Coffrets
16 novembre 2009 par Bertrand Tavernier - DVD
On doit à Mervyn Le Roy un classique du cinéma qui mérite, 55 ans après, de rester un classique, JE SUIS UN ÉVADÉ. La force de dénonciation (des Bagnes dans le Sud) reste intacte et la dernière scène, la dernière phrase de dialogue est une des plus belles de l’histoire du cinéma américain. On demande à Paul Muni comment il gagne sa vie et il répond, en disparaissant dans la nuit : « Je vole ». Fuller adorait ce moment. Mais Le Roy a signé des oeuvres toutes aussi fortes et qui sont moins connues, THEY WONT FORGET sur le lynchage et THREE ON A MATCH qui, en un peu plus d’une heure, raconte les destinées de 3 amies durant la dépression avec une extraordinaire âpreté. Au passage Le Roy viole pratiquement tous les articles du Code Hays sur l’adultère, la drogue, l’alcoolisme, les rapports sexuels. Mention spéciale pour la formidable Ann Dvorak.
On trouve THREE ON A MATCH dans le second volume de FORBIDDEN HOLLYWOOD (sous-titres français), coffret indispensable consacré aux films « Pré Code », c’est-à-dire tourné durant les quelques années de flottement, de liberté avant l’imposition stricte du Code édicté des années avant mais tourné par les Studios. On y découvre la version intégrale du stupéfiant et féministe BABY FACE d’Alfred E Green dont les 10 premières minutes piétinent tous les interdits de la Censure avec Barbara Stanwyck, l’actrice la plus emblématique de cette époque. Elle est toute aussi magnifique (et très déshabillée) dans NIGHT NURSE très excitant drame social de Wellman. Dans un de ses premiers rôles, Clark Gable fait une entrée spectaculaire et l’on n’oublie pas la manière dont il assomme Stanwyck. La série de malversations qu’évoque le film – enfants qu’on affame, alcoolisme, médecin piétinant le code de déontologie, mère abandonnant ses enfants – est résolue non par la police mais la pègre dans une fin incroyablement elliptique. À découvrir aussi le très excitant FEMALE avec Ruth Chatterton de Michael Curtiz : ce portrait d’une femme de pouvoir qui domine son personnel, dévore les hommes après les avoir abreuvé de vodka (« l’alcool que Catherine II donnait à ses soldats pour leur donner du courage » dit le maître d’hôtel) et considère qu’un canari est plus important qu’un mari, surprend par son audace. Même si le retournement final renverse in extremis la vapeur. Le découpage de Curtiz est sidérant, tout comme les magnifiques décors et la rapidité avec laquelle ils sont filmés. La majeure partie des scènes de séduction sont ponctuées par une version orchestrale de Shangaï Lil.
Rappelons le coffret FORBIDDEN HOLLYWOOD 1, avec RED-HEADED WOMAN de Jack Conway est extrêmement amusant et offre un personnage anthologique à Jean Harlow. Dans la première scène, elle essaye une robe et demande à la vendeuse si elle est transparente : « Je crains que oui », réponds celle-ci « Dans ce cas là, je la prends ». Charles Boyer fait une apparition en chauffeur qui devient l’amant de Jean Harlow (les photos évoquant cet épisode sont irrésistibles). « Quand est ce qu’elle a commencé à me tromper ? », demande l’amant officiel au mari – « Quel jour est elle arrivée ? » – « le 16 » – « Eh bien, cela a commencé le 16 » Voilà un ton qui va disparaître du cinéma américain.
FORBIDDEN HOLLYWOOD 3 est entièrement consacré à Wellman : Ses films sociaux comptent parmi les plus radicaux, les plus violents du genre. Hal Wallis fit couper plusieurs plans de WILD BOYS OF THE ROAD qu’il jugeait insupportable pour le public et qui pour Wellman traduisaient la réalité de la Dépression. Les courses des bandes d’enfants autour des trains, spectaculaires et poignantes, surclassent l’œuvre dont les auteurs se sont inspirés : LE CHEMIN DE LA VIE de Nikolas Ekk. Et même audace suprême, on entend prononcer le mot communisme. Certes, dans le magnifique HEROES FOR SALE, le personnage du marxiste est récupéré par le Système et Richard Bathelmess tente de s’opposer à la grève. Mais Wellman nous montre, outre une répression sauvage durant laquelle Loretta Young trouve la mort (superbe mouvement à travers la foule, très moderne), les milices policières qui font la chasse aux rouges et cela de manière très critique. À ma connaissance, c’est l’un des seuls films qui y fassent allusion. Le dénouement refuse toute concession.
Dans OTHER MEN’S WOMEN, autre remarquable réussite à l’énergie, la vitalité confondante, le découpage intègre les extérieurs réels, les éléments de la vie quotidienne aux péripéties scénaristiques, piétine règles et conventions, ce qui nous vaut un ton, un style proche de Renoir. La première séquence, un marivaudage dans un bar, est entièrement rythmée par le passage réel d’un train qui lui donne sa durée, le mécanicien comptant les wagons tout en baratinant la fille et en buvant son café avant de sauter sur le dernier fourgon. Encore plus remarquable, une dispute sur une voie ferrée est filmée en un seul plan. Lorsque la jeune fille s’éloigne et sort du champ, Wellman reste sur l’homme qui continue à crier, de plus en plus fort, sa fiancée lui répondant off. James Cagney y est une fois encore génial. Son entrée dans le film est foudroyante.
Voilà donc 3 titres essentiels qu’on va pouvoir enfin redécouvrir. Et j’ai enfin pu voir MIDNIGHT MARY dont la première partie est brillante. Wellman accumule les idées, dynamise une narration plus conventionnelle (c’est un film MGM et non Warner) même s’il abuse comme toujours des gags un peu lourds, Loretta Young est exquise. On la voit lire « la vie de Madame Récamier » et elle porte une robe dont le décolleté révèle, comme le dit Franchot Tone, « the most tasty back in town ». Il me reste à voir THE PURCHASE PRICE avec Barbara Stanwyck, géniale actrice qui semble totalement à l’aise durant cette période et que Wellman rend à la fois sexy, tendre, forte (Pensez à NIGHT NURSE). Aussi forte en tout cas que tous ses partenaires masculins.
Il y a beaucoup à piocher dans le coffret Jacques Rozier (avec MAINE OCEAN et le formidable ADIEU PHILIPPINE), dans celui consacré par Criterion aux documentaires de Louis Malle (THE DOCUMENTARIES OF LOUIS MALLE), dans THE CIVIL WAR de Ken Burns dont je ne dirai jamais assez de bien même si Arte n’a pas accompagné son coffret du moindre renseignement historique ou artistique contrairement à l’édition américaine.
