la Cinémathèque THE DEVIL THUMBS A RIDE que l’on ne trouve qu’en VHS, hélas, qui nous offre comme dans les deux autres meilleurs Feist (the THREAT et TO MORROW IS ANOTHER DAY) un personnage de méchant mémorable joué par Tierney. La tension du film vient moins de ce qu’il fait (un meurtre au début) que de ce qu’on pense qu’il peut faire. On se dit tout le long que l’explosion va être imminente et terrible. La violence, on la sent quand il saoule le veilleur de nuit et là encore, on sait que cela pourrait être pire. La description des policiers n’est pas trop mal venue, exempte de tout prêchi prêcha et le personnage du jeune pompiste qui se révèle un formidable joueur de poker est plutôt réjouissant. Le dernier quart est moins tenu et la distribution donne de vrais signes de faiblesse. A noter que le criminel n’est pas abattu par le flic qui le pourchasse. Feist signe le scénario et la photo est de Roy Hunt. Ce film a fait l’objet d’une étude de la part du romancier Barry Gifford, THE DEVIL THUMBS A RIDE and OTHERS UNFORGETABLE FILMS NOIR. Dans ce livre, il qualifie BLUE VELVET de « pornographie académique », ce qui est marrant vu que Lynch adaptera un de ses livres qui deviendra le magistral SAILOR ET LULA. Tous deux collaboreront sur THE LOST HIGHWAY.
Autre film de Felix Feist, encore plus passionnant, TOMORROW IS ANOTHER DAY (Warner Archive sans sous-titres) change plusieurs fois de ton et bifurque même comme le remarque Philippe Garnier dans son excellent texte de présentation vers le constat social et le monde des travailleurs agricoles exploités qu’on peut voir dans les RAISINS DE LA COLÈRE ou FAT CITY. Un type sort de prison et va se trouver embringué avec une de ces filles qui font danser le client pour un « dime » dans une de ces boites à rackets, espérant le faire boire en plus. Les chansons, les airs de musiques sont visiblement ultra raccourcis et le malheureux pigeon perd tous ses tickets en un clin d’œil. La scène, cynique, brutale, est excellente et Ruth Roman s’y montre vraiment convaincante dans un changement de registre et d’images surprenant. Elle abandonne son allure glaciale, un peu guindée au profit d’une dégaine plus populaire, plus vulgaire, plus sexy. Les rapports « amoureux » du couple possèdent cette même dureté, cette absence de complaisance. Et l’histoire d’amour va surgir comme à l’improviste, autre originalité de ce film, écrit par deux scénaristes de talent (Feist ne signe pas le scénario), Art Cohn (THE SET UP) et Guy Endore. On ne sait pas si on doit les créditer de la fin moralisatrice et bâclée qui sent l’intervention de la Censure. La description du couple de voisins (dont Ray Teal dans un de ses rares rôles sympathiques et complexes) qui sont tentés de dénoncer le héros à la police pour toucher une prime est particulièrement bien écrite et jouée, en particulier les revirements de l’épouse. Steve Cochran est excellent.
J’ai aussi revu SOLO POUR UNE BLONDE (THE GIRL HUNTERS) avec pas mal de plaisir malgré la photo banale, la mise en scène correcte mais routinière (Roy Rowland essaie désespérément de créer une ambiance américaine sur des plateaux anglais) et la bande son. Il n’y a souvent aucun bruitage sauf ceux qui sont obligatoires (fermeture de porte, coups de feu), aucune ambiance. On dirait une version post synchronisée sans piste Version Internationale. Le film aussi détient je pense le record des plans où le héros enfile ou ôte son imperméable et son chapeau. Ils ont du s’en rendre compte car aux trois quarts, Mike Hammer « oublie » son imper dans une voiture, sur un dossier de chaise… Mais Spillane est vraiment marrant et on prend du plaisir à le voir incarner Mike Hammer. Shirley Eaton est sexy et Lloyd Nolan comme toujours impeccable. Mention spéciale pour la bagarre dans la grange, d’une grande brutalité. Evidemment une ou deux pointes anti communistes.
J’ai enfin vu THE LOCKET (LE MEDAILLON. Warner Archive) dans une copie 35. Notre notule dans 50 Ans de Cinéma Américain est assez juste. Si on devait apporter quelques corrections, ce serait moins pour souligner l’arbitraire du dénouement (il s’en faut de peu pour qu’on ait une fin ouverte assez inquiétante) que des scènes qui le précèdent. Je n’arrive pas à comprendre comment le fait que Brian Aherne retrouve des bijoux clairement identifiables, permette de le faire passer pour fou, même avec tous les mensonges de Nancy. C’est trop vite expédié et guère convaincant. Parmi les qualités, j’insisterai sur ce moment très fort (et pourtant réaliste) où la maman de Karen humilie, violente Nancy, séquence dure et terrifiante. Ambiguëe aussi. Je citerai aussi le suicide de Mitchum, très bien filmé : ce travelling qui passe du bureau dans la salle d’attente au moment où la fenêtre explose et qui recadre le bas de l’avenue (Mitchum est très convaincant même si les peintures qu’on lui attribue – toutes atrocement académiques – le sont beaucoup moins. Certaines sont horribles et totalement datées même pour l’époque du tournage). La reconstitution de Londres pendant le Blitz est brillante, le choix de Laraine Day excellent : elle fait tellement normal, tellement innocente qu’elle en devient nettement plus effrayante que si son personnage avait été incarné par une actrice fétiche du film noir. On croit à ses explications.
Revu aussi BLUE VELVET que j’ai trouvé plus surprenant, plus vif, plus sournoisement érotique que dans mon souvenir. Le film n’a pas pris une ride. J’avais été dérouté par le héros, le côté « Tintin au pays du sado masochisme », mais c’est finalement ce qui sert le film. Isabella Rossellini est vraiment gonflée et Dennis Hopper fracassant. Il mérite l’Oscar du croquemitaine.
J’ai beaucoup aimé revoir le COUP DE L’ESCALIER dans la belle édition Wild Side, qui tient bien le coup, sauf la toute fin, plaquée, lourdement symbolique où les poursuivis comme tant de films, choisissent, on ne sait pourquoi, de grimper à des échelles au lieu de se terrer. Magnifique musique de John Lewis. Melville trouvait que la photo de Joseph Brun (opérateur français qui commença par des nanars parisiens et signa la FORET INTERDITE) était la plus belle de tout le cinéma policier. Il faut dire que les premiers extérieurs et intérieurs en jettent.
Grosse déception en revanche avec le pénible ROAD TO NOWHERE de Monte Hellman, hyperboliquement salué par la presse, qui m’a semblé aussi fumeux, solennel que vain. Ce film sur le cinéma contient un moment d’auto destruction inconsciente : le héros, metteur en scène qu’on dit inspiré (ce qu’on voit n’est pas probant), lance, entre autres aphorismes, que la mise en scène, c’est 1) le casting, 2) le casting, 3) le casting. Or ce moment est épouvantablement mal joué, défaut qui d’ailleurs plombe les quelques qualités du film. Il faut dire qu’on le voit s’extasier après une scène qui paraît encore plus raide, plus mécanique, plus ampoulée que la précédente. Là, on frôle la parodie involontaire. Ce n’est pas parce qu’on fait un film sur la création qu’on devient plus créateur. Il faut dire que dans TWO LANE BLACKTOP, Hellman disposait de Rudi WURLITZER comme co scénariste et de Warren Oates. Quelques beaux plans et une grande vacuité suffisante.
Additifs Classiques
Revu TOO HOT TO HANDLE qui est excellent. Notre notule lui rend justice. Tout juste pourrait on ajouter que le scénario inventif et les excellents dialogues sont de John Lee Mahin et Laurence Stallings (je sens plus la patte de Mahin). La scène où Gable reconstitue un bombardement japonais avec des maquettes et un modèle réduit est hilarante. Je trouve qu’il faut citer ces noms. Et aussi mentionner Mirna Loy qui est superbe, d’une grande modernité de jeu, drôle, vive, séduisante. En revanche ce qui se passe en Amazonie défie la vraisemblance (Gable se déguisant en sorcier pour faire peur aux indigènes) et se révèle d’un goût discutable pour ne pas dire douteux même si la manière dont il pique le film à Michael Rennie est marrante
Dans les excellents bonus qui accompagnent le dvd de TO KILL A MOCKINGBIRD, j’ai appris que contrairement à ce que je pensais tous les studios avaient refusé d’acheter le livre magnifique de Harper Lee (traduit récemment en France : Ne tirez pas sur l’Oiseau Moqueur). Mulligan avoue que le projet n’était pas populaire : pas d’action, pas de violence, aucune victoire du héros, pas d’histoire d’amour, beaucoup de scènes éparses. Horton Foote dit qu’il a travaillé sur le scénario avec Pakula qui a proposé de condenser l’histoire sur une année. Mulligan parle de la distribution et insiste sur le fait que les deux enfants viennent de la même ville (Birmingham) et de la même rue.
Il faudrait insister sur le travail très inventif et juste du décorateur Henry Bumstead (avec Alexander Golitzen mais Mulligan ne parle que de Bumstead) qui créa Maycomb en combinant le backlot d’Universal avec une petite ville de la San Fernando Valley qui allait être détruite. Il replaça les maisons qui ressemblaient aux maisons sudistes de l’époque. Celles de Monroe ville et autres villes avaient été transformées par l’action de Roosevelt qui amena l’électricité, l’eau courante. Mulligan ne trouvait que des maisons avec des tuyaux, des fils électriques, des rues goudronnées (en 35 pour Monroeville) et ces maisons ne ressemblaient pas du tout à celles décrites par Harper Lee.
Autres contributeurs : Elmer Bernstein dont la musique est magnifique et Stephen Franfurt pour le magnifique générique. C’est Kim Stanley (l’admirable actrice de la DEESSE de John Cromwell, impossible à trouver en France) qui prête sa voix à Scout adulte.
Gregory Peck s’engagea très tôt dans le film après que James Stewart l’ait refusé parce que trop libéral et susceptible de créer des controverses.
On voit Harper Lee dans un des films sur Capote, TRUMAN CAPOTE. Elle en est un des personnages principaux et était jouée par Catherine Keener
Ce film est un exemple d’une production menée avec le seul souci de respecter l’oeuvre initiale, de la servir, de ne pas l’édulcorer. Il y a un vrai refus de se soumettre aux diktats du studio qui voulait Rock Hudson : Pakula et Mulligan imposent Horton Foote, refusent des vedettes pour les rôles secondaires. C’est un vrai travail d’amour.
Enfin une édition paraît-il complète et d’une qualité extraordinaire des films de Laurel et Hardy tournés pour Hal Roach. Ces 10 dvd comprennent des chefs d’œuvres comme The Music Box ( Oscar du Court Métrage®), Brats, Hog Wild, Chickens Come Home, Sons of the Desert and Way out West (de Gordon Douglas) pour n’en citer que quelques uns. Un dvd contient des bonus inédits, des interventions de Jerry Lewis, Tim Conway, Dick Van Dyke et de la bande annonces.
Laurel & Hardy: The Essential Collection (disponible à partir du 25 octobre 2011) : http://www.amazon.com/Laurel-Hardy-Essential-Collection/dp/B005BYBZKY
Pathé vient de sortir toute une série de films d’Alberto Capellani, dans des copies magnifiquement restaurées et il est urgent d’aller voir, découvrir l’ASSOMMOIR, stupéfiante adaptation digest de Zola, peut être le premier long métrage français qui n’a rien à envier à Griffith. 93 ou le CHEVALIER DE MAISON ROUGE contiennent des qualités aussi frappantes, une réelle beauté plastique, une manière de filmer les lieux, de faire bouger les acteurs qui permettent de comprendre l’admiration que lui portaient Raoul Walsh et Antoine.
Additifs cinéma anglais
Je reviens sur une œuvre dont j’ai longtemps ignoré l’existence, THUNDER ROCK des frères Boulting, réalisé et monté par Roy Boulting et produit par John.
Le scénario du a l’acteur Bernard Miles homme très engagé politiquement et qui réalisa deux ou trois films ambitieux et assez originaux, est tiré d’une pièce de Robert Ardrey (L’IMPERATIF TERRITORIALl, AFRICAN GENESIS et plein de scénarios dont les 3 MOUSQUETAIRES DE SIDNEY et L’AVENTURIER DU RIO GRANDE de Robert Parrish) ce qui explique le coté théâtral et parfois solennel du film.
Michael Redgrave vit en solitaire dans un phare d’où tente de le sortir son pote James Mason, aviateur qui veut s’engager avec les Chinois contre les Japonais. Mais Redgrave préfère rester dans sa tour.
Il a voulu, des années avant, alerter le monde sur tous les dangers que représentaient les différents fascismes, tel Orwell et dégoûté de l’indifférence, de la Censure renonce et se retire du monde. Là, il est rejoint par des fantômes. Un groupe de passagers et leur capitaine très bien joué par l’inusable Finlay Currie qui se sont noyés dans un naufrage en 1849. Mais, paradoxalement, son propre découragement les stimule, les fait « revivre ». Il devra apprendre à puiser dans le passé pour affronter le présent.
Sujet ultra curieux, quasi unique à l’époque (le film est de 1940 et Roy Boulting s’engagera comme documentariste ou il dirigera Désert Victory qui est intéressant. On doit aux deux frères plusieurs films que j’aime, BRIGHTON ROCK, 7 DAYS TO NOON, I AM ALL RIGHT JACK ou Peter Sellers était sublime en leader syndical tyrannique et obsessionnel.
Le film est guindé au début, tout en restant extrêmement curieux et original dans le style débat d’idées, idées pas mal évacuées des écrans à l’époque (C’est un film unique sur le rapport à la nation comme tant de films anglais de ces années de guerre). Le décor pèse un peu trop mais le film se bonifie dans les flashes back (il y en a un dans un cinéma qui est même étonnant) et les confrontations avec les fantômes sont filmées avec sobriété et très bien jouées. Boulting déclare que c’est dans ce film qu’on passe dans un même plan, sans fondu, du présent au passé. Longtemps avant Angelopoulos.
Autre film unique et plus récent, le magnifique WINNIPED MON AMOUR de Guy Maddin, promenade somnambulique dans Winnipeg, dérive introspective, autobiographique qui se sert d’une ville pour évoquer, conjurer des fantômes, déplorer des saccages en les reliant à des expériences personnelles. C’est le compagnon idéal de OF TIME AND THE CITY de Terence Davies
Cinéma Français
J’ai adoré revoir 7 MORTS SUR ORDONNANCE et ai été frappé par la modernité de la construction dramatique qui mêle deux histoires, deux époques, deux meurtres (ou séries de meurtres). Comme dans le SUCRE, magnifique partition de Philippe Sarde et ébouriffante prestation des acteurs : Depardieu inouï de jeunesse insolente, Piccoli mais aussi Auclair, Marina Vlady, Coline Serreau, Jane Birkin sans oublier le génial Charles Vanel. Trois générations de comédiens s’affrontent et dans les moments où s’opposent Depardieu ou Piccoli avec Vanel, c’est toute l’Histoire du cinéma français qui revit. Décidément Conchon/Rouffio, c’était un formidable attelage. Bonus très pauvres. Edition minimaliste mais transfert correct.
