Chronique n°1
9 mai 2005 par Bertrand Tavernier - DVD
J’ai envie d’insister évidemment sur des films qui sont peu publicisés ou qui ne l’ont pas été du tout. Par exemple Remparts d’argile (1968) de Jean-Louis Bertucelli, le père de Julie. Film absolument magnifique sur un sujet essentiel : la place de la femme dans une société musulmane, paysanne. Film qui n’a pas pris une ride et dont la splendeur visuelle (magnifique photo d’Andréas Winding), l’utilisation du son et le côté contemplatif sont d’une immense modernité.
Ce film, comme tant d’autres, semble avoir échappé à tous les chroniqueurs DVD. Il a été sorti par une petite compagnie de distribution qui distribue l’excellent Extérieur, Nuit (1980) de Jacques Bral.
Il est bien sûr évident que dans cette chronique je ne mentionnerai pas les sociétés et les sites qui bradent les DVD sans jamais en référer aux ayants droit et aux auteurs. Mais, je signalerai, chaque fois qu’il est possible, des films qui semblent être ignorés par les grandes surfaces et les grandes distributions.
Exemple : Amazon France signalait chaque fois que le très beau film de Jacques Maillot Nos vies heureuses (1999) était indisponible. C’est faux, on le trouve chez Blaq Out (52, Rue Charlot – 75003 / Tel. : 33 (0) 1 42 77 88 20/ http://www.blaqout.com/) qui se consacre à la diffusion du DVD d’auteur et qui distribue, en plus de Nos Vies Heureuses, des courts-métrages de Jacques Maillot, toute une série de films comme le magnifique Les Gens de la Rizière (1994) de Rithy Panh, (œuvre âpre et forte sur la manière dont le génocide des Khmers Rouges a détruit une grande partie des valeurs de la société cambodgienne), l’œuvre quasi intégrale d’Otar Iosseliani, Nationale 7 (2000) de Jean-Pierre Sinapi, le coffret de Peter Watkins, La Bombe (1966) et La Bataille de Culloden (1964 – V.O. sous titrée français), ces fracassants faux documentaires.
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Et évidemment les coffrets que Opening à consacré à Mizoguchi, Fellini et John Ford dont le sublime Young Mr. Lincoln (1939) ou MK2 à Robert Bresson.
J’ai aussi envie de revenir sur des sorties plus anciennes pour signaler la qualité de certaines éditions et l’intérêt des bonus. Je pense à Pépé le Moko (1937) chez Studio Canal sorti avec un transfert d’une grande qualité et où on peut comparer, exercice passionnant, un certain nombre de scènes du film de Duvivier avec le remake (Algiers – 1938) d’un très intéressant metteur en scène John Cromwell mais, qui comme on peut le voir, édulcore chaque fois les audaces de la version originale. Et ceci en dépit de la présence du scénariste John Howard Lawson, qui deviendra l’un des dix d’Hollywood. Cromwell et son chef opérateur (James Wong Howe) avaient copié intégralement le découpage, tous les cadrages, toutes les recherches visuelles ou stylistiques de Duvivier (Pépé dans le noir avec seulement ses yeux éclairés) en se montrant à chaque fois plus timorés et plus conventionnels. La scène dans le bureau de la police au début du film que Duvivier filme en un seul plan large est interrompue chez Cromwell par un banal champ contre champ. Tous les plans de la casbah sont piqués sur la version française, mais toutes les allusions aux prostituées disparaissent. Le personnage d’Hedy Lamarr n’est plus une femme entretenue. Pépé ne se tue pas, il est abattu par erreur par la police. Cette confrontation est passionnante et il est très marrant de voir Charles Boyer reprendre (dans un décor quasi identique et avec le même costume) la chanson que chantait Gabin.
Autre bonus du film, une interview de Duvivier (qui n’en a pratiquement jamais donné) nous révèle un homme bourru mais extrêmement modeste et timide. A noter que cette interview est réalisée par François Chalais dont l’un des films favoris est Le Paquebot Tenacity.
Signalons dans la même collection : La Grande Illusion (1937), Casque d’Or (1952) et Quai des Orfèvres (1947).
