Chronique n°22
27 octobre 2008 par Bertrand Tavernier - DVD
SND a sorti toute une série de films italiens et une collection Gabin. C’est ainsi que j’ai découvert IL GIOVEDI de Dino Risi, œuvre douce-amère touchante et assez désenchantée qui annonce LE FANFARON et UNE VIE DIFFICILE. À découvrir. En revanche DON CESAR DE BAZAN, première réalisation de Freda, est vraiment médiocre et académique. Les duels sont filmés à l’accéléré, sans invention et l’on ne peut sauver que quelques plans d’atmosphère, quelques cadres assez réussis. Dans les Gabin, cela vaut vraiment le coup de revoir LA HORSE, une des réussites de Granier Deferre qui marque sa rencontre avec Pascal Jardin et tient très bien le coup. La mort de Felix Marten, sinistre écraseur de poules, est un grand moment. LE PORT DU DESIR est un Gréville ultra mineur avec un scénario de Jacques Viot qui prend l’eau de toutes parts. On y trouve quelques notations personnelles (le moment où Henri Vidal et la curieuse Andrée Debar ferment et ouvrent les verrous de leur chambre d’hôtel est une réussite très « Grévillienne ») et une belle séquence sous marine filmée par… Louis Malle. Je n’ai pas encore vu MARIA CHAPDELAINE ni revu LA BANDERA.
SND a aussi sorti une magnifique copie de LA PISCINE, sans doute le meilleur film de Jacques Deray. Il est enfin possible de revoir le film tel qu’il a été tourné, avec ses couleurs d’origine, sa photographie qui donne une présence extraordinaire à la peau des personnages, à leur corps, ce qui donne toute leur force physique, animale à ces affrontements de fauves. Et quels fauves : Alain Delon, Romy Schneider, et Maurice Ronet, sans oublier la présence de Jane Birkin. On a l’impression que la mise en scène aiguise, affûte leur talent . Une goutte d’eau glisse le long d’une épaule, un rayon de soleil vient éclairer un visage. L’ouverture du film, qui joue de manière magistrale sur le hors champ, la durée des plans, est d’une rare sensualité. Sensualité qui se transforme peu à peu en une tension inexorable que ne dissipent pas les apparitions insolites de Paul Crauchet.
Sortie aux USA de deux films (également sortis en France) d’Ulu Grosbard que j’aime beaucoup : (STRAIGHT TIMELE RECIDIVISTE) est une excellente adaptation du beau roman d’Edward Bunker paru chez Rivages. Bunker joue un petit rôle et co-signe avec Alvin Sargent le scénario qui évoque la quasi-impossibilité de la réinsertion… C’est sans doute le meilleur film de Dustin Hoffman dont le jeu est ici épuré, débarrassé de ses tics explicatifs. Robert Duvall considérait Ulu Grosbard comme le meilleur directeur d’acteurs avec qui il ait travaillé. Cela se voit dans les deux films et notamment dans STRAIGHT TIME où tous les rôles sont tenus de manière sensationnelle, de la très touchante, vibrante, fragile Teresa Russell à Gary Busey, M Emmett Walsh, fonctionnaire effrayant d’onctuosité rigide. Et surtout à Harry Dean Stanton dont la première apparition nous cloue littéralement… Le scénario qui doit beaucoup au roman semi autobiographique, évite tous les pièges et renouvelle chaque scène par une accumulation de petits détails justes, excitants ou touchants. On est constamment surpris ou touché par ces notations, par des dialogues très inventifs qui évitent et l’apitoiement et la manipulation dramatique au profit d’une âpreté, d’une complexité qui nous donnent l’impression de découvrir le sujet.
