Sautet, Bresson, Carné…
23 octobre 2015 par Bertrand Tavernier - DVD
LECTURES
Tour d’abord à conseiller en urgence NAPOLÉON EN 1000 FILMS de Hervé Dumont, monumental et passionnant recensement des œuvres consacrées à l’Empereur, au Petit Caporal, aux guerresµ. Des films de tous les pays et de toutes les époques qui sont tous analysés esthétiquement et politiquement, tant l’œuvre que sa signification à l’époque où elle a été tournée. Dumont bien sûr signale les titres disparus ou qu’il n’a pas vus mais ceux qu’il connaît ont de quoi rendre jaloux n’importe quel cinéphile. Ses textes sont fins, érudits, tout à fait libres (il souligne intelligemment les qualités de MONSIEUR N. qui fut si abusivement moqué, il étudie finement les Guitry et certains films d’aventures, il recense les erreurs fantaisistes de Gance). Il donne envie de voir WATERLOO de Bondartchouk que j’ai commandé. C’est un ouvrage essentiel, un digne compagnon à L’ANTIQUITÉ AU CINÉMA.
LA DERNIÈRE FRONTIÈRE (Gallmeister) de Howard Fast (l’auteur de SPARTACUS) est une puissante évocation de l’extermination des Cheyennes, étayée par des sources précises. Au fur et à mesure de la lecture, je me suis rendu compte que ce livre avait servi de support au scénario des CHEYENNES et pourtant le nom de Fast ne figure pas au générique. En fait Ford avait voulu adapter ce livre des années avant pour la Columbia mais le fait que Fast soit mis sur la liste noire avait fait capoter le projet. Ford le reprit pour la Warner et élabora un scénario soi-disant basé sur un livre beaucoup plus conventionnel de Mari Sandoz. Columbia se rendant compte que le script était proche du livre de Fast menaça de faire un procès. Il y eut un arrangement, un dédit pour la Columbia mais Fast ne toucha rien et n’eut pas le droit malgré ses demandes d’être crédité. Et pourtant, il y a tant de similitudes, du personnage de Widmark au démarrage du film en passant par la séquence de Dodge City qui est reprise intégralement de Fast ainsi que l’officier joué par Karl Malden.
Il faut aussi absolument lire JOE le roman culte de Larry Brown dont David Gordon Green tira un film intéressant, avec des moments très forts notamment les brusques irruptions de violence à commencer par les pulsions haineuses de Wade, le père du jeune héros, ou les divagations meurtrières de Russell « qui a passé à travers un pare brise à trois heures du matin ». Mais le roman est plus fort, la violence plus intense. L’éthylisme meurtrier de Wade qui tape sur son fils pour lui voler sa paie, qui est prêt à truander n’importe qui, est plus édulcoré dans le film où pourtant il vous cloue sur votre siège. A découvrir d’urgence (Gallmeister).
POUR EN FINIR AVEC L’AFFAIRE SEZNEC de Denis Langlois bouscule clichés et idées reçues. Quand même, on ne peut s’empêcher de penser que la famille Seznec est un fameux nid de crabes, affabulateurs, menteurs, égocentriques (sauf Bernard ?), ce qui ne fait pas de Guillaume un meurtrier d’office mais jette des lueurs troubles sur sa personnalité. Enquête absolument passionnante ou l’auteur se remet en cause.
PUKHTU de DOA (Série noire) est un énorme livre dont nous n’avons ici que la première partie qui nous plonge au cœur du conflit en Afghanistan. Des conflits, devrait-on dire, car les clans sont multiples, changeants, avec des alliances et des trahisons imprévisibles. Tout le monde se bat contre tout le monde : forces d’occupation totalement dépassées, paramilitaires qui travaillent avec ou en dehors de la CIA et qui font le sale boulot, armée et police afghanes dirigées par des chefs corrompus. On est au milieu de ce bourbier que DOA recrée avec un souffle, un accent de vérité inouïs. On touche du doigt le quotidien des deux camps, chefs de guerre, talibans déchirés par des rivalités tribales, différentes factions militaires, journalistes et leurs « fixeurs ». La manière dont on lance les drones donne lieu à des chapitres renversants (les filles qui opèrent à l’aise dans leur bureau). Documentation incroyable mais jamais encombrante. Ce livre vous renseigne mieux que les 9/10ème des reportages et les personnages sont passionnants. DOA en sait visiblement plus que tous les hommes politiques et les militaires français parce qu’il appréhende cette vérité en romancier et non en observateur.
Ne manquez pas LE CORPS DES AUTRES de Ivan Jablonka, remarquable étude sur les esthéticiennes, passionnante et riche. D’ailleurs je recommande tous ses livres :
• Jeunesse oblige : histoire des jeunes en France (XIXe-XXIe siècle), PUF, 2009.
• Les enfants de la République: l’intégration des jeunes de 1789 à nos jours, Éditions du Seuil, 2010.
• Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus, Éditions du Seuil, la librairie du XXIème siècle: Paris, 2012.
• Nouvelles perspectives sur la Shoah (avec Annette Wieviorka), PUF, 2013.
• L’enfant-Shoah, PUF: Paris, 2014
• Le monde au XXIIème siècle. Utopies pour après-demain, PUF: Paris, 2014 (avec Alexis Jenni et Nicolas Delalande)
• L’histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales, Seuil, la librairie du XXIème siècle: Paris, 2014.
LE PARAPLUIE DE SIMON LEYS de Vincent Boncenne est aussi une lecture obligatoire. L’auteur évoque le choc des premiers livres de Leys, recense toutes les attaques qu’il a subies, attaques honteuses abjectes, inspirées par les maoïstes français de Tel Quel au Monde, quotidien qui se couvrit de honte et de ridicule pendant plus de dix ans. Quand on pense que des professeurs s’élevèrent pour qu’on ne donne pas une chaire à Leys qui du coup n’enseigna jamais en France. Rétrospectivement ce qui frappe dans ces attaques ignobles, c’est l’absence totale d’arguments, ce qui frustre Leys qui avait préparé documents et pièces justificatives et à qui on ne FIT JAMAIS UNE CRITIQUE PRÉCISE. Lecture indispensable et roborative. Mais triste aussi. Aucun de ces intellectuels ne s’est jamais excusé. Leur impunité reste absolue après des décennies de mensonges.
Lisez et relisez Eric Dupin : UNE SOCIÉTÉ DE CHIENS, VOYAGES EN FRANCE, LA VICTOIRE EMPOISONNÉE.
FILMS FRANÇAIS
A tout seigneur, tout honneur. J’avoue que lors de sa sortie, j’avais été quelque peu déçu par GARÇON !, le côté touffu du film l’empêchait de décoller. Je savais que Montand, alors que la préparation commençait en avait fait voir des vertes et des pas mûres à Sautet et Dabadie : tout à coup, il pensait que personne n’accepterait, ne croirait qu’il n’était que garçon et pas maître d’hôtel (il avait refusé aussi SALUT L’ARTISTE : « personne ne croira que je suis un acteur raté » et il avait été remplacé par Mastroianni). Il fit tant de pression que Dabadie et Sautet lui rajoutèrent un passé de danseur de claquettes avorté, une histoire d’héritage qui monopolisait beaucoup de scènes notamment au début. Du coup la Brasserie et les affrontements géniaux avec un Fresson survitaminé perdaient de leur importance. Il y eut deux débuts au film. Et puis, Sautet dans ses dernières années, refit le montage, éliminant 30 minutes et rendant ainsi le film conforme à son ambition première. Il s’ouvre maintenant sur une scène de brasserie, magistrale, qui donne le ton. Et j’ai redécouvert un film d’une richesse confondante : la chorégraphie magistrale des séquences de restaurant, l’attention portée au travail dans la plus droite lignée de Jacques Becker, la complexité des rapports avec un Villeret génial, tout cela est euphorisant et culmine avec le repas chez Lasserre dont chaque réplique est mémorable. Les personnages apparaissent maintenant dans toute leur complexité, leur fragilité, leur ténacité. J’aurais juste un très léger bémol pour certains moments entre Montand, pourtant excellent, et Nicole Garcia. En revanche Dominique Laffin impose une présence inoubliable, mélancolique (il y a un coté paternel dans leurs rapports) et on regrette de la voir si peu.
Redécouverte extraordinaire que ce film d’Alain Mazars que vantait Michel Ciment, PRINTEMPS PERDU, cette élégie méditative, picturalement magnifique qui raconte les déboires d’un metteur en scène d’opéra, envoyé en prison lors de la Révolution Culturelle. Il en sort pour devenir chauffeur routier dans une province reculée et va essayer de faire revivre l’opéra qu’il aime alors qu’il vit une douloureuse histoire d’adultère. Filmé en de longs fixes, le film impose un climat émotionnel, témoigne d’un respect pour ses personnages et leur culture, faisant preuve d’une ambition unique dans le cinéma français (le scénario fut co-écrit avec NT Binh).
DUVIVIER
Petit coup d’œil sur la fin de carrière de Duvivier qu’on expédie généralement en une ou deux lignes. Il fallut du temps pour faire admettre à sa juste valeur VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS (bientôt ce sera au tour d’AU ROYAUME DES CIEUX).
POT-BOUILLE est un film plaisant, extrêmement bien joué par Gérard Philippe, Danielle Darrieux (leurs scènes ensemble et notamment le premier affrontement dans la boutique comptent parmi les meilleures du film), Dany Carrel, Jacques Duby, Anouk Aimée. Le scénario de Duvivier, Jeanson et Léo Joannon préserve de nombreuses scènes du livre : la coquetterie intéressée, avide, de Madame Josserand et de ses filles, le côté trouble de Monsieur Joserand, les affrontements entre les domestiques, la sottise d’Auguste Vabre, la force de Madame Hedouin. Bien sur le peuple est sacrifié et le propos est plus policé. Mais le résultat est plus qu’agréable.
PANIQUE est évidemment beaucoup plus fort. J’avais oublié de mentionner la splendide musique de Jean Wiener avec une belle chanson de Jacques Ibert. Et bien sûr Michel Simon.
SOUS LE CIEL DE PARIS entrelace une profusion d’intrigues et de personnages et Duvivier se sent à l’aise avec tous. Il passe d’un milieu à l’autre (internes dans un hôpital, ouvriers occupant leur usine, mannequins), d’un quartier à l’autre avec la même aisance, la même vérité (je chinoiserais juste les deux gamins et leurs rêves australiens). Le film compte plusieurs moments extraordinaires dont un meurtre filmé de loin de manière magistrale. L’assassin est joué – surjoué – par Raymond Hermantier qui faisait l’aveugle de COUP DE TORCHON. C’est l’un des titres les plus personnels de Duvivier avec cette idée d’un commentaire de Jeanson qui prend ses distances avec les personnages.
CHAIR DE POULE tient le coup pendant la première partie même si le roman de Chase démarque outrageusement LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS. Mise en scène efficace, inventive, belle photographie de L. H. Burel, narration tendue, elliptique, rapide. Robert Hossein, convaincant, possède beaucoup de charme et Georges Wilson est remarquable tout comme Lucien Raimbourg en crapule abjecte. Mais peu à peu les poncifs de Hadley Chase reprennent le dessus. Les personnages et les sentiments sont en carton-pâte et malgré un étonnant éclat de violence qui voit Hossein ébouillanter Raimbourg (le plan où celui-ci arrive à l’hôpital est formidable), la tension se relâche. Tout est abstrait et on s’aperçoit du manque cruel de péripéties et d’épaisseur. Comme dans toutes les adaptations de Chase malgré le talent et la beauté de Catherine Rouvel en garce formatée. Musique de Delerue.
Je préfère malgré ses faiblesses L’HOMME À L’IMPERMÉABLE qui comprend plusieurs moments réussis, grinçants, insolites (le personnage de Blier est mémorable dans l’ignominie pateline), une belle utilisation de l’espace, que ce soit la scène du Châtelet, la rue Saint-Vincent avec ses différents niveaux, l’escalier intérieur de l’immeuble. Duvivier joue très adroitement avec les hauteurs différentes, les perspectives et introduit des silhouettes insolites comme ce secrétaire garde du corps qui jongle constamment. Chansons de Duvivier et Van Parys (c’est une parodie des opérettes à la Francis Lopez). Je me demande toutefois si Fernandel, tenu et sobre, ne coupe pas la crédibilité de certaines péripéties. À noter que le chef d’orchestre est joué par un vrai chef d’orchestre, le harpiste pianiste Pierre Spiers (qui faisait partie de l’orchestre accompagnant Rochefort et Marielle dans « Paris Jadis »).
AUTRES CLASSIQUES
LES ESPIONS de Clouzot mérite d’être revu, surtout pour la première partie étrange, cocasse et angoissante, fort bien filmée dans un esprit qui anticipe sur les BD actuelles. Peter Ustinov y est absolument génial et Sam Jaffe passablement inquiétant. Le ton se gâte par la suite : propos trop abstrait, trop conceptuel, héros trop passif avec qui on ne peut pas s’identifier. La mécanique tourne à vide. Mais cet échec ne méritait pas les tombereaux d’insultes qu’on lui a adressés.
Revoir LES AMOUREUX SONT SEULS AU MONDE est un ravissement qui se teinte peu à peu d’une émotion poignante. Henri Jeanson et Henri Decoin mettent en scène des personnages très intelligents, très cultivés : un compositeur qui parle, se conduit comme un compositeur (ses réactions durant le concert sont si justes), sa femme, toute aussi brillante. C’est une méditation sur l’amour, sa force de résistance et sa vulnérabilité. Très belle musique d’Henri Sauguet et dialogue magistral de Jeanson. Decoin, modeste, imprime à ces échanges une fluidité incroyable, invisible, imposant des travellings subjectifs sur fond de dialogue qui semblent anticiper sur HIROSHIMA MON AMOUR dans un registre moins tragique. Il fait preuve d’une économie narrative lors des ultimes rebondissements, véritable marque de pudeur des artistes.
