Quelques films français et des repentirs
24 juin 2010 par Bertrand Tavernier - DVD
D’abord quelques repentirs. Sur quelques films italiens ou anglais dont j’ai omis de parler.
Films Italiens
En premier lieu LA FILLE DANS LA VITRINE (SNC) de Luciano Emmer, tout à fait remarquable. Cette chronique sociale douce-amère décrit un milieu très rarement évoqué au cinéma, celui des ouvriers immigrés. En l’occurrence des mineurs d’origine italienne ou franco-italienne qui viennent travailler en Belgique. Tout le début du film qui dépeint leur vie quotidienne, quasi communautaire, leur boulot épuisant est filmé avec netteté, sans pathos, sans complaisance, sans pittoresque. L’un des mineurs (Bernard Fresson) qui a survécu à un grave accident, décide de rentrer au pays mais veut faire un détour par les quartiers chauds d’Amsterdam pour prendre du bon temps. Son copain (Lino Ventura) l’accompagne. Ils vont rencontrer Else, une prostituée (Marina Vlady) qui racole dans une vitrine. Emmer fait alors preuve d’une délicatesse, d’une invention, d’une justesse qui donne envie de revoir tous ses films. Particulièrement réussi est le moment où Lino Ventura complètement bourré met plusieurs minutes à réaliser qu’il est dans un bar gay. Marina Vlady est sublime de beauté, de sensualité. On n’est pas étonné de retrouver au générique parmi les scénaristes Rodolfo Sonego qui a écrit de nombreux chefs d’œuvre (L’ARGENT DE LA VIEILLE, UNE VIE DIFFICILE) et à qui il faudra, un jour, rendre justice. Plusieurs amis italiens ont redécouvert DIMANCHE D’AOUT et les FIANCÉS DE ROME. Dans l’excellent entretien que l’on trouve dans les bonus, Emmer dit que ses deux films favoris sont ceux qu’il a tournés avec Marie Trintignant, notamment UNE LONGUE, LONGUE, LONGUE NUIT D’AMOUR.
Dans ma petite note sur Germi et sur MEUTRES A L’ITALIENNE, je n’avais pas assez insisté sur la fin, si forte, si bien découpée. Avec ce travelling avant sur le visage de Claudia Cardinale et ces 4 derniers plans durs et poignants.
Films Anglais
J’avais oublié de signaler, erreur regrettable, THE FALLEN IDOL un des plus grands films de Carold Reed.
OUR MAN IN HAVANA (NOTRE AGENT A LA HAVANE sous titres anglais) n’atteint pas ces sommets mais vaut mieux que sa réputation. La première partie, notamment, dans un beau Scope noir et blanc, frappe par son ironie tranchante, son scepticisme, sa vision décapante du monde de l’espionnage (qui a influencé le TAILLEUR DE PANAMA). Le dialogue de Graham Greene, adaptant son roman, est percutant. La seconde partie devient trop « hénaurme ». Greene aveuglé par son ressentiment, finit par désamorcer sa charge à force d’exagération. Noël Coward est pourtant excellent. Mais c’est Ernie Kovacs qui vole le film. Il est impayable en chef de la police de Battista, cauteleux, méprisant, vipérin qui s’éprend de la fille d’Alec Guinness. J’aime tout particulièrement le moment où ce dernier lui demande si le briquet qu’il vient de sortir est celui qui est tapissé de la peau des prisonniers qu’il a torturé.
Deux films de Thorold Dickinson, cinéaste qu’on redécouvre sont maintenant disponibles en Angleterre : SECRET PEOPLE et QUEEN OF SPADES que Martin Scorcèse aime beaucoup. On pouvait voir sa version de GASLIGHT avec le grand Anton Walbrook sur le dvd zone 1 du film de Cukor.
Films Français
A tout seigneur tout honneur, commençons par deux classiques indispensables : LA BATAILLE DU RAIL que l’INA vient de sortir dans un magnifique coffret, un splendide transfert avec des heures de bonus. Dont un court métrage de René Clément, photographié par Henri Alekan et avec une musique d’Yves Baudrier (on retrouvera ces deux noms au générique de la BATAILLE), CEUX DU RAIL, aux images splendides. C’est un magnifique galop d’essai.
Le film frappe par l’acuité de son regard, l’invention de la mise en scène, la justesse de son regard. Son propos – cet éloge de l’esprit de résistance, de la solidarité, de l’effort collectif – reste incroyablement actuel. J’ai été bouleversé par tous ces plans quasi muets qui évoquent, sans jamais s’appesantir, de multiples actes d’héroïsme quotidien. Philippe Meyer avait cité à propos des personnages de LAISSEZ PASSER, cette phrase de Romain Rolland : « un héros, c’est quelqu’un qui fait ce qu’il peut quand les autres ne le font pas ». Je cite de mémoire.
Autre chef d’œuvre, MERLUSSE, l’un des plus beaux Pagnol. Sans le « folklore » auquel on réduit trop facilement l’auteur d’ANGÈLE : point de Canebière, de soleil, de garrigue, de grillons, de terrasse de bistrot. L’action se déroule dans un collège aux murs défraîchis, dans un dortoir, des couloirs sinistres. On y parle de la solitude, de l’abandon, de la laideur qui fait peur, qui repousse. Et bien sûr puisque c’est un conte de Noël, de la rédemption. Pagnol utilise de manière révolutionnaire des décors naturels (il avait investi une école avec une équipe très légère), le son direct et réinvente le cinéma. . Point non plus de vedettes célèbres. Merlusse, c’est l’excellent, le remarquable Henri Poupon, généralement cantonné dans les seconds rôles et qui, comme Delmont ou Blavette, ne paraît jamais jouer. On attend maintenant le génial JOFFROI. Rellys est formidable en homme de ménage
Et puis j’ai envie de saluer un ami de quarante ans, Jean Claude Missiaen qui fut l’attaché de presse de nombreux films dont l’HORLOGER DE SAINT-PAUL. J’ai été ému en revoyant TIR GROUPÉ qui lui ressemble tant, touché par le couple crédible, chaleureux, charismatique que forment Véronique Jannot et Gérard Lanvin qui irradie l’écran avec un charme, une présence phénoménales. J’adore ses apartés (« Bonjour la veste, moi c’est Antoine »). Touchante aussi est la manière dont Missiaen montre un univers populaire, des métiers qui ont disparu, qui avaient même disparu au moment du tournage. Je salue aussi l’apport d’autres amis, Pierre William Glenn pour sa belle photo, Jean Roger Milo, terrifiant, inoubliable violeur. Le film anticipe d’ailleurs sur une situation sociale dans les transports en commun qui fait souvent la une des journaux.
Tout aussi ancré dans des milieux populaires, LA BASTON nous permet de re découvrir une Véronique Genest d’avant Julie Lescaut, fraîche, spontanée, chaleureuse. Et nous rappelle le talent de Robin Renucci.
Films oubliés
Les Documents Cinématographiques dont j’ai vanté maintes fois les mérites pour leur travail sur Henri Calef, la résurrection des OTAGES de Raymond Bernard, viennent de sortir un coffret consacré à Rouletabille. Il comprend les deux Marcel Lherbier : LE MYSTERE DE LA CHAMBRE JAUNE et le PARFUM DE LA DAME EN NOIR + ROULETABILLE AVIATEUR de Steve Sekely (dont Bach a distribué THE SCAR /LE BALAFRÉ).
Et le POIL DE CAROTTE de Paul Mesnier, cinéaste qui n’est pas répertorié dans le Tulard malgré la KERMESSE ROUGE sur l’incendie du Bazar de la Charité et le 7ème JOUR DE SAINT MALO (également disponibles aux Documents cinématographiques). L’adaptation est signée Mesnier et Albert Vidalie, romancier talentueux qui verra ses Bijoutiers du Clair de Lune saccagé par Vadim. La mise en scène est terne, sans éclat ; l’interprétation de Madame Lepic par Germaine Dermoz surlignée et dépourvue de surprises. En revanche, Raymond Souplex, plus modeste, plus en retrait, campe un Monsieur Lepic plutôt réussi. Il est la principale raison de voir ce film qui utilise pourtant des épisodes absents des deux versions de Duvivier, place la très célèbre phrase : « Tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin » au début du film alors que Duvvier le faisait dire presque à la fin. On peut voir Maurice Biraud en curé onctueux dans la première scène (Gilbert Bécaaud brossait une silhouette dans la KERMESSE ROUGE).
AU PETIT ZOUAVE (René Château) est un des films les moins connus de Gilles Grangier et l’un de ses favoris. Cette chronique populiste, écrite avec verve par Pierre Laroche, se déroule presque entièrement dans un bistrot tenu par Robert Dalban et regroupe une collection de personnages pittoresques, amusants ou touchants, bien croqués, même si cet échantillonnage parait parfois un peu trop typé ou attendu. Citons Renaud Mary, ancien flic devenu mac qu’Yves Deniaud traite de « virgile » vu qu’il est gardien de nuit, Marie Daems en tapineuse, Paul Frankeur en flic, qui lui évite, renouvelle tous les clichés, Annette Poivre en serveuse qui sert de choeur antique (ses aphorismes savoureux deviennent un tantinet systématique), François Perier, étranger mystérieux et inquiétant. Grangier tourna dans un vrai café et réussit plusieurs plans très adroits qui relient intérieurs et extérieurs, fait assez rare dans le cinéma français de l’époque. Il est tout à fait à l’aise dans cette atmosphère populaire, cette fraternité, ces rivalités de comptoir, négocie adroitement les changements de tons. Le destin d’Olga est traité avec beaucoup d’émotion et de délicatesse. En revanche, le dernier tiers qui se veut plus tragique est plus guindé et achoppe, comme beaucoup de films français, sur les personnages des deux amoureux
FÉLICIE NANTEUIL est une des réussites de Marc Allégret. Ce bon scénario de Marcel Achard, variations assez cinglantes et dures sur Cyrano de Bergerac, est bien dirigé et admirablement joué par Claude Dauphin et surtout Micheline Presles dont c’est un des films favoris. À redécouvrir.