Complexité, âpreté que l’on retrouve dans TRUE CONFESSIONS (SANGLANTES CONFESSIONS) écrit par John Gregory Dunne et Joan Didion d’après un livre de Dunne. Le film analyse les étranges rapports unissant et opposant deux frères, l’un prêtre (Robert de Niro), l’autre policier (Robert Duvall) sur fond de meurtres de prostituées qui déchirent la communauté catholique…grâce à Grosbard, ce lien fraternel paraît évident, crédible, jouant sur une série d’idiosyncrasies gestuelles et psychologiques. Particulièrement remarquable est la manière qu’a Duvall de rentrer dans un nouveau décor, totalement différente de celle de De Niro et pourtant étonnamment proche…l’intrigue policière avec ses implications (les liens entre l’Eglise et le monde de l’argent) sont traités avec une vraie complexité. Malgré des défauts inhérents au livre qui comme souvent chez Dunne est plus opaque que profond.
En Grande Bretagne, on peut maintenant disposer (sur www.amazon.co.uk) des trois films à sketches tirés de Somerset Maugham : QUARTET, TRIO, ENCORE. J’ai revu les deux premiers avec un immense plaisir malgré une mise en scène fonctionnelle et illustrative signée de réalisateurs qui paraissent interchangeables (Ken Annakin, le meilleur technicien, Harold French, Ralph Smart). Leur anonymat ne trahit pas, ne dénature pas le propos de Maugham, très bien adaptés par l’écrivain lui même et par des auteurs célèbres et talentueux comme R.C. Sherrif. La qualité des scénarios et de l’interprétation soude ces histoires qui finissent par dresser un fascinant portrait des vertus et des faiblesses anglaises. Les trois films sont assez égaux mais je garde un faible pour TRIO : THE VERGER histoire d’un sacristain qu’on renvoie quand on découvre qu’il ne sait pas lire est une de ces fables paradoxales qu’affectionne Maugham. Mr KNOW-ALL témoigne d’une ironie qui se teinte de compassion et SANATORIUM, récit très autobiographique, est un miracle d’intelligence, de délicatesse, d’émotion. Une émotion feutrée, murmurée, accentuée par cette sorte de distance que crée, involontairement, la mise en scène. Jean Simmons, John Laurie (acteur fétiche de Powell) et Wilfrid Hyde-White sont remarquables. (Pas de sous-titres ni de bonus).
Est aussi sorti en Angleterre TIGHT SPOT (COINCÉE), un petit polar de Phil Karlson, très bien dialogué par William Bowers. Ginger Rogers est en pleine forme en détenue qu’Edward G Robinson veut faire témoigner contre un gros maffieux. L’action se déroule presque entièrement dans une suite d’hôtel où la police « séquestre » le témoin, que des tueurs tentent constamment d’éliminer. Karlson mène tout cela de manière efficace. Je m’interroge juste sur le format du film.
J’avais gardé un souvenir mitigé des PILLIERS DU CIEL, western religieux et cette nouvelle vision constitue une plaisante surprise. Georges Marshall utilise très adroitement les très beaux paysages, donne une grande importance aux extérieurs, n’est pas maladroit dans les scènes d’action même s’il ajoute quelques gags incongrus. C’était sa grande spécialité.
LE TRAITRE DU TEXAS est un des meilleurs Boetticher dans sa période Universal. Le scénario est plutôt intéressant et le film bénéficie de l’interprétation de Robert Ryan et Julie Adams. Certaines scènes ébauchent, annoncent les grands westerns que Boetticher tournera avec Randolph Scott.
Quant à FURY AT FURNACE CREEK (MASSACRE A FURNACE CREEK), remake de FOUR MEN AND A PRAYER de Ford s’est révélée une autre surprise. Le scénario est assez adroit, dans un registre conventionnel (j’aime bien ce personnage qui s’enchaîne à un tronc d’arbre après une cuite) et le travail de Bruce Humberstone plutôt alerte et inventif. On peut regretter le sourire énervant de Victor Mature et certains clichés. Notamment celui qui veut que dès qu’un méchant repenti s’apprête à parler, on lui donne un rendez-vous au lieu de l’écouter ou on le laisse seul pour lui permettre d’être abattu tranquillement. Face à ces faiblesses, on peut constater que certaines séquences utilisent adroitement les extérieurs et que le duel final, dans les ruines du fort, est bien photographié.
