Lectures, westerns, documentaires et films du monde
23 janvier 2014 par Bertrand Tavernier - DVD
QUELQUES LIVRES
Durant ces vacances hivernales, je me suis plongé dans LES RACINES DU CIEL de Romain Gary et j’ai découvert un livre passionnant, foisonnant, riche, prémonitoire. Non seulement dans sa défense des éléphants et de la nature (sujet peu traité en 1956) mais dans tous les autres sujets qu’il aborde : du portrait sans concession mais jamais simpliste du colonialisme aux dangers des nationalismes de toutes sortes, de la cécité bornée, coupée de toute réalité qui semble régner chez les fonctionnaires qu’envoie Paris (et qui n’écoutent jamais les hommes de terrain, préférant un complot politique qui les arrange au combat mené par un idéaliste) à la montée d’un islamisme guerrier et vindicatif. Oui, Gary parlait de tout cela en 1956. Dans mon souvenir, le film de Huston évitait la plupart de ces thèmes mais il faudrait le revoir. Il faut dire que le poids de Zanuck a du être colossal. Distribuer Juliette Gréco dans le rôle de Minna, la très jeune Allemande qui fut violée par les Russes, tomba amoureuse d’un officier qui déserta pour elle et fut exécuté et qui devint danseuse nue puis prostituée est une idée catastrophique. Gary fut un auteur très sous-estimé. J’ai gardé un bon souvenir d’UNE ÉDUCATION EUROPÉENNE et j’avais adoré son livre d’interviews par François Bondy, LA NUIT SERA CALME qu’il avait réécrit. N’oublions pas les Ajar : GROS CALIN par exemple.
Dans le coffret APOSTROPHES que je recommande à nouveau, Bondy loue LE GRAND VESTIAIRE et LES ENCHANTEURS et Michel Tournier, TULIPE.
UNE VÉRITÉ SI DÉLICATE est un des meilleurs livres de John le Carré, un portrait au vitriol de la diplomatie anglaise, totalement corrompue par les conservateurs américains, les groupes privés de droite, les puissances d’argent. A comparer avec les diplomates que j’ai filmés dans QUAI D’ORSAY dont certains étaient allumés mais sans jamais avaler les mensonges, les inventions de l’équipe Bush dont Blair était le laquais.
MAURICE ET JEANNETTE d’Annette Wieviorka est une chaleureuse, remarquable et passionnante biographie de Maurice Thorez qu’on auto-proclama résistant alors qu’il s’était planqué dans l’Allemagne qui venait de signer un pacte d’alliance avec la Russie. On découvre les positions insensées de Thorez et Vermeersch en 1956 quand ils attaquent la contraception, l’avortement et l’homosexualité mais aussi le monde incroyablement pauvre où ils ont grandi. La soumission servile du couple face aux pires diktats du stalinisme qui les oblige à des acrobaties constantes et à une continuelle réécriture de l’Histoire. En revanche Annette Wieviorka les dédouane de l’accusation d’antisémitisme même si le parti soutint les pires campagnes de Staline lors du Complot des médecins juifs. Cela se lit aussi comme une histoire d’amour.
Voir ABSOLUMENT dans le COFFRET APOSTROPHES, l’émission sur les Intellectuels face au communisme : Jean Jérôme nous fait vraiment sentir ce que pouvait être un stalinien et ses observations qui vont toujours par trois sont d’une grande cocasserie involontaire et il est vraiment mis à mal. Mais surtout Simon Leys exécute de manière magistrale la pétulante, remuante, intarissable Maria Antonietta Macchiocci (il est dans la nature des choses que les idiots disent des idioties comme les pommiers donnent des pommes), pointant les contresens historiques, les trous, la méconnaissance inouïe du maoïsme.
Signalons la prochaine reparution en deux volumes chez Bouquins de L’HISTOIRE DES GIRONDINS de Lamartine et la CORRESPONDANCE entre Stefan Zweig/ Joseph Roth (Bibliothèque Rivages).
Se précipiter sur la nouvelle édition Quarto de Raymond Chandler : LES ENQUÊTES DE PHILIP MARLOWE (Le Grand Sommeil – Adieu ma jolie – La Grande Fenêtre – La Dame du lac – La Petite Sœur (Fais pas ta rosière!) – The Long Goodbye (Sur un air de navaja) – Playback (Charades pour écroulés)). Les traductions, sauf celles de Boris et Michelle Vian ont été révisées par Cyril Letournier (ce que l’on attendait depuis longtemps) et on pourra enfin lire The Long Goodbye mais aussi les autres avec un texte intégral. La préface rappelle que des centaines de pages de Chandler disparues jusque-là en français y sont aujourd’hui restituées.
DES FILMS DU MONDE ENTIER
Je crois n’avoir pas mentionné l’émouvant SYNGUÉ SABOUR d’Atiq Rahimi co-écrit avec Jean-Claude Carrière avec la magnifique Golshifteh Farahani, méditation forte, tendue où le temps prend toute son importance, où chaque geste compte. Un antidote à ces condensés de testostérones qu’on déverse sur les écrans.
CECI N’EST PAS UN FILM de Jafar Panahi est un de ces actes de résistance qui réchauffe le cœur, qui redonne de l’espoir.
La sortie du passionnant SNOWPIERCER – LE TRANSPERCENEIGE, cette chronique épique, survoltée, d’une extraordinaire invention visuelle est une bonne occasion de rendre hommage à Bong Joon-ho, de MOTHER, THE HOST à MEMORIES OF MURDER, film absolument formidable qui évoque Imamura au sommet de sa forme et anticipe sur le captivant ZODIAC de David Fincher. Chaque scène est surprenante, originale, perturbante ou dure (le type qui se masturbe sur les lieux du crime), parfois cocasse aussi malgré l’horreur des situations. Il y a en plus des envolées lyriques, des plans de paysage inouïs. Bong Joon-ho arrive à insuffler une formidable vitalité aux moments les plus atroces sans jamais les édulcorer. La fin vous cloue au sol. Signalons que la BD LE TRANSPERCENEIGE vient d’être rééditée.
Carlotta vient de sortir en Blu-ray deux Ozu majeurs : le sublime VOYAGE À TOKYO qu’on peut revoir sans cesse et FLEURS D’EQUINOXE. À marquer d’une pierre blanche.
LA CHASSE de Thomas Vinterberg avec Mads Mikkelsen, formidable dans le rôle principal, parvient à créer une tension presque aussi forte. Filmé sans complaisance, au scalpel, cette œuvre nous broie dans un engrenage de plus en plus oppressant.
La sortie de NYMPHOMANIAC me permet de rendre hommage à MELANCHOLIA qui m’avait beaucoup touché. Charlotte Gainsbourg y était bouleversante. Je n’avais pas beaucoup goûté les premiers films de Lars von Trier jusqu’à BREAKING THE WAVES qui m’avait secoué. Beaucoup autour de moi attaquaient la religiosité new age du film, l’excès d’ambition de DOGVILLE (qui ne manquait pas de souffle, ni d’audace) et les conventions assez manipulatrices de DANCER IN THE DARK. Rien de tel dans MELANCHOLIA, étonnant de dépouillement, de retenue, de pureté.
Nicolas Saada me rappelait que Bach Film avait sorti en 2 DVD le HAMLET de Kozintsev, l’une des meilleures adaptations de Shakespeare qu’on ne voit jamais. Il est très difficile paraît-il de faire des affaires avec Mosfilms.
QUELQUES WESTERNS
Tout d’abord une vraie redécouverte, GERONIMO. Ce passionnant et original scénario de John Milius et Larry Gross (qui collabora plusieurs fois avec Walter Hill, notamment sur 48 HOURS), filmé dans des paysages somptueux, rougeoyants, monochromes, privilégie une forme de chronique, dépouillée, ouverte, fluctuant au gré des évènements historiques. Point de construction dramatique linéaire, de conflits à suspense (ce qui ne veut pas dire que Hill ne ménage pas dans sa mise en scène plusieurs effets de surprise fort efficaces et de belles scènes de combat avec des éclairs de violence et de brutalité) mais une relation documentée (3 des personnages ont écrit leurs mémoires) âpre, dédramatisée et finalement très mélancolique des efforts arides, sans cesse remis en cause (démarches, pourparlers, promesses mais aussi mensonges) qu’on doit entreprendre pour établir la paix. Sans oublier les compromis, les trahisons qui en résultent. Tous les personnages seront vaincus, détruits ou écartés pour que triomphe l’avidité, la soif de conquête. Dans de nombreuses scènes, les Apaches parlent leur langue. Belle interprétation de Jason Patric, Matt Damon, Robert Duvall (il joue Al Sieber, ce Scout célèbre que l’on retrouve dans BRONCO APACHE, FUREUR APACHE, LE SORCIER DU RIO GRANDE et qui est le héros du roman de WR Burnett que j’ai fait sortir chez Actes Sud, TERREUR APACHE) sans oublier Gene Hackman ou Wes Studi dans le rôle de Geronimo. Magnifique musique de Ry Cooder.
Profitons en pour revoir LE GANG DES FRÈRES JAMES du même Walter Hill sur lequel j’étais un peu léger.
Sidonis vient de sortir de l’oubli deux westerns réalisés par Rudolph Maté, génial chef opérateur dont je vantais le travail sur LADY HAMILTON et je pourrai citer LA PASSION DE JEANNE D’ARC, VAMPYR, NOTORIOUS et des dizaines d’autres. Mon ami Brion lui attribue LA DAME DE SHANGAÏ pourtant revendiqué devant moi par Charles Lawton. Le premier, LE GENTILHOMME DE LA LOUISIANE est un excellent film d’aventures sur fond de Nouvelle-Orléans, bateaux à roue, très joliment décoré et colorié, parfois avec délicatesse, toujours plaisant à regarder jusque dans ses conventions narratives même si le final est un peu précipité et la belle Julia Adams, sacrifiée à Piper Laurie. Il y a de jolis plans d’aube, des duels, Tyrone Power est vraiment convaincant et John McIntire impeccable.
LE SIÈGE DE LA RIVIÈRE ROUGE est un de ces westerns qui tournent autour d’une arme révolutionnaire – ici la mitrailleuse Gatling – tout en flirtant avec l’espionnage. Pensez à l’excellent SPRINGFIELD RIFLE (LA MISSION DU COMMANDANT LEX) d’André de Toth. Ici des espions sudistes dérobent cette nouvelle arme mais se font doubler par l’un des leurs qui veut la revendre aux Indiens. Le scénario de Sydney Boehm fonctionne agréablement dans le premier tiers, incorporant des moments de comédie, des chansons (Tapioca sert de signal de reconnaissance) et des séquences d’actions pas mal venues. La présence de Joanne Dru qui malheureusement n’a rien à jouer, rachète l’interprétation mollassonne de Van Johnson. Cela se détériore ensuite : la comédie devient pataude, les rebondissements prévisibles, le personnage de Richard Boone ultra conventionnel (sauf une mort surprenante) et ni Mate ni Boehm ne tirent rien, en termes de dramaturgie, de leur Gatling gun. La mitrailleuse semble placée après les premières minutes, en dépit du bon sens. Le vrai atout du film réside dans les extérieurs nombreux, spectaculaires (canyons, défilés, promontoires rocheux) choisis avec soin et parfois assez fordiens. Mate peut ainsi jouer sur la profondeur de champ, utiliser des cadres larges, des plongées. Mais la photographie en intérieur est plus banale : l’éclairage dans un tipi est carrément absurde. Toute la séquence d’évasion de Joanne Dru défie la vraisemblance. Comme nous le dit Patrick Brion, la bataille finale provient de BUFFALO BILL de Wellman, ce qui explique les choix des extérieurs qui devaient raccorder.
Il y a évidemment mais ce fut maintenant évoqué sur ce blog HEAVEN’S GATE / LA PORTE DU PARADIS distribué dans une édition qu’on peut estimer définitive (travail sensationnel de Carlotta).
DOCUMENTAIRES
Enfin on va pouvoir revoir LA SECTION ANDERSON de Pierre Schoendoerffer, chronique documentaire qui m’avait vraiment impressionné. Elle avait aussi marqué Howard Hawks qui voulut diner avec le réalisateur. J’étais là et je revois la tête de Pierre quand Hawks lui raconta le scénario qu’il voulait tourner sur la guerre du Vietnam, lui demandant d’aller filmer tous les extérieurs (Hawks ne voulait pas quitter les USA). Schoendoerffer qui avait été refroidi par la mention du général Westmoreland censé soutenir le projet fit remarquer qu’il n’y avait pas d’éléphants au Vietnam ni de camps de prisonniers, les captifs étant simplement gardés dans la jungle. En fait Hawks recyclait certaines scènes qu’il avait coupées dans divers projets, y compris une de SERGENT YORK mais cela ne collait pas avec le contexte historique.
AFRIQUE 50 est sans doute le premier film anti colonialiste jamais tourné.
LE THÉ OU L’ÉLECTRICITÉ est un passionnant documentaire qui montre les problèmes, voire les ravages que peut causer la mondialisation.
J’ai vu THE AMBASSADOR, documentaire danois décapant et souvent stupéfiant. Un journaliste parvient à acheter (sic) une identité diplomatique (il y a deux sites qui fournissent ce genre de documents) et devient consul du Liberia en Centrafrique. Ce qui lui donne accès aux diamants qu’il peut transporter sans être contrôlé. Et lui permet de côtoyer des dignitaires, des ministres. C’est un festival de corruption, de pots de vin enregistrés avec une caméra cachée. Le responsable de la Sécurité a une dégaine insensée et de manière voilée révèle des faits sidérants. Je cite plusieurs autres titres excitants : À L’OMBRE DE LA RÉPUBLIQUE et HÉLÈNE BERR de Jérôme Prieur.
Inutile de présenter SUGAR MAN qui connut un grand succès grâce au bouche à oreille. La fréquentation ne cessa d’augmenter, créant une vraie surprise. Le film est efficace, émouvant et j’ai immédiatement acheté les deux premiers CD du chanteur, tous deux excellents (ses dernières prestations sont, paraît il, pitoyables). Quand on le revoit, on remarque des zones d’ombre : où sont passés les droits d’auteurs que devrait toucher Rodriguez à travers les sociétés de perceptions américaines ? Ces sommes ont elles été détournées par les compagnies de disque ? Le film esquive totalement le sujet et oublie, paraît il de mentionner, qu’il fut condamné plusieurs fois pour violences conjugales, brutalité envers ses enfants, alcoolisme, tout cela étant passé sous silence pour ne pas ternir la perfection du conte de fées.
Enfin, un titre majeur, DUCH, LE MAÎTRE DES FORGES DE L’ENFER, magnifique constat, lucide, net, clair, jamais voyeur ni complice qui marque une étape supplémentaire dans l’œuvre de Rithy Panh.
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« Le pénitencier du Colorado »de Crone Wilbur est d’une curiosité consternante.Tout d’abord la version française doublée est exécrable notamment les dialogues ou les prénoms des personnages américains ont été francisés puis les voix ne correspondent pas aux physiques des acteurs.Ce qui est pénible c’est que pendant une heure et demi,une voix-off commente les explits du directeur de la prison Roy Best qui joue son propre role.Avant tout scénariste,Wilbur à réalisé de meilleurs films que celui çi sorti chez Artus Films.
