Becker et cinéma français
20 août 2013 par Bertrand Tavernier - DVD
FILMS CLASSIQUES ET D’ABORD BECKER
D’abord, il y a Jacques Becker. Ensuite, il y a Jacques Becker dont je ne suis pas loin de penser qu’il fut le plus grand cinéaste français des années 40/50, le plus fluide, le plus moderne. J’ai dit tout le bien qu’on pouvait penser d’ANTOINE ET ANTOINETTE que j’ai envie de citer à nouveau, de pousser ceux qui ne l’ont pas vu à se précipiter sur le magnifique Blu-ray. Cette vision d’une France populaire, vivant dans une semi-précarité mais où l’on s’entraide, s’épaule, on se prête des livres (rien que ce détail date le film et ce n’est pas glorieux pour nous), me bouleverse à chaque vision. La séquence de la noce est une pure merveille, cocasse mais sans aucune condescendance. Noël Roquevert campe de manière magistrale un épicier, profiteur évident du marché noir qui traite les femmes avec une goujaterie suffisante, une bonhomie visqueuse qui le rendent inoubliable.
Raison de plus pour se précipiter sur EDOUARD ET CAROLINE (Tamasa), comédie miraculeuse, triomphe de l’élégance, de l’agilité visuelle, intellectuelle. Un postulat très simple, très cadré dans le temps, un rythme incroyable qui n’a jamais rien de mécanique et une peinture sociale hilarante. A partir d’un fait en apparence anodin, on frôle le drame, la catastrophe, les larmes. Le ton peut basculer d’une seconde à l’autre et devenir sérieux et grave mais Becker et Annette Wademant ont la générosité de sauver leurs héros et aussi certains personnages : l’Américain qui paraît au début brutal et goujat nous fait découvrir un autre visage. Il est le pendant du banquier des AMANTS DE MONTPARNASSE : comme lui perdu dans un monde de snobs ignares (toutes les notations sur la musique sont désopilantes) et manifestant finalement un goût sûr et personnel. On ne peut pas terminer sans citer Anne Vernon, absolument délicieuse et hyper sexy dans ses déshabillés (elle forme un couple idéal et très moderne, dans le jeu, la façon de bouger, avec Daniel Gélin), Elina Labourdette et son œil de biche, Jacques François, qui hésite entre un nœud mat et un brillant, et bien sûr l’admirable Jean Galland. Ses « Caroline » prononcés avec l’accent anglais (sa stupéfaction quand on ne le comprend pas dans cette langue), son adresse aux déménageurs sont des immortels moments de comédie. Hawksiens sans doute (rythme, mise en scène fluide) mais avec une minutie dans le réalisme qu’on ne trouve pas chez Hawks.
Il faut toujours rappeler les autres Becker qui sont disponibles : FALBALAS, CASQUE D’OR, le merveilleux RENDEZ-VOUS DE JUILLET (Studio Canal), GOUPI MAINS ROUGES, RUE DE L’ESTRAPADE, LE TROU, voire même le très rapide DERNIER ATOUT. Oublions ALI BABA, œuvre terne et de peu d’intérêt quoi qu’en ait dit Truffaut.
J’ai revu LA NUIT EST MON ROYAUME de Georges Lacombe qui avait été une vraie surprise quand je l’avais découvert par hasard. Et j’ai retrouvé la même émotion devant la sobriété du ton, l’attention porté aux personnages populaires, le refus de tout pathos dans le jeu de Gabin. Evidemment on pense à LA BÊTE HUMAINE, ce qui décuple la force de certains plans (même si un court instant, Lacombe et Agostini utilisent une transparence), notamment celui qui cadre en plongée Gabin, après l’accident, titubant sur le ballast, perdu dans la vapeur qui se dégage de la locomotive ou la soudaine apparition à contre jour de Gérard Oury, l’économe de l’institution, qui vient déranger un moment d’intimité tendre entre Gabin et Simone Valère, et nous fait comprendre le rapport qu’il entretient avec l’institutrice. Ou le travelling dans la foret qui précède Poinsard et Louise qui passe près d’Oury sans le remarquer. Lequel Oury joue cet économe jaloux, coincé avec une vraie sobriété qui contourne ce que le personnage pourrait avoir de conventionnel… Scénario direct, franc, jamais ostentatoire de Marcel Rivet dont c’est le grand titre de gloire (je n’ai jamais vu LES AMANTS DU TAGE de Verneuil) et bon dialogue de Charles Spaak (« le désordre, la saleté cela a une odeur », dit Poinsard) avec une belle dernière réplique. Belle interprétation de Susanne Dehelly, touchante en bonne sœur même si l’évolution de son personnage vers la cécité est trop prévisible. Et musique lyrique mais pas envahissante d’Yves Beaudrier. Un des titres méconnus de la seconde période de Gabin lequel est miraculeux de légèreté, de retenue. Il exprime une vraie grâce dans tous les moments où son affection pour Simone Valère devient de l’amour, mettant en valeur ses tâtonnements, ses brusqueries, ses louvoiements maladroits. Claude Gauteur avait publié un livre très injuste sur Gabin, dénonçant l’embourgeoisement (qui était aussi celui de la France) de celui qui fut une icône de la France populaire d’avant guerre. Il faut revenir sur ce jugement. Gabin dans les années 50 joue beaucoup de héros populaires et ce film le montre tout comme GAS-OIL, LE SANG À LA TÊTE, DES GENS SANS IMPORTANCE ou LE SINGE EN HIVER, sans parler du CHAT. On ne peut lui reprocher d’avoir voulu explorer d’autres milieux et de changer de classe sociale dans LE PRÉSIDENT, LA TRAVERSÉE DE PARIS ou EN CAS DE MALHEUR, trois réussites (et c’est le sujet très critique de LA VÉRITÉ SUR BÉBÉ DONGE). Mais là, dans LA NUIT EST MON ROYAUME, il m’a épaté par sa légèreté qui m’a fait penser à celle de Depardieu dans QUAND J’ÉTAIS CHANTEUR et LA TÊTE EN FRICHE. Il gagna la coupe Volpi à Venise. Ajoutons que le film de Lacombe traduit une confiance forte dans des valeurs collectives, héritage de la libération, qui en fait un cousin d’ANTOINE ET ANTOINETTE.
