Chronique n°14

27 juin 2007 par - DVD

imamuraCommençons par ce que l’on appelle un repentir : dans ma chronique N° 6 d’Octobre 2006, je mentionnais deux coffrets consacrés à Lucian Pintilie et à Shohei Imamura, mais je ne m’étendais pas assez sur les films. Je n’en disais pas assez la force et l’importance.
Alors répétons le, Trop Tard (1996) et L’Après midi d’un tortionnaire(1998 – qui sont analysés par Michel Ciment – MK2) sont des œuvres magnifiques, mélanges très personnels d’analyse politique et sociale décapante, désenchantée et de comédie farceuse. Deux enquêtes, la première sur des meurtres commis dans une mine, la seconde sur le passé horrifique d’un fonctionnaire attaché au régime de Ceausescu. Devenu apiculteur, il est interrogé dans sa cour, près de l’arbre où il aurait tué son père, par une jeune journaliste qui a des problèmes avec son magnétophone et une de ses victimes qui s’endort périodiquement. Leurs questions sont perturbées par le fils du tortionnaire qui estime que rechercher la vérité, c’est salir la Roumanie et vient perturber la discussion avec ses amis supporters de l’équipe de foot. Comme dans Trop Tard qui frappe aussi par l’originalité de ses scènes d’amour, Pintilie dénonce avec une ironie mordante l’alliance incongrue des anciens bourreaux communistes et des nouveaux nationalistes ultra conservateurs qui s’entendent sur le dos de la vérité
A côté de La vengeance est à moi (1979), la plupart des films d’horreur actuels font figure de bluettes. La description des deux premiers meurtres notamment nous prend de plein fouet. Leur réalisme évite tout voyeurisme, tout sentiment d’exploitation, ce qui décuple son intensité et le rend vraiment dérangeant. Les réactions des personnages secondaires, des témoins qui découvrent le corps sont filmées de manière fulgurante et toujours inattendue. Par la suite, Imamura devient plus elliptique dans la description des meurtres commis par son « héros », personnage terrifiant dans son opacité, mais dont on finit par comprendre certains ressorts, sans jamais l’excuser.

Le DVD reste un monde mystérieux. Après avoir revu au Quartier Latin un de ces films qui vous ont marqué, Le mépris (1963) de Jean-Luc Godard (dont j’avais été l’attaché de presse), l’un de ses grands chefs-d’œuvre, on découvre que la meilleure édition, et de loin, est l’Américaine (Contempt chez Criterion). Idem pour Bande à part (1964 – Band of outsiders, toujours chez Criterion). Seuls les dvddophiles américains peuvent vraiment apprécier la photo de Raoul Coutard et l’interprétation sublime de Bardot, Piccoli et de Fritz Lang impressionnant, « La mort n’est pas une conclusion », dit-il, phrase qu’il faut se répéter après la disparition de Francis Girod, Robert Altman, Philippe Noiret.
DelerueIl faut évidemment aussi citer la magnifique musique de Delerue. À propos de Delerue, signalons le CD qui groupe les musiques de Delerue pour Godard dans l’indispensable et magnifique collection dirigée par Stéphane Lerouge. On trouve également des CD d’Antoine Duhamel, de Philippe Sarde (pour Claude Sautet, Alain Corneau, Granier-Deferre, et moi-même), de Georges Van Parys etc …

Coffet BriseauAutre coffret important, celui qui regroupe deux des meilleurs films de Jean-Claude Brisseau (dont j’avais bien aimé Choses Secrètes – 2002 et son parfum érotico libertaire). On retrouve Un jeu brutal (1983) et De bruit et de fureur (1988) toutes les obsessions brissaldiennes, la description d’une école (déjà) minée, gangrenée par des problèmes dont on prendra conscience avec deux décennies de retard. Dans les bonus, L’Echangeur (1982) court-métrage bouleversant qui décrit sans moralisme ni commentaire un jeune garçon, un mineur qui parvient à survivre en se livrant à toutes sortes de trafics. Brisseau met à nu avec un regard incroyablement juste une réalité niée à l’époque par les politiques, les édiles, les institutions. Il n’avait que 20 ans d’avance. Ce film justifie à lui seul l’achat du coffret.

J’ai revu avec beaucoup de plaisir L’amour c’est gai, l’amour c’est triste (1971) de Jean-Daniel Pollet, comédie douce amère épatamment écrite par un Remo Forlani aussi en forme que dans sa meilleure pièce, Guerre et paix au café Sneffle. On y retrouve Claude Melki que personne, hélas, ne sut filmer et mettre en valeur comme Pollet. Qui fait une fois encore de son héros, Léon, une sorte d’Harry Langdon. Un ingénu aérien, martyrisé par l’amant de sa sœur, une brute imbécile, un proxénète borné qui aurait aimé « être facteur s’il ne fallait pas monter les étages », rôle en or pour le génial Jean-Pierre Marielle, lequel débite une litanie d’aphorismes stupides, de clichés (« tous les Anglais sont homosexuels. Sauf Winston Churchill »), de jeux de mots débiles : mets la nappe, oh Léon. Léon qui n’a jamais compris le vrai travail de sa sœur, inénarrable Bernadette Laffont, et qui va être touché par une jeune fille, jouée, eh oui, par Chantal Goya, toute aussi maladroitement charmante que dans le Godard.

J’ai aussi revu Betty Fischer et autres histoires (2001) de Claude Miller, un de ses meilleurs films (Edouard Baer et Mathilde Seigner sont particulièrement remarquables dans une distribution épatante) et Demonlover (2002) d’Assayas qui avait été sous estimé à Cannes.