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POUR LES ANGLOPHONES
Dans cette chronique, j’ai envie de mentionner des DVD de la zone 1 (zone américaine) pour les anglophones qui ont des lecteurs compatibles. Par exemple, lors de mon dernier voyage aux Etats-Unis, j’ai découvert quelques sorties récentes, notamment trois films d’un metteur en scène que j’aime beaucoup Richard Quine. J’ai enfin eu la possibilité de revoir une des œuvres favorites de l’équipe du Nickel Odéon, ce ciné-club que j’avais créé dans les années 60, Strangers When we meet (1960 – Liaisons secrètes) avec Kirk Douglas, Kim Novak, le magnifique Ernie Kovacs et Walter Matthau. C’est une œuvre sombre, lyrique, une histoire d’amour tourmentée qui se déroule dans une banlieue aisée et qui anticipe de manière étonnante sur toute cette série de films des années 70 consacrés aux fissures de l’american way of life, au malaise américain, à la névrose. En revoyant le film, on s’aperçoit que Quine et que le scénariste Evan Hunter (Les Oiseaux), le vrai nom de Ed McBain, consacre une place énorme à la névrose qui ronge les rapports entre individus. Le film était célèbre pour la phrase où Kim Novak demandait à Kirk Douglas comment il se rasait avec sa fossette. Toute cette histoire d’amour se déroulait pendant que Kirk Douglas, architecte ambitieux, faisait construire la maison de ses rêves et la passion était liée à la création artistique.
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Autre film de Quine It happened to Jane (1959 – Train, amour et crustacés), avec sous-titres français, que je n’ai pas encore revu mais dont mon ami Jean-Pierre Coursodon m’a vanté le charme et l’élégance et surtout My Sister Eileen (1955 – Ma sœur est du tonnerre), également sous-titré en français, l’une de ces rares comédies musicales dont d’innombrables visions n’ont pas réussi à altérer le charme et le pouvoir euphorisant. La genèse de ce film mérite d’être comptée. Prenant comme point de départ le premier acte de Wonderful Town, mais en n’en gardant que l’argument (les chansons de Bernstein, Comden et Green furent toutes éliminées) Blake Edwards et Quine, tous deux co-scénaristes, resserrèrent la construction dramatique, développèrent la psychologie des personnages, donnant un splendide exemple de la manière dont on peut non seulement adapter valablement, mais encore améliorer un musical scénique considéré comme un classique. De plus les nouvelles chansons (de Jule Styne et Léo Robbin) s’intègrent parfaitement au scénario, qu’elles font progresser, et Quine les utilise de façon très originale, ménageant à plusieurs reprises un passage insensible du dialogue au chant et à la danse.
On trouve également une collection assez passionnante (chez Kino International aux Etats-Unis http://www.kino.com/) qui devrait intéresser les gens de théâtre pour peu qu’ils parlent anglais. American Film Theater qui comprend plusieurs titres très intéressants. La plus grande réussite est à coup sûr The Iceman Cometh (1973), d’après la pièce de Eugene O’ Neill, magnifiquement réalisé par John Frankenheimer avec une distribution exceptionnelle, en particulier Fredric March et surtout Robert Ryan, tous deux ravagés et terriblement convaincants dans leurs personnages aux portes de la mort.
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Autre réussite, Butley (1976) avec Alan Bates, mis en scène par Harold Pinter. Dans cette même collection, on peut également voir l’adaptation très terne de Galileo (1975) de Brecht par Joseph Losey et ce drame musical de Maxwell Anderson, mis en musique par Kurt Weill : Lost in the Stars (1974) d’après Pleure, ô pays bien-aimé d’Alan Paton. C’est l’une des rares occasions de voir l’un des musicals américains de Weill et sans doute l’un de ses plus grands succès. L’œuvre m’a parue très bien chantée, mais ne gagne absolument rien à avoir été tournée en extérieur réel notamment en ce qui concerne les scènes de foule et de chœur qui sont assez platement enregistrées par Daniel Mann.
Et puis, autre curiosité The Man in the Glass Booth (1975 – sans sous-titre français), une pièce de Robert Shaw (que l’on a pu voir dans de très nombreux films : Les Dents de la Mer, Deux hommes en Fuite de Losey, et Custer, l’Homme de l’Ouest…) qui fut mis en scène par Harold Pinter (qui aimait beaucoup cette pièce) réflexion sarcastique et dérangeante autour des crimes de guerre nazis. En bonus, la mise en scène de Arthur Hiller et un essai sur le théâtre de Robert Shaw.