Dans le Coffret Sidney Poitier (sous-titres français), j’ai déjà revu le touchant A PATCH OF BLUE (UN COIN DE CIEL BLEU) écrit et réalisé par Guy Green. Le ton légèrement distant de la mise en scène, les interprètes, Poitier, Shelley Winters et surtout la bouleversante Elizabeth Harthman, empêchent le film de verser dans le pathos et la mièvrerie. Déception en revanche avec SOMETHING OF VALUE (LE CARNAVAL DES DIEUX) de Richard Brooks sur la révolte des Mau Mau. La copie est amputé du prologue filmé avec Winston Churchill. Le premier tiers surprend par sa conviction et ne manque pas de force. Mais le scénario s’appuie beaucoup trop sur une dramaturgie westernienne très réductrice, le contexte politique est ignoré (comme le voulait l’époque) mais aussi la spécificité britannique au profit d’une vision totalement américaine. Sauf dans deux ou trois scènes avec Wendy Hiller, seul personnage qui paraisse juste. La fin, la résolution est tout bonnement catastrophique. Brooks recourt à des astuces scénaristiques – le piège – qui seraient plus à leur place dans un sérial ou un film de jungle.
Dans le coffret Joan Collins (sous-titres français), vous pouvez oublier STOPOVER TOKYO (ESPIONNAGE A TOKYO) écrit et réalisé par Richard L Been bien mieux inspiré dans les scénarios qu’il concocta pour Jack Webb, notamment l’excellent PETE KELLY’S BLUES où l’on peu entendre Teddy Buckner, Ella Fitzgerald, Peggy Lee. Lee Marvin joue le rôle d’un clarinettiste et le règlement de compte final est spectaculaire. Les dialogues de Breen avaient un mordant (comme ceux de DRAGNET de Webb, hélas introuvable en dvd) qui lui fait mystérieusement défaut dès qu’il passe derrière la caméra. Comme dans nombre de films de scénaristes, le script est terne à l’image de la mise en scène. Défauts accentués par le Scope.
J’ai pour le moment fait l’impasse sur the SEA WIFE de Bob McNaught que prépara Rossellini, pour dévorer THE GIRL ON THE RED VELVET SWING (LA FILLE SUR LA BALANÇOIRE) un des chefs-d’oeuvre de Richard Fleischer, qui tient formidablement le coup.
Et n’oublions pas MURNAU et BORZAGE à La Fox (sous-titres français).
J’envie tous ceux qui vont découvrir ces chefs-d’œuvre du cinéma muet que sont LUCKY STAR, STREET ANGEL et 7TH HEAVEN auxquels l’adjectif sublime s’applique tout à fait. Borzage sait capter les élans les plus lyriques, les plus romantiques, donner une force, une vérité aux péripéties les plus extraordinaires, en introduisant un détail très précis, une notation cocasse ou pragmatique qui élimine l’excès de pathos. LAZYBONES, plus noir, est presque aussi beau et BAD GIRL ne manque pas de qualités. Je n’ai pas du tout détesté THE DAY THEY VISITED PARIS mais le ton est moins personnel et les moments réussis portent la marque du génial Will Rogers avec son inimitable diction, sa fausse nonchalance, son bon sens.
COFFRET DELMER DAVES
Revu les trois mélodrames de Daves qui sont inclus dans le coffret ROMANCE CLASSIC COLLECTION (sous-titres français). On sait, grâce à AMIS AMERICAINS, qu’il tourna ses films pour des raisons de santé. Ne pouvant plus réaliser de westerns, de films d’action, à cause de problèmes cardiaques qu’il dissimula au Studio, il fut obligé de se rabattre sur des projets moins fatigants, moins physiques.
Les deux meilleurs sont PARRISH et SUSAN SLADE. PARRISH est le plus brillant visuellement et l’excellent transfert en dvd rend justice à la magnifique photo d’Harry Stradling alors que celui de ROME ADVENTURE m’a paru plus terne que dans mon souvenir. Il faut dire que nous avions considérablement idéalisé, voire réinventé cette dernière œuvre, assez languissante, qui flirte avec le travelogue et les clichés touristiques. Daves signe ici et là quelques plans magnifiques (Troy Donahue courant dans une gare), quelques scènes charmantes, amusantes ou mélancoliques (un monologue touchant de Constance Ford, d’une grande honnêteté), nous laisse admirer les ongles saumonés de Susanne Pleshette. Il est néanmoins paralysé par un scénario étique, un propos aussi prévisible que démonstratif et des acteurs encombrants ou peu charismatiques.
Dont bien sur, Troy Donahue, acteur ultra limité, beaucoup moins convaincant ici en architecte vivant à Rome qu’en jeune idéaliste découvrant la vie dans PARRISH, son meilleur rôle avec celui de SUSAN SLADE. Je l’ai d’ailleurs trouvé moins pesant, moins inerte dans ces deux films que dans mon souvenir.
Il faut dire que Daves le filme extrêmement bien, l’habille de chandails, de blousons rouges (souvent assortis au décor, à la voiture ou à la vespa qu’il utilise), couleur qui le virilise, lui donne de la force, de la présence. J’ai été frappé par le soin avec lequel Daves décore, peint, éclaire son film ; recadrant un fauteuil dont la couleur change le chromatisme du plan, assortissant habits et couleurs des murs. Vers la fin de PARRISH, un plan sublime nous montre Dean Jagger vêtu d’un chandail couleur poil de chameau qui se détache sur un mur vert pâle et cet assemblage de teintes renforce la tension émotionnelle de la scène.
De manière plus ironique, Daves s’attarde sur les murs du bureau de Karl Malden entièrement décorés de feuilles de tabac dans des tons différents selon les pièces. Certaines séquences sont quasi monochromatiques, ainsi celle où Claudette Colbert découvre son appartement où tout est assorti à sa tenue orange tandis que la caméra cadre un bouquet de fleurs dans les mêmes tons. Daves raconte que Technicolor se servait de PARRISH pour montrer toutes les nuances de couleurs (notamment dans la gamme des verts) qu’on pouvait obtenir. Il n’est que de voir la plupart des gros plans des actrices, notamment ceux, splendides, de Diane McBain, avec ses magnifiques yeux bleus. On peut d’ailleurs regretter que la Warner n’ait jamais su par la suite utiliser cette comédienne qui, là, crève l’écran.
Dans SUSAN SLADE que j’avais sous-estimé, les paysages renforcent, dynamisent les émotions : une course à cheval au bord d’une falaise, des cavaliers qui passent à côté d’un arbre mort. Importance des plans larges, des plongées. Surgissement de certaines couleurs que la caméra recadre brusquement. Comme le dit justement Jacques Lourcelles : « lyrisme et préciosité caractérisent le style de Daves dans ce cycle mélodramatique. Par son lyrisme, par ses mouvements d’appareils rythmés comme une musique, Daves montre l’accord des personnages avec leur cadre de vie naturel…… l’inverse, sa préciosité et ses recherches de coloristes l’aident à réintroduire un recul dans le récit en tuant le réalisme immédiat ».