Autre coup de chapeau, à Bertrand Blier, cette fois dont TENUE DE SOIRÉE tient toujours aussi bien le coup, surtout dans les deux premiers tiers, riches en moments sidérants (Depardieu, encore lui, s’arrêtant dans une rue et s’exclamant : « cela sent la fraude fiscale »). La morale, la leçon du film est un peu trop insistante et ne fait pas corps avec la verve décapante, somptueuse de la première partie. LE BRUIT DES GLAÇONS était pour moi l’un des meilleurs films de l’année et l’affrontement Jean Dujardin/Albert Dupontel (dont LE VILLAIN mérite vraiment le détour) atteint les mêmes sommets que ceux qui opposaient Depardieu et Michel Blanc. Et derrière ce feu d’artifice, on sent une compassion, une tendresse qui bat en brèche la réputation de misanthropie et encore plus stupide de misogynie. Le fait de tourner en décors naturels semble avoir stimulé Blier qui retrouve là une jeunesse, une forme épatante. Myriam Boyer est inoubliable en « cancer pour boniches » et Audrey Dana se tire royalement du rôle de l’épouse, plutôt bien écrit. Le Blue Ray est excellent.
Je profite de la sortie du dernier Mia Hansen Love pour rappeler LE PERE DE MES ENFANTS, bel hommage à Humbert Balsan.
Et signaler l’extraordinaire coffret consacré par Arte au PROCES BARBIE. Les premières audiences, échanges de coups bas juridiques, tactiques dilatoires peuvent paraître rébarbatives mais dès qu’apparaissent les premiers témoins, on a la gorge nouée et on sent que même Vergès est totalement déstabilisé : entendre cette femme que l’accusé a battu alors qu’elle n’était qu’une petite fille, raconter que Barbie lui a dit qu’il était heureux de voir une belle femme après des mois de captivité, être horrifié de cette remarque (« je ne me suis jamais sentie aussi salie ») et s’entendre dire « c’est bien le problème avec vous, français : vous n’avez pas le sens de l’humour » vous glace le sang. Ne pas manquer le réquisitoire de Pierre Truche d’une grande dignité, sans effets de manche.
IL CINEMA RITROVATO
RECOMPENSES DVD 2011
VIII edizione
www.cinetecadibologna.it
Membres du jury : Lorenzo Codelli, Alexander Horwath, Mark McElhatten, Paolo Mereghetti, Jonathan Rosenbaum, Peter Von Bagh.
Meilleur DVD 2010 / 2011:
Segundo de Chomón 1903-1912 (Filmoteca de Catalunya [ICIC]/Cameo Media s.l.) El Cine de La Fantasia. A production by Cameo and Filmateca Catalunya
La première édition d’une série longtemps attendu consacrée au grand Maître espagnol des films de magie, d’effets spéciaux ou colorés au pochoir. 114 minutes de 31 titres stupéfiants, complétés d’un livre trilingue de 111 page s contenant un essai de Jean M. Minguet et les génériques de chaque film.
Meilleurs Bonus
The Night of the Hunter (Criterion).
JE PENSE QUE TOUT LE MONDE COMPREND LA SUITE. JE STOPPE LA TRADUCTION.
For the invaluable and detailed film record of Charles Laughton directing his only feature.
MOST ORIGINAL CONTRIBUTION TO FILM HISTORY:
Orphans 7 – A Film Symposium (New York University’s Orphan Film Symposium, www.orphanfilmsymposium.blogspot.com)
For bringing to the attention of DVD watchers a rich and fascinating area of film history: so-called “ephemeral” films, including amateur films, activist filmmaking, industrial films, etc., with magnificent, in-depth commentary.
BEST REDISCOVERY OF A FORGOTTEN FILM:
Awarded jointly to Max Davidson (www.edition-filmmuseum.de) and Female Comedy Teams (www.edition-filmmuseum.de)
Two priceless collections of silent and early sound slapstick comedies from the Hal Roach studio that highlight neglected and relatively unknown corners of American cultural history as well as film history.
BEST BOX SET:
Awarded jointly to 3 Silent Classics by Josef von Sternberg (www.criterion.com) and La Naissance de Charlot – The Keystone Comedies 1914 di Charlie Chaplin (Lobster – Arte – BFI – Cineteca di Bologna – Flicker Alley/UCLA: www.franceculture.com)
BEST BLU-RAY:
The BBS Story (Criterion: www.criterion.com)
For the courage of bringing a little-known but very important chapter of American film history to the medium of Blu-Ray—a box set including five films, among them The Last Picture Show, Easy Rider, and The King of Marvin Gardens.
Parce que les jurés tiennent à signaler qu’aucun d’entre eux ne peut voir tous les dvd importants qui sortent chaque mois, chacun d’entre eux a sélectionné un ou plusieurs titres supplémentaires.
Lorenzo Codelli has selected the DVD collection of the Korean Film Archive launched in 2004, available at koreafilm.org/publica/dvds.asp, all of which have English subtitles and exceptional extras.
Alexander Horwath has selected the series of films directed by Leo Hurwitz included on six DVDs that are released by Film Centrum in Sweden (www.filmcentrum.se)
Mark McElhatten has selected Jose Val del Omar’s Elemental de Espana, a 5-DVD box set with films from 1931 to 2010, with English subtitles and a booklet in Spanish and English. Produced by Cameo with the Archivo Maria Jose Val de Omar and Gonzalo Saenz de Buruaga and the Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia.
Paolo Mereghetti has selected Jean-Paul Le Chanois « L’école Buissonnière » (www.dorianefilms.com)
Je voudrais m’associer à ce prix et recommander chaudement ce film + le dvd de Bonus. On a vraiment beaucoup attaqué Jean Paul le Chanois et c’est vrai que son adaptation des MISERABLES était d’une rare platitude, que PAPA MAMAN LA BONNE ET MOI (qui a souffert des éloges insensés de Georges Sadoul qui l’utilisait pour attaquer TOUCHEZ PAS AU GRISBI ou des films noirs américains) a pris un coup de vieux terrible (je connais des gens qui sont touchés par sa bonhomie populaire). Il vient de ressortir ainsi que la suite plus décourageante.
Mais on doit à Le Chanois des films unanimistes que le temps a bien patiné et SANS LAISSER D’ADRESSE (sur un scénario d’Alex Joffé) me touche infiniment par son côté choral, la description d’un Paris qui sort de la guerre, la vision d’un milieu. Les séquences se déroulant dans un meeting du syndicat des chauffeurs de taxis sont excellentes et ont des allures de reportages sociologiques.
On lui doit aussi – cela ne se sait pas – le scénario et le sujet original d’EUROPE 51, ce qui n’est pas rien. Le film de Rossellini suit fidèlement le premier traitement de Le Chanois (On trouve ces renseignements dans LE TEMPS DES CERISES, entretien avec Le Chanois. Editions actes sud Institut Lumière).
Mais son chef d’œuvre reste cette ECOLE BUISSONNIÈRE, très bien éditée par Doriane Films à qui on doit tant de beaux films anglais dont LE PRIX D’UN HOMME.
J’ai commencé à revoir ce film et tout de suite, l’émotion m’a saisi : l’arrivée de Blier, le décor de l’école, la rencontre avec Delmont où s’opposent deux systèmes d’éducation. Justesse des lieux du regard. Voilà un film qui mérite le bel éloge que lui décerne Jacques Lourcelles : « Petit miracle dans le cinéma français de l’époque, ce film hautement sérieux possède les vertus distrayantes du plus efficace des divertissements….Acte de foi dans la disponibilité du public, il témoigne d’un optimisme et d’un appétit de renouveau bien caractéristique de l’après guerre…L’abondance, la justesse, la richesse de sens des notations, la conviction et la simplicité de l’interprétation dominée par Bernard Blier, acteur clé de la période, servent à merveille l’ambition méritoire d’un sujet entièrement nouveau dans le cinéma français de l’époque ».
Jonathan Rosenbaum a choisi LA TERRE d’Alexander Dovzhenko’s distribuée en Angleterre, par Mr Bongo Films (www.mrbongo.com)
Peter von Bagh a choisi la MORT DE MARIA MALIBRAN & Eika Katappa de Werner Schroeter’s , www.edition-filmmuseum.
Je voudrais ajouter un petit hommage personnel aux éditions MALAVIDA (www.malavidafilms.com) qui nous font découvrir de nombreux films Tchèques ou Slovaques. Je signale tout particulièrement QUI VEUT TUER FLOSSIE, LES OISEAUX, LES ORPHELINS ET LES FOUS, LE SOLEIL DANS LE FILET et VALÉRIE AU PAYS DES MERVEILLES. Soyez curieux.
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A Bertrand Tavernier: je ne suis pas totalement d’accord sur ROAD TO NOWHERE, en effet, les scènes de tournage ne convainquent pas, mais je trouve que Hellman est arrivé à une incroyable légèreté dans le traitement de ces deux ou trois variations de la même histoire, compte tenu de ce que absolument aucun signal n’est dispensé à l’attention du spectateur pour le prévenir de la variation à laquelle il assiste à tel ou tel moment. Sans doute le film est-il trop long de 20 minutes, car je ne peux nier que j’ai regardé le compteur de mon lecteur, mais il y a une élégance que je n’oublierai pas.
Jacques Rancière avait rapproché le film de Vertigo qui peut être vu comme un rêve dans le rêve lui-même etc… OK mais avec beaucoup plus de lourdeur chez Hitch, à mon avis.
Le film ne mérite pas la haine qu’il a suscité, et je ne comprends pas le rejet de Positif habituellement moins frileux, mais c’est un peu la faute de Hellman aussi. Ceci dit, quelle élégance! Pourvu que Hellman puisse encore nous donner un film…
Oui, et puis un cinéaste qui cite THE LADY EVE (scène finale entre Fonda et Stanwyck), L’ESPRIT DE LA RUCHE et LE SEPTIÈME SCEAU (La partie d’échec je crois…), en faisant dire à son alter ego dans le film, le réalisateur Mitchell Haven (= Monte Hellman) : « What a fucking good movie »… Un cinéaste comme celui-là, mérite que l’on voie son film. Je n’ai pas vraiment compris où il voulait nous emmener, tout comme je ne sais pas où nous emmène un Lynch parfois ; mais ceci-dit, j’ai en mémoire des ambiances et des images à la beauté totalement inédite. Pour ces dernières, il faut saluer le travail de Josep M. Civit (chef op de Bigas Luna sur ANGOISSE).
A Sullivan
Je pense que vous prenez des intentions pour des faits mais une opinion n’est pas non plus un fait. Je trouve les derniers Hellman assez raides et plutot sots et vaniteux
De quelle intention parlez-vous ? Je faisais juste savoir que cet opus, qui a été dégommé par la critique, avait eu quelque grâce à mes yeux, that’s all ! Cela ne m’empêche pas de le considérer comme très en deçà de mes Hellman préférés, à savoir « Cockfighter » et « Two Lane Blacktop ». Et bien-sûr, une opinion n’est pas un fait, et chacun d’entre nous devrait le méditer.
A Sullivan: il n’y a pas que les images, le film est réellement monté avec grâce, en fait, étant donné son sujet impossible et même, masochiste ou suicidaire, je trouve qu’il ne nous retient que par cette délicate instillation de petits faits vus sous différents angles, déposés l’air de rien à l’oeil du spectateur, à petites touches. La seule chose que je lui reprocherais à Hellman, finalement, c’est de ne pas être revenu avec un film plus commercial parce que là, je ne sais pas comment il va pouvoir tourner encore.
A Bertrand Tavernier: a priori, « sots et vaniteux » me paraît complètement étranger au cinéma de Hellman, mais il est vrai que je n’ai vu ni IGUANA ni CHINA 9 LIBERTY 37.
J’ai revu To Kill A Mockingbird avec grand plaisir, même si j’ai trouvé parfois le rythme un peu lent: effet d’une copie d’état moyen ou grand respect de l’oeuvre paralysant un peu les auteurs? J’ai retrouvé les acteurs-enfants étonnamment justes, la petite Badham bien sûr et Philip Alford qui a exactement la même tête 36 ans plus tard! (cheveux en moins), j’ai un faible pour Dill (John Megna), vraiment craquant dés sa 1ère apparition qui le rapetisse encore, dans les plants d’une espèce de choux énormes! Horton Foote dit que le fait que Truman Capote ait été un ami de Harper Lee et soit venu passer les vacances d’été dans son village l’ait inspiré pour écrire le personnage. J’ai été surpris par les lyncheurs particulièrement peu agressifs et acceptant vite de renoncer à leur projet criminel grâce à l’intervention d’une petite fille mais qui sait? Le cliché eût peut-être été qu’ils fussent plus agressifs et que Peck leur résiste plus vigoureusement. Le cliché est refusé ailleurs avec le verdict du procès, très intelligemment, précisément filmé (on comprend très bien à quel moment l’accusé (Brock Peters) scelle son sort: quand il dit qu’il a « eu pitié de la femme blanche » qui l’accuse de viol), aussi l’actrice qui joue la « victime » (Collin Wilcox) est admirable: toujours dans le making of, elle explique de façon détaillée et pleine de pitié pour son personnage ce qu’il en est des femmes blanches du sud, selon elle, quant à leur condition misérable, on en vient à absoudre le personnage! Elle dit qu’elle insista pour ne pas porter de talons hauts et garder ses cheveux sales! le cliché est aussi évité: pas de romance entre Peck et sa voisine du même âge… James Anderson est le pire redneck qu’on ait vu sur un écran, comme acteur il fit peur aux enfants et manifesta une franche antipathie pour Peck qui raconte ça en souriant! Par contre, je me demande si ce n’est pas une erreur de le montrer agressant les enfants à la fin sans raison spéciale, je n’ai pas compris pourquoi, même si ça introduit enfin le personnage de Boo qui effraie les gosses depuis le début, sans qu’ils l’aient jamais vu! Du coup avec Boo, on voit Robert Duvall dans son 1er grand rôle au cinéma. Mulligan dit qu’il est venu de lui-même les cheveux teints en blanc… Comme quoi, les acteurs pouvaient déjà proposer ou imposer des choix, avec Hathaway ou Ford, c’eût peut-être été différent?! Le making of est très intéressant aussi par les témoignages des habitants de la région, et a brisé chez moi un paquet d’idées reçues sur le sud américain, trop souvent caricaturé au cinoche (à la grande joie des spectateurs français, comme le fit remarquer un jour Clint Eastwood!). Bref, le film reste magnifique.
Suite à notre discussion sur les st trop souvent absents dans les dvd, cette édition Z2 Uk offre tous les st imaginables, avec le bonus making of de 90′ dont vous parlez (jaquette fond bleu « cinema universal classics »), Mulligan et Pakula font le commentaire du film, pas eu le temps d’écouter ça.