En revoyant le magnifique AU HASARD BALTHAZAR, j’ai écrit qu’on avait affaire à un scénario de Tarantino dans l’abondance des péripéties (trafics, meurtre, viol, violences sur jeune fille et animaux, spoliation d’héritage), filmé par un maître Zen.
LA MARIE DU PORT doit compter parmi les meilleurs Carné. Le meilleur après sa séparation avec Prévert. Lequel refit, à la demande de Gabin, tous les dialogues sans les signer. Ils sont d’ailleurs excellents, tendus, ramassés, concis et Prévert en était fier. Gabin et Nicole Courcel sont remarquables.
Je viens de passer une après-midi mémorable, enthousiasmante à revoir le MANON DES SOURCES de Pagnol. Quelle invention, quelle verve, quelle liberté de ton, quelle langue : toutes les séquences entre Ugolin et Manon sont sublimes avec des parenthèses sur le fait qu’on ne plante pas de clou dans les oliviers, ces digressions, ces élans lyriques. Rellys réussit là une des plus grandes compositions (ou tout semble organique et fluide) du cinéma français et j’adore Jacqueline Pagnol, sa voix si musicale (« tous les jours de notre vie »). Tous les autres acteurs, Pellegrin si juste, Poupon, Delmont, Blavette sont admirables, sans oublier le sermon de Henri Vibert. J’ai été dix fois bouleversé, les larmes aux yeux et j’ai ri : les apartés de Robert Vattier (« avec un cure-dent et un miroir »).Et l’extraordinaire scène du jugement avec ce gendarme philosophe qui démonte racontars, calomnies et rumeurs. Pagnol impose un ton, une vision plus âpre, plus noire et ce chef d’œuvre s’inscrit dans la droite ligne de REGAIN, JOFFROI, ANGELE, MERLUSSE, mes films favoris. Et il ajoute un vrai personnage de femme, forte, fière, jamais soumise ou dolente.
DIVERS
Après 20 minutes agréables, tout s’essouffle dans LE PACHA, tout paraît convenu, prévisible, flemmard et assez routinier.
Et le MARIE-ANTOINETTE de Delannoy m’a laissé de glace. Photo horrible, sur-éclairée de Montazel (à des lieux de celle qu’il fait pour Decoin dans L’AFFAIRE DES POISONS). Michelle Morgan a vingt ans de trop pour son personnage et elle que j’ai vue si bonne, si juste dans L’ENTRAÎNEUSE, un sketch des 7 PÉCHÉS CAPITAUX, LES ORGUEILLEUX, voire MAXIME, paraît ici guindée et anesthésie son personnage. Jacques Morel s’en sort en Louis XVI.
LE PUITS AUX TROIS VÉRITÉS de François Villiers est fort visible, bien dialogué par Jeanson, même si le mystère fait long feu : la narration oppose plusieurs versions, plusieurs explications du même fait comme dans LA FERME DES 7 PÉCHÉS mais les personnages sont moins fascinants.
SANS LAISSER D’ADRESSE est une très agréable chronique populiste avec un Blier royal, une multitude de personnages, de décors, de lieux : bureaux de rédaction d’un journal, garage des taxis, lieu de réunion du syndicat des chauffeurs de taxis, crèche à la gare de Lyon (qui n’existe plus, séquences fort amusante). Le film parle d’entraide, de solidarité, nous montre le Paris après la Libération avec les socles sans statues.
Impression partagée sur la DUCHESSE DE LANGEAIS de Jacques de Baroncelli. Les dialogues de Jean Giraudoux sont magnifiques et illuminent la plupart des scènes d’amour, fort bien jouées par Edwidge Feuillère et Pierre Richard Wilm dont on a beaucoup médit et injustement. La mise en scène de Baroncelli est étrange avec ce très grand nombre de gros plans, de cadrages très serrés qui créent un sentiment d’étouffement dont on se demande s’il est vraiment recherché. Et qui congèle un peu le film. Et Giraudoux se casse la figure dans le dernier quart d’heure où il trahit Balzac avec des péripéties ridicules, mélodramatiques et conventionnelles. Jean Tulard a finalement raison quand il dit préférer NE TOUCHEZ PAS LA HACHE de Jacques Rivette, plus épuré, plus tranchant, plus émouvant et qu’il est bon de rappeler ici.
SÉRIE TV
J’ai trouvé LES TÉMOINS épatant. Bien écrit et dialogué, avec une belle photo, superbement distribué et dirigé, avec un vrai sens de l’atmosphère, des lieux (ce nord de la France), des décors (un poil trop pittoresques dans la fin du dernier épisode), une compassion. Thierry Lhermitte est formidable, dense, économe et sa partenaire Marie Dompnier est magnifique de justesse et d’émotion. Hervé Hadmar signe un travail magnifique, exigeant. Très belle musique d’Eric Demarsan.
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LES AMOUREUX vu chez Brion (dans la restau du br en train de sortir) est surtout brillant dans son début dans lequel Jouvet et Devillers arrivent à nous surprendre avec maestria (j’ai marché) (no spoiler). La restau de l’image permet d’être charmé par cette ballade dans la forêt qui reviendra à la fin avec une tristesse infinie, et adulte. J’aime assez la fin heureuse, qui est logique, en fait dans la 1ère fin c’est par une triviale circonstance de temps un peu plaquée qu’on est dans le tragique. Devillers est admirable et se coltine avec ce monument de Jouvet avec une aisance, une légèreté stupéfiantes: elle est la moitié de la réussite du film.
Je ne me souviens pas d’autres films où je l’ai vue, elle est vraiment magnifique et je vais scruter sa filmo. Dans le développement du film on peut trouver Dany Robin un peu superficielle ou lourde à côté de la classe de LA Devillers, le personnage de PHilippe Nicaud à ses débuts est complètement survolté: un raté, sorte de Pontcallec plein de projets creux, affichant une superbe prétentieuse dont on ne sait à cause de quel talent de sa part (il est nul) on pourrait l’en excuser!
Il est vrai que l’ouverture crée un bain de folie douce façon quelques verres de chablis en trop, dont l’influence parvient à baigner tout le film, donc y compris les scènes bien plus strictes ou « 1er degré » qui forment tout ce qui suit jusqu’au mot « FIN ».
Décidément, il va falloir bien fouiller dans les Decoins (pardon) pour tout reprendre à 0.
Je ne savais plus que c’est dans ce film que qqn dit à un critique musical « Vous oubliez votre porte-plume » en lui tendant son parapluie. Et l’autre de dire merci sans tiquer!
à BT : je me demande si la relative faiblesse des scènes avec Nicole Garcia ne vient pas de ce que celles avec Rosy Varte ou Dominique Laffin sont beaucoup plus fortes émotionnellement (leurs rôles sont plus fragiles que celui de Nicole Garcia et elles les jouent admirablement), rendant fades par contraste celles avec Nicole Garcia qui n’enrichissent finalement guère le propos (sauf celle où Montand croit qu’elle sait qu’il l’a trompée).
A Edward
Les rapports avec Nicole garcia sont biaisés. Montand voulait une histoire d’amour sans se rendre compte que les autres personnages l’enrichissaient plus
Cela couvait déjà depuis l’achat des dvd concernés. Puis leur présence au sein de cette chronique m’a décidé à revoir attentivement MOUCHETTE et AU HASARD BALTHAZAR, l’un à la suite de l’autre. Mon inclination bressonienne ne pouvait que me faciliter la tâche malgré le fait qu’on ne termine pas ces deux films en ayant envie de danser la lambada (à la limite, PICKPOCKET finit bien et UN CONDAMNE A MORT S’EST ECHAPPE relèverait presque du film d’aventure, avec son suspense, son espoir). Remarquez, comme le note Bertrand Tavernier, AU HASARD BALTHAZAR n’est pas avare de péripéties,mais pour quel horizon! Un certain courage fut tout de même requis avant de m’y mettre. Il fut récompensé.
Les deux oeuvres forment un dyptique de chemins de croix : d’une petite sauvageonne dans un cas, d’un pauvre baudet, de l’autre. Avec au bout du parcours, la solitude,l’absence cruelle d’amour, la mort. D’où vient alors qu’il soit, malgré cela, possible de ressentir une forme de ravissement alors que rien ne porte à espérer ? Eh bien la forme, probablement. Le cinéma de Bresson et ces deux films en particulier, qui semblent réverbérer sur toute l’oeuvre de ce génie français l’éclat noir de l’éclipse, est la célébration paradoxale du sensoriel, de la matérialité, de l’expérience du réel.
D’où la mise en son inouie de la mise en scène. MOUCHETTE et BALTHAZAR sont une fête du son. Ce que sont les films de Bresson, en général.Mais là, plus que jamais.Il faudrait faire l’expérience de les écouter les yeux fermés si ce n’était pour se priver de ces plans admirables, de ces vues imprenables sur les éléments les plus triviaux du réel. Rarement les bruitages issus de la confection des films telle qu’on la concevait voici 50, 40 ou même 30 ans n’ont été aussi hypnotiques qu’ils le furent chez Bresson. Plus encore peut-être dans MOUCHETTE où tout concourre à restituer la concrétude des choses: galoches qui martèlent ou s’enfoncent dans l’humus, verres que l’on pose sur le bar et l’on remplit, crépitement du feu dans l’âtre, voitures qui vrombissent hors champ, dans la nuit noire et ce bas de pantalon, celui du braconnier, qu’un vent nocturne fait frémir. Il n’est pas jusqu’au verbe du film qui ne contienne son lot de minéralité. Ainsi, l’énigmatique entrée en matière, par la mère malade de Mouchette
« Et sans moi, que deviendront-ils? »(pause)
« Ça me tire jusqu’au milieu de la poitrine. On dirait qu’en dedans, c’est de la pierre. » à laquelle Arsène le braconnier épileptique fera écho d’un « Ma nuque me prend : je vais faire ma crise » avant de s’écrouler.
Moins immersif mais plus poétique encore, AU HASARD BALTHAZAR, plus pictural aussi, offre les « effets Koulechov » les plus prodigieux du cinéma, chargeant le regard d’un âne de tout ce que suggère le contrechamp. Héros passif, mais héros quand même, l’âne est la victime collatérale et effacée des vicissitudes humaines. Là encore, l’univers de cette tragédie silencieuse, malgré deux ou trois « Hi Han » venant nous rappeler la nature animale du personnage, est perclu de sons directifs, souverains, claquant (galops erratiques de la bourrique, coups infligés, accords de Schubert)
Cette invitation à ressentir le monde, aussi noir soit-il, plus qu’une politesse du désespoir pourrait bien représenter une forme d’anti-matière du pessimisme, une façon d’accorder au spectateur la possibilité de s’élever, par la conscience nette, scrutatrice, sans échappatoire de ce qu’il a sous les yeux, vers une forme d’émerveillement.
à AA: ce n’est pas parce que la caméra bouge peu qu’il n’y a pas de forme, oui. Il y a une forme très complexe dans le CONDAMNE autant que dans STAR WARS ep 55 (ss titre « La Force est dans l’Escalier »)
ceci dit je comprends pourquoi je me refuse à revoir les Bresson sauf les « optimistes » LE CONDAMNE et PICKPOCKET c’est à cause de mon coeur de midinette! Oui j’ai tort!
Votre approche du refus du contrechamp chez Bresson me fait penser à cette gifle de L ARGENT qui m’avait frappé (!): on entend le bruit de la claque on voit le café chaud qui brûle les mains de celle qui a été giflée on ne voit pas le gifleur. Je suis sûr que c’est similaire au regard de l’âne qui voit ou subit des horreurs invisibles hors champ: parce que toute la morale du monde, la morale tout court, doit s’appuyer sur la conséquence de l’acte révoltant pour celle-là (cas de la gifle) ou doit insister sur le regard sur l’acte (le regard de l’âne). Bresson ne montre que la conséquence ou finalement, il montre le reste du monde qui voit ou entend cela, ces horreurs, qui regarde simplement, ne fait que voir, ce regard sans pupilles ou qui d’ailleurs se détourne (après tout, ça ne nous gêne pas de causer cinéma en oubliant ce qui se passe en Syrie ou…). Je vous complimente pas plus que ça sur votre intervention bressonienne vous allez rougir encore… à +
ah dernier truc: à la fin du CONDAMNE on entend la dernière réplique qui enfonce « Atmosphère atmosphère » ou « Si les cons volaient… » au palmarès des grandes répliques etc. c’est la phrase la plus banale du monde: « Si ma mère me voyait! ». Bien que banale hors de son contexte cette phrase est chargée de tout le film, elle est gonflée à bloc, ce n’est pas la trouvaille du dialoguiste c’est qu’elle a ingéré tout le film et quel film cette gloutonne. Génial.
A MB
Vous faîtes comme un copain qui détourne les sous-titres de STAR WARS (La Menace Fantoche, L’Attaque des Clowns, Le Réveil de la Farce, etc..). Je lui ferais lire votre post, ça lui fera plaisir.