De Verneuil, j’ai revu édité par René Château, UNE MANCHE ET LA BELLE d’après James Hadley Chase. Ce qui limite le film, coince sa dramaturgie et amoindrit son intérêt. Les personnages, interchangeables, sont ceux qu’on trouve dans la quasi totalité des livres : jeune gigolo qui ne pense qu’au pognon, aux voitures de sport, femme riche, plus âgée, qui semble se laisser berner, fausse ingénue calculatrice. Le monde extérieur n’existe pas et l’action se passe comme dans beaucoup d’autres films (RETOUR DE MANIVELLE) sur la Côte d’Azur qui est juste un décor abstrait. Cela pourrait se passer dix ans avant ou vingt ans après. Personnellement, j’ai un mal fou à m’intéresser à ces personnages dont le seul mobile est le fric, même si le héros fait un moment machine arrière. C’est du théâtre de boulevard criminel avec des retournements faussement surprenants. C’est la dictature de l’intrigue, les personnages courant après elle. Ce qui rend la vision supportable, c’est la volonté touchante, naïve de Verneuil de faire « de la mise en scène » : cadrages élaborés (le premier plan), photo travaillée, profondeur de champ. Cette dernière est utilisée jusqu’à plus soif pendant la partie de cartes, moment tarabiscoté et totalement invraisemblable. Car les plans des criminels chez Chase témoignent d’une sophistication sotte qui forcément doit se retourner contre eux. Mylène Demongeot est assez craquante et parvient à faire passer ce que son personnage peut avoir de convenu et de prévisible. Vidal et Isa Miranda sont sur des rails.
J’ai enfin vu 3 CHAMBRES À MANHATTAN de Marcel Carné (Gaumont) qui me faisait assez peur. En effet, j’adorais le livre de Simenon. Ce qu’en dit Paul Vecchiali dans son dictionnaire, ses trois cœurs, m’ont forcé à sauter le pas. Et je n’ai pas été totalement convaincu, malgré l’interprétation magnifique, déchirante, ultra-moderne d’Annie Girardot qui soulève le film, s’en empare et lui donne une émotion rare, la sobriété efficace de Maurice Ronet. Les dialogues de Jacques Sigurd pèsent des tonnes surtout quand ils veulent paraître quotidiens et qu’ils imposent une série d’échanges pseudo-laconiques qui plombent le récit, qui en devient solennel. Le travail de Carné, même s’il est un peu guindé, est moins démodé que ce qu’écrit Sigurd : le premier plan sur New York est une belle transition visuelle, la photo de Schuftan est soignée et nous voyons plus d’extérieurs américains que dans le surestimé et horriblement mal joué 2 HOMMES DANS MANHATTAN (nous avons déliré sur ce film). Assez belle musique de Mal Waldron et Martial Solal.
MARGUERITE DE LA NUIT est un Autant-Lara sans Aurenche ni Bost et cela se voit et s’entend. Pourtant le projet est ambitieux (variations sur le mythe de Faust) et certains décors, mal photographiés, intriguent. Mais Montand est catastrophique, totalement à côté de la plaque et Morgan, plus juste, est handicapée par une coiffure horrible et un maquillage très lourd. Courez revoir en revanche LE MARIAGE DE CHIFFON, toujours chez Gaumont, aussi gracieux, délicat, tendre, émouvant que MARGUERITE est lourd et froid. Petite curiosité, on y voit Palau qui tenait le rôle du diable dans l’excellente MAIN DU DIABLE de Tourneur.
FUTURS CLASSIQUES
Restons en France avec le beau documentaire de Paul Lacoste, ENTRE LES BRAS, consacré à la famille Bras, à la passation de pouvoir entre Michel et son fils Sébastien. Il y a des moments de langage dans ce film (qui nous changent des horribles éléments de langage chers aux politiques), des mots qui surgissent chez des gens qui pourtant ne les utilisent guère : un simple mot rentré dans le gorge de Michel Bras prend des allures de confession autobiographique. Et ces images d’assiettes qui sont autant de tableaux, ces plans nous montrant la peau du lait qu’on retire et qu’on fait sécher (on en salive et les voir manger une tartine de cette peau crémeuse vous ferait oublier tous les régimes du monde). Et ces paysages sublimes de l’Aubrac où j’ai tourné la bataille de la PRINCESSE DE MONTPENSIER. Et l’alliance qui se fait entre la cuisine japonaise et ces Auvergnats, que de miracles.
Sortie aussi en Blu-ray de QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS de Stéphane Brizé, film très émouvant, superbement joué par Hélène Vincent et Vincent Lindon. Il faut mentionner aussi Emmanuelle Seigner qui est vraiment juste et touchante dans un rôle secondaire (elle est aussi excellente dans le dernier Ozon, DANS LA MAISON).
Et bien sûr AUGUSTINE, œuvre forte, profonde, sur le rapport de la médecine au corps des femmes. Vincent Lindon, magistral, joue Charcot, professeur progressiste qui invente une approche révolutionnaire, secoue nombre d’interdits mais qui reste prisonnier de certains préjugés quand à la manière de traiter les femmes. Alice Winocour réussit ce que Kechiche, pour moi, loupait dans la seconde partie de VÉNUS NOIRE qui restait trop didactique, trop prisonnier d’un carcan idéologique et tire de Soko, déjà splendide dans À L’ORIGINE, une interprétation bouleversante, directe, toujours au centre de l’émotion, jamais manipulatrice ou charmeuse.
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« Midi gare centrale »de Rudolph Mathé est une très bonne surprise grace à sidonis.Le film ne s’éssouffle à aucun moment et on reste captiver par les effets de camera dans les scènes finales dans le tunnel du métro.Il y a aussi comme vous le faites remarquer Bertrand dans le bonus une séquence croustillante entre le vieux flic et le jeune lieutenant.Barry Fitzgerald prépare une espèce de grog ou de cocktail en versant de l’eau chaude puis rajoute des herbes,une tranche de citron et arrose le tout de rhum.En versant l’alcool dans le verre d’Holden,il s’aperçoit qu’il est presque plein et lui tend finalement son verre.Ce qui m’a frapper également c’est que dans cette grande gare on croise beaucoup d’hommes à chapeau,un couple qui s’embrasse au début mais il n’y a aucun enfant.J’ai appris aussi grace à vous qu’à Chicago il n’y avait d’abattoirs à bestiaux(étonnant pour un état ou les habitants son t très viandards).La séquence est assez terrible pour ce pauvre type mais j’en écrit pas plus pour tout ceux qui n’ont pas vus cette pépite qui vaut le coup d’oeil.
A yves Rouxel
J’ai écrit que là on passait de Los Angeles à Chicago parce qu’il n’y a pas d’abattoirs à Los Angeles
Depuis longtemps intrigué par « Marguerite de la nuit », enfin vu hier. Rien de nouveau par rapport à ce qu’en disait Bertrand ; Montand sans doute mal dirigé – le hasard fait que la veille nous l’avons vu dans le « Salaire de la peur », et que dire….
Mais l’ambition est visible et je trouve la première partie très fidèle à l’esprit de Mac Orlan – je recommande à tous le volume des Cahiers Rouges, où le court roman est accompagné de nouvelles dont la grave fantaisie et le côté visuel anticipent sur l’univers de Boris Vian.