M. Tavernier, Your remarks to M. Douarre re the gulf between the quality of Frankenheimer’s direction and the emptiness of the content of the vomitable RONIN remind me of a quote that Vernon Young (greatest of English language film critics) lifted from Henry de Montherlant (and yes, I know when it comes to politics Montherlant is no oil painting) in discussing Griffith’s application of near magical editing to arteriosclerotic Victorian melodrama : « technical perfection in the service of cretinism. » Best, Michael Rawls
Ayant eu la chance de participer à la Journée Portes Ouvertes de WILD SIDE, le 23/09/2011(un grand merci à Mauel CHICHE et toute son équipe,voici une partie des nouvelles communiquées par le patron de WS :
-FUTURE EDITION SPECIALE SOMPTUEUSE DE « LA NUIT DU CHASSEUR »(DVD + BLU RAY)avec de nombreux suppléments inédits et très rares, tous sous-titrés.Plusieurs disques dans un conditionnement très soigné (la maquette a été présentée):l’événement de l’année en France en 2012 dans le domaine du DVD + BLU RAY.
En CLASSICS CONFIDENTIAL, confirmation des titres déjà annoncés :
-STORY OF G.I. JOE
-LA PORTE DU DIABLE
-LE COFFRET LANG EST EN COURS DE FINITION
J’ai pensé à BALLANTRAE et je peux lui préciser que « LE GRAND PASSAGE » sera bien édité dans cette collection
S’y ajoute « NIGHTFALL »(J. TOURNEUR): j’en salive déjà.
« LA FEMME DE FEU » sortira au 1er trimestre (février-mars)2012 avec « DESIRS HUMAINS »(pas le meilleur LANG)et « La Valse de l’Ombre »(avec les 2 versions LeROY et WHALE)dans la collection « Les Introuvables ».
La Collection VINTAGE continue avec le 25/01/2012 cinq TITRES DONT « CAPITAINE KIDD » et « RAIN »(Lewis MILESTONE)
Par la suite sont annoncées :
-THE SWIMMER
-LE MONDE,LA CHAIR ET LE DIABLE (très attendu)
et « INSPECTEUR DE SERVICE » (John FORD). »SEVEN WOMEN »n’est malheureusement pas dans les cartons à ce jour.
Par contre « Le Jugement des Flèches » et « Les Indomptables » ne sortiront pas, les matériaux de départ étant de trop mauvaise qualité.
Vaste programme et très éclectique.
Merci pour l’attention, cher Augelmman!
Je salive par avance en attendant La nuit du chasseur ou Northwest passage voire Nightfall.
Par ailleurs Human desire n’est peut-être pas le meilleur Lang mais c’est un grand Lang tout de même qu’il est passionnant de comparer avec la bête humaine de Renoir.
Tant pis pour le jugement des flèches…que dire?
En revanche Le monde, la chair et le diable est peut-être très attendu…mais pas par moi! Ce film m’avait semblé un peu trop didactique et statique pour s’avérer convaincant. On a vu tellement mieux et moins prétentieux depuis!Peut-être suis-je dans l’erreur et qu’il mériterait un autre visionnage?
Je ne connais pas cet Inspecteur de service de Ford et suis toujours en attente d’une belle édition DVD de The last hurrah en revanche, très souvent escamoté par les cinéphiles alors qu’il s’agit de l’un de ses chefs d’oeuvre.
Une dernière question : qd vous parlez de coffret Lang, est-ce bien celui qui regrouperait Beyond a reasonable doubt + While the city sleeps? Si c’est le cas, alleluia!!!!!
Cher BALLANTRAE,
Oui, il s’agit bien de While the city sleeps+Beyond a reasonable doubt.Quelle bonne nouvelle en effet.Le meilleur de Lang « américain » enfin visible.
Merci de parler de « La dernière fanfare » de John Ford qui est un film admirable (Spencer Tracy est bouleversant dans son rôle). Je ne peux que vous conseillez « Inspecteur de service » (je ne l’ai vu que 2 fois)avec Jack Hawkins. Jean Roy dans son ouvrage « Pour John Ford » (Editions du Cerf)y consacre un chapitre entier. Il reste encore des oeuvres de Ford à sortir en DVD (en BLU RAY TRES PEU DE FILMS DISPONIBLES : c’est scandaleux).
Il y a aussi (j’ai oublié de le noter sur mon message ) »TWO WEEKS IN ANOTHER TOWN » qui sortira aussi mais certainement en 2013 (au mieux fin 2012).
INSPECTEUR DE SERVICE est un Ford tout à fait estimable, tourné à Londres, et qui a pour thème l’héroisme quotidien, ce qui est très fordien. D’accord avec vous sur THE LAST HURRAH et plutôt d’accord avec vous sur Le Monde, la Chair et le Diable.
Bonjour Monsieur,
Je voudrai vous remercier de nous faire partager votre cinéphilie.
D’ici quelques jours sortira DRIVE, un film que je vous conseille vivement. Je voulais connaitre votre avis sur les autres films de Nicolas Winding Refn (La trilogie PUSHER, BRONSON,VALHALLA RISING).
Merci d’avance.
Bonne continuation et encore bravo pour votre blog.
Laurent Scof
Vous avez mille fois raison de vanter le travail de Malavida qui nous rappelle le génie propre aux pays de l’Est dans les 60′, 70′ voire 80′ ( les quadras comme moi en ont vécu les derniers feux…).
Les cinéphiles jeunes ou pas doivent absolument découvrir ces oeuvres où l’imagination est reine ( Valérie au pays des merveilles tout comme l’Alice de Svankmajer font oublier sans peine la bouillie numérique de Tim burton par le trouble malaisant, parfois vertigineux qu’ils savent voir en lewis Caroll qu’ils n’adaptent pas littéralement; Has investit de son côté des imaginaires plus métaphysiques dans Le manuscrit trouvé à Saragosse d’après le génial roman de Potocki ou dans La clepsydre où on croise les ombres de Kafka,Walser ou Kantor), où la réflexion sociale et politique s’avère acérée ( du facétieux Forman au dialectique Jancso, il y en a pour tous les goûts!!!). Quant à la question esthétique, elle est traitée de manière renversante!!!
Les années 90 ou 2000 voient encore par intermittence surgir un auteur fulgurant: Sharunas Bartas avec Corridor ou Few of us, Kornel Mundruzco avec Delta, Georg Palfy avec Hic ou Taxidermia,Zviaguintsev avec Le retour ou Le bannissement sans parler bien évidemment d’Alexandre Sokourov dont le Faust, lion d’or à Venise, va enfin permettre peut-être une plus grande visibilité.
Il n’en demeure pas moins que cette ère semble un peu révolue et Malavida permet de corriger des oublis bien regrettables.Potemkine pourrait être associé à cette entreprise( Mère et fils de sokourov, Requiem pour un massacre de Guerman, un coffret enfin complet- nostalghia manquait à l’appel chez MK2- de l’oeuvre de Tarkovski) de même que Bach films (pour les muets sovietiques: Eisenstein,Barnett, Poudovkine,Dovjenko dont on ne vantera jamais assez le génie de La terre)ou encore Ideal audience ( pour sa contribution en matière de documentaires de sokourov: elegie de la traversée, Elegie paysanne, Confession,Dialogue avec Soljenityne). Et je dois en oublier!!!
Je suis surpris que personne ne mentionne et se réjouisse de la réédition d' »Eclairage intime », le premier Ivan Passer, d’une fraîcheur que n’égalent que les premiers Forman, auxquels Passer est étroitement associé.
A Jean pop Deux
Mais j’en ai parlé dans une lointaine chronique et en ai dit tout le bien qu’il faut en penser.
En effet ! Je vous pardonne.
De Elem Klimov, « requiem pour un massacre »… Et si vous aimez les Russes, je vous conseille les films de sa femme, Larisa Shepitko, qui n’en a fait que trois il me semble à cause d’un accident de voiture qui a mis fin à 41 ans à sa vie et son œuvre, sublimes, d’une grande poésie, d’une grande beauté et d’une grande violence, édités chez… Criterion…
Merci pour le renseignement…il va vraiment falloir faire dézoner le lecteur!!!!
Et Klimov est un immense cinéaste ne serait-ce que par Requiem pour un massacre (Va et regarde pour une traduction littérale plus juste.
Il en est un autre qui m’avait impressionné en 1999 c’était Alexei Guerman avec Khroustaliov, ma voiture à l’épaisseur romanesque presque trop touffue, aux choix esthétiques baroques soudainement tranchés par le couperet de l’Histoire.
J’ai cru comprendre qu’un nouveau film de l’auteur était sur le point de sortir.
Même si le lien est ténu, signalons que La mouette de SLumet est diffusé sur TCM jeudi soir et c’est aussi magnifique que nous l’annonçait Bertrand dans 50 ans…et inattendu malgré tous les beaux films de Lumet.
Je trouve très amusante votre remarque (à propos du coup de l’escalier) sur les poursuivis qui se mettent à jour au lieu de se terrer. Cela me rappelle une phrase de Philippe Garnier dans son délicieux livre « caractères » où il parle de ces nombreuses fins de films où les valises des gangsters s’ouvrent, laissant s’envoler les billets volés, et il précise (je cite de mémoire): « ces types toujours tirés à quatre épingles et pas foutus d’acheter une valise qui ferme ».
Vous abordez à deux reprises des adaptations de Hugo:
-93 étant l’un de mes romans préférés, je suis plus qu’intrigué par le coffret Cappellani …et dois avouer que je ne connais absolument pas ce cinéaste apparemment important et ambitieux
-Les misérables par Le Chanois étaient assez ennuyeux si c’est la version avec Gabin, bourvil, etc…mais cette oeuvre a t’elle été déjà servie de manière pleinement convaincante? Il est dommage que lino Ventura ait dû travailler avec Hossein car lui était admirable tout comme Harry Baur (si je me rappelle bien, il faudrait que je le revois)
En relisant La débâcle de Zola, j’ai été surpris de constater que le superbe Neige sanglante de Kozinttsev et Trauberg en serait une adaptation. Mon souvenir en est trop vague pour que cela me saute aux yeux…je vais voir si le film est disponible chez Bachfilms.
A Ballantrae
Pour les Misérables, le Raymond Bernard domine de loin mais le Freda (introuvable dans ses deux parties) est intéressant. L’HOMME QUI RIT de Leni vaut le coup et le QUADIMODO de Dieterle est une très bonne adaptation. Je ne me souviens plus du Lon Chaney
Bonjour
Je retrouve, suite à un vieux souvenir d’un Misérables égyptien, le dico des films de G Sadoul (1965), et retrouve en effet trace d’un Misérables (El Boassa) signé en 44 en Egypte par Kamal Selim, avec Abbas Farès et Amina Rizk. Il me semblait bien que ça m’avait frappé en 1965! Valjean se nomme El Charkawi et Mr Madeleine, Sherif Pacha, Javert devient le colonel Fahume. Selon Sadoul, « cette adaptation est l’une des meilleures… ».
additif: je ne retrouve pas l’ouvrage de Georges Sadoul dans sa biblio sur Wikipédia: un Dictionnaire du Cinéma, Seuil, 1965 y figure, or, je précise que j’ai bien sous les yeux un Dictionnaire non pas du Cinéma mais des Films signé G.S., format poche, avec Delphine Seyrig allongée dans Marienbad (photo en négatif), éd. Microcosme/Seuil, 1965.
LES MISERABLES de Raymond Bernard est en effet un grand film, avec de l’ampleur, du souffle, des décors somptueux de Jean Perrier(la forêt effrayante et baroque où Cosette traîne son seau, les quartiers de Paris reconstitués à Biot, dans le Sud de la France, etc.). Il est intéressant de rappeler à ce sujet que Bernard avait, en 1925, préparé une adaptation de L’HOMME QUI RIT. Charles Dullin devait en être l’interprète, les costumes devaient être de Jean Hugo (petit-fils de Victor). On avait même parlé un temps d’une possible coproduction franco-américaine, avec peut-être Lon Chaney… Mais à ce moment-là, la Société Générale de Films (Jacques Grinieff), qui devait produire L’HOMME QUI RIT, se consacre au sauvetage du NAPOLEON de Gance, avec apparemment l’accord de Bernard (ce dont Gance lui sera toujours reconnaissant), sacrifiant ainsi L’HOMME QUI RIT. C’est ainsi que huit ans avant LES MISERABLES, Raymond Bernard avait déjà écrit une première adaptation de Hugo (le scénario était achevé). Bien plus tard, en 1945-46, il envisagera aussi de tourner un film sur les amours de Hugo et Juliette Drouet – le projet n’aboutira pas – et, encore plus tard, réfléchira encore, semble-t-il, à une nouvelle adaptation des MISERABLES pour la télévision !
Conrad Veidt était remarquable en HOMME QUI RIT mais le film de Leni n’atteint pas la puissance du roman de Hugo.
Je rêve (sans grand espoir) de voir un jour un éditeur courageux (ou fou ?) proposer en DVD l’intégrale de la série « Choses vues » créée pour l’émission « Océaniques » de Pierre-André Boutang au début des années 80 où Michel Piccoli en voix-off lisait des morceaux (toujours très bien) choisis du fantastique journal de Victor Hugo. Je ne vois que l’INA pour tenter ce pari audacieux…
Le problème principal avec Hugo, c’est peut-être qu’il n’a pas besoin du cinéma. Un film, même très bon, va avoir du mal à se hisser au niveau. En revanche, il peut donner envie de lire l’oeuvre littéraire à un public à priori peu enclin à la fréquentation de nos vieux classiques…
A Pascal Minette:
La question de l’adaptation souhaitable ou non des grands textes est complexe: la trahison est souvent au RDV parfois simplement à cuase de l’ampleur de la tâche, de la simplification inhérente à la lisibilité du film. Je ne peux m’empêcher de rêver d’adaptations de mes romans favoris non par souci de vulgarisation pour un vaste public mais pour voir comment un artiste sait trouver des équivalences, sait se frayer un chemin dans l’oeuvre pour en proposer une lecture.En somme, j’estime que l’adaptation sait poser quand elle est réussie -et même parfois qd elle est ratée- les bonnes questions sur l’oeuvre, bien plus que des études savantes: en voyant l’adaptation stendhalienne et flamboyante de Madame Bovary par Minnelli, je comprends la spécificité de Flaubert; en découvrant l’adaptation de la chute de la maison Usher par Epstein, je vois une équivalence visuelle et très lisible des pages ésotériques de Poe ouvrant souvent les nouvelles:l’invisible et les phénomènes magnétiques sont transmués en éléments de montage par des rapprochements entre images;en m’émerveillant devant Le guépard, je relis le livre en associant les préoccupations de Lampedusa et leur équivalence dans le milieu du XX chez Visconti; Fellini réinvente Le Satyricon de Petrone en comblant ses lacunes et en surlignant l’absolue étrangeté d’un texte antique ; au contraire Rohmer réussit la gageure de me faire aimer et appréhender L’astrée dont je n’avais lu -avec un certain agacement que des extraits ( je ne l’ai pas lu intégralement: cela n’existe pas dans le commerce mais j’ai mieux compris les enjeux visibles dans les digest). On pourrait multiplier les exemples de Huston ( kipling , Melville, Joyce ou Lowry)à Oliveira (Flaubert, Mme de Lafayette) en passant par exemple par Welles(shakespeare,Kafka,Cervantès)ou notre cher B Tavernier (Thompson,Mme de Lafayette…).
Par ailleurs, je crois que la littérature importante ou supposée mineure demeure le premier réservoir de sujets pour le cinéma quand on voit la pauvreté de certains concepts marketing ( buddy movie, séries Tv transposées, suites, préquels,jeux vidéos voire jouets ou attractions Disney) car savoir écrire ne s’improvise pas!