Sinon, »Bien que banale hors de son contexte cette phrase est chargée de tout le film, elle est gonflée à bloc, ce n’est pas la trouvaille du dialoguiste c’est qu’elle a ingéré tout le film et quel film cette gloutonne. Génial. » C’est vrai..on ne parle pas beaucoup chez Bresson mais quand c’est lâché, ce n’est pas en l’air. Comme la fameuse que je cite de mémoire : »Que de détours j’ai empruntés pour arriver jusqu’à toi » qui clôt PICKPOCKET.
je ne sais pas si c’est le bon endroit mais peut on espérer voir le sabre et la fléche de de toth dans votre collection sachez que j’apprécie vos commentaires dans les dvd édités qui apportent un éclairage technique et bien sur des connaissances sur les cinéastes respectueusement.
A Thon Olivier
Je l’ai proposé dix fois
A Tison, peut-être l’avez-vous déjà, sinon en attendant que sydonis l’édite on trouve ce bon film à l’étranger en vonst, en italie par exemple sous le titre NUVOLA NERA ; sous le titre original j’ai trouvé ce LAST OF THE COMANCHES édité chez PG.
LE SABRE doit Sortir chez Sidonis je crois en mai enfin prochainement
le dvd de Philippe Condroyer »La coupe à 10 francs »sort enfin le 22 février prochain.Je vous conseille également chez Tamasa un coffret de 3 films signés Alexander Mac Kendrick dont »Maggie »que je ne connais pas.A vos tire-lires!!!!
On m’a reproché récemment ma prise de position concernant Spielberg,Lucas ou Coppola.Juste un mot concernant »Le pont des espions »sorti hier en salles et co-écrit avec les frères Coen.Il y a un détail dans le scénario qui n’est pas plausible.Tom Hancks,avocat dans les assurances est envoyez en Allemagne en 1960.A un moment donnez il appelle sa femme d’une cabine téléphonique située en RFA et demande à l’opératrice un numero à New-York,sans précisez le nom de la personne à appeller.Il dit à sa femme qu’il est bien arrivé en Angleterre et lui ramenera un pot de marmelade.C’est là que le bat blesse car en effet durant les années 60,quand on habitait l’Europe afin de joindre une personne aux Etats-unis,on passait par une opératrice qui composait le numero demandé et mettez en relation les deux correspondants.Surtout en pleine guerre froide les appels pour les USA venant de l’URSS,de RDA ou d’autres pays communistes étaient filtrés par les services de communication américains.
Hors sujet mais je peux pas m’en empêcher. Le frère caché de Jean Becker en balance de bien bonnes.
http://www.dailymotion.com/video/x2ris2m
Il me semble que MANON DES SOURCES à longtemps traîné derrière lui une sale réputation, avant qu’on ne redécouvre cette version conforme à la volonté de l’auteur. Dans ma mémoire, Jacqueline Pagnol jouait très mal, alors qu’à revoir le film elle est délicieuse, bien qu’elle ne soit pas toujours très juste. La musicalité de sa voix impose le personnage, le plus Hugolien de tous ceux qu’a créé Pagnol, faisant de cette sauvageonne aux allures de bohémienne une Esméralda aimée par un monstre. Voyez-là aussi dans CARNAVAL, le moins connu des Fernandel-Verneuil écrit par Pagnol. La première partie de Manon m’a toutefois dérouté, au point d’attendre plusieurs jours avant de regarder la seconde. J’ai eu le sentiment que Pagnol nous poussait tout le temps du coude par un comique forcé qui empêche le sujet de s’installer. On ne sait jamais dans quoi il veut nous embarquer. Les « poil au machin » nous empêchent d’écouter l’histoire du bossu racontée par Robert Vattier, et l’explosion du sonotone est une grosse couillonnade. Ce folklore de camelot destiné au public de la capitale, en plus de tous ces post-scriptum accolés à plus d’une scène, relève de cette démagogie dénoncée par Paul Vecchiali. Sauf qu’ici, la deuxième partie du film justifie la galéjade, expression d’un entre-soi indifférent au crime commis par un des leurs. L’histoire du bossu que personne ne voulait écouter devient dès lors la terrible légende qui abomine la communauté, et le film se teinte de surnaturel. Hugolin joué par Rellys est un des personnages les plus meurtris de l’oeuvre de Pagnol, et un des plus troublants du cinéma français de l’époque. On sait, dès le début, que rien ne pourra infléchir la courbe de son destin, toutefois, et c’est ce que j’admire le plus chez Pagnol, il ne condamne jamais aucun de ses personnages, pas plus qu’il ne les absout. L’hérédité, contre laquelle on ne peut rien, se charge de faire la part des choses. Le sermon du curé, on pourrait l’enregistrer en audio pour le réécouter sans cesse. Je me suis repassé trois fois la scène où il explique la nature du miracle à Manon, car chez Pagnol le religieux découle toujours des actes humains. Bien sûr, il y a l’épilogue des réconciliations, mais je n’y vois aucune démagogie, au contraire, Pagnol est un optimiste. Il a foi en l’humanité, ses personnages comprennent leurs fautes, aucun n’est condamné par avance. En ce sens je pense que Pagnol est un auteur de combat et ses films des actes de résistances intergénérationnels. A revoir ce film magnifique, je regrette qu’il n’ait pas filmé JEAN DE FLORETTE. En effet, dans cette version, on n’est pas renseigné sur les liens qui unissent la mère du bossu au Papet. On peut toujours se rabattre vers Yves Montand et Daniel Auteuil. Dans le fond, ils ne lui ont pas fait honte.
A Guy Gadebois
Je ne vois aucune démagogie mais un plaisir à conter, à faire des détours, a briser les règles. A couper une histoire importante par des incongruités. C’était si peu démagogique que la longueur de ces scènes poussa les exploitants et le distributeur à les couper, de plus en plus au fil des mois
Récemment est sorti une nouvelle version de « Macbeth »réalisé par Justin Kurzel,mais je voulais revenir sur le film d’Orson Welles qui est avec »Othello »deux oeuvres immenses de ce génie de Welles.La mise en scène est imprésionnante avec des décors d’une splendeur incroyable.C’est un tableau noir fait d’amours et de haines,de sang et de chairs avec une direction d’acteurs au cordeau.Lourcelles dans son ouvrage préfère citer »Othello ».Il trouve que ce film est superieur concernant le mouvement de cameras,les contre-plongées,chers à Welles puis la crédibilité des acteurs qui endossent les personnages avec une grande rigueur.Effectivement je suis d’accord avec Lourcelles mais dénote un peu l’aspect théatral des personnages qui sont trop statiques et manquent cruellement de mouvements et de gestuelles.Pour revenir à »Mac beth »Welles rend hommage aussi au cinéma expressioniste allemand avec ses jeux d’ombres et de lumières,c’est du grand art à part entière.
Je viens de découvrir LES HEURES SOUTERRAINES le tvfilm de Philippe Harel diffusé sur Arte et suis assez impressionné: il a réussi un film serré comme dans un poing où pas une seconde de complaisance ne s’écoule. Est-ce bien le réalisateur de BIENVENUE AU GITE, gentillet, ou des APPRENTIS guimauve et attendu? (malgré quelques gags). Sans doute le roman de Le Vigan l’a-t’il intimidé favorablement et s’est-il dit « passons aux choses sérieuses! ». C’est aussi autour de deux bons acteurs principaux Marie-Sophie Ferdane et Mehdi Nebbou, toute une équipe de seconds rôles parfaits, terriblement justes et inoubliables: j’isole Jeanne Cellard la vieille dame qui ne veut pas quitter son appartt ou les inoubliables Patricia Lethu et Sandrine Le Berre, bien sûr Eric Savin en gros connard de directeur dont la furie insane ne sera jamais expliquée (en fait, si, mais juste suggérée), parfait. Le cinéma français ne serait rien sans ces appuis! Mais il y a forcément plus: un montage impérial, nerveux et sec comme dans un film noir qui fait que chaque nouveau plan vous ferait quasi sursauter comme si on allait découvrir un cadavre mais non c’est juste un message sur l’ordi, ou une porte qui découvre un visage: rien de spectaculaire mais tout ce qui se passe sur l’écran est essentiel car filtré par le découpage et montage, débarrassé de tout élément externe complaisant. Grâce à cette élimination draconienne aidée par une photo un cadrage rigoureux il ne reste que l’essentiel et du coup un simple regard ou un simple « merci » entre deux inconnus qui se croisent une seule fois, devient incandescent et vital. Chapeau. Ce film est rediffusé jeudi 3 à 13h35.
Faut-il voir les RANDONNEURS du coup?
« furie insane »? Ciel! bon il est dingo, quoi disons tt simplement.
A MB : Transmission de pensée, je me demandais ce que devenait Harel. Le meilleur souvenir que je garde de ses films précédents est celui de LA FEMME DEFENDUE, déclaration d’amour à Isabelle Carré entièrement filmé en caméra subjective. LE VELO DE GHISLAIN LAMBERT est un portrait grinçant d’un raté comme on en trouvait dans la comédie italienne. LES RANDONNEURS, si vous avez aimé Les Bronzés, c’est moins drôle.
à GG: et si j’ai pas aimé LES BRONZES? Arg…
à GG: HAREL: un copain me parle aussi avec le sourire de EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE d’après et malgré Houellebecq.
on ne peut réduire le réalisateur Joel Séria à »Charlie et ses deux nénettes »et surtout « Les galettes de Pont-Aven »ou Jean pierre Marielle excellait de sa présence.Un an plus tard il sort un film assez méconnu et un peu léger »Marie poupée »avec Jeanne Goupil(qui à des faux airs de Miou-miou brune)et le débutant André Dussolier.Tout d’abord il faut reconnaitre que tous les personnages de Séria sont attachants et dégagent une joie de vivre intérieure.Ici c’est le cas entre un marchand de poupées qui va tomber sous le charme d’une jeune lycéenne avec qui il se mariera.Bernard Fresson complète cette distribution dans le role d’un métayer solitaire,on retrouve Andréa Ferréol toujours aussi plantureuse,ainsi que François Perrot.
A Rouxel
MARIE POUPEE était pas mal du tout.
et MUMU avec Testud?
à G Gadebois: en fait qu’est-ce que vous voulez dire avec ça:
« Blier n’a jamais rien assumé. Il a passé toute sa carrière à s’excuser »?
un éclaircissement peut-être?
J’ai toujours pensé que Bertrand Blier voulait faire du Séria sans en avoir le courage. Seria assume parfaitement ses personnages, alors que Blier n’a jamais rien assumé. Il a passé toute sa carrière à s’excuser, comme s’il était lâche. Pourrait-on faire un film tel que C…COMME LA LUNE, aujourd’hui ? Bien sûr que non, alors qu’on pourrait refaire LES VALSEUSES exactement tel qu’il est, et avec le consentement des chiennes de garde.
Mais non. Blier-Séria même combat et puis cette manie de dénigrer un cinéaste pour en valoriser un autre…
A guy Gadebois,
Je n’ai vu que les galettes de pont aven, marielle est toujours bon mais le film ne m’a pas touché. Les valseuses n’est pas le blier qui me touche le plus, buffet froid est une oeuvre « artistique » que je trouve magistrale, je ne sais jamais à chaque visionnage qui de blier, depardieu et carmet, qui a une scène incroyable, produit la plus belle prestation.
Dans les valseuses, dont vous parlez plus particulièrement dans votre comparaison(?), je ne comprends ce que blier n’a pas assumé, il parle d’un film qui raconte l’histoire de types « crétins », qui passent le film à chercher « un cul ». Je trouve le « blier n’a jamais rien assumé », un peu excessif, du moins je ne le comprends pas.
Mais sûrement avez vous des éléments à apporter.
A Stag
Je trouve la comparaison un peu stérile. Seria a quand même signé quelques films bâcles ou ratés à cotés de vraies réussites (un San Antonio). Blier pèche parfois par excès contraire et certains de ses films ne tiennent pas la distance mais plus que les valseuses BUFFET FROID, TROP BELLE POUR MOI, la premiere moitié de TTENUE DE SOIRÉE, UN DEUX TROIS SOLEIL et le dernier film contiennent de vraies réussites, de vraies audaces et une belle invention dans le langage qu’on recouvrira comme on redécouvre Audiard. Ne pas oubliez HITLER CONNAIS PAS comme il ne faut pas oublier le premier Seria et certains de ses téléfilms
Il n’y a point de cynisme dans les films de Séria ni de froideur glaciale des personnages.Comme je l’écrivais précedemment chez Séria se dégage une espèce de bonheur et de joie de vivre naturelle et sans équivoque.Revoyez »Charlie et ses deux nénettes »ce road movie à la française avec un sublime Serge Sauvion dans le role du chauffeur routier qui prend en stop deux filles délurées et émancipées sous tous rapport.
à Bertrand:
D’accord pour HITLER CONNAIS PAS très intéressant et rare documentaire sur la jeunesse française de 1963. Pour Séria je ne connais que LES GALETTES… que je trouve absolument sinistre…
A Ballantrae. Dialogue de sourds :-). Pas grave.