J’avais adoré, lors de sa sortie en salle, le film de Cristian Mungiu, 4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS qui avait été mon assistant dans CAPITAINE CONAN. Sa mise en scène incroyablement forte et brillante, utilisant systématiquement de très longs plans séquences, souvent en mouvement, nous faisait sentir de manière physique l’esprit, le climat d’une dictature. La manière dont elle pervertit les coeurs et les âmes, gangrène les rapports humains, crée une atmosphère étouffante, irrespirable. Et cela sans qu’on voie vraiment une seule pratique de cette dictature (à part l’exigence des cartes d’identités dans les hôtels). Mungiu ne filme, chose rare, que les conséquences.
STILL LIFE de Zhang Ke Jia, l’un des évènements de l’année dernière, est un film simple et poignant qui nous fait pénétrer dans une Chine quotidienne. Ces rapports d’amour, d’oubli, de frustrations, de tendresse rentrée bénéficient bien sur de leur cadre, ce barrage que l’on construit sur le Yangtse, et surtout de l’inadéquation de ce cadre avec l’intimisme des situations, des émotions. Zhang Ke Jia tourna d’ailleurs un documentaire sur la construction de ce barrage.
Guy Gilles est un des réalisateurs français des plus atypiques et avec Pierre Rissient, on avait défendu certains de ses films et distribué l’un d’eux coproduit par Macha Meril. Très influencé par Jacques Demy, il est l’auteur d’œuvres d’une grande recherche plastique (il était photographe de formation) et d’une singulière sensibilité. Comme le résume bien le texte des Editions Montparnasse, « Un cinéma sensible, en quête d’absolu, avec en toile de fond les thèmes de l’exil, de l’amour impossible et du temps qui passe ».
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Sur Jacques Deray, j’ai dû mal m’y prendre mais je n’ai pas trouvé de commentaires sur « Un papillon sur l’épaule » qu’Arte vient de rediffuser.
Comme tous les films, il a cet intérêt de montrer le monde des années où il a été tourné. L’objet le plus insignifiant est vu par nos yeux d’aujourd’hui comme un monument historique.
Sinon, c’est un film signé, qui a une marque, et qui marque.
Je me suis demandé si la profusion de portes était volontaire : portes de chambres, de véhicules, de meubles, de bâtiments. Et puis, la scène vue au travers de plusieurs portes à tambour m’a donné la réponse. Ce ne pouvait qu’être une intention. Une histoire dans un labyrinthe pour renforcer le mystère ?
En tout cas, ça donne envie de mieux connaître ce réalisateur aux néophytes dans mon genre.
A Minette Pascal
Jacques Deray s’attachait souvent aux portes comme le prouvent ses premiers films (SYMPHONIE POUR UN MASSACRE notamment) ou le réussi AVEC LA PEAU DES AUTRES. Quelquefois cela alourdissait et ralentissait le film (UN PEU DE SOLEIL DANS L’EAU FROIDE
De Jacques Deray, qu’aviez-vous pensé de RIFIFI A TOKYO ? (déjà sorti en dvd chez opening avec une petite interview du producteur Jacques Bar).
Je l’ai visionné il y a peu et malgré Charles Vanel, j’ai été déçu. Les dialogues de Giovanni sont assez fades et Deray semble plus intéressé par filmer Tokyo que par l’histoire de ce hold up raté. Même la musique de Delerue n’est pas très inspirée. En plus le film démarre mal avec une faute technique (on voit de manière flagrante le chef op dans une vitrine de la chambre forte). Le film avait reçu une crtique assez positive de la revue « cinéma » qui trouvait que Deray s’améliorait par rapport à son premier film.
