Mafioso, autres films européens et classiques américains
1 juillet 2013 par Bertrand Tavernier - DVD
MAFIOSO
Tamasa vient de sortir en même temps qu’EDOUARD ET CAROLINE le passionnant MAFIOSO. C’est à cause de mon texte sur ce blog qu’ils ont acquis ce film inédit et voilà ce que j’écrivais : « MAFIOSO fait pourtant partie du catalogue de Studio Canal qui pour d’obscures raisons semble vouloir s’obstiner à ne pas le sortir, peut-être pour privilégier leur série MAFIOSA. Plus certainement parce qu’ils doivent penser que le cinéma italien n’est plus du tout à la mode et que ce film, un sommet pourtant, est totalement inconnu. Pourtant le film est archi-défendu par Martin Scorsese. Aux USA, en Zone 1, Criterion en a sorti une splendide édition. On retrouve tout au long de MAFIOSO cette intelligence caustique, ce regard légèrement détaché, ce sens de la narration s’appuyant sur une très forte culture, qui fait le prix, l’originalité des meilleurs films de Lattuada. Qui leur permet de transcender les genres auxquels ils semblent appartenir : le mélodrame paysan (LA LUPA), le film à costumes (LE MOULIN DU PÔ), la comédie (LE MANTEAU, DEVINE QUI VIENT DÎNER). Le ton de MAFIOSO est tranquille, imperturbable, aussi éloigné des dénonciations à la Francesco Rosi que de ces comédies de mœurs qui inspirèrent des chefs d’œuvre à Germi. Le terrain semble balisé et pourtant, peu à peu, le sol semble se dérober sous les pieds d’Alberto Sordi (un Sordi épuré, étonnant, sans pittoresque) et il se trouve happé dans une sorte d’engrenage impitoyable, une mécanique qu’on ne peut arrêter et qui le transforme en un tueur à gages anonyme. Comme le remarque Jacques Lourcelles : « Le scénario volontairement peu foisonnant, peu « italien » en ce sens auquel ont collaboré quatre noms prestigieux (Age, Scarpelli, Marco Ferreri, Rafael Azcona), est d’une audace extrême et presque incroyable. Jusqu’au bout, on attend quelque pirouette, quelque retournement qui atténuerait la cruauté du propos… Le style glacial et distancié de Lattuada (un réalisateur qui ne s’approche du sujet que lorsque celui-ci est intensément érotique) sert admirablement l’audace insolite du récit. » Il nous, vous, reste à faire campagne auprès de Studio Canal. » C’est fait à vous de jouer.
TOUR D’EUROPE
Signalons également le coffret John Schlesinger. J’ai revu DARLING, film en fin de compte assez noir, portrait au vitriol d’une jeune arriviste qui passe à coté de tout ce qui est important. Julie Christie est bien à croquer mais c’est Dirk Bogarde qui vole le film.
Je n’ai pas encore ouvert le coffret consacré à Peter Sellers qui comprend APRÈS MOI LE DÉLUGE, comédie un peu réactionnaire de John Boulting et qui patine en fin de course mais contient un portrait boyautant d’un syndicaliste tyrannique joué par Peter Sellers, qui bloque tout dans l’usine. Il justifie à lui seul la vision du film qui aurait influencé une chanson des Pink Floyd. SOUS LE PLUS PETIT CHAPITEAU DU MONDE de Basil Dearden raconte comment un jeune couple hérite d’un cinéma pourri, Le Bijou, avec un personnel totalement incompétent parmi lesquels Sellers, bien sûr, et Margareth Rutherford. C’est souvent drôle, un peu étriqué et si l’on est touché par cet hymne au cinéma, on se dit que le scénario aurait pu être plus exigeant. Je n’ai pas vu le troisième, LE PARADIS DES MONTE-EN-L’AIR de Robert Day.
SND vient de sortir L’AMOUR À CHEVAL de Pasquale Festa Campanile que les amateurs de Catherine Spaak ne doivent manquer sous aucun prétexte. Elle incarne une jeune veuve qui s’aperçoit que son mari l’a copieusement trompée et qu’il organisait dans une garçonnière luxueuse des parties fines avec un peu de SM. Découvrant ce monde et ces pratiques, elle décide de les explorer jusqu’à ce qu’elle rencontre Jean-Louis Trintignant. Leurs scènes sont parmi les meilleures de cette comédie plaisante, tournée assez superficiellement (zooms, recadrages discutables) mais avec un bon rythme. Catherine Spaak, très jolie, qui passe à travers toutes ces péripéties avec une placidité souriante, y est souvent assez déshabillée, en petite culotte plutôt que nue et le plan final qui la voit à cheval sur Trintignant dégage une bonne humeur, un érotisme bon enfant. J’avais beaucoup aimé de Festa Campanile LES VOIES BLANCHES sur le monde des castrats, voire UNE VIERGE POUR LE PRINCE, pourtant plus inégal. Sa dernière partie de carrière après MA FEMME EST UN VIOLON, fut assez décevante.
Autre film qu’il me reste à voir, ÂMES PERDUES du grand Dino Risi. Et la sortie du dernier Bellocchio me pousse à redire toute l’admiration que j’ai pour le magnifique VINCERE et pour BUONGIORNO, NOTTE. Michel Ciment me disait que Bellocchio était de tous les cinéastes de sa génération, celui qui avait gardé le plus de force, le plus de talent, le plus d’énergie créatrice.
Ballantrae réclame qu’on parle davantage des films de l’Est. Tout à fait d’accord. Je recommande chaudement LE DÉPART de Skolimowski avec sa magnifique partition de jazz, UN ÉTÉ CAPRICIEUX de Jiri Menzel qui m’avait beaucoup touché. Il y avait une grâce malicieuse, tendre, funambulesque, à la fois légère et farceuse, marque des meilleurs Menzel. Autres titres, tous de Vaclav Vorticek : MONSIEUR VOUS ÊTES VEUVE, farce noire et absurde sur le roi Rosebud IV où Iva Janzurovà joue trois rôles, où l’on peut admirer la Bardo tchèque, Olga Schoberovà ; COMMENT NOYER LE DOCTEUR MRACEK, autre comédie de quiproquos ; et une parodie du film d’espionnage, FIN DE L’AGENT W4C. Je ne connais pas la CHRONIQUE MORAVE de Jasny.
Avant de passer à des classiques américains, je voudrais rappeler une comédie française qui fut très sous estimée et qui rappelait le cinéma de Risi et Monicelli, TRAVAIL D’ARABE de Christian Philibert. J’en ai déjà parlé, il y a longtemps mais n’ai eu aucun retour.
CLASSIQUES AMÉRICAINS
Je ne pouvais pas passer sous silence la sortie en Blu-ray de L’AVENTURIER DU RIO GRANDE de Robert Parrish et du BANDIT d’E.G. Ulmer (Sidonis), deux œuvres qu’on ne trouve pas aux Etats Unis. Tout comme les deux versions de RED RIVER/LA RIVIÈRE ROUGE (Wild Side). Ce sont deux chefs d’œuvre, deux films personnels, deux méditations sur l’identité, l’enracinement pour l’un, sur la possession, le rêve, le désir pour l’autre. Deux films profondément humanistes. Je ne vais pas redire mon admiration pour l’interprétation de Mitchum et d’Arthur Kennedy, pour la force des personnages féminins et le regard posé sur eux (ah, la scène sur les femmes de Vera Cruz, sur la solitude tellement pesante qu’on casse un objet pour exister). Superbe musique d’Alex North dans L’AVENTURIER et de Hershell Burke Gilbert (l’arrangeur de CARMEN JONES) dans le second.
Je ne pouvais pas ne pas mentionner les deux Fleischer sortis par Carlotta aussi en Blu-ray, deux titres majeurs, profondément personnels (Fleischer parvenait à investir des commandes et les faisait siennes de manière incroyablement organique) : LES INCONNUS DANS LA VILLE, première utilisation magistrale du Scope et L’ÉTRANGLEUR DE BOSTON, utilisation non moins magistrale du split screen. Dans les bonus, Friedkin parle vraiment du film mais les idées qu’il aurait voulu introduire l’auraient écarté de sa rigoureuse dramaturgie.
Restons parmi les policiers pour louer À 23 PAS DU MYSTÈRE (Sidonis) de mon cher Henry Hathaway, œuvre que j’ai un temps regardé avec condescendance. Avant de redécouvrir que la mise en scène faisait preuve de la même netteté tranchante, aiguë, que le découpage témoignait d’une rare rigueur. Le meurtre dans la cabine téléphonique traité en deux plans est un exemple parfait du laconisme visuel d’Hathaway qui va tout de suite à l’essentiel.
NEW YORK CONFIDENTIEL écrit et réalisé par Russel Rouse (Sidonis) vaut surtout par l’interprétation de Broderick Crawford et surtout de Richard Conte qui dans ce personnage de tueur devient l’archétype parfait du genre. La manière dont il liquide ses victimes, dont il les prend par surprise, mérite une longue étude. La modernité de son jeu, tout ce qu’il trimballe avec lui dans le moindre regard en font un des acteurs les plus représentatifs du genre. Cela dit, le film est minimaliste quant aux décors, quasi inexistants, à peine meublés, ultra fauché, ce qui lui permet d’aller vite mais sans grande invention visuelle.
Et j’ai aussi revu MIRAGE de Dmytryk, fort bon scénario de Peter Stone (très bien dialogué) qui contrairement à ce que nous écrivions dans 50 ANS ne s’arrête pas au premier tiers. La mort de Walter Mathau, qui brosse un détective privé débutant particulièrement inoubliable, survient beaucoup plus tard. La distribution ou brillent George Kennedy, Kevin McCarthy, Walter Abel, est d’ailleurs épatante. Et la conclusion, l’explication de tous ces mystères tient mieux le coup que je ne le pensais même si la confrontation finale où tout se boucle est plus statique, plus lourde, moins crédible que le reste du film. Fort beaux extérieurs new yorkais magnifiés par Joe Mac Donald le collaborateur attitré de Hathaway. Je me séparerai de Michael Rawls quant à la musique de Quincy Jone que j’ai trouvée plutôt banale.
Revu un petit film de SF découvert à Bruxelles, THE 4D MAN/L’HOMME EN 4 DIMENSIONS (Bach Films) qui recèle des moments intéressants en dépit d’un script traditionnel et prévisible et des dialogues faiblards. Les trucages montrant le héros traverser les murs ou voler une lettre dans une boîte, sont assez poétiques et la musique (de Ralph Carmichael), du jazz grand orchestre, assez surprenante dans ce genre de films. Certains la trouvent trop présente mais la plupart du temps, elle dynamise l’action. Les décors de laboratoire sont réduits à l’épure et le pseudo jargon scientifique fait sourire. Mais l’ensemble ne manque pas de charme et se révèle plutôt plaisant. On y voit Patty Duke très jeune dans une scène qui renvoie aux divers Frankenstein. Robert Lansing et surtout Lee Meriwether sont convaincants. James Congdon surjoue. C’est meilleur que THE BLOB et que DINOSAURUS (qui comportait une scène marrante), les deux autres opus du mystérieux Irvin Yeaworth Jr qui faisait des films religieux avant cette trilogie et s’y replongea par la suite, célébrant le redoutable Billy Graham.
MONTANA BELLE/LA FEMME AUX REVOLVERS (Editions Montparnasse) d’Allan Dwan avec Jane Russel commence pas trop mal, avec de jolis extérieurs, raccordant tant bien que mal sur le studio, mais le scénario à la fois inerte et absurde s’enlise assez vite. Tous les personnages rivalisent de sottise : Georges Brent dont tous les plans pour capturer les Dalton foirent et qui ne reconnaît pas Belle Star, les Dalton qui échouent dans toutes leurs attaques. Personne ne prend la moindre décision sensée durant tout le film. Les chansons de Jane Russell sont ordinaires. Forrest Tucker est celui qui s’en tire le mieux et Dwan signe un ou deux plans amusants durant la dernière attaque mais le reste s’apparente à la routine la plus paresseuse. Un seul mystère reste irrésolu. Qu’est ce qu’Howard Hughes a vu dans ce film qui le pousse à l’acheter, faisant faire un bénéfice aux studios Republic pour ne le sortir qu’après deux ou trois ans d’attente.
JAIL BAIT (Bach films) est une réalisation d’Edward Wood moins comiquement grotesque que les autres. C’est un petit polar banal avec quand même la scène d’opération la plus bâclée, la plus ellipsée de toute l’histoire du genre (et son résultat est ultra prévisible) : un gangster veut qu’on lui refasse le visage. Tout cela se déroule dans un appartement, sur un divan et c’est la sœur d’un des protagonistes qui assiste le chirurgien, son père (« tu as fait des études d’infirmière », lui rappelle-t-il avec beaucoup d’à propos). La maîtresse du gangster ? Lorella est jouée avec un certain panache par Théodora Thurman dont c’est le seul film (elle devint Miss Monitor à la radio). Les deux policiers, Lyle Talbot et… Steve Reeves (eh oui, c’est lui) inséparables, bénéficient des meilleurs dialogues.
EUREKA de Nicolas Roeg, écrit par Paul Mayesberg (qui fut critique à Movie), est une œuvre baroque qui mélange plusieurs genres, plusieurs styles, passe d’une histoire à la Jack London à une fable sur l’ascension sociale, à un film criminel sur la Mafia et un « courtroom drama ». Sans oublier un meurtre épouvantable (le film s’inspire d’un fait divers survenu en 1912) et une histoire d’amour passionnée et très sexuelle entre Rutger Hauer et Theresa Russell, actrice souvent étonnante qui est ici très déshabillée. Jean-Baptiste Thoret vante l’originalité du film, qui est indéniable mais loue un peu trop ces décalages qui témoignent plutôt que d’une maîtrise formelle (celle de Resnais et Fellini donnée en exemple), d’un goût abusif pour des effets redondants, emphatiques, explicatifs. Qui donnent au film un sérieux, un aspect solennel, sentencieux, satisfait de ses recherches (le fait que, comme le dit Thoret, les personnages ne sont jamais filmés à la bonne distance ne me semble devoir être porté au crédit de la mise en scène ; d’autres metteurs en scène – Walsh, Siegel – ont su communiquer ce désarroi, ce désordre de manière plus viscérale) qui le plombe. Ce qui est dommage car on y trouve des moments étonnants (un peu sollicités), une liberté de ton, un refus de se plier à des conventions psychologiques. Cela dit le personnage d’Hackman finit par paraître un peu sot dans son obstination suicidaire. Rutger Hauer est beaucoup mieux utilisé que d’habitude. Mickey Rourke est vraiment marrant en avocat mafieux religieux qui veut séduire Theresa Russell et Joe Pesci est… Joe Pesci avec toujours le même brio. La confrontation finale entre les deux amants est à la fois lourde, emphatique et d’une grande audace.
AVANÇONS DANS LE TEMPS
Récemment j’ai vu plusieurs films d’un cinéaste que je crois n’avoir jamais mentionné dans mon blog : il s’agit de Jason Reitman, le fils d’Ivan Reitman (SOS FANTÔMES) dont les trois premiers films me semblent très personnels et très réussis. Dès le premier, THANK YOU FOR SMOKING dont il écrivit le scénario, il impose un ton ironique, caustique, tout à fait décapant en prenant comme héros un membre actif du lobby pour la cigarette. Qui à ses moments perdus, rencontre dans un bar, l’escadron de la Mort, composé de la lobbyiste pour l’alcool et du défenseur des armes à feu. Tous trois comparent le nombre de morts qu’ils peuvent inscrire à leur tableau de chasse. Dans IN THE AIR, George Clooney, voyage d’une ville à l’autre pour dégraisser les sociétés, virer des dizaines d’employés. JUNO écrit par la talentueuse Diablo Cody, une ancienne stripteaseuse, est plus touchant mais truffé de moments paradoxaux, rapides, super bien dialogués. Dans les trois films triomphe une vraie direction d’acteurs (Ellen Page est inoubliable dans JUNO), un sens du récit comique et de la satire hérité de Preston Sturges et aussi présentant un cousinage avec Alexander Payne. Je n’ai pas vu YOUNG ADULT.