Si j’ai été « déçu en bien », c’est par la musique de René Cloërec, et les recherches plastiques qui étaient je crois une des grande préoccupations d’Autant Lara. Les éléments sentimentaux ont en revanche affreusement vieilli, et le jeune Faust est insupportable ; c’est ce qui rend la deuxième partie regrettable, et trop longue…. comme souvent on peut rêver à ce qu’aurait pu être le film s’il avait été mieux tenu : comme disait Bertrand, scénario sans Aurenche ni Bost et ça se ressent…
Mais les décors, le propos plastique sont suffisamment riches pour que le spectateur se fasse son propre film….
Puisqu’il est question de la BETE HUMAINE, je viens juste de le voir (une honte, mais je ne suis pas aussi cinéphile que beaucoup ici) , peu avant de découvrir LE JUGE ET L’ASSASSIN à la TV (idem).
Etrange, car ces deux films se ressemblent par leurs thèmes et leur esprit hugolien :
Des tueurs comme héros, des petites gens et un regard plein de pitié et d’humanité pour eux.
Certains dialogues très proches comme l’idée du sang gâté à la longue dans les familles de miséreux.
Et puis l’idée des chansons, un hymne par-ci, une balade moyenâgeuse par-là, comme pour fuir un peu le climat réaliste général ou bien pour le faire accepter au contraire…
Je n’ose pas demander à Mr Tavernier s’il y a une influence de la part la BETE HUMAINE car la question a dû lui être souvent serinée.
En tout cas, je me permets de le féliciter car ça n’arrive pas si souvent que j’aie envie de revoir un film et là, j’ai envie de revoir les deux.
Une baLLade moyenâgeuse, bien sûr !!!
A Minette,
Bien sur que j’ai été marqué par Renoir. Je n’ai pas le souvenir d’une influence directe de la BETE HUMAINE mais plutôt de l’ensemble de son oeuvre, de sa manière de diriger les acteurs. Cela dit; je préférerai que vous voyiez le JUGE en salle d’autant qu’il y a un nouveau DCP ou en DVD car je ne sais jamais si la télé respecte les formats et la colorimétrie
Je posais la question sur la BETE HUMAINE en particulier pour ce mélange un peu dérangeant entre un regard sur la société et un autre sur un fait de société.
J’ai revu LE JUGE (pas encore sur grand écran) et j’adore les scènes qui contribuent à faire se ressembler, malgré les apparences et petit à petit, les deux principaux personnages, à la fois pitoyables et impitoyables ; difficile de s’idendifier vraiment à l’un d’eux alors qu’ils sont le reflet des paradoxes de toute âme humaine.
Merci de votre réponse et bon rétablissement.
Dans l’échange d’eastwood,rappelez vous de la réplique de Jolie invitée (à priori hors contexte)aux oscars: »je suis pour que New york-Miami gagne face à Cléopatre ».le film traite de l’aliénation des GI en Irak(les mères ne reconnaissent plus leurs enfants.D’après vous qui est le maire et le pendu sur qui Eastwood fini par s’apitoyer.Et le bon flic à l’enfant tueur:impossible de tuer 20 gosses sans qu’on le sache!répoonse de l’enfant: nous si!etc…Pour un film d’Eastwood ne trouvez vous pas le scénario est
tiré par les cheveux et les dialogues incongrus! Mais pensez qu’il ne pouvais faire son film au 1er degré en temps quasi réel.SALUTATIONS
A ALEXIS
Je ne comprends pas ni la référence à l’Irak (en 1929 ?), à New York Miami. Et le scénariste a suivi d’assez près le fait divers, faisant abstraction des parents du meurtrier. Je trouve que c’est un très bon scénario
Je ne comprends pas non plus ces élucubrations sur l’Irak!?!
The changeling est un film scrupuleux quant à la masse de documents consultés pour élaborer le scénario.
The changeling impressionne par son foisonnement, par sa capacité à nourrir le récit principal par un arrière fond ou des intrigues secondaires (en somme un exemple de narration hyperbolique convaincante soit le contraire des films que j’attaquais pour mettre en valeur l’économie narrative de Gravity).Eastwood réussit à faire vivre une ville des 30′ avec un luxe d’annotations très fugitives.La photo est un triomphe visuel tout comme l’était le diptyque d’Iwo jima.
Je pense qu’à ce jour c’est le dernier grand film d’Eastwood par son aptitude à rejoindre l’univers étouffant d’un James Ellroy où une femme aurait le premier rôle.
Même si l’enfilade Gran torino/Invictus/Au delà/J Edgar est une dégringolade il n’en demeure par moins qu’ont précédé une tripotée de gds films Mystic river/million dollar baby/les 2 Iwo Jima/The changeling.Il est de bon ton de dégommer à nouveau mais le bonhomme reste plus grand que ses derniers dérapages.
Je ne suis pas du tout d’accord avec vous pour GRAN TORINO. C’est un des plus grands films de son auteur. Léger comme une plume, il parvient à y concilier tragédie et cocasserie avec l’art du funambule. Il réussit dans ce film à reprendre la figure d’un Dirty Harry qui a vieilli, mûri, et qui va évoluer jusqu’à sacrifier sa propre vie pour que le message tendancieux de ses exploits de jeunesse ne passe plus pour de l’héroïsme mais pour de la bêtise. Ça ne retire rien aux films évoqués, surtout le premier, mais c’est ce qui s’appelle boucler la boucle. Et peu savent le faire dans une carrière.
Gran torino est un bon petit film un peu trop loué mais il demeure juste bien, un opus mineur mais agréable, très pro.
Invictus devient déjà plus moyen même si traversé de vraies beaux moments, ceux-ci sont rares ds Au delà et carrément inexistants dans J Edgar.
à Sullivan: je trouve que ce que vous dites reste théorique dans le film. Par exemple, la partie comédie était très réussie avec les rapports entre Eastwood et ses voisins qui lui font des cadeaux, mais justement ça aurait dû être + développé. Et puis ce final, qu’est-ce que ce gamin va bien pouvoir foutre d’une voiture de sport de luxe? Une meilleure fin eut été une réconciliation de Clint avec sa famille.
A Martin Brady :
La cocasserie est à mon sens suffisamment présente, rien qu’avec le ronchonnement du personnage de Clint. La Ford Torino en héritage, c’est logique : c’est son bien le plus précieux et le gamin l’a bien gagnée.
A Martin Brady :
Je trouve que vous assénez vos vérités, vos perceptions, avec un peu trop d’assurance… Je prends en exemple votre mépris pour J. EDGAR qui de mon point de vue, n’est pas si mal que ça du tout.