Le producteur Jacques Bar affirme dans le bonus du dvd qu’il souhaitait que Dassin fasse le film adapté du roman de Lebreton : il l’avait fait venir à Paris en 1952 pour lui parler du projet. Finalement Dassin fera son adaptation de son côté en 1955 et Bar décidera Giovanni d’aller à Tokyo en repérages pour adapter le roman de Lebreton à la ville et la culture japonaise. Carl Boehm (admirablement utilisé par Calef dans L’HEURE DE VERITE) est ici plutôt transparent.
Il faudra que je revois un jour ce RIFIFI A TOKYO dont l’originalité m’a peut-être échappé, mais il est loin de valoir LA PISCINE…
Cher Mario,
Toujours impressionné par votre enthousiasme et votre français, je me permets de réagir à votre message un peu ancien:
-d’accord avec vous sur le dernier lumet effectivement impressionnant par sa structure complexe,son sens « tranquille » du fatum,le jeu impeccable de ses acteurs, sa photographie soignée sans être ostentatoire. l’une de ses plus belles réussites avec La colline des hommes perdus, Serpico, a dog day afternoon, running on empty, prince of NY et le méconnu Q and A (polar ambitieux sur la corruption avec un Nolte impressionnant…j’adore cet acteur qu’on compara à notre Gégé Depardieu national: il a beaucoup mieux vieilli!)
-pas d’accord sur Kechiche qui me semble un « héritier » plutôt atone de Pialat: pas de puissance dans l’enregistrement de la durée, pas ce jusqu’auboutisme dans l’exploration des possibles d’une scène, pas ces moments où le montage nous heurte. A mon sens (« une opinion n’est pas un fait », je sais, je sais), une petite arnaque due au landernau critique franco français un peu de la même eau que le délire autour du cinéma des Dardenne ou la palme au détestable Entre les murs (pas la faute à Cantet plutôt très bon cinéaste mais au profondément opportuniste Bégaudeau). Pendant ce temps, quelques explorateurs comme Grandrieux (sombre, un lac, la vie nouvelle) ou Ramos ( avez vous vu en italie Capitaine Achab?) prêchent un peu dans le désert!Et des cinéastes comme Patricia Mazuy (peaux de vache, saint cyr) ou Pascale ferran (Petits arrnagments avec les morts, lady chatterley) ne tournent pas…et les années passent!!!!!!!
-je ne demande pas mieux que mieux connaître Freda
-que pensez-vous de ces quelques films italiens que j’ai vus il y a longtemps ou que j’aimerais découvrir: Le métier des armes de Olmi,Domani, domani de Luchetti,Le grand silence de Corbucci (vus et aimés ) le jardin des délices, queimada (pas vus mais intriguants)
A Soizic :
Le DVD est à l’étude. En attendant, vous pourrez revoir le film le samedi 6 juin à 11h au MK2 Bibliothèque
Bonjour Bertrand Tavernier. Il y a quelques années, vous avez fait une série d’émissions sur la musique jazz, blues… au Missipi. J’espère toujours qu’elles « repasseront » mais je suis comme Sister Anne. Avez-vous l’intention d’en faire un jour un DVD ? L’avez-vous même envisagé ? Ce serait vraiment formidable. Bien attentivement à vous. Soizic.
A natglick :
J’espère qu’un jour vous verrez RIFIFFI À TOKYO et SYMPHONIE POUR UN MASSACRE, sans oublier AVEC LA PEAU DES AUTRES
De Deray, metteur en scène sous estimé, à la réputation un peu ternie par ses dernières réalisations pour delon ou belmondo, j’ai redécouvert Un homme est mort, thriller étrange avec trintignant en tueur à gages traqué à los angeles. Pas inintéressant.
Additif:
Je voulais faire ce commentaire à propos de « Parfum de Femme », qui se trouve en fait dans la chronique n°24 !!
Mon préféré de D.Risi !!!