En revoyant THE DESCENDANTS d’Alexander Payne que j’ai encore plus aimé à la seconde vision et qui m’a encore plus surpris par ce mélange des tons, d’humeurs qui co-existent parfois à l’intérieur d’une même scène. D’habitude, dans les grandes comédies, on passe progressivement ou tout à coup du rire aux larmes dans des groupes séquences (Wilder, Chaplin, voire même Intouchables qui devient sérieux dans le derniers tiers). Ici, les changements se font parfois au milieu d’un plan, d’une réplique sur l’autre. C’est une des grandes originalités de ce film incroyablement original. Qui donne envie de revoir tous les autres films d’Alexander Payne, l’un des auteurs les plus personnels du cinéma américain actuel, de SIDEWAYS à L’ARRIVISTE en passant par ABOUT SCHMIDT/MONSIEUR SCHMIDT.
La sortie de MUD de Jeff Nichols est une bonne occasion de rappeler ses deux précédents films, tous deux remarquables. SHOTGUN STORIES qui avait été un vrai choc, comparable à celui de WINTER’S BONE, fut peu distribué aux USA et Maltin ne le mentionne pas. Il s’agit pourtant d’une œuvre essentielle, produite par David Gordon Green où Nichols dirige déjà son acteur fétiche qu’il retrouvera dans TAKE SHELTER qui sort en Blu-ray. Voilà ce que j’en disais : « SHOTGUN STORIES, premier film de Jeff Nichols est une manière de chef d’œuvre qui autopsie comment des personnages introvertis, repliés sur eux-mêmes, inarticulés, vont sombrer peu à peu dans la violence, ce qui n’est absolument pas dans leurs intentions. Une volonté maladroite, véhémente, de dire la vérité, une vérité, lors d’un enterrement, qui va provoquer un conflit qui va peu à peu dégénérer. L’atmosphère sudiste, le manque de manières, d’éducation sont évoqués sans ostentation, sans paternalisme, sans mépris absolument formidable. Précipitez-vous aussi sur TAKE SHELTER qui fut couronné par la SACD. »
Pour oublier les prises de positions gâteuses, débiles de Clint Eastwood (moins sa défense de Romney que ses attaques contre Obama et dieu sait qu’on peut lui reprocher de choses, notamment sa timidité vis à vis des firmes et des banques qui ont causé la crise et dont les membres figurent dans son cabinet), j’ai revu LES LETTRES D’IWO JIMA, MÉMOIRES DE NOS PÈRES et UN MONDE PARFAIT. Trois films exceptionnels, enthousiasmants. La séquence dans la famille noire d’UN MONDE PARFAIT est pratiquement inégalée. La dernière séquence d’IWO JIMA vous cloue sous votre fauteuil et MÉMOIRES DE NOS PÈRES loin d’être ce pensum humaniste que dénonce Thoret, me paraît un film capital sur la mémoire, l’imagerie fictionnelle qui naît de la guerre, à la manipulation de l’héroïsme. Encore un film sur la décence ordinaire.
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Commentaires (183)
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Mafioso, vu hier ( vieux motard que jamais, comme aurait dit Sordi dans Il Vigile…)
Eh ben… sous le choc encore je suis. Quel film, qui montre le poids de toute une culture: Sordi ne peut rien faire d’autre que subir ce que toute une population, une organisation pyramidale a préparé pour lui… Kafka sous le soleil de Sicile « gaie et insouciante »… Drôle de guide touristique, où on sent bien la patte griffue de Marco Ferreri. Curieux revirement de l’épouse blonde ; le film pourrait être un mélo sur la jeune femme qui ne s’adaptera jamais, mais elle est digérée par l’environnement et c’est elle qui pousse Sordi à une innocente partie de chasse ( il devra, aussi ahuri que le spectateur pantois, flinguer un drôle de gibier dans un barbershop New-Yorkais… spoiler, mais je n’en dis pas plus que la jaquette du DVD). Le genre de scenario diabolique qui oblige à repenser à tous les éléments anodins qui, d’un coup font sens… Le film s’ouvre et se ferme sur Sordi, parfait col blanc dans une usine automobile, que tout le monde – et surtout le directeur américain, originaire de Sicile – loue pour sa précision. Et il en est de même dans son village Sicilien… tout le monde, sauf lui, connaît déjà son emploi et il n’a plus qu’à subir ce destin. Et une autre boucle ironique : de retour il rendra le stylo emporté par mégarde au comptable qui le remercie : « Si tout le monde était comme vous, on vivrait mieux! Bravo, bon travail! ». Indéchiffrable mimique de Sordi….
à D Fargeat: d’accord à 100% c’est un chef d’oeuvre (découvert grâce à Bertrand, qui a poussé un éditeur à le prendre) et Sordi est un génie.
De Jiri Menzel j’ai acheté le coffret édité par malavida. Lors d’une première vision, je dois vous avouer être passé à côté de UN ÉTÉ CAPRICIEUX dont vous parliez ici. Je reconnais une certaine poésie, mais la mise en scène et certains dialogues ou assertions (du roman dont est tiré le scénario) allourdissent parfois l’ensemble. Menzel est pourtant très doué pour brosser des portraits assez attachants avec ses personnages (on le voit aussi dans ses films comme MON CHER PETIT VILLAGE ou ALOUETTES, LE FIL À LA PATTE).
Par contre j’ai vraiment aimé UNE BLONDE EMOUSTILLANTE. La mise en scène y est admirable, la poésie et une pointe d’érotisme donnent au film de bons moments dont certains proches du surréalisme : je vous le conseille vivement, selon moi un de ses meilleurs films avec le merveilleux TRAINS ÉTROITEMENT SURVEILLÉS.
Alexander Payne, une fois qu’on a mis le nez dedans (et j’ai mis un certain temps), on ne décroche pas. Il est irritant que Payne soit résumé par certains comme un parangon de cinéma US indépendant entendu et systématique, alors qu’il en est un des représentants les plus classieux. Je fais mon saumon avec Alexander Payne:je remonte le courant. J’ai commencé il y a un an par l’excellent NEBRASKA, vu en salle, puis j’ai enchainé sur dvd avec THE DESCENDANTS, tout aussi bon. Et j’en étais là jusqu’à ce que je découvre hier L’ARRIVISTE, plus maladroit mais follement prometteur (il date de 1999). Il y a chez Payne une manière d’empathie dans le cynisme, une tendresse cinglante, une amertume suave exemptes de misanthropie, de positionnement hautain, même dans la satire comme dans cet ARRIVISTE, qui nous parle plus de notre époque que de l’Amérique, apparentant Payne à un moraliste du 18ème. Son cinéma ne semble pas être menacé par l’assèchement moral comme pourrait l’être celui de Todd Solondz, dont j’ai suivi les débuts avec beaucoup d’intérêt (j’avais trouvé HAPPINESS sacrément gonflé ! ) Vivement le prochain!
A Alexandre Angel
Je trouve que Payne est proche par le regard, sa manière de mélanger l’amertume et l’espoir, la comédie et le dramatique des cinéastes italiens comme Comencini ou Risi
Oui, la fin de L’ARRIVISTE a un côté comme ça…
A Alexandre Angel : Je ne sais pas où vous en êtes de votre remontée du courant, mais quand vous tomberez sur une bouteille de Cheval Blanc 61, faites-moi signe. SIDEWAYS reste mon film préféré chez Payne. Un opus très touchant, simple comme un bon cru dégusté en bonne compagnie. Ah la scène où Giamatti se fait courser par le gros et grand gus à poil, c’est quand-même un grand moment ! Ou encore celle où le même Giamatti vide le crachoir dans don gosier lors d’une dégustation bobo… ou bien encore celle où il discute dans la cuisine avec Maya (merveilleuse Virginia Madsen) et pendant laquelle on sent une histoire d’amour se dessiner finement, au fusain. La force de Payne, c’est d’utiliser toutes ces scènes de comédie comme le moteur de la toile des sentiments, des émotions, qui sous-tendent son récit. En disant cela, je repense à ses autres films, une scène de NEBRASKA, celle où la mère de famille envoie se faire foutre toute sa famille de requins, une autre où elle montre son entrejambe à un ancien amoureux « qui ne sait pas ce qu’il a raté ». Ça se passe dans un cimetière et l’amoureux en question mange les pissenlits par la racine depuis bien longtemps… MONSIEUR SCHMIDT est également profondément touchant. En fait, tous les films de Payne racontent la même histoire : des personnages qui se cherchent, qui font le bilan et avancent tant bien que mal dans la vie. Le cinéaste nous montre leurs victoires sur eux-mêmes, aussi insignifiantes puissent nous paraître celles-ci. Tout est fait dans une incroyable justesse de ton.
A Sullivan
SIDEWAYS est le film (pas vu) qui a attiré l’attention sur le nom de son auteur. Je me souviens bien de la bande-annonce. Bon, il en a pas fait 36000 : le courant sera vite remonté (et la bouteille vite sifflée, soyez à l’affut!). Je m’interroge sur ce qui peut déplaire à ce point chez ce cinéaste aux yeux d’une certaine critique. Doit-il payer pour tous les cinéastes formatés « Sundance » qui promettent plus qu’ils ne donnent? Lui reproche-t-on la justesse de ton que vous pointez, le cinéma US indé supposé être plus ouvertement provocateur, sulfureux? Voire.. Cela peut relever aussi d’une question de goût mais pas au prix d’argument fustigeant le soi-disant mépris de Payne pour les beaufs, la douceur (certes acide) de son point de vue invalidant ce genre d’errances critiques. Il a surtout le grand tort d’être hors-mode.
A Alexandre Angel
Vous avez raison les critiques lancées contre Payne sont détestables et sans fondement. Elles témoignent d’une soumission à la mode qui prone le déjanté, le dérisoire, le refus de ce qu’on appelle « l’humanisme bêlant « , la peur du réalisme qu’on englobe sous l’étiquette méprisante de sociologisme chez ceux qui préfèrent Badiou à Bourdieu
à S et A Angel: oui, il y en a un seul que je n’arrive pas à comprendre c’est THE DESCENDANTS, je ne comprends pas l’enjeu. Tous les films que vous avez cités sont magnifiques et grâce à Bertrand (encore! décidément ça va faire brosse à reluire!) j’ai découvert L ARRIVISTE qui est un chef d’oeuvre: Payne a réussi à livrer une radiographie de deux personnages qui parlent de deux époques avec le prof ex 68 niché dans sa petite vie tranquille qui n’évolue pas mais si confortable, planqué quoi, et la jeune étudiante aux dents longues folle de succès. Le prof est révulsé par l’étudiante qui représente tout contre quoi sa jeunesse a lutté (pour perdre au bout du compte), l’étudiante n’a aucune animosité contre le prof, juste un intérêt pratique, innocente, elle ignore la haine du prof. Pour la société c’est elle qui gagne. Un film brillant qui se déroule comme une valse vive et brève, mais noire très noire malgré le ton de gaieté apparente…
A Martin-Brady
En toute logique, vous devriez finir par être acquis à THE DESCENDANTS. Je ne sais quel est son enjeu mais si je devais être synthétique, je dirais qu’il est une rencontre aussi inédite que bouleversante entre le décor luxuriant de Hawaii et la grisaille dépressive des personnages, avec en fond sonore, un folk hawaïen complètement sidérant. C’est un film gris et bariolé, donc complètement original.
Quant à L’ARRIVISTE, son titre original, ELECTION, est évidemment meilleur puisque qu’il résume la portée politique du film : « election » au sens électoral du terme (être élu par un scrutin )mais aussi au sens fataliste (il y a les élus et les losers, absolument irréconciliables, terrible conclusion du film). Comme métaphore de la « loose » pour Matthew Broderick (très bon), il y a cette trouvaille sensationnelle et absolument inattendue que constitue une piqure de guêpe.
A Sullivan
Pardon pour mon égoïsme : si je tombe sur un Cheval Blanc 61 (j’y connais rien mais je vous fait confiance), bien sûr que je vous fais signe !
A Alexandre Angel : pour ça, visionnez déjà SIDEWAYS, et on en recause !
Très curieux de decouvrir Eureka de Nicolas Roeg dont je suis tres client. Walkabout, Dont look now et Bad Timing sont des films que je revois sans cesse.
Je progresse.. lentement!
A propos des deux films d’Eastwood , Mémoire de nos pères, et Lettres d’Iwo Jima, j’aurais envie de souligner l’intérêt, en DVD , de les voir successivement et de manière rapprochée, tant ce sont des films qui se » répondent » , ce qu’on oublie, je suppose, quand on les voit séparément..
petit retour sur les films de Fleisher. j’ai acheté le blu ray des inconnus pensant que je ne l’avais jamais vu. j’ai donc visionné le film et je me suis rendu compte que j’avais déjà vu le film. j’ai eu la reflexion inverse au sujet de l’étrangleur de boston. hors je me rend compte que je ne l’ai jamais vu. du coup je l’ai acheté.
ceci étant dit je ne regrette pas l’achat des inconnus d’une part parceque la restauration est plus qu’honnête et puis aussi pour la qualité du film. Fleisher était en avance sur son temps. le mélange des genres, l’étude de caractères sociales, le polar, le mélo – on se croirait parfois dans un film de Sirk – en font un film unique en son genre et aujourd’hui un classique à ne pas rater. encore un bon choix de carlotta.
Vous abordez ce que l’on a appelé en Italie la « sexy comédie » qui a donné de sympathiques films comme L’AMOUR A CHEVAL, MA FEMME EST UN VIOLON et de nombre de films dont certains de Dino Risi comme LE SEXE FOU avec Laura Antonelli.
J’aimerai avoir votre avis sur quelques films découverts récemment réalisés par De Sica : MARIAGE A L’ITALIENNE (1964) et HIER AUJOURD’HUI ET DEMAIN (1963) sortis chez Carlotta. Même si l’on prend un petit plaisir à leur vision, ces films ont tout de même pris un sacré coup de vieux. Ce ne sont finalement que des numéros d’acteurs (Mastroianni en tête) et on se console en admirant la plastique de Sophia Loren qui sur-joue dans chacun de ses rôles. Ces films ont déçu les critiques à l’époque parce que De Sica n’était que l’ombre de lui-même dans sa réalisation, mais aujourd’hui il n’en reste pas non plus grand chose à en tirer. Peut-être que parce que justement ces films se situe à la charnière de la comédie à l’italienne classique des années 50 à début 60 où la portée sociale était plus subtile (avec des œuvres marquantes de Dino Risi ou Monicelli pour n’en citer que deux) et de la sexy comédie des années 70, ouvertement plus légère et superficielle. De Sica y est ici lourd, caricatural, sans invention mais à sa décharge il devait être aussi tributaire du producteur Carlo Ponti dont le seul but était de faire de sa femme S. Loren une star. Visionné aussi AUJOURD’HUI, DEMAIN ET APRES-DEMAIN (1965), film à sketch beaucoup plus délirant que le précédent opus mais tout aussi faible côté réalisation (malgré Marco Ferreri à la réalisation du premier sketch et la présence charmante d’actrices comme Catherine Spaack ou Virna Lisi).