Comme toujours, le propos de Daves est fortement anti-puritain et il bouscule, déplace, subvertit de manière oblique certains codes du genre. Il regarde avec respect, attention toutes ces jeunes femmes, même celles qui paraissent s’égarer. Connie Stevens est filmée avec la même chaleur, la même sympathie aussi bien dans PARRISH, où pourtant elle parait à première vue une fille facile, que dans SUSAN SLADE où elle joue une victime. Les femmes s’en tirent mieux que les hommes. On a plus de tendresse pour Diane Mc Bain que pour son mari et Claudette Colbert finit par plaquer Karl Malden et ses 20 millions de dollars. La deuxième partie de SUSAN SLADE retourne les conventions du récit et des codes sociaux qui dictent les péripéties, les pousse comme dans certains Sirk mais de manière différente – plus douce, plus chrétienne – jusqu’à un certain niveau de folie qui fait apparaître leur absurdité. Ici, comme dans PARRISH, les conventions sociales sont source de malheur et provoquent un gâchis, de par leur conformisme.
Et rappelons une fois encore ces chefs-d’œuvre indispensables que sont en Zone 1, THE LAST WAGON (transfert somptueux, sous-titres anglais) et en zone 2 . 3HEURES 10 POUR YUMA, JUBAL, LA FLECHE BRISEE, COW BOY et LES PASSAGERS DE LA NUIT.
Auxquels on peut ajouter WHITE FEATHER (zone 1, sous-titres anglais) qui tranche sur la filmographie terne, routinière de Robert D Webb, ancien metteur en scène de seconde équipe notamment chez Henry King. Si WHITE FEATHER est supérieur à la plupart de ses autres westerns (je pense à THE PROUD ONES, si peu inspiré), c’est au scénario de Daves qu’il le doit et aux indications qu’il devait contenir. Les dernières vingt minutes contiennent même un certain nombre de plans majestueux et l’affrontement qui oppose la cavalerie américaine à 2 Indiens qui ne veulent pas se rendre, affrontement qui peut provoquer une révolte générale, ne manque pas de grandeur. Tout comme la fin des deux rebelles. Cette conclusion assez amère et le dialogue de Daves rachètent un découpage parfois conventionnel. Le film, chronique d’une paix difficile à imposer, est à mi chemin entre la FLECHE BRISEE et L’AIGLE SOLITAIRE. Une face du DVD est en Scope, l’autre recadrée tout comme pour THE LAST WAGON.
Karl Malden et TIME LIMIT
Après avoir admiré Malden chez Daves, on peut jeter un coup d’œil sur TIME LIMIT (zone 1 sous-titres anglais). Non pas pour sa mise en scène, purement fonctionnelle (on imagine ce qu’un Preminger aurait fait), sans aucune approche stylistique. Pour le contenu de ce film que l’on interpréta de travers lors de sa sortie mal interprété (en dehors de Robert Benayoun) et que l’on ramena à une oeuvre anti communiste. Le propos est plus complexe. J’y vois un plaidoyer humaniste dirigé autant contre le code militaire de l’honneur, contre le culte de l’héroïsme que contre le danger représenté par le décervelage communiste. L’inspiration démocratique (Malden et Widmark étaient anti républicains) en fait le double de THE BEDFORD INCIDENT, film mieux dirigé et plus fort.
Comme dans beaucoup d’oeuvres similaires inspirées d’une pièce, la construction est prévisible (plus que les conventions théâtrales) et formatée. Comme tout ce. théâtre américain. On cherche toujours à dénouer un secret et les choses ne sont jamais ce qu’elles paraissent être. Théâtre étroit, naturaliste sans vrai lyrisme que souvent le cinéma a transcendé, embelli. Rien de tel ici. Malden se contente de surveiller ses acteurs, de les tenir ou les contrôler et l’interprétation est impeccable avec un Widmarck impressionnant dans un rôle moins flamboyant, moins spectaculaire, plus discret que d’habitude et Dolores Michaels tient bien le coup en face de lui.
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Commentaires (57)
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Effectivement, Barbara Stanwick est déjà impressionnante de justesse et d’énergie dans NIGHT NURSE. Wellman ne devait pas être seulement impressionné par son jeu au vu du nombre de scènes où il l’a fait s’habiller et se déshabiller …
Vu hier soir un film hallucinant réaliser par Jean gabriel Albicoco »Le rat d’Amérique »avec Charles Aznavour et la belle Marie Laforet(femme du réalisateur à l’époque).Ce film manque totalement de relief sans parler du découpage catastrophique.Je ne connais pas son premier film « La fille aux yeux d’or »qui est je pense plus aboutie.Albicoco était un réalisateur maniériste.
A Rouxel
Et qui n’avait aucun sens de la dramaturgie. C’est précieux et mou. Musique catastrophique dans mon souvenir
On doit revoir ou découvrir tous les films de William Dieterlé car il était au départ un acteur de théatre formé en Allemagne chez Max Lehnardht puis est devenu un cinéaste unique dans ses portraits d’hommes célèbres(Emile Zola,Louis Pasteur ou le chef d’oeuvre qu’est »Juarez »).Mais arretons nous sur un film fantastique qui rapelle un peu « La main du diable »avec Fresnay.C’est « The devil of Daniel Webster »qui à eut plusieurs titres au passage.Sur les conseils de John Huston c’est son père qui endosse le role du diable de façon pétillante et drole.Mais le fond de l’histoire est noir car ce pauvre paysan signe un pacte avec le mal durant sept ans ou il s’enrichit et exploite meme ses voisins .Il y à bien sur un effet boomerang ou le chateau de sable s’écroule au bout du temps impartie.Une leçon à méditer sur la réussite sociale ou l’appat du gain facile qui ne profite pas forcément toute la vie.Je ne sais pas si les premiers films de Dieterle sont disponibles en dvd.Bertrand la question est à vous.Merci.
Merci Rouxel
Certains des premiers films de Dieterle sont disponibles en France dans la collection Warner pré Code. Des titres supplémentaires, THE LAST FLIGT, FOG OVER FRISCO existent aux USA sans sous titres et je me souviens que Brion avait passé sa version assez marrante du FAUCON MALTAIS, SATAN MET A LADY dans laquelle le Fat Man était remplacé par une Fat Woman et le faucon par le cor de Roland perdu à Roncevaux, un des gimmicks les plus farfelus de l’histoire du cinéma
J’évoquais récemment l’oeuvre que nous as laisser Claude Sautet à travers une filmographie basé sur des histoires se déroulant les années 70 et décrivant des personnages de 40 à 45 ans. »Une histoire simple »est le cinquième film qui l’a tourner avec Romy Schneider et prouve qu’il y avait une amitié entre l’actrice et le réalisateur.Marie vit avec Serge,ils s’entendent plus et veux le quitter.La première scène nous montre Marie dans un cabinet médical face à un medecin.Elle est enceinte de son amant et ne veux pas garder l’enfant.Tout le film va reposer sur cette femme frèle et sensible qui ouvre les yeux face à la situation environnante de son entreprise,ses amours,son jeune fils David et son avenir.Sautet à toujours sut filmer de façon unique des lieues de vies(brasseries,restaurant,plans de foules dans la rue ou les magasins avec une grande précision et beaucoup d’attention).Il n’a jamais porter de jugement sur le comportement des personnages qui sont happés par la routine du couple(le mariage,les amants et maitresses,le divorce,la garde des enfants,la maladie mais aussi les conséquences de la crise et du licenciement de Jérome…).Romy est lumineuse et d’une grande force psychique dans ses longs silences qu’affectionnait Sautet(les regards parlent d’eux memes ainsi que les gestes qui ne sont pas anodins du tout).Claude Sautet à porter sa pierre blanche et radiographier la société française de ces années là de façon concise et intelligente sans tomber dans le pathos du sentimentalisme de pacotille.