Je ne dénigre pas un cinéaste pour en valoriser un autre, mais Seria et Blier sont comparables dans la peinture qu’ils font des rapports de domination homme-femme. Chez Seria, dans les Galettes et Comme la lune, les femmes assument justement de n’être « qu’un cul ». Marielle, pour échapper à sa bonne femme se réfugie dans les bras d’Andréa Férréol à qui il dit « toi tu me plais parce que tu sens la pisse », ce qui ravit Andréa Férréol. Le cinéma de Blier est parasité par le féminisme étendard des années soixante dix, et il le traine encore dans ses derniers films peuplés de personnages d’arrière garde. Dans les Valseuses et Les mouchoirs, Blier fait de Depardieu et Dewaere deux gros cons, du fait qu’ils n’expriment aucune tendresse à l’égard de Miou-Miou et Carole Laure, la première des deux atteignant l’orgasme auprès du contraire exact de ce machisme incarné. C’est ce sous-texte-là que je lis comme des mots d’excuses, claironnant sont féminisme par des situations qui se superposent au sujet sans l’incorporer. Ce que ne fait pas Seria, du moins dans les films que j’ai vu de lui, Sophie Daumier, dans C…comme la lune, se réjouit parfaitement de son amant machiste et bas du front, superbement campé par Marielle. Voyez aussi LES DEUX CROCODILES, histoire d’homosexualité entre Marielle et Carmet, à coutre courant de Tenue de soirée, en plus d’être un film hilarant (qui avait provoqué la mauvaise humeur de Marielle face à une Mireille Dumas qui lui reprochait d’avoir tourné ce navet honteux.) Seria assume sa méchanceté. Blier s’interpose sans cesse entre les personnages et nous par ses « voyez comme ces hommes sont cons, laissez-moi leur dire qu’on ne traite pas une femme comme ils le font ici. » Lourd.
Pourquoi ne pas comparer des cinéastes quand ils abordent des sujets similaires ?
à GG: BLIER/ c’est justement ce que je vous demandais, donner au moins un signe comme quoi ils traitent des sujets similaires! mais je ne suis pas d’accord avec votre attaque anti-Blier (ok j’y reviendrai)
A guy Gadebois, Je comprends mieux votre point de vue même si j’ai du mal à voir du féminisme dans préparez vos mouchoirs ou les valseuses, miou miou (son rôle) est au moins aussi conne que les deux rôles masculins, et carole laure n’est pas non plus une lumière, ou alors très mutique. Mais je ne peux pas trop aller plus avant, je ne connais rien de seria et pour paraphraser guitry le féminisme je ne suis pas contre mais disons plutôt tout contre. Ce que je sais c’est que blier est capable de fulgurances et que son cinéma est tout de même – sans connaître seria donc – très original avec comme dupontel en france, gilliam en angleterre, un imaginaire assez marqué, un humour particulier. Le scénario de buffet froid est écrit en 15 jours (bonus du dvd), les dialogues comme dit bertrand sont souvent très bons, absurdes, simples et efficaces « je vous présente l’assassin de ma femme, enchanté ». « mon mari m’a dit, ils me descendent et ils montent » (etc). Dans les valseuses « on te repère à 200 mètres tellement tu pues la brillantine. C’est dommage que j’ai pas le temps sans ça je t’aurais invité au restaurant ». Bon je fais tout ça de mémoire et rapidement.
A Stag, Guitry parlait des femmes pas du féminisme. Et on peut aussi penser que ce que Blier dit des femmes est profondément sincère et que ce n’est ni une excuse ni un sacrifice à la mode. Que cela fait partie d’une vision du monde qui est différente de celle de Seria plus sarcastique et jouisseuse. Et même quand ses personnages masculins paraissent être de gros bourrons, ils révèlent tout à coup une sensibilité qui était cachée. Le principal problème est que certains films ne tiennent pas la longueur et que le propos s’essouche. Pas dans le dernier, pas dans BUFFET FROID où Bernard Blier a des moments inoubliables
Cet échange m’a d’ailleurs donné envie de revoir …COMME LA LUNE. Ce portrait de gros beauf réparateur de frigo est un chef d’oeuvre. On est en Seine Maritime mais on pourrait être à Grosland. Kervern et Delépine doivent adorer. Ceux qui ne l’ont pas vu doivent se le procurer sans tarder.
Vu. Je ne voyais pas très bien en quoi Séria et Blier jouaient sur le même terrain,les mêmes thèmes. Jugeant peut-être trop le style ou l’ambiance essentiels, et plus important que les thèmes traités, je trouve que jamais Blier ne me paraît comparable à Séria. Vous rapprochez certains films de l’un à certains de l’autre. Séria m’évoque un univers joyeux et solaire avec des éclairs amers et noirs: la séquence où Marielle va demander de l’aide dans une ferme dans les GALETTES où la toute fin géniale dans le même, évoquent des personnages qui cherchent le bonheur et n’en trouvent que des éclairs mêlés à des moments de tragique. c’est assez sombre et joyeux à la fois. Aussi la scène qui vient briser la gaieté générale de la copine de Goupil qui tombe amoureuse d’un connard dans CHARLIE, Blier est plus étale ce n’est pas la même chose. Quand même ce n’est pas les rapports de domination homme-femme qui sont l’essentiel de leur cinéma je trouve.
A MB. J’ai dû mal m’exprimer pour laisser croire que je sois anti-Blier. C’est un des auteurs les plus singuliers de la nouvelle vague française des années 70, et l’héritier le plus doué d’Audiard. Je lui en veux seulement de ne pas assumer sa provoc complètement. Ceci dit, depuis MON HOMME, je trouve qu’il se fait du mal, et qu’il fait du mal au public qui l’a autrefois aimé. Il faut savoir s’arrêter quand le réservoir est vide. S’arrêter de filmer en tout cas, mais peut-être pas d’écrire. Procurez-vous EXISTE EN BLANC, un roman qui doit dater d’une quinzaine d’années. Et se tordre de rire en lisant un roman, c’est très rare.
à GG: oui bon, moi j’avais perçu la réaction positive de Miou-Miou aux attentions chaleureuses de l’anti-macho (nom de l’acteur?) comme un gag. Bien sûr c’est pour se moquer des deux héros mais ça n’en fait pas une excuse. Si Séria ose ne pas glisser ce genre de signal c’est qu’il laisse le spectateur faire la différence, et a priori personne n’est dupe (sauf les chiennes de garde?). Moi si c’est une excuse ça ne me gêne pas, et sont-elles si fréquentes chez Blier?
Les mêmes chiennes de garde se contenteraient-elles de cette excuse lors d’un remake fidèle des VALSEUSES aujourd’hui? Elles qui sont toujours en procès avec Orelsan qui a voulu mettre une fiction en chanson, ce naïf? (c’est vrai que c’était un peu maladroit de sa part mais sans plus). Ah en ce moment Orelsan et son copain Grunge nous offrent une série de sketches absolument poilants avec « Bloqués »!
Le séducteur de Miou-Miou c’est Jacques Chailleux!
Je trouve moi aussi assez stériles les attaques anti Blier qui, même s’il a raté certains films demeure une voie originale (et assez isolée) du cinéma français de ces 40 dernières années:sens du dialogue serré, construction scénaristique plutôt aventureuse et assez logique dans le même temps ( Trop belle pour toi est une sacrée gageure, et Buffet froid, et Tenue de soirée, et Notre histoire, et Préparez vos mouchoirs, et…et…), et enfin, après avoir largement affirmé l’importance cruciale de l’écriture, il s’est comme déployé visuellement à partir de Trop belle pour toi quitte à se perdre parfois ( Merci la vie) mais je ne peux que souligner cet esprit d’aventure.
Je crois qu’on ( disons une certaine tendance de la critique française, pour paraphraser Truffaut en inversant la donne) se trompe lourdement sur l’esprit d’aventure des cinéaste post Nouvelle vague: Corneau, Miller, vous-même Bertrand, Blier, Rappeneau et même Claude Sautet ont tous su rebondir vers des contrées différentes d’un film l’autre.Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, difficile de nier l’évidence.
La critique est parfois atteinte de trous de mémoire pour le moins surprenants: était-il dit que la réussite serait au RDV quand ont été initiés Nocturne indien,L’effrontée, La vie et rien d’autre, Trop belle pour toi,Cyrano ou Quelques jours avec toi? était-il prévisible que ce seraient des tournants passionnants dans les carrières respectives de ces auteurs?
A mon avis, il est toujours facile a posteriori de parler d’un certain confort du succès alors que ces films n’ont pas nécessairement connu une genèse, un tournage faciles et n’étaient pas du tout sûrs d’être suivis par le public et la critique!
Bref, il y a certains anathèmes qui plus est secondés par un jeu de comparaisons un peu forcé.Franchement Seria ne me semble pas jouer dans la même cour que Blier que ce soit pour l’écriture ou pour la mise en scène même si JP Marielle fut mémorable dans Les galettes…pourquoi ne pas déplorer, tant qu’on y est ,le fait que le cinéma de Blier est vraiment moins spontané que les pitreries de + en + bâclées de Mocky????
A tous,
Au outre, sans lien, dans la liste des « dynasties » artistiques, ou familles d’artistes, les Blier occupent une place de choix, le père restant un des très grands, peut-être sûrement l’un des deux qui mâchonnait le mieux les mots d’Audiard, le fils étant un des grands cinéastes français des dernières décennies, oscarisé. Père et fils ont atteint quelques sommets de leur profession et figurent bien dans une liste qui doit être longue. Brasseurs, pierre qui pouvait rivaliser d’égal à égal avec gabin, claude et alexandre, delon, ses compagnes, ses fils, Douglas père et fils, le grand john voight et sa fille, fernand sardou, jacky, michel, ses fils. (vous en avez sûrement d’autres ?)
Pierre Brasseur buvait beaucoup avant d’entrer sur scène, j’ai une anecdote rapportée par un comédien lyonnais, pierre bianco, brasseur jouant bourré au canada, dit sa réplique et enchaîne en disant celle de son partenaire, celui-ci pour rattraper la sauce lui dit « mais monsieur vous marchez sur mon texte » brasseur de lui répondre « ça porte bonheur ».
j’y pensais en parlant des familles d’artistes et j’ai oublier de parler de vous bertrand et de votre fils.
à Stag: ce « mot » de Brasseur est assez nul et méprisant, pas à son honneur.
A MB
Et en plus ce n’est pas celui. C’est une réplique de Prévert dans les ENFANTS DU PARADIS
à mb et bertrand,
j’aime bien cette anecdote, je ne la trouve pas méprisante, ça le serait si c’était sérieux, c’était de l’humour et bien improvisé, ça l’est d’autant plus si comme vous le dites bertrand, il replaçait là une réplique de prévert d’un film qu’il avait affectionné.
d’autant moins méprisant que l’anecdote émane donc – selon ce que dit bertrand – d’une complicité entre les deux comédiens, le partenaire de brasseur entamant la réplique des enfants du paradis, complètée par brasseur. Je la savoure d’autant plus.
A Stag : Autre réplique qu’on prête à Pierre Brasseur. Dans une soirée parisienne, un Rothschild lui dit « Monsieur Brasseur, vous qui êtes si plein de talent, jouez-nous donc un extrait de Kean que vous avez si merveilleusement interprété sur scène. »
« Monsieur Rothschild, vous qui êtes si plein de pognon, donnez-moi donc deux cent milles balles avant. »
à Bertrand: ah mais dans ce cas c’est pas pareil c’est de la fiction je me souviens: le personnage de Lemaître se moque des trois auteurs du navet « L’auberge du crime » ou « l’auberge sanglante »!
A guy gadebois,
Une autre encore, que je tiens également de pierre bianco, lors d’une soirée mondaine où il était invité, la maitresse de maison insiste tout le long du repas pour que monsieur brasseur « va bien nous faire apprécier son talent », brasseur lassé à la fin du repas, placé en bout de table, se lève, silence ce fait « je vais vous faire un tour », il attrape la nappe, tire un grand coup très fort, toute la vaisselle tombe, il cloture par un « raté ».
à Stag: oui j’ai entendu cette anecdote avec Francis Blanche.
A MB,
Une anecdote résume assez bien la fantaisie de Blanche qui n’avait que peu de limites, puisqu’il prénomma sa fille Berthe.
En réécoutant la chanson composée par François de roubaix »Pour qui pourquoi »interprétée par Nicoletta dans un film de Giovanni,je repensais aux tragédies de Paris et St Denis.Puis j’ai revu avec beaucoup de recul »Un aller simple »sorti en 1970.José Giovanni à signer de bons scénarios pour Becker,Sautet ou Deray mais il reste un cinéaste rebelle et enragé sur la société des hommes.Voilà ce qu’il déclarait dans les années 70: »Autrefois l’aventure était dans la pègre,aujourd’hui,tout est relié à la société,l’aventure est dans la rue,ne serais ce qu’avec le terrorisme.Il est donc faux d’isoler les truands des honnètes gens.D’autre part personne n’a les clés de rien.Il y a beaucoup de mort,on meurt beaucoup,on meurt trop:De Broglie,Fontanet,Boulin….Revenons sur « un aller simple »qui n’est pas à mon avis une nouvelle version par rapport au film de Siodmack »Les proies »de 1948.Là on retrouve deux croupiers de casino qui tente un braquage de banque qui tournera mal.Bouillon dans le role de Marty est un étre asocial qui rejette les codes d’honneur et exècre les services de police(Jean Gaven,excellent en inspecteur belge)la chanteuse Nicoletta à un petit role de junkie déphasée puis il y a Rufus,acteur à mon avis mal utilisé dans le cinéma français.La cerise sur le gateau est la partition musicale de De roubaix et la chanson de Gilles Dreux prenante au niveau des paroles(que l’on soit riche ou pauvre,on finit toujours seul dans un cercueil).Je l’écris ici Giovanni était un cinéaste anarchiste et révolutionnaire dans sa pensée et sa démarche.Son film sur l’épuration est à revoir également.
A Rouxel
Anarchiste oui. Révolutionnaire non. Mais UN ALLER SIMPLE qui adaptait le même livre que Siodmak pour LA PROIE est, dans mon souvenir, un film sous estimé.Avec une belle photo de Pierre William Glenn et un excellent travail d’Alain Corneau qui était assistant et a eu l’idée de certains plans
UN ALLER SIMPLE est un très grand film et Nicoletta est formidable, son personnage de « pute sans coeur » est singulier, à faire regretter qu’elle n’ait pas fait plus de cinéma.