A Damien Doussin
dans mariage à l’italienne ce qu’il y a de plus interessant vient de la pièce de de Filippo et du travail de Mastroianni. De Sica a fait des films plus personnels mais celui là est visible. Il payait ses dettes de jeu
Je suis totalement d’accord. Après le magnifique L’ORO DI NAPOLI De Sica a capitulé. Le seul film que j’aime vraiment de la derniere periode est IL BOOM avec Alberto Sordi, sa « Seule contribution intéressante […] à l’esprit grinçant de la « comédie italienne » » (Lourcelles). Des amis me disent du bien de IL GIUDIZIO UNIVERSALE, film a sketches ou Sordi fait un numero très noir en trafiquant de gosses. A redecouvrir, peut-etre. Quant à AUJOURD’HUI, DEMAIN ET APRES-DEMAIN, l’episode de Ferreri, dont il y a aussi une version longue, est magnifique et compte parmi ses chefs-d’œuvres. Les deux autres en revanche sont nuls.
Sans tout de même parler de « chef d’œuvre », le sketch de Ferreri (pas vu la version longue) reste en effet bien supérieur aux autres : voir cet homme obsédé par l’idée de gonfler des ballons de baudruche au maximum, en en délaissant sa maîtresse est une idée hautement surréaliste. Même le suicide de la fin et ses conséquences sur la voiture de Tognazzi est d’un cynisme redoutable… Dommage que la copie noir-et-blanc proposée sur le dvd ne soit pas tout à fait à la hauteur.
Lucio Fulci a toujours été un réalisateur mésestimé une espèce de mercenaires de la série B italienne.Il a touché à tous les genres avec bien sur ces films d’horreur sanguinolent mais également de bons polars violents et cruel digne de Peckinpah.Un petit éditeur vient de sortir en dvd »La guerre des gangs »qui était disponible qu’en vhs.On retrouve Fabio Testi fidèle de Fulci ainsi que Marcel Bozzufi dans le role du »marseillais ».Une réalisation honnète avec des scènes sans pitié et ni remords de conscience.A part la bande originale qui sonne année 70 avec des morceaux disco un peu lourdingue.Je signale au passage toujours chez le meme éditeur la sortie de « la lame infernale »un giallo curieux sur un tueur à moto qui exécute ses victimes avec un hachoir de boucher.C’est de la pure série b des 70’s avec une photographie crade à souhait.Toute les références sont sur le site La gazette du doublage.
Venu de la télévision grace à des séries comme »Banacek »ou »200 dollars plus les frais »Richard Heffron réalise son premier film en 1974. »Newman Law »avec George Peppard est un bon film policier qui nous montre une fois de plus la corruption au sein de la police,la loi du milieu et les réglements de compte.Le scénario et la mise en scène est haletante,le personnage de Vince Newman est un etre solitaire dont le père mourrant est dans une maison de retraite.On lui demande par téléphone de régler 500 dollars sinon son père sera mis à la porte.Par la suite Heffron réalisera la suite de »Mondwest »qui n’est pas si mauvais que ça puis la seconde partie d’un film sur la révolution française(film que je n’ai pas vu).Je connais que la version des lumières de Robert Enrico.
Malcolm X réalisé par Spike Lee n’est pas du tout hagiographique mais un point de vue assez réaliste de la contestation de la communauté noire durant les années 60.Le film vaut également pour la prestation de Denzel Washington qui habite litteralement le personnage de Malcolm jusqu’à la fin.Le contenu du scénario et le message de paix et de non-violence apparait fortement dans les scènes de meeting.Malgré d’autres bons films ,Spike Lee a semble t-il été écarté des studios au profit de Schymalan,Abrahms,et tant d’autres tacherons.
Quand Positif dit du bien d’un film, j’ai encore le réflexe d’aller le voir sur-le-champ, c’est d’ailleurs mon principal défaut en plus d’avoir des kilos en trop.
C’est ainsi que dans le dernier numéro, monsieur Eisenreich n’y allant pas de main morte avec le dernier STAR TREK, rappelle que dans des numéros précédents on avait dit également du bien de SUPER 8, STAR TREK (un autre) et MISSION IMPOSSIBLE 3. Trois films réalisés par un certain JJ Abrahams, qu’on appellera Gigi puisqu’on est entre nous.
Ayant lu ça, je me suis dépêché d’aller acheter les trois films en question, avant même de passer à la boulangerie, c’est dire si je fais une confiance aveugle en ma revue de cinema préférée.
Super 8 est en effet un film dont l’idée de génie est d’avoir emboité l’intrigue des GOONIES à celle de KING KONG… mais ce n’est pas tout, et c’est ce qui fait toute la singularité du film, on a aussi repiqué pas mal de trucs à ALIEN et à LA GUERRE DES MONDES. C’est absolument renversant. Il parait que Gigi n’a pas pu venir tous les jours sur le plateau et que son copain Michael Bay est venu lui donner un gros coup de main.
Je n’ai pas eu le temps de regarder les deux autres films de Gigi, je les ai encore sous blister, alors si ça intéresse quelqu’un je les cède pas cher.
A une époque, une des raisons d’être de Positif était d’entrer en guerre contre ce cinéma merdique et envahissant, mais comme disent les anciens « c’est plus comme avant. »
Un petit message toutefois à Michel Ciment. « Je sais que vous êtes très occupé, mais essayez quand-même de tenir un peu vos gars. » Et si toutefois Monsieur Eisenreich n’en fait qu’à sa tête, ma mère a 86 ans et elle a besoin de quelqu’un pour lui faire le jardin.
A Emile Couzinet
Il y a des défenseurs de son premier Star Trek et la première demi heure de SUPER 8 était intriguante….Après cela se gatait
tout à fait d’accord au sujet de super8 je ne vois pas l’intérêt de refaire ce qu’on voyait durant les 80s malgré la mise en abîme de mise en scène de la première demi heure.
à Emile Couzinet: vous laissez un commentaire ici pour dire que vous avez acheté 3 films, que vous n’en avez vu qu’un et que vous êtes prêt à revendre les deux autres sans les voir? Chacun de vos passages sur ce blog est proprement cosmique! Pour SUPER 8, finalement c’est bien ou pas? Pas compris.
Au fait, c’est Abrams pas Abrahams, amicalement.
Les critiques de l’actualité des films commencent serieusement à décliner chez nos amis de Positif.Est ce que des vulgaires productions étauniènne comme Oblivion ou After earth ont besoin d’etre descendu alors qu’on sait pertinemment qu’on perdra deux heures à s’ennuyer ferme.Puis mettre en couverture le dernier film de Linklater avec Julie Delpy,là ça devient consternant.Heureusement que les dossiers du mois ou les rubriques dvd ou livres nous éclairent un petit peu.
A Rouxel
Pardon ,la trilogie de Linklater est une entreprise unique dont le meilleur est le second volet que je trouve original, marrant, très rohmerien (les deux personnages déambulent, marchent, prennent plein de moyens de locomotion – c’est le seul film ) ma connaissance ou l’on voit des gens utiliser les bateaux bus – et il y a une vraie drolerie. Le dernier est plus inégal mais avec de vrais moments de grace et surtout ces scènes où l’on change constamment d’avis sur les personnages, sur leur mauvaise foi, leur entetement.. Ces disputes où l’on commence par soutenir tel ou tel et où on change d’avis. C’est assez rare. Plus ce long moment où Julie Delpy n’hésite pas à faire toute une longue scène seins à l’air sans qu’il ne rentre rien d’érotique, d’enjoleur
La trilogie de Linklater est une leçon (en tous cas les 2 premiers je n’ai pas encore vu le dernier). Elle a toute ça place sur la couverture de Positif et Before Sunset est carrément un chef-d’oeuvre avec une des plus belles fin de ces 30 dernières années. Quand il réalise ça ou Dazed and Confused Linklater fait vraiment ce qu’il sait le mieux faire: des dialogues infinis, des personnages sympathiques et un minimum d’intrigue. Vous devriez faire un tour à Austin si vous êtes de passage.
Alors qu’Henri Alleg vient de nous quitter,France Télévisions ne rendra meme pas un hommage en diffusant le film de Laurent Heyneman »La question »qui reste avec « La bataille d’Alger » de Portecorvo une vision réaliste sur les tortures durant la guerre d’Algerie.J’ai un profond dégout sur tous les responsables de chaines de tv en France qui décident ce que doivent regarder les téléspectateurs.
Tiré d’un poème de Paul Eluard »un peu de soleil dans l’eau froide »est le 7ème roman de Françoise publié en 1969.Deux ans plus tard Jacques Deray et Jean claude Carrière co-signent l’adaptation et le scénario et nous propose un film émouvant sur l’amour entre deux etres.Gilles est journaliste dans une grande agence à Paris,il a une maitresse et fréquente les endroits à la mode de la capitale.Puis un jour en province ilrencontre Nathalie une femme d’age mur marié avec un homme qui ne s’interesse plus à elle.Il va tomber éperduement amoureux et va s’engouffrer dans un amour fou.Marc Porel incarne Gilles avec son aura et son regard magnétique et son physique resemblant à Alain Delon.Deray avouera plus tard que c’était une erreur d’avoir fait appel à Marc car il était trop jeune pour le role.Nathalie c’est la belle Claudine Auger révélée dans »Operation tonnerre »ou elle campait une james bond girl.Le film est plein d’émotivités grace à l’excellente composition de Michel Legrand surtout la chanson »dis moi »écrite par Françoise Sagan elle meme.Le complément est interessant grace aux témoignages du fils de Françoise ou de l’épouse du réalisateur.On connait de Jacques Deray que la facette des films d’action qu’il a fait avec Belmondo mais pas suffisament son amour du théatre et de la litterature.Ces deux derniers tv-films sont tirés d’oeuvres de Stephen Zweig.
JUPITER’S DARLING DVD WARNER ARCHIVE
Amazon.com n’ offrant pas de commentaire sur la qualité du transfert, je serais heureux de lire des avis autorisés.
Un des plaisirs de la jeunesse est de se persuader aisément
de ce que l’on a envie de croire, pour la littérature, la politique ou le cinéma. J’ avais beaucoup aimé le film, au
Mac Mahon en 60 ou 61, mais je sortais de l’ éblouissement de
THE EDDIE DUCHIN STORY.
Avec « Contre enquete »en 1990,Sydney Lumet clos sa trilogie sur les films pliciers empreint de coruption et de violence.Le point commun de ces trois films c’est que les acteurs ne sont pas des vedettes à part entière mais de solides comédiens(Al Pacino pour « Serpico »Treat Williams pour « Le prince de New York »ou meme Timothy Hutton dans « Contre enquete ».Outre le jeu magistral et l’interprétation forte de Nick Nolte,le film vaut pour sa mise en scène et en abyme du personnage de Mike Brennan qui campe un flic irlandais alcoolique,violent et meme psychopathe dans son comportement avec les prostitués ou les homosexuels.Luiz Guzman dans le role de l’assistant porto-ricain de Brennan incarne unpersonnage ambigue qui est contre la corruption des policiers mais qui ne crache pas sur la proposition de Brennan.Lumet a su tout au long de sa prodigieuse carrière nous offrir une vision personnelle et réaliste de cette pauvre »amérique »malade et rongée par la pègre et les milieux politiques.Il restera à mon avis un grand cinéaste.
Au delà des grilles est un film franco-italien de René Clément que l’on peut classer dans la categorie réalisme poétique mais avec une pointe de néoréalisme italien.Le scénario est signé par Cesare Zavattini homme à tout faire et génie(auteur,scénariste,écrivain,poète,peintre et réalisateur de la verita).L’adaptation et les dialogues sont du duo Aurenche et Bost et nous dépeint une Italie qui sort de la guerre.On sent la misère dans les familles pourtant les enfants gambadent dans les ruelles étroites,il y a une veritable solidarité entre gens pauvres qui n’hésitent pas à mentir à la police.Les scènes de rue avec Jean Gabin rappelle forcement « Pepe le moko »ou »La bandera ».Ida Miranda ainsi que la petite fille complète un casting plein d’émotivité et de sentiments.Je signale au passage que resort en version restaurée »Plein soleil »qui a été présenté à Cannes en mai dernier.Ciné+Cinéma à programmé un documentaire d’Alain Ferrari qui revient sur la carrière de René Clément.Personnellement plusieurs de ses réalisations ont vieillies(Jeux interdits,Mr Ripoix,La bataille du rail et meme « Paris brule t-il malgré un bon casting et une reconstition fidèle).Dans le documentaire on peut retrouver les assistants réalisateurs qui ont participer au film ainsi que Yves Boisset,Gore Vidal ou Francis Coppola.
A Rouxel
Je ne trouve pas que JEUX INTERDITS ou MONSIEUR RIPOIS aient vieilli. Ils ont pris la couleur de leur époque mais restent maintenant classiques.et on ne peut les comparer à PARIS BRULE-T-IL qui est dès le départ un pudding aux ingrédients discutables
Tiens à l’occasion de parler des films de Clément que pensez vous (et par vous je veux dire M.Tavernier ou n’importe qui d’autres) des films de Clément avec des acteurs américains comme Le Passager de la Pluie et « La course du lièvre à travers les champs » tous deux écrits par Japrisot. Peu de réputation ou de critiques dignes de ce nom pour de tels chefs-d’oeuvres non? A tous ceux qui penses que Bronson était mauvais acteur il faut le voir face à Marlène Jobert dans Le Passager et Robert Ryan et Aldo Ray avec Trintignant sont justes énormes dans « La course du lièvre à travers les champs ». Et tous deux ont de sacrées bande originale que je me procurerais bien « on wax ».
tout à fait d’accord, à l’instar du voleur de bicyclette, jeux interdits est un des plus grands tear-jerker de l’histoire du cinéma.
Paris brûle t-il est le pire film gaullien qui soit. quant à la « reconstitution fidèle » mouais…mon oncle qui est encore en vie et qui y était m’a dit par exemple que l’attaque du plateau des Glières a été entrepris auprès de la Wehrmacht par la police nationale et non par la milice comme le clament les historiens. mais c’est toujours mieux de dire que c’était la milice comme ça l’honneur de l’état est sauf. alors « la fidélité des faits » ça me fait bien rire. l’histoire est fabriquée par ceux qui la racontent…
La milice française a été créée par l’Etat français http://fr.wikipedia.org/wiki/Milice_fran%C3%A7aise. Sur la fabrication de l’histoire et de la police nationale, rappelez-vous la censure par l’Etat dans NUIT ET BROUILLARD, en 1956 donc en pleine guerre d’Algérie, de la photo du gendarme français face au camp de Pithiviers http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_et_Brouillard_(film).
la milice française a été créé par le gouvernement de Vichy qui était l’état français sous l’occupation mais depuis renié mais oui c’est vrai soyons précis (soupir)
Un détail qui me gêne dans « Paris brûle-t-il », c’est la représentation de Leclerc. Claude Rich en fait une sorte de dandy altier et précieux. Les images de l’époque me l’avaient plutôt fait imaginer comme un homme discret et modeste. Si quelqu’un peut trancher…
Une réaction suite à la disparition brutale de Sébastien Graal,ancien assistant réalisateur d’Yves Boisset ou de Laurent Heyneman pour le film « La question »produit par Bertrand Tavernier.Je conseille à tous de revoir « Les milles »son premier film avec un Jean pierre Marielle imperial,Philippe Noiret ainsi que du toulousain Ticky Holgado.Le film avait été descendu par la fameuse critique parisienne branchouille de Télérama à Première en passant par Les Inrockuptibles!!!Pourtant le film n’est pas du tout démonstratif dans la forme et le scénario est d’une facture honnète.
Amis cinéphiles dispensez-vous de l’achat de THE LAST RUN édition Warner. En effet, il s’agit de la copie pan and scan habituellement diffusée à la TV sur laquelle on a appliqué des bandes noires pour donner l’illusion d’un format cinéma. Horrible.
Mieux vaut se procurer la VHS qu’on trouve encore sur internet.
Ou alors guetter sa rediff sur le câble pour les abonnés : je l’ai gravé sut TCM (ou Ciné+Classics) récemment et la copie m’a semblé ultra-respectable (définition + format).