Des films supérieurs à leur origine littéraire, ça se trouve évidemment; mais avec Hugo…Prenez n’importe quelle page des Misérables, la rencontre Cosette-Jean Valjean, par exemple, dans la forêt. Rien à faire, le plus talentueux des cinéastes ne fera rien de mieux que ce que vous avez imaginé vous-même en suivant les mots du livre. Il n’empêche qu’un film peut donner le goût de lire, ou bien, comme vous le dites, d’éclairer une oeuvre mal comprise. Moi qui aime tant Ford, je n’ai pas pu m’empêcher d’être déçu de sa « Verte vallée », que j’ai vue après la lecture du bouquin. Pourtant, c’est en voyant une photo du film dans mon manuel d’anglais que je m’étais jeté sur la prose de Richard LLewellyn !
A Minette Pascal,
Là je ne suis pas très d’accord. Je trouve le film supérieur au livre, estimable, intéressant mais Ford en fait quelques chose de profondément personnel. Il décale le livre et le ramène à lui
Au sujet de « Qu’elle était verte ma vallée », il y a aussi des choses que j’adore dans ce que Ford a ajouté au livre : la musique omniprésente et sa subtilité narrative à certains moments : par exemple, quand Huw revient de l’école anglaise où il a été battu, au lieu de le montrer pleurnichant en gros plan dans les bras de son père, Ford le filme de dos, de loin. En arrivant à sa maison, le petit garçon ne fait que poser sa tête sur le ventre de son père. Ce plan me remue toujours autant… même si je préfère quand même le livre.
Je n’ai pas vu le Mme Bovary de Minelli mais on peut peut-être se demander si vous n’avez pas plus appris sur Minelli que sur Flaubert…?
Le Le Chanois ennuyeux ? Comparez-le avec la version Josée Dayan pour la TV et vous en serez enchanté !
Minette
La version de Le Chanois est étriquée, plate, sinistre. Il n’avait absolument pas la tripe épique. Il n’aimait pas Hugo, disait Audiard qui détestait ce film. Le vrai le Chanois, j’en ai parlé, c’est le scénariste talentueux de LA MAIN DU DIABLE, c’est l’ECOLE BUISSONNIÈRE, SANS LAISSER D’ADRESSE qu’il faut voir.
Oui, elle n’est pas très convaincante malgré les numéros d’acteurs faute de rythme, de lyrisme.
C’est bien de Raymond Bernard que je voulais parler.
Dans le Freda, n’est ce pas Gino Cervi qui joue Valjean? Si c’est le cas, cela ne m’avait pas semblé mémorable.
Ces pauvres misérables ont été bien malmenés: n’oublions pas effectivement Josée Dayan (qui avait réussi aussi à faire grossir Edmond Dantès au bagne!), Bille August, Lelouch …
Merci en tout cas , Bertrand, pour les infos sur L’homme qui rit qui est aussi un roman magnifique.
Le Quasimodo de Dieterle avec encore un Laughton magnifique est effectivement très beau rejetant dans l’oubli la version de Delannoy je crois avec Anthony Quinn-dont le maquillage à l’oeil protubérant passait alternativement de droite à gauche au gré du métrage- et Lollobrigida (malgré les décors de René Renoux que j’avais pu longuement rencontrer en Bourgogne avec le cinéclub F Truffaut)
Apparemment seuls manquent à l’appel Les travailleurs de la mer qui pourrait devenir un film sublime.
A Ballantrae :
LES TRAVAILLEURS DE LA MER a bien été adapté au cinéma, en 1917, par André Antoine (dont Duvivier était assistant, deux ans avant de devenir lui-même réalisateur). Mais je n’ai pas vu ce film !
Par ailleurs, je ne suis pas d’accord pour englober Claude Lelouch dans les massacreurs des MISERABLES. Il a toujours été de bon ton de mépriser l’oeuvre de ce cinéaste, que l’on commence depuis quelque temps à réévaluer et qui, j’en suis convaincu, finira par sortir de cet incompréhensible purgatoire cinéphilique. Il y a des scories dans sa carrière, et on peut pour diverses raisons ne pas être sensible à son style, mais on y trouve, je crois, beaucoup plus de cohérence, d’invention, de sincérité, de souffle, d’amour des acteurs que dans bien des oeuvrettes portées aux nues dans le même temps. Bref, je ferme la parenthèse, mais sa version des MISERABLES transposée au vingtième siècle est à mon avis tout à fait estimable et possède le souffle des grands mélodrames.
Sur le QUASIMODO de 1923 avec Lon Chaney, il n’y a malheureusement pas grand chose à en dire aujourd’hui. Le film eu un succès certain à l’époque mais le film globalement a vieilli : le masque que s’est fait l’acteur ne suscite jamais l’émotion (contrairement à Laughton dans la version Dieterle) et la mise en scène très statique provoque rapidement l’ennui. Vu dans une copie affreuse en dvd chez Bach films puis dans une version restaurée par arte (ce qui n’a d’ailleurs aucunement fait évoluer mon jugement).
M. Tavernier, M. Martinbrady and others who admire that most unsettling (and the unease generated comes more from sound than the visuals) of horror films ISLAND OF LOST SOULS might want to check out MURDERS IN THE ZOO, released the following year (1933), screenplay by Phiip Wylie,one of the writers of …SOULS,featuring Kathleen Burke (the Panther Woman) as the wife of a seriously deranged zoologist(Lionel Atwill) who opens the film by sewing the lips of one of his wife’s lovers shut and then depositing the muted swain in a patch of jungle heavily frequented by lions. Randolph Scott,reputedly one of the beast men in …SOULS,appears in a supporting role. Edward Sutherland,director of bizarre vehicles for Cantor (PALMY DAYS) and Fields (INTERNATIONAL HOUSE), cracks the whip here. Charlie Ruggles is also on hand,as unwelcome as Ted Healy in MAD LOVE. Available over here in Region 1. Best, Michael Rawls
Mr Rawls, ce Murders In The Zoo a l’air terriblement excitant, Maltin le note 3* (3*1/2 pour Islands), j’apprécie particulièrement le « zoologiste sérieusement dérangé (…) cousant les lèvres d’un des amants de sa femme et déposant ensuite le soupirant réduit au silence en plein milieu d’un sentier de jungle largement fréquenté par les lions ».
A part ça, j’avais complètement occulté les participations de Randolph Scott et Alan Ladd à Island 1932, dans le rôle de deux des fameuses bêtes humaines! Panouilles forcées étant donné leur très bas degré de stardom à l’époque, ou participations amicales ou un peu des deux (non crédités officiellement tous deux)?
Ah, je rêve d’un « Seriously Deranged Zoologists Film Festival »!. Amicalement.
A martin brady
Panouilles
Là, je ne sais pas si il faudrait parler de panouille, mais dans le cadre du festival suggéré par martinbrady, on pourrait placer Cary Grant en tortue dans la version 1933 d’ALICE IN WONDERLAND et Oliver Hardy dans la version 1925 du WIZARD OF OZ ;P
Sans lien aucun avec les sujets traités, je signale avoir vu en DVD ZONE 1 un des premier long métrages muets de KING VIDOR, intitulé THE JACK-KNIFE MAN (L’Homme au Couteau) qui date de 1920 dans lequel un vieux marin recueille un enfant dont la mère est décédé. L’histoire est assez conventionnelle, mais évite toute mièvrerie car Vidor introduit suffisamment d’éléments dramatiques pour éviter la naïveté. L’humour est également présent ainsi qu’un certain réalisme des décors; Vidor montre en outre que ses talents de conteur n’ont pas attendu le nombre des années pour éclore. Beaucoup de plans sont superbes. Un film à découvrir pour les amateurs de cinéma muet.
Vous écrivez à propos de He Walked by Night : » Alton exécute une série de variations sur des lampes torche sans doute très renforcées… »
Revoyez une de ces séquences, on y perçoit distinctement un cable électrique qui court le sol et qui doit alimenter de petits projecteurs que portent les acteurs.
Comme James Wong Howe l’avait déjà fait en 1938 et en Technicolor dans Les aventures de Tom Sawyer.
A Marc Salomon
Renforcées justement soit par des batteries reliées à un mini groupe. Mais c’est impossible pour les plans très larges, toute la longueur de l’égout. On le verrait dans les jambes des acteurs Et le cable sert aussi à alimenter un ou deux décrochements imperceptibles. Mais Alton nous avait dit que plusieurs plans avait tourné juste avec un ou deux électriciens locaux, pas des gens de cinema. D’où ces ennuis continuels avec le syndicat
Sur le DVD édité par Bach Films, à 1.14.27, quand les 5 policiers s’éloignent de dos dans les égouts, on voit distinctement que 3 d’entre eux tiennent chacun une lampe « habillée » en torche et trois cables qui trainent derrière eux et progressent en même temps sur le sol mouillé.
M. Tavernier,
Je vois que vous citais Valérie au pays des merveilles, parmi les films tchèques chez malavida. Merci pour la mention car je mourrais d’envie de le voir depuis le commentaire de sa bande-annonce par Joe Dante sur Trailers From Hell. Je ne le trouvais pas vraiment donc merci encore.
Quant à Blue Velvet je suis heureux que vous ayez modifié votre avis sur ce chef-d’oeuvre (le seul à mon sens de Lynch) car votre mention « mitigée » du film dans 50 ans de ciné américain m’avais plutôt étonné.
Je viens de recevoir mon Positif du mois de Septembre et tiens à féliciter l’Institut Lumière et Actes sud d’avoir repris ma bible mensuelle afin que son élaboration et sa diffusion ne posent pas problème.
Un seul bémol: le dossier est consacré aux séries américaines-c’est tout à fait par une pure coincidence que le sujet avait surgi sous mon clavier en début de semaine!Pourquoi pas? Mais je prèfère lire les plumes des rédacteurs sur bien d’autres sujets!
Notons que le numéro de septembre met en vedette Melancholia dont nous avons déjà parlé mais aussi l’admirable La piel que habito , l’un des plus beaux Almodovar inspiré à la fois par Mygale du regretté T Jonquet et par Les yeux sans visage de Franju dont nous parlions lors d’une chronique précédente:changements de registre osés, structure assez diabolique, photo et mise en scène très pensées et sobres. Almodovar n’est plus le représentant un peu mode d’une movida iconoclaste et bariolée mais un cinéaste à part entière.Un opus à situer pas très loin de ce qui m’apparaît jusqu’à maintenant comme son chef d’oeuvre Parle avec elle.
Monsieur Tavernier, Martin Brady and some other readers of this blog might be interested in knowing that THE NOOSE and THE GANGSTER are in fact available, NOOSE from amazon.uk and GANGSTER from amazon.com, the former region 2, the latter open region. I have no information re presence of French sub-titles. Oh, and one reason for Frankenheimer’s resurgence of energy toward the end of his career, aside from Turnerian generosity, may have been his abandonment of alcohol (no, I’m not a teetotaler). He looks like a total burnout in the supplement to the video release (1989) of the MANCHURIAN CANDIDATE and completely rejuvenated in the 90s on set photos in Champlin’s JOHN FRANKENHEIMER (1995). But whatever his intake of spirits,his technique never seemed to abandon him, even with a sub Movie of the Week script like that for DEAD BANG. And his directorial commentaries on SECONDS,THE TRAIN, and the shamefully (for the audience) commercially unsuccessful THE GYPSY MOTHS are the best I’ve ever heard.
A Michael
Je crois que ces observations sont très justes. Je connaissais John et il a traversé une mauvaise passe.
En pleine lecture du Mac Gilligan, je rencontre via Hitchcock les noms de producteurs prestigieux tels que Zanuck, O Selznick…Le plus redoutable c’est DOS ( David O Selznick )si j’en crois la biographie: j’ignorais combien Hitchcock avait dû ruser pour parvenir à ses fins avec un contrat complexe autant pour le studio S international pictures/ united artists que pour les « prêts » vers d’autres studios.
Le système des studios est complexe et votre chp « Les studios » dans 50 ans de cinéma américain était déjà éclairant. Pour compléter nos connaissances quels ouvrages pouvez nous conseiller?
A Ballantrae, il y en aurait un certain nombre de titres à vous conseiller, un Louis B Mayer de Charles Higham, très amusant malgré sa propension à voir des homosexuels et des nazis partout,KING COHN de Bob Thomas le GOLDWYN de Scott Berg, une bio bonne de Walter Wanger, les mémoires de Kazan, les entretiens de Bogdanovich. On apprend plus dans la bio d’un cinéaste que dans celle d’un « mogul », le Selznick de David Thomson. Je vais affiner cette liste
Merci pour tous ces renseignements!
Par ailleurs, il est vrai que le cinéaste est celui qui nous en apprend le plus.
Existerait-il, plutôt qe des bios éparses, une synthèse sur les grands producteurs américains?
Il y a un livre, « CINEMA » (Ed Ramsay/1984), regroupant les notes et memos que D.O Selznick faisait parvenir aux réalisateurs et autres collaborateurs lors des tournages. Il focalisait parfois sur des détails que lui seul envisageait; avec le recul, même si l’on ne connait pas tous les films, c’est parfois réjouissant
A Catherine
Mais aussi vain et désespérant par rapport aux memos de Zanuck. Selznick se perd dans des détails jusqu’à l’obsession.
Cher Monsieur Tavernier
Le livre de David Thomson que vous évoquez (SHOWMAN, THE LIFE OF DAVID O. SELZNICK, 1992), que j’ai lu récemment, me semble être un livre remarquable, un travail de recherche fouillé et passionnant. Sans doute n’est-ce pas un livre sur les studios en général, mais le portrait de Selznick, à la fois le producteur et l’homme privé, est, me semble-t-il, à recommander vivement. Une autre biographie de producteur, publiée l’an dernier aux Etats-Unis, est également très intéressante : IRVING THALBERG, BOY WONDER TO PRODUCER PRINCE de Mark Vieira, portrait de cet homme qui possédait à la fois le sens du commerce et d’indéniables ambitions artistiques, qui nous plonge dans l’âge d’or de la MGM des années 20 et 30. Connaissez-vous ce livre ?
A Demachy
Non mais je recommande aussi la bio de Walter Wanger
A Bertrand Tavernier
Oui, Walter Wanger, L’homme qui a tiré sur Fritz Lang, qui faisait les yeux doux à Joan Bennett !!
…
Cette bio a t’elle été traduite en français ??
A Catherine
Correction : Wanger n’a pas tiré sur Lang (Fritz) mais sur Lang (Jennings), l’amant de sa femme. Lequel Jennings Lang est devenu par la suite executive à UNIVERSAL où il produit WILLIE BOY, Les PROIE, PLAY MISTY
Pour revenir sur le contenu du Mc Gilligan sur Hitchcock que j’ai lu cet été : on repose le livre avec le sentiment de mieux connaître le réalisateur, son travail avec les scénaristes, ses relations aux acteurs, l’influence considérable de sa femme, l’acharnement effectif de Selznick (lire les pages sur LE PROCES PARADINE est éclairant sur ce nabab hollywoodien). Le style du biographe y est aussi pour beaucoup. Pour rester dans les bios de l’Institut Lumière, j’avais refermé le Mc Bride sur John Ford avec plus de questions sur l’homme qu’avant d’avoir débuté la lecture ! Ce qui montre bien la complexité de ce réalisateur (dont même une bio dite « définitive » a du mal à rendre compte) !