Autre adaptation théâtrale (malheureusement sans sous-titres français) totalement réussie The Caretaker (1963 – Le Gardien) d’Harold Pinter très bien filmé par Clive Donner et magistralement interprété par Alan Bates, Donald Pleasence et Robert Shaw. Ce film, qui tient formidablement le coup, est sans doute la meilleure adaptation de Pinter. On peut le trouver dans une collection du British Film Institute (http://www.bfi.org.uk/) et qui comprend A Taste of Honey (1961) de Tony Richardson (avec en bonus un commentaire de Rita Tushingham et Dora Ryan), Elgar (1962) de Ken Russel (incluant un commentaire de Ken Russel) et The Iron Horse (1924) de John Ford dans une copie restaurée et teintée.
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Commentaires (17)
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Monsieur,
Enseignante, je cherche en vain les coordonnées de l’association que vous présidez : « Association Noël 1914 ».
Dans l’attente d’une réponse, permettez-moi de vous féliciter pour votre oeuvre.
D.G
Petit retour en arrière à l’occasion de la redécouverte d’Edvard Munch de Peter Watkins sur grand écran.
Immense film, bien plus important que le souvenir pourtant fort que j’en avais gardé.Watkins explore l’âme d’un peintre en se coulant au plus près de son évolution durant une dizaine d’années décisives dans la’rt du peintre et invente une forme à nulle autre pareille pour ce faire.
Le dispositif semble d’abord simple, factuel puisque’une voix off énonce des informations nombreuses, précises sur une biographie (la maladie qui scande la prime jeunesse du peintre et des siens) et un contexte social ( l’enfance sacrifiée sur l’autel du capitalisme naissant, la prostitution, le sous texte social cruel à lire dans une société policée et corsetée par la religion).Les images semblent surgir au gré des digressions sans toujours affirmer un lien évident à la manière d’instruments qui s’accordent avant un concert.
Peu à peu, le spectateur comprend que tous ces éléments convergent pour approcher un mystère: comment naît un génie au gré des événements biographiques,des aléas d’une époque, de son propre mystère qui lui est étranger.L’approche de Watkins n’est jamais unilatérale et se veut plurielle: le spectateur doit apporter sa propre lecture à cet enchevêtrement entre information, image mentale,recréation d’épisodes avérés ou probables de la biographie.
Edvard Munch est un film-monde et un film unique:le cinéaste sait capter aussi bien l’ineffable sentiment de solitude et de manque du peintre ( notamment lors de son histoire d’amour avec une femme mariée) que réinventer ce que peut signifier un groupe de jeunes artistes et intellectuels épris de changement (je crois que cela a rarement été rendu de manière aussi juste, ne peuvent rivaliser avec cette captation dynamique que L’oeuvre de Zola,parfois Reds de Beatty et le méconnu Mrs Parker and the vicious circle de Alan Rudolph)sans parler de sa manière d’approcher la matière qu’il s’agisse des toiles scrutées jusqu’à la texture du grain en insert, des techniques ( passionnant moment que le surgissement des techniques graphiques des années allemandes),des visages et objets.Le choix photographique est sublime: respect d’une lumière très juste des pays du nord européen avec des intérieurs comme estompés, des lumières bleutées justifiées par la fascination de EM pour la symbolique de cette couleur chez les Grecs, des moments de grâce en extérieurs qui ont la beauté fragile des plus beaux plans de Mallick.
Je pourrais parler des lignes durant de l’impression d’avoir vécu à nouveau une aventure cinématographique et humaine unique, passionnante et quasi épuisante tant Watkins semble nous embarquer dans le sillage de la comète Munch sans nous laisser vaquer ailleurs durant la projcetion.Le film, sans révéler sa fin, semble dire, qu’on ne peut en finir vraiment avec le mystère de la création: plus on ajoute des informations, plus surgissent des interrogations.
Le film est disponible chez Doriane film et je vous parlerai du DVD dès que je l’aurai visionné ( je n’osais le revoir sur petit écran bien que je l’ai en ma possession depuis des années tant ce film m’impressionna il y a une bonne vingtaine d’années: je ne voulais pas être déçu);
Il faut absolument que ce cinéaste immense et maudit ( le mot n’est pas exagéré quand on constate le cosntant rejet de ses défis par les distributeurs comme par les diffuseurs tv- jusqu’à arte qui brada de manière scandaleuse la diffusion de La commune- dont je vous reparlerai après revisionnage du DVD tjs chez Doriane films)obtienne une reconnaissance large de son vivant. Il me semblerait nécessaire que l’institut Lumière lui offre un accueil chaleureux lors d’une rétrospective de sa filmographie.