Un pur mélo, d’un humour, d’une sensualité, d’une « modernité » rares ….et, ce qui ne gâche rien, les trois principaux acteurs sont excellentissimes !!!
Sinon, pour mon premier « post » ici, si Mr Tavernier vous m’entendez, please, parlez-nous du « next to come », à savoir: IN THE ELECTRIC MIST . . . . …….
Pour moi 3 raisons d’aller le voir:
– C’est un film de vous
– Il y a John Goodman
– C’est en Louisiane
Amicalement.
Catherine.
Bonjour Monsieur Tavernier,
J’abonde un peu dans le sens d’Alain S. en vous disant que votre « absence » de cette chronique se fait sentir !
Au plaisir de vous lire à nouveau…
Il est passé où Bertrand ? En plein montage de Dans la brume électrique dont on attend la sortie en avril ?
Petite question liée à l’actualité : alors que s’apprête à sortir Un barrage contre le Pacifique de Rithy Panh d’après le roman de Duras, qu’en est-il de la version de René Clément, jamais sortie en VHS et DVD et invisible à la TV ? Y aurait-il un problème avec les ayant droit de Duras ?
Bonjour
Bien d’accord avec Mario au sujet du maître Riccardo Freda.
Je n’ose réver pour lui (et pour nous) d’un traitement équivalent en DVD à celui accordé par l’Institut Lumière à Michaël Powell.
Dire que ses mémoires n’ont jamais été traduites chez nous.
Peut être que Bertrand Tavernier qui était son ami pourra réparer cette injustice.
Vous êtes invités à la présentation de mon ouvrage intitulé « Louis de Funès, le sublime antihéros du cinéma » ( Autres Temps) le 4 décembre à Romans. Merci d’avance. Pascal Djemaa, journaliste.
La horse, un des principales cause de ma détestation juvénile de Gabin tant il portait à son comble l’incarnation de la société patriarcale.
Moins bavard que dans le président, plus taciturne,(normal, le cliché du paysan) mais tout aussi pétri de certitudes, imbu de lui-même, sûr de ses décisions, de son point de vue.
Une belle horreur réactionnaire.
Il a fallu plus tard que je vois la bête humaine entre autres pour comprendre que Gabin était un grand acteur était et qu’il n »avait pas toujours joué les vieux cons moralisateurs.
Il y a aussi dans la horse, ce jeune acteur, qui était très bien et qui est mort trop jeune, à cause de la dope justement…
Je viens d’écouter et de boire comme du petit lait (de vaches qui ont mangé du raisin bourguignon) l’émission « Projection Privée » sur France Culture où Bertrand Tavernier, Alain Corneau et Nicolas Saada ont débattu avec Michel Ciment (et gourmandise) des films présentés dans le coffret « Richard Fleischer et la RKO ». Tout ce qu’ils expliquent est passionnant, limpide, amusant et instructif. De la technique formidable mais discrète de la caméra de Fleischer (que Corneau compare fort justement à l’ostentatoire – de génie – de Welles) à sa tentative originale pour l’époque et totalement réussie de concevoir un film noir en couleurs avec « Des inconnus dans la ville » en passant par l’influence langienne et les leçons de langage cinématographique, de densité et de concision que bien des réalisateurs actuels pourraient prendre chez l’auteur de la séminale « Enigme du Chicago Express ». Bref, rien à jeter, rien à ajouter sinon « Vive le cinoche de ce géant de Fleischer ! »
A retrouver en podcast ici :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/projection/
Puisqu’on évoque Le traître du Texas, profitons en pour annoncer le coffret Sony qui sort aux USA – avec 5 des grands westerns de Boetticher, et des sous titres en vf. Le must.