JE SUIS UN EVADE comme HEROES FOR SALE et d’autres racontent des histoires d’hommes revenant de la guerre et ne trouvant que désillusions, méfiance et malheurs divers dans le pays en paix, comme RAMBO de Kotcheff cinquante ans plus tard. Je ne sais pas si on pourrait en recenser beaucoup.
pour préciser, je dirais que le point commun est aussi que ces hommes sont mis hors-la-loi et font de la prison, la même loi qui les a envoyés à la guerre.
à MB:
je n’ai pas vu MAN WANTED. JEWELL ROBBERY est agréable mais un peu léger et ne vaut pas selon moi LAWYER MAN, autre film de Dieterle avec William Powell. Et je n’aime pas trop les textes de H. Frappat. Elle exagère beaucoup l’aspect subversif de ces films et reconstruit a posteriori entre ces films une cohérence qui n’est pas forcément réelle. Je trouve au contraire que ce qui fait le charme de ces films est leurs ambigüités, leur contradictions, qui sont aussi les contradictions de la société de l’époque, et que le cinéma qui suivra sera beaucoup plus univoque. Et elle écrit que LAWYER MAN a été tourné dans le Lower East Side, alors qu’il s’agit comme la plupart des films de l’époque, d’un film entièrement tourné en studio, à part deux ou trois plans d’introduction tourné sur place sans acteurs.
D’accord pour le style, aussi important que les sujets, encore qu’il faudrait faire des distinctions entre les metteurs en scène, surtout quand ceux-ci ont de la personnalité (et mettre à part Wellman), mais aussi entre les studios, car la collection présente des films Warner et MGM. je crois que le style nerveux, concis est typique de la Warner même si POSSESSED de Clarence Brown, film MGM, ressemble beaucoup à un film Warner surtout dans son début. THREE ON A MATCH, film Warner, et A FREE SOUL ,film MGM, deux mélodrames, deux portraits de femmes libres qui se cherchent et se perdent, deux histoires de déchéance, sont très différents quant au rythme, et THREE va plus loin dans la description de cette déchéance, mais ménagent tous les deux des surprises, nous balancent de la même façon brutale et sans prévenir des scènes très dramatiques (le suicide d’Anne Dvorak dans THREE…, le meurtre de Gable dans A FREE SOUL). Mais c’est peut-être la loi du genre (le mélodrame), je n’y suis pas assez familier. Par ailleurs des tas de films Paramount, RKO, Universal sont aussi pre-code dans la mesure où ils n’auraient pas pu être tournés tel quels après 1934, même s’ils ne traitent pas de sujets contemporains ou réalistes. DESIGN FOR LIVING, MOROCCO, KING KONG, FREAKS sont aussi des films pre-code.
A Mathieur
Et le merveilleux LOVE ME TONIGHT de Mamoulian (dvd sorti en France comme aussi le BACK STREET de Stahl) qui fut d’ailleurs coupé et charcuté après 34 dans ses ressorties successives
à Bertrand:
Je ne trouve pas trace sur le net d’un dvd français de LOVE ME TONIGHT, peut-être dans un futur proche dans la collection « Les Etoiles Universal » qui présentent aussi des films Paramount (Universal possède je crois le catalogue Paramount jusqu’en 1948).
A Mathieu
Dans cette collection et sous le titre AIMEZ MOI CE SOIR je crois
oui sous le titre français et je vérifierai la qualité car dans la même collec « Etoiles Universal » LES CHEVAUX DE BOIS de Montgmomery c’est une honte.
A MB
Paramount est un des studios qui fait le moins d’efforts pour le patrimoine
Oui, je confirme, aux « Etoiles Universal », sous ce titre d’AIMEZ-MOI CE SOIR. Un délice, effectivement..
A MB
Pour le Mamoulian, et de mémoire récente, la qualité est bonne, voire excellente (à vérifier). Par contre je ne savais pas qu’il y avait le Montgomery dans la collection. A vous en croire, je ne suis pas passé à côté de quelque chose (la qualité était normalement correcte quand il avait été diffusé au CDM en 2003).
à Bertrand: vous voulez dire que Paramount a racheté Universal, je m’y retrouve jamais là-dedans…
à A Angel: cette copie des CHEVAUX DE BOIS a salopé mon souvenir. On ne trouve qu’un dvd Criterion mais je n’ai jamais acheté un Criterion, trop cher, par contre on est sûr que le master est bon, vivement que celui-ci soit repris par un éditeur comme Arrow ou Eureka en z2 si on accepte les sta. J’ai noté le Mamoulian merci.
J’avais confondu ce film avec UNE HEURE AVEC TOI très court Lubitsch (1h10?) qui est un joyau.
PRES DE TOI pas AVEC!
à Tous:
Merci pour ces renseignements. je vais acquérir AIMEZ MOI CE SOIR et éviter RIDE THE PINK HORSES. Dans la même collection, bien mal distribuée, les dvds de TROUBLE IN PARADISE de Lubitsch, YOU AND ME de Fritz Lang et SPAWN OF THE NORTH de Hathaway sont très corrects, plutôt mieux que certains dvds (Universal)de films Paramount des années trente comme SCARFACE ou THE LIVES OF A BENGAL LANCER.
à Mathieu: sur les textes de Frappat, je sais qu’elle exagère tout le côté subversif, sexuel comme beaucoup je l’ai dit, et néglige de replacer ces films dans le contexte historique des compagnies de production donc dans le cadre de l’histoire du cinéma, avec les influences de tel ou tel producteur ou réalisateur ou vedette ce qui m’intéresse et que Brion ferait très bien. Ce qui aiderait peut-être à répondre à la question de la liberté de style ou au mépris bénéfique de certaines règles de forme, qui n’est jamais abordée: pas mode ça, les lecteurs s’en foutent, coco. Dans un film des 50-60 vous ne voyez pas une scène filmée comme celle de la mort de Loretta Young dans HEROS A VENDRE, impossible ou alors fin 60. De même j’avais relevé cette phrase sur Jean Harlow pour RED DUST: « elle s’impose pour un jeu bien plus inventif et moderne que celui de (…) Gable et Astor, encore trop dépendants d’une expressivité héritée du cinéma muet ». C’est juste, et déjà pas si mal (et rare) d’éviter de louer Harlow pour les habituelles qualités de « vampisme » ou d’aura (l’aura, quelle foutaise!) avec lesquelles les fans-critiques adorateurs de ces grandes stars féminines ont l’habitude de les ensevelir, pour, enfin, la louer pour ses qualités d’actrice. Harlow est un génie, même dans BOMBSHELL, film certes secondaire, elle surpasse tout. Les réalisateurs devaient s’en frotter les mains.