Son livre passionnant Media crisis est malheureusement indisponible car l’éditeur Homnisphères a fondu les plombs.Cet essai s’ingénie à mettre à plat le fonctionnement uniforme ( « monoforme » dit-il) des médias pour créer les conditions d’une perception libre, nouvelle, participative du spectateur ( comme on parle de démocratie participative…vous aurez compris que le propos est éminemment politique au sens le plus noble du terme!!!). il me semble important que les éditions Actes Sud/ Institut Lumière se penchent sur les droits de l’ouvrage quitte à l’augmenter d’un entretien long sur la carrière du cinéaste.
A Ballantrae
Entièrement d’accord. Merci Doriane pour la Commune…
Je ne l’ai pas encore revu depuis son passage tardif ( tôtif?) vers 22h30 en 2000 ce pour une durée de plus de quatre heures.
La version Doriane est « abrégée »( cela ne semble pas un massacre) à 345 mn et je vous dirai après revisionnage ce que cela donne.
Notons que le coffret Doriane qui présente aussi Culloden, La bombe, Punishment park et the gladiators donne lieu à des boni tels que de riches entretiens et les deux premiers courts métrages de PW déjà très talentueux
Nous avons rendu, avec notre association de Périgueux, un hommage « modeste » à PW avec la projection de Edvard Munch puis Eveningland et La commune.
Nous aimerions aller plus loin dans l’hommage et la carte blanche.Nous espérons que le contact entamé avec lui pourra donner lieu à une invitation qui ne semble pas exclue même s’il veut des rencontres qui ne soient pas du style réalisateur/large public mais plutôt un format atelier avec de petits groupes. Si cela vous intéresse, je vous ferai part des dates.
Je n’ai pu anticiper la venue de P Watkins à Périgueux car cela s’est décidé en peu de temps et il vient demain.
Je vous raconterai cette rencontre dont j’attends beaucoup (un peu comme s’il m’était donné de croiser Orwell sur ma route!!!) et verrai s’il envisage une autre visite.
A propos, même si c’est un peu trop personnel comme nouvelle, je ne peux m’empêcher de vous annoncer que j’ai réussi (contre toute attente dans un contexte difficile) avec un collègue à ouvrir une option facultative cinéma sur notre lycée, ce qui va permettre d’ancrer tout le travail accompli de manière pérenne.Que du bonheur en perspective!!!
A Ballantrae
Bravo, bravo
Merci Bertrand!
Quant à Peter Watkins, il demeure le « angry young man » des 60′ tout en étant d’une courtoisie et d’une bienveillance extrêmes.
Un grand cinéaste allié à un grand monsieur sans oublier un vrai penseur de la question médiatique!
Il mérite une vraie réhabilitation à hauteur de son importance.
J’ai visité le site de Sony Pictures Home Entertainment au sujet du DVD « MY SISTER EILEEN ». Il n’indique qu’une VO sous titrée en japonais…et non en français comme vous le mentionnez. S’agirait-il d’un tirage épuisé?
J’ai cherché sur le site de Soni Pictures Home Entertainment, le DVD « MY SISTER EILEEN » mais ile est malheureusement sous titré… japonais et non français comme vous l’indiquez. S’agit-il d’une version épuisée?
Cher Bertrand,
Encore une belle chronique qui invite à revisiter des oeuvres honteusement méconnues!
Ne prenons que le cas Watkins dont la bombe et Culloden sont des joyaux. il faut ajouter l’admirable E Munch qui m’apparait comme l’un des plus beaux films jamais réalisé sur la peinture (avec Van gogh de Pialat, Ivre … de Im Kwon Taek, le mystère Picasso de Clouzot entre autres)camisetas promocionais. J’avais vu sur arte, il y a longtemps une partie de La Commune (qui dure je ne sais combien de temps!!!!) et avis trouvé cela d’une force peu commune: à quand un coffret DVD?
Je m’apprête à voir des watkins car j’ai acquis un très beau coffret chez Doriane films comprenant Culloden, La bombe, Punishment park, La commune ( version courte de …345mn!!!!) et un titre que je ne connais pas Les gladiateurs daté de 1968.
J’ai aussi acquis le DVD de Edvard Munch qui est peut-être son plus fulgurant film dans une carrière qui n’en est pas avare!