The Films Of Budd Boetticher
Saddle up for five ace westerns from director Budd Boetticher! « The Tall T » (1957) offers a psychological study with Randolph Scott as a rancher taken captive with a newlywed couple by a gang of outlaws. Richard Boone, Maureen O’Sullivan co-star; based on Elmore Leonard’s story. Next, gunman Scott takes over a small town and sets out to kill one of its residents. What’s his target’s crime? Find out, in « Decision at Sundown » (1957). With John Caroll, Karen Steele. Texas drifter Tom Buchanan (Scott) arrives in a California border town and into the midst of a violent family feud. Each side tries to exploit him, but Scott makes it clear that « Buchanan Rides Alone » (1958). Craig Stevens, Tol Avery co-star. Bounty hunter Scott sets out with a young widow and two reformed outlaws to capture a wanted killer, but none know Scott’s real motive. « Ride Lonesome » (1959) co-stars James Best, Lee Van Cleef. After spending 10 years searching for his kidnapped wife, Scott rescues a settler’s wife who’s been captured by the Indians…but they’re not out of danger yet! « Comanche Station » (1960) co-stars Claude Akins, Nancy Gates. 6 1/3 hrs. total on five discs. Widescreen; Soundtrack: English; documentary.
« La piscine » semble presque une version modernisée de « Plein soleil » (qui, lui a pris un bon coup de vieux) à cause de l’affrontement Delon-Ronet reprenant des personnages très proches de ceux du film de Clément. C’est exact que l’apparition de Paul Crauchet (mi-Columbo mi-Vanel des « Diaboliques ») détonne dans ce climat extrêmement solaire et sensuel. Mais dans la filmographie de Jacques Deray, je mets encore au-dessus « Un homme est mort », peut-être le meilleur des polars français « à l’américaine » de cette époque. Une distribution haut de gamme avec Trintignant, le toujours impeccable Roy Scheider, Ann Margret, Angie Dickinson (no comment) et ultime idée géniale qui à elle seule est le plus bel hommage aux grandes heures du film noir : offrir le rôle du vieux « parrain » à Ted de Corsia dont la vision finale, trônant empaillé sur son fauteuil un cigare à la main est inoubliable. Le tout emballé dans le papier cadeau de luxe d’une des plus irrésistibles réussites de Michel Legrand. Son DVD propose en bonus deux courts entretiens très intéressants avec le producteur Jacques Bar et le scénariste Jean-Claude Carrière qui évoque avec un oeil qui frise le jour où il s’est porté volontaire pour accompagner la sublime Angie à une séance d’essayage de… maillots de bain. C’est dur la vie d’artiste…
Ravi de ta remarque sur les « entrées » de Robert Duvall dans TRUE CONFESSIONS. C’est le souvenir le plus frappant que j’ai gardé du film. La démarche un peu lasse de Duvall, la façon qu’il a de prendre possession de son espace professionnel sont magistrales… en 4 secondes, filmé de DOS, cet acteur génial arrive à faire croire qu’il travaille depuis 10 ans dans ce poste de police. Du grand art. Dans le même ordre d’idée, je me souviens d’un plan de Noiret, en chirurgien, dans LE VIEUX FUSIL. Ayant fréquenté, il y a longtemps, un ami de la famille qui exerçait cette profession, j’ai retrouvé instantanément sa lourdeur et sa lenteur dans ce plan de transition où Noiret arpente un couloir d’hôpital. Ce genre de détail « superfétatoire » me ravit toujours.
Tout à fait d’accord avec vous pour le film « la piscine ». Cette édition de la SNC rend justice à la beauté de ce film. Le DVD contient également la version anglaise du film tournée en parallèle par Jacques Deray avec quelques différences de plans.