Bettyfisher
forty shade of blue

MK2 vient de sortir dans la catégorie découverte deux œuvres remarquables : Forty shades of blue (2005) de Ira Sachs qui se déroule à Memphis. Ce portrait doux amer d’une jeune femme russe mariée à un producteur de musique, magnifiquement joué par Rip Torn dont la vie se fissure, est filmé avec beaucoup de délicatesse et de tendresse. Tout comme Be with me (2005), première œuvre d’un cinéaste de Singapour, Eric Khoo. Impossible d’oublier les personnages de ce film, ces jeunes filles qui à force d’utiliser toute les technologies les plus modernes pour se parler, ne se disent plus rien. Contrairement à ces infirmes qui vont réussir à communiquer avec un minimum de mots. Tout ce qui touche à la cuisine comme lien émotionnel est formidable.

constantineDans le rayon patrimoine, signalons la sortie chez René Château d’un coffret Eddie Constantine avec deux de ses meilleurs films, Ca va barder (1955) de John Berry, Cet homme est dangereux (1953) de Jean Sacha et une nullité, L’homme et l’enfant (1956) de Raoul André où l’on voit pourtant la future Nadine de Rothschild se faire fesser. Chez Pathé où l’on s’intéresse enfin au patrimoine, sortie des Disparus de Saint-Agil (1938) d’après Pierre Véry, l’un des meilleurs Christian-Jaque. Et, enfin, une édition que l’on dit bonne des Enfants du paradis (1945) de Marcel Carné.

Les disparus de Saint-Agil
enfants du paradis

J’ai enfin vu Jéricho de Henri Calef qui est un fort bon film, tout à fait fascinant. Il fut distribué en 1945 et tourné à la fin de 44, dans une vraie proximité avec les évènements qui l’inspirèrent (le bombardement, qui est le clou du film, se déroula fin 1943. Dans le film, Spaak et Calef le placent juste avant le débarquement). La plupart des pilotes anglais qui furent engagés dans le film, nous dit Calef dans le livre que lui consacrent Philippe Esnault et Marie Calef, participèrent au raid.
Le film grouille de personnages. Il y en a plus de 40, tous différents. La plupart d’entre eux sont très bien écrits par Charles Spaak et bien joués. Jean Brochard en chef de gare, Pasquali en conseiller municipal pleutre qui pour ne pas devenir un otage, démissionne sous prétexte d’un désaccord sur le stade, Jacques Charon en aristocrate, emprisonné pour avoir chanté la Marseillaise et qui veut tout le temps convaincre ses co-détenus d’entonner des hymnes.
La vision de Jéricho détruit un bon nombre de clichés : voilà un film qui ne montre pas que tous les Français sont des héros ou des résistants. On y voit des attentistes, des lâches, des égoïstes. Pierre Brasseur joue un personnage d’une rare abjection, anti-sémite, peureux, prêt à trahir tout le monde. Il s’agit moins d’un film sur la résistance que d’une étude sur différentes attitudes, prises de position qu’on a pu trouver durant l’occupation. Et aussi sur 50 personnes qui vont mourir. La scène où ils doivent écrire leur dernière lettre en se partageant les trois crayons donnés par les Allemands (souvenir des crayons qu’on donna à Spaak dans sa cellule pour écrire Les caves du Majestic) est tout à fait forte. Rappelons que Calef dut se cacher durant toutes ces années et qu’il refusa de porter l’étoile Jaune.
La photographie de Claude Renoir est spectaculaire, notamment dans les scènes de nuit et la réalisation de Calef inventive, avec de très nombreux mouvements d’appareil. J’aime beaucoup qu’il ait coupé le dialogue de la scène d’amour avec Pellegrin qu’il filme derrière une fenêtre.

cinéma sans étoileLes films de Calef et la lecture du livre Henri Calef, cinéma sans étoile (Pilote 24 édition) de Philippe Esnault et Marie Calef m’ont donné envie de revoir L’alibi (1937) de Pierre Chenal (chez René Château, copie correcte aucun chapitrage ni bonus), excellent metteur en scène, hélas oublié des DVD. Où sont La maison du Maltais (1938), Le dernier tournant (1939), excellente adaptation du Facteur sonne toujours deux fois, L’homme de nulle part (1937) d’après Pirandello ? Dans L’alibi,Stroheim est formidable. (C’est même peut être le film français où il est le mieux), tout comme Préjean, Jany Holt et Jouvet. Il faudra un jour revenir sur le soi disant divorce entre Jouvet et le cinéma, car il existe une bonne quinzaine de films où il est formidable. Chenal dirigeait bien les acteurs, à l’américaine, sans les laisser commenter leurs rôles. La fin, imposée par le producteur et que Chenal regretta toute sa vie, est un cran en dessous mais le rythme, la mise en scène, la photo en font un vrai film noir qui mérite d’être redécouvert…

brazza ou l'épopée du CongoDeux découvertes grâce une fois de plus, aux Documents Cinématographiques et ce dans de beaux tirages : Brazza, ou l’épopée du Congo, épopée colonialiste filmée par Léon Poirier, au pittoresque parfois involontaire, qu’il est bon de revoir dans le cadre du débat sur les bienfaits de la colonisation. À signaler un des cartons les plus amusants de l’histoire des génériques français : après avoir vu défiler les noms des acteurs, on peut lire « Monsieur XXX, secrétaire personnel de Savorgnan de Brazza viendra dire quelques mots à la fin du film ».
Et surtout Lourdes et ses miracles (1955), documentaire en trois partie de Georges Rouquier (assistant Jacques Demy). Rouquier intervient dans deux parties : l’enquête sur les miracles, qui nous vaut trois interviews très pittoresques de miraculés et la conclusion. Il reste silencieux pendant l’épisode central durant lequel il filme sans commentaire une journée de pèlerinage, avec plusieurs plans impressionnants. À la fin, il revient sur deux guérisons qui se seraient produites durant cette journée. À ne pas manquer.