Correction, e deuxième message s’adressait à Ballantrae :
Je trouve que vous assénez vos vérités, vos perceptions, avec un peu trop d’assurance… Je prends en exemple votre mépris pour J. EDGAR qui de mon point de vue, n’est pas si mal que ça du tout.
cher monsieur Tavernier, dans l’échange d’eastwood,rappelez vous de la réplique d’angelina jolie invitée(à priori hors contexte) aux oscars: »je suis pour que new york-miami gagne face à cléopatre ».Le film traite de l’aliénation des GI en l’occurrence en Irak.D’après vous qui est le maire et qui est ce pendu sur qui eastwood fini par s’apitoyer?dans ce film le scénario semble incongru et les dialogues très pesés et en fait explicites. désolé que mon message soit hors contexte mais j’espère qu’il vous parviendra.
Ah, merci de citer ce très beau film qu’est Augustine.. Et un grand – et rare finalement- film féministe!
Et puis, simplement, merci d’exister, Mr Tavernier . J’ai vu tous vos films , le dernier j’attendrai un peu car j’habite Tahiti!
Et ai même lu, c’était long mais passionnant, Amis américains, enfin la première édition, je viens de voir qu’il y en avait une nouvelle ..
A propos d’Amazon :
Position chevaleresque et inattaquable sur le plan des idées, Mr Tavernier !
Mais quand même, dites moi svp :
Que fait alors votre humble serviteur qui ne dispose pas d’un magasin « à l’ancienne » dans sa ville et qui est, comme vous, amoureux et boulimique de cinéma sans disposer de moyens « illimités » ni de services de presse ?
Dois je alors acheter à la Fnac, au Mediamarkt ou Saturn du coin, en me trouvant face à un personnel peu aimable, souvent incompétent et dont les services de commandes sont d’une ridicule inefficacité (quand ils n’ont pas en stock un titre hors production courante, c’est comme si l’article n’existe pas) ceci sans parler des prix ridiculement élevés ! Exemple : dvd LCJ de « la Ciocciara » = 25 euros.
Donc, me faire plumer de cette façon pour avoir le sentiment, in fine, d’avoir fait ma BA en combattant la méchante sorcière Amazon : NON, je m’y refuse et tant pis si vous me qualifiez d’affreux égoïste …
Mais sachez quand même que je soutiens aussi et autant que faire se peut de petits éditeurs (type « the ecstasy of films ») ou commerçants (ex : Metaluna Store) qui se lancent dans l’aventure et prennent des risques mais c’est là me semble t’il un cinéma qui ne semble pas vous intéresser et c’est bien votre droit.
Mais acheter un LCJ à la qualité éditoriale médiocre pour 25 euros, je m’y refuse pour toujours et tant mieux pour vous si vous êtes prêt à le faire …
Ceci dit, j’aime beaucoup (presque) tous vos films !!
Cordialement,
Jacques COUPIENNE
vu quelques heures de printemps il y a peu. très beau film justesse du propos, personnages attachants, sujet grave traité avec délicatesse et evidemment interprétation nickel de Vincent Lindon comme d’hab. pas loin de penser que c’est un des meilleurs acteurs au monde à l’heure actuelle. il serait temps qu’on le lui fasse savoir au moins en France…
A Bertrand Tavernier
J’ai longtemps pensé que James Ivory était anglais alors qu’il est américain (franco-amércain selon Wikipédia)
Pourquoi ne le trouve-t-on pas dans 50 ans de cinéma ? Son premier film connu en Europe est QUARTET qui date de 81, mais j’avoue que les titres précédents sont pour moi totalement obscurs, et je pense qu’ils ne le sont pas que pour moi.
A emmanuel Vaillant
Parce que tous ses films, en tout cas les célèbres, sont de nationalités anglaises, financés par un producteur anglais
ces premiers films ont été tournés en Inde et sont loins d’être obscurs je précise à l’ensemble de la cinéphilie.il me semble que savages a même été présenté à Cannes. le début de son oeuvre est tout aussi interessant que la suite.par exemple son premier the householder est un très beau film sur la famille indienne.
Le sujet a été « définitivement » traité (si j’ose dire) par le photographe d’origine danoise Joakim Eskildsen dans un des plus beaux livres photo sorti ces dernières années THE ROMA JOURNEYS.
Quand on aime le ciné, on aime la photo, alors en petit hors-sujet, je me permets de proposer d’aller voir le reportage-photo de Yann Merlin dans un camp de Roms l’été dernier, ça ouvre les yeux c’est magnifique:
http://yannmerlin.wordpress.com/reportages-en-immersion/3-semaines-dans-un-camp-de-rom-la-courneuve-juillet-2013/
L’humour tu connais ?
Deux fois en quelques mois que je ressors d’une projection avant la fin de la première heure. Il s’agit de deux films interprétés par Gérard Depardieu. Je ne citerai pas les titres (leur metteurs en scène ont surement une famille) et si Depardieu a déjà tourné plus d’un nanar, au moins il y mettait du coeur. Là, il n’y a plus rien, il joue comme un pied, il s’en fout royalement. Dans un de ces deux films, il a l’air tellement bourré qu’il ne doit même pas se rappeler du nom de son personnage.
Alors j’en appelle à vous Bertrand, car l’heure est grave. Vous êtes le seul réalisateur important avec qui le gros Gégé n’ait pas encore travaillé. Resnais, Téchiné, Chabrol…. tout ça c’est fait. Il ne reste plus que vous. Je ne sais pas ce que vous pourriez faire avec lui… essayez de lui proposer un film sur Jaurès par exemple. Ce serait une bonne idée Jaurès. Josée Dayan risquerait de s’y coller avant vous, et elle ne peut pas non plus tout faire la pauvre dame.
Ou alors un film sur Charlemagne. Je verrai bien TAVERNIER/DEPARDIEU/CHARLEMAGNE imprimé sur une affiche.
Essayez d’y réfléchir, mais ne tardez pas trop s’il vous plait. Je crains qu’avec la vie qu’il mène le bonhomme nous claque dans les doigts avant d’avoir atteint les 70 ans.
à Emile Couzinet: vos interventions sont toujours précieuses. Que d’infos, que d’avis, continuez à nous parler des films que vous n’avez pas vu en entier sans en donner les titres, surtout. Une nouvelle école critique? C’est révolutionnaire, comme approche du cinoche.
Cher Martin Brady, je vous soupçonne d’être atteint d’une cinéphilie pathologique dans sa forme la plus grave, avec une tendance à l’agacement systématique, au réflexe sarcastique dès qu’un commentaire s’exprime autrement qu’en termes mesurés fut-ce à l’égard d’une meringue de collection. Je m’exprime toutefois avec réserve, ne connaissant pas encore vos réactions face à une comédie de Michel Vocoret avec Gérard Rinaldi ou l’intégrale de Philippe Clair avec Aldo Maccionne. Je ne saurai quoi vous conseiller si en de pareils cas vous en appelez aussi à une dialectique religieuse.