Le film au-delà de sa beauté plastique et sensuelle, a parfois été critiqué comme présentant un manque d' »humanité » des personnages et notamment celui de Delon. Cela me semble au contraire et évidemment un effet réussi par Deray. Le personnage joué par Delon intériorise toutes ses frustrations (écrivain raté, sentiment que Romy Schneider est encore amoureuse de son ex, jalousie vis à vis de Maurice Ronet et de sa réussite, besoin de prouver sa séduction auprès du personnage de Birkin). Le personnage de Delon est en fin de compte rongé de l’intérieur, tenaillé par des sentiments contradictoires et n’arrivant pas à faire éclater ce trop plein dans ce cadre et cette chaleur tropézienne. L’alcool aidant, cela abouti au meurtre froid, filmé par Deray avec une grande dureté et un minimum de sentiments. Finalement l’exutoire est en partie effectué mais le personnage joué par Delon sait bien à la fin du film que ses démons sont toujours là. Tout est dit sans être dit ou montré : telle est la force de ce film dont un exemple est la scène pleine de tension où à l’arrivée de la plage et le repas asiatique, les silences et les commentaires culinaires apparemment anodins, en disent beaucoup plus long sur l’état d’esprit des personnages que de longs discours ou emportements….
Je n’ai vu dans la collection SNC cinéma italien en DVD que « le jardin des Finzi-Contini » (1970) de Vittorio de Sica qui ne m’a pas énormément convaincu : le message (les rafles des juifs dans l’Italie fasciste) perd de sa force dans des plans quelque peu « esthétisants » proche d’un Vischonti et la description de personnages peu attachants. Peut-être l’aviez-vous vu et avez un autre sentiment vis à vis de ce film ?
Oui, « La Horse », sorte de Western normand, mais aussi excellent polar, tient plus que le coup, c’est un film formidable, comportant de très beaux dialogues de Pascal Jardin, et dont le plan final (un zoom avant sur la nuque de Gabin, patriarche siégeant en bout de table face à sa famille) est absolument inoubliable, de par l’émotion qu’il dégage. Simple et beau comme le terroir. La copie haute-définition proposée par SND est somptueuse.
Merci pour cette revue particulièrement alléchante, que de films à voir ou à revoir.
C’est vrai que le casting de Straight Time fait rêver (Gary Busey, M Emmett Walsh, Harry Dean Stanton, sont tous des acteurs extrêmement attachants).
J’avais également beaucoup apprécié 4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS et j’avoue que je suis en générale bluffé par les films roumains. Je pense à « La Mort de Dante Lazarescu » (Moartea domnului Lazarescu) de Cristi Puiu (2005) un film bouleversant sur la solitude la pauvreté et la vieillesse. Dans un registre un peu plus léger, « 12:08 à l’est de Bucarest » (A fost sau n-a fost?) de Corneliu Porumboiu (2007) mélange les genres (film/émissions de TV/réalisme/comique) de façon très surprenante.
C’est toujours un immense plaisir de lire ce blog qui est dévenu pour moi une veritable appendice à 50 ans de cinema américain, mon livre de chevet avec le Dictionnaire de Jacques Lourcelles (est-ce que vous connaissez s’y-a-t’il quelque moyen pour le contacter par le web?) et plusieurs livres de Goffredo Fofi. J’ai lu dans une entretien que Coursodon et vous voulaiet le rééditer il y a quelques années mais il n’y a pas un très grand interet chez la maison editrice. Ça me laisse pantois… Le découvrir a été pour moi un des chocs de ma vie de cinephile et j’ai toujours régretté qu’en Italie, où l’on produise quintals d’indigestes poussières académiques, personne n’à pas ressenti le besoin de le traduire jusqu’à ce moment. J’ai découverts des chefs-d’oeuvres dont ignorais l’existence, de The Strange Love of Molly Louvain à Wait till the Sun Shines, Nellie, en passant pour Among the Living et While Paris Sleeps où des petits joyaux comme The Argyle Secrets, Cry Vengeance, Stranger at My Door… et j’ai essayé à remettre a leur juste place des grands cinéastes classiques tels que Allan Dwan ou Henry King, qui sont dévenus parmis mes favorites, ou d’éxcellents artisans tels que Heisler, Del Ruth ou Negulesco – dont en Italie on se refere tout au plus pour l’ingénéreux jeu-de-mots godardien plutot que pour ses remarquables reussites des années 40-. Et quelle délice, pour l’amateur d’animation, de trouver meme des petits notules sur King-Size Canary, Coal Black and de Sebben Dwarfs, One Froggy Evening, Fudget’s Budget…