Coffret WilderDans le coffret Billy Wilder, j’ai découvert avec un immense plaisir Les 5 secrets du désert (1943 – Five graves to Cairo chez Carlotta. Copie magnifique), film tout à fait divertissant et très inventif. La photo de John Seitz est presque aussi impressionnante que dans le génial Assurance sur la mort (1944), toujours chez Carlotta. Le dialogue de Wilder et Brackett fait mouche à de nombreuses reprises aussi bien dans le sérieux (l’évocation précise de Dunkerque et du ressentiment des Français, sujet peu abordé à l’époque) que dans la cocasserie qui repose toujours sur une approche juste. J’adore le général italien dont les Allemands ont volé la brosse à dents à Benghazi et qui essaie de chanter des airs d’opéra, provoquant des réactions courroucées de ses « alliés ». Il déclare d’ailleurs « une nation qui rote ne peut pas comprendre une nation qui chante ». Rommel, lui, exige que quand il sera à Alexandrie, on joue « Aïda en allemand, en coupant le second acte qui est trop long et pas très bon ». Il ajoute qu’on ne peut compter sur les italiens qu’on soit avec ou contre eux…

Au rayon des westerns, Warner vient de sortir le dernier film de Raoul Walsh, La charge de la 8ème brigade (1964). On aurait aimé que notre génial borgne, auteur de tant de chefs-d’œuvre (L’enfer est à lui – 1949, La charge fantastique – 1941, Gentleman Jim – 1942, La grande évasion – 1941) termine sa carrière comme Altman ou John Huston. Ce n’est pas tout à fait le cas. Walsh commit l’erreur de choisir, comme scénariste, un de ses vieux complices, John Twist, auteur conventionnel, peu inventif. Et surtout la Warner l’obligea à prendre des jeunes acteurs, Troy Donahue, Susanne Pleshette, dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont guère inspirants. Walsh tente par tous les moyens d’animer son héros et finit par le filmer en plan large. Il se rattrape avec James Gregory en général qui cite les auteurs latins et Claude Akins, escroc proxénète de la plus belle eau, et les scènes d’action sont remarquablement filmées. Walsh n’a rien perdu de son sens de la composition et sa collaboration avec le génial chef opérateur de Ford, William Clothier, donne de remarquables résultats. Dans le dernier tiers, la bataille (et tout ce qui précède, notamment les rapports avec le scout indien), la recherche des Indiens, l’exode dans le désert possèdent même un ton épique, une majesté, une grandeur tout à fait magnifique. Walsh parvient à intégrer plusieurs actions dans de nombreux plans de bataille, jouant sur la profondeur de champ (on voit des soldats mourir dans le lointain) et l’on comprend la tactique des uns et des autres… Dans sa dernière partie, il réussit plus de plans denses, tragiques, aigus qui font regretter qu’il n’ait pas pu tourner un autre film.
Les implacables (1955) est plus égal, mieux écrit, du moins superficiellement, mieux tenu, bien joué par Gable et Jane Russel (dont j’adore les chansons). Et bien sûr Robert Ryan dont la dernière réplique donne une nouvelle couleur à son personnage : parlant de Gable, il dit : « C’est le genre d’homme que l’on rêve de devenir quand on est petit et que l’on serait content d’avoir été quand on devient vieux ». La phrase qui ouvre le film est toute aussi fulgurante ; arrivant devant un pendu, Gable constate : « nous approchons de la civilisation… » Ce n’est pas pourtant un Walsh majeur dont les meilleurs moments ne rivalisent pas avec les beautés éparses que l’on trouve dans cette 8ème Brigade.

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Commentaires (36)

 

  1. MinettePascal dit :

    Pour les IMPLACABLES, la chanson de JAne Russell est quasiment pompée sur Cindy, non ? (dans la version française, en tout cas)
    Musicalement, je craque plutôt pour le thème vibrant de Victor Young et les bivouacs mexicains.
    Etonné ,aussi, de constater que Mitchum réchauffant les petons de Marilyn dans LA RIVIERE sans retour n’est pas une idée originale !

  2. Alexandre Angel dit :

    A DISTANT TRUMPET, de Raoul Walsh, fait l’objet de la plus récente chronique de DVDClassik, par Erick Maurel, qui affiche toujours une rhétorique surprenante, énumérant à juste titre des défauts qui n’empêcheraient pas le film d' »être une formidable réussite ». Et bien si justement, ils l’en empêchent! D’autre part, des mises en parallèle s’avèrent curieuses :E.Maurel, vantant, là encore à juste titre, la virtuosité des scènes de bataille finales, les placent au même niveau que celles de FORT BRAVO, de John Sturges. Je ne maîtrise pas le souvenir de ce dernier et ne peut en émettre un quelconque avis, je le reconnais. Mais pourquoi ne pas comparer ce qui est comparable? La bataille de Little Big Horn à la fin de LA CHARGE FANTASTIQUE par exemple? Regrettable aussi qu’en rendant hommage au corpus westernien de Walsh, il oublie la splendide RIVIERE D’ARGENT, d’une classe invraisemblable. Mais bon, il m’a donné envie de revoir A DISTANT TRUMPET avec un argument tout simple : la qualité de la copie. Voilà un « détail » que je n’avais absolument pas mémorisé suite à ma dernière vision et je confirme que ce dvd Warner présente une définition quasi-parfaite, un véritable festival William Clothier à lui tout seul! Il faut revoir ce Walsh très agréable mais mineur rien que pour cela.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Alexandre Angel
      Mais les acteurs sont platounets ou désastreux et le dialogue horriblement routinier. John Twist était un très bon copain de Walsh mais un scénariste de série sans style ni jugement. Et Walsh le prenait tout le temps parce qu’il se marrait avec lui

      • Alexandre Angel dit :

        A Bertrand
        J’avoue un petit faible pour Suzanne Pleshette dont je pourrais voir tous les films rien que parce qu’elle est dedans.
        Mais c’est une remarque plus animale que cinématographique. Vous ne m’en tiendrez pas rigueur..

        • Minette pascal dit :

          A AANGEL : Que cela reste entre nous et pour le cas où cela vous aurait échappé, Suzanne Pleshette figure dans deux épisodes des « Envahisseurs » : « La mutation  » et « la fugitive ».
          C’est une des qualités de cette série, on tombe souvent amoureux.