Le film SUGARMAN, que je ne vois que maintenant, c’est un objet vraiment à part. Il révèle un chanteur pop avec une véritable voix (exceptionnel par rapport à la musique pop des 60-70 peuplée de chanteurs sans coffre, à part Jim Morrison au moins), triche en omettant toute une période durant laquelle l’artiste a été reconnu, pour faire monter l’émotion, omet aussi comme dit Bertrand, de fouiller un peu le pourquoi de l’absence de versement de royalties, ce qui jette bêtement la suspicion sur l’honnêteté du producteur Clarence Avant, d’ailleurs Wikipédia donne « Cold Fact devient disque d’or en Afrique du Sud : il (Rodriguez) ne touche par conséquent aucune rémunération liée au droit d’auteur sur les ventes du disque — ce qui est toujours le cas » « par conséquent »? avec comme seule source un article de Philippe Garnier qui ne parle pas du tout de ça… je lis aussi « Rodriguez ne perçoit aucun bénéfice financier de la vente de ses disques, dans la mesure où il n’a même pas connaissance de sa célébrité » Et alors???
Ne fouille pas non plus cette rumeur qui a couru que Rodriguez s’était suicidé sur scène, au point qu’on soupçonne que la rumeur a été elle-même inventée pour créer le suspense et enfin j’apprends que le réalisateur Malik Bendjelloul s’est lui-même suicidé cette année! Incroyable! Le film intègre les animations de façon très intelligente et est très prenant et bien foutu mais sème le doute sur tout, dés qu’un détail suscite le soupçon, ça entraîne le reste.
A MARTIN BRADY
Le film est talentueux, passionnant mais sujet à caution. Sur les droits d’auteurs, ils auraient pu se renseigner auprès des sociétés de perception de droits américaines. Il omet aussi de dire que Rodriguez a été condamné plus d’une fois pour violences domestiques et que ses enfants lui avait été retirés pour les mêmes raisons. Dans les derniers concerts, il était ivre ce qui n’enlève rien aux deux magnifiques disques. Mais les documentaires se plient de plus en plus face aux règles dramaturgies afin d’avoir un héros entouré de méchants
à Bertrand Tavernier: je découvre un chanteur réellement personnel à la voix unique mais moi-même étant terriblement suspicieux je me demande si les orchestrations qui accompagnent les chansons dans le film sont d’origine, ça sonne pas début 70, j’ai hâte d’écouter les cds (à moins qu’eux-mêmes aient étés remixés et soient différents du cd de BO… voilà, ça sème le doute sur tout…).
Bref, j’ai passé un bon moment avec l’impression d’avoir été un peu pris pour un con après! Et le réalisateur qui se suicide (pourquoi?) et son attitude survoltée dans l’interview en bonus: la scène la plus douteuse du film, l’interview de Clarence Avant, semble coupée à mort, et c’est là (sur le problème des droits d’auteur discuté avec Avant) que le commentaire de Bendjelloul se fait + elliptique.
D’autre part pour finir, dans les forums j’ai noté que certaines personnes ne pouvaient faire la distance entre la réussite du film, la qualité du chanteur à ses débuts et la triche de la mise en scène, l’ensemble des trois doit être incontestable.
Je viens enfin de voir Des enfants gâtés et Laisser-passer qu’un ami m’a prêtés. Passionnants. Très bel entretien avec vous et Philippe Sarde sur Les enfants gâtés. Mais impossible de les trouver: Me suis renseigné à MK2 et la Fnac France: épuisés. Impossible de les trouver en occasion et n’ai pas envie de les commander sur Amazon. Peut-on espérer les voir en réédition? De même La passion Béatrice, pas édité en dvd?
Je viens de voir Le soleil assassiné, d’Abdelkrim Bahloul que je trouve très beau (sur Jean Senac). Charles berling apporte à chacun de ses rôles une délicatesse et une intensité fortes. Que pensez-vous de ce film?
Par ailleurs, je viens de visionner The overlanders dont vous parles sur le blog. L’aspect « documentaire » de ces déplacements de troupeaux rend le film très fort. Merci pour l’avoir renseigné.
Dans les Racines du ciel, il y a aussi une belle anecdote de camp de prisonniers : comme tout le monde se laisse aller par désespoir, un costaud du groupe met une fiancée imaginaire à son bras et exige des autres un comportement digne par respect pour elle.
Une scène que j’imagine parfaitement transposée sur scène ou dans un film !
Petite question à quiconque aurait l’amabilité de me répondre: je vais à un festival dans quelques jours, il y a des tas de films à voir et malheureusement je pourrais pas tous les voir donc j’hésite, qu’est-ce qu’y vaut le plus le coup entre Wuthering Heights de Wyler et Of Mice and Men de Milestone? Autrement est-ce que Dark Victory avec Betty Davis est un bon film (désolé si c’est une question idiote)?
En tous cas celui que je ne manquerais pour rien au monde c’est la version restauré par Friedkin de Sorcerer. C’est peut-être le film que j’ai le plus envie de voir depuis au moins trois ans et jusque là y avait même pas de putain de dvd. Le festival se passe à Glasgow ou je vis cette année et pour une fois je me trouve au bon endroit au bon moment (admirateurs de Friedkin ne soyez pas jaloux).
A Richpryor
Et en plus Glasgow est une ville magnifique avec des musées extraordinaires et le cimetière. Le Wyler m’avais semblé lourd et compassé, typique de l’academisme des productions Goldwyn. OF MICE AND MEN gagne à être revu. J’en ai parlé dans un blog antérieur. DARK VICTORY n’est pas le meilleur Goulding mais il contient deux ou trois moments réussis
Merci pour les infos M. Tavernier.
Tout à fait d’accord sur Glasgow! Une ville très sous-éstimé. D’ailleurs au même festival il y a un ou deux ans ils passaient La Mort en Direct que je me réjouissais de voir et malheureusement j’aurais du réserver ma place parce que en allant au Glasgow Film Theatre (un de mes cinémas favoris au monde et ou j’ai du passer des centaines d’heures) je me retrouve devant une foule immense et découvre que la séance est « sold out ». Ce fut une grosse déception mais je crois que les gens avaient très envie de voir leur ville apparaitre dans un classique sur grand écran. Vous y étiez pour présenter le film non? Je crois me rappeler avoir lu un interview ou vous parliez de la lumière très spéciale de cette partie de l’Ecosse et des meilleurs restaurants de la ville.
A richpeyoe
Exact. J’étais là et ce fut un moment très émouvant d’autant que je retrouvais beaucoup de gens qui m’avaient aidé pour le film. Et je parlais en effet de la lumière si spéciale de l’Ecosse que l’on retrouve dans le nouveau master restauré (DVD et Blueray pour le moment uniquement en Angleterre)
A Richpryor
On compte sur vous pour un commentaire sur SORCERER, que je n’ai vu qu’une pauvre petite fois sur la 3 il y a bien longtemps. Et je crépite d’une envie étrange de revoir KILLER JOE, que je ne suis pas sûr d’avoir aimé : c’est ça l’effet Friedkin.
A Alexandre Angel : à propos de SORCERER, même si la copie du DVD zone 1 (avec sous-titres français) n’est pas idéale, c’est tout-de-même mieux que rien !
J’ai revu Sorcerer de William Friedkin avec bonheur en décembre dernier à la cinémathèque où fut projetée la version restaurée déjà montrée à Venise. Si le film reste toujours aussi enthousiasmant ( et plus évocateur de Melville que de Clouzot ), je reste mitigé sur le DCP qui malgré ce qu’en dit Friedkin a sensiblement altéré la colorimétrie originale. Les verts notamment ressortent beaucoup trop, et c’est souvent gênant. Le film sera néanmoins distribué par Warner en Avril en BluRay, ce qui enverra définitivement aux oubliettes le pauvre DVD zone 1 que les amateurs devaient tous avoir ( sans jamais pouvoir le regarder jusqu’au bout tant l’image évoquait celle d’un téléfilm des années 70 ).
Film noir par excellence »Il marchait la nuit »est crédité par Alfred Werker alors que les3/4 du film ont été mise en scène par Anthony Mann.C’est uns de mes films préférés pour l’interprétation de Richard Basehart qui incarne un homme mysterieux plein de mystères dans ces agissements.Les scènes tournées dans les égouts de Los Angeles rappellent forcément « Le troisième homme »et la course poursuite finale.Pourtant en revoyant plusieurs le film ,je n’ai pas compris les motivations du personnage ainsi que sa vie privée anterieure en dehors du fait qu’il était technicien radio dans un laboratoire d’état.En tout cas c’est un thriller de 1948 à découvrir ou revoir resortie l’an dernier en dvd.
A ROUXEL
Désolé de vous contredire mais Werker a bien tourné 80 voire 90% du film selon le témoignage de John Alton qui minimisait énorméméent le rôle d’Anthony, qu’il connaissait bien et qui était un de ses réalisateurs préférés avec Brooks et Bernard Vorhaus. Mann aurait tourné des plans dans les égoputs et peut être la scène de l’extraction de la balle. C’est le premier film qui utilise les égouts de Los Angeles. Il me semblait que les motivations de revanche paranoiaque du héros étaient claires
++A ROUXEL
« De sang froid »de Richard Brooks adapté d’un livre de Truman Capote est à mon humble avis uns des meilleurs films de ce metteur en scène qui a été traité de moralisateur et critique envers la société américaine.On va suivre pendant deux heures le cheminement mortel de deux petites frappes entre le Kansas et le Mexique.Dès le premier plan on voit surgir un bus à vive allure puis un train à grande vitesse,le décor est planté dans ce road-movie nerveux et rythmée par la musique jazzy de Quincy Jones.Robert Blake campe Perry un homme qui vient de purger une peine de prison et qui souffre d’un accident de moto qui lui a endommagé la jambe.Dick interprété par Scott Wilson à un coté rebelle voire anarchiste c’est lui qui va embarquer le naif Perry dans un massacre sans mobile apparent.La force visuelle de ce film réside dans la mise en scène avec des plans d’une grande inventivité:peu de temps avant le final on voit la pluie tomber derrière les carreaux ruisselée en reflet sur le visage de Perry.Des larmes coulent sur son visage et donnent à l’ensemble une puissance sur les traits du personnage.Quelques années plus tard Robert Blake se rappelera de son personnage de ce film puisqu’il aura comme oiseau de compagnie,un perroquet dans la série policière « Barretta ».En effet il évoque lors d’une scène qu’il a réver qu’un ange qui avait les ailes d’un perroquet le prenait sous son aile.Enfin pour revenir sur Brooks lors de la fin tournage il ne disait pas »Coupez »mais »Merci »aux acteurs et aux techniciens!!!!
En ce qui concerne » la force visuelle » du film vous omettez le fabuleux travail de Conrad Hall, lumière, sens du cadre et du découpage que l’on retrouve dans beaucoup d’autres films photographiés par Conrad Hall.
Le maître James Wong Howe considérait qu’il s’agissait là d’un des plus beaux n&b qu’il ait vu. C’est dire !
Quant à l’image du ruissellement de la pluie sur une vitre projetée sur le visage de Perry, c’est une idée visuelle que l’on peut voir à l’identique 7 ans auparavant dans AU MILIEU DE LA NUIT de Delbert Mann quand Frederic March, effondré et en larmes, parle de la fin de sa liaison avec Betty (Kim Novak).
J’ajoute que le chef opérateur du film de Delbert Mann était le français Joseph Brun !
A Marc Salomon
Exact on lui doit le splendide COUP DE L’ESCALIER (la photo noir et blanc favorite de Melville) et la FORET INTERDITE
A Bertrand, oui… ODDS AGAINST TOMORROW, le film préféré de Melville tout court non ? Auquel il a piqué le bruitage caractéristique de la porte menant au coffre, pour le réutiliser en tant que bruit de la porte de l’hôpital, dans L’ARMEE DES OMBRES, dans cette scène toute en tension, où on voit Signoret, Mercier et Ventura dans une ambulance, tentant d’aller délivrer Cassel…
Il y a quelques plans admirables de paysage de ville mais aussi de campagne, vides de personnes, rares dans un polar surtout les plans de campagne, dans LE COUP DE L ESCALIER. Tous ces plans semblent sortir d’un film de l’avant-garde ou du cinéma social new-yorkais de la même époque (années 60), on croirait voir des plans d’un film comme SOMETHING WILD de Garfein ou bien un des premiers Cassavetes ou bien… je mets pas le doigt dessus… Ces plans de campagne surtout sont glaçants et pas seulement parce qu’on est en hiver! Un vieux routier comme Wise fait un polar, et il exprime en 59, le pessimisme de la fin des années 60! En plus, Harry Belafonte chante le blues en jouant du xylophone!
Melville, fasciné non seulement par le n&b, comme le précise Bertrand mais aussi par le bruit de la porte de sécurité par laquelle Belafonte doit faire passer les casse-croûte (afin de s’introduire dans la banque et piquer le pognon), bruit qu’on doit entendre une seule fois dans le film, l’a carrément piqué pour le reprendre dans L ARMEE DES OMBRES quand ils vont tenter de faire libérer Signoret dans la prison allemande où elle est détenue, il y a plusieurs aller et retours et on entend le bruit de la porte du film de Wise 5 ou 6 fois de suite! Ca fait qqch comme: « Klik klik! Klikklik Tadam! ».
à Sullivan: ah! Il me semblait bien que Signoret était parmi les sauveteurs, en plus c’était un hôpital et pas une prison! Ouais ouais j’ai compris: vous cherchez à m’enfoncer, c’est tout oui mais je me vengerai grr… vous verrez quand je serai le maître du monde ça va barder ah mais!
Pas Mercier, mais Barbier, vous aurez corrigé…
A MB : si je cherche à vous enfoncer, il faut alors me gratifier du don de prescience, puisque j’ai posté mon intervention deux heures avant la vôtre ! 🙂
En fait, j’ai commis une erreur, même deux : aux côtés de Christian Barbier et Simone Signoret, le troisième laron c’est Claude Mann, pas Ventura…
Et ce n’est pas le personnage de Cassel qu’ils cherchent à faire sortir de l’hôpital tenu par les allemands, puisqu’ils ignorent son arrestation, mais celui joué par Paul Crauchet « Felix ».
à Sullivan: comme quoi faut qu’on revoie les films, avec L’ARMEE DES OMBRES, ce sera un plaisir.
tenez, le bruit qui nous occupe pour nous rafraîchir la mémoire:
http://jlwebnet.free.fr/oatmporte.wav
à+…
Bonjour Mr Tavernier,
De mémoire, il me semblait que Paramount France avait cessé, il y a quelques années, de distribuer ses westerns en DVD zone 2. Le dernier, dans mon souvenir, était 7 hommes à abattre de B. Boetticher (qui avait d’ailleurs été retiré des bacs à cause d’un problème de doublage son). Savez-vous, à tout hasard, si par l’intermédiaire de la collection de Mr Carradore et ses « westerns de légende » les titres de cette firme seront à nouveau accessibles en France. Car je crois qu’il y a quelques westerns qui ne manqueraient pas de nous plaire…Bien à vous.