Cher Bertrand,
Loin de moi l’idée de lancer un débat comparatif séries/cinéma car je ne suis pas accro aux premières et laisse fréquemment passer des épisodes…
Sur les fins de carrière, je suis un peu surpris par vos assertions sur les deux titres de Franhenheimer cités:
-l’île du docteur Moreau est loin d’être un bon film avec ses incohérences scénaristiques, les cabotinages respectifs de Brando et Val Kilmer, ses effets utilisés de manière très inégale,sa photo assez hideuse lors des scènes nocturnes…bref une trahison qui ferait passer pour un chef d’oeuvre absolu la version des 30′ ou celle des 70′!
-Ronin était un peu routinier, non? J’essaierai de le revoir pour vérifier un film qui m’avait semblé confus et visuellement terne.
En tous les cas, j’adore Birdman, Seven days, Gypsy moths, I walk the line et Black sunday ne me semble pas si mal (assez proche au final de Munich, à mon sens une réussite de spielberg) et 52 pick up est pas mal du tout, un polar assez méconnu tout comme street smart dans les 80′.
a Ballantrae
J’ai du écrire trop vite. Je voulais dire que Frankenheimer termine sur un film magnifique qui annonçait des lendemains prometteurs, films qui rachetait non ses téléfilms passionnants (WALLACE, ANDERSONVILLE) mais en effet les pénibles MOREAU et RONIN (techniquement meilleur mais vain)
Ah! Je suis rassuré de ne pas avoir eu la berlue en constatant des relents nanardesques dans Moreau: je pense au grimage papal de Brando, à sa grandiloquence, à D Thewlis hilare qd Kilmer surjoue en imitant Brando…
Bonjour
J’ai vu sur DvdClassik que le Moreau original (1932) de EC Kenton venait de sortir chez Criterion. J’avais été très frappé à l’âge de 20-25 ans par ce film étonnant vu à l’Actua-Champo, dans lequel Laughton était convaincant pour le moins (toujours en costume blanc impeccable, gilet et noeud pap!), mais aussi une atmosphère entêtante et monstrueuse finissait par gagner le spectateur, j’avais l’impression d’avoir emporté avec moi sortant de la salle, les effluves de ces mélanges monstrueux mixés d’humain et d’animal. Kenton a vraiment réussi à établir une ambiance. Ce film n’est jamais repris et est donc assez rare (à moins que je ne l’ai laissé passer!), ce Kenton est quand même assez mystérieux, quelle carrière! Acteur, puis réalisateur pour Mack Sennett, puis deux longs avec Abbott et Costello, puis réalisateur de films d’horreur pour la Universal, puis séries TV de toutes sortes, de 52 à 60.
JP Putters fait remarquer dans l’excellent Craignos Monsters, que jamais aucune explication n’est donnée sur le but réel des expériences du dr Moreau, remarque qui peut être faite aussi à propos de la plupart des savants fous du cinéma!
pardon: allait sortir le 11 octobre chez Criterion!
A Martin brady,
J’ai vu aussi Island of lost souls ( titre original) de erle C Kenton mais cela date de mes 12 ou 13 ans et je ne sais comment j’ai pu le voir…cinéma de minuit? dernière séance? Je ne sais plus.
L’atmosphère dans mon souvenir était terrifiante notamment lors de scènes nocturnes s’apparentant à des rites barbares où le costume immaculé de moreau tranchait sur des noirs grâce à l’écaliarge des torches brandies par les hybrides. Laughton était superbe et inaugurait une série de croquemitaines bigger than life ( à propos , j’ai revu il y a qqs semaines,dans le cadre de la lecture du Mac gilligan , Jammaica Inn et je trouve que ce film jugé souvent comme impersonnel possède de solides qualités narratives et plastiques préfigurant la veine « gothique » d’Hitch qui sera magnifiée dans Rebecca, under Capricorn ( que je m’apprête à revoir ) ou Vertigo netre autres.).
J’aime beaucoup HG Wells mais trouve qu’il a souvent été désservi dans les adaptations: ce film -tjs avec la prudence des visiosnnages lointains- pourrait être l’une des meilleures avec les 9/10èmes du Spielberg La guerre des mondes.
Le Moreau des 70′ avec Lancaster et M York a beaucoup vieilli malgré de bons maquillages et une belle prestation du « guépard ».Barbara Carrera est très plastique mais un peu déplacée sur cette île notamment!
Je crois que la version Frankenheimer, à la décharge de celui-ci- a connu bien des aléas et a d’abord été entre les mains de R Stanley ( dont les fans de ciné de genre attendaient beaucoup pour des raisons qui me restent obscures au vu de ses films) puis a connu des interruptions diverses. Le cinéaste n’a certainement pas maîtrisé la situation.
C’est vrai, sa Guerre Des Mondes m’a réconcilié avec Spielberg, particulièrement le début lorsqu’il montre la panique s’élever lentement, avec ce regard sur la foule et le jeune sur son roller filant plus vite que les gens qui commencent à courir qui eux-mêmes filent plus vite que ceux qui continuent à marcher, ce qui fait trois degrés d’incompréhension ou d’angoisse, bien vu…
Bonjour Bertrand,
je me souviens qu’à l’époque de la sortie de « Ronin », Robert De Niro avait déclaré qu’il avait rarement pris autant de plaisir sur un tournage et qu’il s’était entendu à merveille avec Frankenheimer.
Sans valoir ses grands films ambitieux des années 60-70, « Ronin » tient bien le coup comme divertissement policier, en partie grâce aux extérieurs tournés à Marseille et au renouvellement de la traditionnelle poursuite de voitures qui rejoint dans la légende celles de « Bullitt » et « French Connection ».
En revanche, je vous rejoins sur « L’Ile du Dr. Moreau » qui est bien pénible à regarder.
A Olivier Douarre
Je n’accorde pas beaucoup de credit à ce que dit de Niro. Oui, le tournage a été agréable, une suite de restaurants et d’hotels 4 ou 5 étoiles de l’Oustau de Baumanière à… Le film en bien dirigé mais vide, vain. Personne et surtout pas les scénaristes ne savent ce que l’on poursuit et pourquoi. On est loin de MANCHOURIAN CANDIDATE ET de PATH TO WAR. Je me demande même si BLACK SUNDAY n’est pas plus intéressant
Bonjour,
je suis enseignant en histoire géographie dans un collège de Guadeloupe où j’ai créé avec un collègue d’Arts Plastique une option cinéma. Nous formons les élèves à analyser des oeuvres cinématographiques et à réaliser des court métrages. Nous avons remporter le premiers prix au concourt « Jeunes cinéastes Guadeloupe » en mai 2011.
Je souhaiterai prendre contact avec Bertrand Tavernier pour pouvoir assister, si cela est possible, à un tournage.
Bien à vous.
Pascal Barraud
De Blier, NOTRE HISTOIRE avec Delon m’avait étonné mais je ne l’ai pas revu depuis. Et TENUE DE SOIRÉE n’a étonnamment pas pris une ride alors qu’il semblait, sur le coup, très marqué par son époque. Et n’oublions pas PRÉPAREZ VOS MOUCHOIRS et la scène avec le voisin sidéré, Michel Serrault.
Pour la petite anecdote, dans THE CLOCK, entre 17 h 45 et 20 h, partie visionnée ce dimanche, on y voit nombre de scènes avec Fred Mc Murray, dont un extrait de LA GARÇONNIÈRE et d’autres que je n’ai pas identifié.
Et je confirme que c’est une œuvre absolument passionnante, que l’on soit cinéphile ou pas, et la bonne nouvelle est que le Centre Pompidou a eu l’excellente idée de l’acquérir en s’alliant à la Tate Modern et au Musée d’Israël, à Jérusalem, et que des scéances de rattrapage seront certainement programmées pour ceux qui n’ont pu s’y rendre, ainsi que pour ceux qui n’ont pu y dédier leur week-end tout entier.
Bonjour
Mr Tavernier, étant donné le culot du distributeur de Road To Nowhere, je suis obligé d’attendre la sortie du dvd en France le 8/11 (vous avez dû voir le z1) pour vérifier ce que vous écrivez! A Roanne, on a pas eu droit au film de Hellman.
Pour Damien Doussin: en ce qui concerne Malick, étant donné le pénible Tree Of Life, je crois que la fameuse nécessité « de travailler régulièrement pour un metteur en scène pour se maintenir à niveau » assertion qui de toute façon, me paraît hasardeuse et, pardonnez-moi je ne trouve pas d’autre mot mais ce n’est pas méchant, simpliste (il me semble que ceci vaudrait plus pour toute la partie technique, et même…) se vérifie justement dans son cas! Par contre, Polonski (Willie Boy) contre avec bonheur l’assertion! Car après tout, après Badlands, et en grande partie grâce à Warren Oates et Erik Satie, deux axiomes historiques que Malick fut assez malin pour se les adjoindre, qu’a-t’il bien pu faire pour ne pas nous ensevelir sous des tonnes de clichés comateux de guimauve barbapaienne qui ont tant fait sangloter Robert De Niro récemment à Cannes? (La Ligne Rouge aussi, seigneur pardon…).
Bien amicalement à tous les cinéphiles (y inclus joyeux membres du Fred McMurray Fan Club!)
jls
A Martin Brady
Cette assertion est bien sur discutable et susceptible de beaucoup de contre exemple. Elle dépend aussi de la personnalité des metteurs en scène. Certains seraient malades, s’étioleraient s’ils ne tournaient pas régulièrement. Il y a des musiciens qui ont un besoin organique, vital de jouer pour s’améliorer. Lewis Milestone, condamné à une inactivité forcée, de près de 18 mois pour des raisons politiques, fit un infarctus. Ce qui ne l’empêchait pas quand il enchainait les films d’en signer de fort mauvais (ARC DE TRIOMPHE). Chabrol avait besoin de tourner. Ce n’est pas le cas de Rappeneau (qui aurait aimé tourner un peu plus). Tourner permet de garder le contact avec le public, avec des collaborateurs, d’en choisir de nouveaux. Mais s’arreter de temps en temps peut aussi vous inspirer. Cela dit, la partie la plus discutable pour beaucoup, de TREE OF LIFE, les scènes avec Seann Penn, la fin, ont été filmées, deux ans, m’a-t-on dit, après touus les moments formidables avec les enfants et Brad Pitt. Idem pour le NOUVEAU MONDE. Là, on peut se demander si trop de reflexion n’alourdissent pas ces oeuvres. Mais là encore, comme l’a si bien dit Bazin, c’est affaire de subjectivité. Laissons passer le temps. Il fera le tri. Pour moi BADLANDS est inégalé, THIN RED LINE passionnant de même qu’une grande partie de TREE OF LIFE. Je bloque devant la second moitié du NOUVEAU MONDE (et devant Colin Farrel) et des scènes de TREE OF LIFE.
Ce qui compte dans une oeuvre ce sont ses points forts, uniques. Il y a une audace, une liberté chez Malick qu’on doit saluer et qui tranche sur le formatage de tant de produits et leur absence de spiritualité.
à Bertrand Tavernier: fus-je trop catégorique avec Malick? Peut-être me laissai-je influencer par certains concerts de louange, Thin Red Line m’avait semblé si fumeux, un souci de spiritualité peut sembler si prétentieux, c’est de la corde raide.
Par ailleurs, croyez-vous que Malick mentionne Dieu, ou cette spiritualité chez lui n’est-elle qu’un « intérêt » pour une part d’inconnu angoissante (d’où venons-nous où allons-nous et la suite…) et pour son caractère de plus petit dénominateur commun chez les hommes? Autrement dit, se sent-il concerné par Dieu ou juste par un sentiment spirituel, dans ce dernier cas, en effet, on y a pas trop droit dans le cinéma d’aujourd’hui qui s’inquiète plus des attaques d’extra-terrestres ou des mondes parallèles potteriens, ou des histoires de vengeance sanglante…
Amicalement.
A Martinbrady
Pour les adversaires, il y aurait un côté New age, mysticisme amerloque, qui perce dès le NOUVEAU MONDE. Mais on peut dire aussi qu’il recherche une sorte de transcendance dès BADLANDS
Bonjour, Mr Tavernier: ce n’est pas le lieu de se livrer à de longs développements (on en a assez avec l’ellipse!) mais je cherchais à faire la différence entre spiritualité et foi au cinéma aujourd’hui, avec ma question maladroite. Bref. Vous m’éclairez avec le mot « transcendance » à propos de Badlands, en effet ce fait-divers peu inspirant est tiré vers le haut par Malick par des moyens stylistiques et esthétiques (photo, musique originale d’ailleurs simpliste mais entêtante, appoint de Satie et des fameux « 3 Morceaux… ») qui sont efficaces et paraissent mener à autre chose d’universel. Je me posais la question à propos de certains films de JP Brisseau, je fais partie de ceux qui ne ricanent pas en voyant Un Jeu Brutal, je trouve que choisir de montrer carrément Emmanuelle Debever arrêtant à distance le bras de Bruno Cremer sur le point de commettre un meurtre par la seule force de son amour est quand même assez culotté et admirable, et touchant. Brisseau n’indique pas forcément que Debever arrête ce mouvement directement, peut-être Cremer se reprend-il parce qu’il pense à elle tout d’un coup. Ce que nous voyons est une expression de cette pensée. Je vois là une transcendance (une spiritualité?) qui ne contrarie pas mon coeur d’athée. Bonne journée à vous.
pour Ballantrae: en effet, cette ellipse de Young Mr Lincoln est un parfait exemple, d’ailleurs, elle masque tant de période et de faits, qu’elle glisse toute seule! Elle a quand même dû faire tomber le cigare de Zanuck pendant les rushes! A moins, justement qu’elle lui ait échappé pour la même raison! Ou qu’il jugea que la durée du film était du coup parfaite! Bonne journée.
A martinbrady
Zanuck était le contraire d’un idiot surtout pour tout ce qui touchait la construction dramatqie et le montage, même s’il lui est arrivé, surtout à la fin, de commettre des erreurs (les coupes de MY DARLING CLEMENTINE, le rajout de musique). Ces changements, parfois, lui plaisaient moins que ce qu’avait tourné le réalisateur mais il anticipait la réaction du public ( le salut de Fonda aurait sans doute suscité des rires alors qu’il passe magnifiquement maintenant, mieux que le baiser tourné par…lloyd Bacon ?