Peut-être écrivez-vous ici dans l’espoir qu’un magazine vous repère, personnellement je ne fais que des commentaires. Dans la défunte revue Cinématographe, il existait une rubrique intitulée coup et blessures. Ca n’avait rien à voir avec la critique mais ça me faisait énormément rire, même quand ils s’en prenaient à des metteurs en scène que j’appréciais. Ce n’est pas nouveau de parler de cinéma en déconnant… mais je crois que ça ne se pratique plus nulle part, alors veuillez m’excuser.
Ne touchez pas à Michel Vocoret, s’il vous plaît, il y a des limites à ne pas franchir, des monuments qui vous dépassent.
Et gardez le sourire éventuellement.
« Une dialectique religieuse »! Excellent!
moi je trouve le message d’émile couzinet vraiment très amusant. il y en a vraiment ici qui se prennent vraiment trop au sérieux ! détendez vous, respirez, inspirez, respirez, inspirez. ça va aller 🙂
oui, d’accord mais enfin qand même, se moquer de Michel Vocoret…
J’ai revu RUE DE L ESTRAPADE et à ceux qui sousestiment un peu Becker ou qui ne voient pas son originalité, j’aimerais citer une scène: au début Anne Vernon reproche à Louis Jourdan de sortir avec un foulard de femme, il répond qu’il lui va bien, Vernon se lève et se jette sur lui en l’appelant « Ma chérie, petite misérable, tu le sais que tu es belle je suis fou de toi! » et elle le presse dans un coin en inversant complètement les sexes en référence à de multiples scènes conventionnelles dans lesquelles on a vu l’amoureux latin assaillir de ses assiduités la belle femme dont il est amoureux. Impossible de trouver l’équivalent de cette trouvaille comique ailleurs, même plus récemment: ce comique naît d’une repas quotidien, routinier, la fantaisie elle-même trouve sa source dans le banal, c’est ça qui est fort. Juste avant, le premier signe de l’amour de Vernon pour Jourdan est de la voir assaisonner la salade dans l’assiette de celui-ci pour manger dedans!
Monsieur Tavernier Grace a vous j ‘ai découvert Antoine et Antoinette qui je pense a énormément influencé jeunet pour Amélie Poulin et klapish pour chacun cherche son chat . Le film est savoureux mais je trouve la mise en scene un peu daté (gros plans, acteurs statiques…) je ne vois pas la modernité dont vous parlez, si vous pouviez m’éclairer …
A Philippe
Daté ? Je reste sans voix. Le nombre de scène filmées dans le mouvement, sans gros plan, l’utilisation de décors très étroits, bourrés de personnage, moi, cette virtuosité me laisse sans voix : la noce et tout ce qui se passe dans les fonds de plan
Monsieur Tavernier, sans vouloir vous obliger, le 2 août dernier vous annonciez à Martin Brady et donc par la même à la communauté attachée à ce blog, que vous ne pourriez plus répondre « jusqu’au 26 ». Libre à chacun de penser qu’il s’agissait du 26 août. En tout cas, c’est ce que je me suis dit. Personnellement j’aurais apprécié que vous montriez signe de vie, même pour préciser que vous parliez du 26 septembre… (ou du 26 octobre, ou tout autre 26…)
Tout en espérant bien-sûr, qu’il ne vous soit rien arrivé de fâcheux. Bien à vous, et merci encore pour votre passion et pour être ce passeur de cinéphilie qui commence à me manquer, ainsi qu’à d’autres habitués de ce blog, j’en suis certain !!
A Sullivan
hélas le 26 aout, j’ai du repartir plus tot que prévu
Sullivan n’as tu pas remarquer que notre hôte est allé présenter son nouveau film dans plusieurs festivals , San Sebastien, Toronto et ailleurs. n’est ce pas M. Tavernier 😉
A Nemo
Juste san Sebastian et Toronto
Bonjour à tous.Je serais à l’avant-première de votre prochain film »Quai d’orsay »le 21 octobre à 20 heures au cinéma Gaumont wilson.En esperant que certains spectateurs posent des questions idiotes(Avez vous une anecdote à nous raconter sur le tournage de votre film?)
Le Gaumont wilson…à Toulouse????
cher Bertrand Tavernier
je viens à l’instant de découvrir votre blog dvd (il n’est jamais trop tard…) que j’apprécie énormément (j’ai toujours aimé votre manière intensément cinéphile de parler du cinéma), bien qu’il soit un peu comme la vitrine d’un boulanger pour un diabétique… on a envie de tout acheter (enfin tout ce qu’on a pas déjà !).
Je voulais vous signaler une collection de coffrets DVD consacrés à des réalisateurs de documentaires (déjà sortis : un coffret Claire Simon avec ses tout premiers films, un coffret Alain Cavalier qui contient 3 portraits de personnes ayant fait acte de resistance, un coffret avec 4 films de Jean-Pierre Duret et Andrea Santana qui racontent le Brésil en suivant plusieurs personnages très attachants), le prochains coffrets sont prévus pour novembre et décembre prochain : 2 cinéastes importants du cinéma documentaire : Bob Connolly et Robin Anderson – La trilogie Papoue et un cinéaste américain très peu connu mais qui mériterait largement de l’être : Ross McElwee, qui a fait un remarquable journal filmé sur plusieurs décennies de sa famille, son entourage ses amis et qui est aussi une petite histoire de l’Amérique.
Si vous souhaitez voir ces films nous pouvons vous envoyer les coffrets…
très cordialement
eric denis
documentaire sur grand écran
A denis
je crois avoir vanté le Cavalier, signaler le Claire Simon
Je viens de découvrir que j’avais manqué une avant première dans le 24, au Buisson plus exactement! Argh!!! En espérant que vous reviendrez cet automne dans le Sud Ouest ou à Limoges pour présenter Quai d’Orsay.
Ils en ont de la chance les périgourdins du Buisson de Cadouin et des environs, d’avoir pu voir votre QUAI D’ORSAY en avant-première la semaine dernière ! J’imagine que le débat a été enflammé…
A Sullivan
C’était formidabl et il y avait Frédéric Raphael que j’aime beaucoup
Cher Bertrand,
Je suppose que vous n’avez pas tout à fait achevé les dernières finitions de Quai d’Orsay.
En revoyant ce soir sur le cable Laissez passer me revinrent des réminiscences de la découverte du film début 2002 en votreprésence dans notre bonne ville de Périgueux.Je me souviens de la salle réceptive au film et de la générosité des échanges que vous avez su nous offrir.Le film est toujours aussi beau, aussi juste, aussi ambitieux dans sa peinture d’une époque et d’un sujet complexes.
Puissions nous vous revoir à l’occasion de ce nouveau chapitre dans votre carrière dont j’attends beaucoup!