Rouxel, je possède l’édition zone 2 dont vous parlez. Le film est bien dans son format original (2.35:1), mais le hic, c’est que Warner France le présente en format non-anamorphosé, donc forcément il y a en plus des bandes noires en haut et en bas, des bandes noires à gauche et à droite. Là, je suis d’accord c’est scandaleux et c’est d’ailleurs le cas sur d’autres titres de la collection. Autre regret : que la copie présentée n’ait pas été restaurée, du coup on ne peut pas goûter à la photo du chef op de Bergman, Sven Nyqvist. Je me suis en revanche régalé de la musique de Goldsmith et les bons films ont ceci de magique c’est que même dans des conditions telles que celles-ci, ils restent des bons films (c’est un peu comme avec des enregistrements mono d’avant-guerre sur lesquels on entend encore la vitesse de défilement du 78 tours, mais dont la magie nous emporte, quand c’est un grand chef d’orchestre ou un grand pianiste qui surgissent du passé…)
Je pense qu’en revanche, l’édition éditée en zone 1 dans la « Archive Collection » est anamorphique, donc exit les bandes noires à gauche et à droite. Et si on se réfère à certains commentaires de cinéphiles U.S. la copie est à priori magnifique (donc sans-doute restaurée, en tout cas pas la même que celle proposée par Warner France) mais sans sous-titres.
Pardon, je réagissais au post de Manux, pas Rouxel.
Je viens de découvrir avec une grande admiration »De corps et de coeur »de Paul Vechialli qui est dédié à Jean Grémillon.Quand un employé garagiste rencontre et tombe amoureux d’une pharmacienne,c’est le choc des classes sociales et l’incompréhension dans l’entourage de Pierrot(éclatant Nicolas Sylberg,homme de théatre)puis d’Hélène Surgère.Il y a une veritable sensibilité dans le raprochement des corps et une certaine sensualité qui se dégage de ce film.Sur un fond social et ancré dans les années 70,Vechialli décrypte les préjujés et les faux-semblants des etres pris dans leurs élans amoureux.
CORPS A COEUR plus exactement…
Effectivement mon cher Mark.Dans la précipation on a quelques défaillances.
Manifestement Claude Autan-Larra avait un style particulier,n’en déplaise à Jacques Lourcelles.Malgré ses aigreurs,ses rancoeurs voire son amertume sur le temps passé il a prouvé avec sa meilleure oeuvre »La traversée de Paris »qui est un film sur l’égoisme collectif en temps de guerre.Treize ans plus tard il réalise « Les patates »sur des dialogues de Jean Aurenche et des décors de Max Douy.C’est une comédie dramatique ou l’on retrouve la bouille ronde et les yeux plein de malice de Pierre Perret.Il interprète Clovis un ouvrier marié et père de deux enfants.Son père est joué par un second couteau du cinéma:Henri Virlojeux(toute en justesse et en retenue mais avec un coté tendre dans les relations père et fils).Il y a un fond d’égoisme dans l’histoire de cet homme qui veut sauver sa famille de la famine.Quelques scènes sont amusantes notamment celle ou il croise deux gendarmes qui urinent dans un fossé.Bertrant Tavernier déclarait dans Positif en 1974 qu’Autan-Larra faisait des films dont les scénarios étaient d’un grand modernisme,malheureusement il se perdait dans la mise en scène et le montage photo.Entièrement d’accord mais que penser de films comme »Douce »ou « L’auberge rouge »?Pour paraphraser Autan-Larra lui meme,il écrivit dans ses mémoires en 1987(Dans les oeuvres il ne restera que des films avec une pointe de venin).A méditer peut etre!!!
A Rouxel
Mes propos ne devaient pas être aussi définitifs. Lara dont beaucoup de films sont excellents (de DOUCE aux PATATES en passant par le NOUVEAU JOURNAL D’UNE FEMME EN BLANC et de EN CAS DE MALHEUR), devait beaucoup à ses scénaristes même s’il imposait un ton à lui. Les films écrits par Aurenche Bost son t parmi les meilleurs même si plusieurs sont ratés de l’avis d’Aurenche, de Bost ((LE ROUGE ET LE NOIR, LE FRANCISCAIN de BOURGES, TU NE TUERAS POINT) et de Lara (LES RÉGATES DE SAN FRANCISCO, un désastre). Les films écrits par d’autres scénaristes sont tous très inférieurs du BON DIEU SANS CONFESSION au COMTE DE MONTE CRISTO sans oublier le ratage de MARGUERITE DE LA NUIT. C’est vrai que Lara n’est pas une réalisateur qui semble stimuler ses chefs operateurs. A l’exception des films avec Odette Joyeux bien éclairés par Agostini, amoureux de la vedette, pour le reste il content d’une image claire, précise. Natteau son chef opérateur était tout à fait moyen très loin des Thirard, Matras, Alekan, Burel. Et en couleur c’est pire. Cela ne fait pas de lui un mauvais cinéaste mais cela révèle des limites qu’il compense par un gout assez sur des accessoires surtout là encore dans les films des années 40 (OCCUPE TOI D’AMELIE). Et devenant co producteur, il a tendance à bacler pour ne pas dépasser (LE FRANCISCAIN). LES PATATES en revanche cela tient super bien le coup et je compte revenir sur ce film remarquable
La présence de John Schlesinger en cours de blog me fait penser que j’ai revu récemment LE JOUR DU FLEAU édité chez Paramount. C’est un film brillant, talentueux et assez fort qui s’est bonifié depuis ma première vision datant seulement d’il y a quelques années. Il avait, semble -t-il, essuyé des sifflets lors de sa projection cannoise de 74 ou 75. Il est vrai que l’œuvre ne cherche pas à être aimable. Si elle est citée (et illustrée) par Jean-Baptiste Thoret dans son ouvrage sur le cinéma américain des années 70, elle résonne plus avec certaines productions gonflées et dérangeantes de l’époque, telles LE TRIO INFERNAL, de Francis Girod ou L’OEUF DU SERPENT, de Bergman (je cite comme ça me vient), qu’avec l’esprit contestataire purement américain. Si l’impressionnent final m’avait gêné dans son deuxième segment que je trouvais « too much » et boursouflé, cette réserve s’apaise à la seconde vision, le film étant traversé çà et là de picturalisme à la Hopper et le personnage-témoin, que joue William Atherton, étant lui-même décorateur de cinéma, se montrant souvent en train de de dessiner, de croquer ou d’esquisser. Cette fin, assez scotchante, est aussi l’expression ultime du baroquisme de Schlesinger. Pour autant, le film n’échappe pas à certaines scories et par moment, le scénario de William Goldman (qui récidive l’année suivante avec MARATHON MAN) semble piétiner. Mais c’est original et imprévisible. Les comédiens, emmenés par Karen Black, Donald Sutherland et Burgess Meredith, nous mettent à la fête. La musique de John Barry est brillantissime, et dans le romanesque (le thème sentimental est évocateur et poignant), et dans l’effroi (le thème anxiogène reproduit le bourdonnement des locustes annoncées par le titre anglais). Il y a en outre la plus belle séquence-catastrophe d’une époque qui en comptait beaucoup : le stupéfiant effondrement d’un décor de cinéma engloutissant des dizaines de figurants en costumes napoléoniens.
LE JOUR DU FLEAU vient rappeler que Schlesinger avait un talent qui s’est malheureusement dilapidé et éventé en fin de carrière (FENETRE SUR PACIFIQUE, bof).
To Alexandre Angel: The author of the screenplay of DAY OF THE LOCUST is Schlesinger’s MIDNIGHT COWBOY collaborator Waldo Salt and not William Goldman. Salt’s script does indeed, as you say, tread water at times. For me, the best elements of the film are the production design of that great Losey associate Richard Macdonald and the acting of Donald Sutherland (that scene in which Homer Simpson sits in his backyard, chair turned away from his magnificent view of LA, listening to the oranges drop one at a time off a tree, as his life literally plops away is most true to the spirit of the novel), Burgess Meredith, Jackie Earle Haley, and Billy Barty (probably the best part he ever had).I think the film is damaged by the casting of Karen Black as Faye Greener. No reflection on Ms. Black, but I think that Sally Struthers, who was also up for the part but was prevented from taking it by her then employers on ALL IN THE FAMILY, was much closer to the Faye of the novel (Shirley Temple just barely grown up and run somewhat to seed). In addition to Barty (the leering baby of Busby Berkeley’s « Pettin’ in the Park » number in GOLDDIGGERS OF 1933), the supporting cast also includes Mercury Theatre alumnus Paul Stewart, Lelia Goldoni (Cassavetes’s SHADOWS), the director William Castle as a director, Madge Kennedy (silent film star turned ’50s character actress), and Dick Powell, Jr (as his dad). The best films of the last part of Schlesinger’s career, AN ENGLISHMAN ABROAD and COLD COMFORT FARM, were both made for British television with strong scripts by Alan Bennett and Malcolm Bradbury, respectively.
To Michael Rawls
Forgive me for the mistake (and my weird english) and thank you for the new elements you bring.
@ Alexandre Angel :
j’ai découvert le jour du fléau il y a deux ans et ce fut une déception….
Il faut tout de même préciser que le personnage joué par Donald Sutherland s’appelle….Homer Simpson !!! ( on trouve aussi un Danny Boon dans « billy liar » en 1963).
Ne pas oublier que Schlesinger réalisa « marathon man » juste après ce film et qu’en 1985 sortit « the falcon and the snowman » (le jour du faucon), superbe film avec Sean Penn dans son premier grand rôle.
Ce qui est d’autant plus drôle dans BILLY LIAR, dont le rôle titre est tenu par l’immense Tom Courtenay, c’est que le Danny Boon en question est un comique que le personnage de Billy idolâtre… (Le film fait partie du coffret Schlesinger chez Tamasa Diffusion)
Ce Dany Boon-là est-il vraiment comique, contrairement à celui que nous connaissons en France ?
A MinettePascal
Je laisse cela à votre apréciation. Mais regardez-donc le film, il se trouve que c’est le meilleur du coffret Schlesinger, un vrai petit bijou d’intelligence, de mise-en-scène et de jeu (Tom Courtenay, parfait « jeune homme en colère » y est aussi bon que dans LA SOLITUDE DU COUREUR DE FOND sorti un an plus tôt). BILLY LE MENTEUR est un très beau spécimen du Free Cinema, qui a très bien vieilli.
Mais oui :Homer Simpson, j’ai même pas réalisé !!
Wild side édite aussi COLORADO qui tient le haut du panier d’entre les westerns italiens non Léoniens. Lequel Leone avoua d’ailleurs détester le film après en avoir suggéré le titre original au producteur Alberto Grimaldi.
Lee Van Cleef est un chasseur de primes chargé par un propriétaire terrien de retrouver un péon mexicain accusé d’être un pédo-criminel. Le dit péon est un compagnon de la révolution Juariste en lutte pour libérer les péons de l’oppression dans laquelle les propriétaires terriens les maintiennent. Le film est une longue traque au cours de laquelle le chasseur de prime apprend à connaitre le fugitif est découvrir progressivement qu’il est innocent, le coupable étant le gendre de son commanditaire. Un sujet qui nous rappelle LES PROFESSIONNELS de Richard Brooks, distribué la même année. Tous les gimmicks du western italiens sont au rendez-vous, Lee Van Cleef y joue la figure habituelle du genre mais Tomas Millian est excellent dans un personnage d’aventurier clochard qu’il reprendra dans la suite aussi réussie SALUDOS HOMBRE.
Je recommande la lecture d’un ouvrage intitulé PROPAGANDES SILENCIEUSES d’Ignacio Ramonet où l’auteur consacre un chapitre au western italien. Il y analyse le contenu politique des meilleurs fleurons du genre, considère COLORADO comme un des meilleurs, en précisant que le mot veut dire Rouge en espagnol.
rouge en espagnol c’est rojo..
Se puso Colorado : Le rouge lui monta aux joues.
à Manux: C’est la fameuse « Rivière Rouge » du film de Hawks à l’origine, l’état a été nommé d’après la rivière, « colorado » signifie strictement « coloré » mais par curiosité, j’ai cherché sur le net et ai toujours trouvé, par exemple ici:
http://www.tshaonline.org/handbook/online/articles/rnc10
« colorado » pour « rouge »:
« The name Colorado, Spanish for « red, » is evidently a misnomer, for the water of the stream is clear and always has been, according to the earliest records of historians. « , de plus l’eau n’y était ni colorée ni rouge, mais claire!
Ramonet veut appuyer le fait que le personnage de Van Cleef est un progressiste, donc « rouge » mouais.
En tout cas, les cinéphiles trouveront à redire à l’analyse de Ramonet sur le problème indien vu par Hollywood, il mélange tout! Quant à « l’homosexualité historique de Billy the kid révélée » par le film de Penn, il raconte n’importe quoi, Penn ne suggère rien du tout là-dessus sous prétexte de montrer trois copains qui aiment bien déconner ensemble (en plus, son film est délirant, donc ignore volontairement tout réalisme, c’est une illustration fictionnelle géniale pas un film historique!), je crois avoir lu ça ailleurs mais pas d’accord… et sur le plan historique que Penn aurait « révélé », si Billy avait été homo, ça serait resté dans les limbes à cette époque, en tout cas j’ai jamais rien vu à ce sujet-là.
Ramonet cite aussi Hawks comme un grand repenti qui a réhabilité les Indiens après la FLECHE BRISEE (1950) alors qu’ils s’est toujours soucié des Indiens comme de l’an 40, ils n’ont toujours étés que des silhouettes chez lui ou pas du tout représentés ou personnages comiques (RED RIVER), RIO LOBO inclus. J’oublie BIG SKY mais HH était amoureux de Elizabeth « Coyote » Threatt, c’était une exception!
A part ça, le propos général de Ramonet est fondé tant qu’il ne rentre pas dans les détails factuels, la part de propagande du cinéma américain est connue, la limite entre la visée inconsciente des cinéastes et l’organisation consciente de la propagande (collaboration entre Hollywood et la CIA?) est difficile à cerner, j’avais vu un doc intéressant sur Arte sur Hollywood et son illustration de la guerre.
ces joues se sont colorées. attention aux expressions idiomatiques
AMES PERDUES est un psychodrame lagunaire aussi sombre et étrange que le sera FANTOME D’AMOUR quelques années plus tard. Venise est filmée comme dans cauchemar où Deneuve, claustrée dans sa folie, incarne un personnage assez proche de celui qu’elle jouait dans REPULSION. Gassman dans un double rôle est absolument prodigieux.
Je crois que le film n’est jamais sorti en France du fait que Deneuve n’ait pas voulu assurer le doublage en français. Risi a raconté qu’après le tournage elle lui avait envoyé une lettre pleine d’insultes sans qu’il ne comprenne pourquoi.
A Sullivan.Je reconnais humblement que son role dans « Magnolia »est fort et à contre emploi des faire-valoir de héros positif et bondissant malgré le fait qu’il n’est pas doublés pour les cascades périlleuses.Puis j’ai oublié « Rock forever »ou il interprète un chanteur de rock fm body-buildé ou « Tonnerre sous les tropiques »une comédie loufoque réalisé par son pote Ben Stiller.Quand à »La guerre des mondes »c’est un remake de facture honnète mais il y a un manque de profondeur des personnages puis »les machines hollywodiènes commencent à prendre l’eau.La preuve avec l’échec commercial et scénaristique d »Oblivion »sortie récemment.
« Les machines hollywoodiennes commencent à prendre l’eau » –> une généralité qui ne veut rien dire. Il y a régulièrement une grande machine hollywoodienne qui peut être considérée comme grande réussite. Je pense à STAR TREK INTO DARKNESS, ou le très injustement mésestimé JOHN CARTER… et contrairement à vous je trouve LA GUERRE DES MONDES excellent et plus réussi que le film de Byron Haskin que j’aime pourtant beaucoup. La seule chose que je reprochais au remake de Spielberg c’est sa résolution emballée en quelques minutes, mais à la revoyure, j’ai compris que c’était là un hommage aux séries B de l’époque qui ne s’attardaient pas et dont les fins tombaient comme des couperets. La voix-off de Morgan Freeman confirme ce côté délicieusement suranné.