Disparu dans l’anonymat le plus total Miklos Jancso aura marquer la nouvelle vague venue des pays de l’est.Cet Hongrois a su utiliser dans tous ces films de longs plans séquence,une véritable maitrise de l’espace et surtout une fidélité à une troupe d’acteurs.Jancso était un anti-militariste au fort caractère,on le ressent surtout dans »Cantate » ou « Sur le chemin »deux oeuvres majeures des années 60.Il fait partie des rares cinéastes de l’est à avoir franchi les frontières du mur de Berlin.Il a été souvent primé dans des festivals de l’ouest(Berlin,Venise,Locarno).La plupard de ces films sont disponible chez Sclavis films à prix modique.
Oui, ce fut un grand cinéaste trop oublié aujourd’hui et un cinéaste politique au sens fort du terme comme Angelopoulos.
Cinéaste chez qui la forme était un discours , Jancso savait composer des plans séquence qui donnaient un sens physique de l’espace et du temps.
J’aime tout particulièrement Les sans espoir et Rouges et blancs.
Bela Tarr peut être considéré comme un héritier de Jancso même si son discours est moins politique que moraliste ou philosophe.
En pleine explosion du western à l’italiènne avec Léone,Corbucci ou Solima,Georgia Capitani signe »Chacun pour soi »unfilm d’une grande apreté visuelle mais pas dénué d’interet sur l’aspect psychologique des personnages.Le vieux routier Sam Beckett joué par Van Heflin vieillissant prend sous son aile le jeune ténébreux Georges Hilton qui l’a élévé naguère.Il y a une veritable relation père et fils entre les deux personnages puis on retrouve un Klaus Kinski ambigue dans le role d’un homosexuel refoulé.Gilbert Roland complète ce trio dans cette histoire crasseuse ou tout les coups sont permis.Il y a aussi un coté kitch très années 60 avec des couleurs vives comme le parapluie jaune pétard de Georges Hilton.Capitani arrive à filmer des paysages arides et magnifiques,on entends le souffle du vent au son du thème generique qui revient à plusieurs reprises.Le film vient de resortir en dvd avec des bonus sur la carrière de ce metteur en scène touche à tout qu’était Capitani.
« Annie »de John Huston est une oeuvre vraiment mineure dans la carrière de ce grand metteur en scène.On ne croit pas du début à la fin à cette fabulette musicale qui va dans tout les sens.Albert Finney dans le role du bon samaritain n’a aucune épaisseur dans son personnage;il n’y a que la jeune apprenti-comédienne et danseuse recrutée parmi 8000 candidates qui garde sa fraicheur enfantine.
Pour info, les deux nouveautés de la collection « Les Introuvables » chez Wild Side, font la part belle à Warren Beatty : LILITH de Robert Rossen et MICKEY ONE d’Arthur Penn. Je ne connais ni l’un ni l’autre mais je suis curieux.
Plutôt un bon souvenir de Lilith vu il y a longtemps en salle. Pas revu depuis plus de 25 ans je pense. Très mauvais souvenir en revanche de Mickey One, l’un des rares pensums d’Arthur Penn sous influence du cinéma européen. Belle photo de Ghislain Cloquet en revanche mais c’est bien tout ce que j’avais retenu.
A Laurent Vachaud
Moi aussi j’avais éprouvé le même sentiment
J’ai enfin vu »Lilith » de Robert Rossen et je suis rester un peu perplexe sur cette histoire d’un simple éducateur d’un établissement psychiatrique qui va rencontrer une patiente et en tomber amoureux.Il y a carrément un manque de réalisme dans le scénario surtout que le personnage de Vincent Bruce campé de façon interieure par Warren Beaty n’a aucun diplome en psychiatrie.Dans le bonus Peter Askind rappelle le conflit qu’ily eu durant le tournage entre Rossen qui buvait beaucoup et Beaty au caractère impulsif souhaiter changer plusieurs dialogues en improvisant son texte.La musique en revanche est d’une grande sensibilité et relève des plans fantomatiques.
à Rouxel: le père de Warren Beatty était un alcoolique notoire, et l’acteur a probablement transféré sur Rossen pas mal des griefs qu’il avait à son égard. Lire à ce sujet la biographie de Beatty par Peter Biskind « Star », qui contient quelques chapitres ntéressants, malgré une approche assez insistante sur la personnalité de playboy et de control break de WB.
Rouxel, la lacune de diplôme de Beatty dans LILITH ne me surprend pas vraiment en 1964, d’ailleurs il est plus engagé comme infirmier qu’autre chose et son attirance pour Lilith est considérée (peut-être légèrement: il faudrait avoir l’avis du psychiatre d’une unité de soins psychiatriques) par l’autorité médicale comme pouvant être bénéfique pour la patiente et c’est pour ça qu’il est admis que Beatty s’occupe plus spécialement d’elle. En fait, un psy compétent percevrait en 2014, l’instabilité de l’homme et ne l’embaucherait pour ce job là dés le départ, il me semble!
La musique en effet et toute la mise en scène, fait bien sentir l’attirance pour cette toile d’araignées qu’est la clinique (avec Lilith dissimulée dans un coin!) que le personnage de Beatty éprouve. Rossen fait surtout très bien sentir dés le début -et c’est là le plus important!- que Beatty a un grave problème psy et que son attirance a donc disais-je pour cible la clinique et les soins plus que Lilith. Si en 64, la reconnaissance de la maladie mentale était bien plus refoulée et niée qu’aujourd’hui -et on peut supposer que c’était le cas- on voit tout de suite que c’est de façon détournée que qqn de mal dans sa peau à l’époque pouvait se tourner vers des soins psy: au départ, Beatty prétend ne chercher qu’un job, or à mon avis c’est déjà une aide psy qu’il cherche et il ne pourra l’avouer qu’à la fin: « Help me! ».
Beatty révèle très bien son instabilité, son incapacité à avoir une opinion marquée sur une personne entre autres. Son entrevue avec Gene Hackman, formidable en gros macho débilos, est éclairante sur le personnage de Beatty. Hackman cherche une appréciation positive de celui-ci à sa question « Il doit s’en passer de drôles derrière les murs de ta clinique, hein? Hein? », ce à quoi l’autre prétend répondre ni par oui ni par non, souriant bêtement, ne prenant jamais position, soucieux de ne pas froisser, de ne pas s’insurger contre cette incroyable vulgarité: on sent surtout un malaise épouvantable chez l’individu -il est génial dans ce film- fraîchement démobilisé de la guerre de Corée.
A l’époque, un critique avait dit « Il voulait la guérir, c’est elle qui l’entraînera sur le chemin de la folie… », très poético-tragique mais superficiel, un avis contaminé par le mythe de la femme fatale du romanesque noir, Lilith devenant la coupable: Beatty est fou dés le départ! Il ne sait juste pas comment dire qu’il veut se faire soigner!
Voilà, je pense que LILITH vaut 1000 mieux que ce que vous en dites, cher collègue!
à Rouxel: le père de Warren Beatty était un alcoolique notoire, et l’acteur a probablement transféré sur Rossen pas mal des griefs qu’il avait à son égard. Lire à ce sujet la biographie de Beatty par Peter Biskind « Star », qui contient quelques chapitres intéressants, malgré une approche assez axée sur la personnalité de playboy et de control freak de WB.
Pour répondre à Martin Brady,je le remercit de son analyset son point de vue concernant le comportement complexe de Vincent Bruce.Pourtant dans l’histoire une chose me chiffone,il prétend revenir d’un conflit,mais de quelle guerre.Il est un peu jeune pour avoir combattu en Corée et ce n’est pas la seconde guerre mondiale en Europe!!!
à Rouxel: oui y’a un truc qui colle pas! la guerre de Corée a fini en 53 et le film a bien l’air de se passer dans les 60: faut que je le revoie, Beatty rentre de l’armée mais peut-être pas de la guerre, finalement?
D aujourd’hui moins évident.ans l’ouvrage édité en parallèle de l’exposition à l’espace EDF-Bazacle,on peut voir des photos d’une époque pas si lointaine ou les façades de cinéma de Toulouse s’ornaient d’énormes panneaux d’affiches peintes à la main,conférant aux salles un aspect artistique aujourd’hui moins évident.Si le livre édité par les éditions Loubatières,regroupe la totalité des affiches d’André Azais,la cinémathèque ne peut en exposer qu’une vingtaine. »Vu leur taille,il nous aurait fallu une surface impossible! »déclare Natacha Laurent directrice de la seconde cinémathèque de France.Jamais encore ces créations n’avaient quitté la cinémathèque,dont le fond de 75000 affiches en fait la première collection de France. »Le cinéma ne se résume pas qu’au film,il laisse derrière lui des affiches,des dossiers de presse,des photos…Il n’y a pas de préference pour tel ou tel support,tous sont necessaires et indissociables.Certains films perdus existent encore grace à quelques photos ».Pour finir je citerais une anecdote,il y a quelques années Raymond Borde et Etienne Chaumeton les deux fondateurs de la cinémathèque chiné au marché aux puces de St Sernin quand il découvrire au fond d’un vieux carton une bobine de film.Ils s’empressèrent de visionner ce film,il s’agissait de la première réalisation d’Alfred Hitchcock »The ring ».Enfin je signale pour tous les cinéphiles qui passeraient sur la ville rose que du 18 février au 19 mars prochain la cinémathèque rendra hommage au film noir(La soif du mal,Les Tueurs,Laura,Gilda…)en réference à l’ouvrage sur le genre écrit par Raymond et Etienne.
Quelqu’un à t-il vu »Lilith » dernier film réalisé par Robert Rossen avec Jean Seberg et Warren Beaty?Le dvd vient de sortir chez Wild side dans la collection les introuvables?Il faut dire que Rossen était un metteur en scène très inégal.J’avais bien aimé »Sang et or » ou’L’arnaqueur »en revanche je suis passé totalement à coté de films médiocres comme »Corrida de la peur »ou »Ceux de Cordura ».
A Rouxel
On parle longuement de LILLITH dans 50 ANS et j’ai évoqué les qualités de SANG ET OR et la déception devant la lourdeur de CORDURA. The BRAVE BULLS n’est aussi sauvé que pardes qualités périphériques, un sentiment de peur que l’on sent dans quelques scènes qui devait traduire l’anxiété de Rossen poursuivi par la Commission des activités anti américaines. JOHNNY O Clock est aussi une réussite mineure
A Bertrand : dans 50 ANS vous parlez longuement de LILITH mais aussi de MICKEY ONE, film contemporain de LILITH, avec le même Warren Beatty, et c’est intéressant de voir votre opinion sur ce film réévaluée 20 ans après le premier texte… Qu’en est-il aujourd’hui, alors que le film de Penn a presque un demi-siècle d’existence ?
A Sullivan
Pas eu le temps de revoir Mickey One
To Bertrand Tavernier, I’m with you absolutely on the quality of Kramer’s JUDGEMENT AT NUREMBERG and the excellence of the ensemble. I think that Garland’a acting here is her finest in a dramatic role and that Clift’s and Dietrich’s performances are among their best. And the deservedly acclaimed Schell, with that seamless shift from German to English in his opening address to the court, makes it possible to forget all that business of translation delays that would have been present in the real life trials. I also admire INHERIT THE WIND. Some of the bovineness of the indigeneous creationists may be overplayed, but Frederic March is not being hammy, he’s representing the overblown oratorical style of silver tongued evangelical WIlliam Jennings Bryan, who would on occasion assume a crucificatory position when doing his Crown of Thorns Cross of Gold number.
To Martin-Brady, After that line about RED SCOUTMASTER!, I had thought of continuing with « In 1953, he made a final and uncredited screen appearance as the foreign exchange student Inge in Martin-Brady’s vastly superior French language remake of SCOUTMASTER!, MAJORETTE ROUGE!, which starred Ginger Rogers and Dany Robin. » But I figured my editor wouldn’t find this as funny as I did.
To Mr Rawls: j’ai toujours rêvé d’un « dictionnaire des films extrêmement rares »: un canular, on inventerait des films imaginaires en fournissant tous les détails de la vraisemblance juste pour énerver les cinéphiles, furieux de pas avoir réussi à les voir. On s’y met?
To Martin-Brady, No, I haven’t fulfilled your dream. I have no more imaginary works on hand. Well, at the moment. I’d like to acknowledge that pioneer in Creative Film History, John Ford. In Peter Bogdanovich’s JOHN FORD (U of C Press,1968), you will find in the filmography a listing for an 8 minute film by Ford, released in 1957 entitled SO ALONE, photographed by Winton Hoch and Walter Lassally, with music by Malcolm Arnold, a Free Cinema-BFI co-production. about « the relationship between (and incidents in the life of) two men as they wander through Wapping on a cold winter day. » There is no such film. But Walter Lassally worked as a cinematographer for Ford’s friend Lindsay Anderson and his Free Cinema colleagues. And Lorenza Mazzeti’s film TOGETHER, edited by Anderson, is about two mute deaf mutes living in a typically bleak Free Cinema environment. I don’t know whether Bogdanovich colluded with Ford in this joke or was taken in by it.
to mr Rawls: merci pour la « trivia »…
Je voulais rendre hommage ici à un acteur américain trop tot disparu et qui a su imposer son physique ingrat pendant une vingtaine d’années.Philip Seymour-Cassel était un acteur protéiforme,une espèce de caméléon découvertdans « Boogie nights »au coté de Mark Walbergh,il a incarné de façon formidable « Truman Capote »dans le biopic mais aussi l’animateur déjanté dans le sublime »Goodmorning England ».On le verra fin février dans « The grand Budapest hotel »comédie délirante de Wes Anderson.Dans un autre registre j’ai appris la disparition de l’acteur allemand Maximilian Schell.Son meilleur film est à mon avis »Le bal des maudits » avec Marlon Brando.
Bien sur il s’agit de Philip Seymour Hoffman et non Cassel.
A Rouxel
Plutot Jugement à Nuremberg et THE MAN IN THE GLASS BOOTH d’Arthur Hiller d’après la pièce de Robert Shaw
et LITTLE ODESSA de James Gray, quand même…
Pour THE MAN IN THE GLASS BOOTH que vous citez je vois que Robert Shaw l’acteur, est « non crédité » au générique du film, à sa propre demande: selon des avis (IMDB), Shaw était en désaccord avec le montage. Curieux, on ne se doute pas a priori qu’il ait pu écrire une pièce de théâtre. Il paraît que l’édition Kino est bonne.
A Martin-Brady
Il a écrit plusieurs livres et des pièces dont la meilleure est celle là qui fut montée par Harold Pinter. Il écrivit aussi le scénario ou plutôt les dialogues de FIGURES OPN A LANDSCAPE et, non crédité, de A TOWN CALLED BASTARD qui n’est pas réussi
Oui film immense et interprétation mémorable de pater familias digne de haine mais non exempt d’humanité.
Petit rôle assez étonnant d’évêque passé avec délectation du côté des forces du mal dans Vampires de Carpenter.
je citerai aussi « Croix de fer » de Peckinpah dans lequel il joue un officier qui veut absolument gagner cette décoration et où il s’oppose à James Coburn. Le dernier grand film de Peckinpah.
JUGEMENT A NUREMBERG ???? Mais c’est une meringue imbuvable comme tous les films de Kramer, Bertrand qu’est ce que vous racontez là ?