Je vous raconterai l’expérience Watkins après visionnage aussi vais-je devoir faire attendre les Naruse sur mon étagère qqs semaines!!!
Construction maison 29…
Article intéressant, merci pour ces infos. Bonne continuation. Publication sur notre page Facebook et notre compte Twitter : DVDBlog, par Bertrand Tavernier » Blog Archive » Chronique n°1….
Cher Bertrand,
Encore une belle chronique qui invite à revisiter des oeuvres honteusement méconnues!
Ne prenons que le cas Watkins dont la bombe et Culloden sont des joyaux. il faut ajouter l’admirable E Munch qui m’apparait comme l’un des plus beaux films jamais réalisé sur la peinture (avec Van gogh de Pialat, Ivre … de Im Kwon Taek, le mystère Picasso de Clouzot entre autres). J’avais vu sur arte, il y a longtemps une partie de La Commune (qui dure je ne sais combien de temps!!!!) et avis trouvé cela d’une force peu commune: à quand un coffret DVD?
A Ballantrae
Merci. J’aimerais d’ailleurs avoir vos avis sur certains films que je recommande. C’est la raison d’être de ce blog plus que des querelles parfois stériles sur Eastwood et PPP
Cher Bertrand,
Désolé d’avoir alimenté encore quelques polémiques…on ne se refait pas! Vous aurez remarqué que je suis parvenu à ne pas les lancer cette fois mais à simplement monter au créneau pour DEFENDRE et Clint et PPP… il est vrai que cela les fait durer mais je me suis efforcé, comme je le fais généralement, d’être constructif!
En tout cas , je prends note de votre demande et m’efforcerai de m’attacher à commenter des films que vous recommandez.
Par exemple, vous avez cent fois raison de signaler le coffret Iosseliani dont j’ai déjà parlé à Augelmann je ne sais quand: Otar Iosseliani est malheureusement encore perçu comme un cinéaste marginal, « pour cinéphiles » or toute son oeuvre m’apparaît comme généreuse, ouverte,ludique. Signalons que le coffret est très complet puisqu’il donne à voir aussi bien ses films géorgiens que ses films « d’exil » français. Ceux qui aiment Forman se doivent de voir Il était une fois un merle chanteur qui , à sa manière plus nonchalante, montre un « héros » doucement révolté. Pastorale ne ressemble à rien d’autre de connu et propose un riche entrelacement entre fiction et documentaire. Ses films « français » inventent un territoire fantaisiste qu’il s’agisse de donner à la circulation d’objets le premier rôle (Les favoris de la lune), de rêver une Afrique passant sans transition de l’espace mythique à l’occidentalisation (Et la lumière fut…), de montrer comment une communauté empreinte de souvenirs et de passerelles entre groupes très différents se sclérose par l’intrusion de donnes purement économiques (La chasse aux papillons) et je pourrais dire garnd bien de chacun de ses indispensables joyaux qui possèdent la patine d’objets artisanaux, incroyablement frais, élaborés (Iosseliani aime autant storyboarder qu’improviser), inventifs, vivants.
Notons que le coffret comporte outre les films cités et La chute des feuilles, brigands chp VII, Lundi matin,Adieu plancher des vaches! les cm La fonte et avril et l’admirable tvfilm Un petit monastère en Toscane où de petits moines semblent avoir été inventés par O I mais s’avèrent bien réels! seule ombre au tableau: c’est serge Kaganski qui présente les films et ilfaut dire qu’il ne rend pas justice au génial otar Iosseliani car il ne fait justement un cinéaste pour cinéphiles « branchés ». Pour avoir croisé Iosseliani lors d’une rétrospective, je vous assure qu’il n’a rien de compassé: c’est un monsieur très drôle, bon vivant, raffiné et authentique… et il tient fort bien l’alcool (comme dans Adieu… ou le dernier Jardins en automne que je n’espère pas prémonitoire!).
Célébrons ce formidable cinéaste bel et bien vivant!!!!
Oui, j’ai trouvé votre commentaire sur ‘Le Gardien’. Heureusement j’ai fait une recherche chronologique, et il se trouvait être dans votre première chronique !! Du coup, celà m’a donné l’envie de lire toutes les autres…
Pour ce qui est du film, il me tentait déjà bien, mais alors là c’est dans la poche, d’autant qu’il est vendu à petit prix sur Amazon.uk .Merci.
A Catherine,
Merci