Il est vrai que la fin un peu bâclée de La guerre des mondes tranchait avec l’inventivité formelle et dramatique du reste du métrage et il me semble curieux de lui préférer le Byron Haskin qui est un tout petit objet charmant mais suranné caractéristique de la SF des 50′-60′.
D’accord avec vous pour rétorquer qu’au milieu des bêtises abyssales à gros budget sortent des films qui tiennent la route:contrairement à d’autres habitués du blog, je trouve que Inception est un fort beau film (a contrario du dernier Batman du même Nolan…il est vrai que les chats des vidéo jouent mieux l’agonie que M Cotillard par ailleurs excellente dans De rouille et d’os: chacun a ses mauvais jours!!!)et Del Toro, Jackson,Spielberg, Cameron, Cuaron, Fincher ou Nolan parviennent à faire oeuvre personnelle ds un budget pharaonique et ds un système pour le moins contraignant.Je leur préfère sûrement Tarr, Malick,Sokourov et bien d’autres mais il y a assez de place dans mon amour du cinéma pour tous!!!
A Ballantrae
Je n’ai jamais dit préférer le Haskin, le Sielberg est bien supérieur, mais ceci étant dit c’est plus qu’un tout petit objet charmant… Replaçons-nous dans le contexte des années 50 : il a fait partie des films de SF marquants de la décennie. Et Haskin mérite qu’on s’intéresse à lui, notamment pour DE LA TERRE À LA LUNE ou THE NAKED JUNGLE.
Si je vous suis pour défendre bien des films de Del Toro (j’attends impatiemment son PACIFIC RIM), Jackson, Spielberg ou Cameron, je ne suis pas tout-à-fait d’accord pour Nolan que je trouve d’une prétention sans bornes. MEMENTO, INSOMNIA, LE PRESTIGE et ses deux premiers BATMAN m’avaient plu. Le troisième, c’est plus possible. Même chose pour INCEPTION. Sur ce titre, je vous invite à lire cette chronique de J.B. Thoret « L’arnaque Inception » qui développe très bien ce que j’avais ressenti en salles. Il se posait au travers de cet article en bon contradicteur d’une bonne majorité de critiques :
http://jbthoret.blogs.nouvelobs.com/
Comprenez bien que je ne veux pas generaliser concernant les grosses « productions »étatuniènne made in hollywood.J’ai vu ces jours ci « World war Z »qui est une bonne adaptation du livre de Max Brooks malgré quelques reserves sur le contenu politique.En effet dans le roman une des actions se déroulent en Chine alors dans le film de Foster on est en israel et « les zékés »grimpent le long de ce mur.Evidemment on peut faire un parallèle entre l’état d’Israel et la bande de Gaza ou survive la population palestiènne.Brad Pitt en tant quecoproducteur du film à le beau role frondeur et capable d’aller jusqu’au bout.
Oui, pas mal du tout WORLD WAR Z ! Pas trop d’hémoglobine afin de toucher un plus large public, mais ça marche très bien sans sang (!). Rythme soutenu pendant les 3/4 du film. Dommage que la fin s’essoufle un peu. Pitt est très bien. Et le fait que la prod ait fait appel à des dizaines de milliers de figurants change toute la donne. Il faut remonter loin pour retrouver de vrais individus dans le cadre à Hollywood. La différence d’impact avec des personnages en image de synthèse est sans appel.
Et par ailleurs c’est un film de zombie sans scène sanglante, sans véritable peur,sans point de vue iconoclaste permettant une lecture critique de la société contrairement à Romero ou + récemment Fresnadillo ( 28 semaines plus tard)!
Les enfants pourront le voir même non accompagnés.
Dommage il y avait un gros potentiel!!!
Si Romero s’attaquait à la société de consommation avec ZOMBIE (les scènes sanglantes pendant lesquelles les zombies bouffent les humains, notamment au sein du centre commercial étant limpides), je ne pense pas que l’intérêt du genre depuis 40 ans ait uniquement été d’établir une critique sociale, sociétale, même si ça a souvent, et tant mieux, été le cas. Ce genre est également à prendre pour ce qu’il est : un bon cinéma de divertissement.
Et WORLD WAR Z est finalement assez iconoclaste, justement par ce fait assez unique dans l’histoire du genre : aucune scène d’hémoglobine, même en combat rapproché. Tout est suggéré. Un peu d’air frais donc. Et les déplacements de zombies en groupe n’ont pas souvent été aussi impressionnants de brutalité, de puissance.
Au crédit du film, le début du phénomène en milieu urbain, l’épisode israelien (avec les effets inattendus d’une concorde chorale israelo-palestinienne!!!!) et la scène de l’avion.Gros potentiel à l’évidence mais scénario un peu cousu de fil blanc, surutilisation du numérique ( l’hyperbole zombiesque tue son potentiel terrifiant ou son côté dérangeant…les zombies manquent ici de chair(putréfiée)).
Par ailleurs, je ne nie pas l’importance logistique du projet mais la pertinence et parfois la lisibilité de la mise en scène.
Enfin, M Forster assez petit cinéaste lorgne du côté de Contagion de Soderbergh qui déjà n’était pas une grande réussite malgré son gros potentiel.
Le générique de début était pourtant sacrément prometteur…
Un petit film à gros budget de plus…et non une oeuvre personnelle à ranger aux côtés des réussites susdites.
A Ballantrae.
Je pense que c’est un peu l’inverse : Soderbergh et son scénariste se sont inspirés du livre de Max Brooks. Dommage en revanche que Forster et sa ribambelle de scénaristes n’aient pas exploité plus que cela ce superbe ouvrage.
Mais au fond, tous ces gens ont puisé leur inspiration chez les grands anciens : le regretté Richard Matheson pour I AM LEGEND et jack Finney pour THE BODY SNATCHERS.
d’accord avec vous et ballantrae sur la guerre des mondes de spielberg. si on commence à critiquer ses meilleurs films où va t-on!
Après avoir relu pour la ènième fois « le droit à la paresse »,je décidais de revoir « Alexandre le bienheureux » réalisé par Yves Robert.Philippe Noiret y campe un personnage anti-conformiste voire anarchiste en arretant tout simplement de s’occuper de l’exploitation agricole.Plusieurs scènes sont amusantes et tendres notamment le système de poulies mis en place par l’accessoiriste qui permet à Alexandre de descendre une bouteille de vin,un saucisson ou des oignons.Puis il y a le chien qui accomplit des prouesses en allant faire les courses chez l’épicière(formidable Tsilla Chelton)ou chez le boucher.Le bonus est croustillant d’anecdotes sur le tournage du film qui eu lieu en 1967 dans un petit village de la Beauce.On retrouve un Jean Carmet goguenard et farceur,Pierre Richard s’en donne à coeur joie et dessine déjà son personnage du grand blond puis il y a la savoureuse Marlène Jobert,piquante de beauté et sensuelle dans la scène près de la rivière.Ajoutons Paul Le person,comédien breton souvent engagé dans des roles de paysan ou de rustre et meme Jean Saudray qui déclame une réplique « marxiste »sur le monde du travail.Je terminerais en évoquant Claude Brosset immense acteur dont j’ai eu la chance de rencontrer à Carcassonne ou il tenait un restaurant.Il me confia qu’un jour il croisa Philippe Noiret arrivant de Paris et venant voir ses chevaux dans son antre de Montréal.A cette époque une entreprise de la région était en grève afin de conserver leurs emplois.Philippe Noiret qui était d’une grande humilité et d’un grand humanisme donna une somme afin de soutenir la CGT et resta un moment ses hommes et ses femmes qui se battaient pour rester vivre au pays.
Vous demandez, M. Tavernier, qu’est-ce qui a pu pousser Howard Hugues à acheter La femme au revolver, film banal et sans grand intérêt? Il ne faut pas aller chercher plus loin que Mrs Russell et sa belle poitrine (super scène dans Aviator). On fait tous une obsession un peu idiote sur une actrice (ou acteur selon son sexe ou ses préférences). Moi par exemple je suis fasciné par Angie Dickinson et ses jambes de malade dans Rio Bravo, China Gate, etc… Sauf que Hugues contrairement au commun des mortels était un millionnaire cédant facilement à ses lubies et paf! il peut se permettre d’acheter La femme au revolver et le garder pour lui tout seul. Comme ça il peut se le mater bien tranquillement dans son ciné entre deux lavages de main. Puis il achètera le contrat de madame.
Une copie du film aurait suffit Howard espèce de pervers…
To Bertrand Tavernier: Ac-tu-a-lly (as Lindsay Anderson used to say), we don’t much part company over the Quincy Jones score for MIRAGE. A recent nth viewing of the film, courtesy of the American cable channel RETROPLEX, revised my opinion of Mr. Jones’s score downwards. While most of
the music is pretty good, the MIRAGE love theme has a quality of such crushing banality that I’m surprised that it wasn’t ex post facto lyricized into a sentimental top ten charter (a la STRANGERS IN THE NIGHT). Something like « Our love was only a mirage/What can I say now? C’est dommage ». And I also agree about the perfunctoriness of the shooting of the ending. This can’t be the hand of Peter Stone, who came up with the wonderful subtle surprise 3 second climax of THE TAKING OF PELHAM 1-2-3. Or of Dmytryk. More likely the studio (« Wrap it up by 5:30, guys ».) As for L’AMOUR A CHEVAL: I’m delighted that I may finally see one of the supreme Italian sex comedies freed of the diabolical English dubbing (the same , only slightly altered voice. probably Paul Frees, coming from both the youngish Trintignant and that other, well into middle age horsey of Great Catherine) that I’ve been subjected to through 35mm, VHS, and DVD versions here in ‘Murca. The Italian or French soundtracks have to be better. And speaking of scores, Armando Trovajoli’s music for L’AMOUR…/LA MATRIARCA/THE LIBERTINE is about as emblematic of the high spirits of the sixties as you are going to get. Mr. Trovajoli composed over 300 film scores (for Risi,Scola, De Sica, among others)and played piano with Miles Davis, Louis Armstrong, and Duke Ellington before his death at 95 in March of this year. Trovajoli had the idea of doing infinite arrangements (in LA MATRIARCA)of the same theme over and over and over four years before John Williams did so (admittedly brilliantly) in THE LONG GOODBYE. « And it happens everyday, where some passerby, invites your eye, to come her way. »
Bonjour,
Merci pour cette réhabilitation de « Mirage ». Je n’étais pas d’accord avec votre commentaire dans « 50 ans de cinema américain » (c’était l’une des rares fois !).
Je vous rejoins concernant votre analyse des films d’Alexander Payne qui sont d’une très grande finesse.
Je suis moins d’accord concernant les films de Eastwood (« lettres Iwo Jima » mis à part). Je ne suis pas fan du personnage d’Eastwood : le livre de Patrick McGilligan est assez éclairant, je trouve, et à sa lecture, on se met à voir sa filmographie sous un tout autre jour… C’est assez étonnant de voir combien ses personnages principaux (qu’il incarne souvent) ne changent jamais de point de vue et n’avouent jamais leur erreur ou s’être trompés. Ses personnages refusent souvent d’adopter un autre point de vue. Le personnage, comme aveuglé, est souvent le même au départ et à l’arrivée du film. C’est comme un déni de la réalité. Cela peut rejoindre une vision républicaine niant à l’état fédéral l’application aux 50 états des mesures sociales (type « Obama care »). Bref chaque état fait ce qu’il veut dans son coin et les individus se prennent en charge tout seul…
De plus, j’ai noté que certains des derniers films Eastwood ont des fins à rallonge à croire qu’il ne sait pas choisir la fin ou qu’il n’ose pas choisir, comme pour ne pas déplaire (« l’échange », « Mystic River », « million dollar baby », « jugé coupable », etc.).
Sinon, je garde une grande affection pour « Minuit dans le jardin du bien et du mal » ou « la route de Madison » qui sont très atypiques dans sa filmo.
Quant à Fleisher, c’est un très grand auteur traversé semble t’il par une thématique unique. En effet, tous ses films tendent à définir une frontière : là où s’arrête la civilisation et où commence l’absence d’humanité (ou la barbarie). C’est flagrant (de « l’étrangleur de boston » à « Child of divorce », de « 20 000 lieues sous les mers » à « soleil vert », de « Madingo » à « the girl on the velvet swing »). Merci encore de nous faire découvrir sans cesse ce réalisateur aussi discret qu’efficace.
Dans « Impitoyable », le personnage d’Eastwood arrive quand même à remettre en question ce qu’il a été et reconnaît des erreurs. C’est dans les scènes de bivouac, celles que je préfère, d’ailleurs.
A Minette Pascal
C’est vrai de beaucoup d’autres films à commencer par Josey Wales jusqu’à MILLION DOLLAR BABY. Parfois son personnage est bousculé par une femme (tous les roles tenus par Sondra Locke). Dans GRAN TORINO, le schéma sera même trop visible, trop prévisible
Dans les films de Ford et de Huston, les personnages sont autrement plus victimes de leurs certitudes (John Ford) ou de leurs illusions (John Huston : « Faucon maltais », « Reflets dans un oeil d’or », « Moby dick » ou « Freud »). 2 cinéastes que l’on compare à Eastwood, un peu vite à mon sens.
Même une autre icône républicaine comme John Wayne est davantage bousculé (« la prisonnière du désert », liberty valence », « rivière rouge » ou « true grit ») notamment par les femmes et ce, de manière claire et nette.
A Joe E Brown
Dans de nombreux films, même des mineurs comme le moyen the GAUNTLET, Eastwood est bousculé par les femmes. Voire même liquidé dans les PROIES. C’est la bousculade ultime. On ne peut aller plus loin
Sur le personnage de Wayne, il y a une différence entre être bousculé et reconnaître des erreurs. Wayne est certes souvent remis en question, mais je ne suis pas sûr qu’il reconnaisse souvent des erreurs.
C’est peut-être pourquoi j’aime tant « Les cow-boys » où, présenté d’abord comme un roc inflexible, il en vient à des paroles vraiment inattendues : « Mes fils se sont mal conduit envers moi, ou le contraire, je n’arrive pas à me rendre compte » et même : » Je reconnais que j’y suis allé un peu fort avec le petit ».
A la fin d’Impitoyable, Eastwood redevient le tueur impitoyable qu’il fût jadis. Et donc, on peut considérer qu’il n’y a pas eu de changement à proprement parler.
A Joe Brown
Sauf qu’il les prend par surprise, qu’il dit qu’il a eu de la chance et qu’à la fin il est évacué de l’histoire (on ne connait pas vraiment son destin) un peu comme Wayne dans the Searchers
Sur Eastwood dans « Impitoyable » ,si je me souviens bien, son attitude finale est à la fois due à la bouteille et à la volonté de châtier la mort de son meilleur ami et le traitement infligé à la prostituée devenue une amie. Son état d’ébriété et ces » bonnes causes » n’ont rien à voir avec les horreurs gratuites de son passé et ne racontent pas une remise en question de ses mea-culpa, à mon avis.
Je pense que le personnage d’Eastwood ne fonctionnerait pas dans le cœur d’un public s’il était présenté d’une manière totalement monolythique. Même imperceptibles, les fissures de ce personnage sont un peu obligées.
A Joe Brown : il n’y a pas que dans Ford et Huston que le héros doit se remettre en questions. On pourrait s’amuser à compter les repentis dans le répertoire. Hier, je visionnais « les cavaliers de l’enfer » et je me disais justement que ça faisait un de plus.
Dans « Impitoyable », l’originalité est l’aveu d’une conduite extrême et vraiment choquante, au point qu’on se demande si l’on peut encore aimer ce personnage. Le repentir du héros est d’autant plus intéressant que le spectateur peut très bien ne pas lui pardonner. Ce risque fait partie du charme du film.