à Mathieu: et je viens de voir à la suite HEROES FOR SALE, stupéfiant pour sa conclusion anti conventionnelle. Le film mérite une analyse mais Bertrand a tout dit y compris le « problème » communiste clairement dénoncé comme pervers et injuste car venant plus d’une vision réactionnaire qui a créé le mythe du Rouge que d’une réalité, qui situe le nid de ce qui arrivera vers les 40 puis 50 avec la liste noire. Il me reste MAN WANTED et JEWEL ROBBERY.
Je crois qu’il y a un niveau pour analyser ce « mouvement » sur lequel les exégètes du pre-code se sont abstenus en privilégiant le sexe et la situation sociale de la grande crise bien assez soulignés, , et qui se situerait au niveau du style, souvent sousestimé par la critique (les textes de H Frappat sont très biens à part ça). je devrais m’y lancer puisque Stag m’y encourage à ce point! En gros il y a une liberté de style ou de forme (en gros je veux dire: détails du scénario, trouvailles de mise en scène (les scènes de foule de HEROES comme signalé par BT) tout quoi), la sècheresse type film noir (la mort de L Young plus brutale qu’exploitée émotionnellement).
Bertrand il y a un bon bouquin sur Wellman?
MB
Hélas non. Patrick McGilligan m’a dit que le livre de son fils était faible et anecdotique
à Bertand: je m’en doutais ayant vu que ce bouquin existait, mais dans le doc consacré à son père le fils Wellman était plus dans la louange que dans l’info, j’avais noté quand même dans la bio de Wayne par Eyman cette phrase du fils à propos de la brouille Wellman-Wayne: « mon père avait un côté plus sombre que Wayne » « Wayne aimait s’entendre avec les gens, mon père pas tant que ça »…
à Bertrand: avez-vous finalement vu THE PURCHASE PRICE de Wellman qui est en zone 2 depuis?
A MB
Oui ce n’est pas le meilleur That flaw is very much on display in « The Purchase Price » (1932). Barbara
Stanwyck stars as a New York showgirl who hides out from a possessive
gangster boyfriend (Lyle Talbot) by agreeing to become the mail order bride
of a Midwestern farmer (George Brent). Wellman plays the rural characters,
including the miscast Brent, as lumbering cretins, never quite accounting
for the sudden change of heart that propels Stanwyck into Brent’s arms and a
new identity as a gallant homesteader in a gingham dress.
je m’en suis douté sinon vous y seriez revenu, merci.
à voir Barbara Stanwyck dans BABY FACE je comprends que Lourcelles la qualifia de « la plus grande actrice américaine ». Ce qu’il y a de remarquable c’est dans des plans muets donc où elle n’a pas de réplique, qu’elle arrive au sommet: cf son regard d’écoute sur son mentor nyetzschéen (qui pervertit le philosophe si je me souviens bien de mes études de philo) lui faisant la leçon au début, son visage figé et serein venant de découvrir que deux hommes viennent de se tuer pour elle (ce plan doit autant à Alfred E Green grâce au travelling qui suit Stanwyck avec une douceur pétrifiante). Il y a des deéceptions dans la collec Forbidden Hollywood mais avec ce film, on touche au sommet, et je ne trouve pas que le happy-end soit dérangeant, il est aussi vraisemblable qu’une fin tragique.
Voir aussi la façon dont la Stanwyck aborda l’âge mur après ses années de « star » en jouant (bien forcée, la vie devenait dure pour les vedettes féminines après 40 ans!) dans des productions plus modestes en budget : 40 TUEURS ou JEOPARDY de Sturges (avec Ralph Meeker très jeune et formidable) ou les Dwan comme l’inénarrable LES RUBIS DU PRINCE BURMAN: elle y manifeste la même conviction la même sincérité et donc, le même respect du spectateur. Moi je dis à mon tour « Respect à Mrs Stanwyck ». Sans blague.
A MB
BABY FACE est un film inouï que j’ai loué idi même et Stanwyck une immense actrice qui a toujours été moderne. Elle était la providence des metteurs en scène (voir ce qu’en dit Billy Wilder)
oui en effet c’est pourquoi je parle de BABY FACE sur la page du 11 nov 2009 où vous passez en revue la collec USA de FORBIDDEN HOLLYWOOD (je les vois dans la collec française aux jaquettes sinistres!). Nous sommes d’accord: Stanwyck est un diamant noir.
Wilder? Il faut que je revoie ASSURANCE SUR LA MORT dont tt le monde me dit que c’est un grand film, je la trouvais un peu pâlotte là-dedans, Fred Mac Murray m’a-t’il anesthésié pour l’ensemble du film? Si c’est une injustice elle sera réparée.
A MB
Il faut aussi réhabiliter Mac Murray qui a toujours été juste et que Wilder aimait beaucoup. Il le trouvait discret, toujours précis et capable d’infimes nuances. Quant à Stanwyck elle se moquait des apparences, du quand dira-t-on et avait accepté un personnage refusé par toutes les actrices (lisez les interviews de wilder par Cameron crowe
à Bertrand: je trouve Mac Murray bien meilleur et piquant dans PUSHOVER (ah ce regard de fausse innocence et de trouille mélangées qu’il arbore quand il commence à être soupçonné!) que je qualifie juste pour me rendre intéressant de « boulevard noir » il y a autant de quiproquos que dans une comédie dite de boulevd simplement chaque conséquence est tragique. La méprise sur l’identité d’une personne épiée entraîne un sentiment de malaise grave au lieu de tension comique. En fait, on pourrait refaire ce film en comédie avec un happy-end (Mac Murray: « mais non! j’ai pas fait exprès mon doigt a glissé sur la détente, pis je voulais rigoler quoi… » Brouaha de rires des flics : »Ah ah plaisantin, va allez n’y revenez pas! » THE END. Celà vient-il du genre souvent visité par Quine qui est… tadadaaaa… la comédie!?
à part ça NOUS VOULONS UN BR DE MA SOEUR EST DU TONNERRE! sinon on casse tout.