A Ballantrae
Merci. J’écris moins et je réponds moins souvent, étant accaparé par la sortie de mon film, la tournée province, les festival, bref le tintoin mais il faut aller voir GRAVITY, GRAND CENTRAL et bien d’autres films
Je rajouterais à votre liste un premier film réalisé par le basque Xabi Molla. »Les conquerants »est simple au premier abord mais pas dépourvue d’interet sur le jeu des comédiens(Gregory Gatebois est une valeur sure du cinéma de chez nous puis on retrouve Darroussin dans le role de son père).J’ai beaucoup aimé « Elle s’en va »réalisée par Emmanuelle Bercot avec une Catherine Deneuve tout en retenue et au sommet de son art.
A Rouxel
Moi aussi j’ai aimé ELLE S’EN VA et aussi LA VIE DOMESTIQUE et l’autre film de Xabi Molia 8 fois Debout
Juste célébration des beautés du cinéma de Becker que vous dites assez justement hawksien mais on pourrait dire aussi bressonien à l’occasion ( scène du meurtre dans Casque d’or, Le trou forcément hanté par le souvenir de Un condamné à mort s’est échappé, revu récemment en compagnie du formidable guide qu’est Michel Chion).Edouard et Caroline compte parmi mes films préférés de son auteur.Mon souvenir de Goupi un peu lointain mérite d’être réactivé tandis qu’ali baba restera en revanche enfoui dans mes souvenirs d’enfance comme un film poussif, assez peu comique.
Aparté sur M Chion: il faut que tous les cinéphiles du blog lisent toutes affaires cessantes si ce n’est fait l’oeuvre de cet essayiste emballant, inventif et jamais pédant, toujours mené par le principe de plaisir et de partage.Il est vraiment l’inventeur d’une pensée du cinéma en tant qu’objet sonore et je pense qu’il est intéressant de commencer par sa somme Un art sonore, le cinéma (éd Cahiers du cinéma).Par ailleurs, ses réflexions sur la musique, sur Tati, Kubrick, Lynch , le scénario entre autres sont parmi mes plus belles lectures cinéphiles.
J’aimerais bien voir Entre les bras et vous remercie pour ne pas oublier de placer des « docus » au sein de vos sélections.Je pense pouvoir découvrir à la fin du mois L’esprit de 45 de Ken Loach qui me semble passionnant politiquement et historiquement, j’admire la formidable ténacité de ce jeune homme de 77 ans qui refuse toute dilution de son idéal dans le bain marie du néolibéralisme qu’il soit de droite façon Thatcher ou de droite façon Blair.
Le « docu », c’est d’abord du cinéma qui parle de notre rapport au monde, de notre perception de façon à aiguiser notre acuité aussi bien face à des moments ténus (les portraits de Cavalier,Daguerreotypes de Varda) que face à des lames de fond historiques ( the war de Ken burns est décidément l’un des plus grands films de ces dernières années et je le revois tjs avec la même sidération face à tant de précision, de pudeur, de maîtrise des allers retours entre collectif et intime).
Merci pour cet éclairage sur Becker qui gagne vraiment à être connu. Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur réalisateur français de la période 40/50 sachant que Clouzot (avec « le corbeau » et « quai des orfevres ») règne sur les années 40. « Les diaboliques » tourné dans les années 50 est un joyaux trop souvent sous estimé. Ce dernier a fortement marqué hitchcok, comme l’indique Mc Gilligan dans sa biographie, et l’a sans doute poussé à s’interesser à une autre adaptation de Boileau-Narcejac (« D’entre les morts » qui donna « vertigo »).
Je vais me précipiter sur les 2 films de Vincent Lindon mentionnés. Il m’avait déjà impressionné dans « Welcome » et « Mademoiselle Chambon ». Merci.
Enfin bravo pour « Quai d’Orsay » que je viens découvrir au festival du film d’Angoulême en avant première. Cela faisait longtemps que je n’avais pas autant rit à une comédie française. Le casting est exceptionnel. Et Thierry Lhermite livre une performance du niveau de James Cagney dans « One, two, three » de Billy Wilder.
A Joe E Brown
Dans les années 40, Becker signe FALBALAS, CASQUE D’OR, GOUPI, ANTOINE ET ANTOINETTE, RENDEZ VOUS DE JUILLET
Pour continuer, tous les films de Becker se rattachent à un genre connu, non? Ils ont tous un air de déjà vu sauf qu’ils sont décalés, c’est sa force. Ils rappelent ce qu’on a vu ailleurs avec un pas de côté singulier, LE GRISBI rappele 1000 polars avec Gabin, sauf qu’on y voit des choses invisibles ailleurs: échange d’otages entre deux bandes rivales, deux malfrats des deux bandes ennemies se croisent « tiens ça va, toi? » « ouais ouais et toi? », personne ne pense à ce genre de détails sauf lui! Dans la planque de Gabin, Dary et lui se tapent du foie gras avec des biscottes puisque c’est une planque! Gabin précise à Dary: « tiens, j’ai prévu une brosse à dents neuve si tu veux te laver les crochets! » (de mémoire). Quoi les gangsters sont pas supposés se brosser les dents?
A Martin Brady
Et le personnage de Gabin est unique, anti héros avant que cela ne devienne la mode, qui remet en cause son image de séducteur, préfère se pieuter que de faire la bringue
A Martin-Brady
Sauf erreur de ma part, ils se tapent des rillettes. C’est encore mieux! Je crois avoir systématiquement le goût des rillettes (tiens, ça pourrait faire japonais ça « Le Goût des Rillettes au thé vert » nonobstant les rillettes) en visionnant cette séquence si typique du naturalisme méticuleux de son auteur.
Plus sérieusement, je crois que la modernité de Becker est dans sa capacité d’émerveillement. Le quotidien le plus trivial, traité par Becker, vire discrètement mais sûrement vers le merveilleux.Les va et viens de GELIN-VERNON dans leur appartement ont valeur documentaire. On voit vivre un jeune couple parisien du début des années 50 comme si on était une petite souris. Cela pourrait embarrasser ou irriter mais non, ça émerveille.
à Alexandre Angel: « Caroline, c’est toi qui a touché à mes dictionnaires? ».
Sinon dans la planque de Gabin, je vous jure, c’est du foie gras. Du foie gras avec des biscottes c’est la classe!
Quelqu’un peut nous départager?