        • Alexandre Angel dit :

          Non pensez-vous, je les ai en dvd (c’est toute mon enfance), même que dans « La Mutation », c’est une envahisseuse..

    • Minette pascal dit :

      la comparaison avec FORT BRAVO évoque sans doute cette scène unique en son genre où les Indiens règlent la trajectoire de leurs flèches comme des canonniers.

      • Alexandre Angel dit :

        Merci Pascal, ce Sturges vaut-il le coup?

        • Minette pascal dit :

          A A-ANGEL : Que oui. Il y a un endroit sur ce blog où il en est question. Un héros ambigü et désenchanté comme on les aime, de bons personnages secondaires, une bataille inédite, de beaux paysages et cet accordéon qui s’arrête trop vite dans la scène du bal !

  3. Martin-Brady dit :

    Je viens de découvrir Jericho de Calef: étant donné le nombre de personnages, c’est une prouesse de la part de Calef d’avoir réussi à tous les faire exister. Je me suis régalé des gros plans de visages seuls ou en groupe, et ai fait quelques copies d’écran pour ma collec! J’ai admiré des acteurs toujours discrets comme René Génin ou Jean Brochard qui ne sont jamais, ici et ailleurs, dans le cabotinage, et réussissent à s’imposer tranquillement. Je n’oublierai pas Pierre Brasseur au jeu opposé, investissant la chaire de l’église aux 50 otages pour prêcher la lâcheté! Le film a un « regard » tellement large que je serais presque sensible à certains des arguments de Brasseur, ceux qui touchent au matérialisme pur, du moins. Un condamné (Roland Armontel) déclare qu’il n’est pas croyant, ainsi, la foi n’est pas chargée de transfigurer l’ensemble des condamnés et la sacralisation de la mort, si agaçante dans le cinéma US, n’a pas lieu d’être. Je note qu’à la fin, bien que la RAF intervienne, tout le monde ne va pas s’en sortir pour autant! Je suis obscur mais je ne vais pas dévoiler des bouts d’intrigue à ceux qui ne l’auraient pas vu… Jean Charon est en effet très émouvant avec sa noble obsession pour la Marseillaise, essayant d’entraîner tous les prisonniers à l’entonner en signe de mépris pour l’occupant, se heurtant à un refus poli de la part de ses amis co-détenus!
    Je regrette une édition bâclée par l’éditeur (il s’agit de CDiscount, je l’ai retrouvé au numéro edv 1284 dans ma petite liste des éditeurs dvd! Il n’affiche pas son nom -par honte?- sur la pochette comme je croyais que c’était obligatoire), la copie est médiocre et les parties parlées en anglais et allemand ne sont pas sous-titrées. Noël Roquevert est annoncé au dos de la jaquette, bien qu’il n’ait jamais joué dans ce film, incroyable!

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Martin Brady
      J’aime beaucoup ce film que je trouve honteusement bradé, oublié et je vous remercie d’avoir réagi à mes éloges

      • Martin-Brady dit :

        Nous vous remercions, nous, de nous pointer du doigt des films à côté desquels nous serions passé (je n’avais jamais entendu parler de Calef!), d’où l’intérêt de Dvdblog!
        Amicalement

      • Martin-Brady dit :

        J’aimerais ajouter une chose à propos de Jericho, que l’on m’excuse si c’est complètement anecdotique: j’en ai parlé à un copain pas du tout cinéphile, ce soir en ne lui disant rien de plus que « je viens de découvrir un film français de 1946 dans lequel 50 otages sont réunis dans une église en attendant d’être exécutés et qui s’appele Jericho », il s’en est souvenu tout de suite, m’a cité le nom de Pierre Larquey en me demandant aussi s’il n’y avait pas l’un d’entre eux qui marchait avec une béquille, il l’avait vu, me dit-il, pour la dernière fois il y a 55 ans, au patronage!

        • Martin-Brady dit :

          Dernière chose: le même ami à qui j’ai prêté Jericho, un Lillois, me dit que la Tour de Londres vue dans le film est en fait le Beffroi de Lille, et que la fameuse prison est la prison de Loos-les-Lille, rigolo, non? J’adore ce genre de détail!

        • Martin-Brady dit :

          … le beffroi de la bourse de Lille… pour être précis.