A MB:
Il faut que je voie BABY FACE qui avait échappé à ma vigilance (le nom du réalisateur ne me disant rien). Pour moi aussi Stanwyck est une des toutes meilleures actrices de l’histoire de Hollywood, et je ne la trouve absolument pas pâlotte dans DOUBLE INDEMNITY, ni MacMurray d’ailleurs, dont la justesse est aussi vocale et musicale (tous les acteurs devraient apprendre à chanter, à commencer par les acteurs français actuels). Il a débuté comme chanteur et on peut l’entendre par exemple dans la très agréable comédie THE PRINCESS COMES ACROSS où Carole Lombard fait une imitation assez savoureuse de Garbo (il formait à l’époque un duo avec Lombard et on les retrouve aussi dans le très bon et très bien joué HANDS ACROSS THE TABLE DE Mitchell Leisen).
A Mathieu
Leisen trouvait d’ailleurs que Mac Murray était un des meilleurs acteurs de comédies sophistiquées.Il est très bon dans les autres Leisen dont un avec Stanwyck. Alfred E Green le réalisateur de BABY FACE a eu une immense carrière (5 films en 1926), peu étudiée et on peut penser qu’on trouve des surprises dans la période Warner. On dit du bien de DANGEROUS qui fit gagner à Bette Davis un Oscar racheté dans une vente aux enchères par Spielberg : comme le dit Variety : » Laird’s dialog is adult, intelligent and has a rhythmic beat. Davis’ performance is fine on the whole, despite a few imperfect moments. When called upon to reach an intense dramatic pitch without hysterics, Davis is capable of turning the trick ». On lui doit cet excellent western avec Joel Mc Crea que j’ai loué à plusieurs reprises, FOUR FACES WEST édité chez Sidonis qui a sorti un polar de lui pas mal, COVER UP écrit par Dennis O Keefe où William bendix était excellent
à Bertrand: admirateur de Thelma Ritter, la meilleure actrice américaine avec Stanwyck, je jalouse les auteurs de 50 qui ont vu THE MATING SEASON/LA MERE DU MARIE dans laquelle elle est prodigieuse disent-ils, encore un incunable ni dvd ni vhs. Je ne connais pas assez Leisen.
A Bertrand:
Merci pour ces suggestions.DANGEROUS est disponible en dvd chez Warner Archives, donc region 1 et pas de sous-titres.
of course like your web-site however you need to test the spelling on quite a few of your posts. A number of them are rife with spelling issues and I in finding it very troublesome to inform the reality then again I’ll certainly come again again.
Pour ajouter à ce que vous dites dans le bonus de WHITE FEATHER ou LA PLUME BLANCHE (Sidonis) sur le côté inachevé du scénario, il y a un mystère avec ce qui est arrivé au personnage de Virginia Leith, son père raciste anti-indien est joué par le colossal Emile Meyer et cet acteur de second rôle dans ces années n’est pas embauché pour ne sortir que trois répliques comme ici, son rôle a dû être coupé comme pour Leith. Il dit quelquechose sur le fait qu’il ne laissera jamais sa fille se marier « après ce qui s’est passé » et on n’en saura pas plus. La mère est absente, sans doute morte. Est-ce qu’ils avaient décidé puis renoncé un moment donné de développer le personnage de Leith qui serait tombée amoureuse d’un Indien dans le passé, et prétendument souillée ou un truc dans le genre? Pourquoi filmer une longue ballade dans la nature entre le héros et elle qui intervient alors qu’ils se sont juste dit bonjour jusque là, puisque Wagner va tomber amoureux de l’Indienne Debra Paget et que cette dernière liaison est au centre du film jusqu’à sa conclusion? Je regrette le sous-emploi de Leith, très belle femme, ex mannequin, que je ne peux pas m’empêcher de dévorer des yeux dés qu’elle est sur un écran… Mais pas beaucoup d’occasions pour ça puisqu’après VIOLENT SATURDAY et ce film-ci, elle ne fera à première vue plus rien d’intéressant: série B ou tv… Dans VIOLENT SATURDAY (ou LES INCONNUS DANS LA VILLE) de Fleischer, elle était épiée en secret par Tommy Noonan transpirant avec culpabilité, mais franchement pour moi, c’est circonstances atténuantes pour Noonan!
Emile Meyer est un acteur prodigieux, dans le moindre rôle, il inquiète, il n’a qu’à être là (il est le flic qui persécute Tony Curtis dans LE GRAND CHANTAGE…).
le film se ramollit un peu en son milieu, mais la dernière partie devient forte, et Robert Wagner a beau faire un peu gringalet, il est très convaincant sur la longueur.
A propos de votre ami Delmer Daves, je viens de voir DIABLES AU SOLEIL. J’y allais à reculons car apparemment toutes les critiques se sont liguées (vous également dans « 50 ans… ») pour enfoncer le film.
Sans parti pris, c’est avec plaisir que j’ai suivi ce film : ni vraiment film de guerre, ni totalement mélodrame (et appremment c’est ce qui avait déplu à certains qui auraient souhaité que ce soit plus l’un que l’autre).
On n’évite certes pas les clichés sur la « french riviera » mais cette mise en parallèle entre une guerre plus sournoise dans le sud de la France et cette romance, m’a paru assez crédible. J’ai trouvé pour le coup Sinatra assez sobre dans son jeu et Tony Curtis jouant bien sur l’ambigüité. On ne croit pas trop au personnage joué par Natalie Wood (fille d’un noir américain) mais ce n’est pas ce que j’ai dégagé en premier. Me suis-je fait abuser par le talent de Daves à tirer partie d’une histoire assez faible, je ne sais. Dans sa manière de filmer, on ressent quand même de la tendresse pour ces personnages pris dans une tourmente (guerrière et sentimentale) qui les dépasse. En attendant une autre vision du film, je pense qu’il ne vaut peut-être pas qu’on l’enterre définitivement…
Pour l’achat de zone 1, en plus de e-bay et d’amazon.com, vous avez le site de Price Minister qui propose par des vendeurs pro établis aux USA (ou non-pro en France) pas mal de titre dont le Ford at Fox pour lequel je n’ai pas payé de taxe de douane et un site canadien CINEBOX. Pour les droits de douane prélevés en France pour un achat à l’étranger, il faut se renseigner auprès de l’administration sur les règles en usage. J’habite en Suisse et la procédure est différente. A tout hasard, j’explique comment passer entre les doigts tatillons des douanes helvétiques. Vous commandez sur Amazon.fr le coffret dvd d’allan dwan par exemple, facturé aux Français 49 euros et 41 aux Suisses car la tva européenne n’est pas perçue pour une livraison en Suisse. La livraison amazon est gratuite car vous dépassez 20 euros d’achat. Et la douane suisse vous fait grâce de la TVA suisse car le taux en Suisse n’est que 7.6 % et n’est pas prélevé si le montant est supérieur à Fr. 5.-, ce qui n’est pas le cas pour le coffret Allan Dwan (CHF 4,97 de TVA). En clair, grâce à l’Europe, j’ai payé ce coffret 8 euros de moins qu’un Français et Fr. 50.- de moins qu’un acheteur suisse ayant fait l’acquisition de ce coffret en Suisse, soit environ 30 euros !!! J’imagine que pour la France via les pays non-européen (Suisse, USA, Norvège, etc…) il existe des règles dites et écrites et quelques unes non écrites. En Suisse, la règle des CHF 5.- est non écrite (c’est une directive fédérale visant à simplifier le travail de la poste) et il faut plutôt aller chercher, voire arracher, le renseignement à la source. J’imagine qu’il en est de même en France. Je précise que cela est parfaitement légal.