à AA: Je pense que c’est ça qui est important: « Le quotidien le plus trivial, traité par Becker, vire discrètement mais sûrement vers le merveilleux. » (AA) que je me permets de rapprocher de « la fantaisie elle-même trouve sa source dans le banal, c’est ça qui est fort. » (MB) donc, ce qu’on dit c’est que Becker part du quotidien pour retrouver le singulier, l’original, et c’est si évident et subtil que beaucoup ne le voient pas (je reprends cette dernière remarque de la fin de l’intervention de BT dans le bonus de APACHE DRUM de Fregonese!). Quand on voit dans un Hitchcock, le héros ordinaire pris dans des évènements extraordinaires, ce n’est qu’au début, par la suite il ne nage plus que dans l’extraordinaire, chez Becker ce sont des va-et-vient incessants entre ordinaire et disons, plutôt, le singulier ou le fantaisiste, il y a des touches de fantaisie là où on ne les attend pas et même si le banal et le prévisible font partie de la vie, ne voit-on pas que souvent aussi c’est le contraire qui se passe? Les gens de la nouvelle vague ont pris cette voie aussi, de repartir du quotidien mais pas toujours avec la même réussite, oeuf de course.
D’autre part, attendez un peu que je me paie le dvd du Grisbi, vous, non mais des rillettes, sans blague…
A Martin-Brady,
Vous me contrariez sans ménagement !! Je serais fort déçu qu’il s’agisse de fois gras parce que si c’est le cas, les salauds !!! La moitié pour toi, l’autre pour moi : si Dora Doll était là, elle le ferait tricard le Gabin.
Avis aux blogueurs et à Bertrand Tavernier : est-ce du fois gars ou sont-ce des rillettes ? C’est insoutenable..
À MB et à AA : Selon moi, il ne s’agit ni de foie gras, ni de rillettes. À l’aspect, une terrine, pas du tout de foie gras et encore moins de rillettes, de pâté de porc je dirais, un pâté assez lisse et clair, pas comme une terrine de chevreuil par exemple vous voyez. Et puis, quand on voit comment ils le tartinent et le mangent : « Allez… allons-y comme ça va »… le doute qui subsistait encore sur le foie gras (quand la rillette avait été définitivement écartée pour des raisons de texture) s’envole alors pour moi pour de bon. Quant au vin, du blanc, le seul indice : « Tiens tu vas l’goûter… C’est un pote qui m’l’envoie d’Nantes… »
À MB et AA : Ou de canard, le pâté… En tout cas un genre de mousse, pas avec les morceaux vous voyez…
A JCK
Vous êtes le Roi Salomon du pâté.
Merci pour cette brillante démonstration qui apaise mon doute sans trop faire vaciller mes certitudes. Ouf..
à JCF, AA et autres exégètes décadents mais raffinés: je proteste vigoureusement! L’objet de l’en-cas impromptu est clairement désigné par Gabin à Dary comme étant du foie gras! En fait, un simple pâté était prévu dans le scénario et Gabin a mis en balance sa participation au film: « Jamais au sud de la Loire et jamais sans foie gras », disait-il. Il s’est fait prier pour les biscottes mais a cédé.
mais le doute s’infiltre dans mon esprit…
Au risque du doublon, car je l’ai déjà posté :
Jean-Charles Freycon, vous êtes le Roi Salomon du Pâté.
À AA : Vous m’honorez. Même si je ne mérite certainement pas une si glorieuse distinction. Pour être vraiment juste : MB avait raison, il s’agissait vraiment de foie gras, Gabin ayant exigé telle gourmandise. Mais ça, c’était sur le plateau, lors du tournage. Cependant, dans le film, dans la réalité de la fiction et non plus celle du tournage, ce qui nous intéresse, il me semble, jamais « foie gras » n’est prononcé, après quand même une dizaine de visionnages de la séquence, il faut quand même être timbré. Un doute subsiste cependant : à un moment, Gabin maugrée quelque chose d’absolument inintelligible. Peut-être était-ce effectivement « foie gras », même s’il m’a semblé qu’il manquait une syllabe… Tout ça pour mériter ma toute nouvelle charge de Salomon du pâté. Je coupe donc la terrine en deux : À MB le foie gras de la réalité, à AA le pâté ordinaire de la fiction… (Mais pas les rillettes, ça c’est certain.) Bien à vous.
Heu.. y a quelqu’un ?
bonjour,
cela fait plaisir de voir un éloge du grand Jacques Becker sous votre plume.
Plutôt que « le plus grand cinéaste français des années 40/50 », il est pour moi « le plus grand cinéaste français parmi ceux ayant débuté dans les années 40/50 ».
Car n’oublions pas que les années 50 sont aussi la décennie du retour en grâce de Renoir et Ophuls…et que nul film français de la période ne saurait rivaliser avec Le plaisir ou Madame de…(c’est mon opinion et je suis prêt à la défendre mordicus).
Becker est aussi selon moi le grand cinéaste « classique » français en ce sens que c’est peut-être le seul grand cinéaste de notre pays à avoir réussi à force de réalisme et de savoir-faire (dans le découpage notamment), à la manière d’un Hollywoodien mais sans imiter les Hollywoodiens (exception faite du mineur Dernier atout).
L’humilité devant sa matière est partie essentielle de son talent et c’est peut-être pour ça qu’il n’a pas la reconnaissance qu’il mérite.
A Christophe
D’accord surtout pour Ophuls. Les Renoir des années 50 ne rivalisent pas avec le Trou
Bonjour,
N’arrivant aps aprés quelques recherches à trouver ce titre, je me risque ( ?) à vous consulter à ce propos.
je recherche une comédie US qui se déroule en Allemagne je crois où il est question d’une idylle qui prend forme au sein de l’armée d’occupation US; cela donne lieu à des quiproquos dans mon souvenir car l’un doit porter un uniforme ou une qualité /grade( Monsieur la général par exemple) non prévu par le code militaire si bien que cela les empêche notamment, un temps seulement – obligé c’est une comédie- de rentrer au pays et d’être démobilisés. Dans mon souvenir, ce film vu à l’Action Christine était assez savoureux par moments ; le titre qui pourrait venir à l’esprit serait « uniformes et jupons » mais ce n’est pas cela évidemment.
C’est un film des années 50 je dirais ou tout début des 60’s.
Merci d’avance pour votre aide.
A Franck
Je vais chercher. Ce n’est pas le Billy Wilder… Il y a un Walter Lang et un Melvilee Shavelson qui ont des sujets similaires
A Franck et Bertrand Tavernier : il pourrait s’agir de I WAS A MALE WAR BRIDE d’Howard Hawks (Allez coucher ailleurs en français). Le film était d’ailleurs sorti en dvd en France il y a 10 ans mais depuis épuisé. Par contre le film date de 1949… Si d’autres pistes ?
J’en profite pour saluer votre retour sur le blog !
Bertrand Tavernier & Blogueurs, bien le bonjour et bonne rentrée !! Je suis sûr que chacun aura repris son souffle en vue de nouveaux échanges passionnés et trépidants. Merci à Bertrand Tavernier pour cette nouvelle salve de conseils.