  4. Je n’avais pas lu attentivement cette chronique et y trouve matière à commentaires, à fiches pour projets d’achat de DVD(ou enregistrements):
    -le dernier Walsh est effectivement décevant et n’est pas sans présenter un déséquilibre semblable à celui de Two rode together ou Cheyenne autumn (Seven women m’apparaît plus réussi) de Ford ou à celui de Hawks dans Rio lobo puis el dorado qui sont des duplications très inégales du génial Rio Bravo: les fulgurances le disputent au ressassement un peu pénible. Jusqu’au dernier souffle, d’autres cinéastes surprennent (Huston, Kurosawa, Kubrick…) doit-on pour autant en tenir rigueur à ceux qui semblent « épuisés » ?
    -Pollet est un cinéaste passionnant jusqu’au bout à ce propos. Aviez-vous vu Dieu sait quoi, transposition admirable de l’univers de Francis Ponge? Je crois que cela existe en DVD mais à tarif excessif.Ce titre en évoque pour moi un autre, malheureusement indisponible en DVD: el sol del membrillo du trop rare Victor Erice. C’est là l’un des plus beaux films sur la peinture jamais réalisés car il s’y inscrit la temporalité propre au tableau qui n’est absolument pas celle du cinématographe. Notons que Carlotta a édité L’esprit de la ruche dans une édition magnifique rendant justice à la subtilité chromatique du film que je rapproche du sublime days of heaven de Mallick
    -je déplore l’évolution de Brisseau dont un jeu brutal et De bruit et de fureur m’avaient ébloui: depuis Noce blanche, je n’ai pas aimé un seul de ses films qui me semblent grotesques (ah! L’ange noir et sylvie Vartan!!! un sommet!)dans leur mélange érotisme-théorie- genre.alors que j’aimais la puissance du bonhomme, il me semble tenir désormais compagnie à l’horrible C Breillat qui me semble l’un des noms les plus surfaits de ces dernières années (y compris l’acclamé Parfait amour dont la violence était au final stéréotypée)
    -la violence d’ Imamura et son côté iconoclaste sont restés intacts jusqu’au bout, pour boucler la boucle: on est dérangé tout autant par le début de L’anguille que par La vengeance… même si le film ensuite va vers d’autres directions. Docteur Foie ou le dernier opus De l’eau tiède… réservent maintes surprises, maintes visions bigger than life. Cette génération est restée passionnante dans ses vieux jours qu’il s’agisse de Oshima (dont Tabou a été trop vite oublié), Yoshida (Femmes en miroir est vraiment un très grand film à la fois formellement sublime et d’une puissance émotionnelle d’autant plus forte qu’elle joue sur la rétension)ou Wakamatsu (Unity red army est sorti en DVD je crois: c’est une claque!)
    -je n’aime que par intermittences Claude miller ces derniers temps (disons que La classe de neige console après un bien triste sourire où on retiendra néanmoins un JPMarielle impressionnant par son refus des garde fous, un peu une prestation à la Monteiro…). J’avais tellement aimé son évolution dans les 70′ ou 80′ que je dois m’avouer déçu par un parcours un peu erratique.Autant je n’attendais rien de P Leconte et il sut me séduire au delà de mes espérances (Tandem, Monsieur hire et le génial mari de la coiffeuse) autant j’attendais tout de Miller qui ne cesse de me décevoir depuis son adaptation de Berberova jusqu’à Un secret… j’ai manqué Betty fisher et espère l’aimer.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Ballantrae,
      Je ne peux intervenir dans ces opinions qui concernent des cinéastes que je connais et dont j’estime certains films. Je vous trouve un peu dure pour Brissea dont A L’AVENTURE reste personnel, Breillat son film avec Anne Parillaud était excellent. Et BETTY FISCHER est un très bon film dont je crois avoir parlé

      • Loin de moi, cher bertrand, la volonté de vous amener sur ce terrain: il est difficile je pense d’émettre de sérieuses réserves sur le film d’un « collègue » qui plus est s’il est un ami!
        Pour miller, mes assertions étaient moins agressives que l’expression d’un « dépit amoureux » (en tout bien tout honneur): je déteste être déçu par un cinéaste surtout si je l’ai adoré. Ainsi en va t’il de wenders depuis trop longtemps ( à la petite réussite près de Lisbonne story) ou d’egoyan que je considère pourtant comme l’une des plus belles révélations de ces 20 dernières années (Exotica et sweet hereafter en tête).
        Je ne retire rien de ce que j’ai dit sur Brisseau car un cinéaste de sa trempe a autre chose à faire que se fourvoyer dans l’autoanalyse de ses démêlés érotico judicaires: il vaut tellement mieux que Breillat!!! Je n’ai pas vu sex is comedy mais ai subi 36 fillette (du sous pialat), A ma soeur, parfait amour, Romance X,une vieille maîtresse (Barbey d’aurevilly mérite tellement mieux!)et pense donc avoir fait le tour de son cinéma…elle n’offre pas beaucoup plus d’intérêt que c angot ou c millet. Mieux vaut revoir dernier tango à paris, relire Henry miller ou bataille!

  5. iacchos dit :

    Bonjour Monsieur Tavernier,
    Je suis ravi que vous partagiez mon sentiment pour Gentleman Jim. C’est un film merveilleux! Les personnages ont un je-ne-sais-quoi qui les rend immédiatement attachants: ils ont de l’esprit et ça change tout! Cela leur confère une épaisseur psychologique et une grande variété de nuances dans leur relation que, pour ma part, j’ai beaucoup de mal à trouver dans le cinéma contemporain. Le naturalisme semble triompher sur les écrans: cas pathologiques, névroses, hystéries, mais plus rien
    de la beauté et de l’innocence des personnages de Walsh. Le cinéma a peut-être perdu la foi dans la féerie.