A Manux
Désolé, ce n’est pas vrai et vous pouvez aussi regarder, ne serait ce que pour l’extraordinaire pertinence et actualité du propos, INHERIT THE WIND, notamment la très longue scène de contre interrogatoire de Fredric March (qui parfois cabotine) par Tracy, lequel Tracy est formidable dans JUDGMENT, film très bien, très finement écrit par Abby Mann et super bien joué dans son ensemble. La mise en scène est classique, parfois appuyée mais la conviction des auteurs emporte le morceau. Nous le disions deja dans 50 ANS DE CINEMA AMÉRICAIN
Il y a un Kramer très rare et que je n’avais jamais noté que vous en parliez dans 50 Ans, c’est BLESS THE BEASTS AND CHILDREN! Curieux film sans vedettes que je découvre maintenant en relisant votre texte sur le cinéaste: « une fable écologique dans laquelle un groupe d’adolescents en colonie de vacances décide de libérer un troupeau de buffles promis à l’extermination par un groupe de chasseurs locaux. ». Kramer a eu des ennuis avec la NRA (lobby des armes à feu) dont il attaqua la politique à la tv. Bon sang faut absolument que je voie ça! il y a un dvd, c’est d’après un roman de Glendon Swarthout, le même dont on peut lire l’un des meilleurs romans westerns que j’ai lu « Une gâchette » (qui a donné aussi le dernier film de John Wayne signé Don Siegel).
à Manux: « c’est une meringue imbuvable comme tous les films de Kramer », vous avez vu TOUS les films de Kramer? vous êtes pas né d’hier, dites-moi!
Non « La chaîne » malgré ses lourdeurs et « la théorie des dominos » sont largement regardables. « Orgueil et passion » est par contre une vraie catastrophe (le casting prete à rire)
Justement j’ai revu NUREMBERG dernièrement et j’ai eu du mal à aller jusqu’au bout de cet interminable pensum. Les acteurs ne jouent pas, ils assument une charge, écrasés par la solennité du sujet. C’est la première fois que je trouve Montgomery Clift mauvais. La repentance de Lancaster est carrément hors sujet. La mise en scène n’est pas classique mais éléphantesque. Kramer a la main très lourde et la fin est absolument lamentable.
Roland Lacourbe défend bizarrement ce film alors qu’il taille en pièces de bien meilleurs films avec Lancaster.
Le dernier film de Kramer, que 50 ans de cinéma n’aime pas du tout, est en revanche tout à fait regardable malgré son esthétique téléfilm. C’est le genre de sujet dont vous regretter, Bertrand, que Richard Brooks ne l’ai jamais abordé dans les années 70’s.
Je parlais de LA THEORIE DES DOMINOS, c’est vrai qu’il y en a encore un après, une obscurité jamais distribuée en France…
The man in the glass Booth n’est pas disponible sur le marché à moins en édition import?
To Rouxel, The American Region 1 DVD of THE MAN IN THE GLASS BOOTH is available from FNAC. There’s also a UK Reg 2 DVD out there available from anathemazon. I haven’t seen MAN IN THE GLASS BOOTH but given that the premise of the American Film Theatre was to bring Bway and the West End to we benighted in the hinterlands, Shaw’s decision to remove his name from the work because he was rather put out by Hiller’s opting to accent the emotional tone down the intellectual caricature up to the maximum to get the unwashed through the door does not seem unreasonable. The best reviewed films in the AFT series were those that retained the original casts and director (Peter Hall’s film of Pinter’s THE HOMECOMING and Lindsay Anderson’s film of David Storey’s IN CELEBRATION). Simon Gray’s BUTLEY is not a play but one big star part, and the AFT kept the stage star (Alan Bates) and the stage director (Pinter). Donald Pleasance’s performance in Pinter’s (yes,again) stage production of Shaw’s play received ecstatic raves. So once you’ve dropped the star and the director and tailored the author’s text to the demands of Palookaville, what have you got?
à Maxou37: J’oubliais Maximilian dans CROIX DE FER, un film dont j’ai reculé la vision jusque très tard, persuadé que c’était un truc incongru pour Peckinpah: finalement ces allemands parlant français passent bien, et il y a des scènes mémorables.
français ou anglais… ofkours!
Je viens de voir un film qui m’a épaté : BROKEN CITY d’Allen Hugues (sorti le 26 juin 2013 en France)
C’est le plus beau film noir de l’année 2013 avec PRISONERS de Denis Villeneuve et DEAD MAN DOWN de Niels Arden Oplev (dans une moindre mesure pour ce dernier).
Le scénariste, Brian Tucker avait présenté son script début 2008 à la fin de la grève des scénaristes, qui avait duré toute l’année 2007 et jusque début 2008. Il a eu de la chance, car son scénario très sombre, avec des personnages très sombres a été choisi car Hollywood avait besoin de matériau. Le film devait être tourné par une compagnie qui ne fait que des comédies mais le projet a été abandonné et de fil en aiguille, le script est entré dans la fameuse “Black List” d’Hollywood des meilleurs scripts jamais tournés.
Allen Hugues a contacté Mark Wahlberg qui est littéralement tombé amoureux de l’histoire, conscient qu’il avait à faire à un récit authentique, pétri de l’essence qui a fait les meilleurs films noirs classiques. Ce métrage est en droite ligne l’héritier de Manhattan Melodrama, Force of Evil, Q&A… et bien qu’entrant dans la catégorie du “Thriller politique”, il contient tout un tas d’éléments propres au Film Noir, tous les personnages sont gris, ont tous quelque-chose à cacher, mais à l’époque des smartphones, du journalisme 3.0, des caméras omniprésentes, tout est filmé, rien ne peut être tapi dans l’ombre, ou presque…
C’est ce “ou presque” qui fait merveille. L’atmosphère y est étouffante, inquiétante, on ne sait pas d’où le coup va venir.
Extérieurs tournés à New York, sauf la scène de la poursuite en voiture tournée à la Nouvelle Orléans, éclairée et filmée de telle manière qu’on a le sentiment d’être à Brooklyn.
Les intérieurs ont été tournés en Louisiane pour cause de budget restreint.
New York est magnifiquement filmée, les travellings, les choix de position de caméra, les lieux maintes fois vus, sont magnifiés, renouvelés, on pense au générique de The Big Combo… on pense aux meilleurs Scorsese, d’ailleurs la présence de Griffin Dunne en ponte de l’immobilier véreux est une caution pour tous les cinéphiles, car il nous ramène au magnifique After Hours (85).
Le casting est d’enfer : Mark Wahlberg campant un ancien flic au passé trouble devenu détective privé, Russell Crowe en maire pourri (un ver dans la grosse pomme), Barry Pepper (le tueur de Melquiades Estrada dans TROIS ENTERREMENTS) en candidat impétrant (!) à la Mairie de N.Y.C., qui doit cacher son homosexualité (juste avant je venais d’écouter la Pathétique de Tchaïkovski, belle synchronicité !) et sa relation amoureuse avec son directeur de campagne incarné à merveille par Kyle Chandler. Jeffrey Wright en préfet de police est finalement l’animal politique le plus habile, les actrices ne sont pas en reste, à commencer par Catherine Zeta-Jones, splendide dans le rôle de la 1ère Dame de N.Y.C. qui hait son mari, autant qu’il la hait, Alona Tal dans le rôle très classique de la secrétaire du Détective privé joué par Wahlberg, secrètement amoureuse de lui évidemment, sans oublier Natalie Martinez, la petite amie du privé, qui joue dans un film d’auteur un peu hot…, et dont la liaison au privé n’a tenu depuis 7 ans que par un lien fragile, la mort de sa soeur, violée et tuée, vengée par le personnage de Wahlberg quand il était flic (on apprend tout cela au début du film, je ne fais pas de spoiler). Les seconds rôles sont tous très bien choisis, les figurants ne sont pas négligés, loin s’en faut. A noter que certains des personnages principaux ont un nom symbolique : Valiant, Fairbanks…
L’équipe, le réal en particulier, sa monteuse, son chef op, les producteurs… sont entrés dans un processus artistique sincère, sans trop d’argent mais avec l’assurance de laisser la totale liberté artistique aux auteurs, grâce à Wahlberg principalement, qui a su fédérer les bons financiers pour être tranquille.
ASullivan
Vous donnez sacrément envie
à Sullivan: client charmé stop Prose grande qualité stop achat enthousiaste stop et fin!
effectivement cela donne envie : je suis passé à côté de ce film craignant un film médiocre. Par contre, j’ai été très déçu par « Dead man down » malgré les acteurs (Colin Farrell est un meilleur acteur que ce que l’on peut dire et Naomi Rapace est comme d’habitude excellente ; à noter la présence d’Isabelle Huppert en mère de cette dernière).
Je vais donc me laisser tenter : merci pour cette idée de film.
A Bertrand Tavernier, Martin-Brady et Maxou 37 : Advise… and Consent ?
à Sullivan: BROKEN CITY/j’ai mis le temps mais je l’ai vu. Je suis d’accord avec vous. Sinon le film souffre de qqs facilités ou « plot holes » complètement effacés par le style. C’est un polar simple qui arrive réellement à retrouver le grand lyrisme « noir ». Je ne comprends pas la sévérité avec laquelle ce film a été reçu (critique et public) étant donné le plaisir constant et honnête dans lequel il m’a tenu. La critique américaine et quand même un peu neu-neu car surtout est obsédée par l’invraisemblance ou le manque de surprises dans l’intrigue or la 1ère est absorbée disais-je par le style la forme, et le manque de surprises techniquement c à d retournement de situations ou révélations improbables n’est quand même pas l’essentiel. Et le rythme le découpage alors? Ils sont devenus sourds à ça soumis à la dictature sacro-sainte de l’intrigue, pas assez vu de films de Rozier? Le scénario aurait dû être repris sérieusement par un vieux pro admettons. Maltin ne se distingue pas et méprise le film sur ces bases de trous d’intrigue. Je trouve que le personnage de la secrétaire (qui rappele Lucille Ball dans DARK CORNER) est très réussi. C Crowe est absolument formidable, cet acteur se bonifie s’éloignant du jeune premier pour partir avec succès dans le contrasté (cf MENSONGES D ETAT). merci pour le coup de projecteur.
A MB : You’re welcome et merci à vous pour votre retour.
Il est question ces temps-ci de James B. Harris. Sur les cinq films qu’il a réalisé, je n’en connais que deux : COP et THE BEDFORD INCIDENT. Je viens de revoir ce dernier que j’avais trouvé intéressant la première fois (chez Brion)et carrément excellent la seconde. Le ton est original, à la fois sérieux et sarcastique, « cool » et sur la brèche. Sydney Poitier et Martin Balsam, astucieusement distribués, se frottent à un Richard Widmark impérial et intimidant en plein Antarctique. Ce n’est pas très spectaculaire, un peu austère au début et finalement, l’adhésion est emportée grâce au scénario de James Poe, que James B. Harris a eu du plaisir à tourner, si l’on en croit l’interview qu’il accorde à DvdClassik. J’aime bien COP également (James Woods y trouve un de ses meilleurs rôles). Que valent les trois autres ?
A Alexandre Angel,
Dans la collection Films Criminels (Trésors Warner, sur fnac notamment), FAST-WALKING est une véritable merveille, où James Woods campe un rôle de maton inoubliable. La mise en scène donne une sensation d’espace incroyable alors qu’on se trouve en milieu carcéral, mon film préféré de J.B.H., avec une réserve de taille : je ne connais pas SOME CALL IT LOVING, que je n’ai pas pu aller voir durant la rétrospective à la Cinémathèque Française, et dont on dit le plus grand bien.
Quant à BOILING POINT, c’est pas trop mauvais dans mon souvenir, mais tout-de-même très en-dessous de COP ou FAST-WALKING.
Ca fait une paie que j’ai pas revu FAST WALKING qui était très bien, original, filant très vite, (avec James Woods) eT j’ai jamais réussi à voir la fameuse SLEEPING BEAUTY (alias SOME CALL IT LOVING) que le festival Lumière a montré l’année dernière, quant au Wesley Snipes sais pas du tout… un polar avec Wesley Snipes ça fait peur, en général… qui sait?
Dans BEDFORD, Martin Balsam est absolument sublime! quel génie cet acteur… et Poitier ben, complètement poitierien quoi.
je viens de voir que SOME CALL IT est resorti à la rentrée dans les salles…
I saw SOME CALL IT LOVING at the 59th St. Twin over a 4 day Thanksgiving weekend in Manhattan in 1973. I also saw LA GRANDE BOUFFE, LA NUIT AMERICAINE, and Peter Duffel’s film of Greene’s ENGLAND MADE ME during those 4 days. Try finding that kind of eclectic line-up in first run Grosse Pomme cinemas now, Buster. Harris’s film has the same sort of uncanny nocturnal hermetic Dark Carnival atmosphere as TOBY DAMMIT or EYES WIDE SHUT or that « hair of the dog » bar scene in THE SHINING and a good, unnerving early (if a bit methody, that’s methody not methedy) performance by Richard Pryor.Zalman King (BLUE SUNSHINE, TRIP WITH THE TEACHER) afficionados may be disappointed at him being relatively subdued (i.e.,taking his intensity number down by three hundred watts) here. Good score by mostly TV man Richard Hazard. I do not think Mario Tosi’s cinematography could be done justice by that Jurassic Monterey Video VHS that’s still floating around. My comments on my favorite Harris, FAST WALKING , along with those of several other parties engaged in the current discussion, may be found on the May 2, 2013 entry (Chefs d’oeuvre brittaniques et americains) of this blog.
Hello Mr Rawls, I was thinking of a possible homonym until I read the mention of your screen debut in H Hugues production of RED SCOUTMASTER!:
http://cinespect.com/author/michael-rawls/
I marked this and will get back to it very soon!
cheers!
Merci pour les tuyaux et cap sur FAST WALKING
Et ben ça y est, c’est fait. Aussitôt acheté, aussitôt vu ce FAST WALKING totalement inclassable. En visionnant ce film, on a la sensation d’essayer de garder en mains un savon mouillé! On dirait que James B.Harris ne doit rien à personne. La netteté du trait fait songer à Aldrich un peu, au Don Siegel de CHARLEY VARRICK un peu plus. La musique de Lalo Schifrin y contribue. L’atmosphère de traficotage extra-muros de la prison pourrait rappeler un peu BRUBAKER (ainsi que la présence de Tim McIntire et M Emmett Walsh) mais ça s’arrête là. Sinon, c’est un cinéma aussi décontracté dans l’écriture que nihiliste, sardonique et amoral dans l’idée. Pas vraiment un film de prison non plus : la taule y apparaissant plus comme le réceptacle de toutes les corruptions que comme un enfer clos sur lui-même. Il y a aussi tout un contexte « complotiste » pas follement lisible en une première vision dont le personnage de Wasco, interprété avec panache par Tim McIntire en Méphisto incantatoire du pénitencier, se fait le prédicateur. Et il faut l’entendre énumérer comme dans une chanson toutes les drogues possibles et imaginables (« sauf le hasch et la marijuana parce que c’est de la daube »).
James Woods, bien entendu,excelle dans ce mélange de charme et de perversité veule dont il a fait sa spécialité. FAST WALKING est son surnom : il ont sous-titré ça « l’antilope ».