1ère nouvelle que LA PROIE est ce film soient tirés du même roman, je ne retrouve pas les similitudes d’intrigue.
En effet dans le film de Siodmack ont suit le cheminement de deux copains d’enfance,l’un deviendra flic et l’autre voyou.Donc il n’y a aucune similitude avec le film de Giovanni.
Il me reste à découvrir avec hate »La peau de Torpédo »avec Stéphane Audran et Klaus Kinski(dans sa période calme au niveau des personnages).
à Rouxel: du coup on se demande pourquoi payer pour les droits du bouquin! Hier j’ai revu KISS OF DEATH de Barbet Schroeder l’un de mes polars préférés, qui s’annonce « basé sur le scénario du film de 1947 » là c’est justifié car le scénario de Richard Price part bien de ce matériau mais est terriblement fouillé (peut-être trop) en intégrant une guerre des polices, des machinations finaudes et cyniques dont une entre procureur (Stanley Tucci formidable) et témoin-indic, dignes de la Série Law and Order (ceci dit ils discutent et écoutent une k7 cruciale et top secret en pleine rue sous le nez et les oreilles d’un vendeur de hotdog mais le décor doit primer sur la vraisemblance!) et ajoute le milieu sonnant « vrai » (?) des voleurs de voitures newyorkais exotisme social assuré (enfin, pour moi, qui ne suis pas vraiment dans ce créneau-là). J’adore ce film, David Caruso est tout à fait excellent, et Cage après 2500 méchants terrifiants vus dans les polars, arrive à en jouer un de plus aussi efficace: il a le pouvoir de toujours donner l’impression de sortir un couteau ou un outil contondant la seconde d’après sans qu’on en soit tt à fait sûr! et toujours avec cet air de s’emmerder à 100 sous de l’heure! y’a du Mitchum en lui. Quand il reconnaît Caruso dans la boîte de nuit (décor sublime conçu par Mel Bourne) fronce les sourcils et se lève pour aller le retrouver impossible de savoir si c’est pour le décapiter sur le champ ou pour lui faire la bise! Je comprends que Caruso ait voulu quitter le film quand il a appris que Nicholas était de la partie!…
Ami Rouxel vous pouvez vous dispenser de LA PEAU DE TORPEDO, un des pires Delannoy. Mais ne vous dispensez pas du GARCON SAUVAGE qui va bientôt sortir… si ce n’est déjà fait.
Je commenterais le film quand je l’aurais vu .
Effectivement »Le garçon sauvage »de Jean Delannoy est un des films fort sur l’enfance.Les dernières séquences sont d’une force extraordinaire car Delannoy nous montre trois endroits dans l’unité de temps puis il y a un plan judicieux de caméra quand le gamin est assis à l’arrière du taxi,la caméra cadre la vitre arrière et l’on voit sa mère avec un de ses amants en bord de plage.Pourquoi Truffaut et les jeunes »Turcs »de la fameuse nouvelle vague française à oser assassiner ce cinéaste,inventif dans son style.Le dvd est sorti chez Gaumont dans une copie propre,malheureusement il n’y a aucun bonus en supplément.
J’ai enfin découvert ce film de Delannoy qui n’est vraiment pas son meilleur.Le scénario est complétement décousu et on arrive pas à rentrer dans cette histoire d’espionnage qui manque de teneur.Stéphane Audran montre sa beauté plastique,Kinski cabotine à mort,Fréderic De pasquale dans le role du mari espion apparait de façon fortuite tandis que Michel Constantin qui incarne un flic est d’une froideur incroyable.Le film vaut pour la bande originale composée par De Roubaix toujours créatifs dans ses trouvailles sonores.
TCM rend en ce moment hommage à Charles Bronson, ce qui m’a donné l’occasion de revoir TELEFON, toujours inédit en DVD. Siegel a débarqué sur le film en remplacement de Peter Hyams viré par Bronson, et trouve curieusement un sujet en accord avec son univers. Ces citoyens ordinaires qui se transforment tout à coup en terroristes sur un stimulus téléphonique, me rappelle BODY SNATCHERS, ou comme dans CHARLEY WARRICK tout le monde est impliqué dans le complot. Le tueur pouvant être n’importe qui, à l’image du scorpio de DIRTY HARRY. On rejoint aussi MANCHURIAN CANDIDATE, qui posait la question des techniques d’hypnoses pour transformer un individu en tueur, sans qu’il ne se rende compte de rien. Dans Telefon, ces citoyens américains ordinaires sont de plus de véritables kamikazes, ils meurent après avoir commis des attentats sans éprouver leur acte à aucun moment. Sujet passionnant pour un film à demi réussi cependant. Dans ses mémoires Siegel raconte comment Bronson fichait littéralement en l’air des pans entiers du scénario pour réduire à néant les rôles secondaires et ne garder que les scènes d’action avec lui. Le résultat est, d’un côté, un film d’action banal avec Bronson auquel Siegel ne s’intéresse pas, et un film intrigant sur les états modifiés de conscience, deux sujets qui cohabitent assez mal, et qui se rejoignent de manière artificielle dans un dénouement bâclé.
TELEFON Ce film est justifié par la présence de Lee Remick. Si Lee Remick avait joué dans LES PYRAMIDES BLEUES, ce serait un chef d’oeuvre remarquez.
(c’est pas de jeu)
Ah… Lee Remick…
A l’époque elle était la compagne de Bronson c’est pour celà qu’on les retrouve souvent ensemble.Auparavant elle était mariée à David Mac Callum révélé par la série »Des agents très spéciaux »dont le remake au cinéma est réussie.
On peut trouver le dvd en zone US sur Amazone à un prix excessif bien sur.
Non ami Rouxel, c’était Jill Ireland la femme de Bronson.
Pour revenir sur »Un espion de trop »de Siegel,on dirait un tv-film des années 70.On voit le manque de budget à travers l’explosion de l’hélicoptère au début du film mais le scénario est assez judicieux sur la mise en hypnose d’Américains qui se révèlent etres des kamikazes prèt à mourrir.Donald Pleasence est une fois de plus cantonné dans un role de fou furieux digne du Docteur Folamour de Kubrick.
Il y a quand même de vrais zones d’ombre autour de la personnalité de José Giovanni. Frank Lhomeau a enquêté sur son passé pendant la deuxième guerre mondiale, et ce n’est pas reluisant.Je suis très gêné quand cet homme aborde la période de l’épuration.
A Freville
Exact. Lisez absolument le numéro de TEMPS NOIR qui lui est consacré qui révèle des zones d’ombre. Mais il a payé
To MB: I wasn’t even aware of Boorman’s Marvin film until your post. I just finished watching on youtube. Good although William Hurt’s fish story went on a bit, dinnit?
One of the best and strangest of DRAGNET episodes , THE BIG FRANK (1953), starring LM as a hitchhiking serial killer collared by Jack Webb and his sidekick (Barney Phillips, better I think than the later Ben Alexander and Harry Morgan) may also be found on youtube.Someone snoozing in the legal department of Webb’s production company allowed a large number of the 50s DRAGNET episodes to slip into the public domain. Marvin is also excellent in a supporting role in ALDRICH’s ATTACK! (1956) which features career high performances by Jack Palance and Eddie Albert. ATTACK is available in a French collector’s edition with all sorts of supplements that are not available on my MGM Murcan DVD.
to Mr Rawls: I never think of youtubing, going right to it!
I watched it, William Hurt almost got me fall asleep… I still didn’t get the camera move which didn’t go to the right direction while LM’s friendly visit to his wife, but it’s in the book I’ll get back to this.
Resorti cette semaine dans peu de salles du film de Philippe Condroyer »La coupe à 10 franc »qui à vut débuter Dominique Lavanant.Le role titre est tenu par Didier Sauvegrain qui vient du théatre mais qui à été diriger par Bertrand il me semble.Est ce que quelqu’un connait ce film qui raconte l’histoire d’un homme qui refuse de se faire couper les cheveux?
A Rouxel
C’est un film magnifique que je défendis bec et ongle lors de sa sortie. Le sujet en est poignant et aborde des thèmes essentiels – rapports de classe, liberté individuelle – de manière humble, concrète poignante. Le film est formidablement joué par Didier Sauvegrain et Roseline Vuillaumé. J’ai fait jouer le premier dans LAISSEZ PASSER et la seconde dans la PASSION BÉATRICE. UNE COUPE A DIX FRANCS est un chef d’oeuvre avec une musique audacieuse d’Antoine Duhamel qui utilisa Anthony Braxton et des sonorités free jazz
Voici la lettre que j’envoyai à l’époque au critique Louis Chauvet qui avait éreinté le film
Je n’ai jamais pensé avoir une culture cinématographique étirée à l’infini et ce blog passe son temps à en circonscrire les limites, et c’est tant mieux pour mon humilité. Mais je n’avais jamais, mais alors jamais, entendu parler de cette COUPE A 10 FRANCS. Et en plus c’est un chef d’œuvre !!!
Gott Ver Domi !!!
Où est donc la lettre?
A Ballantrae
Quand je la copie, elle ne s’affiche pas. Un bug
A Bertrand : Il faut transmettre votre lettre au SAV de votre blog, dont je tiens ici à féliciter les responsables qui ont si souvent résolu des problèmes liés à une censure automatique (bienveillante, puisqu’elle évacue des milliers de messages malveillants, de trolls et autres…) en mettant en ligne les posts qui ne passaient pas, notamment celui où je causais des 497 « f…k » prononcés dans CASINO…
d’ailleurs on entend plus parler des commentaires qui ne passaient pas et après message: « Il semble que vous ayez déjà envoyé ce commentaire! » très énervant!
Bonne nouvelle amis cinéphiles,ce film sort le 7 décembre en dvd.Condroyer est un réalisateur atypique:on lui doit le premier film sur les aventures de Tintin(le plus réussi,je pense).
A Rouxel
Vérification faite, oui, TINTIN ET LES ORANGES BLEUES, c’est lui! Je vais de découvertes en découvertes et serait aux aguets le 07 Décembre. Merci..
La coupe à 10 francs m’intrigue…mais Tintin au cinéma dans les 60′ me semblait assez catastrophique: statique, assez mal joué, sans invention visuelle…
Je viens de revoir L AUBERGE DU PRINTEMPS de King Hu avec un immense plaisir, je le trouve encore meilleur qu’il y a 20 ans. Quelle intelligence dans la conception des personnages! Il y a du génie dans la façon de les articuler ensemble à l’intérieur de cette fameuse auberge (je regrettais quand King Hu nous en fait sortir pour des combats en plein air). La conception des personnages et leur double identité, la fausse et la vraie, crée des quiproquos qui rappellent certaines comédies classiques où le maître se déguise en serviteur et l’inverse. Brillant. Le master de HK video n’est pas aussi « hd » qu’on le voudrait mais tant pis. Le point de vue sur les méchants, Lee Khan et sa soeur (jouée par la sublime Hsu Fen) est très singulière, le personnage de Lee Khan (Feng Tien) mène une scène longue et brillante où il prouve toute sa noblesse, sa culture et sa finesse d’esprit! Fait singulier à la fin il est poursuivi et attaqué en même temps par plusieurs combattants (tes) les gentils quoi, pas de combat loyal entre un héros et un méchant, c’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle il est vaincu que d’être attaqué seul par plusieurs!
J’espère que Carlotta va nous sortir en br TOUCH OF ZEN et DRAGON GATE INN (jusqu’ici invisible) puisqu’il les a sortis en salle l’été dernier. Un 2ème invisible de King Hu est PIRATES ET GUERRIERS (ou THE VALIANT ONES) sur lequel Positif toujours en éveil fit sa couverture dans les 70, en tout cas des lustres avant que les Cahiers ne se resaisisse et nous sorte un gros pavé spécial Hong Kong (il fallait bien rattraper le temps perdu!). La copie de TOUCH OF ZEN chez FSF n’était pas anamorphosée. Il faut aussi voir le magnifique RAINING IN THE MOUNTAIN qui mérite aussi une édition br (le dvd FSF de ce film était bien mais…) il paraît que la traduction du titre original de RAINING était « Pluie de lumière sur la montagne vide »!
et de King Hu j’oublie L HIRONDELLE D OR bonne copie chez Wild Side.
cher monsieur
je suis passionné depuis bien des années par vos analyses de film ( western sidonis fleisher bresson etc …j’ai lu avec enthousiasme amis américains et 50 ans de cinema americains)
j’aurais voulu avoir votre avis sur 2 livres bien tentants :
Hollywood en 3 tomes de berthomieu ( rouge profond)
à la porte du paradis de m h Wilson chez armand colin.j’appartiens à une famille d’artistes plasticiens (peintres ,sculpteur)et vous avez communiqué avec beaucoup de finesse votre amour du cinema que je partage depuis les années de cine club au lycée
merci d’ avance
à quand 50ans de cinema français ??!!!