    Je m’empresse de répondre à votre question. Ce sont bien les atomistes grecs. Le « rythmos » est un concept important de la philosophie ionienne (Leucippe, Démocrite) Il est intéressant de voir que Démocrite avait une conception spatiale du « rythme »: chaque chose étant un composé d’atomes, le rythme d’une chose sera la forme qu’elle prend et qui la distingue des autres. Mais cette forme n’est pas statique mais fluante. Le rythme est donc pour lui une affaire de disposition, d’agencement d’atomes dont la connexion produit de l’énergie liante et dynamique.
    Les critiques d’art retrouvent intuitivement cette vieille conception, car quand ils parlent du rythme d’un tableau, ils analysent la disposition des figures, l’enchaînement des différents espaces etc. qui donnent l’illusion d’un tout solide, sans trou, et organiquement lié. La définition moderne du rythme, c’est à Platon que nous la devons. C’est le premier à le définir de façon temporelle. Pour lui le rythme, c’est l’ordre dans le mouvement qui s’analyse selon les catégories du lent et du vif. De là toutes les confusions entre rythme et mouvement dans les arts cinétiques. Des cinéastes comme John Woo, Tarantino passent pour faire des films d’action très dynamiques, très rythmés alors que c’est le cinéma le plus statique qui soit. Et ce n’est pas par goût du paradoxe (pas seulement du moins) que je dis cela. Car un film comme Kill Bill en plus d’être d’une stupidité vexante n’est qu’un collage de scènes violentes. A aucun moment on a l’impression que chaque scène entre en résonance avec la précédente et se fond avec la suivante pour former un tout organique, une forme homogène et dynamique. Une convulsion molle.
    Inversement un film comme The Gunfighter de Henry King est un chef-d’oeuvre de rythme (dans son sens plastique, formel) bien qu’il n’y ait à peu près aucune action et que Gregory Peck (inoubliable dans ce rôle de pistolero mélancolique) soit englué dans une sorte de torpeur dépressive du début à la fin du film. C’est presque un western assis! Ce film semble tirer sa puissance de sa lenteur hantée qui devient vite oppressante. Oppression obtenue par des contrastes dynamiques parfaitement agencés (le jeu virevoltant de Karl Malden, hilarant de servilité dans son tablier, la puissance des cavaliers au galop qui fondent sur la ville créent une forte tension avec l’apathie du héros: ah! les plans sur l’horloge du saloon! Zinnemann et Daves s’en souviendront…)
    Henry King se permet même de désamorcer des duels (sources habituelles de tension dramatique) et fait mourir son personnage de façon complètement inattendue, presque anodine, et si mal cadrée (volontairement mal cadrée comme si la violence surprenait la caméra) que Peck est au second plan quand il est abattu sur son cheval. Il n’y a aucune possibilité d’empathie avec la violence et la souffrance qu’elle produit. Tout est distancié. Et pourtant j’ai rarement été aussi ému par la mort d’un personnage de western. Personnellement, je ne comprends rien à cette magie! Peut-être est-ce dû à une sorte d’effet de sourdine généralisée qui empêche une scène de se délier de l’ensemble et de rompre le charme hypnotique de la composition en attirant trop l’attention sur elle? Les peintres savent accorder les couleurs pour qu’aucune ne dissone en étant trop criarde ou trop ténue dans le but de ne pas rompre le flux chromatique qui traverse toute chose, les forme, les anime et les dépasse et surtout nous emporte!
    Bien cordialement.
    PS: pourrais-je savoir qui a rédigé la notice sur Marlon Brando dans 50 ans de cinéma américain? Pourquoi ne pas aimer La Vengeance aux deux visages? C’est un beau western maritime et Malden est épatant. Non?

  6. A Iacchos

    Analyse tout à fait intéressante. Lumineuse. Avec laquelle je suis
    entièrement d’accord. Sont-ce les atomistes grecs ou les anatomistes ?

  7. iacchos dit :

    Bonjour Monsieur Tavernier,

    Je partage votre perplexité à propos de La Charge de la 8è brigade. J’aurais aimé aimer ce film autant que les précédents, mais je l’ai trouvé un peu mou, le souffle un peu court ce qui est un comble car Walsh était un vieux sorcier qui avait sans doute percé le secret du rythme.
    J’ai revu Gentleman Jim récemment et j’ai été ébloui, encore une fois, par cette motricité haletante qui donne sa forme au film. Un dynamisme plastique époustouflant! A ce propos (et sans vouloir être pédant), les atomistes grecs distinguaient le rythme du schéma: le schéma est une forme figée alors que le « rythmos » est la forme labile produite par le mouvement de atomes. Ainsi beaucoup de films accumulent les scènes souvent très intenses mais sans dégager d’énergie qui unifierait l’intrigue. De là le sentiment de voir des scénarios figés qui sans être répétitifs sont simplement statiques et monotones dans l’intensité.
    J’admire dans Gentleman Jim cette dramaturgie tourbillonnante qui enchaîne péripéties, situations loufoques, dialogues crépitants joués avec un sérieux aristocratique désopilant. Mais ce que j’aime le plus c’est ce naturel dans la conduite de la narration. Walsh maîtrise tellement son sujet qu’il se permet une ellipse incroyable d’audace juste après l’esclandre au Club: Jim et son ami se retrouvent ivres morts dans un hôtel de Salt Lake City! On apprend à Jim que lors de sa nuit très mouvementée (dont il ne garde pas le moindre souvenir), il a lancé un défi à un boxeur du coin et doit combattre immédiatement. C’est un vrai trait de génie! On a l’impression que l’euphorie de la narration est telle qu’elle déborde et devient complètement imprévisible. On est embarqués! et soumis à la force de cette narration aux infléchissements impossibles à prévoir comme le développement harmonique d’une fugue de Bach ou d’un morceau de jazz. Ca coule et on est emportés à l’instar de tous les personnages que rencontrent Jim et qui cèdent sous l’attraction mystérieuse de sa valeur.
    La portée politique de ce film me semble aussi considérable. J’ai cru y voir une magnifique fable démocratique. Walsh semble parler de la vraie démocratie, celle qui montre comment l’aristocratie naturelle dame le pion à toutes les aristocraties héréditaires en raison de son énergie, de sa vertu intrinsèque. Et cette énergie se déploie dans cette dramaturgie tourbillonnante qui d’étape en étape fait monter Gentleman Jim jusqu’au sommet. Mais c’est sans effort, comme la libération d’une puissance irrésistible, inexorable. C’est en cela que ce film est assez unique dans le genre car on est loin des films de boxe qui montrent la force rédemptrice de la souffrance en faisant l’éloge de l’effort et qui ne semblent au final qu’illustrer la parabole des talents. Au contraire, Gentleman Jim ne travaille pas, ne s’entraîne pas, il ne souffre jamais, il est simplement supérieur aux autres. Rien à voir avec le petit boxeur déclassé qui fait le match de sa vie dans The Set Up interprété par un Robert Ryan bouleversant et encore moins à voir avec le saint-sulpicien Rocky!
    On comprend aisément pourquoi ce film qui montre le triomphe de l’aristocratie naturelle sur toutes les pesanteurs sociales ne soit qu’une fable…Oh! non, cher Bertrand Tavernier, je n’ai rien dit contre la démocratie française qui, à bien des égards, ressemble à une monarchie faisandée qui pourrit derrière son paravent électif faute de renouveler son sang…la démocratie comme pudendum, hmm, c’est bien une invention français, ça au moins!

  8. MONANGE dit :

    B. T. – Je vais en prendre connaissance mais il y a eu un très bon film de Denys Granier Deferre et Jean Claude Grumberg sur Bony et Laffont.