A Minette Pascal
Il a déja « évolué » avant le générique passant de tueur alcoolique à paysan repenti (tout un film avant le début). Il a tellement évolé qu’il n’est plus très bon et que ce sera un sentiment humain ( la douleur causée par la mort de Logan et le traitement qui lui ,a été infligé) qui lui permet de mener à bien sa vengeance. Il ne réagit pas de la même façon après s’être fait démolir par Little Bill
A B.Tavernier au sujet du personnage d' »Impitoyable » : Oui, c’était bien vu de le faire réagir violemment, non à la suite de son traitement par Little Bill, mais après ses scènes avec la fille défigurée et le meurtre de son ami.
De toutes façons, il eût été dérisoire, invraisemblable et mièvre d’en faire un agneau. Lui faire reconnaître des erreurs, c’était déjà pas mal…et moins bornée, comme attitude, que celle de Wayne, dans le « yellow ribbon » qui dit : « Ne vous excusez pas; c’est une preuve de faiblesse. »
A Minette Pascal
Mais cela n’a rien à voir. La phrase de Wayne n’est pazs bornée. Il dit simplement qu’il faut avoir le courage d’assumer ses sentiments. C’est tout le contraire. Et là, il joue un personnage humain, un « public servant » qui pense à ses hommes, à la collectivité, au bien commun et qui s’arrange pour qu’il y ait le moins de mort possible
Pour YELLOW RIBBON, j’avais toujourt pris cette fameuse phrase de Wayne comme un signe d’humour, faisant partie de ses échanges discrets avec le sergent Tyree joué par Ben Johnson, qui le contredit toujours avec respect et un sourire fin. Je trouvais que c’était l’une de ces phrases creuses que les militaires se lancent par convention et gag, on n’imagine pas le capitaine Brittles ne jamais s’excuser, c’est de l’humour, il ne croit pas ça une seconde.
A Martin-Brady:
Dans mon souvenir, il n’y a pas une once d’humour dans cette réplique.
C’est plutôt un adage de chefs : il vaut mieux ne pas montrer de failles quand on commande.
à Minette Pascal: il y a quand même un humour pince-sans-rire chez Ford: on est vraiment à la limite entre humour glacé et naïveté 1er degré, c’est très subtil, enfin, bien sûr qu’il faut s’excuser parfois, on ne peut pas sérieusement faire une règle générale avec « Ne vous excusez jamais: signe de faiblesse! ». Ca fait partie de ces phrases définitives auxquelles on ne croit pas une seconde et qu’on balance avec un sourire intérieur, il y a beaucoup d’humour chez Ford, un humour détaillé avec un sérieux papal tel le old-timer à l’attention du héros blanc-bec qu’on voit dans les westerns, justement! Ford a beaucoup joué sur ce registre en temps que old-timer face aux blancs becs de jeunes critiques qui venaient l’interviewer: l’interview historique de « Cinéastes de notre temps » avec Ford dans son lit, est très drôle et l’intervieweur n’est pas dupe et se marre bien lui aussi.
Ceci dit, pour cette phrase précise, vous avez sans doute raison, pour vous. Je vais peut-être voir de l’humour là où y’en a pas (ça me permet de me marrer un peu, tant mieux pour moi!).
De même, quand Ben Johnson se permet de contredire Brittles sur l’origine de la flèche indienne, « avec tout mon respect, sir… », et que Brittles grogne en le fusillant du regard mais admettant que son subalterne pourrait avoir raison, je suis mort de rire dans mon fauteuil, il m’en faut pas beaucoup, ok!
A Martin-Brady : L’humour, vous avez raison, est l’une des marques de fabrique du style de Ford. Simplement, je le crois assez habile pour faire savoir au spectateur s’il y en a ou pas. Pour cette réplique, avec la meilleure volonté du monde, il n’y a aucune intention humoristique visible. Ou alors, c’est raté. Mais je crois plutôt que c’est fait pour définir « l’autorité » en général et bien sûr celle dont le personnage lui-même est un parfait représentant.
Bref, quand on commande, si on se trompe, mieux vaut ne pas le reconnaître pour garder quelque crédit. C’est par exemple une règle des arbitres de sport. Vous imaginez un arbitre de foot donner un carton ou refuser un but puis s’en excuser aussitôt auprès des joueurs…
Les scènes avec Tyree sont clairement humoristiques et, comme vous, je les adore. D’autant plus qu’elles donnent un air un peu intello à Ben Johnson, ce qui est très inattendu.
A Minette Pascal
Mais vous prenez des phrases qui font partie jusque dans leur double ou triple jeu, leur distance assumée ou non du jeu social, des rapports de classe et de hiéarchie, des règles de l’Instiotution qu’on est censé servir. Ces propos claironnés sont contredits dans la scène de la flèche et constituent aussi une manière de dire qu’on ne doit pas avoir peur de ses propres opinions. Est que l’on pourrait aussi quand on examine une scène, des répliques comme celles là, regarder les scénaristes (ce que personne ne fait). Frank Nugent était un démocrate, un libéral politiquement parlant et les films qu’il écrit sont différents par exemple de RIO GRANDE écrit par James Warner Bellah, républiquain réactionnaire (son fils dit qu’il était legèrement à l’extreme droite d’ATTILA) dans beaucoup de domaines. C’est aussi une manière pour Ford et Nugent de définir un personnage en une réplique (Wayne était très fort avec cela) comme dans la PRISONNIÈRE. Quitte à ce que cette réplique soit contredite dans d’autres séquences (Wayne s’excuse mais de manière implicite plusieurs fois ou change d’avis) ou remises en perspectives : les rapports prennent un sens différent avec Ben Johnson qui est sudiste
« C’est par exemple une règle des arbitres de sport. Vous imaginez un arbitre de foot donner un carton ou refuser un but puis s’en excuser aussitôt auprès des joueurs… »
pourtant certains l’avouent bien après , après coup. c’est un signe d’intelligence car nous sommes tous perfectibles après tout et surtout complexes. c’est une des grandes forces du cinéma de John Ford de dire ça. si The Searchers est un des plus grands films de l’histoire du cinéma, c’est bien à cause de ça.
à Minette Pascal et Bertrand: vous noterez que ce genre d’humour qui joue en effet avec les rouages spécifiques de la vie militaire, reste complètement étranger aux grosses brutes qui nous parlent d’un Ford soit réac ou facho (ridicule!)soit plouc soit ceci ou celà… Ils voient et entendent mais ça leur échappe, aux esprits forts. Ca me rappele le commentaire de Bertrand à propos de APACHE DRUM (dvd), qqch comme « quand c’est trop subtil, ça échappe aux imbéciles »! Qqn m’a dit que le film de Fregonese était « une bonne série B avec du suspense » (et rien sur les rapports de couleurs): misère!!!
En tout cas, Bertrand a raison de nous rappeler l’importance du scénariste: dans RIO GRANDE, on peut toujours chercher 1% de l’humour de YELLOW, on sera bredouille… de la même sorte d’humour, je veux dire.
« James Warner Bellah, républiquain réactionnaire (son fils dit qu’il était legèrement à l’extreme droite d’ATTILA) »: excellent!
Savez vous si est sortie en dvd »les tueurs de San Francisco »de 1966 et « l’insoumis »d’Alain Cavalier,tous les deux avec Alain Delon?J’ai découvert « La motocyclette »qui est une bluette insignifiante à l’eau de rose!!!!
A Ropuxel
Les tueurs de Sans Francisco est assez moyen mais l’INSOUMIS dans mon souvenir est excellent bien qu’Alain Cavalier ait du couper dans l’histoire d’amour à cause de l’avocate qui s’était reconnue
Merci beaucoup pour les renseignements Mr Tavernier.
Bien d’accord avec Bertrand sur le talentueux Jason Reitman. Je pense qu’il est avec Wes Anderson l’un des cinéastes américains actuels qui ont le mieux retrouvé l’étincelle et le pétillant des comédies douces-amères de l’Age d’Or hollywoodien. J’avais trouvé extras les 2/3 de IN THE AIR mais le dernier un peu plus sage ou convenu comme si il voulait s’excuser d’être aller trop loin (alors qu’il faisait une démonstration cinglante du cynisme du « downsizing »).
Par contre, JUNO est un joyau de bout en bout et Ellen Page absolument géniale avec son débit de mitraillette et son aplomb irrésistibles. On dirait le Woody Allen des 70’s réincarné dans une adolescente.
avoue que le final d’IN THE AIR est savoureux quand même.non ?
Moi j’ai trouvé Juno pas mal, « In the air » un peu fade et Thank You For Smoking oubliable malgré de bons moments mais j’ai vraiment adoré Young Adult. J’y suis allé en trainant du pied mais c’est un film très original et dont l’intrigue et les personnages m’ont touchés. Bon… je sais pas trop comment le défendre pour le coup mais allez le voir c’est assez surprenant. Peu être que c’est l’absence de cynisme ou de distance ironique sur des personnages souvent ridicules qui m’a plu.
Quand à Alexander Payne je ne partage pas l’opinion favorable de The Descendants de M. Tavernier mais Election (l’arriviste) est une petite pépite qui il est vrai se rapproche dans le ton de mon idole le grand Preston Sturges.
Bonjour Bertrand Tavernier & Blogueurs,
A propos de Jeff Nichols, j’étais circonspect après avoir vu, sans rien en savoir, TAKE SHELTER (je ne connais pas encore SHOTGUN STORIES). Cela m’avait impressionné mais j’étais un peu accablé par le sérieux, la solennité, une certaine désoxygénation laissant le spectateur cadenassé devant cette noirceur que je trouvais fabriquée.
MUD vient contrebalancer cette première impression. Tout aussi fabriqué (mais est-ce un défaut bien que le terme ait quelque chose de péjoratif?), MUD vient compenser la carence en vitamine D de l’opus précédent par une sorte de bienveillance ensoleillée (le côté Mark Twain) qui n’a rien d’un affadissement ou d’une édulcoration. L’éclaircissement reste voilé (texture et format convoquent le souvenir récent de DANS LA BRUME ELECTRIQUE) et la lisière du cauchemar est savamment entretenue (Matthew McConaughey est sympa ET inquiétant).
Ce qui m’avait laissé en carafe et en cafard dans TAKE SHELTER trouve à se régénérer avec MUD, pour déboucher sur un imaginaire sudiste que j’ai plaisir à retrouver.
à chacun son ressenti mais vu l’état du cinéma US actuel, je suis bien content de pouvoir voir des films comme take shelter avec ce genre de défauts. M. Tavernier a illustré à merveille les espoirs qu’on peut toujours avoir dans ce cinéma tout de même en citant ces 3 nouveaux réa nichols, reitman et payne.
@ M. Tavernier
Young adult est nettement moins brillant et original que Juno et Up in the air mais il vaut d’être vu pour la perf de Charlize Theron en Peter Pan au féminin.
moi je suis d’accord avec M. Tavernier au sujet de The Descendants. d’ailleurs Clooney aurait dû avoir la petite statuette à la place de vous savez qui…les nuances de son interprétation du sarcastique au grave est remarquable. pour moi le hic de la courte filmo de Payne c’est plutôt Sideways que j’ai bien vu mais dont je ne me souviens plus du tout alors qu’About Schmidt plus ancien j’en ai encore un souvenir tenace.
Sideways est à mourir de rire pourtant
Non seulement SIDEWAYS est un film drôle, au tempo juste, mais c’est un hymne à Bacchus extraordinaire !!! La scène de picnic est solaire, vivifiante, la discussion pendant laquelle Miles (Giamatti) et Maya (la merveilleuse Virginia Madsen) content fleurette sur le thème du nectar sacré est intense en émotion, et il y a différents gags très réussis : Giamatti qui boit son Cheval Blanc 61 dans un verre McDonald XXL, Giamatti qui pris d’une soif soudaine lors d’une dégustation prend l’immense crachoir et se le siffle entièrement (Loach et Laverty ont dû penser à cette scène dans LA PART DES ANGES), Giamatti qui se fait courser au volant de son pickup par un mari trompé pas content, à poil, courant la zigounette à l’air… et j’en passe ! Et l’alchimie est parfaite entre les deux acteurs. Le tandem Giamatti / Haden Church fonctionne comme un mouvement de montre suisse, soutenant le beau scénario de Payne et Taylor.
… Giamatti évaluant comme dans un film de commandos les risques à tenter de se lancer dans la chambre du mari trompé et récupérer le portefeuille de son pote: plusieurs coups de tête et vers le couple et vers l’objet, à genoux au seuil de la chambre, sourcils froncés, j’y vas j’y vas t’y pas? On dirait Lee Van Cleef ou Hackman chez les Viets! Payne aurait intérêt à rester dans la comédie!
La scène dont vous parlez entre Giamatti et Madsen démarre solaire oui mais glisse vers l’embarras, lorsque Giamatti révèle sa crainte des femmes en se reculant quand il s’aperçoit qu’il a séduit Madsen! Le coup du crachoir dont vous parlez est un coup de pied au derrière du snobisme oenologue californien (dont on a un bel aperçu dans MONDOVINO…).
Merci MB pour ce complément interprétatif avec lequel je suis entièrement d’accord. Sauf pour la scène entre Giamatti et Madsen qui pour moi garde cette tonalité solaire même si le Giamatti recule par peur sur le moment (c’est tellement juste par rapport à l’histoire de son personnage) mais qui à la fin, on l’imagine, ira vers sa belle, éventuellement avec son Cheval Blanc…
Je pense que c’est le plus grand rôle de cet acteur parfois sous-employé.
à Sullivan: j’ai ressenti un sacré malaise durant cette scène Giamatti-Madsen, je croyais que le malaise était voulu par Payne. Le discours de V Madsen sur le Chardonnay m’apparaît complètement creux, mais c’est une retranscription du snobisme californien, on peut délirer sur un vin comme sur un film ou une oeuvre artistique mais ça reste un peu vain, ces oenologues m’ont toujours paru un peu creux, pourtant Madsen, franchement, quelle splendeur…
peut être mais je m’en souviens plus
à Nemo: c’est pas grave, vous avez oublié eh bien? On a tous commencé, ça arrive, faut juste le revoir et se concentrer un peu!
oui j’ai oublié, j’ai même dû apprécié le film. et ça vaut aussi certainement pour d’autres films. à revoir donc.
Comme il faut bien trouver un bout par lequel rebondir, ce sera par la fin que je répondrai: Eastwood!
Effectivement, les errances actuelles de notre bon vieux Clint sont regrettables qu’il s’agisse de ses prises de position qui participent d’un bon gros parti pris républicain mais surtout de son âge avancé (ses propos exsudent une forme de epur et d’incompréhension face à ce qu’il ne parvient à comprendre) ou de son dernier opus J Edgar vraiment navrant à la fois politiquement et esthétiquement (n’en déplaise à l’ami Michel Ciment!).
Effectivement, il serait regrettable de relire ses oeuvres antérieures et de les condamner à l’ombre/à la lumière de ce crépuscule car il a réalisé des films magnifiques qui n’ont rien perdu de leur éclat au fil des revisionnages. Non content de participer de cette si précieuse « décence ordinaire », Eastwood y développe un art de la mise en scène tjs pensé au millimètre,un sens de la dialectique rare.Oui Un monde parfait relève d’une émotion trouble nous faisant passer d’un sentiment l’autre sans prévenir avec une liberté et une poésie qui libèrent des réminiscences enfantines magnifiques (d’ailleurs Mud s’inscrit dans cette veine).Oui le diptyque Flags of our fathers (j’aime bcp le titre original plus juste car prenant en charge le poids des symboles sur l’inconscient collectif)/Iwo Jima est une date du cinéma de guerre et du cinéma américain par sa complexité, son humanisme dénué de pathos, son écriture admirable, son sens du cadre, de la couleur,du montage, du temps…et je ne sais par quel biais le célébrer tellement il est indispensable de le contempler de le « ruminer » pour en appréhender l’ampleur! Et on pourrait évoquer aussi Josey Wales, Breezy,Bird, Honkytonk man, White hunter,Unforgiven,Mystic river,Million dollar baby entre autres… C’est l’image de Clint que je VEUX garder, pas l’exposition à laquelle il se prête ces derniers temps.