Henri Jeanson
Encore Raymond Souplex dans IDENTITÉ JUDICIAIRE d’Hervé Bromberger (René Château, pas de chapitrage), film qui donnera sans doute à Claude Loursais l’idée de le distribuer dans les 5 DERNIÈRES MINUTES. En effet, Souplex campe un commissaire de la PJ confronté au meurtre d’une adolescente. IDENTITÉ JUDICIAIRE s’est révélé une très bonne surprise dans sa première. Narration nerveuse et inventive (la séquence d’ouverture où un policier range son bureau, se change, classe des papiers, accroche ses habits avant de recevoir les plaignants est excellente), extérieurs variés et justes. Celui de l’écluse où une jeune fille est cernée par la police est filmé avec un réel impact dramatique. Autre surprise, le dialogue relativement sobre et tenu d’Henri Jeanson qui fourmille de petites allusions à l’Occupation, période encore proche. La deuxième partie est plus conventionnelle, les personnages, notamment celui que joue très bien Debucourt, plus attendus, même si la découverte de l’identité du meurtrier est adroite. la poursuite finale correctement dirigée.
Toujours Jeanson dans l’excellent MAXIME de Henri Verneuil, très bon film d’un metteur en scène qui semble avoir perdu ses moyens quand il est passé à la couleur (la photo de ses derniers films est horrible). MAXIME est très bien écrit avec des dialogues inventifs, fins, pas tapageurs, bourrés d’allusions littéraires très marrantes (à Proust). C’est une des grandes réussites de Jeanson dans cette décennie. Arletty y est sublime. Il faut la voir commander : « une sole sans arêtes, une côtelette sans os, des cerises sans noyaux » pour son marin, un général à moitié gâteux. Ou dire : « Que veux-tu, mon cher Maxime, je suis avare… Le film est d’ailleurs bien joué par Michèle Morgan et même Félix Marten, avec en arrière plan ce qu’il faut d’âpreté, et de noirceur. Voilà le type de film, ignoré des Histoires du cinéma, que le dvd permet de réhabiliter.
Verneuil m’a moins convaincu avec l’AFFAIRE D’UNE NUIT pourtant écrit par Jean Aurenche et Jeanson, portrait d’un séducteur égoïste et veule qui pique la femme de son ami, ancien combattant fanatique, nationaliste, de la guerre d’Algérie, fort bien joué par Pierre Mondy. Ce personnage semble inspirer la verve de Jeanson et Aurenche. Malheureusement, le séducteur n’est autre que lequel est un Roger Hanin, lequel manque de vraie fantaisie, de légèreté et fige le film. Il ne se passe rien entre lui et une Pascale Petit mignonne mais monocorde, malgré quelques notations psychologiques insolites et plutôt féministe. La mise en scène, incertaine, molle, peine à trouver le ton juste. À noter la musique Martial Solal qui fait penser à celle d’A BOUT DE SOUFFLE.
Policiers et comédies
J’ai été très déçu par COMPTE À REBOURS (René Château) de Roger Pigaut malgré sa distribution prestigieuse : Michel Bouquet, Simone Signoret, Serge Reggiani, Jeanne Moreau. La mise en scène est plate, la photo de Jean Tournier (en tout cas dans ce transfert) des plus banales, surtout dans les scènes de nuit, le scénario convenu. On voit arriver les fins de scènes une minute à l’avance.
Beaucoup plus inventives, divertissantes, percutantes sont les deux comédies policières d’Yves Mirande, dont la réalisation technique fut assurée par Georges Lacombe : DERRIÈRE LA FACADE et CAFÉ DE PARIS. Le premier, film à sketches déguisé, prend le prétexte d’une enquête dans un immeuble pour décrire plusieurs situations cocasses ou émouvantes. Dont une séquence curieuse sur les étrangers qui fut coupée en 1940 à cause de la présence de Von Stroheim. Et une autre touchante où les policiers se trouvent face à un aveugle alité dont la fille a vendu tous les tableaux pour leur permettre de vivre. Il ne reste que la marque des cadres sur les murs. On retrouve dans les deux films le talent de Mirande, ce désir de brosser un tableau de la société française, d’en épingler les travers, les mesquineries, la corruption, l’hypocrisie. L’argent y joue un rôle prédominant et l’auteur insiste tout particulièrement sur l’importance des loyers, l’égoïsme, la ladrerie de certains riches. On retrouve des figures types du cinéma de l’avant-guerre, gigolo, demi mondaine, aventurier qui renvoient à une vraie réalité sociale.
Je me demande si CAFÉ DE PARIS n’est pas le plus réussi des deux, le plus brillant… Unité de temps, de lieu et comme le note Jacques Lourcelles, de costumes, « tenue de soirée de rigueur ». En particulier à cause de la personnalité de la victime, ce directeur d’un journal qui tient de la feuille de chantage, figure incontournable de la presse de l’époque. Et qui est la proie, la cible, le complice hypothétique de trafiquants d’armes, ce qui prend une connotation actuelle. Jules Berry y est bien sûr époustouflant (il est excellent aussi dans DERRIERE LA FACADE où son revirement révèle le côté fleur bleue qui se cache derrière le cynisme de Mirande). Mais a-t-on envie d’ajouter, comme tous les autres acteurs. L’abondance d’intrigues parallèles et convergentes, des notations cocasses ou percutantes permettent de » dépeindre en quelques traits fulgurants une grande variété de types sociaux. On est surpris de voir que l’aspect policier de l’intrigue, simple faire valoir à l’étude de mœurs, fonctionne encore aussi bien aujourd’hui. (Jacques Lourcelles : Dictionnaire du cinéma). Voilà un des grands films de l’avant-guerre. Même si parfois les rapports de plan, de cadrages, les raccords de regards paraissent chaotiques, l’énergie de la narration emporte le morceau
TRICOCHE ET CACOLET (Studio Canal) de Pierre Colombier d’après Meilhac et Halévy est moins brillant, mais comprend de nombreuses séquences qui m’ont fait mourir de rire. Une chanson assez formidable de Fernandel et ce moment délirant où un Saturnin Fabre en grande forme dans le rôle du banquier Van Der Pouf, lance des ordres à une cohorte de secrétaires féminines qui l’entourent, s’interrompt pour répondre au téléphone à sa maîtresse (Fanny de Sainte Origan dite Fanny Bombance) à qui il déclare, sans reprendre son souffle : « tu sais que je me suis marié ? Quand nous voyons nous ». Il faut le voir élaborer des stratégies grandioses pour s’associer à Oskar Pacha. Intrigues qui vont être mises à mal par Tricoche et Cacolet, détectives privés qui se déguisent, s’épient sans cesse pour défendre l’un le mari (Cacolet), l’autre la femme (Tricoche). Elvire Popesco qui arbore des robes extraordinaires, est impayable et Ginette Leclerc très sexy.
Retour à René Château avec un film que j’adore JE SUIS UN SENTIMENTAL de John Berry, le meilleur Constantine avec CET HOMME EST DANGEREUX ((qui l’a vu ?), CA VA BARDER. Je mets à part le délicieux et nostalgique LUCKY JOE et ALPHAVILLE. En espérant une exhumation de REPRIS DE JUSTICE de Vittorio Cottafavi.
Au générique, on retrouve le talentueux chef opérateur Jacques Lemare et Jacques Laurent Bost, le compagnon de Sartre, le fondateur des TEMPS MODERNES qui signe les dialogues très inventifs. Le scénario écrit par Berry et deux scénaristes « liste noire », Lee Goild et Tamara Hovey, se veut plus sérieux, plus dramatique que celui purement ludique de CA VA BARDER. On y parle d’erreur judiciaire, de la peine de mort, on évoque et l’on critique la presse à sensations, le manque de scrupules de certains journalistes. Tout le début du film, extrêmement bien mis en scène, ressort du film noir avec ces plans en plongée dans les escaliers, ces travellings avec amorces. Tout comme la fin assez forte mais qui flirte avec l’invraisemblance. Cette dernière péripétie (Constantine qui fait paraître seul le journal), le nœud de l’intrigue, les rapports entre l’avocate (une Bella Darvi, plus vivante, moins raide que d’habitude) renvoient à un contexte, une approche américaine. J’ai pensé à des films comme UNDERWORLD STORY de Cy Enfield.
Comme dans le précédent Constantine, Berry regroupe un grand nombre d’acteurs épatants qu’il dirige avec virtuosité, de Paul Frankeur à Aimé Clariond en passant par Walter Chiari et Olivier Hussenot. Il ne peut s’empêche d’introduire plusieurs séquences burlesques (un long moment plutôt enlevé dans le Palais de Justice avec une substitution de place digne de Laurel et Hardy) et des répliques hilarantes dont le célèbre « y a un os dans le fromage ».