    Tout à fait d’accord « 93 Rue Lauriston » a traité de la bande à Lafont mais a fait l’impasse sur les méfaits de la « BNA » Brigade nord-africaine qui s’est conduite de façon cruelle contre les maquis de Corrèze et Dordogne sous la direction de Lafont, dont le massacre de Mussidan. Les méfaits de cette bande se terminèrent par des retournements de veste fin 44.

  9. Pierre dit :

    Une question d’actualité à Bertrand Tavernier : le fantabuleutissime « En 4ème vitesse » (« Kiss me deadly ») de Robert Aldrich vient de ressortir en salle en copie neuve (il passe en ce moment à l’Action Christine à Paris). Pensez-vous qu’un DVD décent pourrait suivre étant donné que celui actuellement disponible est de qualité paraît-il assez médiocre ?

    En attendant, avis à la populaschtroumf qui ne connaît pas encore ce diamant noir absolu : courrez le voir au cinéma !!

    B. T. – Tout à fait de votre avis. Le dvd americain contient en tout cas la vraie fin, celle qui fut coupée de 1972 à 2001.

  10. GUILHAUME Jean-Roamain dit :

    Monsieur Tavernier,

    Il est rare que les films d’Albert Lamorisse soient projetés sur les écrans. Aussi, c’est une grande joie que d’apprendre la »remasterisation » de deux de ses films: « Crin Blanc » et « Le Ballon Rouge », présentés à Cannes cette année. Ne serait-ce pas là une occasion à saisir pour la programmation jeune public? Mieux encore, peut esperer la présentation de l’intégralité de son oeuvre, très peu réeditée en dvd et, encore à l’éranger?
    A quand également la projection de la version longue (TV) de « Fanny et Alexandre »? (Le film à été projeté en 1995 à L’Institut en 1995, il me semble, dans sa version de 188 minutes seulement)?
    Seules les éditions Critérions l’ont réedité en version intégrale en Zone 1,et moins courant encore existe un coffret en zone 2 sous-titré en anglais seulement. En suède le Dvd le plus répendu n’est à ma connaissance diponible que dans sa version courte et non sous-titée. En france, la Vhs existe en version courte originale sous-titrée (rare)et en version courte fançaise.

    Bien cordialement

    Jean-Romain Guilhaume

    B. T. – Transmettons votre question à Gaumont qui détient je crois les droits de ce film

  11. Gabriel dit :

    Monsieur Tavernier – thank you for the « L627 »

  12. KREMSER Gérard dit :

    Bonjour Monsieur Tavernier,

    J’ai beaucoup de plaisir à vous lire et à découvrir des films que je ne connaissais pas encore.
    Une petite question à un amoureux du cinéma comme vous :
    Savez-vous pourquoi deux très beaux et grands films (à mon avis) Fanny et Alexandre de Bergman et Huit et demi de Fellini n’existent pas en DVD ? Qui donc nous les proposera pour notre plus grand plaisir ?

    Merci pour votre attention,

    Avec mes salutations cinéphiles.

    Gérard Kremser

    kremser.g@wanadoo.fr

  13. Gilles Dupouy dit :

    Cher Bertrand Tavernier,

    Je suis depuis toujours un inconditionnel de votre travail critique et votre dictionnaire du cinema est surement le livre qui a compté (et compte) le plus dans ma vie de cinéphile.

    Pouvons nous espérer une nouvelle édition, un « 60 ans de cinéma américain » ?
    Non seulement votre vision des années 90 m’intéresse mais j’adore la façon dont vous et coursodon réévaluaient les films que vous revoyez.

    Cordialement
    Gilles Budapest
    Budapest

    B. T. – Quand je l’ai proposé à deux reprises il y a 4 ou 5 ans, je n’ai même pas reçu un accusé de réception de la maison d’édition.

  14. François dit :

    Une question plus qu’un commentaire. J’imagine que vous avez mis à profit votre récent tournage aux Etats-Unis pour faire provision de DVD. Avez-vous une adresse à recommander, à New-York notamment, pour trouver de bonnes éditions ? Merci par avance pour votre conseil ! François, cinéphile montréalais.

    B. T. – J’allais à Tower records. Maintenant il n’y a plus que Virgin et une ou deux boutiques. Je trouve la plupart de mes films sur Amazon, Cinebox ou Facets Videos qui publie chaque année un catalogue exhaustif.

  15. Lord Nithorynque dit :

    Une petite précision : « Be With Me » (titre original : « Shier lou ») n’est pas la première oeuvre du cinéaste singapourien Eric Khoo. Son film précédent, « 12 Storeys », était sorti en France en 1997 ; son premier long métrage, « Mee Pok Man », demeure inédit en France.
    Bien à vous,

  16. MONANGE dit :

    Cher Monsieur Tavernier
    J’admire beaucoup vos films, j’ai un Synopsis dont le sujet devrait vous intéresser:
    C’est l’histoire de mon triste personnage d’oncle Raymond Mxxxxxx.

    Gamin du quartier de La Boissière à Montreuil, il quittera la boutique de marchand de couleur, de son père où la peinture ne l’intéressai guère pour devenir souteneur à Pigalle. Condamné pour proxénétisme il choisira plutôt les Bats-d’Afs. Mobilisé en 40 il récoltera une croix de guerre. Démobilisé il reprendra son petit commerce pour être de nouveau condamné. Sauvé par une entrée dans la Gestapo Française il rejoindra la bande de la Rue Lauriston. Il participera aux exactions de la Brigade Nord-africaine, en Corrèze et Dordogne sous la direction de Lafont. A son retour il rejoindra la bande de Pierrot le fou. Arrêté par hasard en 1946, il sera condamné à mort en 1947 pour intelligence avec l’ennemi. En 1952, il sera fusillé au fort de Montrouge en même temps que son ami Abel Danos. Suite à son obséquiosité à Danos on l’appellai dans le milieu « La soubrette »

    Voir l’article d’Histoire-Généalogie :
    http://www.histoire-genealogie.com/article.php3?id_article=671

    L’intégralité de l’histoire sur demande à mon mail

    Cordialement Jean

    B. T. – Je vais en prendre connaissance mais il y a eu un très bon film de Denys Granier Deferre et Jean Claude Grumberg sur Bony et Laffont.