Merci pour ces précisions Harry!
Cependant une autre question me chiffonne :
vous avez acheté « LE » Ford at fox ? celui contenant les 24 dvd ? Qu’en est-il ? je crois savoir que tous les films sont sous-titrés ?
Non, je n’ai que les FORD muet. La série Ford at Fox peut s’achêter au détail. Or, j’ai tous les Ford en Z2. Il me manquait quelques Ford muet. Dans ce coffret, pas de sous-titres français, mais même avec mon anglais de deuxième ordre, j’arrive à comprendre !
Pardon, mais les 24 films contenus dans le coffret « Ford at Fox » proposent bien des sous-titres français. Vous pouvez y aller les yeux fermés, c’est de plus, un magnifique objet !
Merci pour vos réponses !
Bonjour à tous,
Comme il est fait mention dans le post publié par M. Tavernier du coffret Murnau & Borzage à la Fox, je voulais savoir si quelqu’un avait eu vent des problèmes de conditionnement le concernant.
Sur amazo n.com, nombre de clients écrivent leur mécontentement… Les disques seraient, dès l’ouverture, rayés…
Or ce coffret coûte très cher…
Quelqu’un a-t-il l’acheté ? A-t-il rencontré ces problèmes ?
Merci d’avance et pardon pour cette parenthèse un peu plus prosaïque !
Vincent
Je l’ai acheté chez amazon.com et n’ai rencontré aucun problème. Je ne comprends même pas comment les DVD peuvent se détacher ! C’est un coffret extraordinaire qu’il faut absolument acheter ne serait-ce que pour encourager de telles initiatives. Après le coffret Ford, celui-ci : chapeau la FOX. Un vrai grand cadeau à la cinéphilie.
En le commandant par Ebay (à un professionnel US), on ne paie pas la taxe de douane, ce qui n’est pas le cas en passant par amazon.com (je me souviens avoir payé 17 euros de taxe pour avoir commandé le coffret Ford at Fox sur amazon.com).
A Bertrand Tavernier :
Vous qui adorez les romans de Cormac McCarthy comme vous le dites si bien dans « Pas à pas dans la brume électrique » (cf. p.33, Ed. Flammarion), évoquant Tommy Lee Jones et sa proximité avec l’écrivain américain lorsqu’il vous parlait chevaux, nature, coutumes et Histoire du Texas, qu’avez-vous pensé de l’adaptation au cinéma de « The Road » par l’australien John Hillcoat ? Je n’ai personnellement pas lu le roman, mais le film m’a beaucoup plu, par sa force visuelle (des paysages post-apocalyptiques tous plus incroyables les uns que les autres et parfois dans une grande sobriété), la beauté du dialogue (les voix-off de Mortensen…, les quelques mots de Duvall sur le confort que peut représenter le suicide dans ce monde dévasté, et la bêtise de s’y résoudre), l’étude de caractères (la relation de ce père à son fils, tandem de survivants, qui dans un monde qui n’a plus rien à voir avec celui que nous connaissons, réussissent à garder leur humanité, l’enfant devenant souvent le garde-fou moral de cet homme qui ne reste en vie que pour permettre à son fils de subsister), sans oublier les magnifiques prestations des acteurs, même si c’est un lieu commun : Robert Duvall et Guy Pearce (méconnaissables) et bien-sûr l’enfant incarné par Kodi Smit-McPhee et un immense Viggo Mortensen. Si l’on excepte le chien et la famille reconstituée à la fin du film (cela m’étonnerait que ce soit tiré du roman), je trouve que le réalisateur et son scénariste Joe Penhall, ont su éviter tout un tas d’écueils inhérents au cinéma hollywoodien, et qu’ils proposent une oeuvre forte, qui restera. Le film m’a profondément donné envie de lire le livre de Cormac McCarthy qui a reçu en 2007, le prestigieux prix Pulitzer.
cher Alain Tavernier,
qu’avez-vous pensé du western de Kevin Costner, OPEN RANGE, que je trouve être un bel hommage aux grands westerns en technicolor, avec un beau portrait de ces derniers hommes libres ( au sens de non-asservis par le travail ) servis par des acteurs superbes, dont le toujours excellent Robert Duval.
Quelques films en vrac que j’ai vu dernièrement:
– Le Prisonnier d’Alcatraz, de Frankenheimer, avec Burt Lancaster, que je n’avais jamais eu l’occassion de voir, m’a paru un excellent film, très bien mis en scène, mais surtout remarquablement interprété.
– Julietta, un film méconnu de Marc Allégret, 1953, avec Jean Marais, Dany Robin et Jeanne Moreau, m’a paru bien meilleur que sa réputation. C’est même le meilleur d’Allégret que j’ai vu. Il s’agit d’une comédie vaudevillesque qui s’essaie à la comédie américaine. Interprétation excellente et la photo est de Henri Alekan, ce qui est une raison en elle-même de voir le film;
– Beaucoup plus quelconque est L’AVENTURE FANTASTIQUE, comédie westernienne de Roy Rowland,avec Robert Taylor et Eleanor Parker. Hormi le cinemascope et le technicolor, le film parait bien conventionnel. Quelques scènes (notamment à la fin avec les indiens) tiennent bien le coup.
– Deux films italiens méconnus: LE COMMISSAIRE, de Luigi Comencini, avec Alberto Sordi, sur un scénario de Age et Scarpelli, est à redécouvrir. Sordi a interpréte un commissaire qui souhaite se faire bien noter par ses supérieurs mais en fait son zèle policier les encombre. Très drôle. Très drôle aussi, mais plus grinçant encore et sans doute plus profond, NOS HEROS REUSSIRONT-ILS A RETROUVER LEUR AMI MYSTéRIEUSEMENT DISPARU EN AFRIQUE, de Scola, avec Sordi, Blier et Manfredi. Ce film méconnu mérite une rédécouverte.
Parmi les coffrets « de noel », il me semble important de soutenir à cette occasion les petits éditeurs qui ne cessent de jouer les chercheurs d’or malgré les difficultés:
-Blaq out a édité un coffret Otar Iosseliani qui relève de l’indispensable par son sens de l’exhaustivité (on trouve un court métrage La fonte et un « téléfilm » merveilleux Un monastère en Toscane outre l’ensemble des oeuvres de l’un de nos plus inventifs apatrides-citoyens du monde… il n’y manque le dernier opus Jardins en automne, visible actuellment sur cinécinéma auteurs), ses boni, la qualité de la restauration (Et la lumière fut ou le ….merle chanteur semblent être sortis hier!).