Quant à Jeff Nichols, oui c’est déjà un grand cinéaste en trois titres.D’entreé de jeu Shotgun stories fut une révélation un peu hors du temps comme si j’avais la chance de vivre la cinéphilie des 70′ plus par procuration quand de grands noms émergeaient sans crier gare, avec des projets personnels qui revisitaient les genres tant aimés.Même sensation que qd je découvris Little Odessa en 1994.Film d’un jeune homme déjà très mûr comme empreint d’une vision existentielle complexe.Mise en scène secrète et étonnante de justesse, de sens du détail simple qui frappe l’oeil et/ou l’oreille secrètement avant de ressurgir comme amplifié par le déroulé de la tragédie.
Mud est encore un nouveau chp d’un parcours jusque là sans faille: que le système n’abime pas trop Nichols, tel est mon souhait!
Quant à A Payne , il apporte sa musicalité personnelle au sein de la comédie ,genre pour le moins maltraité ces derniers temps aux USA ( je ne goûte ni les Farrely, ni les Appatow,les comédies dites romantiques du type Sex friends et encore moins les conneries teenagesques du type American pie ressuscitant les Porky de sinistre mémoire ).Il sait écrire et ne craint pas le dialogue, use d’une mise en scène nette et élégante, sait faire vivre des personnages au delà du tps du film (leur parcours a un passé et aura un avenir).
En dehors de Wes Anderson (et parfois de Jarmusch mais sont-ce des comédies?) , je ne vois pas d’autre cinéaste de comédie US qui compte vraiment à l’heure actuelle.Le mauvais accueil à Cannes de son dernier film Nebraska (peut-être raté d’ailleurs mais je crois que les précédents eurent droit à pareil étrillage)comparé à l’aura d’Appatow en dit long sur l’état de la critique française!
Ballantrae je vous suis totalement sur l’appréhension et l’appréciation des comédies américaines. peut être que certains penseront que je suis un vieux con mais le côté pipi caca stade anal d’une certaine comédie américaine est pour moi le niveau zéro du cinéma ou de l’art ?
Je sais qu’il y a des fins analystes même primés (…)qui adorent ça. il faut de tout pour faire un monde 🙂
Appatow (si c’est bien lui que vous visez) a quand même fait des bons films qui vont au-delà du scabreux (et Rabelais c’est un peu ça non?,etc). Funny People est un chef-d’oeuvre sur le stand up et un personnage principal qui est complètement handicapé par sa peur des femmes. Et puis c’est très drôle.
J’aime beaucoup Rabelais mais aussi le roman picaresque et pour en revenir au cinéma la scatologie version Monty Python me fait hurler de rire mais on n’est pas, chez Appatow, dans une intégration de cette verve au sein d’un projet esthétique cohérent, ambitieux et inventif.
Au mieux, il semble participer d’une importation de l’imaginaire de la comédie sitcom ds le champ du cinéma et Funny people , s’il est un peu meilleur que 40 ans tjs puceau ou Supergrave (qu’il a écrit) me semble nettement moins intéressant que Lenny de Bob Fosse, Man on the moon de Forman ou encore Kings of comedy de Scorsese sur des sujets + ou – voisins.
non c’est pas drôle
Si ça l’est
tu m’as demandé mon avis je te l’ai donné et je me doutais du tiens. rien à ajouter.
Quitte à être un vieux con, je vous accompagne!!!Qu’on ne nous fasse pas le coup du renouveau de la comédie américaine avec les titres ou auteurs cités au dessus alors qu’on eut à d’autres époques Chaplin, Keaton,Capra, Hawks,Lubitsch, Wilder,Mac Carey,Sturges, Edwards, Jerry Lewis voire La Cava ou Tashlin!!!
Effectivement trouver un auteur de comédie un peu raffiné et formellement élaboré devient rare des 2 côtés de l’Atlantique.Chez nous par exemple le travail des Podalydès me semble -le + souvent -passionnant car d’une exigence rare.J’en veux pour preuve Adieu Berthe revu avec joie il y a peu qui sait construire un gag , l’inscrire ds le tps et l’espace avec un mélange des registres (humour noir, émotion, etc…) particulièrement réjouissant.Vous qui les connaissez via Denis P , vous ne devez pas pleurer lorsque vous les rencontrez!!!
Wes Anderson et Alexander Payne chacun à leur manière font oeuvre d’artisan minutieux , soucieux d’ancrer ds l’humain la source du rire et de mieux nous cueillir pour faire surgir l’émotion du coup.
j’ai vu Adieu Berthe il y a peu et ça fait du bien en effet !
j’ai noté aussi les scènes qui se répondent.
Pour tous ceux qui se sont enflammés lors de la sortie de »Drive »de Nicholas Winding Riefhn,je leurs conseille vivement de découvrir « The last run »de Richard Fleisher.On suit un personnage sur le retour,solitaire et taiseux mais qui n’a plus rien à perdre.Sa femme est parti en Suisse avec son amant et leur jeune fils mort d’un accident.George C.Scott deux ans après »Patton »ou il refusera son oscar prouve une fois de plus qu’il était un grand acteur tout en émotions.A voir ou revoir d’urgence chez Warner.
A Rouxel
Je ne me suis pas enflammé pour DRIVE dont je n’ai vraiment aimé que l’introduction mais j’adore THE LAST RUN.
L’action y est à la fois abstraite et incarnée, comme souvent avec Fleischer. Les routes méditerranéennes qui servent de décors font paysage mental tout en apportant au film une vérité géographique tournant le dos aux clichés touristiques (ça peut annoncer PROFESSION:REPORTER). Mise à part quelques accompagnements musicaux qui datent un peu (lorsque Trish Van Devere et Tony Musante se retrouvent au lit, par exemple, et Jerry Goldsmith n’y est pour rien), tout cela vieillit superbement. Et quel découpage dans les séquences d’action comme l’évasion de Musante au début!
Je sais qu’on le trouve chez Warner mais quelle belle édition Wild Side ça pourrait faire, couplé avec THE NEW CENTURIONS!!
Moi aussi je n’ai pas apprécié DRIVE plus que cela. C’est quand-même vachement poseur. Je préfère le côté direct du DRIVER de Walter Hill, avec Ryan O’Neal et Bruce Dern, sans oublier Adajani… Je lui préfère même JACK REACHER, qui est une très belle surprise, réussissant le tour de force de faire revivre les courses-poursuites avec « muscle-cars » des 70′ (Il y a notamment une superbe Lincoln Continental, conduite par le héros solitaire) sans pour autant sentir la naphtaline comme LA TAUPE d’Alfredson. Et il faut voir le rôle de méchant campé par Werner Herzog !!
Effectivement dans la filmographie de Tom Cruise en dehors de ce role puis aussi »Collateral »de Michael Mann,le personnage du docteur Bill Harford dans le dernier Kubrick le reste est à mettre de coté(le dernier samourai,horizon lointoin,top gun,ou meme la série Mission impossible).Je conseille à tous « Parker »avec Jason Statham qui n’est pas à proprement un acteur mais un cascadeur qui s’en sort toujours sans bobos.Le dvd doit sortir en aout et le scénario est assez ingenieux ainsi que le traitement des personnages.
Vous y allez un peu fort Rouxel. On peut ne pas apprécier Tom Cruise, ce que je comprends très bien, mais il a su tourner pour de grands réalisateurs et sa filmographie est parsemée de quelques bons films, tels chez Spielberg LA GUERRE DES MONDES mais surtout MINORITY REPORT, ou la série MISSION IMPOSSIBLE, inégale, mais qui avec ABRAMS a constitué un véritable tournant dans l’histoire du cinéma d’action pur et dur, et a trouvé avec Brad Bird un sens de l’humour bienvenu. MAGNOLIA, grand film choral de P.T. Anderson lui faisait endosser un rôle à contre-emploi : il incarnait un gourou Has-Been exhortant une meute d’hommes en perte de virilité. Ne pas oublier LEGEND et pour ma part WALKYRIE est une réussite. Et depuis quelques-temps, le Cruise (je mets de côté son implication scientotruc, là n’est pas le propos) a gagné des traits plus adulte, il vient d’avoir 51 ans le bougre, et sa présence à l’image en devient plus dense. Et puis il est indéniable que ce forcené de travail, réussit des cascades que seuls des Bébel ou Jackie chan auraient pu réaliser (Jean Marais, Steve McQueen ou Lancaster aussi n’étaient pas doublés, mais moins systématiquement et surtout, pas à ce niveau d’excellence).
A Sullivan
Entièrement d’accords et n’oubliez pas ses premeirs films où il est excellent tout comme le Brad Bird, le meilleur de la série
ce qui a marqué chez Drive c’est la mise en scène qui est bluffante notamment toute la première séquence en voiture. avec une maitrise du rythme incroyable.est ce qu’on peut contester ça ? après l’histoire n’a rien d’extraordinaire et de très original. sur ce plan on peut comprendre qu’il y a eu mieux. mais l’expérience de Drive reste marquante car l’expérience du cinéma c’est aussi parfois ce que la mise en scène nous a impressionné.en tout cas ça m’a impressionné.
A Nemo,
Les Cahiers du Cinéma, que je n’ai pas toujours envie de suivre (mais qui suit-on à 100 % ?), ont dans le pif ces derniers temps un certain cinéma dit d’expert, genre LA TAUPE, INCEPTION ou DRIVE, justement : films de pure démonstration de maîtrise, non pas de l’écriture cinématographique, mais du mental du spectateur. Sur ce coup, je leur emboîte le pas car je trouve ce cinéma prétentieux, figé et accablant de sérieux papal.
Je reconnais avoir pensé (et je réponds du coup au post précédent)que, dans un registre plus indépendant, TAKE SHELTER faisait partie de ce courant. J’avais tort et j’ai changé d’avis, surtout à la lumière de MUD qui propose quelque chose de plus décontracté et de tout aussi habité. Donc je suis de votre avis et il faut que je me fasse SHOTGUN STORIES.
Amicalement
A Alexandre Angel
D’accord pour INCEPTION et la Taupe (très inférieur à la série de la BBC) mais pas sur Drive
A Bertrand Tavernier,
DRIVE mis à part, vous aimez les autres WINDING REFN ?
Personnellement, j’ai pas beaucoup d’atomes crochus : LE GUERRIER SILENCIEUX me tombe des yeux et je n’ai guère eu envie de voir ONLY GOD FORGIVE.
A ALEXANDRE ANGEL
J’ai arrêté au milieu du Guerrier Silencieux, accablé par la solennité mais la trilogie des PUSHER surtout le 2 et une grande partie du 3 dans mon souvenir, c’était assez étonnant. Je n’ai pas du tout envie de voir ONLY GOD FORGIVE
INCEPTION est très drôle, surtout quand un personnage de l’équipe des rêveurs lance « Euh… on est dans quel rêve, là? », mais y’en a pour deux secondes, alors…
A Martin Bradu
Avez vous vu les chats mourant comme Marion Cotillard sur Internet
franchement, je suis choqué, Mr Tavernier, je suis un sincère admirateur de M Cotillard, et je suis peiné que vous participiez à cette campagne de dénigrement déloyale. Je dis bien: déloyale!
Serviteur.
(entre nous, elle a dû pleurer tout le long du chemin pour aller à la banque toucher ses royalties, comme disait Hitch…)
oui faite pour shotgun stories. pour inception je vous suis. d’ailleurs c’est la limite du cinéma de Nolan qui hors des batman fait toujours le même film. c’est purement intello et ça ne dit rien sinon que notre cerveau est un labyrinthe, la belle affaire.pour la taupe, je ne sais trop quoi penser, j’ai aimé la reconstitution mais je rentre jamais vraiment dans le film pourtant j’avais adoré son premier film. pour Drive je n’embrasse pas ce genre de jugement de chapelle (heureuseument que mon esprit critique sait s’affranchir du triangle cahiers/libé/inrocks)car au delà de la mise en scène, j’ai été emporté par le film. c’est une expérience ce n’est pas simplement de l’esbrouffe technique.
Salut, petit blog chéri, moi je pars en vacances avec plein de dvds,
et avec mon sens de l’humour deuxième degré mal compris ofkourss,
bonnes vacances à ceux qui partent! Bisoux choux genoux
Ciao
à B Tavernier: excusez mon humour limite type adolescent sexagénaire mal vieilli, je tiens à préciser que je suis pas vraiment un fan de M Cotillard, et que les chats sur Internet m’ont bien fait marrer. Mes excuses, donc.
A Martin Brady
No Problem
J’ai lu cet article « Les 10 tares du cinéma d’auteur »(ou plutôt cette somme d’articulets) ds les Cahiers et ne partage pas du tout leurs attaques.
Rappelons que pêle mêle ces nouveaux gardiens du temple s’en prennent à Steve Mac Queen, Ceylan, Bela Tarr pour leur »culte de la maîtrise » ou leur « sérieux papal » soit trois des cinéastes les plus ambitieux de ces dernières années à la fois formellement et tout simplement sensitivement.
Drive est un brin poseur mais c’est une mise en scène tellement précise qu’il en devient un joyau du genre comme lorsque Lang transformait un film de propagande tel Manhunt en réflexion platonicienne par sa seule mise en scène ou lorsque Friedkin transformait To live and die in LA, scénario archetypal sur la corruption, en vraie réflexion sur l’essence du Mal.Drive devient alors une sorte d’écrin qui réussit à susciter l’émotion à partir d’un objet très net, au millimètre comme une surface glacée qui du coup amplifie le moindre surgissement émotionnel.Du coup, un passé du driver peut affleurer sans être explicité, l’esquisse d’une relation amoureuse prend encore plus de poids.Pas le chef d’oeuvre de la décennie mais un fort beau film!!!
Contrairement à Bertrand , Valhalla rising m’a bcp plu par son côté trip hallucinatoire un peu abstrait assez proche à mon sens de W Herzog. Et je goûte la trilogie des Pusher comme Bronson.
Après Only god forgives marque le pas et amène NWR à trouver ses limites formalistes mais je le crois capable de rebondir positivement.
VALHALLA RISING m’a littéralement happé. J’ai eu cette sensation très rare d’arriver dans le champ de vie d’un personnage par pur hasard (quoique comme chacun sait le hasard c’est le nom que porte Dieu pour voyager incognito…), de l’accompagner durant son périple et que nos chemins se séparaient au bout d’une longue épopée, soit 90 minutes fascinantes de maîtrise, de gestion du temps. Il faudrait parler ici d’étirement du temps. Sur ce seul point de vue du temps je comparerais le travail de Refn sur ce film à l’interprétation du CLAIR DE LUNE de Debussy par Arrau qui dure 7 minutes alors que la majorité des pianistes l’interprète en 5. C’est une différence énorme et pourtant, on a l’impression que c’est comme cela que ça doit se jouer quand on écoute la version en question, sans pour autant qu’elle occulte les autres visions. Et bien ici, le cinéaste danois nous fait une proposition : changer notre perception du temps, et quand on entre dans sa proposition, c’est tout simplement une expérience rare. Plutôt qu’Herzog, ce film m’a fait songer à LA GUERRE DU FEU ou à Malick pour le côté hypnotique, le trip hallucanatoire dont vous parlez, Ballantrae, voire à THE MASTER.
Mais autant dans ce film, Refn semblait inventer un cinéma, et posait sa marque d’auteur à part entière, autant dans DRIVE, qui comporte de belles fulgurances je vous le concède, j’ai eu le sentiment qu’il voulait sublimer un genre ultra codifié, ce qui en soit est d’une belle ambition, mais qui à l’arrivée donne un film trop poseur, prétentieux, commettant l’inverse de ce qu’il avait réussi pour LE GUERRIER ou BRONSON, voire INSIDE JOB : se tromper de tempo.