« File-Vite » c’aurait été pas mal aussi comme adaptation française, mais bravo pour votre critique magistrale, je retrouve exactement ce qui était dans mon souvenir ancien. Sentiment d’ouverture de cette prison d’où personne ne cherche à s’évader, d’où une vision moderne de la « prison sans murs car que feraient-ils de cette liberté? ils ont bien trop à faire dedans! ». Je me servirai de votre approche pour dire que le fait que au lieu d’être un vase clos, cette prison est un entonnoir on y entre jeté là comme par un courant et le courant vous dissuade d’en ressortir sans vous l’interdire formellement.
« En visionnant ce film, on a la sensation d’essayer de garder en mains un savon mouillé! » à souligner trois fois! Harris dans ses meilleurs jours a une position décalée par rapport au genre qui rappele De Toth, une envie de surprendre mais en restant juste. Ca rappele un polar de prison mais…
(n’empêche que je suis sûr que c’était du foie gras, hum pardon…)
Ah dernière chose, à un moment, Fast Walking dit fier de lui: « I’m the All-American Boy! » en riant fanfaron, c’est très important, ça! « Il est de son temps et de son espace », comme disait JP Manchette à propos d’un de ses héros: il est parfaitement adapté à son milieu.
A Martin Brady
Je sens que je vais les trainer longtemps ces rillettes…
De Kozintsev je n’ai pas vu Hamlet mais peux affirmer que son Roi Lear (1969) est puissant, tellurique presque dans un noir et blanc étonnant de sobriété visuelle alors que le cinéaste pouvait être flamboyant.Youri Yarvet est impressionnant en Lear comme l’était Nakadai dans Ran, l’autre grande adaptation de la pièce.
A mes yeux, le plus beau Hamlet cinématographique demeure donc ,faute de connaître celui-ci, la version Laurence Olivier nullement éclipsée par la meringue (pour le coup pas très agréable) de Kenneth Branagh.Olivier m’épate systématiqument qd je revois Hamlet, Henry V ou Richard III.
A Ballantrae
Moins RICHARD III
Oui, malheureusement RICHARD III n’est pas du niveau des deux autres. HENRY V étant selon moi le meilleur : à quand d’ailleurs une copie en haute définition et VO sous-titrée de ce film ? le précédent dvd était assez limite techniquement…
Je viens de voir le dernier film de Sofia Coppola (The Bling ring) et honte à moi, je n’ai pas pu aller à la fin (pourtant pour moi, son dernier film « Somewhere » était très réussi) : je trouve que l’idée, si c’est celle de la réalisatrice, de montrer la superficialité de ces filles se retourne contre le film lui-même : le fait de critiquer quelquechose de superficiel symptomatique de nos sociétés n’est en rien un gage de profondeur. Et puis finalement ces vedettes sans talent que sont Paris Hilton ou Lindsay Lohan en deviennent presque sympathiques… Donc très très déçu
A Maxou 37
J’ai été partagé toute la projection : irrité, parfois exaspéré par ce que tous les personnages trimballaient comme sottise, ignorance, vide mental. Et puis il y a tout à coup ce cambriolage en plan large montrant toute une villa qui est sidérant dans son esthétisme et on se dit qu’elle est à la hauteur de ses personnages, qu’elle est comme eux et donc nous donne une sorte de document sur ces imbéciles
à Maxou37: moi, j’ai fait mieux que vous, j’ai abandonné MARIE-ANTOINETTE au bout de 5′, c’est peut-être bien si on le voit en entier je ne peux pas dire mais bon, je me suis dit que c’était la modernité de la musique collée au film historique qui ne m’allait pas, que j’étais trop vieux pour ce type de révolution et j’ai regardé un film de Ford, ça allait mieux après, bien mieux, même.
effectivement, voir un Ford est une excellente thérapie ! Ou alors un Hawks : je me soigne tous les ans avec Rio Bravo et je pense que je m’en sors pas mal.
Il faut ranger nos Ford dans l’armoire à pharmacie !
Moi, quand j’ai besoin d’un remontant, je regarde « Les Cavaliers »
Malgré la réelle beauté du plan large dont parle Bertrand je trouve qu’il ne sauve pas The Bling Ring pour autant. A aucun moment ces personnages ne m’ont intéressé. Déjà sa vision de Marie-Antoinette en Paris Hilton du château de Versailles m’avait passablement ennuyé. Pourtant Virgin suicides et Lost in translation étaient très prometteurs. Mais depuis, quelque chose s’est perdu.
A la différence de L’appât où le dangereux vide des personnages était scruté avec la distance nécessaire, The bling ring (The bling bling devrais-je dire?)tout comme le dernier Harmony Korine dont maints critiques ont fait grand cas se limitent à une forme de fascination vis à vis de personnages creux et vains: le sujet rencontre un écho dans son traitement, le cinéaste se retrouve dans ses personnages sans distance aucune, ce qu’en français on nomme redondance.
J’avais beaucoup aimé Virgin suicides si poignant et délicat, Lost in translation tout aussi équilibriste dans son mélange d’humour tendre, d’ironie et de maestria atmosphérique.Marie Antoinette c’était déjà plus oubliable même si traversé d’idées brillantes et iconoclastes.
Somewhere et The bling ring sont deux films en creux et creux, fascinés par le vide des personnages ce qui n’a rien à voir avec les abimes des personnages d’Antonioni , Bergman ou Bela Tarr.
En même temps, que diable allez-vous comparer la fille Coppola et les trois géants que vous citez ? Pffff
Comparaisons pour montrer que le vide du personnage n’équivaut pas au vide du film: je pense par exemple au « héros » de De la vie des marionnettes ou de Profession reporter où d’ailleurs vide n’équivaut pas à stupidité.
Bref la fille Coppola me semblait bien partie mais son ressassement actuel me laisse indifférent…
J’ai compris que Bertrand voulait dire que l’esthétisme de ce plan était « sidérant » de médiocrité et que du coup, S Coppola se révélait aussi bête que ses personnages! C’est pas ça?
A Martin-Brady
Non ce plan est étonnant d’esthétisme et nous laisse entrevoir ce que pourrait être le film, nous donne une clé. Ces déambulations dans cet espace qui ressemble à une boite de Cornell. On apprend dans des interviews que c’est le chef opérateur qui a donné l’idée et a tout dirigé, Sofia C le laissant libre et acceptant son idée…Il y a un coté non intervientioniste dans son travail comme si elle ne voulait pas prendre position, peser sur ces personnages, comme si cela allait brouiller la vision, la liberté de la vision. Cela m’a géné, irrité comme si un point de vue pouvait être un frein mais je connais des spectateurs qui du coup rentrent plus facilement dans ce monde et assimilent ce film à certaines tentatives d’art contemporain.
à Bertrand: c’est très intéressant surtout si on étend à un niveau plus général. Ca ferait de ce film exactement ce qui se passe avec les films commerciaux mainstream qui refusent en effet de dire « je » de peur de ralentir le rythme ou de choquer le public. Ca donne moins de polars ou de films de genre vraiment excitants, moins de cinéastes qui glissent une touche d’étrange ou de social dans un film grand public. Peut-être une contamination du cinéma d’auteur par le mainstream eh eh! Du coup ça ferait de S Coppola une cinéaste « auteur et mainstream » ou d’art « mainstream et essai », et pour quelques autres aussi (Steve McQueen, par exemple, aïe! ça va barder).
Je voyais récemment GIRL FRIEND EXPERIENCE et je trouvais aussi que Soderbergh allait un peu trop loin dans le point de vue distancié et sans engagement sur un personnage sans intérêt (je juge là le personnage, pas l’actrice).
Comme le regard du cinéaste est sobre celui-ci se refusant tout style par peur de donner l’impression d’avoir l’outrecuidance de juger moralement un personnage classiquement jugé comme immoral, il ne reste que l’objet de ce qui est filmé à se mettre sous les dents pour le spectateur: la prostituée (je mets les points sur les « i »!), donc je me suis ennuyé pas mal car ce personnage fadasse me paraît sans intérêt. La tolérance du type « qui est-on pour se permettre de juger? » a bon dos. Filmer des médiocres est un exercice tout de suite prétentieux ou ennuyeux mais il faudrait que je revoie LES BONNES FEMMES dans cette catégorie, car ça m’avait bien plu! Pour revenir à S Coppola, contaminé par les 10 ères minutes de MARIE-ANTOINETTE, je m’étais interdit ses autres films ce que je vais réparer illico, éclairé par ce qui a été dit ici.
A Martin Brady
J’ai bien aimé le premier tiers, peut etre plus de MARIE ANTOINETTE. Après ce n’est pas le manque de point de vue qui me gène, c’est le fait que Sofia Coppola qui ne s’interesse à peu de choses fait passer à la trappe tout ce qui pourrait donner une autre idée de Marie Antoinette que celle qu’elle s’en fait, une glandeuse qui se fait chier. Or Marie Antoinette se mêlait de politique, faisait renvoyer des ministres, échouer des réformes en écoutant les pires conseillers de la Cour. Elle écrivait tous les jours à sa mère ou a l’ambassadeur d’Autriche. Sofia Coppola fait l’impasse sur les Etats généraux qui se tenaient sous sa fenêtre (et elle essayait de retourner Barnave). La politique ne m’interesse pas dit la réalisatrice. On peut aussi parler de Mme Roosevelt sans le New Deal ou la seconde guerre mondiale ou de Mao comme un calligraphe en passant sur la Revolution Culturelle. En fait sa Marie Antoinette est une femme qui s’ennuie comme toutes ses héroines ou héros
Ce que je lis de THE BLING RING que je n’ai pas vu me fait effectivement penser à SPRING BREAKERS que j’ai vu. Un cinéma qui tend à neutraliser le jugement par effacement du point de vue. Dans ce dernier film, cette renonciation maniériste au point de vue produit ses dommages collatéraux : laideur des séquences de « spring break », final irresponsable avec ralentis indigents comme caches misère scénaristiques. J’ai regardé tout cela en me disant que, dans 50 ans, un tel film n’intéressera que les sociologues. Pourtant, oui pourtant, l’incandescence plastique de bons nombres de plans, l’étrange subtilité de James Franco, épouvantable caricature de prime abord, ce plan-séquence assez étonnant de braquage vu d’une voiture et la jolie scène où Franco chante du Britney Spears, entouré de nymphettes encagoulées, toutes ces petites choses, que je pensais vite oublier, m’ont fait une espèce d’impression qui me colle aux basques.
à Bertrand Tavernier: j’ai un peu tout mélangé ci-dessus entre l’absence de point de vue et la peinture de la médiocrité… mais votre commentaire sur MARIE me paraît pouvoir s’étendre à nombre de cinéastes: pourvu qu’ils ne se mettent pas à faire du révisionnisme par ablation de faits historiques formellement liés pourtant à tel ou tel personnage historique sujet de « biopic » parce que ceux-ci ne passeraient pas par l’entonnoir du fameux « pitch » prévu au départ par la production! Et pas qu’aux USA!
à A Angel: bien vu! » Un cinéma qui tend à neutraliser le jugement par effacement du point de vue. » et par souci de faire sonner le tiroir-caisse! c’est plus au niveau pré-production que se décide le style et la mise en scène d’un film finalement, alors que ces derniers ne devraient être quasiment que l’affaire du réal! C’est terrible.
A Alexandra Angel: je ne serais être plus d’accord avec vous sur Spring Breakers. C’est vrai aussi que Franco est excellent, à mon avis son personnage est un trésor comique avec un petit truc en plus.
Drôle de coincidence moi aussi j’ai abandonné The Bling Ring en plein milieu. Et pourtant je reste toujours jusqu’au bout même du pire des navets. En fait c’est le quatrième film que j’abandonne de toute ma vie de spectateur (si je ne comptes pas Saraband de Bergman quand j’avais 15 ans, mea culpa).Le trois autres: Crash et Le Festin Nu de Cronenberg et The Element of Crime de Lars Von Trier. Quelqu’un peut me dire si j’ai raté quelque chose ? Peut-être que je les ai regardés trop fatigué. Mais pour The Bling Ring je ne pouvais juste pas supporter la crétinerie des personnages et étant de la même génération qu’eux l’idée de passer plus d’une demi-heure en leur compagnie me déprimait trop. Comment on peut réaliser un film comme ça sans en faire une satire délirante! De Palma aurait saigné ces imbéciles heureux à blanc.
Un bien meilleur film sorti cette année qui est testamentaire de son temps et des jeunes aujourd’hui: Kick-Ass 2. Et certaines scènes d’action sont magnifiques.
Oui, vous avez manqué qq chose que ce soit avec le LVT ou avec les deux Cronenberg!!!Rien à voir avec la vacuité de Ze Blingbling.
Contrairement à vous tous, j’ai plutôt bien apprécié The Bling Ring, sans pour autant y voir un chef-d’œuvre. Je ne suis pas d’accord sur l’absence de point de vue dont vous parlez. Il me semble qu’il y a au moins un point de vue sentimental. Dès le début on s’attache (moi en tout cas) au personnage masculin, qui débarque dans cette nouvelle école, mal dans sa peau, paumé, se trouvant moche, est entrepris alors par une fille de rêve, puis toute une bande de filles de rêve. (Malheureusement pour lui il demeurera tout du long une sorte de mascotte (qui ferait n’importe quoi, si elle le lui demandait… car il est sentimental et c’est bien le seul) constamment dévirilisé et ne se révoltant même pas, allant même jusqu’à chausser les talons aiguille de Paris Hilton aux grands pieds, songeur, étendu sur son lit d’adolescent…) De rêve américain, parfaitement, actuel, en gros de fashion victimes rêvant d’être aussi connes que Paris Hilton ou Lindsay Lohan, on a les rêves qu’on mérite, c’est suffisamment dramatique pour ne pas en rajouter par l’ironie ou un « point de vue » trop marqué. Le rêve d’être des rich bitches, comme on le voit dans le générique du début. Il faut voir qu’on ne parle pas de n’importe quelle jeunesse, que ça se passe à Los Angeles, que tous ces gamins vivent dans de somptueuses villas. Le film est adapté d’un fait divers. Sofia Coppola, à la fin, nous montre bien qui tire le mieux les marrons du feu et ce dans les rapports avec la télé, avec Vanity Fair… et Facebook… qu’il y a une certaine continuité dans le discours de la mère et de la fille, toutes deux « bien de leur époque »… Même si, sociologiquement, ça nous parle d’une jeunesse dorée rêvant de l’être encore plus, made in Hollywood, des stars sans œuvres, ça prend une dimension peut-être universelle, tout du moins occidentale, dans cette quête de la superficialité, du vide, de la « popularité »… Nihilisme contemporain largement encouragé par les adultes, qu’ils soient parents ou journalistes… Film intéressant, je trouve, où la critique n’a pas besoin d’être appuyée… Mettre de l’ironie ou un « recul critique » dans un tel sujet l’aurait peut-être bien amoindri… Tout comme Spring Breakers, qui parlait d’une autre jeunesse, plus trash, m’avait aussi intéressé… Bref… Ce sont des films très contemporains. On verra, dans quelques années, si on en parle encore.