Une résurrection
La cinémathèque de Toulouse et Carlotta viennent d’exhumer un ovni, la CAMPAGNE DE CICERON de Jacques Davila. Film au ton, au propos totalement inhabituel, littéraire, décalé. On peut (et l’on a) citer Rohmer, par ailleurs grand défenseur de ce « film qui nous apprend à voir », mais Davila possède sa personnalité propre avec sa sensualité, sa cocasserie, ses ruptures burlesques. Il pratique plus la rupture, la dissonance que Rohmer. Les personnages se cassent souvent la gueule comme dans Preston Sturges, la nudité est importante et le tragique surgit à l’improviste, en catimini Il est possible que certains aient du mal à rentrer dans cet univers. Moi je me suis laissé prendre, envahir et j’ai particulièrement apprécié les rapports entre Tonie Marshall et le toujours excellent Jacques Bonnaffé et notamment la séquence sur la montagne où la jeune femme reproche au politique de « raconter des histoires remplies d’objets pointus, marteaux piqueur, espadons, vipères, rhinocéros ». Et la chanson de Sabine Haudepin reprise un instant par Judith Magre qui semble suspendre le temps, le souhait de ne pas mourir entre chien et loup.
Un petit mot sur Michel Gondry, cinéaste inclassable qui virevolte de manière étourdissante entre rêve et réalité, souvenirs et présent, fantasmes et scènes réalistes, entre le cinéma et la vie… Comme le note un internaute de Boston, Paul Creeden à propos de La Science des Rêves : « (il) ne parle pas la langue d’Hollywood, ni la langue de l’Argent mais le langage de l’Art ». Il est vrai que l’ingéniosité bricoleuse prime sur la technologie dans ce film, dans ETERNAL SUNSHINE. Face à cette myriade d’inventions cocasses, poétiques ou touchantes, on pense à ces planches anglaises où l’on voit des personnages confrontés à des mécanismes aussi complexes qu‘ésotériques où des roulements à bille déclanchent des contrepoids qui font démarrer des leviers lesquels font rouler un wagon qui va recevoir des billes. Pour un peu, on a même l’impression qu’en décapsulant l’écran, on découvrirait toute une activité fébrile qui semble activée par des diablotins facétieux., Des elfes rêveurs, des Lépine survoltés et parfois gaffeurs, dignes pendants des personnages qui s’agitent sur l’écran : Jim Carey et Kate Winslett qui tentent d’effacer leurs souvenirs pour résoudre leurs problèmes relationnels (« le souvenir du bonheur n’est plus du bonheur », disait Lord Byron, « le souvenir de la douleur est encore de la douleur »). Les héros de SOYEZ SYMPAS qui sont obligés de retourner avec les moyens du bord, quelques casseroles et des balais des oeuvres hyper connues comme GHOSTBUSTERS, RUSH HOUR 2 ou 2001, ODYSSÉE DE L’ESPACE.
En cela, Gondry est un héritier du nonsense anglo-saxon, qui, par la complexité de son désordre, rend à son tour le monde insane et enfantin. “Tout ce qui est répété trois fois est vrai“, dit le Charpentier dans la Chasse au Snark. À quoi fait écho la question angoissée de Joël Barish dans Eternal Sunshine : « Est ce que votre opération risque de détériorer le cerveau ? » « Eh bien, techniquement parlant », lui répond le Dr. Howard Mierzwiak, « l’opération est une détérioration du cerveau mais rien de pire qu’une nuit de beuverie ».
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Commentaires (84)
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a B.T. : en lisant votre commentaire sur COMPTE A REBOURS, j’ai cru reconnaître 3 MILLIARDS SANS ASCENSEUR du même PIGAUT avec sensiblement les mêmes acteurs : de grandes promesses au vu de la distribution et un résultat d’une faiblesse insigne.
A Edward
Les deux films ont beaucoup de points communs et se ressemblent. Même scénariste, même producteur, même source d’inspiration
[…] sobre as suas descobertas em DVD do mercado francês no seu blog, Bertrand Tavernier detém-se sobre o filme que o Lucky Star – Cineclube de Braga apresentou por esta época de Natal de […]
Je viens de découvrir CAFE DE PARIS et me réserve les deux autres Yves Mirande que j’ ai pu dégotter en occase (BACCARA et PARIS NEW YORK). En visionnant CAFE DE PARIS, j’ ai beaucoup pensé à Robert Altman, plus précisément aux Altman dont la choralité s’organise autour d’un crime ou d’une mort suspecte (PRET-A-PORTER, COOKIE’S FORTUNE, GOSFORD PARK), avec interventions souvent cocasses d’enquêteurs. Ces derniers, dans CAFE DE PARIS, ne sont pas spécialement désopilants (Jacques Baumer) mais la galerie de mondains, bloqués au Café de Paris le soir du réveillon pour les besoins de l’enquête, n’est pas en reste. De Carette, journaliste qui dicte au téléphone la progression de l’enquête « en caractères gras, s’il vous plaît » à Maurice Escande, comte de Perelli, qui, lorsque la police vient l’interroger, se fend d’un « On ose! » stratosphérique en passant par Jules Berry, toujours grandiose surtout lorsqu’il essaie de faire comprendre aux flics, qui veulent le voir reproduire un hypothétique coup de couteau, qu’une blessure de guerre rend le geste impossible. Il faut l’entendre envoyer bouler Pierre Brasseur, très tête-à-claque, d’un fulgurant « J’t’emmerde, mon petit.. ». Les dialogues d’Yves Mirande, sans être très littéraires, fusent comme au feu d’artifice et claquent avec une efficacité cinglante.
Comment s’appelle l’actrice qui fait la mondaine toujours cuitée, à qui son compagnon demande qu’elle se tienne bien, ce à quoi l’intéressée répond : « J’ai pas mis les pieds sur la table, je ne me suis pas trémoussée du derrière, qu’est ce que tu veux de plus? ». A un autre moment, elle regarde son mec en ricanant et lance « C’est lui l’assassin! ». Elle est vraiment fendarde..
A Alexandre Angel
Vous avez entièrement raison. On peut trouver ces films chez René Chjateau à la Mémoire du Cinéma
à Bertrand et A Angel: merci de m’avoir fait découvert ce film. Un feu d’artifice! Certaines répliques sont d’une banalité tellement soulignées qu’on comprend que c’est fait exprès. Carette dictant son article au téléphone en mettant autant d’emphase dans les signes de ponctuation que dans sa prose est inoubliable!
AA: je crois que c’est Simone Berriau qui joue la mondaine toujours cuitée, Odette, vous l’aviez identifiée depuis?…
SUITE j’avais remarqué le culte de la banalité dans les dialogues qui relève plus du style que de la paresse des dialoguistes, dans d’autres films français des années 30, par exemple dans le génial L HABIT VERT de Richebé absolument introuvable en dvd.
CAFE DE PARIS: ce que je veux dire, c’est que quand Berry dit à Brasseur « Je t’emmerde mon petit! » la réplique est banale mais on rit quand même parce que tout est dans la forme et la façon dont c’est enlevé. Dans un film de Lubitsch ou une comédie américaine il aurait dit qqch de bien plus spirituel. Mais dans la vie on a pas l’esprit à trouver une réplique brillante et originale à débiter rapidement. Aussi, l’humour du film de Mirande gagne à être en prise avec la vie par ce genre de réplique, c’est plus réaliste et cette impression de réalisme donne plus de vie aux acteurs. Après un Lubitsch, on est charmé emballé mais après « The End » le film se ferme et nous abandonne. Un film comme CAFE DE PARIS continue à vous habiter parce que les personnages vivent encore après le mot « Fin ». Ceci dit j’aime les deux.
A MB
Il y a plein de films de Lubiysch de TO BE OR NOT TO BE à HEAVEN CAN WAIT qui vivent après
à Bertrand: pas avec moi, je les oublie. Ce qui ne veut pas dire que Lubitsch c’est pas bien. Les films plus foutraques, plus spontanés, moins (apparemment) écrits, sont plus vivaces et vous tiennent la main longtemps.
Bonjour,
Je profite de ce théma « cinéma anglais », pour proposer en lien, un article sur l’originalité du propos de « Colonel Blimp », et plus novateur, je pense, sa réception en France où il ne fut projeté « que » dix ans plus tard. A noter, en annexe, la critique du film par André Bazin qui était, comment dire, plus clairvoyant sur le cinéma anglais que son disciple…François Truffaut.
Lien: http://rha.revues.org/index7294.html
Bonne lecture
A Sly
Merci mille fois
Bonjour Mr Tavernier,
Auriez-vous, à tout hasard , vu ce film de Gordon Douglas sur le mythe de Robin des Bois intitulé en français : « la revanche des gueux » avec si mes souvenirs sont bons John Derek dans le rôle principal.
J’en garde un excellent souvenir d’enfance lors d’une diffusion télé. Etait-il proche, sur le plan narratif, du chef d’oeuvre de Curtiz ou complètement différent? Enfin était-ce à vos yeux un bon film et existe-t-il en DVD?
Bien à vous.