A anfoine
Ce sont deux auteur sérieux. Berthomieu est un bon historien et le très regretté Michael Wilson a ramené des pépites et collabora au film de Scorsese sur le cinéma américain. Merci pour vos compliments
Je conseille à tous de se procurer « D’ailleurs mais ici »réalisé par Barbara Pueyo avec le centre social des Fossés Jean et Arcadi.Une journée exceptionnelle dans la vie de quatre familles étrangères d’un quartier de banlieue française dont les destins s’entrecroisent,s’influencent ou s’affrontent sur le chemin de la citoyenneté. »Je ne rève ni en arabe,ni en linguala,ni meme en wolof pas meme en bambara.Je ne rève ni en espagnol ni en anglais,mais parle et rève en français.Et comme ils ne sont pas dans ma tète et encore moins dans mon coeur en fait,ils disent qu’ici c’est pas chez moi quand meme.Je rève donc éveillé pour qu’ils me comprennent »:Abd Al Malik »Comme dans un rève,le Dernier Français.Le dvd est sorti chez L’Harmattan ou est inclus un bonus interessant: »Allez plus loin »qui pose les veritables questions sur les valeurs républicaines,la laicité,la fraternité et l’intégration à la française.
« Jeff »réalisé par l’écrivain Jean Vautrin,récemment disparu est un film faible au niveau de la mise en scène.Alain Delon en tant que producteur du film se donne le role principal au coté de Georges Rouquier(cinéaste émérite),Mireille Darc qui joue de sa plastique tandis que Jean Saudray,Henry Znarniack,Albert Molina et le regrétté Frédéric de pasquale incarnent les méchants de service.Les mouvements de caméra sont d’une médiocrité déconcertante ainsi que le montage qui est convenu.Le seul point fort est la musique composée par François de roubaix disparu il y a tout juste 40 ans.Il est dommage qu’au generique de fin on n’entends pas la chanson »Jeff »interprétée par Nicoletta.Maintenant je ne suis pas étonner que ce film soit jamais sorti en format dvd.
à Rouxel: je ne sais pas si JEFF est si mauvais que vous le dites mais il y a qqs jours je repensais à ADIEU L AMI de Jean Herman (alias Jean Vautrin) avec Delon et Bronson: j’en avais gardé un très bon souvenir, avec Fresson en flic, Olga Georges-Picot très sexy et Brigitte Fossey.
c’est plutôt Jean Vautrin alias Jean Herman
I read that John Kerry, Obama’s Secretary of State, has stated that there was « a sort of rationale to the CHARLIE HEBDO ATTACKS, they were offended by this or that » but the most recent pogrom was « indiscriminate ». That is,those blasphemous cartoonists sort of, you know, had it coming. But just last January Kerry was leaving flowers and crossing himself outside the still no doubt acrid smelling offices of those blasphemers to whom « the future does not belong ». Back then Kerry was calling the HEBDO attack « horrific » and saying that the cartoonists « spoke for freedom, not fear ». By the way, the most recent Paris attacks were not « indiscriminate ». As online postings made clear, the attacked sites had been singled out for being purveyors of such profane earthly pleasures as music, food, drink,sport. Kerry should have worn a JE SUIS BLANCMANGE badge as an indication of juat how much France can count on the U.S.
Sorry,that should have been « just », not « juat ».
à Michael Rawls: merci de m’avoir signalé le bouquin de Boorman, passionnant! J’espère qu’il pourra remonter jusqu’à ses films plus récents un jour! J’ai particulièrement adoré l’anecdote sur Jon Voight et Burt Reynolds sur DELIVRANCE je ne résiste pas: Jon dit à JB: « Prévenez-moi deux minutes avant de tourner que je me prépare! » (ils devaient tourner une scène où Burt et lui étaient tous deux essoufflés et décoiffés), ce que fait Boorman, Jon va piquer un 100 mètres dans les bois revient épuisé et dit « je suis prêt », Burt dit lui à Boorman « prévenez-moi dix secondes avant! », juste au moment de tourner en s’appliquant à ce que Jon le voie faire, Burt se mouille le visage avec un vaporisateur, se décoiffe un peu et dit « Je suis prêt! ».
To MB: You’re welcome. For more DELIVERANCEiana, go to http://www.gardenandgun.com, where you’ll find an oral history of Boorman’s film, with comments from various involved parties. GARDEN AND GUN is a Southern « Lifestyle » magazine. It’s one of the best oral histories of a film that I’ve read. It does omit the anecdote about James Dickey suggesting that his son serve as stand-in for Ned Beatty during the camera rehearsal for Beatty’s forced intimacy with those backwoods ruffians. My source for this last story was a book by the stand-in, which was published some years ago. I believe it was called THE SUMMER OF DELIVERANCE.
à Mr Rawls: oui ce bouquin a été écrit par le fiston de Dickey, Christopher, le titre est ok enlevez juste l’article! Merci. Tout ceci me donne envie de revoir L EXORCISTE II L HERETIQUE que Ciment défendit bec et ongles ici (avec une goutte de mauvaise foi sympa type Brion défendant le cinéma de Richard Thorpe?), Boorman en a tellement honte que ça ne pouvait pas être si mauvais!
à Michael: avez-vous vu le film de Boorman sur Marvin: « Lee Marvin: A Personal Portrait by John Boorman » 55′? ça doit se trouver peut-être dans un bonus de dvd.
Bertrand, je ne sais pas si vous y êtes pour quelque-chose, de prêt ou de loin (vu qu’on a beaucoup évoqué ce film ici-même dernièrement…), mais c’est une bonne nouvelle de savoir que PANIQUE de Duvivier paraît le 2 décembre prochain chez TF1 Video en Blu Ray et en DVD (copie restaurée à partir d’un master 2k). Pour info, paraîtra à cette même date LE CARROSSE D’OR de Renoir, et chez PATHE, le 16 décembre, entre deux Christian-Jaque (LES DISPARUS DE SAINT-AGIL et L’ASSASSINAT DU PERE NOEL), le merveilleux GOUPI MAINS ROUGES de Becker père.
A Sullivan
Grandes nouvelles
à Sullivan: très content car la copie de PANIQUE passée chez Brion était limite. Pour Becker, on aura bientôt tous ses films en hd c’est excellent car l’édition René Chateau de GOUPI était pénible aussi. Il faudrait que Studiocanal se fasse pardonner l’édition de DERNIER ATOUT ils m’ont bien eu avec celle-là. Par contre leur br de CASQUE D OR est magnifique.
A M.B. : d’accord sur tout. Mais si ça me fait plaisir de voir les éditeurs reproposer des films dans de meilleures copies, ça m’attriste d’un autre côté de constater que c’est parfois au détriment de parutions inédites (c’est flagrant chez Carlotta et Wild Side, qu’on ne remerciera jamais assez pour tout ce qu’ils ont fait jusqu’ici).
et on pourrait faire une liste longue des films jamais édités ne serait-ce qu’en dvd, des ayant-droits trop gourmands?
Oui, c’est surtout pour PANIQUE que l’on peut espérer une amélioration sensible en édition Blu-Ray, les éditions L.C.J. offrant rarement des transferts de grande qualité (litote). Je n’ai pas revu le dvd de PANIQUE récemment, mais je viens de revoir chez L.C.J. le film suivant dans la filmographie de Michel Simon, à savoir NON COUPABLE de Henri Decoin et je ne suis pas loin de penser qu’il est du même niveau que PANIQUE, et je m’étonne de son peu de renommée, même dans la filmographie de Decoin, un cinéaste lui même sous-estimé. NON COUPABLE offre un rôle en or à Michel Simon, d’ailleurs d’une grande sobriété, en médecin de campagne misanthrope et alcoolique, dégouté par la médiocrité de son entourage, vivant en concubinage avec sa maitresse et se fichant du qu’en-dira-t-on, avec ça médecin dévoué à ses malades, et qui se met à commettre plusieurs meurtres pour se venger de ceux qui le trompent et le considèrent comme un faible et un raté. Evidemment personne ne le soupconne, ce qui le conforte dans ses talents de criminel, mais le laisse frustré quant à la reconnaissance de ces mêmes talents… C’est un film noir, mais dont la noirceur n’est jamais forcée, surlignée, contrairement à certains films de l’époque (ceux d’Yves Allegret notamment), et la tragédie semble découler naturellement de la situation et des caractères (excellent scénario de Marc-Gilbert Sauvajon, qui fait penser forcément à Simenon ). La mise en scène est inspirée, joue beaucoup sur les lumières, mais aussi sur les sons, et tous les acteurs sont très bons (Jany Holt, Debucourt) et puisque j’ai dit du mal des éditions L.C.J., j’ajoute que l’image du dvd est assez bien définie, mais manque de contraste (nombreuses scènes nocturnes).
A Mathieu
Je suis d’accord sur les qualités du film,l’audace de la photo nocturne et le jeu des acteurs. Dans le scénario, il y dans le dernier tiers une ou deux facilités (personnage se conduisant pour faciliter un rebondissement) mais l’oeuvre est sous estimée
Formidable pour Le carrosse d’or et Goupi Mains rouges, deux films importants de leurs auteurs respectifs.
Notons dans les sorties un coffret Vidor chez Lobster qui contient entre autres Our daily bread.
Et le sortie ( je ne le signale pas pour relancer des discussions à n’en plus finir, juste pour info) de celui de Sorcerer.
Nous sommes tous sidérés après ce qu’il s’est passé mais une pensée particulière pour tous les Parisiens.
Période de tous les dangers et, outre celui d’une surenchère violente des fanatiques, notamment ceux des amalgames rapides, du retour du funeste choc des civilisations, d’une complaisance à l’égard de mesures qui pourraient ressembler de trop près au patriot act.
Il est triste de constater que depuis janvier dernier,les politiques qui gouvernent ce pauvre pays n’ont pris aucune mesures sur le plan sécuritaire des citoyens.Puis aucuns journalistes,experts militaires que j’ai entendues à la tv ou à la radio n’a poser la seule question: »A qui profite ces morts innocentes »?Qui finance réellement le mouvement islamiste DAESH(ce n’est pas les puits de pétrole qui rapporte plus d’un millions de dollars par jour)mais le régime saoudien qui avait financer et mis en place Al Quaida et son leader Ben Laden.Nous vivons « L’année de tous les dangers »!!!Restons optimistes en pronant la paix et la tolérance et ne tombons pas dans les amalgames des journalistes et des politiciens revanchards.
« Les terroristes en veulent à notre mode de vie » nous répète-t’on à longueur de journée, lequel comprend aussi (moi je dirai surtout) l’action sociale. La vigilance ne doit pas mollir non plus sur ce terrain-là, oxygéné dernièrement par les salariés d’Air France. Je vous renvoie au podcast de l’émission de Daniel Mermet du 21 Octobre. Non, le terrorisme ne doit pas être le meilleur allié du pouvoir pour saccager notre modèle social. Plus que jamais, il a besoin d’être défendu.
Oui, je crains de plus en plus précisément que nous nous installions dans un climat délétère sciemment entretenu. La stratégie du choc me semble une lecture assez indispensable ces temps-ci…car une loi peut en cacher une autre.
-L’alcool reste la première cause de mortalité.
-Oui, de natalité aussi.
-Il parait que Sacha Guitry faisait une croix à chaque fois qu’il trompait sa femme, et qu’au bout de dix il lui faisait un énorme cadeau.
– C’est le principe de la carte de fidélité, non ?
« J’aime bien les motards, c’est chez eux qu’on trouve le plus de donneurs d’organes. »
Quelques unes des répliques et pensées de Jean Yanne compilées dans « JEAN YANNE, ON N’ARRETE PAS LE PROGRES ». Personnellement je me suis toujours demandé comment un homme aussi spirituel à l’humour si dévastateur avait pu mettre en scène des films aussi cons. Ne disait-il pas lui-même : » Des fois, je me demande comment je suis arrivé à réaliser des films, moi qui suis souvent trop feignant pour faire une salade. »
Une lecture quasi obligatoire par les temps qui courent.
Les films de Jean Yanne ne sont sans doute pas d’une grande finesse, mais le premier » Tout le monde il est beau… » reste une satire très pertinente, et assez raccord avec ce que je sais de son auteur. Et je suis assez d’accord avec lui au sujet de la salade.
Paul Vecchiali est enfin célébré dans l’édition DVD avec la parution de ses films les plus remarquables. Je me suis attardé sur LA MACHINE, réquisitoire contre la peine de mort inspiré par l’affaire Christian Ranucci. Ce film est un véritable coup de poing. Sa forme est éblouissante, notamment par ce plan séquence dans un bistrot qui se termine en chanson, ou encore l’interrogatoire du personnage magistralement interprété par Jean-Christophe Bouvet, mais aussi toutes les séquences où Vecchiali filme un poste de télévision à l’intérieur duquel un journaliste se livre à des micros trottoirs pour sonder l’opinion publique. Des moments visionnaires sur le pouvoir croissant du petit écran utile à formater les esprits. Dans les suppléments, on apprend que les dialogues furent en grande partie improvisés et que pour la séquence de l’exécution Bouvet s’est immergé, après avoir pris soin de s’être endormi dans la cellule du condamné, et réellement réveillé par les gardiens qui le conduisent à l’échafaud. La déclaration de l’accusé dans le prétoire après le verdict est absolument sidérante, audacieuse, profonde, et d’un humanisme qui ne triche pas. Jean-Pierre Bouvet a écrit lui-même sa réplique, impensable dans un film aujourd’hui. Ne craignez pas un film manipulateur, comme l’a été celui de Michel Drach sur la même affaire, plaidant l’innocence de l’accusé alors que le temps a démontré sa culpabilité. Ici le fait divers est un contexte à travers lequel l’idée même de juger un homme perd tout son sens. Jamais traumatisant non plus, un film tout simplement exemplaire qui sonde l’âme humaine comme on ose rarement le faire.
Merci pour ce conseil argumenté. Les deux coffrets Vecchiali (édités par Shellac, si je ne m’abuse)ont, de plus, une petite allure (un peu mordorés, comme ça..) qui fait envie..
Comme quoi le look, c’est important.