David Lynch ne tournera probablement plus, le cinéma américain, dans sa chute, ayant décidé de ne pas s’encombrer de ses marginaux. UNE HISTOIRE VRAIE aura été un film à part dans sa filmographie, sans excès visuels ni surcharge sonore, l’acte du personnage nourrissant à lui seul la définition d’une quasi-folie. Un européen qui parcourrait autant de kilomètres assis sur une tondeuse à gazon interrogerait la psychiatrie alors que cette folie devient plus relative dans un pays qui oblige à l’immobilisme quand on n’a pas son permis de conduire. Un sujet qui donne lieu à des plans inoubliables de poésie simple et d’humour insolite, comme lorsque la caméra s’envolant depuis l’asphalte vers le ciel, s’attarde sur les nuages pour redescendre vers la route et retrouver la tondeuse à gazon quasiment au même endroit. Ou des plans de la ligne jaune qu’on a tant vue défiler à toute vitesse, ici descendre de haut en bas du cadre très lentement. Le personnage est un misérable qui vit seul avec sa fille attardée, mais on ne lit pas le moindre ressentiment dans son regard lumineux. Richard Fansworth qui fut la doublure d’Henry Fonda a exactement les mêmes yeux que lui. Tout au long de la route ils se remplissent des beautés naturelles qu’il semble découvrir comme les découvraient les premiers américains. Son périple est en tout point semblable, fait de bivouacs et de lutte contre les éléments. Les personnages qu’il rencontre, depuis l’auto stoppeuse à qui il raconte une histoire éternelle, jusqu’à ses hôtes d’un soir, le voient comme un vestige du passé, un personnage irréel, presque un fantôme. A tel point que les deux mécaniciens qui auront cherché à l’arnaquer seront couverts de honte quand il leur parlera de ce que représente pour lui un tel voyage. La scène où le personnage en rencontre un de son âge avec qui il échange ses tristes souvenirs de guerre me fait pleurer à chaque fois. Pas moins lorsque son frère se rend compte qu’il a parcouru une pareille distance sur un pareil engin pour venir le retrouver. Dans la dernière scène, le contre-champ sur la maison du frère est d’une poésie rare et classe ce film parmi les chefs d’œuvres incontestables du cinéma américain. C’est une cabane au milieu des bois, la maison qu’habitaient les premiers américains à peine installés. Le personnage aura donc voyagé vers le passé, et les deux frères (l’un sans permis, l’autre dans une cabane) en sont restés au temps de la conquête de l’ouest. Tout ce qui s’est passé après ne les a pas concernés. On se rend compte aussi en regardant ce film, et désormais que le western a disparu, que les décors naturels de l’Amérique, le cinéma américain d’aujourd’hui ne s’en préoccupe plus du tout. Ce qui fait d’UNE HISTOIRE VRAIE un film nostalgique d’un cinéma américain qui tenait compte de l’Amérique.
A MANUX
Entièrement d’accord.
Je profiter pour signaler un film que j’ai oublié de mentionner : UN OFFICIER DE POLICE SANS IMPORTANCE DE Jean Larriaga qu’on trouve chez René Chateau. Ce polar avait disparu de la circulation pendant un moment.
Et aussi dire que mon commentaire sur THÉ OU ELECTRICITÉ de Jérome Le Maire était trop succinct et superficiels. En fait le film, magnifique à regarder, situé dans des paysages somptueux, met a nu les mécanismes qui sous couvert d’amener le progrère, vont corroder ce qui soudait une collectivité, l’entrainer vers l’endettement (le role des enfants qui exigent d’abord l’électricité, puis la télé est évoqué sans complaisance) le tout sous le regard d’un état qui ne donne pas un sou à ces habitants qui pendant 1 an s’échinent à creuser une route (on aurait pu leur offrir 18 mois de lumière gratuits). C’est désolant et très émouvant
Bien sûr qu’il est triste que Lynch ne tourne plus.Hélas je crains qu’il ne soit avant tout victime de ses propres dérives arty qui lui font croire que voir ses installations,décorations de vitrines, disques, pubs, exposés sur la méditation transcendantale est aussi intéressant que voir ses films: mille fois non!!! J’aime d’abord le cinéaste et non le fantasme d’un artiste total qui ne fait plus ce que je préfère chez lui.
Inland empire annonçait cette sclérose malgré qqs éclats épars et lors de sa sortie je m’étais dit qu’i se trouvait dans une grave impasse ce que ne laissait pas présager le tiercé gagnant Lost highway/ Straight story/Mullholand drive qui en avait fait un auteur rare et précieux.Je ne m’étais hélas pas trompé…
Je crois que Lynch nous a quittés. Inland Empire était insupportable. Pourtant j’aime Lost Highway, Twin Peaks, Mulholland dr. La méditation transcendantale l’a eu.
Oui, Lynch nous a quitté. Je vous renvoie à l’excellent documentaire de David Sieveking DAVID ET LES YOGIS VOLANTS, qui est sans-doute un petit-peu fallacieux, le réalisateur y rendant des comptes avec Lynch pour des raisons exposées dans le film lui-même, mais qui reste pour une grande part assez explicatif sur la réalité de l’aspect hautement sectaire de la Méditation Transcendantale, réalité à laquelle participe grandement le réalisateur de ERASERHEAD, à coup de millions destinés à la création d’écoles sur le sol américain, servant à embrigader des centaines de jeunes enfants avec des concepts nauséabonds.
Il faut juste espérer qu’avec ses âneries, il n’ait pas contaminé sa fille, Jennifer Chamber Lynch, qui promettait pas mal, notamment au détour de son remarqué deuxième long-métrage, SURVEILLANCE, un film malin.
À Sullivan : Merci pour le précieux tuyau ! (DAVID ET LES YOGIS VOLANTS) Ahurissant… Dommage qu’on n’y voit pas Doctor Lynch en vol yogique, lequel vol sera sans doute un jour discipline olympique, car ils sont chronométrés…
A JCF : Je vous en prie. C’est vrai que le film est édifiant et fait rire il est vrai, un peu jaune.
je suis d’accord avec Ballantrae (tout arrive!…). J’avais tiqué à la 1ère phrase de Manux, je ne crois pas que Hollywood exclue Lynch, je crois que Lynch s’exclue de Hollywood. INLAND EMPIRE était creux. Lynch médite dans sa vieillesse, ce qui est son droit le plus strict. Revoyons LOST HIGHWAY.
Mais ceci ne fout pas en l’air la très argumentée et chaleureuse défense de UNE HISTOIRE VRAIE par Manux.
Et oui, comme quoi tout arrive!!!
Bien sûr Manux a entièrement raison de louer le superbe Straight story, film à part dans la filmographie de Lynch quoi qu’en disent les critiques qui alors cherchaient à le raccrocher parfois avec pertinence à ses autres films.
Est-ce une véritable americana? Un road movie au ralenti? Je ne sais car j’y vois d’abord un film apaisé et apaisant qui s’écoule selon le rythme propre au personnage principal ce qui permet de prendre le temps de regarder les paysages et les êtres avec la patience d’un peintre ou d’un photographe.
Le plus troublant est de voir combien les êtres font preuve d’empathie alors que Lynch ne cessait de dresser des portraits de monstres physiques, moraux ou les deux depuis Eraserhead voire depuis ses courts métrages: une forme de résurgence fordienne se faisait jour, des réminiscences dignes de Night oh the hunter et Stars in my crown soit ce qui je crois me touche le plus dans le cinéma américain.
Straight story est l’un des chefs d’oeuvre d’un cinéaste important mais hélas victime et de la glose d’une certaine tendance de la critique et de sa propre infatuation.
Il faut également signaler que David Lynch est revenu vers la télévision comme Soderbergh qui a déclaré recemment qu’en 25 ans de carrière il avait réalisé 26 films long métrage sans compter les courts,les documentaires ou les pièces radiophoniques.Lynch s’est toujours démarqué des tacherons hollywoodiens qui sortent un film tout les deux ans.Puis il d’autres cordes à son arc puisqu’il y a deux ans il a exposé des peintures à Londres et compose à ses heures perdues.
A la Maison européenne de la photographie,à Paris,le cinéaste américain présente »Small Stories »,une série d’images fictionnelles noir et blanc.L’impression d’aborder sur une autre planète,infiniment onirique.D’autre part »Blue velvet »resort en version restaurée.Après la découverte d’une oreille sur un terrain vague,Jeffrey s’improvise détective privé.Accompagné de Sandy,le jeune enqueteur va très vite faire la rencontre de Dorothy Valens incarnée par une Isabella Rossellini plus femme fatale que jamais et Franck,sale type de service joué par un Dennis Hooper pas vraiment remis de son trip Apocalypse now.En réalisant Blue velvet,polar violent,voir carrément pervers et sensuel,David Lynch donnait en 1986 une leçon de cinéma dont il a le secret.Attention film culte.
Sur APOSTROPHE, c’est étonnant de revoir Pivot.
Son absence totale de snobisme rendait la culture attirante. Tous les animateurs d’émissions culturelles devraient s’en inspirer, abandonner les tons vieilles France et cesser de s’écouter parler.
A Minette Pascal
Et surtout cesser de penser que ce sont eux les vedettes de l’émission et qu’ils sont plus importants que la personne qu’ils interrogent
et enfin, ils ne paraissent pas passionnés ou enthousiastes, d’ailleurs ce qu’ils disent admirer semble pourtant les anesthésier et les plonger dans la torpeur.
En vous lisant, je pense à l’émission C à vous, où vous avez été relégué de façon éhontée au dessert ; sans flagornerie de ma part, on aurait dit un géant au milieu d’une bande de nains…
Dans une approche proche de celle de Pivot, il y a quand même François Bunel et sa GRANDE LIBRAIRIE sur France5 où l’on peut juste critiquer le format trop court qui empêche parfois cerains développements ou contradictions. Mais une émission littéraire de cette qualité à 20h45 le jeudi soir à la TV est tout de même à signaler.
à Bertrand Tavernier: en relisant ce que vous dites, je me dis que je viens d’écouter l’émission de Ciment avec Caroline Champetier et je me disais que c’est incroyable la liberté qu’il laisse à ses invités les laissant parler et développer tant qu’ils veulent sans imposer un plan préétabli et leur faire dire ce qu’il voudrait entendre, tout ça sur un rythme tranquille (remarquez, la Champetier, il avait pas besoin de lui tirer les vers du nez! elle est loquace…). Projection Privée est juste un peu courte, mérite plus de 50′.
Ailleurs, Ballantrae parle de la supériorité de la radio sur la tv pour l’exégèse du cinéma, je rappele les deux émissions sur la musique de film: Ronde de Nuit une fois par mois et Cinéma Song le jeudi soir qui a consacré récemment deux émissions à Morricone avec plein d’extraits bien sûr, tout ça sur F Musique.
L’exemple le plus frappant c’est la radio qui l’offre avec le rébarbatif et envahissant R Enthoven: même qd il dispose des invités les plus passionnants, il faut qu’il la ramène avec sa « science » qu’on sent mise en fiches par ses collaborateurs.
Pivot lisait des livres, se trompait parfois comme tt le monde mais était fasciné par ceux qu’il cherchait à mettre en lumière, à mettre en valeur.
François Busnel est d’une trempe semblable et sait relancer la conversation en restant d’abord à l’écoute de ceux qu’il doit présenter.
Autre réflexion sur ce qu’est devenu la TV: l’absence d’émissions cinéma dignes de ce nom.Cinéma cinémas était un moment magique de mon adolescence et etoiles et toiles à défaut de me convaincre toujours m’apprit à aller voir des auteurs inconnus.
Là encore, c’est la radio qui assure avec On aura tout vu et son pendant prime time Le masque et la plume,son RDV du samedi avec M Ciment, le très drôle Mauvais genres, et Pendant les travaux…de Thoret souvent très stimulant.
Oeuvre maitresse de Raoul Walsh sortie en 1941″La grande évasion »est à mon humble avis le meilleur film de Bogart dirigé par Walsh.Il y a une tension nerveuse tout le long du film et la fin est jubilatoire au niveau de la mise en scène rythmée.Ce film repose sur le personnage humaniste et positif qu’incarne Bogart.Meme les scènes avec Parth le chien sont amusantes et apportent au film quelque chose de plus.Plusieurs acteurs en vogue refusèrent car le personnage avait une fin tragique.Comme le souligne Jacques Lourcelles Walsh à donner au personnage central un gout de grande liberté dans le comportement et les attitudes de l’homme au for interieur angoissé mais qui n’oublit pas la ville et la région ou il a grandit.La scène avec le gamin qui revient de la péche en dit long sur cet homme qui a surement vécu des moments de bonheur lors de son enfance.Un des derniers plans du film on voit le soleil timide derrière des gros nuages emplit de desespoir.Désespoir que l’on peut lire dans le regard triste de Maria campée par la sublime Ida Lupino.En revanche je ne connais pas le remake signé par Stuart Heisler de 1957 dont le titre est »La peur au ventre ».Je pense qu’il a dut sortir en dvd.
A ROUXEL
Il y a aussi la FEMME A ABATTRE DE WALSH et dans HIGH SIERRA, il y a le roman de Burnett (qui aimait bien aussi le remake d’Heisler notamment parce qu’il avait pu se débarasser du chien) et le scénario de Huston. Le travail de Walsh est inspiré comme dans certains des films avec Flynn ou Cagney
A Bertrand Tavernier
Allez, une bonne fois pour toutes, je vous en supplie : qui est Bretaigne Windust, nom de réalisateur limite improbable?
A Alexandre Angel
Cette question a été traitée maintes fois. C’est un metteur en scène de theatre qui a signé deux ou trois films dont THE BRIDE COMES TO YELLOW SKY qui faisait partie d’un double programme et une comédie. Il commença LA FEMME A ABATTRE et les rushes furent jugés tellement mou que Martin Rackin scénariste et le studio le firent virer et remplacer par Raoul Walsh avec qui Rackin avait travaillé plusieurs fois
Merci à vous! Je mémorise
A Rouxel
Je n’ai vu qu’une fois le Stuart Heisler et en ai gardé le souvenir d’un film carré, sans génie, mais qui fondait habilement le sujet dans l’esthétique des 50’s.
Complètement d’accord sur Melancholia, qui m’avait captivé. Alors que j’avais détesté Antichrist. Pas encore vu Nymphomaniac. Le film ( sa première partie du moins ) n’est déjà presque plus à l’affiche à Paris.
Sur un scénario et des dialogues de Jean Aurenche et Henri Jeanson »Vive Henri IV,vive l’amour »reste une fresque historique légère et sans saveur malgré un casting étonnant.La mise en scène d’Autant-Lara est d’une faiblesse consternante,les mouvements de camera sont d’une lourdeur et d’une poussivité maladive.Heureusement que Bernard Blier et Francis Blanche dans le role d’un moine sauvent quelques plans,en revanche Pierre Brasseur cabotine de plus belle,Jean Sorel joue les jeunes-premiers(on dirait Robert Wagner dans »Prince Vaillant)Robert Dalban campe un laquais quand à Vittorio de Sica et Mélina Mercouri ils jouent les faire-valoir de ce film que l’on doit très vite oublié dans un coin.