  17. Résine dit :

    M. Tavernier je loue votre idée de bien vouloir nous faire partager vos connaissances. Comme sur France inter, je découvre des films/ réalisateurs qui me sont parfaitement inconnus et vos commentaires me donnent toujours autant envie d’acheter un DvD quand l’envie m’en prend où de faire des recherche sur le net sur tel acteur ou réalisateur suite à vos billets.

  18. Raphael Koster dit :

    Merci Monsieur Tavernier pour vos interventions toujours passionnantes sur le cinéma. Depuis le temps que je suis votre carrière, je tenais au moins une fois à vous exprimer mon admiration devant votre engagement et votre enthousiasme cinéphile. Votre dictionnaire du cinéma américain est pour moi une référence qui dépasse en intérêt tous les autres ouvrages que j’ai pu consulter du même genre. Même si je regrette que vous ayez un peu négligé La Femme aux chimères de Michael Curtiz que j’ai découvert récemment et adoré. Jusqu’à présent, seul Around Midnight m’avait fait aimé le jazz à ce point, pour autant que je me souvienne. Cela ne m’empêchera pas de continuer à vous lire avec le même plaisir. Merci encore, et bonne continuation,

    Raphael Koster,
    passionné de cinéma, et accessoirement étudiant en sciologie

    B. T. – Moi aussi je trouve que j’ai été injuste pour La Femme aux chimères, me fiais à une vision ancienne. Je croyais avoir corrigé cette erreur dans l’édition Omnibus. Merci pour Around Midnight.

  19. Pierre dit :

    Puisque l’on parle de ces trésors réédités, et de Georges Rouquier en particulier, peut-être pourrait-on suggérer que la Cinémathèque Française et/ou l’Institut Lumière devraient tenter de concurrencer les américains (dont la collection Criterion est effectivement excellente) dans le domaine des classiques. Il serait par exemple intéressant de voir un coffret des « Farrebique et Biquefarre » de Rouquier, avec quelques extras, comme de bien d’autres films de réalisateurs français (ou étrangers) que les éditeurs commerciaux habituels délaissent (il pourrait s’agir de « compilations » de courts-métrages de grands réalisateurs, comme le « Salute to France » de Jean Renoir, le « Pete Roleum and his cousins » de Losey, etc.. Une édition qui pourrait s’appuyer sur un site de recherche (complément d’IMDB qui serait difficile à détrôner sans plagiat) permettant de savoir si, ou ou non, un film est édité commercialement en DVD (ou dans le format vidéo le plus moderne), et, s’il ne l’est pas, de proposer la réédition…

    B. T. – Mais je croyais avoir dit à plusieurs reprises que LES DOCUMENTS CINEMATOGRAPHIQUES avaient édités des dvd de Farrebique et Biquefarre ainsi que Sos Norohna (chronique n°11). Certains de ces dvd comprennent des courts métrages de Rouquier. On trouve chez eux des films passionnants de Henri Calef ainsi que de réalisateurs oubliés comme JeanPaul Paulin dont l’un adapte un scénario de Dreyer. Nul besoin pour l’INSTITUT LUMIERE de les concurrencer. Les courts-métrages des grands réalisateurs se trouvent dans des sociétés concurrentes qui refusent de les céder.

  20. Pierre dit :

    Merci à Bertrand Tavernier d’évoquer le cinéma si poétique de Jean-Daniel Pollet et son Antoine Doinel à lui, le prodigieux Claude Melki, acteur qui semblait venu d’une autre planète. Ils mériteraient à eux deux un coffret reprenant leur longue collaboration, depuis « Pourvu qu’on ait l’ivresse » jusqu’à « L’acrobate » sans oublier le sketch de « Paris vu par… ».

    Concernant les relations prétendument houleuses, sinon méprisantes, que Jouvet auraient entretenues avec le cinéma, je crois aussi qu’il n’aurait pas été aussi génial dans tant de films si il avait pris son travail par dessus la jambe. Il suffit de le revoir avec Annabella dans « Hotel du Nord » (« faut-y que j’t’aime pour qu’tu me fasses l’ dire… »), le plaisir gourmand d’interprêter Mosca dans « Volpone », l’évêque de « Drôle de drame » ou le vieux beau de « La fin du jour », le flic fourbu de « Quai des orfèvres » ou ce qui est peut-être un de ses plus beaux rôles, dans « Le revenant ».

    Vous avez aussi raison d’invoquer le bon travail des éditeurs DVD américains. A ce propos, j’ai vu que Warner Home Video venait de sortir une édition collector de l’incomparable et indémodable « Rio Bravo ». Prévu en France pour fin août mais dans sa version « light » apparemment, pas la « Two-Disc Ultimate Collector’s Edition » (qui contient les fac-simile d’un comic-book tiré du film, du dossier de presse et des « lobby cards »).

  21. […] Lucian Pintilie Bertrand Tavernier hat nach seinen Dreharbeiten in den USA wieder Zeit für sein DVDBlog gefunden. Er schreibt in der “Chronique No 14″ über die DVD-Box mit Filmen von Lucian Pintilie: Trop Tard (1996) et L’Après midi d’un tortionnaire(1998 – qui sont analysés par Michel Ciment – MK2) sont des œuvres magnifiques, mélanges très personnels d’analyse politique et sociale décapante, désenchantée et de comédie farceuse… Pintilie dénonce avec une ironie mordante l’alliance incongrue des anciens bourreaux communistes et des nouveaux nationalistes ultra conservateurs qui s’entendent sur le dos de la vérité.” […]

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