A Goossens, je ne l’ai pas vu. Ils est disponible aux USA (co signé par le médiocre Henry Levin , non ?) Dave Kehr en a parlé dans le NY TIMES
Bonjour tristesse: j’ai appris le décès d’alain corneau… outre de belles réussites éclectiques (je retiens surtout série noire, Nocturne indien, Tous les matins du monde, le choix des armes ou encore stupeur et tremblement qui réussit à magnifier un roman que je n’aimais pas), il me semblait humainement riche et cinéphiliquement passionné et passionnant.
A Ballantrae
Oui, OUI, OUI et FRANCE SOCIÉTÉ ANONYME et un épisode télé de Medecins des Hommes (je cite de mémoire)
Je suis très touché par la disparition d’Alain Corneau, qui avec Bertrand Tavernier s’est battu pour mettre en avant 2 films de Don Siegel « Les Proies » et « Tuez Charley Varrick » qui sont grâce à eux devenus des classiques.A ceux qui ne l’ont pas encore, je ne peux que leur conseiller l’achat de ce dernier film en DVD pour le bonus où Alain Corneau présente avec beaucoup de jubilation l’oeuvre. Son rire me vient en mémoire : voilà le souvenir que je souhaite garder pour atténuer la peine de tous ceux qui aiment ce cinéaste.
Bonjour,cinéphile pathologique depuis ma plus tendre enfance,j’ai pu enfin,à 43 ans,casser ma tirelire afin de créer mon propre site de vente de dvd sur internet.Sa ligne éditoriale est sans équivoque et veux surtout se démarquer des sentiers mercantiles sans âme des autres grands sites marchands de la toile.Je vous invite donc,braves gens et gentes dames à venir faire un petit tour sur MA SEANCE DVD
http://www.maseancedvd.com/.
P.S
Tous les dvd y sont vendu à prix doux…
merci
Je ne suis pas sûr que vous exploriez, cher bertrand, souvent le cinéma d’animation. Faisant découvrir à mon petit garçon quelques merveilles dans ce domaine passionnant, permettez-moi de vous conseiller deux admirables adaptations de classiques:
-L’homme qui plantait des arbres-d’après Giono- de F Bach, génie canadien de l’animation classique aux couleurs pastel, aux lignes très fluides.C’est la belle voix de Ph noiret qui sert de narrateur.(j’ai oublié l’éditeur et ne l’ai pas sous la main!)
-Le vieil homme et la mer -d’après hemingway- de Alexandre petrov dont la technique hallucinante-même si elle n’a rien d’ostentoire- mérite d’être commentée: il peint avec les doigts sur des plaques de verre des décors somptueux qui donnent l’impression rare de matière à la pellicule.Le sens de la lumière évoque parfois les hollandais, à d’autres moments les impressionnistes (chez montparnasse, c’est sûr avec en sus trois courts admirables et deux docus)
Dans des sphères plus strictement réservées aux grands, avez-vous vu Valse avec Bashir ( à mon sens le plus beau film israelien dans toute cette nouvelle vague parfois exagérément vantée) et le tombeau des lucioles?
A Bertrand TAVERNIER et Damien DOUSSIN
Merci pour vos messages sur Bruno CREMER. Vous avez bien raison de parler de son talent et de films dont on ne parle pas assez. « La 317ème Section » est en effet bien oublié (le SCHOENDOERFFER que je préfère)et parle d’un conflit peu présent dans le cinéma français.
Aux films cités, je rajoute un autre film de BRISSEAU où Bruno Cremer est remarquable « De bruit et de fureur ».
A Augelman
Entièrement d’accord. 14 HOURS n’est pas cher aux USA mais ils ont oublié (?) la fin du metteur en scène
Bonjour
Pour recouper avec les avis de Mr Tavernier:
Le coin du radin: les deux Berry-Constantine sont en promotion chez René Chateau! 10€ l’un! Mais les frais de port c’est pas cadeau. Et merci pour les chapitrages, c’est vraiment le service minimum, chez René!
Dernière minute: Identité Judiciaire, 5€!
Bonne journée de 15 août!
Je viens de faire la connaissance d’un site intéressant vendant des DVD muets rare en zone 1: http://www.grapevinevideo.com/
Dans leur catalogue, on trouve notamment BEGGARS OF LIFE de William Wellman, The Squaw Man, de De Mille (version 14), Le Voyage Imaginaire (René Clair,26), Variety (Dupont,25), trois films muets de Henry King (Romola, The White Sister + She Goes To War), 3 films de Lubitsch, Le Prisonnier de Zenda (version Ingram 22), The Return Of Dram Egan (western de W.Hart, 16, cité par le Lourcelles), un Browning (The White Tiger), Manhandled (Allan Dwan, 24, avec Gloria Swanson, cité par le Lourcelles), un Capra muet, et des recueils de courts métrages de Griffith, Edwin S. Porter et Mack Sennett. Le catalogue déborde sur le serial et quelques films parlants.
Je ne connais pas, par contre, la qualité des copies. Je vais de commander le Wellman et le Capra. On verra bien…
Merci Harry
Autre sorties annoncées :
Les 5 westerns de Boetticher sortis dans le coffret Z1 en 2008 sont annoncés en Zone2 pour le 19/10/2010 chez SEVEN7/SIDONIS en DVD à l’unité.Mr TAVERNIER pourra peu-être nous donner des informations complémentaires à ce sujet(s’agit-il des mêmes masters? Est-ce que les pistes françaises sont présentes? En Zone1, les VF sont présentes, d’époque pour 4 films mais une version récente (malheureusement)pour « Décision à Sundown ».
Le 27/10/10, dans la collection FNAC sont annoncés :
– La Fièvre du Pétrole (CONWAY)
– L’appât » (Mann enfin disponible en Zone2)
– Le Maître de la Prairie (Kazan); film que l’auteur n’aimait guère.
– Passage pour Marseille et Le Chevalier du Stade (Curtiz)
Un avis tout personnel : j’ai vu le DVD Wild Silde « Je suis un criminel » de Berkley avec Garfield et Rains et Ann Sheridan: agréable surprise et découverte d’un « autre » Berkley.
A Augelman, Je suis supposé les présenter et les commenter. J’espère que ce seront les mêmes masters
LE MAITRE DE LA PRAIRIE est en effet plutôt assommant et terne
La disparition de la scénariste Suso Cecchi d’Amico, survenue le 31/07/2010 est passée presque inaperçue; en outre ,comme le faisait déjà remarquer Mr TAVERNIER, une fois de plus,les rares informations fournies sont fantaisistes(voir les différents âges selon les sources). La sortie chez Carlotta le 18/08/2010 du DVD « Les nuits blanches » tombe à pic.
D’autre part toujours chez Carlotta, sortie annoncée pour le 3/11/2010 d’un coffret Borzage avec « L’Isolé », « L’Heure Suprême », »L’Ange Suprême » (en bonus un 4ème film « La Femme au Corbeau »)et sortie le 8/12/2010 d’un coffret Murnau comprenant « L’Aurore » et « City Girl ».
A Augelman, j’ai dit tout le bien qu’il fallait penser des sublimes Borzage. Les scénaristes sont très souvent oubliés dans les nécrologies françaises et certains films des acteurs aussi : la « &È ème SECTION ne fut jamais mentionnée parmi les films de Cremer à la radio ou a la télé alors que c’est le film qui le lança. Il y est d’ailleurs exceptionnel et le film est absolument magnifique
Pour la « 317 ème section », le service public (journal de France 2 ou 19/20 je ne sais plus) en a parlé au moment de la mort de Cremer. Pierre Shoendoerffer était même interviewé au milieu des documents d’exploitation du film.
Le film en tout cas est extraordinaire et on en parle je trouve assez peu, même dans les dictionnaires et revues de cinéma…
Acteur humble et discret, la mort de Bruno Cremer m’a ému. Il était pour les gens de ma génération le « vrai » commissaire Maigret dont l’interprétation était magistrale. Je l’avais également adoré au début du film « Sous le sable » de Ozon ou dans « Noces blanches » de Brisseau. Même dans un film comme « Paris brûle-t’il ? » sa stature et son jeu en faisait un Rol-Tanguy convaincant.
Le cinéma français a perdu un grand acteur…
A Damien, voyez le aussi dans MON PERE de José Giovanni et dans UN JEU BRUTAL de Brisseau ainsi que dans OBJECTIF 500 MILLIONS que l’on trouve dans un coffret Schoendoerffer. C’était un acteur magnifique.
Oui, Bruno Cremer était un grand acteur et son travail pour La 317ème section ( Schoenderffer est honteusement méconnu… Même Dien bien Phu possédait ses moments de beauté et il est bien dommage que L’adieu au roi avec son potentiel de récit initiatique à la Conrad ait été aussi défiguré par Milius)pour Sautet ou pour Brisseau (à l’époque où celui-ci était l’un de nos cinéastes les plus forts) reste gravé dans ma mémoire!
Je viens de revoir sur grand écran La 317ème section en présence du grand et intimidant Raoul coutard ( a propos , je tiens à signaler son beau livre de photos Le même soleil à à partir de ses travaux « ethnologiques » auprès de tribus isolées dans l’Indochine des 50′, parallèlement à son activité de photographe des armées: la qualité de définition et de chromatisme ferait croire à du retouché numériquement, que nenni!!!): QUEL FILM!!!