Intrigué par Snowpiercer je trouve que le film se délite dans la derniere demie-heure. Les ffets speciaux et les decors souffrent dun manque de budget evident. Jaime Heaven’s Gate revu à Beaubourg lannee derniere dans la superbe restauration de Carlotta mais je trouve toujours le film trop long. Je regrette que le personnage de Walken soit si peu developpé et je trouve Huppert et Kristofersson peu credibles dans leurs roles. De magnifiques sequences neanmoins mais un film où le total est inférieur à la somme des parties. Deer Hunter est infiniment superieur. Jaime la plupart de ses autres films à lexception du Sicilien, revu recemment et qui reste un ratage inexplicable surtout quand on sait que Daniel Day Lewis auditionna pour jouer Giuliano.
A Laurent Vachaud
Assez d’accord sur HEAVEN’S GATE mais je sauverai Huppert très supérieure aux autres interprètes transparents ouutilisés sur une même note (Waterson, John Hurt).DEER HUNTER est un chef d’oeuvre. Les autres films sont très inégaux avec une mention pour le SICILIEN. Ce que dit Cimino du film de Rosi où il parle de l’age d’un personnage qu’on ne voit jamais est consternant de sottise, de même que sa vision de la Sicile
oui c’est vrai que Cimino a des propos étranges sur le film de Rosi, sûrement suscités par la jalousie et l’aigreur. Je pense que même lui a conscience du ratage qu’est The Sicilian, qu’il rejette d’ailleurs en grande partie sur Christophe Lambert. L’acteur est constamment à côté de la plaque mais il n’est pas aidé par un scénario idiot, pourtant dû à Gore Vidal. Le drame de ce film c’est que Cimino ne put adapter fidèlement le livre de Puzo, qui tournait autour de la rencontre de l’américanophile Salvatore Giuliano et du Michael Corleone de The Godfather, pendant l’exil sicilien de ce dernier. Le film était là, dans la confrontation de ces deux regards, celui d’un sicilien rêvant d’Amérique et l’autre, d’un américain rêvant de sicile . La performance d’Huppert n’est pas en cause dans Heaven’s Gate, l’actrice n’a d’ailleurs jamais été vraiment mauvaise dans un film mais mal distribuée oui, et son personnage est également dramatiquement sous-écrit car on ne comprend jamais comment Kristofferson et Walken peuvent être tombés à ce point amoureux d’elle. Je trouve sinon que The Desperate Hours est très sous-évalué. L’ouverture notamment, est magistrale et le film très supérieur au remake de Cape Fear par Scorsese, sorti la même année.
bonjour, je suis d’accord avec vous pour The Desperate Hours, bien meilleur que sa réputation mais dans la filmographie inégale de Cimino, il me semble qu’on oublie le Canardeur, brillant premier film et surtout l’année du Dragon, polar flamboyant avec un Mickey Rourke à son sommet, une des réussites majeures et incontestables du cinéaste.
A propos du COFFRET APOSTROPHES, dommage qu’il ne contienne pas aussi cet autre grand moment de démontage dont on peut voir librement le début sur le site de l’INA et où Pivot avait fait venir en 1975 quelques allumés des rencontres verdâtres du 3ème type et un critique de ces élucubrations alors très vendeuses : http://www.ina.fr/video/CPB93003286
Mais c’est vrai que ce numéro un peu particulier sortait du champ littéraire habituel…
Je ne sais pas si on peut vraiment parler de « de dépouillement et de retenue » à propos de MELANCHOLIA, film qui prend aux tripes comme peu y sont parvenus mais qui passe aussi alternativement de compositions opératiques (rappelant certaines publicités de marques de luxe confiées à des réalisateurs +/- d’avant-garde) à des plans en caméra très mouvante à la limite de provoquer le mal de mer. Mais malgré ces gros défauts, j’en étais sorti groggy. Je pense qu’on ne verra pas avant longtemps un final aussi angoissant, oppressant et terrifiant où l’on atteint aux confins de la peur la plus primale au point de faire oublier l’irréalisme total de la situation. Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst sont fantastiques. Tout comme Stellan Skarsgård dans un rôle pourtant détestable.
Je serais curieux de savoir si von Trier a vu LE CHOC DES MONDES, cette très sympathique série B de SF de Rudolph Maté (1951) et surtout l’étonnant court-métrage COUP DE LUNE de Yann Piquer (2000) où un couple vivait successivement le double cauchemar de voir la Lune puis le Soleil se rapprocher de la Terre.
http://www.youtube.com/watch?v=K-x7A47vDn0
LA SECTION ANDERSON est un documentaire très impressionnant mais Schoendoerffer s’était trompé si il avait déclaré à Hawks qu’il n’y avait pas d’éléphants au Vietnam… où il est un animal traditionnellement vénéré tout comme dans les pays voisins… et qui servit de bête de somme pendant le conflit. Leur présence fut même prétexte à une (lourde ?) comédie guerrière distribuée par Disney en 1995 : OPERATION DUMBO DROP se passant en pleine guerre et qui serait tirée d’une authentique anecdote (cette manie hollywoodienne du « based on a true story ») où des soldats américains auraient convoyé un pachyderme dans la jungle pour l’offrir à un village allié dont l’animal sacré avait été abattu par le Viet Cong.
A Pierre
Mais pas pour détruire des barbelés d’un camp de prisonnier, barbelés qui n’existaient et les éléphants non plus dans la région où le Vitminh détenait les français. Je pense qu’il connaissait le coin
Je confirme l’utilisation de l’éléphant par les VC du moins pendant la guerre d’Indochine : en effet, mon grand-père, qui a participé à cette guerre, avait capturé un groupe « ennemi » avec leur éléphant.
S’agissant de Romain Gary, qu’attend-t-on pour éditer WHITE DOG, dernier bon film de Samuel Fuller, qui adaptait Gary de façon simplifiée mais aucunement simpliste?
WHITE DOG a été édité il y a un peu plus de cinq ans chez Criterion… sans sous-titres of course.
Excellente idée, White dog est le dernier grand film de Fuller un condensé de sa force iconoclaste qui me semble digne du roman de Gary.
Les racines du ciel de Huston, je le confirme, est très inférieur au roman et compte parmi les échecs patents du cinéaste.Rien à voir avec le sens de l’exotisme authentique déployé dans African queen ou dans L’homme qui voulut être roi.
L’Afrique existe moins dans Les racines du ciel que dans les films « safari » de Ford (Mogambo) et Hawks (Hatari), paradoxe quand on connaît la fascination du cinéaste envers l’Afrique!
La vision géopolitique est inexistante dans mon souvenir au point que j’avais oublié la lucidité et le sens de la prémonition du roman.Envie de le relire du coup.
A Ballantrae
Je viens de voir les RACINES DU CIEL. C’est une adaptation lamentable. Huston fait le ménage et visiblement ne s’interesse à rien sauf à Flynn superbe idée de distribution. Il est impressionnant mais Greco est nulle et l’atmosphere bar est engoncée, raide avec des figurants statiques. On ne sent ni la chaleur ni la moiteur. La photo d’Oswald orris d’habitude si innovatrice avec Huston (dans MOBY DICK) est ici digne des pires films français dans les scènes d’intérieur. On a fait disparaitre les souvenirs de la Résistance, le gaulisme de Gary, la peur du communisme, Morel assimilé à un agitateur politique contre l’avis du gouverneur…
J’ai le souvenir de trucs amusants comme le coussin spécial hémorroïdes d’Orson Welles mais c’est sans doute pas suffisant.
A Alexandre Angel
Welles est très mauvais et caricature son personnage. Le seul à s’en tirer (à part Trevor Howard qu’on ne parvient pas à rendre mauvais), c’est Flynn
Je passerai donc mon chemin sur une éventuelle revoyure du Huston préférant relire le roman ou revoir de bons opus du cinéaste.
A propos, j’ai été surpris en lisant les réserves ds 50 ans sur Sierra Madre qui me semble assez passionnant et abouti alors que Le faucon maltais ne m’a guère ébloui malgré son aura mythique.
Même intérêt suscité par La nuit de l’iguane,Le vent de la plaine,Freud,Wise blood,Roy Bean pour ne prendre que des titres moins mis en vedette par la critique que Asphalt jungle, Moby Dick,L’homme qui voulut,African Queen ou The dead tout aussi réussis et admirables.
Tout autre sujet,je me demande pourquoi Amis américains n’a
pas accordé une place dans sa belle réédition à des cinéastes du nouvel Hollywood tels Cimino,Eastwood, De Palma, Coppola et surtout Scorsese avec qui vous avez un lien privilégié par votre cinéphilie, votre amitié avec M Powell, votre relation lors de Round midnight en trio avec Irwin Winkler.
A Ballantrae
Parce que je ne les ai pas interviewés, sauf Eastwood sur lequel il y avait deja trois livres d’entretiens. Et Scorsese je n’ai fait qu’un entretien sur COLOR OF MONEY
« à part Trevor Howard qu’on ne parvient pas à rendre mauvais »! tout à fait, je pensais ça de Michael Redgrave récemment, il y a des acteurs qui sortent sans égratignure d’un mauvais film et ceux qui sont complètement tributaires du naufrage d’un film: quand le film est mauvais, eux aussi. Ils seront bons ailleurs…
Je ne pense pas que ROOTS OF HEAVEN soit un « mauvais » film… J’y suis personnellement très attaché. Je n’avais pas lu le livre de Gary avant de voir l’adaptation de Huston et n’avais donc pas une attente certaine en background. Mais au final mon jugement rejoint le vôtre : les deux personnages campés par Flynn et Howard m’ont immensément touchés. Mais vraiment. Profondément. Le film mérite d’être vu ne serait-ce que pour cet acteur formidable, Errol Flynn. Il mérite de l’être, également pour Trevor Howard, qui comme le dit Brady fait partie de la caste des Redgrave, des Guinness… Une classe, une grâce, un talent indéboulonnable, quelque-soit les projets sur lequel ils étaient.
A Sullivan
Mais le film est bâclé, mal écrit, tourné à la va vite à l’image de ce premier travelling prometteur sur les traces laissées par les éléphants et qui est brusquement coupé par un très gros plan d’éléphant sans raison. Rien ne raccorde ni dans la lettre ni dans l’esprit et le personnage de Minna est massacrée par Greco
C’est avec beaucoupt de recul par rapport au roman de Gary que j’ai revu »Les racines du ciel ».Je m’attendais à une mise en scène plus flamboyante.En effet Huston utilise des figurants étudiants parisiens afin de jouer les Africains.Les plans ou l’on voit Orson Welles ont été tournées en France près de Paris.Comme vous l’écrivez justement outre la prestation d’Eroll Flynn qui n’a pas dut avoir beaucoup de mal afin de rentrer dans le personnage d’un ancien militaire alcoolique,Juliette Gréco qui vivait à l’époque avec Zanuck n’est pas tout expressive et manque de charisme.Peut etre Trevor Howard sauve un peu le film en dehors du fait qu’il est dépeint comme un fou,un omnibilé qui se bat contre des moulins à vent.
Puisqu’il est question de MOBY DICK, je me souviens l’ avoir adoré, après avoir digéré le fait qu’aucun film ne pouvait, de toute façon, rendre la richesse du texte original.
Pourtant, le jeu forcé de Gregory Peck m’a laissé sur ma fin. Lui qui emporte tout par la sobriété d’habitude…
Pour le reste, je ne crois pas que les Moby Dick tournés depuis puissent rivaliser.
Bonjour à Bertrand Tavernier et aux blogueurs
J’ai été enthousiasmé par SNOWPIERCER qui est peut-être le blockbuster le plus libre, le plus inspiré et le plus raffiné plastiquement que j’ai vu depuis longtemps. Ballantrae n’a pas tort sur l’essoufflement qui affecte quelque peu une fin plombée également par une surdose d’explicatif. Rien de bien méchant toutefois. De toute manière, le film emprunte des sentiers scénaristiques rebattus : la pâte verdâtre top appétissante qu’ingurgitent les damnés en queue de train évoque immanquablement SOLEIL VERT, la rencontre avec Ed Harris ravive une imagerie du « deus ex machina » qui va du MAGICIEN D’OZ à BLADE RUNNER, etc…
C’est formellement que Bong Joon ho emporte le morceau. Dès les toutes premières séquences, on est saisi par un sens aigu et inhabituel de l’imprévisible qui nous sort de notre torpeur de spectateur blasé. Tout ce qui advient à l’écran déboule de façon surprenante : cela va d’un échange immédiatement dense entre Chris Evans et John Hurt aux morceaux de bravoure insensés du milieu de parcours (la découverte des wagons nantis, la bagarre démente avec le chef de la sécurité..). On passe dans tous les sens du terme de Charybde à Scylla. Et cette seconde musique du générique de fin : qu’elle est belle! Est-elle de Marco Beltrami ?
Alexandre Angel,
Je suis d’accord sur toute la ligne pour SNOWPIERCER. Je m’acclimate moins bien que vous de la fin, que je trouve vraiment ratée. Ça gâche un peu la fête… et surtout, pourquoi être allé chercher le fadasse Chris Evans pour le rôle du meneur ? Une belle erreur de casting…
Sinon, pour tout le reste, et comme vous le dites si bien, la forme ample, généreuse, ingénieuse, et la musique de Beltrami qui vient soutenir le tout, on dit bravo !
Cependant, je trouve qu’on est tout-de-même en deça de THE HOST, son chef-d’oeuvre.
Chris Evans n’est certes pas un grand acteur mais il fait son boulot tout à fait correctement.
Ed Harris reste le grand acteur qu’il est depuis longtemps et au vu de son déroulement de carrière me frappe le retour de certaines figures:
-les deus ex machina comme ici et dans Truman show
-les personnages liés à la conquête de grands espaces (marin, terrestre ou cosmos):Walker,abyss, Right stuff (diagonale intéressante: cosmonaute ds right stuff, ingénieur de la NASA dans le très moyen Apollo 13,voix ds Gravity)
Cet acteur sobre et solide a figuré dans quelques films méconnus comme Alamo bay de Louis Malle et est passé derrière la caméra notamment ds un très beau biopic sur Pollock (et il joue le personnage éponyme).
Comme Sam Shepard il fait partie du casting magnifique de Right stuff et occupe une place à part dans le cinéma américain.
J’ai cru déceler une sorte de passage de témoin avec V Mortensen lui aussi talentueux et atypique dans Appaloosa, assez belle réussite westernienne récente.
A Ballantrae
Chris Evans n’est pas mal du tout et Ed Harris formidable comme toujours (il était bouleversant dans le Karel Reisz sur Patsy Cline, SWEET DREAMS
Ballantrae, nous sommes bien d’accord sur Ed Harris, c’est un immense acteur. Mais Chris Evans, faut pas déconner. Revoyez SNOWPIERCER dès sa sortie en DVD/Blu Ray et on en recause…
C’est vrai, j’oubliais Sweet dreams très beau film dans mon lointain souvenir:Karel Reisz est injustement laissé au second plan dans l’édition DVD/blue ray, dans les programmes de reprises, ds le discours critique.
Un peu le même problème que pour Mulligan, au moins aussi talentueux.
bonjour a tous
J’avais un peu peur en allant voir Snowpiercer., Bong joon ho étant un de mes cinéastes préférés depuis la sortie de « memories of murder » en 2004.