J’ai eu envie d’intervenir ici –meme si mon français n’est pas des meilleurs – à cause de Riccardo Freda, un de mes cineastes préferé car il est dévenu très difficile de voire ses films dans son pays – il y a 10-15 ans, j’étais petit, ils étaient encore trasmis à la tele qui est désormais devenue chez nous une veritable égout. La prochaine année seront 10 ans après sa mort mais je crois qu’il y aurait tres peau de bruit regards ceci car en Italie un très petit nombre de cineastes monopolisent toute célébration officielle – les cineastes dont le nom se termine en “i”, selon la drôle réplique du meme Freda… Les modes sub-culturels de la cinéphilie d’aujourd’hui ont permis par contre de réevaluer beaucoup des cineastes italiens très mineurs des années 70 mais Freda semble n’interesser personne, beaucoup moins encore peut-etre que Cottafavi ou Matarazzo, tandis que Dario Argento est tenu pour un maitre et on ecrive sur lui dans l’université certains des surnommé poussières… Mais il est étrange que meme en France il y a aussi peu de film de Freda on DVD et qu’il s’agit presque éxclusivement d’oeuvres mineurs (meme si je trouve que DON CESARE, que j’ai pourtant vu dans une tres mauvais copie accidentellement passé à la téle, soit une agréable oeuvrette pas aussi mauvais que vous l’avez dite, et un début somme tout honorable, en dépit des duels filmés à l’accéléré…).
J’ai même eté temoin d’une épisode assez décourageant. On projeta il y a un ans I miserabili dans une cinematheque –ou il avait eté choisi uniquement pour sa font litterarie, bien sur, pas comme hommage au metteur en scene – et on à montré par un erreur dans l’envoi de la copie seulement la prémiere partie, ça qui n’a pas gené les rares spectateurs… tout ça est accablante et je songe a ce qu’aurait pensé le même Freda au regard d’une muflerie pareille… J’espere pourtant qu’il y aurait bientôt un surcroit d’interet pour Freda au moins en France et qu’il sortiront en DVD ses oeuvres meilleurs comme Beatrice Cenci, Teodora, Le sette spade del vendicatore ou Lo spettro, qui est particulièrement rare chez nous et qu’il n’est accessible aux cinéphiles que dans une très mauvaise copie passé il y a beaucoup d’années à la téle, aux couleurs très délavé tandis que, pour comble d’ironie, Estratto dagli archivi segreti della polizia… que je présume affreux et Freda reniait a eté prèsente il y a quelques années a Venise dans une copie q’on dit somptueuse pour l’hommage au trash movies plaidé par Tarantino… (Il cavaliere misterioso, lui, à eté miraculeusement sorti en DVD dans une edition très spartiate tout comme L’orribile segreto del dottor Hichcock dont on sortira à jours un DVD où il n’y aura pas, semble-t-il, de trace anglais).
P.S. J’ai beaucoup aimé le film de Mungiu et j’ignorais qu’il avait eté votre assistant. C’est le film qui plus m’a entusiasmé pendant la derniere année avec Before the Devil Knows You Are Dead, pour moi un des meilleurs Lumet, et surtout l’ebluissant La graine et la mulet…
Bonjour
juste pour dire que j’ai emmené un groupe d’anciens chimistes de l’ESCIL maintenant CPE de Lyon pour la visite du Musée et la vision ds premeirs films + le documentaire sur le cinéma français
un vrai régal
bravo pour tes films
Bonjour de la part d’un ancien de Saint Martin de Pontoise maison l’Ermitage: tu étais déjà feru de cinéma!
Cordialement