Un modèle de narration, de choix photographiques et sonores, de restitution physiologique des sensations du soldat perdu en pleine jungle.Avec un film comme celui-ci, j’estime que Schoenderffer figure parmi nos plus grands auteurs et je suppute qu’il ne lui apas été toujours facile de mener à bien ses projets.
Quant à R Coutard, je ne comprends pas qu’il n’existe pas (détrompez moi si besoin)de livre d’entretiens sur sa carrière! j en’en menais pas large face à l’inventeur de la photographie de A bout de souffle,tirez sur le pianiste, Lola, Pierrot le fou et tant d’autres chefs d’oeuvre!!!!
Le même soleil est édité par « le bec en l’air éditions » et montre des photos datant de 1945 à 1954 liées à des expéditions vers Laos, Cambodge et vietnam. Beaucoup de très belles photos couleur et quelques unes en N et B.
A Ballantrae
Raoul n’est pas un grand bavard et je ne sais pas, pour l’avoir fréquenté, s’il voudrait vraiment parler de certains films.
J’ai effectivement constaté que Raoul coutard pouvait ne pas être bavard: j’ai esquissé une question autour de Pirrot le fou et sa rencontre probable avec fuller (qui partage avec lui et l’expérience de la guerre, et celle de la photo reportage et le cinéma) mais j’ai fait chou blanc!Il a répondu en évoquant l’accueil négatif du milieu du cinéma à son endroit (par rapport à son passé de soldat si j’ai bien compris…).
Tant pis!Il n’en demeure pas moins qu’il est passionnant dès qu’il se lance ainsi en fut-il lorsque je lui demandai comment il considérait la disparition annoncée de l’argentique en partant du petit bout de la lorgnette (mon constat de la qualité de définition et de chromatisme de ses photos laissées de côté depuis des décennies, la mention de mon attachement fétichiste à mon FM2 Nikon et au 50 mm).
A propos de Borzage, je signale que le cinéma muet de FR3 va diffuser MAN’s CASTLE (Ceux de la Zone), qui de mémoire date de 1933. Sauf erreur de ma part, il n’existe pas en dvd. Par ailleurs, va sortir en zone 1 un coffret consacré aux films muets de Joseph Von Sternberg.
Formidable, la fille dans la vitrine! Merci, Monsieur Tavernier, pour toutes ces perles tirées de l’oubli. Dommage qu’on ne puisse trouver d’autres films de Luciano Emmer… Mais quel film… Je ne savais pas que Bernard Fresson avait joué dans tel un chef-d’œuvre… (Je suis méchant…) Et puis j’ai pensé à mon grand-père, qui était mineur de fond… Marina Vlady est d’une telle grâce… Moi aussi, j’aurais risqué encore et encore le coup de grisou dans les entrailles noires de la terre pour la retrouver le week-end… Quelle splendeur, ce film, tout en sobriété, en émotions retenues, sans jamais la moindre condescendance… Quelle justesse… J’en avais la gorge toute nouée… Et la fin, alors, sans pathos, bien nette, musicale, et le silence qui vient après… Ça n’a pas grand rapport, mais ça m’a donné envie de revoir l’expédition, de Satyajit Ray, et puis aussi Arigato-san, de Hiroshi Shimizu… En fait si, ça a peut-être un rapport… En tout cas, merci mille fois et vivement votre prochaine chronique.
A Jean-Charles
Merci mille fois
Bonjour mr Tavernier,je suis aussi tres friands du travaille de gondry,j’ aimerais beaucoup savoir ce que vous pensez du nouveau travaille de son accolyte spike jonze qui m’ a surpris par son film d’animation,max et les maxi monstres ,loin des films sans surprises des gros studios dreamworks disney.(oserais je une comparaison avec cassavettes pour les dix premiere minute du film…la warner bros lui a demande de refaire une version moins noir…)…on peux meme voir en ligne son tres beau court metrage « robot love story ».j ai cette sensation que de nouveaux realisateurs controllent parfaitement les rythmes,musiques et recit de maniere completement fluide,pourtant ces deux la viennent du clip video….une nouvelle etape?
A Pat
Pas eu le temps de voir le film
Vu, suite à votre post, LA FILLE DANS LA VITRINE, de Luciano Emmer, qui vaut effectivement la redécouverte. J’avais vu il y a quelques années Dimanche d’Août du même réalisateur qui m’avait déjà paru excellent. Ceci dit, les films de Emmer ne sont guère disponible en français. Sauf erreur de ma part, La Fille dans la Vitrine est actuellement le seul. Une demi-douzaine de films de Emmer sont trouvables sur le marché italien (http://www.dvd-italia.ch/conditions.php?language=it&osCsid=fe371ebf7281774a37424a96d74e1d80) mais aucun avec des sous-titres français (sous-titre italien).
Dans le domaine des films italiens, j’ai vu le dernier long métrage en date de Mario Monicelli, Le Rose del Deserto, qu’on peut trouver sur le même site, également sans sous-titre. Bien sur, le pape de la comédie italienne n’arrive pas à retrouver les sommets d’antan, mais cela a suffit à nourrir ma nostalgie. L’action se situe pendant la 2ème guerre mondiale en plein Sahara parmi des militaires italiens; on y retrouve en mineur ce mélange unique de drame et de comédie, typique de Monicelli, qui donne souvent l’impression d’une farce cruelle.
A Harry Lime
Merci pour tous ces renseignements. J’irai sur le site
A Bertrand Tavernier
Merci pour vos conseils d’achat du western « La fureur des Hommes ».J’ai beaucoup apprécié ce film que je n’avais vu qu’une seule fois, il y a plusieurs décades et qui effectivement ne m’avait pas marqué outre mesure.
Je faisais partie de ceux pour qui Hathaway,en ce qui concerne les westerns, était le réalisateur de « Le Jardin du diable » et « L’Attaque de la malle-poste ».
Cette vision fut en fait une véritable découverte ( et non une re-découverte).Le scénario particulièrement dense et riche en personnages (à noter comme souvent chez Hathaway, le personnage féminin a une importance sur le déroulement de l’action et en plus son attitude est positive)se passe de manière « fluide » : pas de temps morts.
Pour « L’attaque de la malle-poste »,film plus connu il faut noter la qualité de l’image du DVD et le fait qu’il ait été tourné en noir et blanc est, à mon avis, un atout de plus dans la perception (sombre) de cette oeuvre.
A Augelman
Entièrement d’accord. Voyez d’autres Hathaway, THE DARK CORNER, 14 HOURS, oeuvres magistrales dont j’ai parlé dans mes précédentes chroniques. Et NIAGARA, APPELEZ NORD 777
Merci pour vos conseils;NIAGARA et APPELEZ NORD 777 font déjà partie de ma « DVDTHEQUE ».
« L’impasse tragique » me sera livré d’ici quelques jours; pour 14 HOURS,je dois aller sur playcom ou les sites US.
WILD SIDE a du revoir son programme :
« Menaces dans la nuit » a été reporté au 8/12/2010. »La Forêt Interdite de Ray et le double coffret de Lang sont repoussés en 2011 ainsi que les coffrets THORPE et MINELLI prévus au départ pour cet automne.
Oui, FALLEN IDOL est un film magnifique sur l’univers de l’enfance et ses premières confrontations douloureuses à un monde adulte fait de dissimulations, de compromis, de secrets honteux. La fin, d’une grande cruauté, est inoubliable par sa magistrale utilisation des différents niveaux du décor – le grand escalier, le hall – et la façon dont elle orchestre la progressive retraite des policiers, sourds à la PAROLE de l’enfant et totalement indifférents à sa solitude. Largement consacré par la critique anglaise et américaine, ce film semble aujourd’hui n’avoir qu’un très faible écho chez nous. Encore une bizarrerie de la cinéphilie française, très en avance sur certains points, mais étrangement en retard sur d’autres.
Entièrement d’accord cher Olivier. Frears me disait son admiration pour de nombreux films de Reed dont THE WAY AHEAD, autre oeuvre inconnue ici
Vous me donnez envie de découvrir au plus vite FALLEN IDOL.
Pour rebondir sur le cinéma anglais et Frears, je vous conseille d’aller voir au cinéma « Tamara Drewe' » : comédie pétillante, amère et cynique (comme Frears sait les mettre en scène) adaptant librement à la fois une bande dessinée de Posy Simmonds et « loin de la foule déchaînée » de Thomas Hardy. Un film anglais raffraichissant à ne pas manquer en cette période estivale.
A Damien Doussin, j’adore TAMARA DREWE. Voyez aussi les films de Launder et Gilliatt et les Robert Hamer. Et NOOSE d’Edmond T Greville
Frears avec Tamara Drewe signe l’un de ses plus beaux films: drôle, élégant, juste… son éclectisme est toujours aussi étonnant. Frears est porté par son désir de cinéma et rompt toujours avec les attentes de la critique et du public, cherchant à stimuler de nouvelles envies, à explorer d’autes horizons.
Il faut absolument revoir le génial grifters ( la plus belle adaptation de thompson avec coup de torchon) et réhabiliter deux échecs cuisants: Mary reilly et hi lo country, le premier possède un sens de la construction admirable et des décors parmi les plus inventifs vus ces dernières années, le second semble sortir de l’imaginaire d’un cormac mac carthy (tendance de si jolis chevaux)et possède un ton désenchanté empreint de lyrisme tout à fait unique.