-Potemkine , l’éditeur de l’excellent coffret Rozier s’intéresse à Mikhalkov qui , avant de se laisser aller à quelques facilités (le pire, c’est Le barbier de Sibérie… mais il y avait déjà quelques scories dans Urga, soleil trompeur voire le tant célébré Les yeux noirs), était un cinéaste passionnant comme le prouvent Partition inachevée…, Cinq soirées ou Oblomov, aussi précis, émouvants et ténus que du Tchékhov.Vivement la découverte de ces coffrets!
Et n’oublions pas chez les « gros » éditeurs les coffrets Bresson ou Dreyer (MK2), les coffrets vigo ou Pialat (Gaumont).
Le plaisir de la dvdothèque face à ces travaux éditoriaux s’apparente à celui que nous pouvons ressentir en lisant un volume de La Pléiade ou de Bouquins!
Je suis un évadé de Mervyn LeRoy est un chef d’oeuvre du social film à la Warner, où comment la société américaine parvient à lyncher un citoyen innocent, « They made me a criminal » comme le dira Paul Muni à la fin du film. Je suis un évadé est également une oeuvre quasi humaniste sur la dénonciation des tortures infligées dans les bagnes américains!
Sacré B Tavernier!
Histoire de se délasser entre deux prises, il visionne quelques coffrets DVD et nous offre une chronique conséquente juste avant les fêtes!
Deux commentaires rapides:
-le coffret Rozier est admirable en tous points qu’il s’agisse des copies (les couleurs de du côté d’Orouet notamment mais aussi les qualités de grisé de Adieu Philippine) ou des boni. Rozier dont l’oeuvre au bout du compte est scandaleusement succincte faute de producteurs courageux n’en demeure pas moins un auteur passionnant et aventureux. Mes favoris sont Du côté d’Orouet (où s’invente une combinaison durée/improvisation qui ne ressemble à rien de connu ailleurs mais peut « évoquer » les expériences de Cassavetes et plus tard de JF Stévenin) et Maine Océan (sorte de comédie du langage qui emprunte à la fois à la comédie américaine et meilleur d’un René Clair: libre, imprévisible et euphorisante)
-je confirme, pour les avoir vus sur TCM moi aussi la force brute de Wild boys of the road (pour une durée de 80 mn si je ne m’abuse: je suis toujours surpris par la densité de certains certains chefs d’oeuvre américains que ce soit chez Fuller, Lang, le ford des 30′, Tourneur… à l’heure de la durée moyenne de 2h -2h10, cela laisse songeur…) qui montre un visage particulièrement brutal de la crise puisqu’il s’attache aux pas des gamins laissés pour compte. La violence de ce métrage n’a d’équivalent que chez le Bunuel de Los olvidados ou le Oliveira de Aniki bobo)
-Parrish est un beau film dont les couleurs sont un enchantement et le traitement de l’émotion sobre, ténu plus dans la rétension de l’Eastwood de Madison county ou du Minelli de Tea and sympathy… que dans l’explosion d’un Sirk.
Bon courage à vous , Bertrand Tavernier et encore bravo pour avoir choisi de réhabiliter Mme de La Fayette à l’heure où certains histrions jugent son oeuvre illisible (encore faut-il être lecteur !), inutile (il est vrai que les spectacles de Bigard sont tellement utiles) et surannée (tout le début sur la cour dans La princesse de clèves-« la magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat…C’était tous les jours des parties de chasse et de paume, des ballets… »- avec son ironie secrète et néanmoins acérée ne peut absolument pas parler d’une autre cour tout aussi somptuaire-pas somptueuse- et décatie).
Si certains se trouvent une passion pour les films Warner du début des années trente dont Tavernier parle brillamment au début de son article, ils peuvent toujours tenter de consulter mon très confidentiel site consacré aux films américains du début du parlant : http://www.hollywood33.fr/listewarner.php?annee=1933.
Les films du pré-code avaient été diffusé il y a peu sur TCM; parmi tous ceux que j’ai vu, beaucoup était très bien; je pense que les William Wellman sont les plus intéressants. Notamment WILD BOYS OF THE ROAD et le méconnu HEROES FOR SALES, 2 chef d’oeuvres. Les autres films sont excellents aussi, mais avec ces 2 films on atteint le sommet. Je me réjouis de voir que les mélodrames de Delmer Daves ressortent en DVD. Vu également sur TCM il y a quelques années, ils m’avaient paru bien meilleur que leur réputation. En fait, j’ai toujours préféré que le classiscisme de Daves au baroque d’un Kazan. Concernant Borzage, LAZYBONES, diffusé au cinéma de minuit sur FR3 il y a quelques semaines, m’a paru être un quasi-chef d’oeuvre. On passe de la comédie au drame, presque aussi facilement que John Ford dans Le Fils du Désert. Je signale à nouveau qu’un film rare de Borzage « THE RIVER – La Femme au Corbeau » est sorti en DVD (enfin, ce qui reste du film) avec en bonus 3 courts-métrages muets.
J’ai adoré « Maine Océan » de Jacques Rozier !!
Dans la catégorie des excellents artisans hollywoodiens, Mervyn Le Roy n’était pas le plus médiocre. Je le placerais même au-dessus de Richard Thorpe. Pour « Je suis un évadé » bien sûr mais aussi « Johnny Eager », « Ville haute, ville basse », « God Diggers of ’33 », « Waterloo bridge »…
Au sujet de la représentation explicite des milices anti-Rouges, il y en a un bel exemple aussi dans « Les raisins de la colère » de Ford avec ces nervis armés qui viennent mettre de l’ordre parmi les grévistes.
Dans le coffret Joan Collins, j’ai vu qu’il y avait « Rally ’round the flags, boys », une potacherie plutôt sympathique de McCarey, que, selon une pénible habitude les distributeurs français avaient traduite sous le titre crétin de « La brune brûlante » (sans doute pour surfer sur le succès de « La blonde et moi »). Paul Newman y cabotinait en grande forme.
Pour finir, bien que ne connaissant pas « Midnight Mary », je suis bien de l’avis de Franchot Tone quant aux lignes sculpturales de la divine Loretta Young ;P
De Le Roy, si GOLD DIGGERS OF 1933 est un bon film, je ne placerai pas sur le même plan JOHNNY EAGER, d’un ennui total avec une fin resucée sur LITTLE CAESAR (A noter que Lana Turner cite à un moment, un extrait de « Cyrano de Bergerac » de Rostand ! Peut-être pour donner un peu d’épaisseur à un personnage bien falot).
De toute façon, j’ai l’impression que le film noir (lorgnant le plus souvent vers le film de gangster du début du parlant) a rarement réussi à la MGM. Hormis un film comme QUAND LA VILLE DORT d’Huston…