Je vais peut-être déjà prendre celui avec LE CAFE DES JULES, film qui m’attire.
Mais je connais extrêmement mal le cinéma de Paul Vecchiali. Je crois que je n’ai vu que CORPS A COEUR sans bien m’en souvenir.
Comme vous avez raison d’attirer l’attention sur le doublé Mouchette/Au hasard Balthasar de Bresson qui sont deux chefs d’oeuvre impressionnants et très différents l’un de l’autre: le premier possède un dessin net où pèse le poids de l’inéluctable tandis que le second parvient comme vous le dites à rendre épuré un matériau digne d’un serial pour aller vite.
Au hasard Balthasar ressort en salle et il est sûrement nécessaire d’inciter ceux qui ne l’ont pas vu à la découvrir de manière optimale.
On a beaucoup glosé sur la dimension janséniste de Bresson qui est réelle , ce qui ne l’empêche pas d’imposer parfois des signes amusants, incongrus voire baroques qui ne peuvent que frapper l’oeil ou l’oreille par leur mise en évidence.
Je ne doute pas que Bresson aura une place conséquente dans votre documentaire.
En étudiant de plus près Casque d’or (notamment la scène du duel au couteau dans l’arrière cour) et Le trou, j’avais eu l’impression que Becker trouvait des solutions de mise en scène bressoniennes.N’est ce qu’une impression ou avez vous la même lecture?
A Ballantrae
Absolument et cela sans passer par les théories de Bresson. C’est clair dans le TROU. Il admirait d’ailleurs Bresson tout comme Lubitsch, Hawks, Hathaway
Je crois que bien souvent les cinéastes qui se réfèrent à Bresson ne passent pas nécessairement par ses théories ( que je trouve séduisantes intellectuellement amis curieusement prescriptives)mais pensent tout simplement à l’évidence plastique, poétique, spirituelle, existentielle de ses films.
Pour Becker ce fut surtout pour Le trou mais on pourrait citer des cinéastes plus nettement inspirés sur le long terme: Gérard Blain, Kaurismaki (avec Tati), Bruno Dumont (qui réinvente la notion de modèle de manière passionnante), de Oliveira, etc…
à MB:
Hathaway avait quand même une certaine réputation grâce aux TROIS LANCIERS… et surtout à PETER IBBETSON. En cherchant le point commun entre Becker et Hathaway, outre la rigueur et la probité artistiques, je dirais que le goût de Becker d’explorer des univers différents, du monde sophistiqué de la haute couture dans FALBALAS aux paysans de GOUPI MAINS ROUGES, aux prisonniers du TROU, a son équivalent aussi chez Hathaway, qui n’a pas filmé que des cow-boys, mais aussi des marins, des pêcheurs, des fermiers, des pilotes d’avion, des agents du FBI et bien sûr quelques tueurs psychopathes. Ah! si Becker avait pu tourner autant de films que Hathaway!(*sigh*)
à Mathieu: j’ai à peine exagéré l’opinion générale sur Hathaway, PETER IBBETSON me semble une exception. La plupart du temps, l’opinion sur Hathaway se base sur NEVADA SMITH ou KATIE ELDER pour déteindre bêtement sur d’autres bien supérieurs (LA MAISON DE LA 92 RUE…) mais bon je viens de regarder dans le Tulard (mon thermomètre de la critique plan-plan que je garde chez moi juste pour m’énerver un peu) et il estime LA FUREUR DES HOMMES et RAWHIDE alors… (pardon Tulard…)
A MB
Becker devait penser à PETER IBBETSON et à des films comme LE CARREFOUR DE LA MORT, APPELEZ NORD 777, COURRIER DIPLOMATIQUE, NIAGARA, voire LE JARDIN DU DIABLE
à Bertrand: Becker était un cinéphile bien plus que je ne le croyais!
Hawks je savais et cela se voit mais l’influence de Lubistch et de Hataway, je mesure moins bien.
Pourriez-vous, si vous en avez le temps, développer un peu?
A Ballantrae
J’ai un peu oublié à qui on se réfère.
Il s’agissait de Jean Becker que nous avions comparé d’abord à Bresson via Le trou et dont vous avez ensuite montré le lien avec d’autres cinéaste plutôt Américains ( Hawks, Hataway et Lubitsch).
A Ballantrae
Vous voulez dire Jacques…Je me souviens d’un vieux numero des Cahiers où on mentionnait que Becker était allé rendre visite à Hathaway qu’il jugeait comme un cinéaste toc/toc, ce qui voulait qu’il allait à l’essentiel, sans faire de chichis. Je ne sais plus ou j’ai trouvé Lubitsch mais il y en a d’autres.
Je trouve génial que Becker ait eu le goût de remarquer ainsi Hathaway malgré sa réputation à l’époque d’ « obscur artisan ».
Veuillez me pardonner, bien sûr le grand JACQUES!J’ai écrit trop vite.
Merci pour la réponse,il est clair que Becker ne choisissait pas d’options purement décoratives dans ses grands films qui possèdent une forme de cohésion très organique, ce qui bien sûr inclue l’idée d’une respiration bien vivante.
Becker était certainement un fin cinéphile capable de mesurer les apports d’autrui pour se les approprier.
« J’ai trouvé LES TÉMOINS épatant (…) Très belle musique d’Eric Demarsan. »
Je me permets de signaler l’existence de la bande originale de cette série — couplée à celle des OUBLIÉES — chez l’éditeur Music Box qui a d’ailleurs établi d’excellents liens avec ce grand compositeur :
http://www.musicbox-records.com/fr/cd-bandes-originales/1522-les-temoins-les-oubliees.html
Plusieurs autres œuvres, inédites à ce jour comme sa partition rejetée du film de Serge Leroy LES PASSAGERS, ont ainsi vu le jour grâce à ce partenariat.
Cher Bertrand,
Une petite requête sans lien avec cette belle fournée ( j’y reviendrai un peu plus tard): ayant lu le très beau Captive aux yeux clairs chez Actes Sud, je voulais savoir si vous pouviez me conseiller d’autres ouvrages (romans et essais) liés à cette période de l’histoire des Etats unis? Si possible traduits…
Pour préciser ma demande, peut-on lire des docs intéressants sur des figures de trappeur du début du XIX ème s aux USA, sur cette sorte de commerce.
J’avais envie de préparer la sortie de The revenant en apprenant au préalable plus d’infos.
Je réitère ma demande bibliographique concernant l’Amérique des premiers pionniers et des trappeurs auprès de Bertrand et des autres blogueurs.Merci par avance!
Bon , pas de réponse, tant pis.
Je suis extrêmement intrigué par Printemps perdu d’A Mazars au vu du parcours du cinéaste dont j’avais bien aimé il y a bien longtemps Ma soeur chinoise vu alors pour Bashung et ce fut un viatique pour mieux appréhender la Chine.
L’essai sur Simon Leys donne envie si on reconsidère l’histoire des idées à la lisière 60′-70′ où il s’est dit beaucoup de bêtises.J’ignorais que les portes s’étaient ainsi refermées sur sa possible carrière en France mais les USA ont souvent ouvert leurs portes à de grands penseurs français moins reconnus ici: Girard, Michel Serres, etc…
J’ai jeté récemment un oeil à La chinoise de JLG que j’ai revu quasi comme un docu ethnologique!
Autant A bout de souffle, Le mépris, Le petit soldat, Pierrot le fou, Alphaville, Les carabiniers ( moins aimé souvent par les exégètes , à tord à mon avis) ou encore Une femme mariée ( vraiment superbe!),Une femme st une femme, Bande à part demeurent passionnants, autant cet opus prête à sourire et cinématographiquement et politiquement…
Tout cela est à relier au travail d’un Wang Bing ou d’un Jia Zhang Ke qui auscultent avec maestria un pays malade de son passé (hystériquement maoiste) comme de son présent ( hystériquement libéral).
Tout à fait d’accord avec vous sur Manon des Sources, qui est peut-être mon Pagnol préféré, pour son mélange si riche en goût de drôlerie et de tragédie, pour les dialogues très profonds du curé, surtout son dialogue final avec Manon. On a trop tendance à comparer ces 2 films avec l’adaptation de Berri, qui est l’adaptation très fidèle des romans que Pagnol a tiré de ses propres films, mais dont il a profondément changé le ton, étendu l’intrigue et « épiqu-isé » l’univers. À chaque vision me prend l’envie d’en écrire une version western, Nicolas Pagnol m’a dit qu’il avait d’ailleurs une fois reçu une proposition américaine pour ça.
Le 9 décembre, 23 décembre et 6 janvier ressortiront au cinéma les versions restaurés 4K de Marius, Fanny et César, profitez-en, je les ai vusle résultat est une renaissance, et particulièrement le son : la voix de Raimu retrouve une profondeur et une émotion qu’on avait oubliées sous le pittoresque. En 2016, ce sera au tour des 3 « Jean Giono » de Pagnol de retrouver leur jeunesse, et l’espère que Manon et Ugolin seront les prochains en 2017.
Et à propos de restaurations, profitez aussi de (re)découvrir le Final Cut de 2007 de Blade Runner au cinéma, pour ceux qui comme moi ne l’ont connu qu’en dvd et même blu-ray, c’est une expérience époustouflante.
Juste pour signaler un bon livre… qu’il faudrait peut-être penser à republier.
Le cercle brisé: L’image de l’Indien dans le Western (Le regard de l’histoire). George-Henri Morin.
LA MARIE DU PORT vu il y a peu a été pour moi une bonne surprise (après plusieurs déceptions concernant des films français de l’époque -j’ai mes moments de francophobie cinéphilique-). La jaquette du dvd René Château donne une idée fausse du film (« riche notable cynique, amoral », « Nicole Courcel pleine de désirs sexuels refoulés », « machiavélisme », mais où vont-ils chercher tout ça ?). Les dialogues sont peut-être de Prévert (j’ai lu quelque part une histoire d’indemnités maladie que Prévert n’aurait pas pu toucher s’il avait signé les dialogues), mais l’histoire et les personnages sont bien de Simenon et on ne retrouve pas le manichéisme ni le symbolisme typiques des scénarios de Prévert, mais bien la peinture en demi teintes (de gris) de Simenon. Le point faible du film serait l’acteur qui joue le jeune apprenti coiffeur amoureux de Nicole Courcel et ses scènes avec elle les moins convaincantes, mais Gabin, à mi-parcours de sa carrière, cheveux gris mais pas encore empâté, est excellent, de même que Nicole Courcel, très bonne surprise (les actrices ont une bonne part à mes déceptions concernant le cinéma français des années 30, 40, 50- je ne cite pas de noms, je me ferais incendier). Du coup j’ai revu THERESE RAQUIN qui m’a conforté dans l’idée que la gloire de Carné n’était vraiment pas usurpée. Pourtant j’avais lu je ne sais plus où des choses assez négatives sur le film. Le sens du détail, du décor, de l’atmosphère, la fusion harmonieuse des plans en studio et en décors naturels (les décors naturels étaient une nouveauté pour Carné), la fluidité de la mise en scène, la photo, la maitrise du cadre, la narration implacable emportent la conviction. Et Simone Signoret est formidable (et n’a jamais été aussi belle). J’ai aussi vu L’AIR DE PARIS que je ne connaissais pas et j’ai été plutôt déçu par une histoire beaucoup plus conventionnelle et des acteurs beaucoup moins convaincants (Roland Lesaffre, qui joue aussi dans THERESE RAQUIN) mais on retrouve le même sens du décor, du détail, la même maîtrise des cadrages et des mouvements de caméra.
A Mathieu
Prévert a vraiment écrit les dialogues et la dernière version du scénario. Il me l’a confirmé tout comme Gabin. Il n’a pas signé car il était brouillé avec Carné. Je trouve l’AIR DE PARIS recevant, en dessous de la MARIE DU PORT ou Nicole Courcel est magnifique. C’est un des très bons Carné, assez méconnus
Je sais que seuls les messages ayant attrait aux DVD seront publiés donc celui-ci ne le sera pas, peu importe, mais je voudrais juste vous souhaiter un bon rétablissement et vous dire que j’ai trouvé votre lettre à Martin Scorsese absolument exceptionnelle, elle a ravivé la flamme de ma cinéphilie un peu égarée ces derniers temps et pour ça je vous en suis très reconnaissant, au plaisir de vous relire rapidement sur ce blog
Julien
J’ai été ravi de redécouvrir GARÇON! Cette élégance et cette maîtrise de la mise en scène ! Le ballet des cuistots, des garçons, en cuisine et en salle est prodigieux de légèreté. A l’instant où j’écris ces lignes, ces scènes me refont penser à Jean-Pierre Cassel dans son numéro de claquettes chez De Broca (LE FARCEUR).
Je réagis encore, pardonnez-moi.
Morgan demeure pour moi la meilleure Marie-Antoinette de l’écran, à mi-chemin entre celle que joua Lise Delamare et celle qu’incarna Caroline Sihol.
Quant à Jacqueline Pagnol et à Nicole Courcel, pour qui aime les actrices, on peut se dire qu’on détient là de belles occasions de décerner des césar d’honneur que nul ne pourrait contester…sauf Alain Terzian!
A William
Elle n’a pas l’âge ni l’accent. Diane Kruger dans le Benoit Jacquot était bien plus crédible, voire même Kirsten Dunst dans la première partie du Sofia Coppola
Je persiste et je signe: Michèle Morgan au moment de la sortie du film a 36 ans dans Marie-Antoinette, soit l’âge de la souveraine au moment de sa mort! Si elle avait eu 20 ans de moins, 16 ans, le film se serait limité à ses épousailles avec Louis XVI!