A Ballantrae
D’accord
Pour les adptations de jim Thompson, j’oubliais bien sûr Série noire d’Alain Corneau au scénario duquel a collaboré G Pérec (je serais curieux de connaître l’histoire de cette écriture de scénario au vu des tempéraments de Thompson-Perec-Corneau).
Le grand Jim écrivit « en partie » L’ULTIME RAZZIA et LES SENTIERS DE LA GLOIRE. Si ma mémoire est bonne, Skorecki (que je trouvais bien rigolo, autrefois, quand je lisais libé) disait même que c’étaient des films de Jim Thomson… Peut-être les mieux écrits des films de Kubrick, en tout cas… Et puis, très récemment, THE KILLER INSIDE ME, adaptation d’un roman de Thomson, pas mal du tout, de Michael Winterbottom…
Vu récemment LE BOUFFON DU ROI / THE COURT JESTER, de Norman Panama et Melvin Frank (1956), cité par le Lourcelles et auquel Maltin attribue un peu généreusement 4 étoiles. Il s’agit d’une comédie musicale et d’une satire des films d’aventures à la Robin des Bois. Parfois très drôle, bénéficiant d’un solide budget qui permet des décors luxueux et une photo chatoyante (un peu à la Richard Thorpe), le film est néanmoins très statique dans sa mise en scène (l’autre film du duo que j’ai vu, une bio du colonel Tibbets qui lança la bombe sur Hiroshima est du même tonneau formellement, sauf que celui-là n’est pas drôle du tout.)
Vu également LE BEL ANTONIO de Bolognini, d’après un scénario de Pasolini. Un des rares films sur l’impuissance sexuelle (il y a bien REMOUS de Gréville dont j’ai un souvenir lointain). Bolognini se livre à travers ce thème à une critique sans concession de la société sicilienne. Le maniérisme de Bolognini met une distance bienvenue avec le sujet et évite le pathétique. Un excellent film qui montre bien que derrière les enjeux moraux se cachent en définitive des enjeux économiques.
Vu enfin deux westerns non exempts de comédie: tout d’abord, LES DALTONS ARRIVENT / WHEN THE DALTON RODE. Ce western méconnu fut réalisé par George Marshall en 1940, soit un an après le film d’Henry King sur Jesse James. On peut penser qu’Universal tenta d’exploiter pour son propre compte ici le succès du film de King et l’engouement du grand public pour le renouveau du western. De fait, le scénario donne une vision très mythologisante de l’épopée des frères Dalton, qui sont pour ainsi dire des victimes malheureuses des circonstances ou des appétits financiers de gens peu scrupuleux. Mais, l’essentiel est moins dans cet aspect que dans l’aspect humoristique. Le ton est nettement distancé. George Marshall avait réalisé notamment auparavant un film avec Laurel et Hardy et un western non dénué d’humour avec James Stewart et Marlene Dietrich (Femme ou Démon / Destry Rides Again, 1939). Par la suite, c’est dans la comédie qu’il exercera le mieux son talent. Ici, l’humour, souvent bien inspiré, est omniprésent et c’est la qualité majeure de ce film, par ailleurs, riche en péripéties et en cascades. Une réussite à découvrir. Dans le même genre, LE GRAND BILL / ALONG CAME JONES, de Stuart Heisler, avec Gary Cooper (1945). Produit par Gary Cooper, ce western montre que les américains furent capables d’introduire un regard comique, distancé sur le western et les codes bien avant que les Italiens s’en emparent. Cooper joue ici un cow-boy peu habile à la gâchette et qui est pris à tort pour un redoutable pistoléro en fuite. Dans ce film, Cooper met en jeu son image bien plus fortement qu’Eastwood n’a pas pu le faire. Bien réalisé, bénéficiant d’une belle photo noir et blanc, un excellent divertissement. Scénario de Nunnally Johnson.
Merci Harry Lime : le meilleur de the COURT JESTER tient dans les formidables délires verbaux de Danny Kaye, tous magnifiquement écrits, jouant sur les accents, les allitérations. Je ne connais pas le Marshall ce que vous en dites parait prometteur. Le GRAND BILL m’avait semblé terne et conventionnel, très inférieur aux autres films de Stuart Heisler metteur en scène énigmatique et talentueux dont j’ai parlé à de nombreuses reprises (voyez BEACHHEAD, THE MONSTER AND THE GIRL et le film sur le KKK avec Ginger Rogers)
Le film sur le KKK c’est le très bon STORM WARNING, avec aussi Ronald Reagan qui mène la lutte contre le KKK. C’est effectivement un excellent film, non seulement formellement mais aussi sur ce qu’il dit et ne dit pas sur le KKK. De mémoire, le film réussit le tour de force à ne pas montrer un seul Noir tout en parlant du KKK…Si on le compare au film de Corman (The Intruder, je crois, qui date de 62-63), on mesure le chemin parcouru…
A tout hasard, je signale la parution en ZONE 1 du film de Robert Wise: EXECUTIVE SUITE (La Tour des Ambitieux), avec, de mémoire, William Holden et Fredric March. Ce film a une VOST français selon les indications. Je n’ai pas vu le DVD, donc pas d’avis sur la qualité de l’image.
Bonsoir « Harry Lime »,
Permettez-moi de vous remercier très sincèrement pour ce précieux renseignement. « La Tour des ambitieux » (1954) est en effet une des réussites majeures de Robert Wise, ainsi qu’une date importante dans la carrière de William Holden (qui livre là une prestation de grande classe, empreinte de sobriété et de profondeur). Dans mon souvenir, mais j’étais bien jeune (13 ou 14 ans) lorsque j’eus la chance de découvrir ce chef-d’œuvre, il y avait une introduction en caméra subjective du plus bel effet, à la fois originale et saisissante, de même qu’une séquence de conseil d’administration épique, captivante (en termes d’enjeux pour les différents protagonistes) et, surtout, magistralement découpée, montée et dirigée.
Un joyau finalement assez peu connu et par trop rare sur le petit écran. Brillamment écrit par Ernest Lehman, le film bénéficia en son temps d’une certaine reconnaissance critique et professionnelle (quatre nominations aux Oscars, un « Prix Spécial du Jury » au Festival de Venise, et diverses autres citations (Directors Guild of America, Writers Guild of America,…). Une belle leçon d’art cinématographique, à « retenir » sans modération.
Bonjour M. Tavernier,
Je lis toujours votre blog avec beaucoup de plaisir. Et je suis sûr que vous allez me « dépanner ». Connaissez-vous le film suivant que j’aimerai revoir mais impossible de me souvenir du titre ? Il raconte l’histoire d’un photographe de l’armée qui doit débarquer le jour « J » avec les troupes alliées pour immortaliser le moment. Mais il est mort de trouille et ne veux pas y aller. La quasi totalité du film se déroule avant le débarquement. Je me souviens d’un humour noir très british, d’une image en noir et blanc (années 50 ?…). Je ne me souviens plus du titre, du metteur en scène, des acteurs, bref… de pas grand’chose, sauf d’avoir passé un très bon moment de ciné club télévisuel, il y a une vingtaine d’année…
Je suis preneur de toute suggestion.
Bien cordialement
A Jean-Marcel,
Il s’agit de the AMERICANIZATION OF EMILY (LES JEUX DE L’AMOUR ET DE LA GUERRE) d’Arthur Hiller et j’en ai parlé dans une chronique précédente pour en vanter tous les mérites exceptionnels
Merci beacoup Bertrand. Je vais chercher cette chronique précédente et essayer de trouver ce film en DVD.
Bien cordialement votre
J-Marcel
au temps pour moi Monsieur Tavernier:
Cigalon existe déja en DVD.
Reste qu’au prix où il est vendu, il aurait pu être couplé à Merlusse…
Bonsoir Monsieur Tavernier,
Je souscris pleinement à vos commentaires concernant « Je suis un sentimental » et « Ça va barder ». Deux œuvres pleines d’humour et d’alacrité signées par un John Berry « blacklisté » en totale reconversion. Je ne suis d’ailleurs pas loin de partager l’opinion de Jacques Siclier, selon lequel on doit à Berry « d’avoir utilisé au mieux Eddie Constantine, dans de véritables aventures façon série B américaine, filmées avec du nerf, du rythme et des idées de mise en scène à faire rougir les tâcherons du cinéma français » (Siclier faisant notamment référence aux redoutables Raoul André, Jean Laviron ou encore Pierre Chevalier).
Quant à « Cet homme est dangereux » du (trop) méconnu Jean Sacha, il constitue – peut-être – le meilleur épisode de la série des « Lemmy Caution », initiée par un Bernard Borderie pas toujours très inspiré (bien qu’invariablement « consciencieux »)! Grégoire Aslan, en caïd retors, lâche et violent, s’y révèle particulièrement jubilatoire…à l’instar du non moins regretté François Chaumette dans « Cause toujours mon lapin » (écrit par Roger Boussinot et signé Guy Lefranc, cinéaste injustement honni par la critique française), autre réussite méconnue de Constantine (dont on oublie par trop souvent qu’il fut l’une des plus « grosses vedettes » du cinéma français des années 50, au même titre que Gabin, Fernandel ou Gérard Philipe !!!).