A Ballantrae
Je n’aime pas le côté donneur de leçon des Cahiers et ne partage pas forcément leur avis sur les trois cinéastes que vous citez (j’avoue mon ignorance concernant Bela Tarr). Ce serait plutôt sur le versant Christopher Nolan de la chose que je me rallie : une certaine tendance contemporaine au maniérisme sombre qui assigne l’imaginaire à résidence. Je crois percevoir ce travers chez Winding Refn, mais c’est une question de goût.
d’accord avec vous pour valhalla rising. il faut le voir jusqu’au bout ! il n’y a rien de solennel ni d' »intello » au sens négatif dans le cinéma de Refn.
Moi je leur conseil de revoir The Driver et Thief tous deux bien meilleur.
Je suis à 100% d’accord. Maintenant, il me reste à voir ONLY GOD FORGIVES… Mais depuis DRIVE, je trouve que Refn est moins intéressant. J’avais adoré la trilogie PUSHER, brute de décoffrage, INSIDE JOB avait un côté mystérieux très attachant, le cinéaste a ensuite montré tout son potentiel dans BRONSON et dans LE GUERRIER SILENCIEUX. Mais à partir de DRIVE, même si évidemment il y a de très bonnes choses, ça se fige, il devient trop conscient d' »être un grand cinéaste ».
Par exemple, alors que c’est ce qu’on a pu reprocher à THE MASTER (d’être le fruit d’un cinéaste trop conscient de son génie), je continue à être profondément envoûté par le cinéma de P.T. Anderson, que personnellement je situe très largement au-dessus de Wes. BOOGIE NIGHTS et surtout MAGNOLIA le révélaient, THERE WILL BE BLOOD l’a consacré (je viens de revoir le film, quel somptueux chef-d’oeuvre, et quelle musique de Jonny « Radiohead » Greenwood !!) Je suis sorti de THE MASTER comme sous hypnose.
A Sullivan
Surtout qu’ils n’ont rien à voir et sont aux antipodes l’un de l’autre tout comme de Michael Anderson
A Bertrand
Oui, c’est vrai, et les trois cités sont également aux antipodes de Paul W.S. Anderson…
Rien ne sert de comparer certes, mais enfin j’ai tout-de-même l’impression que Paul Thomas Anderson, s’il ne tombe pas dans le piège de s’admirer lui-même, arrivera sur des cimes d’un autre acabit. Et encore une fois, il faut réécouter les partitions originales de Jonny Greenwood pour THERE WILL BE BLOOD et THE MASTER. Un grand compositeur de musique de film est né. On peut rêver un énième tandem réalisateur/compositeur qui durera dans le temps.
Paul Thomas Anderson est un cinéaste formidable et The master a été effectivement sosu estimé cette année alors qu’il constitue un sommet d’intelligence dialectique, narrative, plastique peut-être moins évident que Thre will be blood mais important tout de même!!!
Effectivement Wes n’a rien à voir avec Paul Thomas tout comme WS , vous savez l’auteur immortel des Resident evil ou de alien vs predator
Ou alors c’est un être profondément complexe développant trois personnalités créatives, des homonymes qui seraient l’équivalent des hétéronymes de Pessoa…un Anderson en cache tjs un autre, cela devient ésotérique!!!!
à Sullivan: c’est marrant, non seulement je viens de revoir MAGNOLIA avec autant de plaisir, mais du coup je me suis payé la musique de Jon Brion (2 cds du film: celui-ci et celui avec les chansons de Aimee Mann), il y a des influences orientales extraordinaires surtout les deux premiers morceaux qui bien sûr sont masqués par les dialogues dans le film. Tiens, je me le remets!
A revoir le film, je l’ai trouvé beaucoup plus sombre qu’avant. La pluie de -no spoilers- est quand même une vision hors du commun, fallait oser!
PT Anderson et Wes sont frangins, vous voulez dire? Eh, touchez pas à MR FOX, hein? trop rigolo! Et Clooney y est parfait!
à Richpryor: dans THIEF (VIOLENT STREETS), j’avais été fasciné par le coup de Mann d’avoir fait pleuvoir à la rampe sur tous les extérieurs pour avoir une photo plus « transparente »… le reste était plutôt anodin, non? Dans DRIVER j’aime bien quand O’Neal fait sa démo dans le parking, après je me souviens plus (ce qui n’est pas une référence).
oui wes et pt n’ont de commun que le nom. le cinéma de wes anderson est quand même un cinéma de maison de poupées ça c’est très illustratif pour le coup mais je suis sûr que ça plait aux cahiers (soupirs).
quant à pt anderson, je n’ai jamais été convaincu par magnolia, par contre tu as oublié de citer punch drunk love un autre de ses grands films.
J’ai revu Thief récemment au cinéma et non non je vous assure c’est limite un grand film. Les acteurs sont bons, la mise en scène est superbe comme pour tous les films de Mann (ça va au-delà de la photographie: les scènes d’action sont une leçon et les scènes de dialogues filmés avec une simplicité déconcertante mais ultra efficace, voir la scène du Diner). En plus, avec la musique de Tangerine Dream et la tournure que prends le scénario avec son règlement de compte final (le héros a tout perdu) on peut dire que c’est un film sacrément rock’n’roll. Cette fin est cathartique et le film va jusqu’au bout dans la violence. Quand la caméra se met à survoler la rue de banlieue en un mouvement de grue fluide et que la musique retentit pendant que James Caan part en boitant après avoir tué tous les gangsters c’est digne de Shane, Rolling Thunder, Unforgiven, The Wild Bunch ou des meilleurs films de John Woo. Au panthéon des grands finals du genre quoi. Et sacrément cool aussi!
A richpryor
Je ne mettrais pas Rolling Thunder dans la même boite qu’Unforgiven ou the Wild Bunch, voire même Shane. C’est beaucoup moins bien écrit et filmé
pour moi ça sera voir
merci du conseil
Quel festin!!! Effectivement il va y avoir de quoi dire pour un bon ombre de messages…
Et merci pour votre délicate attention en matière de cinéma(s) de l’Est!!!
Dans la collection tchèque de Malavida, LES DIAMANTS DE LA NUIT est une pure merveille. (LA FÊTE ET LES INVITÉS, du même Jan Nemec, se laisse aussi savourer.)
Parmi les films cités par Bertrand, je connais le Skolimowski effectivement novateur, percutant, une nouvelle vague à lui seul.Son retour aux affaires depuis Quatre nuits avec Anna est une belle nouvelle car c’est assurément un auteur de premier plan capable de nous chahuter avec des sentiments complexes et des choix de mise en scène à la fois personnels et totalement justifiés par le sujet.
Je me rappelle aussi Menzel et son Eté capricieux faussement léger bien que moins évidemment grinçant que le cinéma d’un Forman.Je m’étais intéressé à Menzel en découvrant Ce cher petit village à la fin des 80′ à la faveur de l’ouverture vers l’Est qui promettait bcp mais pouvait aussi être une sorte de chant du cygne.en remontant ds sa carrière, je m’aperçus que c’était un auteur de comédies de tout premier ordre même avec des comédies presque fragiles, en apesanteur comme pouvait être funambule un Pierre Etaix en France.
À Ballantrae : Oui oui, Jiri Menzel, très bien… Je me souviens encore de TRAINS ETROITEMENT SURVEILLÉS (édité aussi chez malavida il me semble) alors que l’ai vu il y a peut-être 20 ans, au cinéma de minuit. (Encore une fois, VIVE BRION!) Et Skolimovski, essentiel… J’ai adoré QUATRE NUITS AVEC ANNA et ESSENTIAL KILLING. (Pas encore vu ceux chez malavida…) Mais DIAMANTS DE LA NUIT, de Nemec, alors là, c’est encore autre chose, c’est comme lire pour la première fois du Rimbaud. J’exagère, peut-être, mais peut-être pas. Inclassable.
A Jean-Charles Freycon.
Content de vous retrouver sur le blog !
De skolimowski, il faut absolument voir DEEP END.
Chez Malavida, j’ai découvert un film immense : LA CHASSE, du norvégien Erik Løchen.
L’équivalent de découvrir Rimbaud, ouah!!! là j’y cours!!!!!!!
Tout comme sont indispensables les Polonais W Has ou Kawalerowicz en matière d’invention d’un monde gigogne, borgesien ou kafkaien pour l’un, en matière d’interrogation dilaectique de haut vol sur l’Histoire pour l’autre (Pharaon et Mère Jeanne des Anges sont de purs joyaux!
Personnellement je me délecte de tous les premiers MENZEL, vivement l’édition en DVD de LA FIN DU BON VIEUX TEMPS diffusé par Arte je crois il y a bien longtemps.
Mais toujours chez Malavida, il faut acquérir sans hésiter : UN JOUR, UN CHAT de V. Jasny, VALERIE AU PAYS DES MERVEILLES de J. Jirès, MARKETA LAZAROVA de F. Vlacil, DU COURAGE POUR CHAQUE JOUR de E. Schorm…
L’occasion aussi d’apprécier le talent des tous les opérateurs de ladite nouvelle tchèque comme Jaromir Sofr, Jaroslav Kucera et Jan Curik.
À Sullivan : Content que vous soyez content! (Merci.) Oui, DEEP END, extraordinaire. (En plus très belle copie chez carlotta.) LA CHASSE, ça a l’air très curieux, après un bref passage sur le site de Malavida où on peut voir un extrait, je le note pour le futur. Il me semble que tout ce que propose Malavida ou presque (et peut-être même qu’on peut enlever le « presque »)est exceptionnel. Mais mes finances, en ce moment… (Et puis il y a tellement de films à voir, et à revoir surtout en ce qui me concerne…)
Vous serez heureux d’avoir vu LA CHASSE. C’est un chef-d’oeuvre immense.
Merci Marc pour les conseils…je connais Valérie qui est sûrement la plus juste et plus complexe transposition de L Caroll avec le Alice de Svankmajer.
Quant à Marketa Lazarova, ce film me donne envie depuis fort longtemps.Marc, vous finissez de me motiver.
Toujours à l’Est,je pense me laisser tenter après lecture d’un compte rendu sur DVD classik par Dura lex de koulechov qui semble préfigurer Greed de Von Stroheim.Le connaissez-vous?
A Ballantrae
C’est une des réussites de Koulechocv que je connaissais que pour son expérience. Il vaut mieux que cela. C’est rigoureux, austère, formel et assez fort
Que c’est beau DEEP END ! Lors d’une rétrospective intégrale de l’œuvre de Skolimovski au festival EntreVues de Belfort (c’était avant ANNA et ESSENTIAL KILLING), j’avais fait des découvertes excitantes telles que LE DEPART, justement, et aussi ROI,DAME,VALET ou LES AVENTURES DU BRIGADIER GERARD. Mais j’étais complètement passé à côté de l’incroyable originalité, de la richesse formelle et des superbes idées (la prostituée emplâtrée, la bague perdue dans la neige que l’on fait fondre)de DEEP END que la effectivement splendide copie Carlotta m’a fait sauter au visage. Et la musique de Can!!
La musique de Can… et de Cat « But I Might Die Tonight » !
Je suis très curieux en ce qui concerne Les aventures du brigadier Gérard sûrement adapté de Conan doyle, récit qui berça mes 12 ans et fonda le mythe napoléonien quasi en même temps que le Napoléon de Gance pourtant découvert ds sa version émasculée.Que vaut ce film tellement différent de ce qu’on connait de Skolimowski?De celui-ci, il faut aussi revoir ou découvrir trois films des 80′ aussi marquants que différents: Le cri du sorcier, Moonlighting et Le bateau phare.
Au fait à qd la version Brownlow en France????Th Frémeaux m’avait répondu gentiment mais en louvoyant un peu à ce propos…
A Ballantrae
Tout le monde louvoie vu le budget que représente une telle projection, le cout de l’orchestre, la longueur
La scène des hot-dogs dans Deep End (quand le personnage principal mange dix hot-dogs de suite pour attendre une fille) est l’une de mes scènes comiques préférés de l’histoire du cinéma. Ni plus ni moins.
A Ballantrae
Je confirme que LE BRIGADIER GERARD est une adaptation de Conan Doyle. Je ne l’ai vu qu’une fois, donc, en 2001, et ce n’est plus très frais mais j’ai en mémoire une co-production avec pas mal de moyens, de la couleur et du Scope. C’était enlevé et exubérant dans un registre un peu grotesque comme le font les réalisateurs de l’Est quand il s’adonnent à la farce. Dans mon souvenir, c’était divertissant.
Pour en revenir a TRAVAIL D’ARABE ,superbe comédie et vrai western moderne (On y trouve les mêmes thématiques),il faut revoir de toute urgence Les 4 saisons d’Espigoule,toujours de Christian Philibert ,peut-être moins abouti que TRAVAIL D’ARABE mais tout aussi agréable.
Merci Bertrand pour cette nouvelle chronique.
LE PARADIS DES MONTE-EN-L’AIR (TWO WAY STRETCH), est une comédie pénitentiaire réjouissante. Le grain de sable qui va venir gripper le plan d’un cambriolage virtuose (alibi parfait : les voleurs seront en prison quand le cambriolage aura lieu…) est incarné par le nouveau gardien-chef de la prison où Sellers et ses collègues avaient pris leurs aises, leurs habitudes…
Ce nouveau gardien-chef est campé par un des acteurs géniaux de cette farce : Lionel Jeffries, hystérique et inoubliable. Son personnage est perclus de rigidités, d’automatismes, d’idées conservatrices qui s’opposent en tout au côté progressiste du directeur de la prison, qui a pour hobbie de participer à des concours de cucurbites, objets qu’il fait pousser dans quelques mètres carrés de jardin au sein de la prison, et qu’il bichonne avec amour, tout comme il bichonne ses pensionnaires avec considération et optimisme.
Sellers n’était alors connu qu’en Angleterre (1960) mais il avait déjà tout le génie de ses futurs grands rôles. C’est pour ma part le meilleur film de ce coffret. Scène drôlissime pendant les visites à la prison : la femme d’un détenu détourne la surveillance des gardiens en se dandinant dans une tenue prompte à donner un infarctus à n’importe quel hétéro normalement constitué… Pendant ce temps, tous les visiteurs (mères, soeurs…) passent des limes et toutes sortes d’outils aux prisonniers…
La musique pour big band de Ken Jones colle très bien au film.
Je pense qu’au moment de la sortie du PARADIS DES MONTE-EN-L’AIR, Sellers (effectivement depuis des années une superstar auprès des britanniques et ce, avant même de l’être au cinéma) commençait à se faire un nom en dehors de son île grâce à la comédie loufoque de Jack Arnold LA SOURIS QUI RUGISSAIT (1959).
Exact. Il faudrait se souvenir du retentissement de cette comédie à l’époque. Elle a sûrement également été remarquée ne serait-ce que par la présence d’Arnold à la réalisation. Et je pense que Kubrick a pu s’inspirer du triple rôle tenu par Sellers dans ce film (tout comme du double rôle dans I’M ALL RIGHT JACK la même année, 1959, chez les Boulting), pour son DR FOLAMOUR.
à Bertrand: par contre, pas du tout d’accord avec vous sur THE DESCENDANTS, qui a commencé à me hérisser quand Clooney s’est mis à parler à sa femme végétative. Mais quelle importance? SIDEWAYS est excellent, et MR SCHMIDT est un chef d’oeuvre, alors… Aïe! toujours pas vu L ARRIVISTE, erreur à réparer.
à Bertrand Tavernier: si les éditeurs dvd lisent votre blog, y’a de l’espoir! bravo!
waouh l’article, on va avoir de la lecture et de quoi discuter 🙂