Cher Martin Brady,
Certes je comprends votre réaction face au concert de louanges (j’ai pu avoir de mêmes réflexes face à d’autres cinéastes ou films célébrés cf Tarantino) mais je ne partage pas vos assertions qui me semblent rudes et parfois injustes:
-la présence de Dieu et de la Bible dans le cinéma américain ne date pas d’hier et procède d’une culture assez étrangère à notre souci (fort légitime!) de bien distinguer église(s) et état: de Griffith à Mallick en passant par De Mille,Capra ,Ford,Borzage, Hitchcock, Scorsese, Ferrara… on ne compte plus les films qui sont imprégnés de signes mystiques juste esquissés ou plus signifiants
-Mallick n’est pas new age dans son appréhension de la nature mais plus largement un cinéaste empreint de la tendance contemplative de diverses traditions mystiques.La plupart des cinéastes contemplatifs ( Dreyer,Tarkovski,Ozu, Mizoguchi,Bresson…) semblent chercher à appréhender une dimension invisible en scrutant le réel, comme s’ils cherchaient à deviner un dessein secret
-la partie hallucinatoire comme l’errance de Sean Penn me semblent plus des processus mentaux que des leçons de catéchisme: on assiste à une longue méditation , à un retour sur soi douloureux amenant certainement à une réconciliation d’abord avec soi-même.Mallick est peut-être « grandiloquent » mais il parvient à rendre lyriques des états d’âme confus. Par ailleurs , au vu des nombreuses discussions avec des amis,des collègues, des blogueurs de DVD classik je pense que la pluralité des interprétations montre que le film n’est pas simpliste.
– en termes de pure mise en scène, de montage, de choix photographiques La ligne rouge, Le nouveau monde, Tree of life offrent des choix rares et cohérents qui n’appartiennent à nul autre: un plan de Mallick est souvent aussi identifiable qu’un plan de Bresson, hitchcock, Bergman ou Fellini
-Mallick s’est évidemment « nourri » durant son absence et en a tiré une voie très assurée, sereine, magistrale et ne procède pas des errances d’un cinéaste qui ne saurait plus que faire à force de ne pas tourner: je ne vois chez lui l’épuisement triste des derniers Fuller,le ressassement des trois derniers Fellini ( et pourtant j’aime beaucoup Intervista) le naufrage des derniers Tourneur mais un talent intact, une envie de filmer qui s’avère libre et enfin gourmande ( apparemment il a fini un tournage et en envisage un autre!!!)T M n’est pas woody Allen : chacun son rythme… et avouons que tous les Woody ne sont pas majeurs, ce qui n’empêche pas sa carrière de rebondir de manière spectaculaire à intervalles réguliers ( Annie Hall,Maris et femmes, Matchpoint, etc…)
A Ballantrae
Juste mais on ne peut pas mettre sur le même plan Malick, Fellini qui tournent dans la liberté la plus totale et Tourneur qui termine sa carrière avec le pire des sous studios dans des productions et une ambition lamentables. Fuller est un bon exemple de déclin mais j’ajouterai les derniers Hawks, le dernier en tout cas (les autres présentents divers signes de fatigue, de ressassement), les derniers Hitchcock après LES OISEAUX (avec ici et là, des fulgurances), Renoir et tant d’autres. Les contre exemples sont plus rares. Il y a Huston, Mizoguchi, Ozu et quelques autres. Siegel tourne deux de ses meilleurs films dans la dernière partie de sa carrière : LES PROIES et TUEZ CHARLEY WARRICK, Frankenheimer termine avec un film magnifique (des téléfilms passionnants mais aussi l’ILE DU DOCTEUR MOREAU et RONIN). Mon ami Dave Kehr est en train d’analyser et de réhabiliter deux des derniers Preminger dont SKIDOO qu’on peut trouver en dvd
Pour Ballantrae: j’ai dû voir Badlands dix fois et ne retrouve plus Malick dans ses films postérieurs, cependant, la brasserie du DvdBlog est un lieu où nous ne pouvons que nous alerter sur nos certitudes et les remettre en question, ou alors quel intérêt? Entre nous, j’ai été un peu rapide sur Malick, je le recolle donc dans mes tablettes mais j’aurai du mal à revoir La Ligne Rouge. Merci de votre développement fourni.
Pour Bertrand Tavernier: Zanuck n’était sûrement pas un idiot, je brodais seulement sur ses coups de furie paraît-il nombreux (nourri par ce qu’en dit un peu McBride dans son bouquin passionnant) et m’amuse à l’imaginer engueuler Ford, celui-ci lui opposant un monosyllabisme de marbre lorsqu’il y avait des désaccords, je ne voulais pas faire l’historien et décider que Zanuck s’étrangla réellement de fureur en découvrant l’ellipse de Mr Lincoln, car je ne sais rien de ça, je m’amusais un peu… Mais on pourrait créer une fiction rigolote (entre autres) en s’inspirant de ces deux personnages complètement dissemblables!
Je n’arrive toujours pas à décider ce qui est mieux entre la poignée de main de Fonda à Cathy Downs, ou la bise sur la joue (je viens de revoir les deux dans le comparatif établi par R Gitt en bonus du dvd). La poignée de main est un peu balourde et rappele la timidité de Fonda, et la façon dont il danse lors de l’inauguration de l’église. Elle tire vers le comique de façon amusante, « ce gros dur plus à l’aise avec les bandits qu’avec les jolies femmes… », vous voyez. Heureusement qu’on a retrouvé la version Ford.
Sinon, je posais la question de la nature de cette « transcendance » chez Malick, est-elle réellement religieuse ou juste compassionnelle, humaniste, laïque, bien sûr j’ai déjà ma petite idée!
Merci à tous pour les développements furieusement passionnés!
Juste un tout petit détail sur l’alternative poignée de main/bisou de Fonda à Clementine: je crois que les producteurs de l’époque surestimaient la sincèrité des spectateurs de « preview », public surtrié qui se savait surtrié, souvent jeune et facétieux, adorant sans doute taquiner le studio. Je préfère cette poignée de main, finalement, Fonda aurait dû même secouer un peu plus gauchement, et virilement, la main de la belle, qui aurait alors fait mine de la frotter un peu avec une mini-grimace amusée évoquant quelquechose comme « Ah! les hommes seront toujours les hommes!… », ah, si j’avais été là, damned!
Mais Zanuck privilégiait l’avis des spectateurs de « preview », au point que lui-même dit que la poignée de main lui semblait tout à fait satisfaisante, adoptant de bonne grâce un avis contraire au sien, ce qui contredit l’image du producteur tyrannique dont il pourrait trop rapidement être affublé.
Bertrand vous citez ci-dessous (le 6/09 15h20) une série de films dont seuls Noose et The Gangster sont indisponibles selon ma recherche. Naked Prey est chez Criterion (donc, un peu cher) Beach Red et Purple Plain sont dispos en z1 et très abordables, les deux Calef sont dispos en France et tous les autres d’ailleurs. J’ai vu The Gangster sur le câble il y a quelques années, c’est un film très austère pour un polar, Barry Sullivan y est admirable (!), comme d’habitude. C’est un acteur curieux encore moins cabot que Mitchum, si possible! Ma liste d’attente dvd se rallonge, ça m’inquiète un peu.
A bientôt.
A martinbrady
Zanuck ne suivait pas toujours, il s’en faut de beaucoup, les opinions affichées lors d’une preview. Hathaway raconte dans les entretiens parus chez Scarecrow que Zanuck l’emmena à la preview de GRAPES OF WRATH. Désastre, commentaires horribles, le public avait laché le film. Zanuck et ses invités restent sans mot dire pendant de longues minutes. Puis Zanuck prend la parole (personne n’aurait pu parler avant lui) : nt lui) : « Je crois que je connais le cinéma. Aussi bien que les spectateurs qui étaient là ce soir. Mieux même car je dirige un studio. Eh bien ce soir j’ai vu un chef d’oeuvre, un film admirable. Pourquoi les gens l’ont rejeté ? Parce qu’ils ne savaient pas ce qu’ils allaient voir. Il faut changer notre politique de publicité. Quel est l’imbécile qui a u l’idée de le programmer après une comédie avec Betty Grable ? En attendant on ne touchera à aucune image de ce film ». Ford s’est levé, machouillant son mouchoir, et a dit : « Merci Darryl ». Personne a l’heure actuelle n’aurait un tel courage, une telle vision
Cher Bertrand Tavernier, merci pour ces précisions. Zanuck avait réellement une personnalité. Est-ce que le système des previews est toujours en cours aujourd’hui?
Pour les entretiens avec Hathaway, j’essaie de retrouver le titre que j’aurai peut-être retrouvé avant que vous ne le précisiez ici! Je suis très curieux de ce que Hathaway peut avoir à dire sur ses choix, lui qui paraît si « anti-intello » ou peu introspectif, et surtout qui n’a que trop peu été interviewé. Je suis encore sous le coup ayant tardé à découvrir True Grit, de la fameuse scène dans laquelle Wayne s’adresse à D Hopper en train de mourir en hurlant de douleur et de panique, en lui soummettant un marché du type « Tu vas mourir! Tu n’as plus rien à perdre. Dis-nous tout ce que tu sais et en échange, parole d’honneur qu’on te fera une sépulture convenable! », je n’ai jamais vu pareille dureté de propos alliée à tel humour noir (pour le spectateur, pas pour les personnages) et à telle justesse de ton (sur ce que ça dit sur l’époque) dans un western plus moderne, post-70, dans lequel un cinéaste jeune se targue de retrouver un certain réalisme soi-disant perdu de vue par les anciens cinéastes.
Ca y est, j’ai retrouvé le livre que vous mentionnez, je n’avais aucune idée que Hathaway avait pu être interviewé de façon aussi large:
« Henry Hathaway: A Director’s Guild of America Oral History » par Rudy Behlmer (qui a signé les memos de Selznick).
Merci pour les précisions.
A martinbrady
Pui le système des previews a toujours cours, de manière moins flamboyante, plus insidieuse. On teste des dizaines de publics ou alors on propose des idées sur internet. Ce sont les Internautes qui ont modifié le scéna de SNAKES ON A PLANE en demandant plus de serpents et de sexe. Et le film, triomphe des votes avant sa sortie a été un bide.
Hathaway dans le Belhmer s’arrete au début des années 50. L’entretien que j’ai fait avec lui complète et couvre d’autres sujets. On se recoupe parfois (sur les 3 Lanciers) mais je le fais parler des scénaristes et de Faulkner. (dans AMIS AMERICAINS) . Et j’écris dans ma préface que je découvre dans le Behlmer qu’il a financé beaucoup de pièces de théâtre…
pardon… Je voulais dire « Rudy Behlmer qui a signé l’édition des memos de Selznick », qui a priori, rédigeait ses memos lui-même! Voilà, on veut aller vite…
Et les memos de la Warner, formidable, mieux que Selznick
Merci pour ces précisions, Bertrand, quand je pense que Amis Américains est sur une de mes étagères et que j’avais zappé sur votre interview de HH! Honte! Mais je crois que je fais exprès de le déguster par morceaux, il faut aussi avoir vu quelques films des personnes commentées ou interviewées pour être assez motivé à lire le passage concerné. Je ne savais pas que le Behlmer s’arrêtait aux années 50, dommage, par contre je trouve très intéressant que HH ait financé des pièces de théâtre.
Votre ami américain, Mr Rawls, « is perfectly right », Noose est dispo en zone2 anglaise et sur Amazon FR, et je vois que c’est avec Joseph Calleia, acteur fascinant, sublime, c’est curieux chez Gréville, ces allers-retours entre France et GB.
The Gangster est dispo en effet, multizone, en exclu sur Amazon com, et gravé à la demande à un prix rébarbatif! Attendons patiemment une réédition WildSide ou Carlotta ou pourquoi pas, Bach Films, dont l’édition de Il Marchait (Dans) La Nuit est excellente.
« Ce sont les Internautes qui ont modifié le scéna de SNAKES ON A PLANE en demandant plus de serpents et de sexe. Et le film, triomphe des votes avant sa sortie a été un bide. »: ça, ça vaut son pesant d’oscars, franchement, c’est la meilleure, c’est bien fait pour eux! Je vois à ce que vous dites que la preview est devenue un système sophistiqué, par ailleurs. Bientôt, ils testeront chaque étape depuis l’idée qui germe dans le cerveau du producteur, puis le « background », puis la distribution, bref…
Bonne journée.
a martin brady
Cela arrive.
Gréville était franco anglais. J’avais d’ailleurs parlé de NOOSE dans une chronique. C’est un de ses meilleurs film avec BRIEF ECSTASY et certains moments de SECRET LIVES, LE DIABLE SOUFFLE, REMOUS, POUR UNE NUIT D’AMOUR, MENACES.
Je ne sais pas si Wild side prendra the GANGSTER : metteur en scène inconnu, pas de vedettes. Prenez le il y aussi des prix NEW qui le mettent à 15 dollars. C’est un film passionnant, très bien écrit par le romancier Daniel Fuchs d’après son excellent roman (on dit que Trumbo aurait collaboré au scénario)
Le retour sur Mulligan est aussi indispensable! To kill a mockingbird est l’un des plus beaux , des plus pudiques films sur le sujet qui a engendré bien des fictions pesantes.
La délicatesse de Mulligan, son sens de l’atmosphère, sa tranquille virtuosité doivent absolument être remis sur le devant de la scène et il faut revoir-d’après moi- au moins deux autres chefs d’oeuvre: The other (chez MK2 , copie très satisfaisante et boni soigneusement sélectionnés: intro de pierre Berthomieu qui bémol omet de citer Stalking moon, module sur la musique, etc…) et the stalking moon ( collection FNAC donc pas de boni: le film tout nu et c’est déjà pas mal…copie pas renversante mais correcte).The other n’est pas l’exercice de style réussi mais vide que vous pensiez mais le chaînon manquant entre Tourneur et le ciné fantastique espagnol, une date dans le genre au même titre que the innocents de Clayton ou rosemary’s baby pour prendre des films quasi contemporains!
THE OTHER de Robert Mulligan est un film onirique et puissant, magnifiquement filmé, j’ai été très surprise car je ne connaissais de lui qu’un ETE 42 lorsque je l’ai vu…
En ce qui concerne le « background » de TO KILL A MONKINGBIRD, cela m’a immédiatement fait penser à LA NUIT DU CHASSEUR
Comme je suis dans une veine « Découverte de l’horreur & du fantastique » j’ai nettement préféré THE OTHER, bien plus original, peut être parce que Gregory Peck (très bien) une fois de plus au service des droits de l’homme, je crois que ça m’a lassé, même si ce film a une originalité de ton certaine et une très belle photo…
Tout à fait Catherine The other est une merveille!
Dans le genre fantastique que j’affectionne particulièrement, permettez-moi de vous conseiller:
-Kwaidan(1965) de Kobayasahi: des histoires de fantômes à l’atmosphère visuelle incroyable et donnant une impression hallucinatoire unique grâce à un rythme lent,contemplatif redoublant l’onirisme de ces « nouvelles » ( wild side).Pas de boni mais le film est restitué dans sa version intégrale avec une restauration magnifique.
-The innocents(1961) de Jack Clayton: la matrice des ghost story hispaniques des années 2000. Superbe adaptation du génial tour d’écrou d’Henry James: décors dotés d’une vraie personnalité,photographie N et B très travaillée de F Francis (aussi inspirée que celle d’Elephant man),mise en scène jouant admirablement avec l’ambiguité des perceptions de l’héroine interprétée par la sublime D Kerr. (GCTHV) boni formidables sur l’adaptation, les décors.
-Abandonnée (2007)de Nacho Cerda: le plus beau fleuron à mon sens du nouveau fantastique espagnol qui mêle fantastique et quête analytique dans des atmosphères proches du cinéma de Tarkovski (datcha, forêt de l’Est). Les effets spéciaux sont utilisés avec parcimonie et correspondent à la reconstruction identitaire de l’héroine. (wildside)Nbx boni : making of intelligent, story board, scènes coupées, entretiens.