Autres réussites incontestables à l’actif de Constantine : « Chien de pique » (Yves Allégret, 1960), « Me faire ça à moi » et « L’Empire de la nuit » (Pierre Grimblat, 1960 et 1962), sans oublier « Bonne chance, Charlie » (Jean-Louis Richard, 1962) ainsi que « Je vous salue Mafia » (Raoul Lévy, 1965), longs métrages d’excellente facture, qui soutiennent honorablement la comparaison avec leurs équivalents américains et anglo-saxons de l’époque.
Enfin, je me permets très humblement – mais sincèrement – d’ajouter ma voix à la vôtre, s’agissant de la réhabilitation du « Repris de justice » de Vittorio Cottafavi, metteur en scène dont l’intégralité de l’œuvre (au-delà même de ses remarquables péplums et films d’aventure !) mériterait d’être éditée en DVD.
Je me permets, pour l’anecdote, de signaler la programmation, le 25 juillet prochain, au « Cinéma de Minuit » (sur la chaîne France 3), de « I NOSTRI SOGNI » (1943), premier film de son auteur.
A Milhat, Alexandre,
J’avais oublié les deux Grimblat et JE VOUS SALUE MAFFIA ET BONNE CHANCE CHARLIE dont je crois avoir dit du bien dans les Cahiers. CHIEN DE PIQUE, vu à l’époque m’avait paru très terne
A signaler aussi en cinéma italien : la sortie récente en dvd de « ENQUETE SUR UN CTOYEN AU-DESSUS DE TOUT SOUPCON » d’Elio PETRI en édition simple ou collector (avec CD de la BO de Morricone et entretiens inédits) chez Carlotta. L’éditeur continue à s’intéresser au cinéma italien avec la sortie en juillet de plusieurs films de Bolognini dont « BUBU DE MONTPARNASSE », « LIBERTE MON AMOUR », « LES GARCONS », « VERTIGES » : peut-être pourrez-vous nous en dire plus sur ces films ? (Jacques Lourcelles semblait dégager plus particulièrement « Bubu de Montparnasse »). Reste à souhaiter la sortie en DVD du très bon « LA VIACCIA » avec Belmondo/Cardinale du même Bolognini et qui était passé au cinéma de minuit il y a quelques mois…
À Damien Doussin,
« La Viaccia » a été édité il y a quelques années dans la collection « Belmondo » vendue en kiosques. Malheureusement, la copie proposée n’est pas de très bonne qualité (manque de contraste et de piqué, sous-titres incrustés sur la pellicule).
Je me permets de réagir « à chaud » pour Bolognini, cinéaste que j’ai longtemps négligé- non par a priori mais parce qu’il est difficile de TOUT voir- fort injustement.
J’ai découvert grâce à cinéclassic Vertiges cette semaine et c’est assez impressionnant que ce soit dans l’écriture des personnages, le climat de folie latente, la construction de l’espace « ouvert » de l’asile, la beauté de la photographie.
A tout hasard, je signale certaines sorties DVD à venir: au mois de juillet, trois films de BOLOGNINI (Bubu, Vertiges et Liberté Mon Amour) ainsi qu’un Visconti que je ne connais pas (Nuits Blanches). Par ailleurs, en septembre, il est prévu la sortie de BEAU GESTE de William Wellman avec G.Cooper (pour moi, un excellent film sur la légion mais je crois me rappeler que BT n’est pas de cet avis), un film d’Hathaway LA FILLE DU BOIS MAUDIT, SHANGAI EXPRESS de Von Sternberg, BONNES A TUER de H.Decoin (cinéaste que j’aime bien) et pour un public plus juvenile le ULYSSE de Camerini avec K.Douglas et même ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (la version de 1933).
A Harry Lime
J’ai gardé un excellent souvenir de BUBU (lisez le roman qui est magnifique et qui fut longtemps un projet de Melville). J’ai parlé de la FILLE DU BOIS MAUDIT dans une chronique précédente. BONNES A TUER est un Decoin très décevant : scénario médiocre avec une fausse bonne idée, actrices de co production, dénouement prévisible, personnage central inintéressant. C’est un de ces films des années 50 où la vie ne parait jamais circuler. Elle est remplacer par une dramaturgie policière de quatrième ordre. On peut sauver une curieuse scène dans une boite de nuit quasi déserte, avec brusquement des plans à effets, un moment où Auclair fait allusion a la pauvreté qu’il a connue, moment quasi autobiographique, l’un des rares où Decoin semble parler de lui. On regrette que ce ne soit pas dans une oeuvre plus ambitieuse, plus réussie. Et pourtant Dieu sait si j’aime LA VÉRITÉ SUR BÉBÉ DONGE, LES AMANTS DE PONT SAINT JEAN, RAZZIA SUR LA SCHNOUFF, LES AMOUREUX SONT SEULS AU MONDE.
Merci pour votre conseil sur BUBU. Dommage pour le Decoin à venir, mais il a effectivement une assez sinistre réputation. A la liste des films que vous citez, j’ajouterai L’HOMME DE LONDRES, et aussi les 2 films avec Raimu. J’aime aussi les films avec Darrieux même si leur charme est un peu suranné.
FALLEN IDOL ! voilà une des plus grandes frustrations cinématographiques. Diffusé en VOST sur la chaîne TCM il y a un an environ, la diffusion est interrompu après 1 heure ! Ainsi, je n’ai jamais pu le voir complètement. Ce que j’en ai vu me donnait à penser qu’il s’agit d’un très grand film !
Je garde un excellent souvenir de MAXIME de Verneuil, ainsi que de la plupart des films que ce réalisateur fit dans les années 50. Vu récemment par exemple, LA TABLE AUX CREVES. Même si le propos de Aymé est un peu affadi par le passage du Jura au Sud de la France, ca reste un bon film. Parmi les bons souvenirs, LES AMANTS DU TAGE, avec Gélin, évoquait le réalisme poétique d’avant-guerre. Par contre, ce qu’il fit par la suite (dès 1960) m’a l’air de fait beaucoup plus mineur.
Je me permets de signaler aux amateurs de cinéma classique américain 2 films mineurs de Wellman et Hathaway, deux films de guerre réalisés les 2 pendant la 2ème guerre mondiale et disponible en Z2 avec VOST français: THUNDER BIRDS, de Wellman (1942) en technicolor avec Gene Tierney et Robert Preston, film sur l’instruction de jeunes pilotes par un vétéran avec en sus un triangle amoureux qui tire le film vers la comédie. A noter une scène de bain avec Gene Tierney qui vaut bien celle avec Raquel Welch dans les 100 Fusils; et LE PORTE-AVIONS X, de Hathaway, avec Dana Andrews et Don Ameche. Ce dernier vaut surtout par son intérêt documentaire qui le rapproche par son traitement de DESTINATION TOKYO de Daves, mais aussi et même surtout par le fait que pendant l’essentiel du film l’héroïsme des pilotes consistent à éviter le combat. La meileure scène est à mon avis celle du combat aérien final qui est vu par les commentaires radio des pilotes et sur le visage de ceux qui sont restés dans le porte-avions. Un scène et une thématique assez fordiennes (Les Sacrifiés par le thême, Sur la Piste des Mohawks dans lequel on trouve déjà les scènes de combat occultés au profit de l’attente et de l’angoisse des femmes restés derrière).
A Harry Lime
Excellente analyse notamment du Hathaway et de la TABLE AUX CREVÉS (dont la première scène est surprenante dans un Fernandel et laisse à penser que Verneuil a du l’arracher)
Cher Bertrand,
à votre évocation des inventions gondryesques qui ne manquent jamais de titiller le petit garçon à l’âme, souvent, bricoleuse, transi d’excitation au seul énoncé de Lépine (et chez Céline, plus tard, de Courtial des Pereires), je pense irrémédiablement à ce lien, découvert il y a peu, où nous découvrons, ébahis, moult roulements à billes déclencheurs dans un plan-séquence unique, dans tous les sens du terme.
http://www.youtube.com/watch?v=qybUFnY7Y8w&hd=1
ps : et pour vivre un instant de grâce, précipitez-vous dans les salles pour y découvrir la version restaurée et numérique de Days of Heaven de Terrence Malick, l’occasion de se réconcilier avec le battage médiatique autour des nouvelles technologies appliquées au 7e art. Ici, oui, la technologie est au service de l’art.
A DEER HUNTER
Merci
Bonjour,
A tous les renoiriens, et je pense qu’il y en a quelques uns, vous trouverez en cliquant sur le lien un article sur la carrière militaire de Jean Renoir, sujet peu connu, et son influence sur son oeuvre cinématographique.