Juste un petit mot en rapport avec ANTOINE ET ANTOINETTE : j’ai toujours trouvé que quelque chose de cet opus beckerien résonnait à la fin de L’ANGUILLE, de Shohei Imamura, lorsque le héros, meurtrier en phase de difficile réinsertion, se bastonne avec un voyou qui le fait chanter, dans un drôle de contexte mêlant aussi entraide populaire et ferveur humaniste.
Voilà, mais ça n’engage que moi.
Bien à tous..
Bonjour,
Je vous prie de m’excuser. Je n’ai malheureusement pas trouvé comment vous contacter autrement que par commentaire.
Je souhaitais vous faire découvrir le service Paperblog, http://www.paperblog.fr dont la mission consiste à identifier et valoriser les meilleurs articles issus des blogs. Vos articles sembleraient pertinents pour certaines rubriques de Paperblog.
En espérant que le concept de Paperblog vous titille, n’hésitez pas à me contacter pour toutes questions ou renseignements…
A Audrey
Merci de tout coeur. Bonne initiative
Tiens, j’ai envie de rajouter ça: dans ANTOINE ANTOINETTE, lors de la bagarre finale entre Roquevert et Pigaut, Claire Mafféi a appelé les voisins à l’aide et, dans ce brouhaha et cette bousculade dûe au grand nombre de personnes dans la pièce, on voit le voisin violoniste qui rouspète parce qu’on l’a dérangé renifler une odeur suspecte et vérifier le tuyau de gaz et fermer le robinet, et quitter la pièce en bougonnant! Tout en râlant, il a sans doute évité une catastrophe et personne ne s’en rend compte! C’est bien illustrer là le souci d’entraide de solidarité dont vous parlez sans tralalas ni trémolos! Génial et drôle surtout. Vive Becker!
on voit dans le fond derrière la foule, sans qu’un plan rapproché ne nous le montre mieux, un des voisins qui a remarqué que le tuyau de gaz de la cuisinière s’est séparé de l’embout dans la bagarre, attraper celui-ci et renifler si du gaz en sort, puis fermer le robinet et remettre le tuyau, aucun des autres voisins ne le remarque et tout cela se passe
zut il y a une phrase en trop tant pis, à supprimer si possible!
Ah ben quelle surprise, de revenir plus tôt que ce que votre dernier message annonçait!
Et surtout merci pour Becker qui remet en question depuis un paquet d’années toute ma petite hiérarchie de mes vingt ans sur les cinéastes les plus importants! J’ai envie de m’enthousiasmer et dire « au 1er rang Becker, au 2ème Becker, au 3ème personne, puis au 4ème X ou Y »! J’ai vraiment l’impression que rien de ce qui touche à la mode disons, n’avait de prise sur lui, d’où la légèreté.
Chez un acteur comme Depardieu, oui c’est la légèreté du comédien, je n’aime que moyennement QUAND J ETAIS CHANTEUR, mais il y est admirable. Son souci du rôle fait faire des pointes à ses 120 (130?) kilos! comme dans le bon polar de Chabrol BELLAMY qu’il tire sans cesse vers le haut (je regarde sa filmo et je réalise que depuis le Chabrol, 4 ans, il a déjà tourné une trentaine de films, certes avec des rôles courts ou des c.m., mais il devrait ralentir…). Il arrive quand même dans ses films à faire oublier ses « bons mots » sur les plateaux de canal ou autre…
Bonjour Bertrand. Vous n’avez pas pu résiter à écrire une chronique pendant vos vacances ! Merci.
Merci de parler de Stéphane Brizé que j’estime être un des plus importants auteurs français quarantenaires aux côtés de Giannoli.
QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS m’a complètement enthousiasmé, c’est un film où les scènes de violence (les engueulades mère/fils) sont d’un réalisme rèche, abrupt, surprenant, les scènes de tendresse (Lindon/Seigner ou Lindon/Vincent) sonnent juste et le quotidien des personnages, tout en tension (Hélène Vincent épluchant ses légumes, Lindon à son travail…) est finement dépeint et prépare l’air de rien, le dernier quart-d’heure donnant son titre au film. Dans le merveilleux JE NE SUIS PAS LA POUR ÊTRE AIME, lorsque le personnage de Chesnais pleure la mort de son père, Brizé le filme de dos, on ne voit que sa nuque, il est assi au volant de sa voiture, sur le parking de la maison de retraite. C’est absolument poignant, déchirant. Même chose dans QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS quand Vincent Lindon accompagne sa mère dans son dernier souffle de vie, quand il pleure et réussit enfin à exprimer une émotion forte, vraie, il est filmé de dos. Cette sensibilité exempte de toute trace de sensiblerie me transporte et je me permets de reprendre ici les propos de Mr. Thibault Marconnet qui commente le dernier Dumont sur amazon, CAMILLE CLAUDEL 1915, en ces termes, propos qui conviennent parfaitement à Stéphane Brizé : « En cette époque de médiocrité généralisée, où toute expression de sentiment profondément humain est étouffée, Bruno Dumont demeure une torche dans les ténèbres ; un orfèvre du cinématographe, un orpailleur de génie. Camille Claudel 1915 est une oeuvre qui se recueille comme une prière qu’on dit au fond de soi pour y glaner un peu de paix ; et pour que la faucheuse des âmes fragiles ne vienne pas sans cesse nous dilacérer le coeur »
Pour continuer sur QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS, j’ai été conquis par la musique que je n’ai par reconnue immédiatement, tout en me disant que ça me disait quelque-chose et que c’était une patte musicale de très grande qualité. C’est en fait la bande originale que Brizé écoutait pendant l’écriture du scénario de son film et qu’il a gardée avec l’accord des compositeurs Nick Cave et Warren Ellis : la B.O. du western crépusculaire d’Andrew Dominik sorti en 2007 L’ASSASSINAT DE JESSE JAMES PAR LE LÂCHE ROBERT FORD. C’est une belle expérience que de se rendre compte qu’une même musique peut fonctionner sur deux films totalement différents (ce qui peut se confirmer dans de très nombreux autres cas bien-sûr).
J’y reviendrai plus longuement mais oui Camille Claudel 1915 est un film impressionnant dans une trajectoire parmi les plus droites et rigoureuses du cinéma français de ces 20 dernières années.Dumont ouvre le champ des possibles sans cesser d’être lui-même et j’ai l’impression que chaque film est pour lui une manière de réinventer son rapport au cinéma.
En tout cas, il ne fait jamais un film de plus!
A Ballantrae
Entièrement d’accord avec vous. J’ai été très impressionné par le film et par Binoche que j’avais détesté dans toutes ses dernieres prestations. J’ai pu le dire à Bruno Dumont qui savait que je défendais ses films et qui m’a parlé avec passion de COUP DE TORCHON
J’aime bcp Camille Claudel mais bon l’histoire de la « dilacération » est un peu curieuse …en tout cas, j’ai appris un nouveau mot!