-Cure (1999) de K Kurosawa: film terrifiant débutant comme un polar et s’aventurant sur le territoire de l’occultisme et du mesmerisme avec une sobriété de moyens qui renforce la peur du noir, d’un simple espace vide.(Studio canal) entretien intéressant
Je reprendrai ce fil avec d’autres titres ( Carpenter qui, n’en déplaise à Bertrand est un grand du genre; Cronenberg; Friedkin; Del Toro; Argento; Bava etc…+ titres isolés et autres curiosités) si vous le désirez ultérieurement!
Vous revenez sur Blier dont je n’avais osé voir le dernier opus pour diverses raisons et cela me ramène vers un cinéaste que j’ai adulé puis- certainement de manière injuste- délaissé au fil des déceptions ( Merci la vie, un, deux, trois soleil, Mon homme, Les acteurs…).
Il faudrait revoir Buffet froid, Préparez vos mouchoirs ou encore Trop belle pour toi sans oublier le secret et mal aimé Beau père.
Tenue de soirée me ramène vers mes quinze ans et le ramdam qui l’accompagna, la sidération face à l’ouverture hallucinante et l’aptitude à transformer un parti pris loufoque en film émouvant.Emergence d’un vrai grand acteur: michel blanc qui allait ensuite nous donner un magistral Monsieur Hire supérieur -fallait oser- à Michel Simon dans Panique.Je ne l’ai jamais revu depuis mais vous donnez envie d’y revenir.
Ne pas hésiter à se procurer le coffret Lars Von Trier the europe trilogy (pas d’éditeur bien identifiable alors que c’est un bon coffret aux copies impeccables et aux suppléments intéressants même si succincts)rassembalnt Element of crime, Epidemic (expérimental pur et dur oscillant entre bricolage et sublime hommage au muet) et enfin Europa dont la fin me semble toujours aussi sidérante et préfigure les 20 dernières minutes hallucinantes de Melancholia.
Medea est indisponible en DVD mais j’en possède deux K7 copiées sur arte lors de la diffusion (j’avais ce vice d’avoir 2 copies par précaution!!!).
De Guy Maddin, THE SADDEST MUSIC IN THE WORLD est un hommage au Cinéma d’une originalité folle et enthousiasmante. Produit quelques années après, WINNIPEG MON AMOUR m’a semblé moins excitant et un peu décevant, voire un peu ennuyeux. Comme vous Ballantrae, je suis assez surpris de certains des jugements sur Lynch. Pour ma part, je trouve que SAILOR & LULA est insupportable, peut-être à cause de Nicholas Cage, dont le jeu aussi excessif et outrancier que dénué de toute once d’intelligence se transmet à mon humeur et me rend tout aussi hystérique. Il me fait penser irrémédiablement à un cabot atteint par la rage. INLAND EMPIRE, salmigondis frappé du sceau du « système Lynch » m’a également épuisé. Je n’ai pas revu récemment BLUE VELVET mais j’en ai un souvenir plus respectueux.
En revanche, comme vous, je tiens LOST HIGHWAY pour l’œuvre maîtresse de la période « récente » de David Lynch. Tous les ingrédients de son univers s’y trouvent, dosés avec la subtilité propre aux grands chefs. Le malaise y est très subtilement instillé par quelques touches aussi simples qu’efficaces comme la scène où Robert Blake se tient en face de Bill Pullman et répond dans le même temps à l’appel que celui-ci passe depuis son téléphone portable à son domicile. C’est, à ma connaissance, la première (la seule ?) utilisation très maligne et cinématographique de cet outil dont l’invasion dans nos vies, et nos comportements, n’en était qu’à ses prémices.
Et j’ai été très déçu (quitte à choquer beaucoup de monde) par MULHOLLAND DRIVE, que je vois comme un remake, calqué à la virgule près, de LOST HIGHWAY, excepté l’ajout de clichés (la blonde et la brune, les scènes de baisers échangées entre celles-ci) dont je ne perçois pas la pertinence. Leur seule justification, me semble-t-il, réside dans l’assouvissement des « tout petits phantasmes » de spectateurs peu éclairés…
Je découvre, enfin, la série de Lynch et Frost, TWIN PEAKS et je réalise à quel point j’ai manqué de peu de passer à côté de quelque chose d’essentiel. Tout petit amateur de séries, je ne sais pas si on a fait mieux depuis. J’aime beaucoup la prégnance de la région natale de Lynch, le Montana, Missoula précisément, et continue de m’interroger quant à l’attraction que celle-ci peut exercer sur nombre d’écrivains admirables, dont Richard Brautigan ou Tom Mc Guane, jusqu’à un certain James Lee Burke.
La polémique est close certes mais tout comme vous, Damien, je rappellerai que la palme accordée à TREE OF LIFE ne procède que de l’amitié portée par Gilles Jacob à Terrence Malick, mais je ne m’étendrai pas sur l’absence de qualités cinématographiques de cet opus-là de Malick, lequel a été bien mieux inspiré à l’époque de DAYS OF HEAVEN ou THE THIN RED LINE. Pour ma part, j’ai décroché avec THE NEW WORLD.
Quant à MELANCHOLIA, je reconnais que sa première vision est assez impressionnante. Je ne suis pas certain, en revanche, qu’il en reste vraiment quelque chose très longtemps et j’avoue avoir déjà un peu oublié, ce qui n’est généralement pas bon signe… BREAKING THE WAVES, je crois, demeurera comme une œuvre supérieure car beaucoup plus forte.
Ce week-end, à Paris, au Centre Pompidou, projection à compter de samedi 11 h de THE CLOCK de Christian Marclay, montage de 3000 scènes de film sur 24 heures (je n’entre pas ici dans les détails, à trouver sur la toile), à propos duquel des mots rares (en bien) m’ont été rapportés.
Amicalement,
D. H.
A Deer Hunter: bonjour, la discussion sur l’ellipse est passionnante mais un peu trop riche et du coup je n’ai pas eu le temps de bien lire votre dernier développement assez étonnant, paru dans la chronique précédente (mais aussi, si l’hôte de ces lieux enchaîne les chroniques à pareil rythme d’enfer, comment voulez-vous suivre?).
Je me promets donc de lire votre dernière approche à tête reposée, en espérant ne pas barber les habitués de ces lieux, avec cette discussion parallèle au sujet dvd.
A Mr Tavernier: ceci dit, continuez! On aime ça, même si c’est mauvais pour nos porte-monnaies, tous ces dvds!
Au fait, suite à votre approche de White Material, vive la médiathèque j’ai vu ce film qui m’aurait sans doute échappé, même si je tiens la Huppert comme un génie. Le film est en effet honnête dans sa description du flou, de l’incompréhension qui peut agiter les personnes prises dans ce genre de situation, ce qui est anti-hollywoodien pour le moins, mais je trouve qu’il y a toujours des difficultés imposées au spectateur (justement: des ellipses) qui sont superficielles et complaisantes, qui semblent être là pour le decorum. Le mystère du dernier plan, meilleur exemple de ces difficultés, me paraît sans intérêt en ce sens que Denis me semble l’imposer pour jouer sur ce mystère plus que sur le bien-fondé du mystère,celui qui nous rend perplexes mais dont nous sentons qu’il est justifié, que nous ne pouvons le contester, que nous devons l’accepter. Je veux dire que les conclusions nettes et franches sont sans doute agaçantes (happy-end à la Spielberg ou son contraire fin désespérée « adulte et lucide » à la Rosi) mais c’est pas une raison pour faire n’importe quoi sous prétexte qu’il faille absolument se montrer original. Je la remercie de ne pas être tombé dans la convention avec la description des rapports Noirs-Blancs, qui tout en me paraissant un peu dépourvus de vraisemblance, ou légers, là, me paraissent être tels car découlant d’un choix de refus du cliché que je salue, et comme ces rapports ne sont pas ce qui pour elle se trouve être le propos essentiel de son film, elle a raison. Elle a du génie dans la maîtrise de la lumière et de la photo, et ce n’est pas une question que d’étalonnage technique, mais aussi de choix du contenu des plans (composition, dit-on?) et d’autre chose qui m’échappe: elle a un but et elle n’en démord pas, ce qui est admirable, dirai-je pour me rattraper de ma sévèrité précédente. La musique me paraît plaquée, un peu trop hypnotique ou planante pour le propos, ou quelle mouche la piquerait-elle soudain de tout d’un coup se vouloir démonstrative et signaler que Huppert est envoûtée par ce pays et vit dans une bulle (ce qui est évidemment le cas) en-dehors de toute réalité? Mais comme la musique est là même quand l’actrice est (rarement) hors de l’écran…
Je suis dubitatif, mais si on a pas vu White Material on a loupé quelquechose (quand même, ce dernier plan, seigneur…).
Cher Martin brady
Il faut faire une différence entre l’ellipse (il y en a d’extrêmement brèves qui sont très efficaces : le fait que Boetticher ne filme jamais Randolph Scott en train de dégainer dans 7 MEN FROM NOW) et des obscurités narratives destinées à donner une (fausse) impression de profondeur. On joue sur le mystère parce qu’en fait on ne sait pas très bien ce que l’on veut raconter au juste. Ou qu’on n’y arrive pas. Ce dernier plan en est un exemple. Tout ce qui touche d’ailleurs le personnage du frère joue un peu trop facilement sur l’ellipse qui est ici une manière de ne pas affronter l’évolution d’un personnage. José Giovanni disait que dans le très intéressant PAPILLON SUR L’EPAULE de Deray, on faisait l’ellipse sur le contenu de la boite parce que les auteurs ne savaient pas ce qu’elle contenait (Ventura avait refusé la drogue ou son argent, la fausse monnaie, le nucléaire. Il avait tout rayé). Même problème dans RONIN ce qui le différencier de KISS ME DEADLY. Il faudrait un jour étudier l’ellipse chez Ford, cinéaste posé, méditatif mais qui sait en trois plans comprimer le temps, bousculer la chronologie. Avez vous vu ce chef d’oeuvre qu’est PILGRIMAGE ?
Mr Tavernier, si vous aussi théorisez sur l’ellipse, nous devons écrire un essai à trois avec Deer Hunter! Je reconnais que je débroussaillais le terrain à la serpe dans la précédente chronique.
Je brocardais en effet « des obscurités narratives destinées à donner une (fausse) impression de profondeur », et, à procurer au spectateur un sentiment d’auto-satisfaction quant à sa propre intelligence. Pour White Material, j’avais oublié en effet le personnage du fils joué par Duvauchelle -que de révélations depuis une dizaine d’années chez les jeunes acteurs-trices français, on est gâté!- mais qui malheureusement là, se trouve être une facilité du scénario pour moi.
Sinon, je suis content que vous mentionniez Giovanni, que j’avais complètement sousestimé à une époque jusqu’à ce que je découvre enfin Un Aller Simple, qui est admirable (le personnage de Nicoletta -très bonne actrice- est stupéfiant de culot de la part de Giovanni: comment ça, une prostituée sans coeur d’or, il a osé?). Mais ça nous amènerait ailleurs…
Pour vous dire que les films que vous conseillez ici, vous ne les conseillez pas pour rien, j’ai enfin découvert Path To War de Frankenheimer, admirable (décidément) trouvé à un prix ridicule sur Internet, Alec Baldwin et Michael Gambon, entre autres, sont formidables (les regards muets de Gambon/LBJ écoutant avec terreur les conseils des faucons qui vont l’amener à prendre des décisions épouvantables de conséquences dans la guerre du Vietnam…), ceci dit, le film serait sans doute un peu trop à dédouaner LBJ, Frankenheimer va dans ce sens dans l’interviex du Time en bonus (pour info, ce dvd HBO est multizone, avec vo, vf et stf).
Merci de votre attention!
Ah, oui! Pilgrimage, jamais vu, un de + sur mes tablettes, alors, comment s’ennuyer?
A Martinbrady
Oui PATH TO WAR est un film magnifique et sous estimé, méconnu. Bien sur, il est pro LBJ mais ce qu’il dit recoupe aussi les mémoires de Mac Namara et diverses études. On trouve PILGRIMAGE, un des Ford majeurs (dans la bio de Mac Bride, david Sheperd dit que c’est le meilleur, ce qui est un peu absurde. Comment départager 10 chefs d’oeuvre ?) dans le coffret FORD AT FOX
L’ellipse chez Ford est tellement superbe qu’elle ne saute pas aux yeux tout en suscitant des sentiments forts chez le spectateur: je pense notamment à l’ellipse fameuse de Young M Lincoln avec la méditation funèbre de Lincoln devant la tombe de sa promise qui suit un moment buccolique et charmant.
A Ballantrae
Et on en trouve des exemples dans 15 films : je pense à ce plan sublime de PILGRIMAGE où l’on voit la mère recoller les morceaux de la photo de son fils qu’elle a envoyé à la mort. On ne l’a jamais vue la céchirer, ce qui rend le plan encore plus bouleversant
Chez Ford,ne pas oublier les guerres indiennes simplement « racontées » autant que lues sur le visage de Fonda à son retour.
J’aime beaucoup certaines ellipses chez Douglas Sirk qu’on associe au mélo flamboyant mais qui sait ne pas montrer.
Ne pas oublier d’abord et avant tout l’ellipse lubitschienne très écrite, magistrale et cependant fluide.
Vos discussions sont vraiment passionnantes, je ne m’étais jamais appesanti sur ce sujet finalement fondamental pour tout cinéphile!
A martinbrady
Quelle enthousiasmante idée que la vôtre de s’atteler à un ouvrage traitant de l’ellipse dans le cinéma ! C’est avec un plaisir non dissimulé que je répondrais présent si elle prenait forme… Sauf qu’à mes élucubrations un tantinet oiseuses, Mr Tavernier a répondu par deux phrases aussi concises que lapidaires, concluant de manière limpide et définitive le débat. Je cite : « Il faut faire une différence entre l’ellipse (il y en a d’extrêmement brèves qui sont très efficaces… et des obscurités narratives destinées à donner une (fausse) impression de profondeur. » Tout est dit.
Dès lors, à fins d’alimenter cet essai, nous serions réduits à l’énumération d’exemples (beaucoup) illustrant cette première définition, ou la seconde (dans une moindre mesure tant cette lecture deviendrait rapidement fastidieuse…).
Quant à l’évocation des séries, même s’il en existe de très passionnantes, ce n’est en effet pas le lieu et, comme vous, j’estime incomparable le plaisir procuré par la vision d’un film. Je m’étais juste permis une incartade en parlant d’un cinéaste essentiel, en l’espèce Lynch mais vous ne m’y reprendrez plus !
Concernant Malick, en effet, la mysticisme est présent dès BADLANDS, mais ne peut-on résumer son évolution en relevant, dans ce cas-là, une approche panthéiste (d’après la définition de Spinoza, je crois, sans vouloir faire le malin), qui glisse au fil de l’œuvre vers ce que vous qualifiez, à juste escient, d’approche « New Age » typiquement « amerloque », qui rime avec « de bric et de broc », et dont TREE OF LIFE est une représentation littérale ? Quant à l’assertion sur le rythme comparé des réalisations des uns et des autres et le lien entre celui-ci et la qualité d’une œuvre, je crois difficile en effet d’échafauder une quelconque théorie tant les exemples sont nombreux pour alimenter les deux versants de celle-ci. Parmi les cinéastes rares, une fois de plus, je ne résisterai pas à la tentation de citer Michael Cimino dont la carrière inégale n’oblitérera jamais l’existence de THE DEER HUNTER et du si injustement méconnu HEAVEN’S GATE, même si on devine aisément les raisons de l’ostracisme qui le frappa, tant sa narration de la conquête de l’Ouest va à l’encontre du mythe fondateur de ce continent phantasmé que nous aimons tant.