Quant à Jacques Morel, il incarne le roi avec talent mais avec tous les clichés dont les historiens ont depuis fait justice!
Pour le reste,en effet, malgré la caution historique de Philippe Erlanger, le film de Delannoy reste un beau livre d’images sur papier glacé!
Merci pour ces conseils de lecture et votre analyse si fine de Duvivier dont j’ai aimé aussi « La Chambre Ardente », qui évoque le souvenir de l’affaire des Poisons en dépit des invraisemblances sur lesquelles le scénario est construit.
Vous ne dites rien de Jean Sorel dans « Chair de Poule ». Que pensez-vous de son jeu ?
Catherine Rouvel comme d’autres n’a-t-elle pas été effacée injustement par l’avènement de Bardot ?
Hommage enfin à Danièle Delorme dont « Voici le temps des assassins » constitue peut-être le point d’orgue de la carrière cinématographique.
Bien à vous.
Dans garçon ! j’aime également beaucoup le jeu de fresson et la tension qu’il met dans son service, les étincelles avec montand, et la quasi-chorégraphie du début de film dans cette valse du « coup de feu » du restaurant. Je pense avoir la version « sautet » dont vous parlez, du moins j’espère, je n’ai pas la dernière version dvd (votre image) mais une édition pathé de 2006.
1000 films sur napoléon, (ou contenant des références à ? des apparitions de ?) cela laisse songeur, je vais me ruer sur ce livre, immédiatement de mémoire je ne vois que guitry et terry gilliam – j’adore le traitement de terry gilliam dans time bandits, le monologue sur les tailles des grands conquérants de l’histoire est très bon, et le projet moulte fois avorté de kubrick, domage. Ce livre doit parler de tout cela et donc de 997 autres examples. Instructif s’il en est.
J’ai omis les hussards où l’on voit il me semble un mollet ou deux de napoléon et le très bon diable boiteux.
Je ne sais pas où vous prenez le temps de lire tous ces bouquins! pour le roman de Fast LA DERNIERE FRONTIERE, ce que vous dites est bien sûr confirmé par le Mc Bride et le livre de Fast lui-même (Mémoires d’un Rouge chez Rivages). Fast se montrait assez philosophe sur le sujet mais McBride est assez critique de Ford: il aurait dû adopter un point de vue unifié adapter soit le livre de Fast soit de Sandoz et ne pas tergiverser en masquant ainsi ce qui venait de Fast. Il semble que Ford là ait fait profil bas? SPARTACUS (dans lequel un romancier sur la liste noire, Howard Fast déjà, est adapté par un scénariste qui l’est aussi Dalton Trumbo) était antérieur de 4 ans à CHEYENNE et pourtant c’est avec ce film que deux « liste noire » étaient cités sous leurs propres noms pas de pseudo. Kirk Douglas dit que c’était grâce à lui (autobio), que Kubrick voulait signer à la place de Trumbo et que scandalisé, lui Kirk avait insisté courageusement mais est-ce vrai?(à mettre en doute car KD assez mégalo s’est très mal entendu avec SK sur le tournage). Sinon le refus de donner crédit à Fast pour CHEYENNE -et pas un sou! ça paraît incroyable- en 64 contredit complètement ce qui est dit généralement de SPARTACUS (1960) comme ayant mis fin pour de bon à la liste noire. Selon Fast Hoover avait personnellement contacté la Columbia pour le veto sur son nom mais peut-être est-ce juste une façon de tourner les choses.
« Selon Fast Hoover avait personnellement contacté la Columbia pour le veto sur son nom » pour LES CHEYENNES bien sûr.
A MB
Vous soulevez de no^mbreux points. Au delà de la liste noire, il devait y avoir la manière dont le contrat de Fast était rédigé (le désir de Ford date de la fin des années 40) et aussi l’attitude de la Columbia à l’époque. Une fois qu’un auteur était payé, le studio voulait rattraper ses avances.
C’est PREMINGER qui a imposé le nom de Trumbo pour Exodus. Trumbo me l’a répété dix fois et il l’écrit dans le recueil de ses lettres.Douglas est venu après avec la complicité et le soutien d’Edward Lewis, producteur progressiste qui embauchera plusieurs fois Trumbo par la suite : SEULS SONT LES INDOMPTÉS, THE FIXER, LES CAVALIERS, EXECUTIVE ACTION
Je suis d’accord avec McBride, Ford s’est égaré sur les Cheyennes. Il aurait du centrer son script sur un seul livre et le Fast est bien meilleur. Mais même les scènes tirées de ce livre sont parfois édulcorées, adoucies, rendues moins percutantes
à Bertrand: CHEYENNES/FAST: Damned j’ai oublié EXODUS 1960! Vous avez raison Preminger était avant Douglas dans le culot à briser le tabou liste noire (d’ailleurs je me souviens maintenant que Douglas honnêtement mentionne bien l’antériorité de Preminger dans son autobio). et merci de rappeler que le contrat entre Columbia et Fast pouvait être ancien avec sans doute des règles juridiques différentes! mais que Fast n’ait pas touché un sou pour l’adaptation du roman me paraît invraisemblable (c’est lui qui le dit remarquons).
Que pensez-vous du témoignage de Douglas selon lequel Kubrick était tout prêt à signer à la place de Trumbo et que Kirk jugeait cela choquant? (autobio de KD).
A MB
Je ne suis pas sur que cela soit faux. Kubrick a eu parfois des réactions déconcertantes (litote) et je ne crois pas que Douglas exagère. Preminger lui s’était déjà battu pour Elmer Bernstein qui était semi liste noire en l’imposant sur l’HOMME AU BRAS D’OR et il s’est toujours battu contre la Censure
A MB,
Je suis surpris par l’anecdote, que kubrick ait voulu être crédité du scenario à la place de trumbo sur spartacus ?
Kubrick n’a pas aimé ce tournage, doux euphémisme, arrivé en remplacement de mann, n’ayant la décision sur rien, ou pas grand chose, on sait via d’innombrables témoignages comment était douglas sur un tournage. Après spartacus kubrick prend la décision de ne plus rien tourner dont il n’ait pas été à l’origine de a jusqu’à z. En ce sens douglas a fait évoluer la carrière de kubrick, après lui avoir permis également à la paire kubrick/harris de tourner le génial paths of glory.
Voilà ce qui se trouve comme extrait sur wiki, ça a l’air vrai mais j’aurais bien aimé avoir la version de kubrick.
« In his autobiography, Douglas states that this decision was motivated by a meeting that he, Edward Lewis, and Kubrick had regarding whose name(s) to put against the screenplay in the movie credits, given Trumbo’s shaky position with Hollywood executives. One idea was to credit Lewis as co-writer or sole writer, but Lewis vetoed both suggestions. Kubrick then suggested that his own name be used. Douglas and Lewis found Kubrick’s eagerness to take credit for Trumbo’s work revolting, and the next day, Douglas called the gate at Universal saying, « I’d like to leave a pass for Dalton Trumbo. » Douglas writes, « For the first time in ten years, [Trumbo] walked on to a studio lot. He said, ‘Thanks, Kirk, for giving me back my name.' »
à Bertrand: je ne savais pas pour Elmer Bernstein, j’ai même cru que vous confondiez avec Walter Bernstein le scénariste mais lui n’est pas au générique de L HOMME AU BRAS D OR! Je me permets de vous signaler le livre de Walter B, Inside Out qui est un récit magnifique de ces années-là (peut-être est-ce vous qui le signaliez ici d’ailleurs!) qui mérite une traduction et même une adaptation ciné il y a des péripéties incroyables (il va interviewer Tito en cachette pendant la 2ème guerre mondiale malgré l’interdiction de l’armée -il travaille pour Yank le magazine des armées comme correspondant de guerre, doit atterrir en catastrophe dans un avion qui tombe en panne, et au cours de ses aventures et itinéraires, voit trois fois de suite O TOI MA CHARMANTE, projeté dans différents camps de l’armée américaine (les bobines devaient voyager avec lui). du coup, rentrant chez lui après la guerre il ne peut s’empêcher d’aller revoir le film dans des conditions plus tranquilles. Il y a plein d’autres anecdotes cocasses mais bon… Bernstein a beaucoup travaillé grâce à Lumet et ce producteur pendant la liste noire, à la tv puis plus tard aussi POINT LIMITE avec Fonda et puis l’excellent MOLLY MAGUIRES de Ritt et LE PRETE-NOM (sur la liste noire), de Ritt aussi.
A MB
Bien sur j’ai lu l’excellent livre de Walter Bernstein et crois l’avoir mentionné ici même. Bernstein a travaillé aussi avec Yates et au début de sa carrière Norman Foster
à Bertrand: help mon commentaire sur Bernstein auquel vous répondez est resté dans les limbes (évidemment à côté des 120 morts à Paris que je viens d’apprendre ça fait futile très très même)
Ford caressa longtemps le projet d’adapter un autre roman de Howard Fast « April Morning » (L’Habit Rouge ) sur la Guerre d’Indépendance
c’est vrai que GARÇON reste sous estimé
pourtant yves montand y interprete un role plus humain, plus touchant que dans les années 70 et moins désespéré que daniel auteuil ensuite
on y sent bien cette période des années 80 encore légère mais ou s’annoncent les premiers nuages
c’est vraiment une comedie à l’italienne ancrée dans un metier qui viellit comme un bon vin
j’ai toujours aimé garçon parce qu’il y a la marque de claude sautet, certaines phases de vie, des dialogues, des moments simplement humain que sautet est vraiment un des rares, sinon à avoir tourné, à m’avoir fait ressentir fortement, en tant que simple spectateur. Mais une partie du film, sur les projets de montand, rappellent tout feu tout flamme, un peu le même personnage avec un projet en lui, qu’il peine à entreprendre, et qui personnellement me fait sortir de l’ambiance du début. C’est un beau film mais c’est moins fort, en tous cas c’est mon ressenti, que les autres sautet de la première époque, classe tout risque, max et les férailleurs, cesar et rosalie, mauvais fils, et d’autres encore, les choses de la vie m’est tellement intense.
A Stag
Et les derniers QUELQUES JOURS AVEC MOI, UN COEUR EN HIVER, NELLY ET MONSIEUR ARNAUD
Oui Garçon est comme un film de transition entre la grande série Les choses de la vie/Max/ Vincent, François…/Mado et celle qu’initie Qqs jours avec moi.
C’est peut-être aussi pour cela qu’il semblait mal équilibré, malgré ses qualités comme si Sautet cherchait une autre manière.Mais je ne suis pas sûr d’avoir vu le montage tardif du film…
A Ballantrae
Il a été mal équilibré parce que Montand peu de temps avant le début du tournage a pris peur : « Personne ne croira que je suis garçon et pas maître d’hôtel » et il a obligé Dabadie et Sautet à lui inventer un passé de danseur de claquette fort peu intéressant dont 60%, voire plus, ont été éliminé par Sautet dans son dernier montage. Il devait y avoir aussi la peu de Montand face à un film choral qu’il a essayé de rendre moins choral. Dabadie raconte de manière hilarante comment il a essayé de transformer le titre VINCENT, FRANCOIS, PAUL ET LES AUTRES en VINCENT, FRANCOIS ET LES AUTRES, puis en VINCENT ET LES AUTRES. Cela dit, il est formidable dans le film et notamment dans les scènes chorales
Je n’ai sûrement pas vu ce montage car tout ce roman un peu lourd sur le passé du personnage reste très vif dans mon souvenir du film.
Je me rappelle combien Quelques jours avec joie avait cueilli par surprise bon nombre de ceux qui critiquaient sans les avoir vus attentivement les Sautet des 70′ or la précision d’écriture ,le soin apporté à la construction et au rythme des séquences, l’élaboration des personnages souvent ambigus étaient bel et bien là.
Oui, il y eut une seconde manière de Sautet non plus chorale mais consacrée à des duos ( Qqs jours, Nelly et M Arnaud) ou des trios ( Un coeur en hiver), assez dépouillée dans la composition des plans.
Cependant elle possède plus de liens de parenté qu’on ne le dit avec la première.
Merci, merci cher Bertrand Tavernier, pour votre texte magnifique à Martin Scorsese vendredi soir. Il était très ému, très fier aussi. On voyait son visage à l’écran parfois pendant la lecture (très bien lu d’ailleurs, et la traductrice a été tout à fait exceptionnelle toute la semaine.) Je ne dis rien de vos traductions en direct les années précédentes : on les adore ! 🙂
Et vous pouvez aussi être fier de nous, le public lyonnais a vraiment été à la hauteur ! Je suis sûre que Thierry Frémaux vous l’a dit. Vous nous avez manqué, on croyait toujours vous voir partout même si on vous savait absent ! On vous embrasse.
Odile, (abonnée Institut)
J’ai beaucoup aimé dans « L’homme à l’imperméable » les moments ou Fernandel est seul chez lui, moments d’un slapstick étrange et poétique. La comédie noire lui allait très bien , il fait merveille dans « L’armoire volante ».
« Les espions » est aussi une comédie noire, que je trouve vraiment réussie. Ustinov, Jaffe , et Gérard Seity que je n’ai pas vu ailleurs, à part ses numéros… Et la maison est un vrai personnage du film.
Grand merci pour la belle découverte du « Monte charge » au festival Lumière. Hossein est plutôt monolithique , les petites cocasseries que Frédéric Dard lui fait dire tombent à plat. Mais c’est un film vraiment étrange, très intelligemment conduit. Dommage que Bluwal n’ait pas pu continuer dans cette voie. Il en parle un peu dans ses « A voix nue » sur France Culture.