Apres « le dernier rempart », le navet réalisé par kim jee-woon aux USA, on pouvait penser que Hollywood était néfaste pour les cinéastes originaires de Seoul ( même si Park Chan Wook avait pu réaliser un film correct avec Stoker).
Mais Snowpiercer est un grand film de science fiction et la fin est tout de même bien glauque pour un blockbuster, avec ces enfants exploités dans les rouages de la machinerie.
Que ce soit un film américain adaptée par un cinéaste de Corée du sud d’après une bande dessinée française en fait un ovni comparé aux films de super héros de DC comics ou Marvel
( on y pense forcément puisque que Chris Pine a incarné le patriotique captain America).
A John Mohune : Chris Pine c’est le Captain Kirk des deux Star Trek de J.J. Abrams. Un acteur tout-de-même bien plus intense et talentueux que Chris Evans, qui même s’il fait le « job » en Captain America, m’a semblé totalement absent dans SNOWPIERCER. Notamment dans la scène finale, quand il est censé réfléchir au deal que lui propose Ed Harris… à ce moment précis, on a l’impression qu’il a oublié de reprendre son cerveau au vestiaire avant de venir jouer la scène. Fadasse je vous dis !!
@ John Lloyd sullivan
Désolé pour l’erreur entre les deux Chris…
Toujours est il que Chris Pine est plutôt moyen dans les deux Star Trek, face a Benedict Cumberbatch en Khan ou simplement en duo avec Simon Pegg en Scotty (mais bon, ce sont des anglais).
Le nouveau Jack Ryan réalisé par Kenneth Branagh sort mercredi, il va faire pale figure après Harrison Ford et Alec Baldwin…
On peut retrouver Chris Pine en tete d’affiche du nouveau film réalisé par l’acteur anglais Kenneth Branagh »The Ryan initiative »qui est un bon thriller bien mené au niveau de la mise en scène nerveuse.Kenneth Branagh joue le méchant russe qui détourne de l’argent public afil de le planquer sur des comptes off-shore.Je ne sais pas si ce préquel de Jack Ryan est signé Tom Clancy.
A Bertrand Tavernier :
Bien sûr, Charles Lawton pour LA DAME DE SHANGHAI.
Mais en ce qui concerne Rudolph Maté, c’est CORRESPOND 17 et non pas NOTORIOUS, photographié par Ted Tetzlaff… lui aussi passé ensuite à la réalisation à partir de 1941. Il était revenu ponctuellement derrière la caméra pour René Clair (MA FEMME EST UNE SORCIERE), Mitchell Leisen et Hitchcock entre autres.
Bonsoir Bertrand, je me permets juste ce petit correctif : Carlotta vient bien de sortir 2 Ozu majeurs en Blu Ray, VOYAGE À TOKYO et LE FILS UNIQUE (et non FLEURS D’ÉQUINOXE, que l’éditeur-distributeur vient en revanche de ressortir sur les écrans pas plus tard qu’hier, mercredi 22 janvier. Peut-être qu’une édition DVD / Blu Ray verra le jour dans quelques mois…).
Ysajiro Ozu déclarait en 1958″Le cinéma ne fut jamais auparavant,et plus jamais depuis,si proche de sa propre essence ».Qu’on se souvienne du Fils unique(1936)une séance de cinéma,film allemand ou une blonde Bavaroise roucoulait dans une ferme d’opérette une langue incompréhensible aux spectateurs,marquait dans le Japon d’alors l’omniprésence de l’Allemagne,autre puissance de l’Axe.En 1958,le Black and White.
Bonjour M Tavernier,
tout d’abord merci beaucoup pour vos articles éclectiques, mais trop rares à mon gout, sur ce blog qui est devenu une source régulière de (re)découverte de films et qui me permet aussi de suggérer des achats à la médiathèque de Montpellier (on ne saurait hélas tout acheter). J’ai redécouvert la semaine dernière » La section Anderson »en DVD, vu il y a longtemps sur Arte. Pensez vous que Coppola a pu visionner ce film et qu’il a joué un rôle dans le projet « Apocalypse Now » ? Pouvez-vous me dire où je pourrai en apprendre plus sur cette rencontre Hawks-Schoendoerffer ?
A JC Lavigne
Je l’ai raconté à Todd McCarthy qui l’a évoqué dans l’excellente, indispensable biographie qu’on a publié à Actes Sud
Geronimo m’avait moi aussi agréablement surpris en visionnage TV alors que sa sortie avait été torpillée.Walter Hill réussit là l’un de ses meilleurs films (avec le gang des frères James et southern confort)avec un soin particulier apporté et à la narration assez complexe , aux personnages fouillés (Gene Hackman, R Duvall et Wes studi qui s’avère un acteur indien plus profond que ne le laissaient croire les « méchants »
Iroquois qu’il campe dans Danse avec les loups puis Le dernier des Mohicans de M Mann) et à la reconstitution très documentée.
Je ne pense pas que ce soit un immense film mais cela savère un vrai bon western parmi les plu convaincants des 90′ qui sont synonymes d’une vraie renaissance après le film de K Costner et Unforgiven.
Quitte à réhabiliter, réhabilitons aussi dans le genre cet admirable western récent au décor assez singulier ( la Bolivie!!!)et aux personnages très travaillés: Blackthorn de Mateo gil avec notamment un Sam Shepard magnifique (il revient ces temps-ci notamment par son petit rôle dans Mud).Il s’agit d’une variation sur le retour de Butch Cassidy qui ne serait pas mort lors du guet apens qui clot le film de Georges Roy Hill.La photographie et le sens du cadre sont admirables aussi.
Matéo Gil réussit pour le western ce qu’avait fait R Lester avec La rose et la flèche (et que n’a su faire R Scott avec son banal et oubliable Robin Hood)
Southern Comfort fait a mon avis vraiment partie des oeuvres interessantes mais mineures et semi-ratee de Hill (je n’ai pas encore vu Geronimo ni les frères James). Ses meilleurs films pour moi restent les excellents The Driver (oeuvre unique dans son melange de depouillement et de scenes d’action magnifiquement misent-en-scene, c’est aussi bien meilleur que le Drive de Refn qui s’en inspire) et le tres cool The Warriors ainsi peut-etre que Hard Times (ca reste un peu trop classique mais c’est l’un des meilleurs Bronson). Oh et puis 48 hours est tres marrant et reussi et j’allais Presque oublier Last Man Standing. Celui-la je crois que je suis un des seuls a l’aimer mais quel film de dingue!Le film reprends Yojimbo mais Kurosawa (sacrilege!)et meme Leone peuvent aller se rassoir pour le coup.
A Richpryor
Je viens de revoir LE BAGARREUR que j’ai réévalué à la hausse. J’avais le souvenir d’un film pas désagréable mais sans surprise avec des petites notations pittoresques (le dépôt où on ouvre des huîtres). Il vaut mieux que cela : l’ambiance Nouvelle-Orléans est intéressante, les acteurs assurent (Bronson, effectivement,très crédible, mais aussi James Coburn et Strother Martin; Jill Ireland, elle, a l’air de bouder comme souvent)et les scènes de bagarre m’ont paru plus percutantes, plus réalistes.
A Richpryor,
On a le droit de déboulonner la statue du commandeur, mais, même si j’aime bien LAST MAN STANDING, dire que Kurosawa peut aller se rasseoir avec l’oeuvre matrice, YOJIMBO, c’est un peu provocateur non ? Revoyez le film, quelle mise en scène ! Les travellings ! Le sens de la profondeur de champs, de l’espace… Mifune y trouvait un de ses plus grands rôles, même chose pour Nakadai et Shimura… sans parler de la musique de Sâto, une des meilleures qu’il ait composées, et qui donne un modernisme et une pêche terrible à ce long-métrage qui navigue quand-même dans d’autres sphères que LAST MAN…
Quant à SOUTHERN CONFORT, c’est pour ma part le meilleur film de Walter Hill. Ça sent cajun, ça suinte cajun, ça chante cajun… Le rapport de ces soldats de réserve à ces autochtones dont ils ignorent presque tout et qu’ils ne respectent pas, nous renvoie directement au DELIVERANCE de Boorman. Et puis les grands principes de Tourneur sont là, beaucoup de tension grâce à la suggestion. On s’identifie facilement à ces mecs perdus dans le bayou.
Quand on voit le dernier film de Walter Hill »Du plomb dans la téte »on se demande comment un réalisateur a pu se fourvoyer dans ce navet à l’allure d’un épisode d’une vieille série policière US????
À Bertrand Tavernier : Y aurait-il donc des Ozu mineurs?
Non
À AA : Quand même, il fallait le dire…
Je suis plus que ravi de vous voir rappeler:
1)le magnifique coffret Heaven’s gate édité par Carlotta qui me semble effectivement une somme quasi théologique sur les tenants et aboutissants d’un chef d’oeuvre indispensable dans toute bonne DVDthèque.Notons que l’édition prestige assez coûteuse (mais bon, mieux vaut sûrement cela qu’acheter dix films médiocres, tout est question de choix)offre:
-le film en DVD et blue ray dans une finition plastique extraordinaire (certains ont déploré le manque de grain propre à la copie 35mm mais c’est le propre de la restauration numérique: pour ma part je n’y ai vu que du feu!) et avec un son qui respecte les parti pris évolutifs de Cimino (confusion babelienne, précision de sons isolés)avec des boni tels qu’un docu récapitulatif, une intro de Cimino, des entretiens avec Kristofferson,Isabelle Huppert,Jeff Bridges et David Mansfield, le musicien de la Bo et violoniste au service d’Ella dans le film
-une partie de la magnifique BO du film (qui existe intégralement ou a existé chez Harmonia mundi)
-un portfolio avec de superbes photos N et B prises par Susan Geston Bridges l’épouse de Jeff (pour l’anecdote cimino a offert aux Bridges la cabane de rondins qui sert de bordel qu’ils ont reconstruite ds leur ranch en veillant à conserver la trace des impacts de balles à l’entrée)
-un livret conçu par JB Thoret grand exégète de Cimino (auteur aussi de M Cimino, les voix perdues de l’Amérique, ouvrage très précis associant intimement entretiens et analyses de manière très émouvante)comportant in fine le journal de tournage de Herb Lightman journaliste pour american cinématographer et un entretien avec Cimino
-enfin « la bible du tournage » fac similé du scriptpar places schémas, diagrammes très précieux pour qui veut comprendre les méthodes de Cimino
2)l’édition remarquable de Melancholia chez un éditeur qui monte et qui compte (Mikhalkov, Rozier, shotgun stories, Mère et fils, Requieme pour unmassacre sans oublier le coffret Angelopoulos ou les intégrales Tarkovski et Rohmer).Le film de LVT est non seulement un chef d’oeuvre plastique terrassant de beauté mais un film qui en dit long et sans grands discours sur ce qu’est vraiment la mesure de l’homme en ces temps un peu délirants et survoltés facticement.J’aime LVT depuis ses tous débuts, suis conscient que c’est un manipulateur né mais ne peut m’empêcher quasi systématiquement de louer son culot et son envie de ne pas tourner en rond à défaut de réussir tous ses paris (le dogme par exemple était une petite arnaque qui avait le mérite de poser qqs bonnes questions et Les idiots un film parfois juste mais bien laid, exemple parmi d’autres, Antichrist confinait parfois à l’insoutenable et au dégueulasse après avoir donné dans le sublime).Je n’ai pas encore eu l’heur de découvrir Nymphomaniac, mais irai voir de quoi il s’agit
3)Duch est le complément indispensable du travail de titan entrepris par R Pahn avec S21 et complété cette année par l’étonnant,inventif et émouvant L’image manquante.RP effectue un travail analogue à Lanzmann à ceci près qu’il est le seul cinéaste à entreprendre cette enquête minutieuse tendue vers le rétablissment d’une mémoire effacée par l’ignominie alors que Lanzmann a fait un travail formidable surtout avec Shoah mais n’est pas isolé.
Par contre, snowpiercer m’a certes plu mais il me semble le film le plus inégal de son auteur notamment sur sa fin.La BD de Rochette est un chef d’oeuvre et repose sur un postulat génial.BJH part de très haut, ménage des surprises assez hallucinantes mais s’essouffle à mon sens dans le wagon de tête puis dans la loco.Ceci dit, on y voit une sacrée maîtrise de l’espace et un montage, une lumière, des cadrages parfois démentiels (lors de la bataille nocturne notamment!!!).NB: une expo sur snowpiercer BD et film sera visible au festival d’angoulême qui se tient la semaine prochaine…je pense qu’elle sera très réussie au vu des croquis, travaux préparatoires auxquels les concepteurs ont été associés.qui sait BJH sera peut-être présent???
Je respecte JB Thoret mais en feuilletant son ouvrage sur Cimino on pense qu’il n’a réalisé que »Les portes du paradis »pourtant « Voyage au bout de l’enfer »est avec »Apocalypse now »les deux oeuvres majeures sur le conflit au Vietnam.Fervent admirateur de Lars von trier »Nymphomaniac »est film singulier sur le plan filmique mais le seul point faible sont les fréquents retour en arrière entre le passé et le temps présent.Je pense que l’aspect narratif du propos n’était pas necessaire au scénario.J’attends le second volet annoncé en janvier mais apparement reporté sur les écrans français.Signalons que les deux films sont sortis en Grande Bretagne la meme semaine.Les distributeurs sont de plus en plus frileux avec les auteurs qui proposent des oeuvres non commerciales!!!
Thoret parle bel et bien de Deer hunter ds son bouquin pas bcp moins que de Heaven’s gate et il parle de chaque film au gré des déambulations avec Cimino on the road…un vrai fantasme cinéphile ce dispositif du road movie critique!
Pas encore vu Nymphomaniac mais vu le dernier sublime Miyazaki Le vent se lève d’une rare subtilité, vibrant par ses images comme par ses sons.Il y a du Kurosawa dans l’humanisme mêlé de pessimisme du sensei de la japanime.
Plus haut j’ai lu que Yojimbo était dépassé par Dernier recours de W Hill, je ne partage cette thèse révisionniste tant le film de Kurosawa est percutant,sans gras, tour à tour drôle et dramatisé.Chez Hill, flingages à tout va (Hill n’est pas Peckinpah mais cela on le savait notamment depuis le pataud Extrême préjudice), scénario archetypal, personnages dénués de la moindre humanité.
Hill est un cinéaste obsessionnel, techniquement habile mais pas à réhabiliter dans son entier non plus.Southern confort bénéficiait d’une bonne relecture de Délivrance, d’un bon casting, d’un sens de l’espace aigu et d’une superbe musique (Ry Cooder, encore lui!).Ailleurs, comme Milius svt, WH peut avoir la main lourde et l’hommage appuyé.
A Ballantrae
Exact et on avait eu la main lourde dans 50 ANS sauf pour LE BAGARREUR, 48 HOURS, la moitié de SOUTHERN CONFORT mais depuis j’ai vu plusieurs films réjouissants comme RED HEAT, inspiré comme GERONIMO et originaux comme CROSSROADS sans parler du premier épisode de DEADWODD…. Il y a chez Hill par ailleurs scénariste habile une volonté de continuer un certain cinéma, de perpétuer une tradition et certains genres comme le western. Je vais voir WILD BILL que mon ami Coursodon juge intéressant