Basé sur des archives inédites, il éclaire notamment le rôle du cinéaste à l’automne 1939 lors de son passage au sein du service cinématographique de l’armée: http://rha.revues.org/index6995.html
Bonne lecture
Sur les films traitant des travailleurs immigrés, il y a aussi ELISE OU LA VRAIE VIE de Michel Drach, TRAVAIL AU NOIR de Skolimowski (les Polonais en Angleterre), MR MAJESTYK de Richard Fleischer (avec Bronson au milieu de « wetbacks » mexicains exploités dans les champs de pastèques), et bien sûr TONI de Renoir. D’une certaine façon, ROCCO ET SES FRERES décrivit une immigration de l’intérieur avec des Italiens du Sud venant chercher du travail à Milan. De même, bien qu’il s’agisse de la seconde génération, la première partie du VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER de Cimino aborde la vie d’ouvriers de la sidérurgie de Pennsylvanie originaires d’Europe de l’Est. Avec les controverses que l’on sait, Cimino décrira aussi l’économie souterraine (au propre comme au figuré) des travailleurs chinois de New York dans L’ANNEE DU DRAGON. Je n’ai pas vu I DON’T WANT TO SLEEP ALONE de Tsai Ming-Liang mais je crois qu’il y est question d’immigrés bengalis venus travailler sur les chantiers du boom économique de Malaisie. En cherchant sur le ouèbe, j’ai trouvé encore d’autres films sur ce thème (comme LES « BICOTS NEGRES » VOS VOISINS de Med Hondo, O SALTO de Christian de Chalonge…)
A propos de Verneuil, c’est exact qu’il sembla toujours plus à l’aise avec le noir et blanc mais j’ai toujours été très impressionné par la netteté (presque clinique mais pas comme la colorimétrie trafiquée de 95% des films actuels) de I, COMME ICARE. Je pense notamment à toutes les séquences en extérieur sur l’assassinat du président et les flash-backs sur les différents témoins et acteurs de l’événement.
Il ne s’en était pas trop mal tiré non plus avec LE SERPENT, même si la photographie y est plus classique.
JE SUIS UN SENTIMENTAL et CET HOMME EST DANGEREUX (oui, je lève le doigt car je les ai vu même si ça commence à dater) m’avaient bien plu par leur décontraction, sans le laisser-aller un peu facile de la série de b-movies que Constantine allait aligner, heureusement sauvé de temps en temps par Godard ou Deville. Ce comédien qui n’était pas qu’une « gueule avec un accent » n’a sans doute pas eu la carrière qu’il méritait.
C’est sympa de citer à plusieurs reprises Paul Frankeur, grand second rôle qui valait bien des premiers. Inoubliable en flic impitoyable se révélant un lâche dans LE DEUXIEME SOUFFLE de Melville et formidable en médecin un peu charlatan mais le coeur sur la main du trépidant MON ONCLE BENJAMIN de Molinaro où sa grande scène épicurienne du dernier repas entre amis est une des plus émouvantes qui soient.
Quant à Gondry, dont l’inventivité et la créativité renouvelée de grand môme fasciné par ses jouets étaient déjà flagrantes dès ses travaux comme réalisateur de clips (pour son groupe Oui Oui, Björk, IAM, les White Stripes…), il a réussi l’exploit rare de rencontrer un relativement large public avec des films à la fois très ludiques et complexes (bien plus encore que ceux d’un Tim Burton, autre éternel ado de talent). Une complexité qui doit évidemment beaucoup au scénariste Charlie Kaufman. Il y a chez Gondry un étonnant mélange de Méliès (pour le goût du bricolage) et – comme vous l’avez très bien souligné – de fantaisie anglo-saxonne. Et bien davantage la folie burlesque et parfois tragique et cruelle des nursery rhymes que le systématisme d’un excentrique finalement très surévalué comme Peter Greenaway (dont j’avais beaucoup aimé les courts-métrages et MEURTRES DANS UN JARDIN ANGLAIS mais qui m’a vite fatigué par la suite).
A Pierre,
J’ai été attaché de presse de O SALTO et de deux films de Med Hondo. Hélas pas de dvd ?
Pour Gondry, ses films sont bien meilleurs que celui réalisé par Kauffman
Pour ce qui est du nonsense à l’écran:
1)Gondry est effectivement un merveilleux magicien par sa propension à observer des mécanismes aussi rigoureux qu’absurdes façon récup’ (j’aime bien Jeunet notamment Delicatessen et La cité des enfants perdus mais l’avantage de Gondry réside dans son choix de ne pas gommer les aspérités de ses trucages… Micmacs… montrait les limites du système)
2)Greenaway est un grand cinéaste formaliste et ZOO tout comme Drowning by numbers participent brillamment d’un réactivation des motifs d’un lewis Carroll à la différence du Tim Burton récent qui est bien sage et bien triste (il me déçoit ces derniers temps: depuis le très émouvant big fish, j’avoue qu’il m’a ennuyé avec son lourdaud Charlie…et le trop attendu Sweeney todd: dommage car j’adore bon nombre de ses titres depuis Edward… jusqu’au parfait Sleepy hollow en passant par le second Batman, Ed Wood, The nightmare…)
3)les vraies belles adaptations récentes de Carroll sont à mon sens signées Miyazaki (Le voyage de Chihiro), G del toro (Le labyrinthe de Pan), Henry Selick (Coraline)voire Terry gilliam (le très dérangeant Tideland parfois un peu trop explicite quant aux lectures analytiques de Alice)
4)le plus grand héritier du nonsense, via le surréalisme à la Tchèque, est Jan Svankmajer dont il faut voir la géniale Alice (chez chalet pointu mais hélas en rupture) et le court métrage Jabberwocky
5)les frères Quay dont je m’évertue à chanter les louanges partout où je peux le faire sont des auteurs très précieux et singuliers par leurs courts métrages (Street of crocodiles ou Le peigne entre autres) comme par leurs deux longs (institut benjamenta puis l’accordeur de tremblement de terre). avec leur maître Svankmajer, ils m’aparaissent comme les plus passionnants héritiers du nonsense.
A Ballantrae
Je fonce sur les frères Quay
Pour ce qui est des dvd des frères Quay, demander les éditions ED Distribution (également distributeurs pour les fous furieux Guy Maddin et Bill Plympton):
-coffret de courts et moyens métrages
-L’accordeur de tremblement de terre
Le tout a été supervisé par les deux frères: splendeur de l’image et précision digne des salles pour le son , très important pour leurs films où la bade son est faite de strates complexes comportant parfois des sons altérés audiblse avec attention (leur travail évoque pour moi Sokourov de ce point de vue). Note en bas de page:les frères quay devaient initialement jouer les jumeaux de ZOO (A zebra and two noughts)de Greenaway.
Cher Bertrand,
C’est encore une fois la caverne d’Ali Baba couplé avec un cabinet de curiosités.
Ce dernier terme me semble particulièrement approprié pour le cinéma de M Gondry dont j’aime beaucoup la singularité depuis ses clips (notamment ceux qu’il conçut pour Bjork avec Human behaviour en tête). J’adore Eternal sunshine qui rappelle les enjeux de Je t’aime, je t’aime sur un mode plus ludique et aime beaucoup le plaisir du bricolage que déploie La science des rêves (avec des pics d’émotion comme le moment où surgit Coutance de Anegard). Quant à Be kind, rewind il contient une douce folie qui tire Jack black vers une poésie dont je ne le croyais pas capable.
Carol Reed comme Jack clayton sont deux cinéastes anglais à réhabiliter voire à mettre à leur place dans l’admiration des cinéphiles, à savoir au plus haut. Fallen idol tout comme huit heures de sursis sont diffusés régulièrement sur cinécinéma classic (bravo à leur programmation d’ailleurs).
Vous avez bien raison monsieur Tavernier de dire du bien de Merlusse. Il est dommage que Cigalon, tourné la même année, n’ait pas été édité avec. Je ne vois guère que les films que Ford tournait avec Will Rogers à la même époque pour rivaliser en terme de souveraine liberté du créateur.
Pour Mirande, je trouve la peinture sociale de Derrière la façade plus variée que celle de Café de Paris mais peut-être est-ce parce que j’ai vu le premier avant le deuxième.
En revanche, Paris-New-York m’avait paru complètement raté sans que je ne sache vraiment m’expliquer pourquoi (les ingrédients sont les mêmes que dans les réussites de Mirande).
Vous m’avez donné envie de découvrir LA FILLE DANS LA VITRINE. Luciano Emmer, dont je n’ai rien vu, m’a l’air d’un cinéaste plus intéressant que Pietro Germi.
A Christophe,
PARIS NEW YORK est très raté : scénario bâclé, essoufflement de la formule, lieu finalement moins cinématographique.
Je croyais que CIGALON était sorti en dvd. A vérifier. Il y a beaucoup de très beaux films de Germi : SEDUITE ET ABANDONNÉE, ceux du coffret Carlotta, DIVORCE A L’ITALIENNE, voire même AU NOM DE LA LOI…
La curiosité m’avait poussé à acheter le dvd « la fille dans la vitrine » qui était invisible depuis longtemps et ce fut une très agréable surprise de découvrir ce film d’un cinéaste que je ne connaissais pas du tout. Je n’ai pas grand chose à ajouter à ce que vous en dites : sensibilité et justesse de la réalisation, acteurs magnifiques. La photographie et l’utilisation des paysages est également admirable (par exemple la belle scène sur la plage avec Marina Vlady et Bernard Fresson où les sentiments des personnages se mêlent au souffle du vent !). L’entretien d’Emmer en bonus enregistré en 2009 est d’autant plus précieux qu’il est unique en video et qu’il est le dernier (le réalisateur étant décédé quelques mois plus tard).
Je ne sais pas si vous avez vu le film en version italienne ou en version française (postsynchronisation pour les deux cas) ? La majorité des acteurs étant francophones, on peut privilégier la VF (dont des passages supprimés ont d’ailleurs été retrouvés pour la sortie de ce DVD).