Et si je partage avec Pierre, martinbrady ou Ballantrae ce goût de la glose et de la pérégrination autour de notre passion commune, je me rallie à votre aimable injonction à ne pas nous éloigner trop du sujet, les films. A ce propos, je note que vous citez de nouveau NAKED PREY de Cornel Wilde, dont vous disiez le plus grand bien dans la mesure où la représentation du continent africain vous y semblait n’avoir jamais été aussi fidèle à la réalité. Il fut proposé l’an dernier à la Cinémathèque mais à un horaire incompatible avec mes disponibilités. J’espère bien avoir rapidement une nouvelle occasion de le découvrir en salle, car en effet le DVD Criterion n’est pas très bon marché. Je me permets d’ajouter que l’Afrique occidentale française (comme on le disait à l’époque) me semble également très justement filmée dans COUP DE TORCHON, ce qui sans m’étonner outre mesure (nous avons déjà eu l’occasion d’échanger déjà sur l’importance que vous accordiez à la « justesse » dans votre travail, après la diffusion de HOLY LOLA cette année sur Arte) me semble relever du tour de force en regard de l’ancrage si fort dans son environnement (la deep America) dans l’œuvre de Jim Thompson. A ce sujet, avez-vous une explication à ce mystère qui me demeure totalement incompréhensible de la disparition de 5 habitants à la traduction du titre en français (1275 âmes / Pop. 1280) ?
Amicalement,
D. H.
A DEER HUNTER
Je pense qu’en français 1275 âme se dit mieux que 1280…C’est mon exp)lication mais Jean bernard Pouy a écrit un livre qui parle de ces 5 disparitions.
En matière de séries ( je suis moi aussi un amateur très modéré du format), voyez surtout L’hôpital et ses fantômes de Lars von Trier (l’avantage contrairement à Twin Peaks est que le cinéaste est à la mise en scène constamment) des films pensés comme des séries ( Nos meilleures années de M T Giordana, l’un des plus beaux films italiens des années 2000; Carlos d’Assayas)des séries pensées comme des films (sans sauter au plafond: Six feet under, the shield, the sopranos,Mad men…après je suis agacé par la sanctification des séries après un long purgatoire tout aussi injuste: un grand film, c’est qd même autre chose!!!).
Ballantrae
Vous allez encore lancer un débat dont on n’est pas près de sortir, un débat qui ne peut avoir de conclusion. J’ajouterai parmi les séries talentueuses TREME, JUSTIFIED, THE WIRE mais vous avez raison, un film procure un sentiment différent et pour moi plus fort. Mais on devrait arréter et parler d’autres films qui ne sont jamais commentés : l’HEURE DE LA VÉRITÉ ou JERICHO d’Henri Calef, REMPARTS D’ARGILE de JL Bertuccelli, BEACH RED et NAKED PREY de Cornel Wilde, THE PURPLE PLAIN de Robert Parrish,EASY LIVING de Tourneur, HIS KIND OF WOMAN de John Farrow, THE GANSGSTER de Gordon Wiles,NOOSE d’Edmond T Greville, les Basil Dearden et Von Sternberg
Des films que vous citez je suis admiratif de L’HEURE DE VERITE de Calef. Bohm est admirablement utilisé par Calef qui comme Powell avec PEEPING TOM joue de son ambigüité. Corinne Marchand y est tout aussi magnifique (son meilleur rôle avec CLEO DE 5 à 7 ?) et son interview dans les bonus est passionnante. L’irruption du passé terrible qui se précise alors que la construction du bonheur est à l’oeuvre, est admirablement rendu : le bonheur du couple, le nouveau pays plein de promesse baigné de soleil, est balayé par le mensonge et l’horreur. Arcady traitera aussi du sujet dans son film K avec Bruel, film un peu sous-estimé mais qui est plus démonstratif que celui de Calef.
Vous aviez tellement vanté EASY LIVING de Tourneur que je suis passé à côté lors d’une première vision : je me suis promis de le revoir rapidement…
(je ne relance pas Jean-Jacques, mais je conseillerai pour ma part aussi DEXTER dans les séries contemporaines : sur le sujet, lisez le dossier de ce mois dans dans POSITIF).
Easy living m’avait plu sans pour autant me transporter comparativement à d’autres Tourneur, peut-être est-ce dû au sujet? La photo est moins éblouissante que dans les Val Lewton, dans Stars in my crown ou dans Out of the past pour ne prendre que qqs titres exceptionnels. La Tourneur’ touch est pourtant là: refus des scènes à faire, fragilité des impressions données à ressentir,sens de l’ellipse (teins en voilà un cinésate qui sait faire de magnifiques ellipses).
J’ai pensé à certains moments à l’amertume que suscitait The last hurrah de Ford…à certains moments seulement.
Je vais peut-être enfin acquérir un lecteur multizone et pourrai enfin voir les deux Cornel Wilde qui m’intriguent depuis bien longtemps!
En matière de raretés, vous n’avez pas encore signalé le superbe coffret Sarafian chez Wild side: Man in the wilderness est décidément un chef d’oeuvre et Le fantôme de Cat dancing m’a beaucoup plu ( je vous trouve un peu sévère à son propos dans 50 ans: le ton est clairement onirique et n’est pas sans rappeller The Missouri breaks souvent oublié par les commentateurs, la photo me semble belle et la mise en scène pour discrète qu’elle soitn’en est pas moins très personnelle…mais j’y reviendrai lorsque vous chroniquerez le DVD
A Ballantrae, mais il y a longtemps que j’ai parlé de MAN IN THE WILDERNESS dès sa sortie en zone 1 dans un dvd qui comprenait deux films. Et j’en avais dit un bien fou et longuement.
Je n’ai pas encore retrouvé votre chronique malgré mes recherches mais ai lu et relu moult fois votre article dans 50 ans.
Man in the wilderness me semble même plus important et authentique que Jeremiah johnson que j’adore aussi!
De guy Maddin, laissez-moi vous recommander toujours chez l’excellent éditeur ED distribution (chez qui on peut trouver l’oeuvre complet des géniaux frères Quay, les films déjantés de Bill plympton, LE vrai héritier de Tex Avery et aussi le superbe Cabeza de Vaca de Nicolas Echevarria, quête hallucinée qui égale voire surpasse parfois Werner herzog)qqs titres:
-Careful qui applique une lecture freudienne carabinée à un film de montagne style Leni rifensthal muet, avec des filtres de couleur dans une ambiance où le bruit est interdit à cause des avalanches
-Tales from the gimli hospital qui utilise les codes du cinéma soviétique dans un mélodrame de guerre tourné à l’arrache
-The saddest music in the world qui confronte pêle mêle une Isabella rossellini cul de jatte amputée par erreur par son amant saoul,un concours de la chanson la plus triste du monde sponsorisée par une marque de bière qui offre (!) à chaque concurrent la joie de plonger dans un baquet de bière, un chanteur mystérieux hanté par la perte de son enfant qui l’accompagne de bien étrange manière, etc…
on pourrait croire à un cinéma purement maniériste et purement référentiel mais on est face à un cinéma pur qui regarde l’enfance et sait plier le réel ( des moyens souvent dérisoires) aux exigences de l’imaginaire.
Pour qui aime le cinéma muet qu’il soit américain, soviétique ou allemand , pour qui aime le surréalisme Guy Maddin est un cinéaste indispensable!!!
Je constate que vous parlez de Lynch de manière très intriguante pour le lecteur attentif de 50 ans de cinéma américain: d’une part pour évoquer le » magistral Sailor et lula » (celui-là ,je ne l’aime vraiment pas et ce cepuis sa sortie)tout en glissant sur lost highway qui lui me semble effectivement un film essentiel,inoxydable au fil des visionnages (excellent DVD collector chez MK2 dont je vous reparlerai si vous ne l’avez acquis); d’autre part, pour réviser votre opinion rude sur Blue velvet qui m’a toujours impressionné par son atmosphère de cauchemar aux parfums capiteux ( je ne comprenais que vous puissiez considérer sa mise en scène comme plate ou ses effets comme simplement voyants p 672 ) mais je reconnais là votre aptitude au retour sur avis via les revisionnages.Je ne peux croire que vous n’ayez été touché par le si touchant et si serein straight story.Après l’apothéose Mullholand drive, je dois dire que les errances de Inland empire m’ont quelque peu désappointé…pas avec la vigueur de votre déception face au dernier Monte Hellman ( que du coup, je ne regrette plus de n’avoir pu le voir) mais pas si loin…
A Ballantrae
J’aime beaucoup STRAIGHT STORY et ai été très déçu par INLAND EMPIRE
Cher Bertrand,
Merci pour cette chronique substantielle qu’il va falloir lire 3 ou 4 fois avant d’oser y répondre vraiment tant elle est riche!!!
En tout cas, ravi de vous voir réviser votre avis sur blue velvet et de découvrir votre intérêt pour guy Maddin qui a fait de magnifiques et singuliers films.
Merci pour cette chronique toujours très variée et démontrant une fois de plus votre ouverture cinéphilique.
Concernant Laurel et Hardy, l’intégrale sortie en France chez Universal était déjà très fournie avec une trentaine de muets majoritairement supervisés par McCarey ainsi que les courts métrages parlants Hal Roach et 22 moyens et longs métrages. Le coffret est actuellement peu cher sur amazon (http://www.amazon.fr/Laurel-Hardy-couleurs-blanc-Coffret/dp/B002IT7KT0/ref=sr_1_1?s=dvd&ie=UTF8&qid=1314882793&sr=1-1).
Merci de mentionner une fois de plus l’éditeur Malavida, notamment sur les films tchèques : moi, je m’étais laissé tenté par UN CAS POUR UN BOURREAU DEBUTANT (1969) : oeuvre totalement surréaliste, adaptation moderne du 3ème voyage de Gulliver. Le héros trouve un lapin blanc mort (et habillé) suite à un accident de voiture : ce sera le début d’une aventure dans un pays parallèle. Le scénario est délirant (le réalisateur cherchant à contourner la censure) mais formellement le film est intéressant. Le tournage fut longtemps bloqué par les autorités ainsi que la sortie retardée.
Si vous avez aimé le style de Guy Maddin avec WINNIPED MON AMOUR, voyez aussi CAREFUL (1992) que j’ai découvert cette année : extraordinaire hommage aux films expressionistes allemands des années 20. Le réalisateur canadien joue sur l’atmosphère, les décors, les intertitres et les teintes des films de l’époque tout en conservant une approche très moderne dans les dialogues et les situations. Là encore le scénario n’est pas toujours simple à suivre (film d’art oblige) mais la photo est absolument ma-gni-fique.
Je n’ai pu me résoudre à voir ROAD TO NOWHERE de Monte Hellman qui était logiquement remis à sa place par l’hebdomadaire POSITIF. Quel dommage, après 40 ans d’absence, qu’Hellman revienne avec un film décevant. Là encore, vous signaliez souvent l’importance de travailler régulièrement pour un metteur en scène pour se maintenir à niveau (Malick étant la grande exception). Si l’on n’en est plus capable, mieux vaut tirer sa révérence comme vient de l’annoncer Ettore Scola…
Je ne peux m’empêcher de conseiller ici la vision au cinéma de MELANCHOLIA de Lars Van Trier : ses propos à Cannes ont totalement éclipsé son merveilleux film qui aurait amplement mérité la palme d’or en lieu et place de TREE OF LIFE (sans relancer la polémique..). Film inclassable où les thèmes de la représentation en société, du couple, de la dépression et la science fiction se mêlent admirablement. Rarement les 20 dernières minutes d’un film ne m’avaient autant tenu…
A Damien
D’accord pour MELANCHOLIA
Entièrement d’accord avec vous Damien pour ce qui est de l’impressionnant Melancholia ( à une réserve près: le coup de griffe qu’il vous permet de lancer contre Tree of life!)qui signe un vrai retour en force d’un cinéaste certes formaliste mais aussi maître des sentiments et émotions.
Un choc, ce film au dispositif étrange (sa structure, son changement de ton et de registre) qui permet d’atteindre l’os de nos angoisses les plus sourdes.
Il ne faut jamais trop en dire à des spectateurs qui ne l’auraient pas encore vu mais ce film a la majesté, l’ampleur, l’évidence esthétique des plus beaux opus de Wagner ( et tristan et Isolde semble dicter à la fois son rythme,son pic émotionnel, sa pureté au film).
Il est dommage que LVT se sente obligé de s’adonner à ses provocs inutiles (héritage de sa phase punk?) car son film est un CHEF D’OEUVRE qui montre qu’après des errances parfois difficiles à suivre ( je ne suis pas un fan de Dogville/Manderlay qui possèdent leurs inconditionnels…et antichrist parfois pose qqs soucis malgré ses grandes beautés), le cinéaste a su se remettre en selle.
De LVT, il faut revoir Element of crime et Europa, deux maifestes esthétiques déjà éblouissants mais aussi Breaking the waves et sa palme Dancer in the dark qui demeurent singuliers, déchirants, constamment surprenants d’un point de vue esthétique.Le très rare Médée d’après un scénario de Dreyer (vu sur arte il y a des années) est un joyau méconnu.La série kingdom est l’un de mes meilleurs souvenirs télévisuels avec La maison des bois de Pialat et Twin peaks.
A Ballantrae
DANCERS IN THE DARK m’avait déplu et j’avais été plus accroché par DOGVILLE. Mais c’est une question de goût qui n’a guère d’importance
Monsieur Tavernier, I think that you might be interested in this bit of Mockingbirdiana. Mary Badham,so wonderful as « Scout » may have had her career derailed by a TWILIGHT ZONE episode called THE BEWITCHIN’ POOL. This episode was about a couple of Beverly Hills children escaping from their bickering divorce bound parents by diving into the family swimming pool from which they then surface into a bucolic child’s wonderland presided over by kindly Aunt T. External noise around the set meant that most of Badham’s dialogue had to be looped. Add to this Badham’s thick southern accent and a director with no affinity with child actors and the result was that Badham speaks with her own voice only when she’s with Aunt T. When she’s above the surface of the cement pond with her loathsome parents Badham speaks with the voice of Rocky the Flying Squirrel (June Foray). Maybe they should have had her little brother dubbed by Bullwinkle (« Well Gee,Rock »). Oh, I hope you don’t mind but I quoted your and Monsieur Coursodon’s wonderful phrase « abominably demonstrative » in reference to Wyler’s awful « DETECTIVE STORY » in the course of a review of the Film Forum’s NYPD series. I thought I could use some sort of critical authority supporting my low view of the film and I found it in 50 ANS…The review’s at cinespect.com if you’re interested. I don’t bring this up out of self-puffery so you may keep everything after « Oh,I hope… » private,if you wish. Best, Michael